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Policiers/Thrillers - Page 17

  • [Livre] La poupée brisée

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    Résumé
     : Ce visage... Cette robe rose... Cela ne peut pas être une coïncidence.

    Claire Doucett est sous le choc. Cela fait sept longues années que sa fille Ruby a mystérieusement disparu, et qu'elle essaie de surmonter sa peine. Mais aujourd'hui, le passé refait brusquement surface lorsqu'elle découvre, dans la vitrine d'un magasin de La Nouvelle-Orléans, une poupée de porcelaine qui reproduit les traits de Ruby à la perfection. Une poupée qui porte la même robe que sa petite fille adorée, le jour du drame... Après tout ce temps passé dans l'incertitude, se pourrait-il que cette poupée livre enfin à Claire la clé du mystère ? En compagnie de Dave, son ex-mari, un flic miné par le chagrin, Claire est prête à tout pour comprendre ce qui a bien pu briser la vie de leur fille. Mais la poupée est enlevée à son tour, comme Ruby sept ans plus tôt. Volée par un homme que la beauté de la petite fille a autrefois fasciné - et dont l'obsession n'a jamais pris fin...

     

    Auteur : Amanda Stevens

     

    Edition : Harlequin Bestseller

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2008

     

    Prix moyen : 3€

     

    Mon avis : J’ai eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire. Il faut dire que le thriller est long, très long à démarrer.
    A environ la moitié du livre, les personnages principaux, à savoir Claire et Dave, qui sont censés enquêter ensemble sur le kidnapping de leur fille Ruby, ne se sont toujours pas vu. Dave ne sait pas que Claire a vu une poupée ressemblant trait pour trait à sa fille (il est occupé par une ancienne enquête qui semble trouver un écho dans une nouvelle affaire) et Claire ne semble même pas savoir que son ex-mari est en ville.
    Ce n’est qu’à la page 285 qu’ils se voient enfin, et encore, ils ne font que se croiser. Pas d’enquête concernant le sujet principal du livre non plus. Claire se débat avec son chagrin et son divorce en cours et Dave avec l’affaire qui a signé le début de la fin de sa carrière de policier.
    Le problème de mettre tant de temps à entrer dans le sujet, est qu’il va falloir tout boucler en moitié moins de pages que prévu, ça ne peut qu’être trop rapide, trop cousu de fil blanc.
    D’ailleurs, dès les premières lignes concernant l’enfance du tueur, on cerne son problème psychologique sans trop de difficulté et on résous par là même un des aspects qui auraient pu nous tenir en haleine jusqu’à la fin.
    Et d’ailleurs comme je le craignais, le sentiment qui a dominé ma lecture a été la frustration. L’histoire est originale, elle aurait pu nous faire tourner en bourrique pendant des centaines de pages, mais non, tout est bouclé en moins de 100 pages. Il faut dire que l’auteur en a passé 400 à aller de digression en digression. Alors certes, les affaires secondaires donnent du corps à l’histoire, mais était-il vraiment nécessaire de s’y attarder autant ?
    De plus, concernant ces affaires secondaires, on n’a finalement pas le fin mot de l’histoire. Sur la première on ne sait pas ce qui arrive exactement aux personnes impliquées et sur la seconde, on ne sait rien du tout. C’est pénible et frustrant d’être appâté ainsi pour au final n’avoir rien à se mettre sous la dent.
    Concernant l’affaire principale, celle de l’enlèvement de Ruby, on en parle peu, au regard du nombre de pages que contient le livre. La fin est trop rapide, la conclusion tombe sur les personnages sans qu’ils aient eu à vraiment enquêter. C’est comme s’ils avaient du faire du porte à porte et qu’on leur avait tout dit dès la première maison à laquelle ils s’étaient présentés.
    Je n’ai pas ressenti de plaisir à être emmenés sur de fausses pistes, à croire quelqu’un coupable pour me rendre compte qu’il ne l’est en fait pas, à découvrir qu’un proche est impliqué dans l’affaire, parce qu’il n’y a rien de tout ça.
    Dès le début on sait qui est le coupable, on sait quelles sont ses motivations, il n’y a aucune traque et, même si l’auteur a tenté un moment d’angoisse vers la fin, je n’ai ressenti aucun pincement au cœur, aucune crainte pour les personnages, parce que la fin était presque écrite en néon tricolore en filigrane de l’histoire et qu’il n’y a eu aucune surprise.

    Un extrait : Claire ouvrit brusquement les yeux : un bruit venait de la réveiller, mais elle ne savait pas s’il appartenait à la réalité ou à son imagination. Allongée sur le dos, elle resta un instant songeuse, dans cet état intermédiaire entre la veille et le sommeil, à écouter les bruits de la nuit avec attention. Le vent s’était levé : les branches du grand chêne vert près de sa chambre grattaient périodiquement contre le mur de la maison, accompagné par les rafales de pluie qui venaient crépiter contre les carreaux.
    Même par une nuit calme et tranquille, la maison était toujours pleine de bruits. Les craquements et les grincements du vieux bois n’avaient jamais vraiment perturbé le sommeil de Claire. C’était seulement depuis le départ d’Alex qu’elle avait du mal à dormir…
    Au sortir du lycée, elle avait épousé Dave, et ils s’étaient installés dans le petit appartement aménagé au-dessus du garage de chez sa grand-mère ; jusqu’à leur rupture, à la suite de la disparition de Ruby. Ensuite, Claire n’avait pas tardé à emménager dans la grande maison, pour s’occuper de son aïeule malade. Un an plus tard, Mamie décédait, et Claire se retrouvait mariée à Alex sans avoir vraiment compris ce qu’il lui arrivait. C’était comme si cette époque de sa vie s’était déroulée à la façon d’un rêve dont elle n’aurait été que la spectatrice impuissante… A un moment, elle était mariée à Dave, heureuse épouse et mère comblée d’une adorable petite fille qu’ils chérissaient autant l’un que l’autre, et l’instant d’après, on lui avait tout pris en même temps, par un bel après-midi ensoleillé.
    Quand Ruby avait été kidnappée, un rideau épais était tombé sur toute une partie de la vie de Claire. Après ce tournant douloureux, rien n’avait plus jamais été pareil. C’était pour cette raison que son mariage avec Alex n’avait pas pu tenir la distance. Par moments, le poids des souvenirs tirait tellement la jeune femme vers la tristesse et la désespérance que le présent ou l’avenir lui paraissait sans goût et sans couleur, tant le passé la happait inexorablement. Alex avait fait preuve d’une patience exemplaire, mais il avait fini par craquer. Et ça, Claire ne pouvait pas le lui reprocher.
    Fermant ses paupières lasses, elle essaya de se rendormir. Mais c’était inutile : elle était bien réveillée, à présent. Elle eut beau tapoter son oreiller et remonter les couvertures jusqu’à son menton pour s’y blottir confortablement, elle ne parvint pas à retrouver les bras de Morphée. Avec un soupir résigné, elle abandonna l’idée de retomber dans un sommeil réparateur, et se tourna sur le côté.
    Ainsi allongée, elle resta silencieuse, à contempler le côté vide du grand lit où Alex aurait dû se trouver si les choses n’avaient pas viré à l’aigre entre eux. Elle le voyait encore, étendu tout contre elle, ses cheveux bruns ébouriffés par le sommeil, son torse nu se soulevant régulièrement au rythme de sa respiration profonde. Elle se demandait pourquoi elle ne parvenait pas à l’aimer autant qu’il le méritait. C’était un homme bon, un mari exemplaire… Tout ce dont elle avait besoin et tout ce qu’elle aurait dû vouloir, en somme.
    Mais malgré ses qualités et ses efforts, il n’avait pas pu lui faire oublier ce qu’elle avait perdu, et qui lui manquait trop cruellement pour qu’elle pût vraiment se reconstruire une existence solide.



  • [Livre] Et tu périras par le feu

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    Résumé : Hantée par une enfance dominée par un père brutal – que son entourage considérait comme un homme sans histoire et un flic exemplaire –, murée dans le silence sur ce passé qui l'a brisée affectivement, l'inspecteur Mia Mitchell, de la brigade des Homicides, cache sous des dehors rudes et sarcastiques une femme secrète, vulnérable, pour qui seule compte sa vocation de policier. De retour dans sa brigade après avoir été blessée par balle, elle doit accepter de coopérer avec un nouvel équipier, le lieutenant Reed Solliday, sur une enquête qui s'annonce particulièrement difficile : en l'espace de quelques jours, plusieurs victimes sont mortes assassinées dans des conditions atroces. Le meurtrier ne s'est pas contenté de les violer et de les torturer : il les a fait périr par le feu... Alors que l'enquête commence, ni Mia ni Reed, ne mesurent à quel point le danger va se rapprocher d'eux, au point de les contraindre à cohabiter pour se protéger eux-mêmes, et protéger ceux qu'ils aiment...

