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Policiers/Thrillers - Page 18

  • [Livre] Aurora Teagarden – T05 - La Mort en Talons Aiguilles

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    Résumé : Il faut bien le dire, Aurora Teagarden n’avait jamais porté le sergent détective Jack Burns dans son cœur. Mais le jour où elle voit atterrir son cadavre, largué par avion, au beau milieu de son jardin, le souffle lui manque. Par chance, Roe ne figure pas sur la liste des suspects : elle n’a apparemment rien à voir avec ce meurtre. Pourtant, d’autres phénomènes étranges se produisent révélant un message à elle seule destiné, un code qu’elle a intérêt à déchiffrer avant qu’il ne soit trop tard…

     

    Auteur : Charlaine Harris

     

    Edition : J’ai lu 

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 04 Juin 2014

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Petit bond dans le temps et nous voilà deux ans après les évènements du tome précédent.
    Aurora file le parfait amour avec Martin tandis qu’autour d’elle les couples qu’elle enviait jadis semblent se déliter : son amie Sally s’est séparée de Paul, son second mari qui est aussi le frère de son premier mari, son ex petit ami Arthur s’est séparé de son épouse Lynn, une des amie dont elle avait été la demoiselle d’honneur a divorcé et est revenu vivre à Lawrencetown…
    Aurora a pris ses habitudes en tant qu’épouse et le couple que son mari a engagé pour servir à la fois de gardes de corps et de jardiniers est devenu des amis.
    La vie est donc bien tranquille.
    Ca ne pouvait pas durer.
    Et pour une fois, ce n’est pas Aurora qui cherche les ennuis, mais bien les ennuis qui la trouvent.
    Le corps de Jack Burns, l’inspecteur de la criminelle qui n’a jamais caché son hostilité envers la jeune femme, tombe littéralement dans son jardin, largué apparemment d’un avion.
    Puis des phénomènes étranges se produisent : un ruban noué autour du coup de sa tigresse de chatte, des fleurs livrées anonymement, l’agression d’une personne avec qui Aurora et Angel, sa garde du corps, s’étaient disputées….
    Mais qui donc est visée ? Aurora ? Ou Angel qui est présente à chaque fois ? Les messages pourraient s’appliquer aussi bien à l’une qu’à l’autre.
    En parallèle de tout ça, deux personnes, dont on ne sait exactement si elles sont policiers, marshalls, agents fédéraux, mais qui sont clairement antipathiques, semblent s’intéresser d’un peu trop près à la mort de Jack Burns et par ricochet à Aurora et son entourage.
    Je sens une certaine tension entre Aurora et son mari. Pas forcément quelque chose de grave, mais Aurora a appris une chose sur elle et Martin ne semble pas comprendre l’importance que cette révélation a sur son épouse.
    Encore une fois, je n’ai pas vu venir le coupable, et encore une fois, quelques indices permettaient de le soupçonner mais j’étais tellement partie sur une autre piste que je ne les ai remarqués que quand Aurora l’a elle-même pointé du doigt.
    L’air de rien, cette série est addictive et je vais de ce pas me plonger dans le dernier tome apparemment traduit en français (les tomes 7 et 8 sont respectivement sortis en 2002 et 2003 en anglais. Encore une série abandonnée par nos « chers » éditeurs français !) des (més)aventures d’Aurora Teagarden.

    Un extrait : Lorsque l’homme tomba du ciel, mon garde du corps tondait la pelouse en bikini rose.

    De mon côté, j’avais déplié une chaise longue tant bien que mal sur ma terrasse et j’essayais de régler son dossier, luttant pour obtenir un compromis entre la position allongée et l’angle droit. Le bourdonnement de l’avion m’agaçait depuis un moment déjà.

    Quant à Angel, elle avait bouclé un baladeur à sa taille – la ceinture en plastique détonnait avec son joli maillot – et posé des écouteurs sur ses oreilles. Entre sa musique et le vacarme de la tondeuse, elle n’avait pas remarqué le ronronnement insistant.

    Fait inhabituel, l’appareil volait très bas. Un pilote avait sans doute repéré Angel et profitait de la vue. Entre-temps, alors que je me battais toujours avec cette fichue chaise longue, les glaçons fondaient dans mon café et je rongeais mon frein, impatiente d’attaquer mon livre, posé sur ma petite table.

    J’avais enfin réglé le siège en position à peu près confortable lorsque je levai les yeux au ciel.

    À cet instant précis, un objet de grande taille tomba la tête la première de la cabine, décrivant un mouvement de rotation qui me pétrifia d’horreur.

    Mon instinct reconnut immédiatement les signes avant-coureurs d’un désastre imminent, tandis que ma conscience, plus civilisée, se bornait encore à des sons hébétés. Obéissant au premier, je me ruai sur la haute silhouette d’Angel pour la projeter à terre, à l’écart de la tondeuse et sous les branches d’un chêne.

    À la seconde suivante, un choc mat et ignoble retentit.

    Le bruit du moteur s’éloigna.

    — Nom de Dieu ! s’exclama Angel. C’était quoi, ça ?

    Ses écouteurs étaient tombés et elle avait entendu l’impact. L’angoisse au ventre, je tournai la tête, effrayée d’avance par ce que j’allais découvrir.

    Fort heureusement, il avait atterri face contre terre.

    Malgré tout, je faillis céder à la nausée. Ma comparse, elle, ne put se retenir.

    — Je me demande ce qui t’a pris de me jeter à terre, fit-elle remarquer ensuite. Il m’aurait sûrement ratée. D’au moins… allez, trente centimètres.

    Nous nous relevions avec précaution.

    — Je n’avais pas envie d’acheter une nouvelle tondeuse, lui répondis-je, les dents serrées.

    L’un des compartiments de mon cerveau m’informait d’ailleurs qu’il était heureux que la machine en question soit équipée d’une sécurité, et qu’elle se soit arrêtée de fonctionner quand Angel avait lâché sa poignée.

    Angel avait raison en disant « il ». À en juger par les vêtements et la coupe de cheveux, c’était un homme. Il portait une chemise écossaise violet et blanc ainsi qu’un pantalon marron. Mais la police de la mode ne le poursuivrait plus. Sous mes yeux, une tache de sang apparut sur les carreaux du tissu. Ses membres étaient écartés en croix, et l’une de ses jambes formait avec son corps un angle qui n’avait rien de normal. Ni de vivant. De même que son cou… Je détournai les yeux aussitôt et respirai profondément pendant quelques secondes.

    — Il s’est enfoncé dans le sol d’au moins dix centimètres, fit observer Angel d’une voix tremblante, toute son attention décidément polarisée sur les mesures.

    Paralysées par ce cataclysme foudroyant, nous nous tenions côte à côte dans l’ombre du chêne, les yeux braqués sur le cadavre étendu sous le soleil, incapables de l’approcher. Autour de la tête, une auréole sombre s’étendait dans l’herbe et la terre.

    — Forcément, les mecs ne sont pas là aujourd’hui, regrettai-je d’un ton amer. Jamais là quand on a besoin d’eux.

    Interloquée, Angel se tourna vers moi et se mit soudain à rire aux éclats. Je ne savais pas ce que j’avais dit de drôle et je la repris d’un ton de bibliothécaire offusquée.

    — Franchement, Angel ! Bon, on arrête de bavasser. Il faut faire quelque chose.

    — Tu as entièrement raison. Il faudrait y mettre des oignons de tulipe et recouvrir le tout de terreau. L’an prochain, elles seront fabuleuses.

    — Il est bien trop tard, pour les tulipes. Non, je crois qu’un appel au shérif s’impose.

    — Bon, d’accord, fit Angel en adoptant la mine boudeuse d’une gamine de six ans qu’on vient d’appeler à table alors qu’elle est en train de jouer.

     

  • [Livre] Aurora Teagarden – T04 - La Maison des Julius

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    Résumé : Depuis qu'elle a rencontré son fiancé Martin Bartell, Roe Teagarden connaît le bonheur. S'ils n'ont pas le même âge et proviennent de milieux différents, Martin semble savoir exactement ce qu'elle désire... comme la Julius House. La joie de Roe ne connaît plus de limites quand Martin lui offre cette maison comme cadeau de mariage. Elle aime les mystères et a toujours été intriguée par le passé mystérieux de cette demeure. En effet, six ans auparavant, la famille qui y habitait a mystérieusement disparu. Aucun de ses membres n'a plus été revu depuis. Alors que Roe se lance dans des travaux de rénovation, ses doutes quant au passé plutôt trouble de Martin disparaissent. Cependant, quand elle est attaquée par un fou furieux armé d'une hache, elle réalise que les secrets contenus dans la Julius House, ainsi que ceux que recèle son union avec Martin, pourraient bien la détruire.

