Lecture terminée le : 17 septembre 2020
Résumé : Australie, 2016.
Sept ans après un massacre qui a décimé toute une famille, de nouveaux meurtres surviennent à Melbourne. Des homicides si sordides que la Sorcellerie de Chair, taboue depuis les grandes chasses qui ont déchiré le pays, est évoquée.
Pour Arabella Malvo, lieutenant de la brigade criminelle, ils s’avèrent particulièrement déstabilisants. Pourquoi les victimes lui ressemblent-elles comme des sœurs ? Le meurtrier la connaît-elle ? Pourquoi maintenant ?
Une chose est sûre : l'abîme qu’elle fuit depuis toutes ces années risque de s’ouvrir à nouveau sous ses pieds. Et cette fois, de l’engloutir pour de bon…
Auteur : Sarah Buschmann
Edition : Noir d'absinthe
Genre : Fantastique/Thriller
Date de parution : 06 octobre 2018
Prix moyen : 20€
Mon avis : Dès les premières pages, j’ai été happée par cette histoire. Dès le prologue, même !
Pour moi, le point fort de cette histoire, ce sont ses personnages ambivalents.
Certains d’entre eux commettent des actes pour le moins répréhensibles et, d’un côté on les comprend quand on considère les horreurs qu’ils ont pu subir dans leur passé et en même temps il est difficile de cautionner leur comportement.
Dès le début, je me demandais quel était le rapport entre le prologue et Arabella, parce que je me doutais que les meurtres sur lesquels elle enquête n’étaient pas le seul lien. J’avais émis plusieurs hypothèses et je me suis…totalement plantée…
Ça n’a pas été la seule chose sur laquelle je me suis plantée et qui m’a fait tomber de haut mais sur l’autre chose, j’ai réalisé après coup qu’il y avait des indices et que j’aurais pu deviner.
L’enquête est d’autant plus complexe qu’Arabella dissimule beaucoup d’éléments pour conserver ses secrets et que son coéquipier est du genre fouineur et têtu. Le pire est que finalement, quand on y réfléchit, il ne fait que son boulot, mais je lui en ai presque voulu (non pas presque, soyons honnête, je lui en ai voulu à mort) de ne pas lâcher l’affaire !
Les scènes de crimes sont vraiment très détaillées (petites natures s’abstenir), de même que certaines scènes de violence se passant dans le passé.
En effet, le récit du présent est entrecoupé de scènes se passant dans le passé et dévoilant les horreurs subies par certains personnages. Ces chapitres sont encore plus horribles que l’enquête sur les meurtres ! C’est dire ! Horriblement bons, mais horribles tout de même !
J’ai fini par découvrir l’identité du coupable grâce à une réflexion qu’à fait Arabella et qui m’a fait me dire : « attends, il y a un truc qui a été dit et qui n’est pas logique ». Et j’avais raison ! Et c’est bien le seul moment du bouquin où j’ai eu raison sur quelque chose !
L’écriture est vraiment addictive : pas de lourdeur, pas de mots inutilement soutenus qui dénotent dans l’histoire, pas de répétition… bref rien de ce qui me hérisse dans bon nombre de bouquins.
J’ai également beaucoup aimé l’approche de la sorcellerie qui est expliquée de manière scientifique mais sans qu’on perde pour autant l’attrait qu’exerce la sorcellerie (bon on peut pas vraiment parler de gentilles sorcières… on est plus sur du Maléfique schizophrène que sur du sorcière Glenda).
Tous les personnages sont ambivalents, même les pires ! Il y a un personnage qui est un parfait salopard, cruel, sadique, il a tout pour lui ce mec, et bien l’auteur arrive à nous faire éprouver (un peu) de peine pour lui à un moment. C’est rageant ! On se sentirait presque mal de tout ce qu’on a pu l’insulter avant de lire ce passage (j’ai dit presque).
Quant à la fin, non seulement je n’ai rien vu, mais alors vraiment rien vu venir, mais en plus je suis restée figée, tournant la page plusieurs fois (comme si un épilogue supplémentaire allait apparaître comme par magie) en répétant : mais non, mais non…
Et en même temps, cette fin est juste parfaite mais cruelle, mais parfaite… mais cru… bon vous avez compris !
Je n’ai pas pu poser ce livre dès la seconde où je l’ai entamé, impossible de m’arrêter de lire et avant même de l’avoir fini, je savais que ça allait être un coup de cœur !
Ah non, tiens, vous voyez, je disais des bêtises tout à l’heure : y’a un second point sur lequel j’avais raison !
Maintenant une seule question me taraude : A quand le prochain roman de l’auteur !
Un extrait : La forme prostrée n’avait presque plus rien d’humain. Sa peau décollée grossièrement, encore rattachée aux muscles à certains endroits, formait des paquets spongieux sur le sol. Le couteau avait dérapé à plusieurs reprises, pénétrant les chairs. La femme s’était vidée de son sang avant que le travail n’ait été terminé, laissant certaines parties intactes. Le mollet diaphane, encore entier, se détachait outrageusement de ce corps semblable à une pomme épluchée. Ses épaules, son cou ainsi que son bras droit étaient indemnes.
La lumière qui traversait les vitres de la coupole au-dessus de leurs têtes embrasait la scène d’un éclat mordant, presque agressif. Le sang prenait une teinte vive, éclaboussant d’un vermeil encore luisant le bois des tables de travail environnantes. Le corps gisait entre deux rangées de longs et fins bureaux. Arabella s’approcha autant qu’elle le put sans salir ses bottes. Une odeur cuivrée imprégnait l’air.
— Quelle horreur ! s’exclama une voix rauque derrière elle.
Arabella se tourna vers Nolan, son collègue, qui se frottait la bouche avec la manche de son pull. Son visage, d’une teinte verdâtre, était crispé par une grimace de dégoût. La policière en aurait souri, s’il n’y avait eu cette femme à moins d’un mètre.
— Je ne crois pas qu’un tel crime ait déjà été commis dans cette ville, murmura Arabella en contournant la masse écarlate.
— Sûrement pas ! rétorqua Nolan, choqué. Rien de semblable n’a jamais été perpétré dans ce pays !
— Tu oublies tout un pan de notre histoire, j’ai l’impression.
L’Australie de 2016 était un des pays les plus sûrs au monde, ce qui n’avait pas toujours été le cas. Les premières chasses aux sorcières des années 70 avaient entraîné une vague de violence, qui avait régressé depuis une dizaine d’années. Melbourne possédait désormais la réputation d’être une ville agréable à vivre. Le travail des policiers, dans ce contexte, consistait surtout à réguler les erreurs de conduite issues des règles étranges des croisements de cette ville ou à indiquer le chemin aux touristes égarés.
Même si Nolan était jeune et n’avait pas connu l’embrasement lié à la révélation des sorcières, sa remarque demeurait naïve.