     

    Auteur : Karen Rose

     

    Edition : Harlequin Best Seller

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2009

     

    Prix moyen : 13€

     

    Mon avis : Mia Mitchell n’a vraiment pas de chance : fille d’un homme violent qui incarne aux yeux de tous l’image du bon flic, donc du mec bien sous tout rapport ; un premier coéquipier tué par balle, elle-même ayant failli y rester ; et à présent un second coéquipier blessé par balle et une reprise de travail alors que sa propre blessure est douloureuse.
    Quand elle commence à faire équipe avec Reed Sollyday, un fire marshall qui enquête sur les incendies criminels qui semblent masquer des meurtres, elle a affaire à un homme légèrement arrogant.
    J’ai trouvé Reed assez borné sur ses idées, et se remettant peu en question sauf quand il est au pied du mur.
    Mia, elle, essaie d’éviter à tout prix de manifester la moindre émotion, comme si cela pouvait la desservir aux yeux de ses collègues de travail, collègues qui pourtant lui témoigne un immense respect.
    J’ai apprécié que le monde ne s’arrête pas de tourner pendant l’enquête criminelle : Solliday continue à avoir quelques soucis avec sa fille adolescente, Mia a des ennuis à régler à la fois avec une enquête précédente et avec un secret de famille à élucider… Les « affaires » secondaires ne tombent pas comme un cheveux sur la soupe mais donne de la crédibilité à l’ensemble : les enquêteurs sont humains, ils ne cessent pas d’exister en dehors de l’enquête qui leur est confiée même s’ils y consacre la majorité de leur temps.
    Ce ne sont pas non plus des surhommes, et on peut les voir fatigués, parfois moins alertes, à causes des nombreuses nuits blanches que leur font passer leurs investigations.
    Ce qui est très frustrant, pour nous, lecteurs, c’est de les voir partir sur de fausses pistes, chercher des liens qui sont évidents à nos yeux car, nous, nous savons quels sont les buts du tueur, pourquoi il agit, quels sont les liens entre les meurtres. En réalité, la seule chose que nous ignorons sur le tueur, c’est son identité, mais avec un peu de déduction, nous finissons par la trouver (guère de temps avant les inspecteurs, il faut l’admettre, mais pour notre défense, au niveau de l’identité, on en sait pas beaucoup plus qu’eux…et j’ai quand même hésité un moment entre deux suspects).
    J’ai bien aimé également les différents problèmes que posent les médias. D’une part, quand on recherche quelqu’un, difficile de se passer d’eux, et d’autre part, ils sont près à nuire à une enquête en cours pour faire la première page de leurs journaux… Difficile à supporter pour un enquêteur, difficile aussi de ne pas leur rentrer dedans quand ils dépassent les limites de la décence (comme publier le nom d’une victime avant que la famille n’ait pu être prévenue).
    Comme souvent dans les thrillers, il y a une petite romance, mais elle ne prend jamais le pas sur le coté thriller ce qui la rend d’autant plus agréable à suivre.

    Un extrait : Il regardait fixement les flammes avec un plaisir macabre. La maison était en feu.
    Il croyait les entendre crier. Au secours ! Oh, mon Dieu, aidez nous ! Il espérait les entendre hurler, que ce ne fût pas seulement le bruit de son imagination. Il voulait qu’ils souffrent comme des damnés.
    Ils étaient coincés à l’intérieur. Aucun voisin pour leur porter secours à des kilomètres à la ronde. Il aurait pu utiliser son téléphone mobile et appeler la police, les pompiers. Un rictus tordit le coin de ses lèvres. Pourquoi l’aurait-il fait ? Ils avaient enfin ce qu’ils méritaient. Que ce fût de sa propre main n’était que…justice.
    Il ne se rappelait pas avoir allumé l’incendie, mais il avait dû le faire, forcément. Sans quitter des yeux la maison en flammes, il renifla les gants de cuir qu’il portait. Il sentit l’odeur de l’essence sur ses mains.
    Oui, c’était bien lui le responsable de cette fournaise. Et il en était farouchement, profondément satisfait.
    Il ne se souvenait pas non plus d’avoir conduit sa voiture jusque là. Mais comment aurait il pu en être autrement ? Il avait sans hésitation reconnu la maison, bien qu’il n’y eût jamais vécu. S’il avait habité là, tout aurait été différent. Personne n’aurait touché à Shane. Son frère serait peut être encore en vie, et la haine ardente, viscérale qu’il avait gardée enfouie si longtemps ne lui serait peut être jamais venue.
    Mais il n’avait pas vécu dans cette maison. Shane seul y avait habité, pauvre petit agneau au milieu des loups. Et lorsqu’il était sorti et avait retrouvé son frère, Shane n’était plus le petit garçon heureux qu’il avait connu : son petit frère marchait désormais la tête basse, les yeux emplis de honte et de crainte.
    Parce qu’ils lui avaient fait du mal.
    La rage qui bouillonnait en lui éclata. Dans cette maison où Shane aurait dû vivre à l’abri de tout danger, dans cette maison dévorée à présent par les flammes de l’enfer, ils avaient tellement meurtri son frère qu’il n’avait plus jamais été le même.
    Shane était mort.
    Et maintenant, leur tour était venu de souffrir, comme Shane avait souffert. C’était…justice.
    Que sa haine et sa rage remontent à la surface de temps en temps était inévitable, supposait-il. Aussi loin qu’il se souvînt, ces sentiments avaient existé en lui. Mais la raison de sa fureur…cette raison, il ne l’avait révélée à quiconque. Y compris à lui-même. Il l’avait rejetée pendant si longtemps, avait si bien réinventé toute l’histoire, qu’il avait eu lui-même du mal à se remémorer la vérité. Il y avait des périodes entières qu’il avait complètement oubliées, oblitérées de sa mémoire. Parce que leur souvenir était trop douloureux.
    Mais maintenant, il se souvenait. Il se souvenait de chacune des personnes qui avaient levé la main sur eux. De tous ceux qui auraient dû les protéger et qui n’en avait rien fait. De chacun de ceux qui avaient détourné les yeux.

     

  • [Livre] Le tueur d'anges

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    Résumé : Blondes, jeunes, innocentes : c'est ainsi que le criminel choisit ses victimes. Son surnom : le tueur d'anges...
    Il y a cinq ans, une série de trois meurtres de petites filles a semé la panique dans la petite ville de Rockford, près de Chicago. Kitt Lundgren, alors chargée de l'enquête, a fait de la traque du tueur une véritable obsession. Bravant sa hiérarchie, elle a commis des erreurs, et laissé le coupable lui filer entre les doigts. Sa vie en a été marquée à jamais. Et voilà qu'après cinq ans de silence, le tueur recommence à frapper : une nouvelle victime, puis une autre, selon le même rituel macabre. Cette fois, Kitt aura sa peau.
    Mais l'enquête est confiée à l'inspecteur Marie Catherine Riggio, une jeune femme ambitieuse qui ne pardonne pas à Kitt ses erreurs du passé. La traque s'annonce tendue...d'autant que le criminel prend soin de ne laisser aucun indice derrière lui. ,
    Pourtant, Kitt tient peut-être une piste. Car le tueur d'anges s'intéresse particulièrement à elle. C'est à elle qu'il signale, au téléphone, que cette nouvelle série de crimes n'est qu'un vulgaire plagiat. Et qu'il charge Kitt, et elle seule, d'arrêter celui qu'il appelle son « copieur ». Indice crucial ou piège supplémentaire ? Kitt n'a pas d'autre choix que de suivre la règle du jeu imposée par le tueur...

     

    Auteur : Erica Spindler

     

    Edition : Harlequin Best Seller

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2008

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : J’aime beaucoup l’écriture d’Erica Spindler. Quelque soit le sujet, que ce soit thriller ou romance, la sauce prend toujours.
    Au niveau des personnages, j’ai beaucoup aimé M.C. et Kitt, même si elles sont d’un caractère assez différent, du moins au début. Avec le temps, M.C., qui est une jeune inspecteur, commence à comprendre les façons de faire de Kitt, qui est plus âgée et qui a plus d’expérience, même si elle a passé des moments difficiles.
    D’ailleurs, M.C. prend assez mal que, malgré une mise à pied et une réintégration toute récente, Kitt soit en charge de l’enquête sous le prétexte que le tueur la contacte directement au téléphone et entame avec elle un jeu du chat et de la souris.
    Les meurtres sont parfaits, sans aucun indice, mais présentent des différences avec les meurtres commis 5 ans plus tôt.
    L’enquête est difficile et la vie personnelle des deux inspecteurs mise à mal autant par les différentes pistes que par le temps de l’enquête leur prend.
    Les pistes qui semblent prometteuses s’enchaînent mais ne donnent pas toujours satisfaction. Parfois elles ne donnent rien, parfois elles entraînent dans une mauvaise direction, parfois, et c’est là le plus difficile, elles apportent un indices mais rien de plus et noyé dans un flot d’informations sans intérêt.
    Au fil de l’enquête j’ai commencé à avoir quelques doutes sur certains personnages mais la fin m’a quand même scotchée. Comme quoi, même quand on trouve certains éléments de réponses, on n’a pas forcément le fin mot de l’histoire.
    J’ai lu ce livre presque d’une traite (oui parce que l’ayant commencé un soir, 500 pages, il a fallut que je le pose le temps de dormir) et je n’ai qu’une envie, me replonger dans un autre roman de cet auteur au plus vite !

    Un extrait : Les cheveux de la petite fille semblaient doux comme de la soie. Il avait une envie folle de les toucher, de les caresser, et maudit les gants en latex qu’il était obligé de porter. Les mèches avaient la couleur des épis de blé. Chez une enfant de dix ans, c’était inhabituel. Trop souvent, la blondeur de la petite enfance fonçait progressivement avec les années et prenait une teinte plus trouble, presque sale, que seule l’oxygénation permettait de raviver.
    Il inclina la tête, satisfait de son choix. Elle était encore plus belle que la dernière petite fille ; proche de la perfection.
    Il se pencha davantage sur elle, lui caressa la tête. Ses yeux bleus le fixaient d’un regard sans vie. Il inspira profondément, s’enivrant de sa douce odeur de petite fille.
    Doucement…doucement.
    Surtout, ne pas laisser la moindre trace.
    L’Autre réclamait la perfection absolue. Il le harcelait sans relâche, de plus en plus exigeant. Et le surveillait constamment. Chaque fois qu’il jettait un coup d’œil derrière lui, l’Autre était dans son dos.
    Il sentit ses traits se crisper et s’efforça de chasser toute trace d’émotion de son visage.
    Ma jolie poupée. La plus belle des créations.
    Mon bel ange endormi.
    C’était Kitt Lundgren, la détective, qui la première avait trouvé les mots – Le tueur d’anges. Les médias s’en étaient aussitôt emparés.