     

    Auteur : Charlaine Harris

     

    Edition : J’ai lu 

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 23 Avril 2014

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Voilà notre Aurora enfin sur le point de convoler, plutôt que de préparer les maris pour les autres ! Et quel mari ! Ce n’est pas n’importe qui qui vous offre la maison de vos rêves en cadeau de mariage !
    Pour une fois, Aurora n’a pas encore trouvé de cadavre (je dis encore parce qu’avec elle, je me méfie) mais un ami mystère que son fiancé souhaite héberger dans le studio attenant à la maison qu’il vient d’acheter pour elle. Il faut dire que Martin n’est guère bavard sur son passé. Je serais Aurora, ça m’agacerais prodigieusement. Va bien qu’il n’ait pas envie de parler de certaines choses, mais faire venir un « ami » dont on ne sait rien s’installer à deux mètres… faut pas pousser. J’aurais refusé s’il refusait de m’en dire plus sur l’ami en question.
    Surtout quand, comme Aurora, on attire les assassins en puissance comme une lampe attire les moustiques !
    Mais bon, je comprends aussi qu’elle n’ait pas envie plus que ça de contrarier son homme juste avant qu’il ne parte en voyage d’affaire alors qu’il y a tant de choses à penser : les préparatifs du mariage, la restauration de la maison, l’organisation de la lune de miel…ça occupe tout ça !
    Je ne suis qu’au début du livre, mais je me demande combien de temps la demoiselle va mettre avant de commencer à chercher à savoir ce qui est arrivé à la famille Julius, les propriétaires de la maison, disparus mystérieusement avec leur fille six ans plus tôt.
    Finalement, elle a mis plus de temps que prévu mais ça n’a pas raté, cette nana cherche vraiment les ennuis.
    Remarquez, avec les révélations que vient de lui faire son mari, on comprend qu’elle ait envie de s’occuper l’esprit mais quand même, elle n’a vraiment aucune notion du danger, aucun instinct de conservation.
    Du coup quand les choses tournent mal (comme on pouvait s’en douter) difficile de dire si c’est à causes des activités de Martin ou de celles d’Aurora !
    Je n’avais vraiment pas vu venir la fin. J’avais imaginé toutes sortes de théories pour expliquer la disparition des Julius, soupçonnés certaines personnes ou certaines explications, mais je ne m’approchais même pas un peu de la vérité.

    Et ce n’était pas frustrant, car la vérité est telle qu’aucun indice ne permettait de la trouver et qu’Aurora ne la découvre que par hasard.

    A la fin de ce tome, je reste toujours interrogative face à Martin, et j’espère en apprendre plus sur lui dans le prochain !

     

    Un extrait : La famille Julius disparut six ans avant que je n’épouse Martin Bartell.

    T.C., Hope et Charity Julius s'étaient tout simplement évaporés. Certains habitants de Lawrenceton avaient même appelé le National Enquirer1 pour rapporter aux journalistes qu'ils avaient été enlevés par des extraterrestres.

    À l'époque, j'avais terminé mes études supérieures depuis quelques années et je travaillais à la bibliothèque municipale de Lawrenceton. Avec le temps, aucun élément nouveau n'ayant éclairé la disparition, j'avais fini par ne plus me poser de questions. Seul un vague frisson d'angoisse me parcourait encore le dos lorsque l'on mentionnait le nom « Julius » au cours de la conversation.

    Puis Martin m'offrit leur maison comme cadeau de mariage.

    Dire que je fus surprise serait un euphémisme. Renversée serait plus exact. Installés tous les deux à Lawrenceton, ville du Sud traditionnelle et malheureusement en passe de devenir une banlieue d'Atlanta, nous souhaitions acquérir une maison en commun. Tentés par des biens spacieux dotés de grandes salles de réception, nous avions visité un certain nombre de demeures luxueuses et « comme il faut », dans les quartiers contemporains en périphérie.

    J'estimais pour ma part que ces surfaces étaient bien trop grandes pour un couple sans enfant. Martin ressentait néanmoins le besoin irrésistible d'afficher des signes extérieurs de prospérité. Il conduisait une Mercedes, par exemple, et pour lui, notre maison devait s'harmoniser avec sa voiture.

    Nous avions vu celle des Julius car j'avais demandé à mon amie et agent immobilier Eileen Norris de la mettre sur la liste - je l'avais moi-même visitée quelque temps plus tôt, quand j'étais célibataire.

    Martin n'était pas tombé sous le charme comme moi. Bien au contraire, il s'était étonné de mon penchant pour la propriété. Ses sourcils sombres et bien dessinés s'étaient arqués et ses yeux d'ambre m'avaient fixée d'un air interrogateur.

    — C'est un peu isolé, avait-il fait remarquer.

    — A peine deux kilomètres de la ville. Je peux presque voir la maison de ma mère, d'ici.

    — C'est plus petit que celle de Cherry Lane.

    — Ce qui fait que je pourrais m'en occuper toute seule.

    — Tu ne veux pas qu'on prenne quelqu'un pour t'aider ?

    — Je ne vois pas pourquoi.

    « Je n'ai rien d'autre à faire », avais-je précisé en mon for intérieur. Ce qui n'était pas de sa faute mais entièrement de la mienne : j'avais donné ma démission à la bibliothèque avant même de l'avoir rencontré. Je le regrettais chaque jour un peu plus.

    — Et l'appartement au-dessus du garage, tu voudrais le louer ?

    — Pourquoi pas, en effet.

    — Le garage ne donne pas directement dans la maison.

    — Il y a un passage couvert entre les deux.

    Pendant notre petite conversation, Eileen s'était discrètement occupée ailleurs.

    — C'est vrai, on se demande vraiment ce qui a bien pu leur arriver, fit-elle observer plus tard en refermant la porte, avant de glisser la clé dans son sac.

    Les yeux de Martin s'illuminèrent soudain d'une brève lueur de compréhension.

    Et c'est ainsi qu'au moment des échanges de cadeaux de mariage, je fus stupéfaite en recevant de sa main l'acte de propriété de la maison Julius.

     

  • [Livre] Aurora Teagarden - T03 - A vendre: trois chambres, un cadavre

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    Résumé : Aurora avait décidé de devenir agent immobilier, et c’est lors de sa première visite organisée qu’elle découvre dans la maison, un cadavre. Fait du hasard ? Soit. Mais, alors qu’elle retente l’expérience, elle fait à nouveau une macabre rencontre. C’est bien la preuve qu’un serial-killer, sévit dans la petite ville de Lawrencetown. Mais il semble très bien renseigné sur la vie de Roe…

     

    Auteur : Charlaine Harris

     

    Edition : J’ai lu 

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 09 Octobre 2013

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : C’est alors qu’elle rend service à sa mère en faisant patienter les acheteurs potentiel d’un bien de luxe, qu’Aurora tombe sur un cadavre dans la chambre principale, celui d’un agent immobilier concurrent qui a fait visiter la maison la veille. L’inspecteur Jack Burn est, comme vous l’imaginez, ravi de croiser encore une fois Roe sur une scène de crime !
    Puis c’est en visitant des maisons pour un achat personnel que Roe découvre le second cadavre. A ce rythme là, la police de Lawrencetown va bien finir par l’embaucher comme chien renifleur de cadavre !

    Autant vous dire que Roe va vite oublier son envie de devenir agent immobilier !
    Coté cœur, la voilà qui s’encanaille. Alors qu’elle sort, sans grande conviction, avec le pasteur épiscopalien de la ville, une révélation de ce dernier va précipiter leur rupture (et de toute évidence, le père Scott ne va pas rester seul bien longtemps). Mais Roe va vite s’en remettre. Il faut dire qu’au premier regard, elle a craqué sur le richissime client en compagnie duquel elle a découvert le premier cadavre. Un chef d’entreprise bilingue, de 15 ans son aîné, ancien Marine au viet Nam… Elle aurait tort de s’en priver, certes, mais elle nous avait habitués à plus de retenue… Je pense qu’être avec un homme qui se contente d’un bisou par ci par là et vous fait bien comprendre qu’il n’ira pas plus loin avant le mariage (tout en ne laissant aucunement penser qu’il a l’intention d’aller jusqu’au dit mariage) ça a de quoi provoquer certaines frustrations !
    Voilà qui aurait de quoi largement occuper Miss Teagarden, mais non, elle ne peut pas s’empêcher de poser des questions à tout le monde sur les meurtres commis…
    On sait qu’elle va s’attirer des ennuis ! Il faudrait presque la tenir en laisse !
    Et la voilà maintenant qui craque sur une maison dont les propriétaires se sont évaporés dans la nature quelques années plus tôt (le plus gros mystère de Lawrencetown).
    On ne sait pas trop qui de Roe ou des ennuis cherche l’autre !
    Encore une fois, le coupable n’est dévoilé qu’à la fin, mais cette fois, il m’a moins surpris que les précédents. Je me suis même reprochée de ne pas y avoir pensé plus tôt car plusieurs indices pointaient vers lui avec un peu de réflexion.
    Et vu comment se termine le livre, malgré une enquête bouclée, je n’ai pas pu résister à commencer immédiatement le tome 4 !

