Résumé : Il faut bien le dire, Aurora Teagarden n’avait jamais porté le sergent détective Jack Burns dans son cœur. Mais le jour où elle voit atterrir son cadavre, largué par avion, au beau milieu de son jardin, le souffle lui manque. Par chance, Roe ne figure pas sur la liste des suspects : elle n’a apparemment rien à voir avec ce meurtre. Pourtant, d’autres phénomènes étranges se produisent révélant un message à elle seule destiné, un code qu’elle a intérêt à déchiffrer avant qu’il ne soit trop tard…
Auteur : Charlaine Harris
Edition : J’ai lu
Genre : Thriller
Date de parution : 04 Juin 2014
Prix moyen : 9€
Mon avis : Petit bond dans le temps et nous voilà deux ans après les évènements du tome précédent.
Aurora file le parfait amour avec Martin tandis qu’autour d’elle les couples qu’elle enviait jadis semblent se déliter : son amie Sally s’est séparée de Paul, son second mari qui est aussi le frère de son premier mari, son ex petit ami Arthur s’est séparé de son épouse Lynn, une des amie dont elle avait été la demoiselle d’honneur a divorcé et est revenu vivre à Lawrencetown…
Aurora a pris ses habitudes en tant qu’épouse et le couple que son mari a engagé pour servir à la fois de gardes de corps et de jardiniers est devenu des amis.
La vie est donc bien tranquille.
Ca ne pouvait pas durer.
Et pour une fois, ce n’est pas Aurora qui cherche les ennuis, mais bien les ennuis qui la trouvent.
Le corps de Jack Burns, l’inspecteur de la criminelle qui n’a jamais caché son hostilité envers la jeune femme, tombe littéralement dans son jardin, largué apparemment d’un avion.
Puis des phénomènes étranges se produisent : un ruban noué autour du coup de sa tigresse de chatte, des fleurs livrées anonymement, l’agression d’une personne avec qui Aurora et Angel, sa garde du corps, s’étaient disputées….
Mais qui donc est visée ? Aurora ? Ou Angel qui est présente à chaque fois ? Les messages pourraient s’appliquer aussi bien à l’une qu’à l’autre.
En parallèle de tout ça, deux personnes, dont on ne sait exactement si elles sont policiers, marshalls, agents fédéraux, mais qui sont clairement antipathiques, semblent s’intéresser d’un peu trop près à la mort de Jack Burns et par ricochet à Aurora et son entourage.
Je sens une certaine tension entre Aurora et son mari. Pas forcément quelque chose de grave, mais Aurora a appris une chose sur elle et Martin ne semble pas comprendre l’importance que cette révélation a sur son épouse.
Encore une fois, je n’ai pas vu venir le coupable, et encore une fois, quelques indices permettaient de le soupçonner mais j’étais tellement partie sur une autre piste que je ne les ai remarqués que quand Aurora l’a elle-même pointé du doigt.
L’air de rien, cette série est addictive et je vais de ce pas me plonger dans le dernier tome apparemment traduit en français (les tomes 7 et 8 sont respectivement sortis en 2002 et 2003 en anglais. Encore une série abandonnée par nos « chers » éditeurs français !) des (més)aventures d’Aurora Teagarden.
Un extrait : Lorsque l’homme tomba du ciel, mon garde du corps tondait la pelouse en bikini rose.
De mon côté, j’avais déplié une chaise longue tant bien que mal sur ma terrasse et j’essayais de régler son dossier, luttant pour obtenir un compromis entre la position allongée et l’angle droit. Le bourdonnement de l’avion m’agaçait depuis un moment déjà.
Quant à Angel, elle avait bouclé un baladeur à sa taille – la ceinture en plastique détonnait avec son joli maillot – et posé des écouteurs sur ses oreilles. Entre sa musique et le vacarme de la tondeuse, elle n’avait pas remarqué le ronronnement insistant.
Fait inhabituel, l’appareil volait très bas. Un pilote avait sans doute repéré Angel et profitait de la vue. Entre-temps, alors que je me battais toujours avec cette fichue chaise longue, les glaçons fondaient dans mon café et je rongeais mon frein, impatiente d’attaquer mon livre, posé sur ma petite table.
J’avais enfin réglé le siège en position à peu près confortable lorsque je levai les yeux au ciel.
À cet instant précis, un objet de grande taille tomba la tête la première de la cabine, décrivant un mouvement de rotation qui me pétrifia d’horreur.
Mon instinct reconnut immédiatement les signes avant-coureurs d’un désastre imminent, tandis que ma conscience, plus civilisée, se bornait encore à des sons hébétés. Obéissant au premier, je me ruai sur la haute silhouette d’Angel pour la projeter à terre, à l’écart de la tondeuse et sous les branches d’un chêne.
À la seconde suivante, un choc mat et ignoble retentit.
Le bruit du moteur s’éloigna.
— Nom de Dieu ! s’exclama Angel. C’était quoi, ça ?
Ses écouteurs étaient tombés et elle avait entendu l’impact. L’angoisse au ventre, je tournai la tête, effrayée d’avance par ce que j’allais découvrir.
Fort heureusement, il avait atterri face contre terre.
Malgré tout, je faillis céder à la nausée. Ma comparse, elle, ne put se retenir.
— Je me demande ce qui t’a pris de me jeter à terre, fit-elle remarquer ensuite. Il m’aurait sûrement ratée. D’au moins… allez, trente centimètres.
Nous nous relevions avec précaution.
— Je n’avais pas envie d’acheter une nouvelle tondeuse, lui répondis-je, les dents serrées.
L’un des compartiments de mon cerveau m’informait d’ailleurs qu’il était heureux que la machine en question soit équipée d’une sécurité, et qu’elle se soit arrêtée de fonctionner quand Angel avait lâché sa poignée.
Angel avait raison en disant « il ». À en juger par les vêtements et la coupe de cheveux, c’était un homme. Il portait une chemise écossaise violet et blanc ainsi qu’un pantalon marron. Mais la police de la mode ne le poursuivrait plus. Sous mes yeux, une tache de sang apparut sur les carreaux du tissu. Ses membres étaient écartés en croix, et l’une de ses jambes formait avec son corps un angle qui n’avait rien de normal. Ni de vivant. De même que son cou… Je détournai les yeux aussitôt et respirai profondément pendant quelques secondes.
— Il s’est enfoncé dans le sol d’au moins dix centimètres, fit observer Angel d’une voix tremblante, toute son attention décidément polarisée sur les mesures.
Paralysées par ce cataclysme foudroyant, nous nous tenions côte à côte dans l’ombre du chêne, les yeux braqués sur le cadavre étendu sous le soleil, incapables de l’approcher. Autour de la tête, une auréole sombre s’étendait dans l’herbe et la terre.
— Forcément, les mecs ne sont pas là aujourd’hui, regrettai-je d’un ton amer. Jamais là quand on a besoin d’eux.
Interloquée, Angel se tourna vers moi et se mit soudain à rire aux éclats. Je ne savais pas ce que j’avais dit de drôle et je la repris d’un ton de bibliothécaire offusquée.
— Franchement, Angel ! Bon, on arrête de bavasser. Il faut faire quelque chose.
— Tu as entièrement raison. Il faudrait y mettre des oignons de tulipe et recouvrir le tout de terreau. L’an prochain, elles seront fabuleuses.
— Il est bien trop tard, pour les tulipes. Non, je crois qu’un appel au shérif s’impose.
— Bon, d’accord, fit Angel en adoptant la mine boudeuse d’une gamine de six ans qu’on vient d’appeler à table alors qu’elle est en train de jouer.