    Ce nom lui plaisait.
    Mais il déplaisait à l’Autre. Rien, jamais, ne lui faisait plaisir.
    Il acheva rapidement de tout arranger : les cheveux de la petite fille ; sa belle chemise de nuit, ornée de rubans de satin, qu’il avait choisi spécialement pour elle. Tout devait être exactement ainsi.
    Absolument parfait.
    Et à présent, la touche finale. Il sortit de sa poche le tube de gloss rose pâle, et en passa une couche sur les lèvres de la petite fille, d’un geste plein de douceur. La couleur devait rester uniforme, ne pas déborder.
    Puis il contempla son œuvre avec un sourire.
    Bonne nuit, mon petit ange. Dors bien.

     

  • [Livre] Je sais où tu es

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    Résumé : Où qu’elle aille, il est là. Il la suit comme son ombre. Il est entré dans sa vie.
    Rafe n’est qu’un lointain collègue de Clarissa.
    Mais depuis qu’ils ont passé une soirée ensemble, pour lui, elle lui appartient, leur amour est absolu.
    Même s’il la menace, même s’il la terrorise.
    Jusqu’où ira-t-il ? Comment l’arrêter ? Comment peut-elle prouver qu’elle court un terrible danger ?

     

    Auteur : Claire Kendal

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 03 février 2016

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Le récit alterne entre la vie de Clarissa, racontée à la troisième personne, et le contenu des carnets qu’elle rédige, sur les conseils  d’une association contre le harcèlement, qui eux, sont à la première personne et dans lesquels elle s’adresse directement au harceleur.
    On peut ainsi suivre le quotidien de Clarissa : la peur, la méfiance, la solitude…
    Clarissa a l’impression de ne pouvoir se tourner vers personne, que chaque action qu’elle entreprend pour dénoncer le harcèlement se retourne contre elle, la faisant passer pour une allumeuse, une paranoïaque…
    Rafe la poursuit jusqu’au tribunal où elle est jurée. Et ce procès, qui devait être une sorte de refuge pour elle, loin de son tourmenteur, devient la preuve qu’elle ne peut trouver aucune aide. Elle voit comment les avocats retournent la situation contre la victime et s’imagine à sa place et ce qu’on lui opposera pour la faire passer pour une folle hystérique qui cherche à détruire la réputation d’un homme respectable.

    Le plus choquant c’est la réaction de la police : « vous n’êtes pas en danger immédiat, il ne vous a pas agressée, vous n’avez pas de preuves… » Sous entendu, on interviendra quand ce sera un meurtrier… Même si c’est un violeur, apportez les preuves et on verra…
    Et après on s’étonne des statistiques que nous révèle l’auteur : les femmes ne portent plainte qu’après 101 incident lié à leur harceleur, 8 femmes meurent chaque mois victimes de violence conjugale… Je suis surtout étonnée qu’elles ne soient pas plus élevées.

    L’auteur nous livre également les conseils que donnent les associations pour lutter contre les harceleurs, mais honnêtement, sans une intervention policière et face à un esprit malade, ils ne sont pas d’une grande aide.

    Rafe est vraiment un grand malade. Clarissa a beau lui dire clairement : Non, je ne veux pas sortir avec toi, non je veux que tu me laisse tranquille… c’est comme si ses paroles n’avaient aucun sens pour lui. Quand elle le repousse, il lui répond qu’elle est fatiguée et qu’elle ne sait pas ce qu’elle dit ; quand elle le fuit, il dit que ce n’est qu’une dispute, qu’elle est de mauvaise humeur… bref, il a toujours une réponse qui le conforte dans son illusion de l’amour de Clarissa. Il est vraiment flippant et de toute évidence, il n’hésiterait pas à recourir à la violence pour arriver à ses fins.

    Au tribunal où elle est jurée, Clarissa rencontre Annie, une mère célibataire avec un sacré caractère, et Robert, un pompier que je n’arrive pas à cerner. Il a beau être plutôt sympathique, il y a un je-ne-sais-quoi dans son attitude qui me dérange.

    Pour la fin, je pense vraiment qu’il aurait été difficile que ça se termine autrement. On aime ou on n'aime pas. Personnellement j'ai apprécié.

    Un extrait : Lorsque j’ouvre ma porte, tu es si près de moi que je respire l’odeur de ton shampoing et de ton savon. Tu sens le frais, le propre. Tu sens la pomme, la lavande et la bergamote – des odeurs que j’aimerais si elles n’étaient pas les tiennes.

    « Tu vas mieux, Clarissa ? »

    La bienveillance n’est pas quelque chose que tu comprends. Ce n’est pas quelque chose que tu mérites. Mais je vais me montrer bienveillante avec toi une dernière fois avant de refuser définitivement de te parler. Ce matin sera complètement différent de lundi.

    Je te parle calmement, d’une voix polie. C’est loin d’être la première fois que je prononce ces mots. « Je ne veux pas que tu t’approches de moi. Je ne veux pas te voir. Je ne veux rien avoir à faire avec toi. Je ne veux aucun contact. Aucune lettre. Aucun cadeau. Aucun appel. Aucune visite. Ne reviens plus jamais chez moi. »

    Mon discours est parfait. Exactement comme je l’ai répété. Je m’éloigne rapidement, sans te regarder. Pourtant, ton visage est suffisamment clair dans ma tête pour pouvoir en faire une description précise.

    Tu mesures 1 mètre 80. Tu es solidement charpenté. Avant, tu avais le ventre plat, mais ce n’est plus le cas. Sans doute bois-tu davantage. Tes hanches se sont élargies aussi, au cours du dernier mois. Ton nez est quelconque au milieu de ton visage rond et bouffi dont les traits ont perdu leur netteté.

    Mais surtout, il y a ta pâleur. Ta pâleur d’esprit, d’âme, de corps. Ta peau est si pâle que tu rougis facilement, passant du blanc au vermillon en un éclair. Tes cheveux châtain clair sont raides et courts, et toujours aussi épais. Ils sont étrangement doux et soyeux pour un homme. Tes sourcils sont châtain clair. Tes yeux sont clairs, bleu délavé. Petits. Tes lèvres sont fines. Pâles elles aussi.

    Tu touches mon bras. Je me libère, descends l’allée jusqu’au taxi qui attend.

    « J’étais venu voir comment tu allais », dis-tu comme si je n’avais pas parlé. « Ton téléphone ne marche toujours pas », dis-tu. « Je m’inquiète quand je n’arrive pas à te joindre », ajoutes-tu.

    Avec toi à côté de moi le chemin passant entre les rosiers de Miss Norton me paraît long, mais me voilà arrivée au taxi. Je suppose qu’en réalité ça ne m’a pas pris beaucoup de temps.

    J’ouvre la portière arrière, monte, puis essaye de la fermer derrière moi, mais tu la retiens.

    « Fais-moi de la place, Clarissa. Je t’accompagne. » Tu te penches en avant. Ta tête et ton torse sont à l’intérieur du taxi. Je sens ton dentifrice – une odeur de menthe prononcée.

    Le sang-froid que j’ai pris soin de conserver se volatilise. « Cet homme n’est pas avec moi », dis-je au taxi, le même que celui qui est venu me prendre hier. « Je ne veux pas qu’il entre. »

    « Arrêtez de l’embêter. Dégagez ou j’appelle la police ! ».

    Ma mère m’a toujours dit depuis que je suis adulte que les chauffeurs de taxi considèrent que protéger leurs clients fait partie de leur travail ; ils savent que c’est la raison pour laquelle les femmes sont prêtes à payer un taxi. Ma mère a souvent raison, et je suis bien tombée avec ce chauffeur. Pour ma mère, les chauffeurs de taxi sont des héros qui vous sauvent, des hommes grands et costauds.

    En l’occurrence c’est une femme, âgée d’une quarantaine d’années, petite, mais corpulente et coriace et intrépide.

    Elle a de beaux cheveux gris dressés sur le crâne qu’elle n’est certainement pas du genre à teindre. Elle porte un jean et un pull orange en laine pelucheuse.

    Elle ne manifeste rien de la chaleur et de la jovialité qui régnait hier dans son taxi lors de notre bref trajet. Elle ouvre sa portière, histoire de te montrer qu’elle est prête à mettre ses menaces à exécution.

    Tu retires ta tête et ton torse et restes à quelques centimètres de la portière que je claque en même temps qu’elle claque la sienne.

    Tu donnes un coup de poing sur le toit.

    « Comment peux-tu me traiter comme ça, Clarissa ? »

    La conductrice appuie sur le bouton pour baisser la vitre avant côté passager, t’adresse quelques menaces bien senties, et le taxi s’éloigne.

    « Clarissa ? Clarissa ! Je ne mérite pas ça, Clarissa ! »

    Je refuse toujours de te regarder.

    J’essaie désespérément de suivre à la lettre les conseils, de faire les choses comme il faut. Je vois du coin de l’œil que tu cours à côté du taxi jusqu’au bout de la rue en donnant de grands coups dans les arbres et les lampadaires près desquels tu passes. Je t’entends m’appeler. La chauffeuse marmonne tout bas que tu es vraiment un connard fini. Elle s’excuse pour sa grossièreté et je m’excuse des problèmes que je lui cause. Elle me dit et je lui dis qu’il n’est nul besoin de s’excuser. Mais je sais qu’elle le fait par politesse − je lui dois vraiment des excuses. Je la remercie de son aide.

    Avant de sortir du taxi je prends sa carte : elle peut me servir de témoin contre toi.

    En dépit du film de sueur qui couvre mon dos et mon front malgré le froid matinal, cette journée a plutôt bien commencé pour ce qui est de te gérer.

    Tandis que je traverse le hall de la gare, hébétée, mon nouveau téléphone bipe, ce qui veut dire que j’ai reçu un mail. Je regarde l’écran comme une petite fille se mettant au défi de se regarder dans un miroir en pleine obscurité tout en redoutant d’y voir apparaître le visage d’un monstre. À ma grande surprise, le mail a été envoyé, au bout d’une longue période de silence, par Rowena. Elle est à Bath ce soir et me demande de venir la retrouver dans un restaurant français où je ne suis jamais allée mais dont Henry a dit un jour qu’il était épouvantable. Je réponds, J’y serai, et ajoute deux baisers. Puis j’éteins mon portable et monte dans le train de Bristol.