    Un extrait : Cet homme avait au moins quinze ans de plus que moi et venait d'un monde qui m'était parfaitement étranger. Sa proximité me rappelait silencieusement néanmoins que depuis quelque temps, je sortais avec un pasteur pour qui le sexe avant le mariage n'était pas envisageable. Et avant le père Aubrey Scott, je n'étais sortie avec personne depuis des mois.

    Bien. Il n'était pas judicieux de faire mariner mes interlocuteurs dans l'entrée tandis que je passais en revue ma vie sexuelle (désertique). J'administrai un coup de baguette à mes hormones et me sermonnai en silence : les vagues de désir qui déferlaient sur moi n'étaient certainement que le fruit de mon imagination.

    — En haut de cet escalier se trouve l'une des plus belles pièces de cette demeure, déclarai-je avec détermination. La suite parentale.

    Je m'adressai au menton de M. Bartell plutôt qu'à ses yeux. Je pris les marches et ils me suivirent docilement. Je le sentais juste derrière moi et dus prendre plusieurs respirations pour me calmer. La situation devenait proprement ridicule.

    — La maison ne comporte que trois chambres, mais elles sont toutes merveilleuses. Ce sont des suites, en réalité. Chacune a au moins un dressing, un boudoir pour s'habiller et une salle de bains.

    — Fantastique ! s'exclama Barby.

    Frère et sœur ? C'était peut-être vrai.

    — La suite parentale se trouve derrière cette porte à double battant en haut des marches. Elle comporte deux dressings. La chambre bleue se trouve sur la droite du palier, et la rose est à gauche. La porte supplémentaire à gauche donne sur une petite pièce que la famille Anderton avait consacrée aux enfants. C'est là qu'ils faisaient leurs devoirs et regardaient la télévision. Elle pourrait servir de bureau, ou d'atelier de couture, ou...

    Je ne savais plus que dire. La pièce serait utile, point final. Elle conviendrait parfaitement comme salle de musculation pour Martin Bartell, bien mieux que celle du bas.

    — La porte supplémentaire à droite ouvre sur l'escalier qui monte depuis la cuisine.

    Toutes les portes des chambres étaient closes, ce qui me sembla un peu curieux.

    D'un autre côté, cela me permettrait un bel effet théâtral : je m'avançai vers la suite parentale, tournai les deux boutons de porte en même temps et les poussai d'un grand geste, tout en m'effaçant immédiatement pour offrir aux clients de mère le meilleur point de vue. Je m'étais retournée en même temps pour observer leur réaction.

    — Ah, mon Dieu ! fit Barby.

    Ah bon ?

    Martin Bartell, lui, affichait une mine sinistre.

    Lentement et à contrecœur, je me retournai pour comprendre.

    Au milieu du lit immense, la femme était assise contre le dosseret. Les draps de soie blanche étaient remontés jusqu'à sa taille. Ses seins nus constituaient le premier détail le plus choquant. Le second, c'était son visage, noirci et boursouflé. On avait tenté de lisser sa chevelure crêpée et hirsute pour lui donner un semblant de normalité. Et entouré ses poignets, disposés le long de ses jambes, de lanières de cuir.

    — Ça, c'est Tonia Lee Greenhouse, fit remarquer ma mère, debout derrière ses clients. Aurora s'il te plait, va t'assurer que Tonia Lee est décédée.

     

  • [Livre] Aurora Teagarden – T02 - Un Crime en Héritage

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    Résumé : Dans la petite ville de Lawrenceton, en Géorgie, Aurora "Roe" Teagarden, a la surprise d’être désignée seule héritière d’une vieille femme qui n’était qu’une connaissance. La voilà à la tête d’une somme d’argent rondelette, de bijoux et surtout d’une maison. Mais lorsqu’elle découvre, dans cette demeure, un crâne humain caché sous une banquette, elle comprend qu’elle a surtout hérité d’un meurtre à résoudre. Mais comment mener l’enquête auprès du voisinage, sans éveiller leurs soupçons ?

     

    Auteur : Charlaine Harris

     

    Edition : J’ai lu 

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 03 juillet 2013

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : J’ai trouvé l’histoire mieux menée que dans le tome 1. Depuis la fin du tome précédent, un an s’est écoulé et, dans les premiers chapitres, on apprend tout ce qui s’est passé pendant cette année. Le plus important de ces évènements est la mort de Jane Engle qui va léguer tous ses biens à Roe : sa maison, son argent, ses bijoux… et un crâne humain caché dans une banquette. Bien qu’elles aient toujours entretenu d’excellents rapports lorsqu’elles faisaient toutes deux partie du club des amateurs de meurtres, elles n’étaient si proches que ça et Roe est vraiment étonnée d’être son héritière.
    Comme dans le premier tome, Roe oscille entre excitation devant cet argent qui tombe du ciel et culpabilisation d’être heureuse alors que Jane est morte.
    Pour une raison que je ne m’explique pas, Roe n’appelle pas la police quand elle découvre le crâne. Elle le dissimule et cherche à qui il peut appartenir.
    Enfin, cherche… c’est un bien grand mot car elle ne fait aucune enquête, elle passe plus de temps à se demander ce qu’elle va faire qu’à agir de quelque manière que ce soit.
    Bien qu’on nous vende cette saga comme des livres policiers, pour l’instant je ne vois aucun travail d’enquête amateur qui justifierait le classement de cette saga dans cette catégorie.
    La lecture n’en est pas moins agréable et l’écriture toujours aussi fluide.
    Roe parait moins écervelée par moment et l’instant d’après elle prend des décisions ahurissantes qui me feraient presque douter de sa santé mentale.

    Aurora a également un nouveau soupirant, bien qu’elle pense beaucoup à Robin, l’écrivain et qu’elle vienne à peine de se remettre de sa rupture avec Arthur, l’inspecteur, qui vient d’épouser la rivale d’Aurora : Lynn.
    J’ai beaucoup aimé voir Aurora s’affirmer face à sa mère et se laisser beaucoup moins marcher sur les pieds.
    Bien qu’on ne soit pas vraiment dans un roman policier, j’ai hâte de lire la suite, en espérant qu’Aurora sera plus active dans les prochaines enquêtes.

    Un extrait : Le jour du premier mariage, celui du mois de janvier précédent, je m'armai comme pour partir au combat. Je relevai ma tignasse brune en un chignon de tresses sophistiqué - c'était du moins l'effet que je souhaitais obtenir -, je choisis le soutien-gorge qui optimisait au mieux mes atouts les plus visibles et enfilai une robe à épaulettes or et bleu, flambant neuve. Les escarpins étaient ceux que j'avais achetés pour aller avec une tenue portée lors d'un dîner avec Robin Crusoe. Je poussai un long soupir en les chaussant. Je ne l'avais pas vu depuis des mois. Ce n'était pas une bonne idée de penser à lui. Je trouvais la journée déjà suffisamment déprimante. Au moins, les talons me donneraient de la hauteur. Je me maquillai ensuite, mon nez touchant presque le miroir : sans mes lunettes, je ne vois pas grand-chose. Après avoir appliqué autant de fard que possible, j'en rajoutai encore un peu : mes yeux ronds s'arrondirent encore et mes cils s'allongèrent. Puis je recouvris le tout de mes grosses lunettes rondes.

    Après avoir glissé un mouchoir dans mon sac - simple mesure de précaution -, je m'examinai dans la glace avec inquiétude. J'étais déterminée à projeter une image digne et assurée. Enfin, je descendis l'escalier de ma maison pour prendre mes clés et mon plus beau manteau, avant de partir vaillamment me jeter dans la fosse aux lions que représentent les noces d'un ex-petit ami.

    Arthur Smith et moi nous étions rencontrés au club des Amateurs de meurtres. L'un de nos membres avait été assassiné puis toute une série de meurtres s'était ensuivie et il avait prêté son assistance pour l'enquête. Après la résolution de ces affaires, j'étais sortie avec lui pendant des mois. Brûlante et passionnelle, notre relation avait constitué pour moi une expérience unique. Ensemble, nous crépitions littéralement d'une ardeur qui éclipsait nos personnages ordinaires - une bibliothécaire trentenaire et un policier divorcé.

