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Policiers/Thrillers - Page 19

  • [Livre] Voleur d'enfance

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    Résumé : Le kidnappeur à la comptine... Evelyn Baine pensait pourtant avoir refermé cette sombre page de son passé. Mais le monstre à qui elle avait échappé lorsqu’elle avait douze ans a de nouveau frappé à Rose Bay, et, comme à l’époque, il a laissé un message sous forme de chanson à la famille de sa victime. Au risque de rouvrir une plaie encore douloureuse, la profileuse du FBI insiste pour retourner dans sa ville natale et se joindre à l’enquête. Car elle sait qu’elle ne trouvera la paix que lorsque le salaud qui lui a volé son enfance sera derrière les barreaux. Et tant pis si Jack Bullock, le policier qui l’avait interrogée dix-huit ans plus tôt, semble aussi hostile à sa participation. Car dans cette affaire aussi sombre qu’épineuse, où l’espoir s’étiole un peu plus à chaque minute, il leur faudra bien conjuguer leurs efforts pour tomber le masque du voleur d’enfance...

     

    Auteur : Elizabeth Heiter

     

    Edition : Harlequin Bestseller

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 1 Septembre 2015

     

    Prix moyen : 5€

     

    Mon avis : On retrouve Evelyn Baine un peu plus d’un mois après les évènements de « capturée ». Ici c’est dans sa ville d’enfance qu’elle va devoir traquer un kidnappeur, celui-là même qui a kidnappé sa meilleure amie quand elles avaient 12 ans et qui, semble-t-il, avait projeté de la kidnapper également.
    Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Evelyn a le don de se faire des amis. Dans « Capturée » c’était l’agent du FBI Cory Fuller qui semblait avoir une sacré dent contre elle, ici c’est le policier Jack Bullock. Espérons qu’on en saura un peu plus, parce que pour Cory Fuller, on n’a jamais eu la moindre explication sur son comportement.
    Comme dans le premier tome, l’auteur insiste à outrance sur la couleur de peau de son héroïne. Elle met systématiquement en avant que c’est à cause de ça qu’on ne l’aime pas : sa couleur de peau et son jeune âge. Bien sur le fait qu’Evelyn soit arrogante, insubordonnée et qu’elle fasse cavalier seul dans un monde où on fonctionne en équipe, n’hésitant pas à garder les informations pour elle afin de les vérifier personnellement, laissant entendre qu’elle trouve les agents de terrain incompétents, ne sont jamais mentionnés comme éléments de discorde.
    C’est le couplet de la pauvre petite métisse persécutés par les grands méchants blancs. Ce qui devient un peu pesant à force de répétition.

    Dans son profil, Evelyn note que le suspect est blanc car ses victimes sont blanches (elle-même ayant été l’exception en attirant l’attention du kidnappeur quand elle avait 12 ans). Pourtant, à peine quelques chapitres plus tard, son principal suspect est un noir (qui n’a pas l’ai bien net, il faut l’avouer). Ce qui me dérange, c’est qu’elle n’avance aucune explication. Par exemple, cet homme a été suspecté, 20 ans plus tôt, du meurtre de la fille de sa compagne, qui avait le même âge que les fillettes enlevées. Si sa compagne et sa fille étaient blanches (quand Evelyn décrète qu’il doit être le coupable, on n’a pas cette information), on pourrait penser qu’il enlève des fillettes blanches pour revivre ce premier meurtre ? Ou encore, puisque le kidnappeur laisse entendre dans ses messages qu’il veut « sauver » les fillettes de la négligence parentale, peut-être que la mort de sa belle-fille a été un déclencheur ou qu’il veut punir les parents trop confiants?
    Bref, j’aurais aimé qu’Evelyn justifie ce changement dans le profil.
    Encore une fois, elle fait cavalier seul dès qu’elle en a l’occasion se mettant en danger/ compromettant l’enquête/ énervant tout le monde (inutile de rayer la mention inutile, elles sont bonnes toutes les trois).
    Je n’arrive même pas à comprendre qu’elle soit toujours au FBI avec le mépris évident qu’elle affiche pour tout ce qui ne relève pas de son avis personnel.
    A peine s’est-elle fait remonter les bretelles et a-t-elle promis de se montrer plus professionnelle et prudente, qu’elle recommence, ignorant ostensiblement tous ceux qui tentent de lui rappeler les règles.
    Contrairement au tome 1, on ne connait pas le nom du coupable longtemps à l’avance mais l’enquête pointe vers plusieurs personnes sans qu’on puisse réellement en désigner une avec certitude.
    Quelques pages avant d’avoir les révélations, j’avais commencé à me tourner vers une théorie. Elle n’était pas juste à 100% mais je me rapprochais quand même pas mal. Je vais bientôt pouvoir travailler comme profiler ^^ !

    Un extrait : En pensant aux dossiers qui l’attendaient sur son bureau, Evelyn Baine pressa machinalement le pas vers le bâtiment anonyme qui abritait le BAU, le Département des sciences du comportement, à Aquia en Virginie.

    Elle avait travaillé dur pour en arriver là et, sans fausse modestie, personne n’était meilleure qu’elle pour entrer dans la tête de criminels de tous poils — incendiaires, poseurs de bombes, ravisseurs d’enfants, terroristes et tueurs en série —, des esprits sombres et torturés dont elle avait appris à décrypter les fantasmes, les rituels pervers, à analyser les preuves comportementales qu’ils laissaient derrière eux, afin de mieux anticiper leur prochain mouvement.

    Mais, dans cette traque sans relâche, elle avait parfois la sensation de se battre contre l’hydre de Lerne, comme si, à chaque tête tranchée, il en repoussait deux nouvelles…

    Elle franchit la porte, saisie par la bouffée d’air frais qu’envoyait la ventilation, et se dirigea vers la grande salle de travail. Une vague odeur de café froid traînait dans l’air. Elle passa devant le panneau d’affichage, près de la table sur laquelle étaient posés le percolateur et les mugs, enregistrant d’un coup d’œil les notes manuscrites — qui n’y étaient pas la veille au soir —, reconnaissant l’écriture illisible de son supérieur, Dan Moore.

    Elle avançait, jetant un coup d’œil au passage de chaque box, croisant le regard des quelques agents déjà au travail — ou qui n’étaient pas rentrés chez eux, à voir leurs yeux rougis. Des regards surpris, lui sembla-t-il… Sa mauvaise conscience était en train de la rendre paranoïaque. Après avoir revu ses priorités, elle tentait d’alléger son rythme de travail, depuis deux semaines, et il lui fallait bien admettre que c’était encore étrange, pour elle, de ne pas être la première arrivée et la dernière partie le soir.

    Elle se glissa avec soulagement dans son espace de travail. Elle posa son attaché-case par terre, près de son fauteuil sur le dos duquel elle accrocha sa veste, puis ôta le Sig Sauer P228 de sa hanche pour le ranger dans le tiroir de son bureau, tout en évaluant d’un coup d’œil morne la pile de dossiers qui l’attendait. La diode lumineuse du téléphone clignotait frénétiquement.