     

  • [Livre] Deux gouttes d'eau

     

    J’ai participé à un challenge qui consiste à sélectionner trois livres dans la PAL de notre binôme. Celui-ci choisi lequel des trois il lira et chroniquera. Ma binôme (ma vie livresque) et moi avions choisi de lire les trois livres que chacune a choisis pour l'autre (c'est qu'on a une PAL assez conséquente à faire descendre!)

     Ce livre est le troisième que m'a choisi Ma vie livresque dans le cadre du challenge Livra'deux sur livraddict.
    Pour sa part elle n’a toujours pas commencé ce troisième livre malgré le fait que le challenge soit arrivé à son terme. Je poste donc ma chronique et je vous engage à surveiller son blog pour son troisième livre qui est April, May & June de Robin Benway

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    Résumé : Une jeune femme est retrouvée morte dans son appartement de Boulogne-Billancourt, massacrée à coups de hache. Elle s'appelle Élodie et son ami, Antoine Deloye, est identifié sur l'enregistrement d'une caméra de vidéosurveillance de la ville, sortant de chez elle, l'arme du crime à la main. Immédiatement placé en garde à vue, Antoine s'obstine à nier malgré les évidences. Il accuse son frère jumeau, Franck, d'avoir profité de leur ressemblance pour mettre au point une machination destinée à le perdre. Quand Franck Deloye arrive au commissariat central pour être entendu, le trouble est immense : il est impossible de différencier les deux hommes, qui se ressemblent, littéralement, comme deux gouttes d'eau... Le divisionnaire de la PJ en charge de l'enquête, Robert Laforge, un homme réputé pour sa compétence mais aussi son intransigeance et ses éclats incontrôlés, va devoir tirer au clair avec son équipe ce véritable casse-tête. Lequel des deux jumeaux ment, lequel est le bourreau, lequel la victime ?

     

    Auteur : Jacques Expert

     

    Edition : Sonatines

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 22 Janvier 2015

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Régulièrement, entre les chapitres consacrés à l’enquête, on repart en arrière et on découvre la naissance et les premières années des jumeaux. Dès leurs premiers jours, dès leur naissance même, on sent une atmosphère pesante autour d’eux. La première chose qui vient à l’esprit est : ils ne sont pas normaux. Ils sont étranges. Sans qu’on sache exactement quoi.
    J’en suis à un peu plus d’une centaine de pages de lecture et j’avoue que je n’ai aucune idée duquel des jumeaux est un meurtrier. Est-ce Franck ? Est-ce Antoine ? Et si c’était les deux ? Après tout, quel meilleur moyen d’échapper à la justice que d’instaurer un doute sur la culpabilité. S’il est possible que ce soit l’autre jumeau qui soit le coupable plutôt que celui traduit en justice, comment obtenir une condamnation ? Le doute doit toujours profiter à l’accusé, n’est ce pas ?
    Franck me parait trop poli et trop désireux « d’aider » pour être honnête et Antoine a une attitude assez bizarre pour un innocent.
    Le commissaire Laforge m’énerve un peu. Il est tellement persuadé de son bon droit, ou plutôt tellement persuadé d’être au dessus des règles, tant il terrorise collaborateurs, subordonnés et même supérieurs hiérarchique, qu’il bafoue les règles les plus élémentaires de la procédure, notamment en refusant d’appeler l’avocat d’Antoine.

    Du coup on est partagé : d’un coté on veut que la vérité éclate parce que le meurtre d’Elodie Favereau est vraiment horrible et on ne veut pas qu’il reste impuni ; et d’un autre coté, j’avoue que pour ma part, j’espérais que Laforge se plante et soit sanctionné parce que je trouve que je genre de personne n’a pas sa place dans la police. Etre dans la police ne donne pas tous les droits, ça ne donne que des devoirs.
    Je n’ai pas été surprise par la fin de cette histoire car je m’y attendais mais cela ne m’a pas dérangé car l’important dans ce livre, ce n’est pas tant la fin mais le déroulement qui y mène.
    On se retrouve dans une histoire qui a lieu en grande partie à huis-clos et on ne s’ennuie pas une seule seconde.
    Toutes les certitudes s’effondrent quelques pages après avoir été formées. Chaque indice semble discréditer un témoignage, chaque témoignage invalide un indice.
    C’est un vrai casse-tête. C’est aussi comme une avalanche : on voit arriver la masse qui va nous engloutir, on voit parfaitement ce qu’il va arriver, mais on ne peut pas s’empêcher de continuer à regarder, on ne peut pas détourner les yeux.
    Comme dans son livre « la femme du monstre », il n’y a pas vraiment de personnages sympathiques. On est plutôt pris entre divers degrés d’antipathie et on ne sait plus bien comment on veut que l’histoire se termine.
    Ici pas d’action, de coup de feu, de course poursuite ou de témoin/flic/jeune fille en détresse sauvé in extremis du méchant, parfois (souvent) en lui collant fissa une balle entre les deux yeux (on économise les frais de procès).
    Non, on est dans un casse-tête chinois, un pur thriller psychologique, dans lequel on essaie de ne pas se noyer sous les pièces du puzzle, de ne pas perdre le fil, pour finalement arriver à passer la ligne d’arrivée, content, comme les flics, du devoir accompli…ou peut être pas…

    Un extrait : « Il est neuf heures, un flash d’information. Une jeune femme assassinée à coups de hache à Boulogne-Billancourt… »
    Assis à l’avant du véhicule, le commissaire divisionnaire Robert Laforge se tient droit, raide, comme dans une volonté de compenser sa petite taille et son buste court. Il tend l’oreille, la voir du journaliste est grave quand il annonce : « exclusivité RTL : Une jeune femme de vingt-sept ans a été trouvée assassinée à son domicile de la rue Carnot à Boulogne-Billancourt, en banlieue parisienne, baignant dans son sang. Ce sont ses voisins, alertés par des cris, qui ont avertis la police. La mort serait due à plusieurs coups de hache, dont l’un, fatal, au niveau du crâne. L’enquête a été confiée à la police judiciaire… »
    Tout cela est à peu près exact. Si ce n’est que la réalité est encore pire : la jeune femme que vient de voir le commissaire a été massacrée.
    Et décapitée.

    Le domicile en question est un deux-pièces situé au troisième étage, au numéro « 20 » de la rue Carnot. La jeune femme s’appelle Elodie Favereau.

    Alerté vers trois heures du matin par le commissariat central, Laforge avait rejoint son adjoint le commissaire Étienne Brunet, qui l’avait précédé sur les lieux. La scène de crime était intacte, rien n’avait été déplacé, et personne n’avait touché au corps, conformément aux ordres du divisionnaire. La jeune femme était nue sous un peignoir blanc noirci de sang. Une jambe pâle s’en échappait, laissant apparaître une entaille sur la cuisse. Un autre coup avait été porté sous la poitrine, là où reposait sa main droite.

          Effectivement, comme l’a dit le journaliste à la radio, le corps baignait dans une mare de sang. Mais ce n’est pas cela qui avait impressionné le commissaire. Il en avait tant vu dans sa longue carrière de flic, rien ne semblait plus pouvoir l’horrifier aujourd’hui… Ce qui l’avait laissé sans voix, c’était la tête coupée de la jeune femme, posée sur la table basse. Elle avait été placée toute droite, soigneusement, elle penchait à peine. Coincé à la base du cou, un cendrier l’empêchait de basculer. Le visage était orienté en direction de la porte d’entrée. Les longs cheveux bruns ensanglantés avaient été ramenés sur son visage, comme si on avait voulu le cacher. Le commissaire avait été le premier à les écarter, du bout des doigts. D’une de ses mains gantées, il avait maintenu la tête. De l’autre, il avait écarté les mèches coagulées, avec d’infinies précautions. Alors, il avait découvert le visage d’une jolie jeune femme aux traits fins, aux yeux d’un noir intense. Volontairement, sans aucun doute, son assassin ne les avait pas refermés.

          L’impression qui se dégageait de cette mise en scène était sans équivoque : le tueur l’avait placée là comme un trophée.

          Les gars de la scientifique étaient arrivés vers sept heures. Tout le monde, les flics qui avaient fouillé l’appartement de la jeune femme et relevé des empreintes déjà parties au labo, avait alors dû dégager. Mais pas lui. Incapable de se détacher de cette scène de crime atroce, éprouvant un besoin primordial de s’en imprégner, il était resté assis sur une chaise de paille, un peu à l’écart, comme aux aguets. Autour de lui la police scientifique continuait de s’affairer, dans son ballet parfaitement ordonné et silencieux. Deux hommes en combinaison blanche passaient l’appartement au crible, centimètre après centimètre, tandis qu’un autre multipliait les clichés. Ce rituel l’impressionnait à chaque fois, même s’il faisait partie de ces flics qui préféreront toujours se fier à leur intuition qu’à la technologie. 

          Laforge était là depuis plus d’une heure quand l’un d’eux, qui s’était présenté comme le chef, s’était approché de lui. Il avait ôté ses larges lunettes de protection, puis d’une voix monotone, comme s’il lisait un simple rapport de police, avait annoncé à Laforge qu’ils n’avaient relevé qu’une seule trace d’empreintes. « Probablement celles de la décédée. En revanche, il y a des traces de sang dans le siphon de la baignoire et nous avons des cheveux qui ne sont pas ceux de la décédée. On aura un ADN, commissaire. »

          Laforge n’avait pas aimé ce type et sa façon de répéter « décédée ». Il s’était contenté de lui demander de continuer à chercher. L’autre, avec une assurance agaçante, avait répondu :

          « On ne trouvera rien de plus, commissaire. On range ! »

          Laforge s’apprêtait à lui rentrer dans le lard, mais son portable avait sonné.