    Ensuite, aussi brusquement qu'il était né, le feu était retombé pour s'éteindre. De son côté de l'âtre en premier. J'avais finalement compris le message : « Je poursuis cette relation jusqu'à ce que je trouve un moyen de me défausser sans tapage. » Rassemblant tous mes efforts, je m'étais drapée dans ma dignité pour mettre fin à la relation moi-même - et sans tapage. Ce qui m'avait coûté toute mon énergie et ma volonté. J'avais pleuré dans mon oreiller pendant six mois environ.

    Je commençais à me sentir mieux et n'étais pas même passée devant le commissariat depuis une semaine, lorsque j'aperçus l'annonce des fiançailles dans le Sentinel.
    Un kaléidoscope de couleurs passa devant mes yeux : vert, pour la jalousie, rouge, pour la rage, et bleu pour le blues. Jamais je ne me marierais. Jusqu'à la fin de ma vie, je me contenterais d'aller aux cérémonies nuptiales des autres. J'allais m'arranger pour ne pas être en ville ce jour-là et ne pas être tentée d'emprunter le chemin de l'église.

    Puis le faire-part arriva dans ma boîte aux lettres.

    Lynn Liggett, fiancée et collègue d'Arthur, m'avait jeté son gant à la figure. C'est du moins ainsi que j'interprétai l'invitation.

    Je relevai le défi. Je choisis une assiette impersonnelle et coûteuse dans la liste de mariage de Lynn et laissai ma carte dessus. À présent, armée de ma robe or et bleu et de ma coiffure extravagante, je me rendais à la fête.

     

  • [Livre] Aurora Teagarden – T01 - Le Club des Amateurs de Meurtres

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    Résumé : Chaque petite ville a ses mystères et Lawrenceton, en Georgie, n'échappe pas à la règle. Le club des Amateurs de meurtres se réunit une fois par mois pour étudier de célèbres cold cases. Pour Aurora Teagarden, jeune bibliothécaire, c'est un passe-temps aussi agréable qu'inoffensif. Jusqu'au jour où elle découvre le corps sans vie d'une des membres du cercle. Étrangement, la scène du crime ressemble à une ancienne affaire. Des fidèles du club sont assassinés et ces meurtres ont des allures de copycat. Tous les membres, y compris Aurora, sont des coupables plausibles, et des victimes potentielles. Qui se cache derrière ce jeu macabre ?

     

    Auteur : Charlaine Harris

     

    Edition : J’ai lu 

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 15 mai 2013

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Ce premier tome était une petite lecture agréable. Même si je connaissais l’identité du coupable pour avoir vu le film tiré de ce tome (film qui présente se sacré différence sur pas mal de choses, mais qui relate l’essentiel), j’ai pris plaisir à chercher les indices qui pouvait mener à cette conclusion. Je n’en ai pas vraiment trouvé, mais quand Aurora se récapitule ce qui aurait du la mettre sur la voie, j’avoue que j’ai eu la flemme d’aller vérifier si j’aurais pu avoir les mêmes impressions en relisant les passages.
    J’ai retrouvé avec plaisir l’écriture de Charlaine Harris. Ayant constaté qu’elle avait tendance à laisser se détériorer son écriture lorsqu’elle se lasse de son personnage principal (comme dans la communauté du sud), j’espère conserver ce plaisir au fil des tomes d’Aurora Teagarden.
    A priori, le prénom Aurora est un prénom vraiment inhabituel aux Etats-Unis car l’accent est mis sur cette particularité (cela dit, il y a bon nombre de prénoms parfaitement courant aux Etats-Unis qui nous paraîtrait à coucher dehors).
    Ce que j’ai aimé chez Aurora, c’est qu’elle est loin d’être la fille parfaite : elle va à l’église en dilettante, plus pour s’y montrer et donner l’image de la respectabilité que par piété, elle avoue elle-même se montrer assez méprisante avec certaines personnes, lorsque le premier meurtre est commis elle est plus surexcitée d’avoir affaire à un « vrai » meurtre que désolée pour la victime…
    J’ai regretté qu’on n’en sache pas plus sur l’inspecteur chargé de l’affaire, Jack et qu’on ne se focalise que sur Arthur, qui est certes un soupirant d’Aurora, mais un simple assistant sur cette affaire. J’aurais par exemple aimé savoir pourquoi il refuse d’admettre que les crimes copient des crimes anciens.
    J’aurais aimé en savoir un peu plus sur les motivations du coupable, je suis un peu restée sur ma faim à ce niveau, mais bon, d’un autre coté, on n’a pas toujours la réponse à la question « pourquoi ».

    Malgré une lecture agréable, j’ai trouvé que l’histoire peinait un peu à trouver son rythme. Peut être une difficulté de l’auteur à gérer un nouveau personnage. A voir dans les prochains tomes si l’on trouve plus de fluidité.

    Un extrait : — Ce soir, je voudrais vous parler d'un cas des plus fascinants, celui de l'affaire Wallace.

    Je m'adressais à mon miroir, essayant d'abord l'enthousiasme, puis la sincérité, et enfin le sérieux.

    Ma brosse s'accrocha dans un nœud, ce qui avait le don de m'agacer.

    Je repris, optant cette fois-ci pour la détermination.

    — Nous aurons largement de quoi nous occuper ce soir : je vous présente l'affaire Wallace.

    Notre club comptait une douzaine de membres, ce qui s'accordait parfaitement au rythme de nos réunions mensuelles : chacun présentait tour à tour un meurtre en particulier. Le Meurtre du Mois, comme nous aimions l'appeler, ne suffisait pas toujours à remplir la séance. Pour l'étoffer dans ce cas, l'animateur faisait venir un invité : un officier de police de la ville par exemple, un psychologue spécialisé en thérapie des criminels, ou encore le responsable du Centre de secours aux victimes de viol. Il nous arrivait également de regarder un film.

    Pour ma part, j'avais eu de la chance. L'affaire Wallace était idéale : elle comportait suffisamment de détails pour intéresser mon public, tout en me permettant de les exposer correctement sans me presser. Ce n'était pas toujours ainsi : nous avions dû allouer deux séances à Jack l'Éventreur. Pour son exposé, Jane Engle avait choisi l'une des victimes ainsi que les circonstances qui entouraient chacun des meurtres. Arthur Smith quant à lui s'était chargé de l'enquête policière et des suspects. Car Jack, c'est du sérieux.

    — Les éléments dans cette affaire sont les suivants : un homme prétendant se nommer Qualtrough, un tournoi d'échecs, une femme à l'apparence anodine du nom de Julia Wallace, et bien sûr l'accusé, son époux, à savoir William Herbert Wallace.

    Je rassemblai mes cheveux bruns en queue de cheval. Allais-je en faire un chignon ou une natte ? J'hésitais également à les laisser libres en les retenant simplement d'un bandeau... La natte. Pour avoir l'impression d'être intellectuelle et branchée. Tandis que je divisais ma chevelure en trois mèches, mon regard se porta sur une photo de ma mère. C'était un portrait professionnel encadré qu'elle m'avait offert pour mon anniversaire.

    — Tu m'avais dit que tu en voulais une, s'était-elle expliquée avec désinvolture.

    Ma mère ressemble à Lauren Bacall. Grande et élancée, elle est toujours élégante, jusqu'au bout des ongles. Elle s'est taillé un véritable petit empire immobilier. De mon côté, je mesure 1,52 mètre, je porte de grosses lunettes rondes et j'ai réalisé mon rêve d'enfance en devenant bibliothécaire. Ma mère m'a prénommée Aurora. À sa décharge, elle s'appelle Aida. Pour elle, Aurora ne devait pas sembler si extravagant.

     

  • [Livre] Alex

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    Résumé : Qui connait vraiment Alex ? Elle est belle. Excitante.

     Est-ce pour cela qu'on l'a enlevée, séquestrée, livrée a l'inimaginable ? Mais quand la police découvre enfin sa prison, Alex a disparu. Alex, plus intelligente que son bourreau. Alex qui ne pardonne rien, qui n'oublie rien, ni personne.