    Si elle avait fait quelques heures supplémentaires, la veille au soir, et le soir d’avant, elle aurait pu prendre connaissance d’un nouveau dossier. Peut-être même de deux. Elle grimaça et étouffa ses remords. Après une année passée au BAU, elle savait pourtant que travailler dix heures par jour, sept jours par semaine, au détriment de toute vie personnelle, n’empêcherait pas les demandes de profilage de s’accumuler. C’était un puits sans fond…

    Elle se ressaisit tout en s’installant dans son fauteuil et enclencha son répondeur. Elle écouta les trois premiers messages — trois demandes de compléments d’information sur des profils qu’elle avait déjà dressés —, tout en griffonnant quelques notes. Rien qui sortait de l’ordinaire.

    Elle effaça le message de la psychologue l’invitant à prendre rendez-vous pour parler de sa dernière enquête. A quoi cela servirait-il ? Elle avait elle-même un diplôme de psychologie, et elle allait très bien. Elle s’arracha à ses pensées, et passa au suivant.

    « Je cherche à joindre Evelyn Baine », disait une femme.

    La voix blanche et assourdie lui parut vaguement familière.

    « Evelyn Baine qui a grandi à Rose Bay. C’est Julie Byers à l’appareil. La maman de Cassie. »

    Les battements de son cœur s’accélèrent et résonnèrent dans son oreille. Le décor alentour se brouilla et elle se retrouva projetée dans le passé, se remémorant son arrivée chez ses grands-parents et sa rencontre avec Cassie, qui habitait la maison voisine. Celle-ci lui avait déclaré avec une tranquille assurance qu’elles allaient être les meilleures amies du monde. Et ç’avait bien été le cas. Cassie s’était toujours montrée indifférente à la couleur de sa peau, ce qui n’était pas une réaction si naturelle, à cette époque, à Rose Bay où les préjugés et les réflexes ségrégationnistes étaient encore ancrés dans les mentalités.

    Cassie avait été sa première véritable amie, et elle avait incarné le changement positif que lui avait apporté son emménagement chez ses grands-parents.

    Elles avaient été inséparables, jusqu’à la nuit de sa disparition. Enlevée dans son lit, où le ravisseur avait laissé sa carte de visite — une comptine d’un goût macabre.

    Cassie n’était jamais rentrée à la maison. L’appel de Julie Byers, aujourd’hui, dix-huit ans plus tard, ne pouvait vouloir dire qu’une seule chose. On l’avait retrouvée.

     

  • [Livre] Capturée

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    Résumé : Appelée en renfort sur une scène de crime dans le bois de Bakersville, Evelyn Baine, profileuse au FBI, ne s’attendait pas à découvrir une mise en scène aussi macabre : les cadavres de deux jeunes femmes ont été enterrés à la verticale, les têtes émergeant du sol et exposées comme des trophées… Bouleversée, Evelyn pressent aussitôt qu’un tueur en série rôde dans la nature. Pourquoi a-t-il choisi ces femmes ? Et que signifie le cercle scarifié sur leur poitrine ? Autant de questions qui l’amènent peu à peu à dessiner les contours d’un meurtrier à la personnalité violente et sadique qui, elle le devine, est proche, tout proche… et prêt à tuer de nouveau.

     

    Auteur : Elizabeth Heiter

     

    Edition : Harlequin Bestseller

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 1 juillet 2014

     

    Prix moyen : 5€

     

    Mon avis : Evelyn a l’impression de toujours devoir justifier sa place au BAU. Son jeune âge y est sans doute pour quelque chose, la plupart des agents devant attendre des années pour entrer dans cette unité spéciale.
    L’auteur situe le BAU à Aquia sûrement pour Aquia Harbour alors que la plupart du temps, on le situe à Quantico, où se trouve l’académie (Cela dit, Aquia étant à environ à 8km à vol d’oiseau de Quantico, cette précision n’était peut-être pas nécessaire, et je n’en ai pas trouvé confirmation).
    Dès le début, on sent que l’enquête qui est confiée à Evelyn n’est pas banale et que le tueur est un mélange de grand malade et d’organisation sans faille (comme entendu dans le film Speed : « fou mais pas con »).
    Evelyn doit jongler entre un profil difficile à établir, des policiers locaux franchement hostiles (on se demande pourquoi ils ont fait une demande de profilage) et une hiérarchie qui semble la considérer encore comme une débutante.
    Très vite après le début de l’enquête, Evelyn est agressée et enlevée et n’échappe que de justesse à son agresseur. L’auteur essais de semer le doute sur cette agression : est-ce le tueur sur lequel elle enquête, est une autre agression ? Suspense…
    Et bien non, en ce qui me concerne, je n’ai jamais eu le moindre doute. La description de la femme que le tueur voit au cimetière correspond à Evelyn, même si l’auteur a pensé que le fait que le tueur n’évoque pas sa couleur de peau alors qu’elle-même parle du métissage dès qu’elle en a l’occasion allait induire les lecteurs en erreur.
    Le fait qu’Evelyn ait déclaré que le tueur ne faisait pas d’attaque éclair et qu’elle en subisse justement une m’a juste fait pensé qu’elle avait soit commis une erreur dans son profil, soit que le tueur adaptait sa manière de faire aux circonstances, soit enfin que quelque chose l’avait contraint à changer sa méthode d’approche.
    Bref, pas de surprise quand le couperet tombe enfin : c’est le même tueur.
    La position dans laquelle les deux victimes ont été retrouvées m’a fait penser à quelque chose (et non, je ne vous dirais pas quoi, ce serait trop en révéler), impression qui s’est renforcée quand Evelyn découvre un point commun entre toutes les victimes.
    Et impression qui est confirmée au début du troisième tiers du livre. A ce moment-là du récit, je trouve que la tension augmente encore plus car on sait qui est le tueur. Evelyn l’a formellement identifié, aucun doute n’est possible. Mais il est toujours dans la nature, semble savoir se rendre complètement invisible.
    Il est là, il est prêt à frapper à nouveau et c’est encore pire que de ne pas savoir qui il est. Parce que là, même si on a son nom, les enquêteurs ne semblent pas plus près de l’arrêter que lorsqu’il était encore anonyme !
    Les agents du FBI chargés de l’enquête ne m’inspirent pas du tout confiance. Le responsable de l’enquête ne semble s’intéresser qu’à « la gloire » et un de ses équipiers est totalement hostile à Evelyn sans aucune raison. Tellement hostile que je commence à le soupçonner de cacher quelque chose (peut-être pas en rapport avec cette enquête mais quelque chose).

    Un extrait : — Baine ! Dans mon bureau. Maintenant !

    Evelyn leva la tête de son ordinateur et pivota sur sa chaise. La porte de son supérieur claqua et le bruit se répercuta, roulant en vibrations sourdes à travers la grande salle.