          C’était Étienne Brunet, son adjoint. Il appelait depuis le commissariat tout proche de Boulogne. L’information qu’il avait à lui communiquer était une bombe : la caméra de surveillance placée à l’angle de la rue Carnot et de l’avenue André-Morizet avait saisi l’image d’un homme sortant de l’immeuble à 22 h 02. La capuche qui lui dissimulait en partie le visage était retombée au moment où il se penchait pour glisser un objet enveloppé dans un tissu taché de sang dans la bouche d’égout, en face du numéro cinq de la rue. Sur l’image, on le voyait la remettre d’un geste vif, en jetant des regards de part et d’autre, vérifiant s’il avait été vu par des passants. Puis il s’éloignait rapidement, tête baissée. Brunet exultait au téléphone : « Son visage est parfaitement reconnaissable. La bouche d’égout est juste sous un lampadaire. Le type s’est fait choper comme un con ! »

         En quittant les lieux, deux heures et demie plus tard, précédant dans l’escalier étroit le corps de la jeune victime que l’on emporte jusqu’à l’ambulance, le divisionnaire se dit simplement que cette affaire va être rapidement résolue.

     

  • [Livre] Jeux macabres

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    Résumé : Ancienne inspectrice, Stacy Killian s'est installée à La Nouvelle-Orléans dans l'espoir d'y oublier les horreurs dont elle a été témoin. Mais lorsqu'elle découvre sa voisine Cassie abattue chez elle de deux balles dans le dos, son instinct de flic reprend le dessus : déterminée à venger son amie, elle passe outre les conseils de la police et enquête elle-même du côté des jeux de rôle dont la victime était adepte. Très vite, la piste se confirme, car deux autres personnes sont retrouvées mortes. Les meurtres, de plus en plus rapprochés, visent tous des hommes et des femmes ayant eu affaire un jour à Leo Noble, richissime inventeur d'un jeu de rôle très prisé des initiés. Un jeu noir et violent, dont les participants s'affrontent tour à tour jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un en lice... Stacy comprend alors que l'assassin a engagé une partie bien réelle avec la police. Dans l'esprit de ce psychopathe, une seule règle : tuer. Tuer jusqu'à son dernier adversaire, afin de rester seul maître du jeu...

     

    Auteur : Erica Spindler

     

    Edition : Harlequin Best-Seller

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 8 août 2008

     

    Prix moyen : 5€

     

    Mon avis : J’aime beaucoup l’écriture d’Erica Spindler qui est toujours très fluide et sans longueurs.
    Stacy a beau avoir quitté la police, elle refuse de faire confiance à la police de la Nouvelle Orléans pour découvrir le meurtrier de son amie Cassie. Bien décidée à le trouver elle-même, elle se plonge dans l’univers des jeux de rôle et surtout dans White Rabbit, un nouveau jeu auquel s’intéressait Cassie.
    Inspiré d’Alice au pays des merveilles, White Rabbit semble être un jeu violent et plus noir que la plupart des jeux de rôle. A chaque fois qu’on parle du jeu, j’ai l’impression de voir Alice au pays des merveilles illustré par Tim Burton et Benjamin Lacombe, un Alice dérangeant, aux dessins glauques et malsains.
    Le concepteur du jeu, Leo, a même appelé sa fille Alice, on se demande à quel point il est obsédé par son œuvre, quoi qu’il dise ne plus avoir joué depuis des années.
    Le tandem Spencer/Tony fonctionne bien. On voit qu’ils se font confiance et qu’ils travaillent efficacement ensemble. Mais Spencer semble presque tenir rigueur à Stacy d’avoir osé quitter la police, comme si elle avait commis une trahison, et ce, bien sûr, sans avoir la moindre idée de ce qui a pu la pousser à prendre cette décision. Il n’apprécie pas de la voir enquêter, c’est certain, mais à chaque fois qu’il lui parle, on dirait qu’il la provoque pour qu’elle continue malgré ses interdictions.
    Quoi que, comme dans beaucoup de thriller, on se dit qu’il la tient trop à distance pour être honnête. Elle semble ne pas le laisser indifférent…
    Au fil de l’enquête et des meurtres, on se croirait vraiment dans Alice au pays des merveilles : les pistes se croisent, chaque victime potentielle devient à un moment ou un autre un suspect potentiel, on ne sait plus sur combien d’affaire différente l’enquête porte… chaque élément élucidés en fait apparaître deux nouveaux… bref, un vrai casse tête !
    Quand on sait enfin la vérité, on tombe des nues et puis, on se repasse les différents indices avec un regard neuf, averti, et on se dit que ce n’est pas si illogique que ça, et que finalement, tout se regroupe.

    On a donc ici un thriller bien ficelé, qui tient en haleine jusqu’à la dernière page.

    Un extrait : Stacy Killian fut réveillée en sursaut par le bruit d’un coup de feu.
    Elle s’assit et cherche immédiatement le Glock 40 qui était rangé dans le tiroir de sa table de nuit. Dix années passées dans la police l’avaient conditionnée pour réagir sans la moindre hésitation sitôt qu’elle entendait une détonation.
    Elle vérifia le chargeur, marcha jusqu’à la fenêtre et écarta légèrement le rideau. Dans le jardin illuminé par la lune, elle distingua les quelques arbres chétifs, le portique déglingué et le petit enclos de César, le chiot de sa voisine Cassie.
    Aucun bruit. Aucun mouvement.
    Sur la pointe des pieds, Stacy sortit de la chambre et pénétra dans la pièce voisine qui lui servait de bureau. Elle louait la moitié d’une shotgun house plus que centenaire – ces habitations de plain-pied, colorées et tout en longueur, qui avaient connu leur heure de gloire bien avant l’invention de la climatisation.
    Son arme braquée devant elle, Stacy pivota sur la gauche, puis sur la droite, enregistrant chaque détail : la pile de livres destinée à l’écriture de son article sur le Mont Blanc de Mary Shelley, son ordinateur portable ouvert, la bouteille de vin blanc à moitié vide. L’obscurité. Profonde. Immobile.
    Comme elle s’y attendait, elle ne trouva rien de plus dans les autres pièces. Le bruit qui l’avait réveillée ne provenait pas de son appartement.

    Elle gagna la porte d’entrée, l’ouvrit et sortit sous le porche. Le bois craqua sous ses pieds et déchira le silence qui régnait dans la rue déserte. Le froid humide de la nuit la fit frissonner.
    Tout le quartier semblait endormi, même si quelques rares fenêtres étaient éclairées. Scrutant la rue du regard, Stacy remarqua quelques voitures qu’elle ne connaissait pas – ce qui n’avait rien de très étonnant dans un quartier habité en grande partie par des étudiants de l’UNO, l’université de la Nouvelle-Orleans. Tous les véhicules semblaient vides.
    Stacy resta ainsi quelques minutes dans la pénombre de son porche, à sonder le silence. Non loin, une poubelle métallique se renversa avec fracas. Des rires s’élevèrent. Sans doute des gamins en train de pratiquer un équivalent urbain du cow tipping, ce jeu qui consiste à renverser sur le côté des vaches endormies.
    La jeune femme fronça les sourcils. Était-ce ce bruit qui l’avait réveillée et qu’elle avait pris pour un coup de feu ?

     

  • [Livre] Une mère parfaite

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    Résumé : Un coup de fil en pleine nuit et la vie de Jennifer Lewis bascule. Sa fille, Emma, vient d’être arrêtée. On l’accuse du meurtre d’un étudiant qu’elle aurait sauvagement poignardé à plusieurs reprises. Emma, une meurtrière ? Pour sa mère, c’est tout simplement impossible. Jennifer se précipite pour l’innocenter et la faire sortir de prison. Mais, pour la police, Emma est la coupable idéale et chaque détail sordide de l’histoire sort dans la presse. Avec l’aide d’un détective privé, Jennifer décide de mener sa propre enquête. Au fil des découvertes, cette mère qui se croyait parfaite, se rend compte qu’elle connait finalement peu de choses de la fille qu’elle a élevée. Peu à peu, un doute terrible s’insinue : Emma est-elle une victime manipulée ou une jeune femme particulièrement machiavélique ? Connaît-on vraiment son enfant ?

    Auteur : Nina Darnton

     

    Edition : City Editions

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2015

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Dès les premières pages, j’ai été convaincue de la culpabilité d’Emma. Pour moi ça ne faisait aucun doute tant sa version des faits était truffée d’incohérences. Et quelque soit la fin de ce roman, qu’elle soit innocentée, ou qu’elle soit condamnée, pour moi, elle est coupable, et soit elle est confondue, soit elle a réussi à tromper son monde (je ferais un très mauvais juge d’instruction, je sais).
    La vraie question était donc pour moi : Va-t-elle réussir à échapper à la justice espagnole ?
    Et très vite, une seconde question a pointé son nez dans mon esprit : Quelle est le degré de responsabilité de Jennifer, la mère d’Emma, dans ce qu’est devenue sa fille ?
    Les parents Mark et Jennifer m’ont énervée tous les deux sur leur manière de toujours mettre en avant la façon de faire espagnole, que ce soit dans l’action de la justice ou dans la vie de tous les jours, comme une façon de faire anormale. J’ai trouvé les avocats très patients de leur rappeler sans cesse, avec beaucoup de gentillesse, qu’ils n’étaient pas aux Etats-Unis et que le pays n’allait pas changer juste pour eux.
    Mark m’a semblé plus lucide que Jennifer mais totalement démissionnaire. Au fil de ses apparitions, il parle de faits concernant Emma, de faits qui l’ont dérangé ou qu’il n’a pas apprécié mais à aucun moment il n’est intervenu ou n’a imposé son avis. Il s’est effacé devant son épouse.
    Quant à Jennifer, elle obtient le pompom ! On en oublie presque qu’il s’agit de l’arrestation et du possible procès d’Emma tant son attitude est révoltante.
    Si au début, elle agit comme toute mère aimante dont la fille se trouve dans une situation plus que délicate, ses pensées, ses réactions et ses souvenirs me l’ont très vite rendue très antipathique.
    J’ai trouvé que c’était une mère égoïste et possessive. Qui fait tout pour ses enfants, non tant pour leur bien être mais pour que l’on loue la manière dont elle s’est sacrifiée pour eux. Leur père n’est quasiment qu’un donneur de spermatozoïdes et un compte en banque, qui n’a pas à être consulté. Elle veut être seule à prendre les décisions, seule à tout faire pour eux.
    Quelques anecdotes dont elle se souvient corroborent le coté « je suis une mère parfaite et rien ne doit venir entacher mon image ». Ainsi, elle lit les livres de l’école pour aider sa fille cadette à faire ses dissertations (histoire qu’elles soient parfaites) ou encore quand Emma est surprise à tricher en copiant mot pour mot une source internet dans un devoir, elle crie à la méprise et à l’erreur (comme si c’était possible) mais surtout ne donne aucune punition à sa fille, s’offusquant presque qu’on l’ait accusée.
    Pour moi la vraie question n’est pas : Connaît-on vraiment son enfant ? Mais : Qu’est-on capable de faire de son enfant pour conserver l’image de la perfection aux yeux des autres ?