     

    Auteur : Pierre Lemaître

     

    Edition : Le livre de poche

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : mai 2012

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Le début de ce livre est extrêmement frustrant car on ne sait rien des raisons de cet enlèvement brutal. Pourtant cet enlèvement semble trop bien préparé pour être le fruit du hasard. Ce n’est qu’au bout de presque une centaine de pages que l’on a la confirmation que rien n’est du au hasard mais on n’en sait pas plus. On ne sait pas pourquoi, on ne sait rien à part qu’Alex a compris qui était son ravisseur.
    Au fil de la première partie on en apprend plus sur les raisons de cet enlèvement et Alex de simple victime passe à un statut plus ambigu.
    Malheureusement, le quatrième de couverture révèle la fin de cette première partie (le livre en compte trois). Comme souvent, à trop vouloir attirer les lecteurs, les éditeurs en disent trop. Cela dit, cela ne dérange pas vraiment la lecture car tout l’intérêt est le cheminement qui mène à ce premier dénouement qui ouvre l’intrigue de la partie deux.
    La seconde partie s’attache à en savoir plus sur Alex. Bien qu’on ne sache pas les raisons de son comportement, on la suit à la trace.
    Pour l’instant, tout ce que je sais vraiment sur elle c’est qu’elle a une mère horrible et que son frère n’a pas l’air franchement mieux. Cela dit, rien n’est jamais clairement dit. Comme à son habitude, Pierre Lemaître nous balade au gré de ses envies, la tension monte et quand elle devient intolérable, elle redescend un peu avant de reprendre son ascension.
    Chaque chapitre, dès le début du roman, alterne entre Alex et la police qui la recherche, d’abord comme victime, puis comme suspecte.
    Tout l’intérêt (enfin peut être pas pour eux) est qu’ils recherchent une femme dont ils ignorent tout, jusqu’au nom. Tout ce qu’ils ont, c’est un portrait robot tiré d’une mauvaise photo. Ce qui provoque quelques petites tensions, surtout quand un juge, arrogant et ne connaissant rien au travail de police, se mêle de tout.
    L’inspecteur chargé de l’affaire l’a prise à contrecœur, une affaire d’enlèvement lui rappelant trop celui de sa propre épouse qui s’est terminée de façon tragique.
    Alex étant le second livre mettant en scène cet inspecteur, peut être que le premier, Travail soigné, en révèle plus sur cette affaire.
    L’inspecteur, Camille Verhoeven, fils d’une artiste dont le tabagisme excessif pendant sa grossesse l’a condamné à une taille d’1m45, compense sa taille par une attitude brusque et des méthodes bien à lui impliquant un certain mépris de la hiérarchie que son divisionnaire tolère au vu de ses bons résultats.
    La fin de la seconde partie fait l’effet d’une bombe. Je ne m’attendais vraiment pas à ça, surtout en voyant qu’il restait toute une partie à lire. Qu’est ce qu’il pouvait bien y avoir après ça ?
    Et bien la fin de la seconde partie, c’est un pétard mouillé à coté de la troisième qui remet en cause tout ce qu’on croyait avoir compris de l’affaire dans les deux parties précédentes.
    Pierre Lemaitre s’amuse avec nous. Ses personnages passent au fil des pages du statut de victimes à celui de suspects avant de redevenir des victimes, en passant par des monstres… impossible de savoir qui est qui avec certitude, jusqu’à la fin. Cette valse est déstabilisante mais ne perd jamais en crédibilité.
    Un coup de cœur.

     

    Un extrait : Alex adore ça. Il y a déjà près d’une heure qu’elle essaye, qu’elle hésite, qu’elle ressort, revient sur ses pas, essaye de nouveau. Perruques et postiches. Elle pourrait y passer des après-midi entiers.

    Il y a trois ou quatre ans, par hasard, elle a découvert cette boutique, boulevard de Strasbourg. Elle n’a pas vraiment regardé, elle est entrée par curiosité. Elle a reçu un tel choc de se voir ainsi en rousse, tout en elle était transformé à un tel point qu’elle l’a aussitôt achetée, cette perruque.

    Alex peut presque tout porter parce qu’elle est vraiment jolie. Ça n’a pas toujours été le cas, c’est venu à l’adolescence. Avant, elle a été une petite fille assez laide et terriblement maigre. Mais quand ça s’est déclenché, ç’a été comme une lame de fond, le corps a mué presque d’un coup, on aurait dit du morphing en accéléré, en quelques mois, Alex était ravissante. Du coup, comme personne ne s’y attendait plus, à cette grâce soudaine, à commencer par elle, elle n’est jamais parvenue à y croire réellement. Aujourd’hui encore.

    Une perruque rousse, par exemple, elle n’avait pas imaginé que ça pourrait lui aller aussi bien. Une découverte. Elle n’avait pas soupçonné la portée du changement, sa densité. C’est très superficiel, une perruque mais, inexplicablement, elle a eu l’impression qu’il se passait vraiment quelque chose de nouveau dans sa vie.

    Cette perruque, en fait, elle ne l’a jamais portée. De retour chez elle, elle s’est aussitôt rendu compte que c’était la qualité la plus médiocre. Ça faisait faux, moche, ça faisait pauvre. Elle l’a jetée. Pas dans la poubelle, non, dans un tiroir de la commode. Et de temps en temps, elle l’a reprise et s’est regardée avec. Cette perruque avait beau être affreuse, du genre qui hurle : « Je suis du synthétique bas de gamme », il n’empêche, ce qu’Alex voyait dans la glace lui donnait un potentiel auquel elle avait envie de croire. Elle est retournée boulevard de Strasbourg, elle a pris le temps de regarder les perruques de bonne qualité, parfois un peu chères pour son salaire d’infirmière intérimaire, mais qu’on pouvait vraiment porter. Et elle s’est lancée.

    Au début, ce n’est pas facile, il faut oser. Quand on est, comme Alex, d’un naturel assez complexé, trouver le culot de le faire demande une bonne demi-journée. Composer le bon maquillage, assortir les vêtements, les chaussures, le sac, (enfin, dégotter ce qui convient dans ce que vous avez déjà, on ne peut pas tout racheter chaque fois qu’on change de tête…). Mais ensuite vous sortez dans la rue et immédiatement, vous êtes quelqu’un d’autre. Pas vraiment, presque. Et, si ça ne change pas la vie, ça aide à passer le temps, surtout quand on n’attend plus grand-chose.

    Alex aime les perruques typées, celles qui envoient des messages clairs comme : « Je sais à quoi vous pensez » ou « Je suis aussi très bonne en maths ». Celle qu’elle porte aujourd’hui dit quelque chose comme : « Moi, vous ne me trouverez pas sur Facebook. »

    Elle saisit un modèle nommé « Urban choc » et c’est à ce moment qu’elle voit l’homme à travers la vitrine. Il est sur le trottoir d’en face et fait mine d’attendre quelqu’un ou quelque chose. C’est la troisième fois en deux heures. Il la suit. Maintenant, c’est une certitude. Pourquoi moi ? C’est la première question qu’elle se pose. Comme si toutes les filles pouvaient être suivies par des hommes sauf elle. Comme si elle ne sentait pas déjà en permanence leurs regards, partout, dans les transports, dans la rue. Dans les boutiques. Alex plaît aux hommes de tous les âges, c’est l’avantage d’avoir trente ans. Quand même, elle est toujours surprise. « Il y en a tellement de bien mieux que moi. » Toujours en crise de confiance, Alex, toujours envahie par le doute. Depuis l’enfance. Elle a bégayé jusqu’à l’adolescence. Même encore aujourd’hui, quand elle perd ses moyens.

    Elle ne le connaît pas, cet homme, un physique pareil, ça l’aurait frappée, non, elle ne l’a jamais vu. Et puis, un type de cinquante ans suivre une fille de trente… Ce n’est pas qu’elle soit à cheval sur les principes, ça l’étonne, voilà tout.

     

  • [Livre] Un hiver en enfer

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    Résumé : "Edward avait l'impression de se trouver dans un cauchemar. À regarder sa mère si calme, si parfaite, déblatérer les preuves criantes de l'isolement dément qu'elle lui faisait subir, Edward comprit qu'elle était vraiment dangereuse. Complètement tarée. Je n'aurai pas le temps de trouver les preuves avant de devenir dingue, moi aussi, pensa-t-il. C'est peut-être ce qu'elle cherche. M'emporter dans son délire. Il faut que je me casse d'ici, et vite !" Pour échapper à l'enfer familial, Edward, adolescent fragile, se réfugie dans sa vie virtuelle. Prisonnier des liens malsains d'une mère qui n'a jamais su l'aimer et soudain l'étouffe, l'isole. En plein coeur de l'hiver, Edward se sent en danger de mort. Deux êtres. Deux folies ? Une seule vérité sera possible. 