    Elle se leva, rajusta sa veste et la boutonna pour couvrir l’arme à sa hanche, nullement impressionnée par le ton autoritaire de Dan Moore. Elle avait eu le temps de s’y habituer depuis qu’elle avait intégré le prestigieux BAU, le département des sciences du comportement du FBI, à Aquia, un an plus tôt.

    Elle sortit de son minuscule box et traversa la grande salle, jetant un coup d’œil au passage. C’était le moment de la journée qu’elle préférait, quand la plupart des agents n’étaient pas arrivés et que l’odeur de café n’imprégnait pas encore l’air climatisé. Elle sentit monter en elle un mélange d’excitation et d’anticipation. Si son patron demandait à la voir de si bonne heure, c’est qu’il avait un profilage à lui confier.

    A peine entrée, elle sentit dans l’air un courant de vive nervosité. L’œil du cyclone semblait se concentrer sur Dan, assis à son bureau imposant. Peut-être même, si elle s’approchait suffisamment, l’entendrait-elle grésiller ! Le visage grisâtre, les sourcils sombres et épais en perpétuel mouvement, il avait déjà l’air complètement lessivé. Ou sur le point d’imploser… Et son ulcère ne lui laissait apparemment aucun répit, songea-t-elle, en le voyant avaler trois comprimés contre les brûlures d’estomac, qu’il fit passer en buvant une gorgée de café.

    — Asseyez-vous, dit-il. Bakersville, ça vous dit quelque chose ?

    — Pas particulièrement… C’est au nord d’ici, je crois… Une petite ville rurale ?

    Elle se pencha vers l’avant, dans une position qui trahissait son impatience.

    — Que s’est-il passé là-bas ?

    Dan marqua un arrêt et elle le vit se rembrunir. Souffrait-il d’une nouvelle remontée gastrique ? A moins que les comprimés ne se soient coincés dans sa gorge, l’empêchant du même coup de la féliciter pour son taux de réussite. Chose qu’il n’avait pas faite une seule fois au cours de l’année écoulée.

    Cela ne la traumatisait pas, vu qu’elle ne regardait jamais en arrière. Seule comptait l’affaire à venir, et à cette minute, elle savait qu’elle se préparait à passer des nuits blanches et à accumuler les heures de travail. Quand la police se résignait à faire appel au département des sciences du comportement du FBI, c’est qu’elle était confrontée à une affaire « hors norme ».

    — Les cadavres de deux femmes ont été découverts dans un bois de Bakersville, très tôt ce matin, répondit enfin Dan. J’ai parlé au chef de la police, Tanner Caufield, mais je n’ai pas d’autres détails que ceux que je viens de vous adresser par mail. Il faut que vous vous rendiez sur place. On vous attend.

    — Maintenant ? Pour seulement deux meurtres ?

    Elle ne se serait pas crue capable de prononcer ces mots, mais elle avait compris, depuis qu’elle avait intégré le BAU, un an plus tôt, que le temps était un luxe que les agents du département ne pouvaient s’autoriser : les demandes de profilage affluaient sur le bureau de Dan, qui devait faire des choix et établir des priorités. Les paroles de ce dernier avaient néanmoins éveillé sa curiosité et son intérêt.

    — L’affaire s’annonce… peu banale. Caufield aura besoin d’un profil de personnalité. S’il vous faut de l’aide, prenez Greg avec vous, ajouta Dan en reportant son attention sur son ordinateur, marquant du même coup la fin de l’entretien.

    Evelyn serra les dents, piquée au vif par sa dernière remarque. Elle était peut-être l’agent le plus jeune du département, avec le moins d’expérience sur le terrain, mais elle n’était plus une débutante et n’avait nul besoin d’être chapeautée. Elle avait gagné ses galons, et ne ménageait pas sa peine pour le prouver chaque jour.

    — Autre chose ? demanda-t-elle.

    — Non. Sauf que Bakersville n’est pas préparé pour faire face à ce genre de tueur. Alors à vous de jouer… Il n’y a pas de temps à perdre.

     

  • [Livre] Une vraie famille

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    Résumé : Il s'appelle Ludovic, c'est du moins le prénom qu'il a donné. Un jeune homme simple et sans histoires. En apparence. Les Vasseur, un couple de Parisiens retirés dans leur résidence secondaire en Bretagne à la suite d'un drame personnel, l'engagent pour quelques travaux de jardinage. Le mystérieux garçon sait rapidement se rendre indispensable et s'installe dans leur vie. Quand les Vasseur commencent à se poser des questions et à regretter de lui avoir ouvert leur porte, il est déjà trop tard. Mais ce qu'ils ignorent, c'est que leur cauchemar n'a pas encore commencé. Car la véritable menace qui pèse sur leur maison n'est pas du tout celle qu'ils croyaient

     

    Auteur : Valentin Musso

     

    Edition : Seuil

     

    Genre : thriller

     

    Date de parution : 01 octobre 2015

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : A la lecture des premiers chapitres, je trouve difficile d’avoir de la sympathie pour les Vasseurs. François semble plus ouvert que son épouse mais ce n’est que parce qu’il a été blessé dans une fusillade et qu’on se dit que c’est le choc qui induit son attitude. Mathilde, elle, est profondément antipathique, elle est suspicieuse, porte des jugements à l’emporte-pièce sans même connaître les gens, surveille de toute évidence son époux, comme si l’horreur dont il a été victime était de sa faute.
    Mais plus on lit et plus je les trouve difficile à supporter : leur incompréhension quant au fait que leur fille ait mis une distance salutaire entre eux, leur comportement de petits bourgeois étriqués (François s’offusque que Ludovic ait un ton d’envie en le complimentant sur la beauté de sa maison, comme si un homme à tout faire n’avait pas à aimer quelque chose d’ « au-dessus » de lui). Bref, tout en eux pousse à ne pas être de leur côté, à ne pas les plaindre.

    Si François semble toujours prêt à analyser les situations d’un œil plus ou moins objectifs, essayant de se résonner quand il se montre irrationnel, Mathilde, elle, est non seulement dans son monde, mais s’emporte contre tout élément qui tendrait à lui prouver qu’elle fait erreur.
    Ainsi, quand François trouve l’attitude de Ludovic étrange, elle lui répond qu’il est paranoïaque, qu’il ment aux gens sur sa blessure (il prétend avoir été victime d’un AVC, car il ne veut pas provoquer de plaintes ou de curiosité malsaine), bref, elle refuse de l’écouter, lui coupe la parole en public… Odieuse, telle que je l’avais perçue au début.
    Elle s’enferre tellement dans ses contradictions qu’elle en devient bizarre. Elle refuse de parler de sa fille, comme si celle-ci n’existait pas, elle refuse que son mari puisse avoir une opinion personnelle.
    Je ne la sens vraiment pas cette femme.

    Alors peut être que François est un peu élitiste, peut être que Ludovic ment sur sa véritable identité, peut-être même que c’est un délinquant, mais pour l’instant, de tous, c’est vraiment Mathilde que je trouve la plus dérangeante.