     

    Un extrait : Les filles la traitaient comme une confidente, elles lui racontaient tout, et, même si elles n’étaient sans doute pas parfaites, elle leur faisait confiance. Elles travaillaient dur, terminaient toujours dans les premiers de leur classe, participaient aux associations scolaires et ne dénigraient jamais leurs professeurs. Quand les enfants de certains de leurs amis prenaient des drogues ou avaient de mauvaises fréquentations, ou bien qu’ils se rebellaient contre leurs parents, devenaient haineux, elle en discutait avec ses filles. Elle ne le disait jamais, même à Mark, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser que le secret de cette réussite apparente venait de son choix de rester mère au foyer, d’être toujours présente pour elles, de les prévenir des erreurs potentielles et de communiquer en permanence. Elle était fière d’elles, et fière de l’éducation qu’elle leur donnait.

    Ses paupières devenaient lourdes. Même si elle ne dormirait certainement pas, elle se dit qu’elle ferait bien de s’allonger et de fermer les yeux quelques minutes.

    Elle fut réveillée en sursaut par la sonnerie du réveil, à six heures et demie, l’heure de réveiller Eric et Lily. Sa fille était déjà sous la douche, mais Eric était étendu sur le dos par-dessus ses couvertures en bouchon, le Spider-Man de son pyjama la dévisageant en silence. Comme elle se penchait sur lui pour l’embrasser, il tendit les bras pour la serrer contre lui, et elle enfonça son nez dans son cou, inhalant la douce odeur du shampoing qu’il avait utilisé la veille. Elle prépara des crêpes, et, pendant qu’ils prenaient le petit-déjeuner, elle leur annonça calmement qu’Emma avait eu un petit accident de voiture, qu’elle avait une jambe cassée.

    — Je pars en Espagne veiller sur elle.

    Son histoire ne sembla pas éveiller de soupçons. Ni ses enfants ni ses parents, quand elle les joignit, ne suspectèrent qu’elle dissimulait un événement plus terrible. Toutes ses leçons d’art dramatique hors de prix et son expérience d’actrice avaient fini par servir à quelque chose dans la vraie vie, songea-t-elle. Elle se fit couler une tasse de café et entra dans le bureau de Mark pour qu’il lui dise où il en était. Le décalage horaire avait joué en leur faveur (il était six heures de plus en Espagne) : il avait déjà réservé un vol, trouvé le meilleur avocat et s’était arrangé pour que l’homme quitte son domicile de Madrid et retrouve Jennifer à Séville quand elle arriverait le lendemain après-midi. Il était trop tôt pour appeler les contacts de Mark au sein du Département d’État, mais il lui assura qu’il le ferait dès l’ouverture des bureaux.

    Elle alla se doucher. Sans raison, elle commença à penser à l’époque où elle était enceinte d’Emma. C’était sa première grossesse ; elle s’inquiétait des choses dont on parlait autour d’elle : le spectre du baby blues, la peur de ne pas s’attacher au bébé. Ensuite était venu le temps des grandes décisions : crèche ou nounou, la maternité à temps plein ou la poursuite de sa prometteuse carrière d’actrice. Bien sûr, les douleurs de l’enfantement lui faisaient peur, mais elle avait quand même insisté pour accoucher naturellement, sans épidurale ni aucun médicament. Elle avait senti la douleur. Elle se rappelait qu’elle pressait la main de Mark tout en poussant comme une forcenée, jusqu’au moment où elle avait supplié l’obstétricien de lui donner des analgésiques.

    — Trop tard, avait-il répondu tandis qu’Emma venait au monde dans une explosion de souffrances.

    Mais ses inquiétudes avaient disparu dès que l’infirmière avait déposé le bébé dans ses bras. Elle l’avait regardé, avait compté les doigts de ses mains et de ses pieds, s’était émerveillée de sa perfection miraculeuse, et elle avait éprouvé un amour si farouche et si protecteur, un lien du sang si total, et une telle montée d’hormones, qu’elle avait su que jamais elle ne quitterait cet enfant. Cette apesanteur avait duré un bon moment, et c’est ainsi que son ancienne vie s’était achevée et que Jennifer avait commencé la suivante.

    Elle se souvenait qu’il était dur de ne pas exclure Mark. Tout à coup, son seul centre d’intérêt était son bébé. Elle voulait que tout soit parfait, et il fallait qu’elle contrôle tous les aspects de la vie du bébé. Elle rechignait à lui laisser certaines choses : elle choisissait elle-même ses vêtements, elle apaisait ses pleurs, la berçait pour l’endormir. Pourtant, elle savait que reléguer Mark à un rôle secondaire était mauvais pour lui, mauvais pour leur couple, mauvais pour son lien avec sa fille, et cela lui rendait difficile d’offrir l’aide et le soutien dont elle avait besoin. Elle avait essayé de le faire participer, de partager certains soins, certaines décisions, mais pour finir il était retourné à son travail et elle était restée à la maison, où elle était devenue le centre de la vie familiale. Le schéma s’était reproduit à l’arrivée de leur deuxième enfant ; il s’était même renforcé par le poids des habitudes. Mark était si occupé à essayer de devenir un associé dans son bureau, il voyageait tout le temps, restait tard au travail… Il fallait bien quel quelqu’un assume la famille, et elle pensait qu’il lui était reconnaissant de le faire. Il jouait avec les enfants, donnait son avis quand elle le consultait, les accompagnait dans les sorties que Jennifer préparait et assistait aux goûters d’anniversaire qu’elle organisait. Les enfants l’adoraient, songea-t-elle avec satisfaction. Il avait une aura aussi réconfortante et fiable que la lune. Mais dans le petit univers de la famille, Jennifer, elle, était le soleil.

     

  • [Livre] Ne pars pas sans moi

    Les lectures de Gribouille et moi-même participons à un challenge.
    Ce challenge consiste à sélectionner trois livres dans la PAL de notre binôme. Celui-ci choisi lequel des trois il lira et chroniquera. Les lectures de Gribouille et moi avons choisi de lire les trois livres que chacune a choisis pour l'autre (c'est qu'on a une PAL assez conséquente à faire descendre!)

    Ce livre est le troisième et dernier que m'a choisi Les lectures de Gribouilles dans le cadre du challenge Livra'deux sur livraddict. Pour sa part je lui avais choisi La nostalgie de l'ange d'Alice Sebold dont vous trouverez la chronique ICI

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    Résumé : Une joyeuse sortie en forêt. Le désir d'une mère de rendre son enfant indépendant en le laissant marcher quelques mètres devant elle. C'est ainsi que Rachel décrit le moment où Ben, son fils de huit ans, a disparu. Les médias relaient cette version, comme l'image de Rachel éplorée et prête à tout pour retrouver son fils. Alors qu'une chasse à l'homme est lancée pour retrouver Ben, elle doit faire face au chagrin, à la peur, mais aussi à la suspicion qui entoure son histoire : Rachel est-elle une bonne mère ? N'est-elle pas fautive, elle qui a laissé son fils marcher seul dans la forêt ?
    Bientôt, le soupçon se transforme en violence : Rachel est soumise à la vindicte populaire et à l'acharnement aveugle des réseaux sociaux. Sur la toile, les blogueurs se déchaînent et, sur les murs de sa maison, les tags l'accusent sans merci.
    Dans l'attente de nouvelles, rongée par le doute, assaillie par ceux qui la croient coupable et alors que ces dernières certitudes s'écroulent, elle ne sait plus quoi faire. Attendre patiemment que les forces de l'ordre lui ramènent son fils ou suivre son instinct et mener elle-même son enquête ?

     

    Auteur : Gilly MacMillan

     

    Edition : Les escales

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 04 février 2016

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : Tout le livre est écrit à la première personne mais en alternant les points de vue de Rachel, la mère du petit disparu et de Jim, l’inspecteur chargé de l’affaire. Intercalés entre ces récits, on peut lire les gros titres des journaux, les pages web, les commentaires d’internautes, les blogs, les mails reçus par la police, ainsi que la transcription des séances de psychothérapie que suit Jim un an après les faits.
    Le livre s’ouvre d’ailleurs sur deux courts chapitres, de chacun des deux narrateurs, plus d’un an après les faits, sans que rien dans ces deux chapitres ne nous donne d’indices sur le sort de l’enfant : a-t-il été retrouvé ou non ? Est-il vivant ou mort ? Mystère.

    Du coté des personnages, j’ai bien aimé Rachel et, bizarrement John, le père de Ben.
    Rachel c’est évident, on ressent de l’empathie pour elle. Non seulement son fils a disparu, probablement kidnappés, mais la police la prie de rester à l’écart, la tiens peu informée du déroulement de l’enquête et elle n’a rien d’autre à faire qu’attendre et se ronger les sangs. De plus, les messages sur les réseaux sociaux, de gens qui n’ont pas de vie et se posent en Sherlock Holmes alors qu’ils ne connaissent pas les détails de l’affaire, ainsi que les journaux, se montrent particulièrement odieux envers elle.
    Pour John, c’est plus compliqué. Il n’a à prime abord rien de vraiment sympathique : il a quitté le domicile conjugal du jour au lendemain, sans prévenir, pour s’installer avec une autre femme. Mais, pour le peu qu’on le voit, même s’il a parfois des mouvements d’humeur contre son ex-femme, il fait globalement front avec elle non seulement dans l’angoisse mais aussi contre les horreurs qu’on dit sur elle et contre les suspicions de la police (ce qui est normal, dans ce genre d’affaire, tout le monde est suspect).