     

    Auteur : Jo Witek

     

    Edition : France loisirs

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 20 aout 2014

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Le roman se divise en deux parties. Au début du livre, la mère d’Edward sort d’une « cure de repos », probablement dans un institut psychiatrique. Edward fait preuve d’une méfiance presque maladive envers sa mère qui ne lui a jamais montré la moindre preuve d’affection, au grand désespoir de son père.
    Dès le début, cette famille a un coté glauque. Certes, il y a une grande complicité entre Edward et son père et on voit bien que ces deux là s’adorent, mais le choix du père de ne garder les jeunes femmes qui travaillent pour eux qu’au maximum deux ans afin que son fils ne puisse pas forger de lien affectif trop fort avec elles est vraiment malsain.
    Edward n’a aucune relation positive avec sa mère et plutôt que le laisser avoir une relation de substitution, son père lui retire cela. Il croit sans doute forcer son fils et sa femme à se rapprocher, mais tout ceci à l’effet inverse et Edward déteste encore plus sa mère pour le départ de certaines de ces personnes.
    Puis il y a le drame, qui laisse en tête à tête la mère et le fils.
    Dans la première partie du livre, l’histoire se met en place : Edward, en plein deuil, partagé entre le déni et la colère, sombre lentement, d’autant plus qu’il ne peut pas s’appuyer sur sa mère pour l’aider à se remettre de son chagrin.
    Toute cette partie permet de mettre en place et d’expliquer le huis clos ou presque qui se met en place dans la seconde partie et de justifier les réactions des personnes qui entourent le jeune homme.
    Personnellement, j’ai décidé de croire Edward envers et contre tout, peut être parce que son entourage ne le croit pas. Pourtant, il y a des moments ou c’est difficile. Non seulement ce que dit et pense Edward est délirant, mais en plus, certains faits semblent conforter la thèse qu’il invente beaucoup de choses et qu’il devient paranoïaque.
    D’un autre coté certains autres faits semblent au contraire conforter ses dires. Cependant, même si le roman est raconté à la troisième personne, la plupart du temps, excepté certains passages concernant deux autres personnages, l’histoire est racontée du point de vue d’Edward : on ne sait que ce qu’il sait. On est alors en droit de se demander si l’histoire que l’on lit n’est pas altérée par l’interprétation des faits que fait Edward.
    C’est assez tard dans le livre qu’on connaît enfin la vérité et celle-ci dépasse franchement tout ce qu’on aurait pu imaginer.
    Malgré quelques coquilles (« coup » pour « cou » ; « réveille » pour « réveil »…), l’écriture est fluide et l’intrigue très bien menée.
    Ce livre est mon troisième coup de cœur de l’année. Les thrillers ont la côte cette année : trois coups de cœur, deux thrillers !

    Un extrait : Sa mère jouait du piano quand ils arrivèrent. Une suite de Philippe Glass. De la musique contemporaine dans un mobilier design très épuré. Tout était calme, rangé, à sa place. Un décor de magazine, sans bazar ni bibelots. Rose s’interrompit à leur entrée dans le salon. Elle se contenta de tourner légèrement la tête vers lui, les mains en suspens sur le clavier.

    — Bonsoir, Edward. Je suis contente de te voir. Tu as bonne mine. Tu as eu des notes aujourd’hui ?

    Il la détestait en réalité, même après quinze jours d’absence. Guérison ou pas, son sentiment demeurait intact. Il aurait voulu l’aimer, il avait espéré cet amour, mais ça n’avait pas été possible. Ça ne s’était pas fait. Sa mère avait toujours été si distante avec lui et, depuis la mort de sa grand-mère deux ans auparavant, cela avait empiré. “Maniaco-dépressive”. Les médecins avaient ainsi mollement diagnostiqué l’étrange comportement de cette femme qui passait sa vie enfermée dans la maison à jouer du piano, à disparaître dans ses pensées ou à courir les magasins pour acheter quantité de vêtements qu’elle finissait par donner au personnel de la maison ou aux bonnes œuvres. Elle ne s’occupait de rien, ni de personne. Une figurante. Une ombre. Avec cet épouvantable regard de tristesse qu’un léger sourire permanent ne réussissait pas à camoufler. Depuis quelque temps, Edward ne supportait plus cette tristesse, et encore moins les phases d’excitation de sa mère, qui se mettait alors à ranger la maison, à donner des ordres sans queue ni tête au personnel ou encore à nettoyer sa chambre d’ado, pourtant toujours parfaitement ordonnée. Il avait ses repères, ses habitudes de rangement, il lui avait interdit de fouler son territoire mais Rose, dans ses phases “maniaques”, n’écoutait rien ni personne. La seule chose dont elle était capable était de lui acheter des fringues qu’il ne mettait pas, des livres qu’il ne lisait pas. Elle était tarée, cette brute de Traval avait raison. Tarée et insensible. Incapable de le prendre dans ses bras, de lui organiser une fête d’anniversaire, de l’emmener à l’école, de lui faire des crêpes, un gâteau ou de lui offrir un de ces gestes tendres que les mères savent normalement prodiguer à leurs enfants.

    — Salut Ed, tu vas être content, j’ai fait du tiramisu ! le prévint Helena, en ébouriffant son épaisse chevelure brune. Vous voulez boire quelque chose ?

    — Pas tout de suite, merci, répondit son père à la jeune étudiante qui fit un passage éclair dans le salon, avant de filer en cuisine. Nous allons d’abord écouter un peu Rose. N’est-ce pas, Ed ? La musique a manqué à cette maison, ma chérie. Tu nous as manqué, murmura Paul-Thomas en embrassant délicatement la nuque de sa femme.

    Voilà, c’était comme ça chez les Barzac. Du grand mensonge organisé. Une mise en scène de vie familiale. Sa mère jouait du piano à longueur de temps et autour d’elle chacun faisait son possible pour que tout ait l’air normal. Son père affichait un air éternellement jovial et embauchait tous les deux ans une nouvelle “dame de maison” qui interprétait à merveille le rôle de la maman de substitution. Câlins, histoires du soir, après-midi au parc, goûters d’anniversaire puis, plus tard à l’adolescence, sorties ciné, rendez-vous scolaires ou chez le dermatologue. Les employées étaient nourries, logées et même très bien rémunérées pour ça, triées sur le volet et embauchées en contrat à durée déterminée. Deux ans de service, pas plus. Il fallait que ces femmes comblent les défaillances affectives de la mère, mais pas qu’elles la remplacent. Paul-Thomas y mettait un point d’honneur. De la tendresse, mais pas de lien affectif prolongé.
    Pourtant, Edward s’était attaché à elles, lui. Il avait eu le cœur brisé plusieurs fois au départ de ces femmes qui, parfois, sentaient bon la tendresse maternelle. Il avait même pleuré et supplié, mais son père, malgré l’amour qu’il lui témoignait, n’avait jamais voulu déroger à cette règle. Pas plus de deux ans. Pas d’attaches. Tout cela à cause de sa mère et de sa foutue maladie qui emportait tout sur son passage.

     

  • [Livre] Souviens-toi de demain

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    Résumé : À la suite d’une agression, Charlie Longe se réveille à l’hôpital, totalement amnésique. Non seulement elle a tout oublié de son passé, mais elle est incapable d’enregistrer de nouveaux souvenirs. Pour ne pas perdre le fil des événements, elle tient un journal. Déterminée à reconstruire le puzzle de sa vie, la jeune femme part en quête de la vérité, avec ses notes comme seule boussole ainsi que le badge d’une agence de publicité où, apparemment, elle travaillait avant son accident. Mais tout sonne faux. La voilà saisie d’une affolante paranoïa, d’autant plus que son entourage paraît s’acharner à brouiller les pistes. Charlie le sait, elle ne peut se fier à personne…

     

    Auteur : Vanessa Caffin

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 26 mars 2014

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Ca fait déjà un certain temps que je trouve que la qualité des livres choisis par France loisirs baisse. C’est déjà le second livre que je trouve un peu bof (et comme pour le premier, écrit par un auteur français).
    L’histoire par elle-même est prometteuse mais j’ai trouvé qu’il y avait un manque flagrant de cohérence. L’amnésie est très bien expliquée et très bien intégrée à l’histoire et on ressent sans mal les sentiments de Charlie, confrontée à cette panique et à ce carnet.
    En revanche, les réactions, ou plutôt l’absence de réaction de la police est complètement incompréhensible. Ils sont alerté de sa disparition, ils ont enquêté, mais jamais un policier ne se présente chez elle. Quand elle va au commissariat, rien n’est associé à son nom dans l’ordinateur…
    Bref, rien n’a de logique. Que la vie de Charlie elle-même ne le soit pas, cela peut s’expliquer par l’amnésie, mais qu’il n’y ait aucune réaction sensée des policiers ou des médecins, voilà qui fait perdre tout intérêt au roman.
    Ajoutons à ça une fin amorale et complètement irréaliste (comme si c’était normal qu’une personne puisse agir en toute impunité sans jamais être inquiétée), et nous avons une belle déception.