    Quand les choses tournent au vinaigre, on ne peut pas s’empêcher de se dire : bon ok, la maison est isolée et ils ne reçoivent pas trop de visites, mais bon quelqu’un va bien finir par se poser des questions !
    Je n’arrive pas à imaginer que l’on puisse faire tout ça et s’en sortir. Plus j’approche de la fin du livre et plus je me dis : non mais il va se passer quelque chose, ce n’est pas possible autrement !

    Ce livre est mon premier coup de cœur de l’année. Parce qu’une fois « l’action » lancée, je n’ai plus pu le lâcher, parce qu’il fallait que je tourne vite les pages pour savoir ce qui allait se passer. Et parce que tout ou presque était inattendu : dès la lecture du résumé, on sait qu’il va se passer quelque chose, mais on ne s’attend pas à ça. Et à chacune des actions, on s’attendait à quelque chose, mais jamais que ça aille « aussi loin ».

    La fin est un peu trop facile à mon goût, pas dans l’écriture car c’est vraiment bien écrit, mais dans la résolution de la situation.

    J’ai en revanche vraiment apprécié le fait qu’il y ait un approfondissement de la psychologie du personnage responsable de tout ça.

    Pour l’épilogue, je m’en doutais un peu, du moins j’espérais cette solution.

    Un extrait : Lorsqu’il se gara, Mathilde était sur le pas de la porte, une tasse à la main – sans doute l’une des étranges décoctions qu’elle confectionnait à partir des plantes du jardin.

    – Tout s’est bien passé ?

    L’intonation ne trompait pas. Mathilde arborait un air insouciant, mais François était certain qu’elle l’attendait là depuis un bon moment, guettant la voiture qui surgirait au bout de l’allée et ferait taire ses inquiétudes. Depuis son accident, elle le couvait comme un enfant et leur vie isolée à la campagne n’avait pas arrangé les choses.

    Son « accident »… Un AVC rapidement pris en charge qui l’avait obligé à quitter Paris pour passer quelques mois de convalescence dans sa résidence secondaire. Telle était du moins la version bien rodée qu’ils servaient aux gens du coin pour justifier leur présence prolongée et inhabituelle près de Quimperlé. Les Vasseur n’avaient ni famille ni véritables amis dans la région, simplement des connaissances. Aussi pouvaient-ils bien se permettre une entorse à la vérité.

    En théorie – François Vasseur n’en doutait pas –, la vérité est toujours préférable au mensonge. Mais elle a l’inconvénient de vous exposer plus que nécessaire au regard de quasi-inconnus. Que craignait-il le plus ? De susciter une curiosité morbide ? De lire dans l’œil de ses interlocuteurs une pitié dérangeante ? De devoir expliquer en quelques phrases une expérience traumatisante, comme l’on souhaiterait trente fois la bonne année à ses collègues de travail ? Son mensonge était calculé : il y avait peu de risque que quiconque établisse un lien entre la convalescence d’un honorable professeur d’université et un événement qui avait plongé la France dans la psychose huit mois plus tôt.

    – Il y avait du monde en ville ?

    – Un peu plus que d’habitude.

    – Le temps, sans doute… Les gens profitent du soleil.

    – Sans doute, oui.

    Ils entrèrent. Comme d’habitude, le salon était parfaitement rangé. Pas un papier ni même un magazine traînant sur la table ou le canapé. Sur le linteau de la cheminée, François remarqua un bouquet de tulipes roses, les premières de la saison, que Mathilde avait dû cueillir en son absence. Elle avait toujours aimé les fleurs. Sa roseraie à l’arrière de la maison ne manquait d’ailleurs pas d’impressionner leurs rares visiteurs.

    – Le déjeuner sera prêt dans une demi-heure.

    Mathilde tenait à ce qu’ils passent à table à heure fixe. Elle avait trouvé dans ce rituel des repères rassurants.

    – Tu cherches quelque chose ? demanda-t-elle en le voyant fureter près du canapé.

    – Tu n’aurais pas vu cet article que je lisais hier soir ?

    Mathilde ouvrit le volet du secrétaire à dos-d’âne près de l’entrée.

    – Je l’ai rangé là.

    Elle jeta un coup d’œil rapide au manuscrit.

    – « Le rôle de la numismatique romaine à la fin de l’époque tétrarchique ». Ça a l’air alléchant.

    – Si tu savais…

    Depuis sa retraite temporaire mais forcée, François croulait sous les travaux que ses estimés confrères du département d’histoire avaient la bonté de lui faire parvenir. Il n’était pas dupe : un parfum de compassion accompagnait ces courriers – une manière de lui faire comprendre qu’on ne l’oubliait pas et qu’il ne faisait aucun doute qu’il retrouverait très vite sa chaire à l’université. Alors François faisait semblant. Il feuilletait, annotait, amendait, rédigeait quelques remarques suffisamment pertinentes pour qu’on l’imagine sur la voie de la guérison. Il était tellement plus simple de se conformer à l’image qu’on attendait de lui.


  • [Livre] A couteaux tirés

     

    Je remercie la masse critique Babelio et les éditions Presse de la cité pour cette lecture

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    Résumé : Henry Pelham se rend en Californie et revoit à cette occasion Celia Favreau, son ancienne maîtresse. Tous deux ont été agents secrets, à Vienne, et ne se sont pas revus depuis l'attentat terroriste qui a coûté la vie à cent vingt personnes dans un avion, cinq ans plus tôt. Celia a quitté la CIA et a fondé une famille. Malgré les sentiments qu'il éprouve encore, Henry a aujourd'hui une mission à remplir : découvrir ce qu'elle sait sur cette terrible journée où tout a basculé. Un huis clos époustouflant où un simple dîner de retrouvailles, du moins en apparence, se transforme en habile joute verbale, chacun jonglant entre discussion personnelle et professionnelle, chacun poussant l'autre dans ses retranchements pour sauver sa peau...

     

    Auteur : Olen Steinhauer

     

    Edition : Les presses de la cité

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 10 mars 2016

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Le livre se découpe en parties : Les parties racontées par Henry se déroulent 5 ans après un attentat en Autriche qui a fait 120 morts dans un avion. Henry enquête sur ce qu’il s’est passé cette journée-là : il cherche un responsable, peut être un agent double. Lorsqu’il donne rendez-vous à Celia, celle-ci a quitté les services secrets et n’est pas emballée à l’idée de revenir sur cette histoire.

    Les parties racontées par Celia se passent au moment de l’attentat et on voit en temps réel comment elle a vécu cette affaire, ce qu’elle a fait, qui elle a contacté etc…

    D’ailleurs son interprétation des faits est souvent contraire à celui d’Henry, surtout en ce qui concerne leur relation.

    Au milieu du livre, il n’y a aucune trace d’un quelconque coupable au sein des services secrets, du moins aucun que j’ai décelé.

    Au fil de la lecture, cependant, j’ai acquis une certitude et je commence à développer une hypothèse.