    J’ai moins apprécié les membres de la police. Rachel ne réagissant pas comme un bon petit soldat stoïque et obéissant, ils n’écoutent que d’une oreille les infos qu’elle leur transmet, comme s’ils l’avaient définitivement classée dans la catégorie des hystériques qu’il faut ignorer. Ils semblent en oublier qu’elle est la mère de l’enfant disparu, celle qui le connaît le mieux, celle qui est le plus à même de remarquer des détails qui ne collent pas sur l’emploi du temps et les fréquentations de son fils.
    J’ai vraiment pensé que l’affaire aurait été réglé bien plus vite, quelque en soit l’issue, s’ils avaient été un peu plus attentif aux dires de cette maman.

    La sœur de Rachel aussi m’a agacée. Elle se lance dans l’affaire comme si elle en tenait les rênes, disant à Rachel ce qu’elle doit faire, les questions qu’elle doit poser à la police, ce qu’il vaut mieux garder pour soit… Je l’ai trouvé très énervante dès les premières pages, quand Rachel raconte son divorce et la réaction de sa sœur quand elle lui annonce le départ de son mari.

    J’ai aussi apprécié que, pour une fois, l’action ne se déroule pas aux USA, mais en Angleterre. Les manières de fonctionner ne sont pas les mêmes, même si le plan Alerte enlèvement existe aussi. Mais ici, pas d’agent fédéraux en renfort, la police doit se contenter de ses moyens, qu’ils soient financiers ou humains ce qui est très frustrant à la fois pour les parties que pour le lecteur.

    Parfois, Rachel apostrophe directement le lecteur et on regrette presque de ne pas pouvoir lui répondre, l’assurer qu’on ne fait pas parti de la bande de charognard qui s’acharne sur elle, qu’on est de tout cœur avec elle et qu’on la soutient.

    On a les indices au fur et à mesure que la police les découvre et franchement, tout comme eux, je n’aurais pas trouvé le coupable avant le moment où ils l’ont effectivement découvert. J’avais pensé à beaucoup de scénarios, mais franchement pas à celui-ci. J’ai vraiment été bluffé.

    Alors qu’il s’agit d’un livre d’un peu plus de 600 pages, je l’ai lu en une journée à peine, ce qui vous donne une idée d’à quel point il m’a plu. C’est mon sixième coup de cœur de l’année (largement dominée par les coups de cœurs policiers !)

    Un extrait : Mon ex-mari s’appelle John. Sa nouvelle femme, Katrina. Elle est menue et sa silhouette incite la plupart des hommes à la dévorer des yeux. Ses cheveux châtain foncé paraissent toujours soyeux comme après une couleur, ou comme ceux des mannequins des magazines. Ils sont coupés au carré et coiffés avec soin autour de son visage de lutin de façon à encadrer sa bouche mutine et ses yeux noirs.
    Quand je l’ai rencontrée pour la première fois, lors d’une réception à l’hôpital organisée par mon mari, des mois avant qu’il parte, j’ai admiré ces yeux. Je les ai trouvés vifs et pétillants. Ils lançaient des étincelles, jaugeaient, se faisaient séducteurs, aguicheurs, charmeurs. Mais après que John nous a quittés, ils m’ont évoqué ceux d’une pie voleuse – perçant et sournois -, qui pille le trésor des autres pour tapisser son nid.
    John a quitté la maison le lendemain de Noël. Il m’avait offert un iPad et avait offert un chiot à Ben. Ces cadeaux m’avaient semblé pleins d’attention et de générosité jusqu’à ce que je le regarde partir en marche arrière dans l’allée, des sacs bien empaquetés sur les sièges de la voiture tandis que le jambon cuit au four refroidissait sur la table de la salle à manger et que Ben pleurait car il ne comprenait pas ce qui se passait. Quand, finalement, je me suis retournée pour rentrer à la maison et commencer ma nouvelle vie de mère célibataire, j’ai compris que c’était des cadeaux dictés par la culpabilité : des choses pour remplir le vide qu’il laisserait dans notre vie.
    Les premiers temps, il est vrai qu’ils nous ont occupés, mais peut-être pas comme John en avait eu l’intention ? Deux jours après Noël, Ben s’était approprié l’iPad et moi, grelottant, sous le choc, j’avais passé des heures dehors sous un parapluie – dans les chaussons Cath Kidston tout neufs que ma sœur m’avait envoyés pour Noël, trempés, couverts de boue -, pendant que le chien essayait de déterrer un pied de clématite alors que j’aurais dû l’encourager à faire ses besoins.
    Katrina a attiré John dans ses filets exactement dix mois avant la disparition de Ben. J’y voyais là un plan magistral qu’elle aurait mis à exécution : La Séduction et le Vol de Mon Mari. Je ne savais pas dans le détail comment leur histoire avait commencé mais j’y pensais comme à une intrigue digne d’une mauvaise série télé qui se passe dans le milieu hospitalier.

     

  • [Livre] Partir

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    Résumé : Un mari apparemment charmant. Un fils adorable. Une maison ravissante. Emily Coleman est une femme comblée. Pourtant, un beau matin, elle prend le train pour Londres, bien décidée à tout laisser derrière elle. C'est désormais sous l'identité de Catherine Brown qu'elle partage un appartement miteux avec des colocataires et occupe un travail sans avenir. Elle n'aspire désormais qu'à une seconde chance. Mais qu'est-ce qui a pu la pousser à abandonner une vie qui semblait si parfaite ? Quel est ce secret qu'elle protège avec tant de force ?

     

    Auteur : Tina Seskis

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 05 mars 2015

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : On est ici dans un thriller psychologique où on rencontre un véritable puzzle, alternant entre divers personnages et mêlant passé et présent.
    Pour autant, on ne perd pas le fil de l’histoire.
    En effet, les points de vue des personnages secondaires ainsi que le passé d’Emily/Cat sont racontés à la troisième personne.
    Le récit au présent d’Emily/Cat, qui est le plus important, est à la première personne.
    Au premier coup d’œil, on peut donc se situer dans le temps. Pour les personnages, c’est tout aussi facile, le nom du personnage concerné étant cité dès la première phrase du chapitre qui lui est consacré.
    Dès le départ, on a certains indices sur les raisons qui ont pu conduire au départ d’Emily. Cependant, il est difficile d’avoir des certitudes car on a toujours l’impression d’être à deux doigts de la solution mais sans arriver à voir l’ensemble du tableau.
    C’est un livre addictif, peut-être parce que les informations nous sont distillées au compte-goutte et qu’il est extrêmement difficile d’attendre pour en savoir plus.
    Quand on a enfin la réponse à nos questions, j’avais deviné une petite partie mais j’étais loin du compte en réalité. Disons que j’avais un élément sur environ une centaine.
    Je n’ai vraiment pas vu venir cette explication, il faut dire que l’auteur a su admirablement nous donner pleins d’infos tout en nous cachant un élément essentiel. On se rend d’ailleurs compte qu’elle ne nous induit pas vraiment en erreur, on le fait tout seul.
    C’était donc une excellente lecture. Avec peut être un début un peu lent, mais un rythme qui s’accélère au fur et à mesure que l’on s’approche de la conclusion.

    Un extrait : Le quartier est moche et la maison parfaitement minable. Non seulement je n’ai pas envie d’entrer mais je me demande ce que je fais ici. (J’ai peut-être fini par devenir folle. Ç’aura mis du temps, en tout cas.) J’ignore ce qui m’attend à l’intérieur mais ça ne peut pas être pire que ce que j’ai devant les yeux – une haie encombrée de broussailles que personne n’a taillée depuis une éternité, des caisses remplies de bouteilles vides empilées dans un coin, trois grosses poubelles à roulettes dégageant une odeur immonde, des rideaux à gros motifs suspendus de guingois derrière des fenêtres en alu, une façade en briques ébréchées, peintes à la va-vite, un porche en PVC. Je pense à notre magnifique cottage de Chorlton fleurant bon la lavande, à sa porte d’entrée vert bouteille, à ses fenêtres ornées de jardinières débordant de géraniums. Je revois notre quartier de bobos, paisible mais toujours animé. L’endroit idéal pour fonder une famille. C’est pour cela que nous l’avions choisi au départ. On avait tout sur place : des bistrots sympas, des marchés, des concerts en plein air, une grande brasserie avec une terrasse verdoyante et, bien sûr, de magnifiques sentiers de randonnée le long de la Mersey. Ben avait même dit qu’on pourrait acheter un chien. Je lui avais souri parce que nous avions eu la même idée au même moment, comme toujours.

    À présent, je n’arrive pas à détacher mes yeux de cette baraque pourrie. Je devrai m’en satisfaire si je veux dormir avec un toit sur la tête, cette nuit – l’heure tourne, alors parons au plus pressé. Je respire à fond, redresse le dos, rajuste la sangle de mon fourre-tout qui me scie l’épaule et pose le pied sur le perron.

    Une fille noire à la mine revêche ouvre la porte. « Oui ? dit-elle.

    – Bonjour, je viens pour la chambre.

    – Quelle chambre ? Il n’y a pas de chambre ici.

    – Oh. J’ai discuté avec… » Je réalise que la fille de l’Essex ne m’a pas donné son nom. Je fais une deuxième tentative.

    « J’ai discuté avec une personne au téléphone, cet après-midi. Elle disait que quelqu’un avait déménagé, qu’une chambre était libre…

    – Vous devez vous tromper d’adresse, désolée. » Elle commence à repousser le battant.