    Un extrait : - Mademoiselle Longe, réveillez-vous. Je dois prendre votre tension.

    Charlie ouvrit les yeux. Une femme en blouse blanche lui tenait le bras.

    - Vous allez bien ce matin ?

    Où était-elle ? Elle détailla la pièce du regard. Visiblement, elle était à l’hôpital. Les murs étaient d’un jaune déprimant. En face d’elle, une autre patiente, assise en lotus sur son lit la fixait sans un mot.

    - Qui êtes vous ? demanda Charlie

    - Je suis Rose, votre infirmière. On s’est vu hier, vous ne vous souvenez pas ?

    - Pourquoi suis-je à l’hôpital ?

    - Vous avez eu un accident.

    - Un accident ?

    L’infirmière reposa son bras. La tension était bonne. Alors pourquoi Charlie sentait-elle chez elle cet air inquiet ? La femme quitta la chambre et réapparut quelques minutes plus tard accompagnée d’un homme dont les mains se baladaient sur un stéthoscope.

    - Bonjour, Charlie, je suis le docteur Martin. Vous allez bien ce matin ?

    Il s’approcha d’elle, l’ausculta. Charlie n’en pouvait plus de ce protocole froid, elle voulait des réponses. Crachez ce que vous pensez, bon sang !

    - Pourquoi suis-je à l’hôpital ? demanda-t-elle

    - Vous avez eu un accident, Charlie. Savez-vous en quelle année nous sommes ?

    Elle réfléchit. Non, elle ne savait pas. Le médecin la mitrailla de questions, elle ne pouvait rien répondre. Elle était angoissée, perdue. Ces gens semblaient la connaître mais leurs visages ne lui disaient rien. Que se passait-il ? Elle voulait qu’on lui appose un mot sur son état, une névrose, un syndrome, même une maladie incurable. Le docteur refusait d’entendre ses prières.

    - Nous allons procéder à des tests neuropsychologiques.

    - Vous avez bien une idée, quand même ? supplia-t-elle

    - L’amnésie dont vous souffrez a pris différents visages.

    - Ca veut dire quoi, exactement ?

    - Il est possible que vous souffriez d’un Korsakoff post-traumatique, c'est-à-dire que vous soyez incapable d’enregistrer de nouvelles informations.

    - En clair ?

    - En clair, chaque jour vous oubliez tout. Les visages, les expériences, votre vie.

     

  • [Livre] La prochaine fois ce sera toi (La brigade de l’ombre)

    Je remercie Babelio (opération masse critique) et les éditions casterman pour cette lecture

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    Résumé
     : « Fleur vérifia sur son téléphone : son père ne lui avait laissé aucun message. C’était curieux, ces trois appels successifs. Pourtant, elle décida de faire la morte. La morte… Une étrange façon de parler, à bien y réfléchir. Et glaçante, quand on l’associait aux coups de fil du commissaire Markowicz. Son père. Pour qui le pire était toujours sûr. »

     

    Auteur : Vincent Villeminot

     

    Edition : Casterman

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 1er juin 2016

     

    Prix moyen : 16€

     

    Mon avis : Les premiers chapitres servent à présenter succinctement les différents protagonistes. La plus flippante est la petite sœur de Fleur qui parle à 10 ans comme un vieux professeur d’université de 60 ans et qui a une maturité et une froideur qui font vraiment frémir chez une gamine de son âge.
    Le commissaire Markowicz est spécialisé dans les crimes commis par des goules. Appelé sur une scène de crime, il ne lui faut que quelques minutes pour écarter la culpabilité d’une goule, mais certains faits, comme le lieu où l’on a trouvé le corps et la mise en scène, lui font suspecter que ce crime est un message pour son équipe. Il va donc mentir et déclarer que ce crime est bien l’œuvre d’une goule afin de garder l’affaire et de comprendre à quoi il est confronté.
    Ce meurtre est le point de départ du livre.

    Au niveau de l’écriture, j’ai parfois un peu tiqué devant certaines approximations, comme à la page 16 où l’auteur écrit : « Il utilisait toute une théorie de couteaux et scalpels ». Ca fait si mal que ça les théories de couteaux ? Ou encore, à la page 152 où le commissaire « envisage » son adjoint depuis le pas de la porte (Ou peut être, en fait, le dévisage-t-il ?).
    L’humour donné au commissaire est parfois un peu limite (« le sévice est compris »). L’utilisation excessive des guillemets, pratiquement toute les demi-pages, devient très vite agaçante, d’autant que les termes ainsi signalés sont souvent d’une banalité qui fait s’interroger sur ce choix.
    L’histoire elle-même ciblerait plutôt des adolescents, mais certains des termes employés risquent de les décourager de poursuivre leur lecture (comme les trumeaux ou propitiatoire).
    Les goules sont des sortes de loups-garous : la justice les considère comme des chiens dangereux et les personnes qui survivent à une attaque de goule se transforment de temps en temps en cette créature. On est loin des cimetières et de la nécrophagie qu’on a toujours prêté aux goules.
    J’ai trouvé l’histoire très longue à démarrer. Il m’a fallut attendre le chapitre 34 (près de 110 pages) pour commencer à trouver un rythme à l’histoire. Autant dire que si ce livre n’avait pas été une masse critique, je l’aurais abandonné car généralement si je m’ennuie pendant plus de 50 pages, je n’insiste pas. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’après la centième page j’ai ressenti une explosion d’émotions telle que l’on ressent quand on se rend compte qu’un livre moyen est en train de devenir un sacré bon livre, mais ma lecture est devenue plus agréable.
    Le déroulement de l’enquête ne permet pas vraiment au lecteur de faire des hypothèses concernant le coupable, puisque les informations le concernant ne nous sont données que lorsque la brigade trouve son identité. J’ai donc perdu là une grande part de l’intérêt que je trouve aux polars : essayer de trouver le sale type.

    En bref on a là un livre qui se lit sans grande passion, avec un public cible mal définit (contradiction entre le style de l’histoire et certains mots de vocabulaire choisis), avec une fin un peu trop rapide, comme si l’auteur ne savait pas comment l’amener avec plus de panache. Ce n’était pas à proprement parler une mauvaise lecture, mais c’est une lecture qui ne me laissera pas vraiment de souvenirs.

    Un extrait : L’assassin masqué était un artisan maroquinier, dans le civil. Pour tuer, il utilisait toute une théorie de couteaux et scalpels destinés au travail du cuir, dont les formes diverses introduisaient un peu de variété dans les séquences de meurtres. Chaque fois, la chose finissait pourtant de la même façon : il taillait une boutonnière sur sa victime, de la gorge au pubis, le ventre s’ouvrait et une quantité de sang exagéré (équivalent à la mer rouge environ), de déversait sur le plancher, les meubles, les murs – et parfois l’objectif de la caméra.

    Ensuite, le tueur masqué refermait sa victime, et la recousait scrupuleusement. Au début, du moins ; quand il en avait le temps. Mais plus maintenant. Maintenant, il se contentait d’éventrer à tour de bras, une hécatombe, et son travail de psychopathe perdait forcément en minutie.
    Le film s’appelait Lethal Killer.
    Il s’agissait d’un slasher movie médiocre, et médiocrement horrifique. C’était Fleur, la jolie blonde de 17 ans, qui l’avait choisi. Elle était généralement friande de ce genre d’horreurs de série Z. Mais elle avait cette fois sélectionné le film et la séance dans la perspective, surtout, de se blottir aux moments fatals contre Antonin, le garçon maigre, ombrageux, assis à sa droite. C’est ainsi que les choses devaient se passer à 17 ans, elle l’avait lu ou entendu quelque part.
    Espoir vain.

    Peine perdue.

    Fiasco complet.
    Son cavalier sursautait chaque fois que le psychopathe frappait. Si ça continuait, il allait finir par pousser des gémissements en se cachant les yeux.
    Fleur soupira.

    C’était la première fois qu’ils allaient au cinéma tous les deux. Elle avait attendu une invitation d’Antonin pendant au moins trois semaines – puis, de guerre lasse, elle avait pris l’initiative.

    Elle s’était mise en robe d’été, une robe bleu vif sur sa peau déjà bronzée, parce qu’elle comptait sur l’effet induit par ce vêtement, et sur les possibilités d’exploration éventuelle qu’il offrait.

    Mais il ne se passait rien.

     

  • [Livre] Un geste de trop

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    Résumé : Une femme que tous disaient douce et réservée a poignardé à mort son mari et l'a laissé se vider de son sang.