    Ma certitude est que peu importe que Celia soit coupable ou non, Henry a décidé d’en faire un bouc-émissaire car elle vit à présent à l’écart de tout, ce qui l’isole de ceux qui pourrait s’élever contre sa mise en cause et donc son exécution.

    Quant à mon hypothèse, c’est que Celia n’est pas la taupe, elle ne l’a jamais été, mais elle sait peut-être de qui il s’agit et a essayé de protéger cette personne et cela se retourne contre elle. Je pense que confier l’enquête sur la recherche de la taupe à Henry, reviendrait à confier l’enquête sur les meurtres du fils de Sam à David Berkowitz. Je me trompe peut-être, mais chaque conversation, chaque pensée des protagonistes, les transcriptions des enregistrements… tout me laisse penser à ça… et tout me laisse penser que Celia n’est pas aussi sans ressources que l’imagine Henry.

    Je ne sais pas si elle l’a percé à jour, mais il se passe quelque chose. Est-ce une coïncidence ? Est-ce quelque chose de totalement différent (une autre affaire par exemple) ? Est-ce que je me fais des idées parce que le personnage d'Henry est limite paranoïaque et que je forge mes convictions sur son attitude ? Il faudra, je pense, attendre la fin du livre pour voir mes hypothèses confirmées ou infirmées.

    Un extrait : Je pousse la porte du restaurant Le Rendez-Vous avec une demi-heure d’avance. La présence d’un bar m’apparaît comme un heureux présage, même si je ne vois de bouteilles nulle part. Je suis accueilli par une jeune évaporée toute de noir vêtue, qui a rassemblé ses cheveux en une queue-de-cheval haute et tient un iPad à la main.
    La salle a beau être vide, elle me demande :

    - Vous avez réservé ?

    - Oui, mais il est encore tôt. J’aimerais boire un verre.

    - C’est à quel nom ?

    - Harrison. Euh, non, Favreau.

    - Dix-neuf heures, confirme-t-elle à l’adresse de l’iPad. Je peux vous installer maintenant, si vous le souhaitez.

    Pendant les différents vols, je me suis raccroché à l’image de ma destination finale pour me motiver : un long comptoir et un tabouret sur lesquels reposer mon corps épuisé. C’est ce que je veux que Celia voie en arrivant : un homme occupant sa place d’homme.

    - Je préfère attendre au bar, dis-je en la contournant.

    C’est avec un immense soulagement que je m’assois à l’extrémité du comptoir en laiton martelé. Un jeune barman alerte, tout en noir lui aussi, qui a si soigneusement sculpté sa barbe de trois jours qu’elle paraît peinte sur sa peau, me gratifie d’un petit sourire. Je commande le martini gin dont je rêve depuis vingt-quatre heures.

    - Désolé, nous ne servons que du vin.

    - C’est une blague ?

    Il hausse les épaules, avant de me tendre une carte plastifiée sur laquelle figure la liste des crus proposés.
    Nous sommes au pays du vin, après tout… Je commence à étudier les différents cépages, mais les noms composés ne tardent pas à se brouiller devant mes yeux. Je n’y connais rien. Je referme la carte.

    - Quelque chose de corsé et de bien frais.

    - Blanc ou rosé ?

    - Pour le coup ça m’est égal. Je veux juste un vin sec.

    Je le regarde sortir une bouteille du frigo, puis se colleter un long moment avec le tire-bouchon avant de réussir à l’ouvrir. Il me sert sans aucune élégance : le blanc glougloute et éclabousse le bar. Conscient de sa maladresse, il m’adresse un sourire embarrassé.

    - C’est mon premier jour, désolé.

    Ce qui me le rend un tout petit peu plus sympathique.
    Il pousse vers moi un verre rafraîchi, rempli de ce qui se révèle être un chardonnay de chez Joullian, produit au plus profond de la vallée de Carmel. Il pose à côté un bol de noix de macadamia, me fait un clin d’œil et, l’air encore gêné, s’éloigne.
    Le long miroir en face de moi m’offre une vue dégagée sur la salle.
    Je ne sais pas trop à quoi je m’attendais. Certainement pas à ça, en tout cas.

     

  • [Livre] Le Dahlia Noir

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    Résumé : Le 15 janvier 1947, dans un terrain vague de Los Angeles, est découvert le corps nu et mutilé, sectionné en deux au niveau de la taille, d'une jeune fille de vingt-deux ans : Betty Short, surnommée " Le Dahlia Noir " par un reporter, à cause de son penchant à se vêtir totalement en noir. Le meurtre est resté l'une des énigmes les plus célèbres des annales du crime en Amérique.

     

    Auteur : James Ellroy

     

    Edition : Rivages

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2006

     

    Prix moyen : 10€

     

    Mon avis : J’ai un peu de mal à entrer dans l’histoire. Tout le début, qui parle de boxe, ne sert à rien et est difficile à digérer. On attaque ce livre dans l’idée de lire une enquête pour meurtre et on a 4 chapitres sur la boxe au terme desquels les deux flics qui vont enquêter sur le meurtre commencent (enfin) à faire équipe. Si à partir de ce 5ème chapitre, on entre enfin dans du travail de police, le meurtre, qui est censé être au centre du livre, n’arrive, lui, qu’au milieu du chapitre 7 soit après plus d’une centaine de pages.
    Une fois passé les 4 premiers chapitres (pour lesquels il a fallu que je m’accroche vraiment. Si je n’avais pas su que le livre allait basculer dans une enquête policière, j’aurais sans doute jeté l’éponge. J’ai mis quasiment autant de temps à lire ces 4 malheureux chapitres qu’à lire le reste du roman), une fois ces quatre chapitres passés, donc, on est plongé dans la frénésie qui suit les premiers pas dans la police en civil de Dwight « Bucky » Bleichert puis dans celle qui s’empare de toute la police à la suite du meurtre.
    Contrairement à son partenaire, pour qui l’affaire du Dahlia noir tourne à l’obsession, Bucky n’est pas franchement ravi d’être sorti de son affectation pour rejoindre l’enquête. Il n’apprécie guère qu’une centaine de policiers soient affecté au meurtre de celle qu’il considère comme une petite roulure et que les autres criminels, les « vrais » criminels comme il dit, soient laissé tranquilles pendant ce temps.
    Sauf que dans ce livre, on se demande qui des gangsters, des voyous, des dealers ou des policiers sont les pires saloparts.
    L’affaire se passe à la fin des années 40, alors déjà, un « nègre » de plus ou de moins dans les rues, cela « n’émotionne » pas la population. Les interrogatoires et tentatives d’arrestation des personnes de couleur se terminent donc de manière souvent radicale.
    Et le reste de la population n’est guère mieux lotie, la violence physique semblant être naturelle au cours des interrogatoires pour obtenir « la vérité ».
    Bien sûr, il y en a, parmi la police, qui recourent plus ou moins volontiers et avec plus ou moins d’ardeur à ce genre de pratique. Certains froncent le nez quand la violence devient trop importante, mais dans l’ensemble, quelques baffes pour faire parler un suspect ne choque personne, et ce même si le pauvre gars est innocent.
    Si on ajoute à ça un arriviste qui se fiche bien de qui sera coffré pour le meurtre du Dahlia noir du moment que cette arrestation lui permettre d’être élu procureur, on comprend puisqu’il s’agit d’une histoire vraie) que le meurtre n’ait jamais été résolu. Je ne suis qu’à un peu plus de la moitié du livre, je ne sais donc pas encore si James Ellroy a choisi de respecter l’Histoire ou s’il avance un coupable (ou du moins un suspect probable) à la fin de son livre.
    Puisque nous suivons Bucky Bleichert, l’enquête sur la mort du Dahlia noir s’arrête à la fin du chapitre 21 pour ne reprendre qu’au chapitre 31. Pendant ces 10 chapitres, on n’en entend parler que de manière détournée et épisodique.
    Pour un roman qui porte le nom « le dahlia noir » et qui comporte 37 chapitres, cela fait 17 chapitres de digressions (les 7 d’introduction, où 2 auraient suffit et les 10 de « pause »). C’est l’un des points noirs de ce roman. S’il s’était intitulé : « Les aventures de Bucky Bleichert » pourquoi pas ? Mais ici j’ai trouvé qu’on s’éloignait trop, et trop souvent, du Dahlia noir pour des évènements qui n’ont pas un grand intérêt.