    « Non, s’il vous plaît, dis-je. C’était, euh, la chambre de Castro, je crois. Il est parti aujourd’hui, paraît-il. Est-ce que je peux parler à quelqu’un qui serait au courant ? »

    La fille prend un air agacé. « Personne ne s’appelle Castro, ici. Je vous l’ai déjà dit, vous vous êtes trompée d’adresse. » Elle me claque la porte au nez.

    Je tourne les talons, le visage baigné de larmes. Quelle humiliation ! Je vacille sous le poids de mon sac, alors je le pose sur le trottoir au pied de la haie et je m’assois dessus. Personne ne peut me voir depuis la maison. J’ai l’impression que je vais m’évanouir. J’ai chaud, j’ai faim, je n’ai nulle part où aller, tout me file entre les doigts. Je colle ma tête entre mes genoux en attendant que le manège cesse de tourner. Je veux rentrer chez moi, je veux mon mari. Soudain, j’entends la porte s’ouvrir, une fille courir dans l’allée en m’interpellant. Je garde la tête baissée sans répondre et, quand je m’aperçois qu’elle est debout devant moi, je me force à lever les yeux et je vois… un ange. « Tu es venue pour la chambre de Fidel ? Allons, trésor, ne pleure pas, cette nana est vraiment insupportable quand ça lui prend. Il ne faut pas faire attention. Viens, entre, je vais te préparer un verre, tu m’as l’air d’en avoir besoin. » Et c’est ainsi que je fais la connaissance d’Angel, mon ange gardien, mon salut.

     

  • [Livre] Aurora Teagarden – T06 - Crime et baby-sitting

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    Résumé : Quand le livreur de bois se met à lancer en chantant des bûches à la tête d’Aurora, avant de se déshabiller dans son jardin, la bibliothécaire la plus atypique et sympathique de Géorgie entrevoit de nouveaux ennuis. Regina, la nièce de son mari Martin, débarque à l’improviste avec un nourrisson dont la naissance ne leur avait même pas été annoncée. À peine arrivée, la jeune mère disparaît en laissant l’enfant sous un lit et le père sur le pas de la porte, assassiné… Sur les traces de Regina, Aurora et Martin retournent jusqu’en Ohio pour y découvrir, à leurs risques et périls, les méandres de l’instinct maternel et de sordides secrets de famille.

     

    Auteur : Charlaine Harris

     

    Edition : J’ai lu 

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 24 Septembre 2014

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Ce tome est le dernier traduit en français et, Dieu merci, il ne se termine pas en laissant des questions ouvertes parce que j’aurais alors maudit les éditeurs français plus que je ne le fait déjà.
    Ce tome m’a énervée. Ou plutôt ce sont la majorité des personnages qui m’ont énervée.

    J’ai trouvé Aurora egocentrique et immature. Elle qui ne cesse de se plaindre de ne pas avoir d’enfant se met immédiatement à se plaindre de devoir s’occuper de celui de la nièce de son mari. Elle regrette presque de ne pas pouvoir ranger le gamin sur une étagère jusqu’à ce qui lui prenne l’envie de s’en occuper de nouveau.
    D’ailleurs son amie Sally résume ça parfaitement, et, même si Aurora est choquée et n’admet pas les critiques qui lui sont faites, j’ai trouvé l’analyse de la journaliste parfaitement juste.
    Martin continue avec ses cachotteries permanentes et, même s’il y a toujours beaucoup d’amour entre eux, j’ai l’impression qu’Aurora atteint la limite de ce qu’elle est capable de supporter avec lui. De plus son indifférence devant la stérilité de sa femme, révélée dans le tome précédent, est vraiment horrible. Dans la mesure ou lui-même a un fils, dont il ne s’est apparemment pas occupé en dehors de mettre la main au porte-monnaie, et dans la mesure ou il n’était pas certain d’avoir envie d’autres enfants, il fait comme si la stérilité d’Aurora n’était pas un problème. De toute évidence, le fait qu’elle puisse en souffrir ne lui traverse même pas l’esprit.
    Les quelques détails que donne Aurora sur ses relations avec la famille de son mari donne envie de leur mettre des claques à tous, tous autant qu’ils sont. Au final celle qui se montre la plus amicale avec elle, c’est Cindy, l’ex-femme de Martin, c’est quand même un comble.
    Regina, la nièce de Martin est insupportable de stupidité et d’immaturité et Rory, son « ami », est louche et semble non seulement avoir un sens moral plus que douteux mais prendre clairement tout le monde pour des imbéciles.
    Pour une fois, j’avais trouvé à l’avance qui était le coupable (bon ok, seulement quelques pages avant que ce ne soit révélé).
    En revanche, il y a une intrigue secondaire dans ce tome, et celle là je n’aurais jamais pu trouver la solution. Je lui reproche quand même de ne pas être aboutie, j’aurais aimé une vraie conclusion sur ce sujet.
    Il y a aussi quelque chose de différent dans ce tome, c’est que c’est le premier de la série qui m’ait fait pleurer.
    Je ne m’attendais pas du tout à l’épilogue, je ne pensais vraiment pas que les choses s’enchaineraient de cette façon.
    Bien que le tome ne se termine pas, comme je l’ai dis plus haut, sur des questions restées en suspend, j’aurais aimé lire le tome 7 avant de connaître les retombées des derniers évènements de ce tome. Mais comme je ne suis pas bilingue, je resterais frustrée !

    Un extrait : Le début de la fin, ce fut le jour où le livreur de bois devint fou, dans mon jardin.

    Darius Quattermain apparut soudain au volant de son vieux pick-up bleu brinquebalant, qui traînait une remorque remplie de bûches de chêne. Mère et John Queensland étaient sur le point de partir. Aida Brattle Teagarden Queensland – ma mère, en d’autres termes – revenait d’un séminaire destiné aux professionnels de l’immobilier, catégorie « Mon CA dépasse le million ». Très occupée, elle s’était malgré tout donné la peine de m’apporter une robe qu’elle m’avait achetée là-bas, en Floride. Retraité, son mari John l’avait accompagnée, simplement parce qu’il aime bien passer du temps avec elle.

    Alors que Darius descendait de son véhicule, Mère me serrait dans ses bras.

    — John ne se sent pas très bien, Aurora. Nous allons reprendre la route et rentrer.

    Elle s’exprimait toujours comme si nous vivions à la lisière de toute civilisation. En réalité, notre propriété se situe à deux kilomètres de Lawrenceton et par temps clair, j’aperçois la sienne, nichée aux abords de la plus jolie banlieue de la ville.

    John n’avait en effet pas bonne mine et je trouvais cela inquiétant. C’est un golfeur et, à 64 ans, il rayonne de santé et d’énergie. Il est bel homme d’ailleurs, et pour ne rien gâcher, il est vraiment gentil. À ce moment précis néanmoins, son âge se voyait cruellement et il avait l’air gêné – les hommes ne supportent pas la maladie.

    — Rentre donc te coucher, lui conseillai-je, préoccupée. Et n’hésite pas à m’appeler, quand Maman sera au bureau, d’accord ?

    — Oui, ma chérie, ne t’inquiète pas, me répondit John, l’air grave.

    Tandis qu’il s’installait du côté passager de la Lincoln de Mère, celle-ci frôla ma joue de ses lèvres et je la remerciai de nouveau pour la robe. Pendant qu’elle faisait demi-tour et redescendait notre allée, je suivis la voiture des yeux, avant de marcher tranquillement vers Darius, qui enfilait ses gants de travail.

    Cette journée parfaitement ordinaire avait commencé par le départ de Martin pour l’usine. Puis j’étais allée travailler à la bibliothèque. À mon retour, j’avais décidé que je ne ferais pas grand-chose.

    Je n’en avais pas la moindre idée, mais cette journée parfaitement ordinaire allait prendre un tour catastrophique.

    Tout commença très lentement.

    — Vous le voulez où, votre bois, madame Bartell ? me demanda Darius Quattermain.

    — Ici, sous les marches, s’il vous plaît.

    Nous nous tenions près du garage, qu’un passage couvert relie à la maison. De ce côté-là, un escalier monte le long du mur et mène à un studio aménagé sous le toit.

    — Vous n’avez pas peur que les insectes abîment votre parement ?

    Darius me fixait d’un œil dubitatif et je haussai les épaules.

    — C’est Martin qui a choisi l’endroit. Si ça ne lui plaît pas, il peut toujours déplacer le tout.

    Il me toisa d’un regard étrange, presque comme s’il me voyait pour la première fois. Conservateur dans l’âme, il estimait certainement que mon attitude n’était pas appropriée pour une bonne épouse.

    Malgré tout, après m’avoir demandé la permission d’approcher la remorque aussi près que possible, il se mit au travail et déchargea rapidement dans le froid. Le ciel était gris et la météo avait annoncé de la pluie. Le vent se leva, soufflant mes cheveux longs dans mes yeux et me faisant frissonner. J’enfonçai mes mains dans les poches de mon épais gilet rouge et me tournai pour rentrer à l’intérieur. J’avais planté des rosiers au coin de la véranda, derrière la maison, côté cuisine. Ils avaient besoin d’une bonne taille. Je me demandais si je pouvais m’en charger maintenant ou s’il fallait plutôt attendre le mois de février, lorsqu’une bûche vint frapper le sol devant moi, manquant ma tête de peu.

    Je fis volte-face en m’écriant.

    — Monsieur Quattermain ? Ça va ?

    Darius Quattermain, diacre de la Sainte Église d’Antioche, entonna soudain « Elle descend de la montagne à cheval » en s’égosillant. Il ne s’était pas interrompu dans sa tâche. Toutefois, au lieu d’empiler sagement les bûches, il les envoyait voler en tous sens avec frénésie.

    — Ho là ! m’exclamai-je d’une voix forte, luttant contre la panique.

    Le rondin suivant faillit atteindre mon épaule et je battis en retraite chez moi, refermant à clé aussitôt le seuil passé. Une minute plus tard, je risquai un œil par la fenêtre. La situation ne montrait aucun signe d’accalmie et Darius avait encore une belle quantité de munitions dans son pick-up – je n’y pensais même plus en termes de combustible.

    Je composai alors le numéro du shérif.