     Pour tenter d'y voir clair dans cette sombre affaire, le policier chargé de l'enquête, Théophane Fournier, se voit adjoindre une psychologue, Antonella Fabrini. Cette femme brillante mais froide, croqueuse d'hommes assumée, l'intrigue et le fascine.

    Alors qu'ils s'appliquent ensemble à faire éclore la vérité, une véritable complicité naît entre eux. Mais derrière sa carapace, Antonella dissimule un lourd passé. Théophane est-il prêt à en connaître les secrets ?

     

    Auteur : Alexandra Chausseau

     

    Edition : Nouvelles plumes

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2015

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Je ne m’attendais pas, si peu de temps après mon premier coup de cœur de l’année à tomber sur ma première amère déception. Et pourtant si ! J’attendais avec impatience de lire ce livre dont le résumé m’avait séduite, mais j’ai vite déchantée.
    Dès le départ, et par ordre d’apparition : Antonella, Ombelline, Théophane… On est dans la surenchère de prénoms « originaux » quand ils ne sont pas ridicules comme si l’auteur avait eu besoin de se démarquer autrement que par son histoire. Celle-ci aurait-elle été moins aboutie si les personnages principaux s’étaient prénommés Antonia, Julie et Thomas ?
    S’il peut être amusant, voire intéressant s’il a une histoire, d’avoir un prénom sortant de l’ordinaire parmi les personnages, ici l’emploi systématique de tels prénoms a deux conséquences : la première, cela nuit à la crédibilité de l’ensemble du texte (comment prendre au sérieux celle qui a nommés ses personnages ainsi), la seconde, il est plus difficile pour le lecteur de s’identifier aux personnages et donc de plonger complètement dans l’histoire.
    Reste à espérer que les prénoms aient une incidence sur l’enquête ou sur la psychologie des personnages.

    Au niveau du texte lui-même, on est en présence de phase trop longues, parfois difficilement compréhensibles là où les virgules auraient dû être remplacées par un point ou, à la rigueur, deux points. L’inverse se présente aussi et on a des phrases coupées en deux par un point là où il aurait fallu une virgule. Bref, la ponctuation ne semble pas être le point fort de l’auteur.
    On plonge assez vite dans le cœur de l’histoire avec la rencontre de personnages secondaires sans subtilité (le fils de la victime n’est absolument pas crédible dans sa misogynie exacerbée, c’est une caricature).
    Le livre n’a pas de chapitre. Une nouvelle mode semble-t-il, à laquelle je n’adhère pas. J’aime bien, quand je dois interrompre ma lecture, finir sur la fin d’un chapitre qui clôt une scène et donne envie de découvrir la suite. Cela fait partie du plaisir de la lecture.
    Ici le plaisir, il est vite passé. Une fois l’enquête bouclée, sans que l’auteur ne prenne la peine de nous en donner le résultat qui en découle, on se focalise sur le passé d’Antonella.
    Cela ne serait pas un problème si dans ce livre, l’auteur ne disait pas peu ou prou qu’on ne peut échapper au modèle familial : un homme violent engendrera toujours un enfant violent, une femme qui a vu sa mère être battue, choisira des compagnons tout aussi violents que son père. Bref l’auteur dit qu’on est formaté et qu’on ne peut absolument pas dévier de ce modèle (les hommes violents qui ont eu des parents charmant ou inversement, celui qui ne lèvera jamais la main sur qui que ce soit parce qu’il a trop vu son père le faire, ça, ça passe au dessus de la tête de l’auteur).
    C’est tellement cliché, tellement superficiel comme vision des choses que cela m’a gâché un bon tiers du livre, jusqu’à la fin, navrante tant elle est incompréhensible et peu crédible. C’est une fin qui aurait pu être valable (et j’insiste sur le aurait pu) si elle avait été mieux amenée.
    Bref, des euros jetés par la fenêtre et un livre à refiler à la bibliothèque du boulot (il n’a pas gagné sa place sur mes étagères et, quelque soit la nullité d’un livre, je n’aime pas jeter).

    Un extrait : Antonella Fabrini allait sur ses trente-trois ans. Certains disaient qu’elle était aussi bien faite de l’intérieur que de l’extérieur. Bien entendu, très peu de gens étaient aptes à la juger de l’intérieur puisque son cercle d’intimes était des plus restreints, elle n’en était pas mécontente. Dans l’ensemble, elle détestait la compagnie des autres. Elle avait une aversion particulière pour les hommes qu’elle utilisait comme des kleenex. Certains besoins corporels étaient incontournables même pour elle. Elle y cédait et aussitôt tournait le dos à ces compagnons d’un soir sans jamais en éprouver de remords. Sa vie était suffisamment compliquée sans qu’un homme y mette encore plus la pagaille. Antonella Fabrini, que personne n’appelait jamais par son prénom au risque d’être foudroyé sur place par les yeux de braise de la dame, était du genre croqueuse d’hommes sans sentiments et laissait dans son sillage un mélange de respect et de peur adressé tout spécialement à la gens masculine. Beaucoup la méprisaient, les autres la fuyaient. Personne n’avait jamais supposé que son comportement avait sans doute une raison d’être. Lorsque les femmes utilisent le sexe comme un passe-temps frivole, elles sont vite cataloguées dans la liste noire des salopes. Osons le mot, bien que vulgaire, il sied parfaitement à la situation. Pour Antonella, c’était juste une manière de se détendre et elle ne faisait rien de plus que ce que font bon nombre d’hommes qui eux sont classifiés comme des Don Juan, des Casanova, termes beaucoup plus élogieux et flatteurs bien qu’ils reviennent à résumer le même type de comportement : un usage compulsif du sexe sans émotion.
    Antonella avait une personnalité qui s’élevait bien au-delà de ses capacités sexuelles. C’était un esprit futé et minutieux, auquel rien n’échappait. Son cerveau était en constante ébullition, ne se reposant que rarement. L’inaction lui pesait et quand elle évoquait l’action, ça pouvait être aussi bien le sport qu’une quelconque activité intellectuelle. L’essentiel pour elle était de s’occuper les mains ou l’esprit, mais de s’occuper. Au premier abord, elle renvoyait une impression de froideur car sourire n’était pas une priorité dans sa vie. Elle aimait analyser, observer, examiner. Forcément, quand les gens étaient passés à la loupe, ils se sentaient vite mal à l’aise. Ses yeux noirs vous détaillaient sans ménagement ni pudeur. Passé ce premier cap, une fois habitué à ce regard scrutateur, il fallait accepter qu’elle ne soit pas forcément agréable ou amicale. Elle appartenait à ces personnes qu’on dit brutes de décoffrages, sans respect des conventions sociales les plus élémentaires. Si les gens l’avaient dans leur entourage et l’acceptaient, c’est tout simplement qu’elle était une des meilleures dans son travail. Certains prétendaient que cette froideur la rendait plus méticuleuse et précise. D’autres disaient que, comme elle ne se laissait pas envahir par des sentiments humains, elle était en mesure de travailler de manière plus professionnelle et de garder la tête froide. En fait, Antonella était une personne bourrée de bons sentiments, capable d’éprouver amour et joie, pitié et compassion, mais n’en voyait pas l’intérêt la plupart du temps. Elle préférait réserver cela aux gens qui en valaient vraiment la peine et ils étaient peu nombreux, pour ne pas dire inexistants.

    Antonella n’était pas une grande femme à la beauté ravageuse. Elle était de taille moyenne, pas vraiment mince, sans pourtant être grosse. Plutôt plantureuse, avec des atouts physiques qui attiraient le regard des hommes, elle savait user de ses charmes à la perfection. C’était une séductrice, consciente de son potentiel qu’elle utilisait avec une facilité déconcertante. Son sourire si rare illuminait une pièce et sa rareté était un avantage certain pour surprendre et envouter. Ce qui lui plaisait le plus était la chasse. Son gibier préféré, les hommes qui lui résistaient. Ils étaient peu à l’avoir repoussée définitivement. Elle les attirait, les ferrait et ramenait ses proies tout en douceur jusqu’à elle. Une fois le but atteint, elle consommait le vaincu et prévoyait la prochaine battue. Il était rare qu’elle voie un homme plusieurs fois de suite. Elle leur faisait bien comprendre que c’était un one-shot et que même s’ils le désiraient, il serait inutile de revenir à la charge ! La plupart saisissaient bien cela, même s’ils regrettaient de ne pas réitérer l’expérience. D’autres trouvaient insultante son attitude, elle leur répliquait que les hommes agissaient ainsi depuis des centaines d’années et que personne n’avait jamais rien trouvé à y redire, alors elle ne voyait pas pourquoi elle ne profiterait pas du système, elle aussi ! Après tout, le sexe n’était pas qu’une question d’hommes !