    Un extrait : Mon secteur se situait à l’est de la 5e Rue, de Main jusqu’à Stanford, bas-fonds et quartier mal famé. Banques de sang, magasins de spiritueux qui vendaient leurs tord-boyaux exclusivement par demi-pintes et carafons, gîtes de passage à cinquante cents la nuit et missions délabrées. La règle tacite, c’était que les flics de peine qui marnaient à pied dans le quartier étaient des travailleurs de force. On mettait fin aux querelles de bouteille en tabassant les poivrots à la matraque ; on virait les négros des boîtes de travail journalier quand ils insistaient pour qu’on les engage. On coffrait sans distinction soûlauds et chiffonniers pour satisfaire aux quotas de la municipalité, et on les tabassait s’ils essayaient de monter dans le fourgon. C’était un travail d’usure, et les seuls agents qui y excellaient, c’était les bouseux transplantés, les fouteurs de merde de l’Oklahoma, qu’on avait embauchés pendant la guerre, quand il y avait pénurie de personnel. Je faisais mes rondes sans enthousiasme : des petits coups de bâton, dix ou vingt sous que je refilais aux poivrots pour les faire dégager des rues et rentrer dans les bistrots où je n’aurais pas à les alpaguer, des quotas très faibles pour mes ramassages d’ivrognes. Je me fis un nom et une réput’ dans l’équipe, à Central : la chialeuse. Par deux fois Johnny Vogel me surprit à distribuer de la menue monnaie et hurla d’un énorme éclat de rire. Le lieutenant Jaskow me classa en catégorie D dans son rapport sur ma forme physique après mon premier mois d’uniforme. Une employée de bureau me dit qu’il avait fait état de ma « répugnance à faire suffisamment usage de sa force avec des délinquants récalcitrants ».

    Kay prit son pied à lire la phrase, mais je voyais, quant à moi, les rapports s’accumuler en une pile si haute que même toute l’influence de Russ Millard ne me permettrait jamais de retourner au Bureau.

    Je me retrouvais donc à l’endroit où j’étais avant le combat et avant l’emprunt, seulement un peu plus à l’est et à pied. Les bruits avaient fait rage au cours de mon ascension jusqu’aux Mandats et Recherches ; aujourd’hui, ma chute était l’objet de spéculations. Pour les uns, on m’avait fait dégringoler pour avoir tabassé Lee, selon d’autres, j’avais débordé sur le territoire de la division d’East Valley et leurs prérogatives de présentations d’assignations, ou bien je m’étais dégonflé au cours d’un combat avec le jeune bleu de la 77e Rue qui avait gagné les Gants d’Or en 46 ; ou encore j’avais encouru les foudres d’Ellis Lœw en laissant filtrer des infos sur le Dahlia jusqu’à une station de radio opposée à sa candidature de futur procureur. Chaque bruit de couloir faisait de moi quelqu’un qui vous poignardait dans le dos, un bolchevik, un lâche et un imbécile ; lorsque le rapport sur ma forme physique, à la fin de mon second mois, se termina par les mots suivants : « Le comportement passif en service de cet agent lui a valu l’hostilité de tous les policiers en patrouille soucieux de faire respecter la loi », je commençai à songer à distribuer des billets de cinq sacs à tous les poivrots et des branlées à tous les uniformes bleus qui me lanceraient un regard, ne serait-ce qu’un tout petit peu chargé de suspicion.

     

  • [Livre] Appelle-Moi

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    Résumé : « Appelle-moi. Besoin de te parler. » C'est le dernier texto que Livy reçoit de Julia, son amie d'enfance. Le lendemain, Julia gît sur son canapé, morte. Des somnifères, un bref mot d'adieu, aucun signe de violence : suicide, conclut la police. Livy, elle, refuse d'y croire.
    À force de fouiller le passé de la défunte, Livy fait d'étranges découvertes : des liens avec une agence de call-girls, un amant dont nul ne connaissait l'existence. Plus curieux encore, Julia jouait les apprenties détectives sur une affaire classée vingt ans plus tôt : celle de la mort inexpliquée de Kara, la propre sœur de Livy.
    Et si ces deux décès étaient liés ?
    Livy enquête. Avant de réaliser que certaines vérités mériteraient de rester à jamais sous silence...

     

    Auteur : Sophie McKenzie

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : Août 2015

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : On va voir ici une chronique un peu particulière car cette lecture est faite en binôme par tranche de 5 chapitres. Je donnerais donc mon avis tous les 5 chapitres.

    Ici, contrairement à d’autres thrillers du même genre, rien ne vient faire douter du suicide. Il n’y a pas de messages extérieurs, ou d’objet dans l’appartement qui n’appartiendrait pas à la suicidée. Ce qui fait douter Livy est donc seulement son intime conviction.
    Quand elle commence à fouiner et qu’elle rencontre l’homme avec qui son amie avait une liaison, on se dit de suite qu’il cache peut être quelque chose. Mais j’ai le sentiment qu’il n’y est pour rien (je peux me tromper, ça ne serait pas la première fois). En fait, ce qui me fait dire ça, alors que je ne suis qu’au chapitre 5, c’est qu’entre chaque chapitre on a une sorte de confession d’un meurtrier. Il n’admet pas, pour l’instant du moins, être responsable de la mort de Julia, mais il nous raconte ses « débuts » et nous indique clairement être le meurtrier de la sœur de Livy, Kate, qui était la meilleure amie de Julia.
    Et cet homme ne semble pas éprouver de colère, il semble froid, calculateur et extrêmement maitre de lui-même, ce qui contraste totalement avec la première impression que m’a fait le petit ami de Julia, Damian.
    Personne ne croit Livy quand elle dit que son amie n’a pas pu se suicider, mais ça se comprend : ses proches la pense en plein déni et cherchent avant tout à la protéger.
    Pour l’instant j’ai plus de questions que de réponses et je vais me plonger dans les 5 prochains chapitres pour voir s’ils m’éclairent un peu !

    5 chapitres plus tard, me voici à peu de choses près au milieu du roman, à la fin du chapitre 10/22. Et pour l’instant, je me pose plein de questions ! De plus en plus même !
    D’abord sur la famille de Julia. Je les trouve très bizarres en plus d’être antipathiques. Mais sont-ils bizarres parce qu’ils sont odieux et qu’ils cherchent à récupérer le maximum d’argent ? Ont-ils, par exemple, découvert un testament qui ne leur était pas favorable ? Ou cachent-ils quelque chose de plus grave encore ? Je ne sais pas, mais je ne les sens pas !

    Ensuite sur le tueur, dont on ne sait toujours pas s’il est responsable de la mort de Julia, même si ça serait logique. Quelque chose dans son récit, me laisse à penser que Julia et Livy le connaissent, pas forcément bien, mais suffisamment pour le reconnaitre si elles le voyaient. J’ai de moins en moins l’impression que Damian, le Démon blond, soit impliqué, mais on ne sait jamais…
    Je m’interroge aussi beaucoup sur le patron du mari de Livy, Leo. Will, le mari en question, est bizarre aussi mais je ne sais pas s’il est infidèle, inquiet, énervé ou coupable de quelque chose.

    En fait, pour l’instant, tout le monde ou presque est suspect. Chaque personne semble cacher quelque chose. J’ai hâte de lire la suite !

    Normalement j’aurais dû lire les chapitres 11 à 15 mais arrivée à la fin du chapitre 15 j’ai craqué et suppliée ma binôme de me laisser le finir !
    Il faut dire qu’au fil des chapitres, j’ai commencé à échafauder certaines théories pour la grande majorité des personnages. Il y en avait deux ou trois, parmi les personnages secondaires, que je n’arrivais pas à associer à l’affaire. Impossible de trouver le lien.
    Mais finalement, j’avais bien analysé les personnages principaux et je ne m’étais pas trompée. Et lorsque l’explication sur les personnages secondaires a été donnée, cela n’a fait qu’éclairer davantage la situation (qui était déjà résolue, certes, mais bon, c’était bien d’avoir le fin mot de l’histoire à ce sujet).
    Je suis ravie d’avoir résolue l’affaire et, même si j’avais des doutes dès le début sur l’identité du tueur, les pistes étaient suffisamment brouillées pour que je remette en question mes soupçons et que je considère tout le monde comme suspect !
    Si j’ai un regret dans ce livre, c’est un tout petit : que certains personnages, qui n’étaient pas impliqués dans la mort de Julia mais qui sont moralement lamentables n’aient pas eu à payer leurs actions.

    Un extrait : Je tends la main vers mon téléphone en soupirant. Mon appel va droit sur la boîte vocale de Julia, par conséquent je lui laisse un message disant que nous n’allons pas tarder. Elle n’a toujours pas répondu au texto que je lui ai envoyé hier soir.
    A la réflexion, j’en conclus qu’elle est sans doute encore au lit.
    Qui m’a-t-elle dit fréquenter en ce moment ? Un homme plus jeune. Aux cheveux clairs. « Mon démon blond », m’a-t-elle confié avec délice. Je ne me rappelle pas son vrai nom – à supposer qu’elle me l’ait révélé.
    Je soudoie Zack avec la promesse d’un sandwich au bacon pour qu’il me lâche et se lève. J’en prépare un pour moi aussi mais Hannah refuse de déjeuner.

    - Je mangerai chez Julia

    Je n’insiste pas. Inutile de discuter. Julia aura préparé des mignardises achetées à l’épicerie fine du quartier et de grands verres de gin tonic pour elle et moi, suivis de plats hypersophistiqués : elle ignore totalement le concept de menu enfant. « Des œufs de caille plutôt que des nuggets de poulet », dit-elle toujours. Elle n’a jamais cédé là-dessus, même durant la longue année où Zack n’a mangé que des saucisses.

    Pendant le déjeuner, Julia et moi dégusterons du pouilly-fruissé, son vin blanc favori, et il y aura un pichet de vraie citronnade pour les enfants. Julia glissera deux glaçons dans le verre d’Hannah pour imiter le gin tonic.

    - Une boisson glamour, dira-t-elle avec un sourire en lui adressant un clin d’œil. Pour te préparer au Grand Moment, Han !

    Elle a toujours eu une relation privilégiée avec Hannah. Elles ont bien des points communs – susceptibles, égocentriques, mais capables aussi de chaleur sincère. Je sais que la ressemblance d’Hannah avec Kara hante Julia autant que moi. Après tout, c’est la mort de ma sœur – et la fureur impuissante que nous éprouvions envers son assassin – qui nous a rapprochées.
    A dix heures et demie, Hannah est habillée et prête à partir – elle porte un jean skinny et un débardeur en soie qui m’appartient, et qui est à la fois trop grand et trop « femme » pour elle. Trop occupée à cajoler Zack pour qu’il se prépare, je m’abstiens de faire un commentaire à ce sujet oud e lui dire qu’elle a eu la main plutôt lourde avec le khôl. Elle adore Julia. Je comprends qu’elle veuille l’impressionner. Julia a cet effet-là sur moi aussi.

    Zack enfin prêt, j’enfile ma robe et mes sandales. Julia, qui n’est jamais en retard, déteste le manque de ponctualité chez ses invités. Il me semble étrange qu’elle n’ait répondu ni à mon texto ni à mon appel, cependant je n’y accorde qu’une brève pensée lorsque nous arrivons, sous un grand soleil, à l’entrée de son immeuble.
    Mais elle ne répond pas à l’interphone.

     

  • [Livre] Le prix de la peur

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    Résumé : À Los Angeles, on ne respecte plus rien. Quelques jours avant Noël, un prêtre est retrouvé mort dans son église, son corps étrangement mutilé. La tête, introuvable, a été remplacée par celle d'un chien errant. L'inspecteur Rob Hunter ne se fait pas d'illusions : les cinglés capables de ce genre de crimes récidivent toujours. Bientôt, les cadavres s'accumulent. Seul point commun entre les victimes : noyée ou brûlée vive, chacune semble avoir été tuée de la façon qu'elle redoutait le plus.

     

    Auteur : Chris Carter

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : thriller

     

    Date de parution : 11 avril 2013

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Mais qu’est-ce que c’est que ce psychopathe ? Voilà la question que je me suis posée dès la fin du prologue. Est-ce que je parlais du tueur ou de l’auteur ? Un peu des deux ! Parce que pour inventer des trucs pareils…
    J’ai beaucoup aimé le capitaine Blake : Elle vient d’arriver, c’est une femme dans un monde d’homme, à peine en poste il lui tombe cette affaire qui déchaine les journalistes et la pression du maire, mais elle soutient son équipe autant qu’elle le peut.
    La journaliste, Claire, on n’en a pas encore beaucoup parlé, mais j’espère déjà qu’elle va attirer l’attention du tueur tant elle m’énerve.
    Les chapitres sont courts et se finissent toujours de manière à maintenir au maximum le lecteur en haleine. A la fin de chaque chapitre on n’a donc qu’une seule envie : se précipiter sur le suivant (merci pour la nuit blanche !)

    Les meurtres sont bien décrits (attendez-vous à en frissonner parce qu’on est loin des meurtres bien propres de Dexter) et particulièrement horribles. Franchement, même si ce n’était pas la plus grande peur des victimes, être tué de chacune des manières décrites est un vrai cauchemar (et je continue à m’interroger sur les sources d’inspiration de l’auteur ! Même s’il a travaillé comme psychologue criminologue et qu’il a donc étudié de près les serials killers, c’est quand même assez impressionnant d’avoir des idées pareilles).

    On en vient parfois à se demander s’il y a un ou plusieurs tueurs.
    Il y a de nombreux rebondissements et personnellement je n’ai eu de doute sur l’identité du tueur que quelques pages seulement avant qu’elle ne soit révélée.
    Il faut dire que tout est bien dosé car, si les inspecteurs sont directement plongés dans l’horreur, tout ne va pas aussi vite que le rythme du roman : l’enquête n’est pas résolue en deux coups de cuillère à pot : ils cherchent, s’interrogent, voient des témoins, d’anciennes connaissances des victimes, recoupent les informations, hésitent…bref, ils enquêtent vraiment. Ce sont d’excellents flics, mais pas des supers héros.
    Au cours du livre, il y a quelques allusions au précédent roman de l’auteur. Cela ne gêne pas la lecture, mais à force d’entendre parler du tueur au crucifix, j’ai maintenant envie d’en savoir plus.

     

    Un extrait : — Ironique que la seule certitude de la vie soit la mort, vous ne trouvez pas ?

    La voix de l’homme était posée, sa posture, décontractée.

    — Je vous en supplie… Vous n’avez pas besoin de faire ça.

    L’homme au sol était pétrifié et épuisé. Sa voix, étranglée par les larmes et le sang. Il était nu et grelottait. Ses bras étaient tendus au-dessus de sa tête, les poignets attachés par une chaîne au mur en brique.

    Le sous-sol sombre avait été transformé en une sorte de donjon médiéval, avec ses quatre murs ornés de lourds anneaux métalliques. Une répugnante odeur d’urine flottait dans la pièce, et d’une caisse en bois posée dans un coin par l’agresseur montait un vrombissement incessant. La pièce était insonorisée, et fuir semblait impossible. Une fois enfermé ici, inutile d’y songer, à moins que quelqu’un ne vienne vous délivrer.

    — Peu importe ce que vous avez fait de votre vie, poursuivit-il, indifférent à sa victime qui saignait. Peu importe votre richesse, ce que vous avez accompli – vos relations, vos projets et vos espoirs. En fin de compte, la même chose nous arrive, à tous, et cette chose, c’est la mort.

    — Par pitié, mon Dieu, non !…

    — Mais ce qui fait la différence, c’est la façon dont nous mourons.

    L’homme par terre toussa et cracha un léger nuage de sang.

    — Certaines personnes meurent naturellement, sans douleur, au terme d’un cycle naturel. (L’homme émit un étrange rire gargouillant.) D’autres souffrent de maladies incurables des années durant, luttant à chaque minute pour ajouter quelques secondes à leur misérable existence.

    — Je… je ne suis pas riche, je ne possède pas grand-chose, mais ce que j’ai, vous pouvez le prendre.

    — Chuuuut ! (L’homme posa son doigt sur ses lèvres avant de murmurer :) Je n’ai pas besoin de votre argent.

    Nouvelle quinte de toux, nouvelles gouttelettes de sang.

    L’agresseur grimaça un sourire mauvais.

    — Certains meurent très lentement, reprit-il d’une voix glaciale. L’agonie peut durer des heures, des jours, des semaines de souffrances ; si on sait s’y prendre, il n’y a quasiment pas de limites – vous le saviez ?

    Il se tut. Jusque-là l’homme enchaîné n’avait pas remarqué le pistolet à clous dans la main de son assaillant.

    — Et je sais exactement ce que je fais. Permettez-moi de vous le montrer.

     

  • [Livre] N’éteins pas la lumière

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    Résumé : « Tu l'as laissée mourir... »

     Le soir de Noël, Christine Steinmeyer, animatrice radio à Toulouse, trouve dans sa boîte aux lettres le courrier d'une femme qui annonce son suicide. Elle est convaincue que le message ne lui est pas destiné. Erreur ? Canular ? Quand le lendemain, en direct, un auditeur l'accuse de n'avoir pas réagi, il n'est plus question de malentendu. Et bientôt, les insultes, les menaces, puis les incidents se multiplient, comme si quelqu'un cherchait à prendre le contrôle de son existence. Tout ce qui faisait tenir Christine debout s'effondre. Avant que l'horreur fasse irruption.

     Dans les ténèbres qui s'emparent de sa vie, la seule lueur d'espoir pourrait bien venir d'un certain Martin Servaz.

     

    Auteur : Bernard Minier

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 12 février 2015

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Une petite chose m’a dérangée dans le livre, c’est la facilité avec laquelle il est fait du mal aux animaux, que ce soit dans les cauchemars des personnages ou en vrai. Je n’ai pas trouvé que ça apportait grand-chose à l’histoire, le même effet aurait pu être atteint en passant par d’autres moyens.
    En dehors de ça, je suis vraiment happée par l’histoire.
    Au début je n’ai pas compris le rapport entre Servaz et Christine mais au fil des pages, des indices se forment qui les rapprochent, même si je ne sais toujours pas, au moment où j’écris ces lignes, de quelle manière Servaz est impliqué (parce qu’il est flic, à cause d’une ancienne affaire ? Ou est-ce plus personnel ?).
    Les personnes qui entourent Christine m’ont énervée du fait de la facilité avec laquelle ils croient les choses qui sont placées contre elle. Ce n’est pas possible d’être aussi crédules. Alors je veux bien que certaines personnes de son entourages, comme son patron ou l’imbécile orgueilleux auquel elle est fiancée (et qu’à mon avis, elle aurait dû virer à coup de pied dans le c** depuis des lustres) soient bien contents d’avoir des excuses pour lui mener la vie dure, mais le policier qu’elle rencontre dès le début de l’histoire est tout simplement odieux et irrespectueux. Je lui aurais collé une beigne à cet abruti ! Et ça ne va pas s’arranger avec lui et ses collègues de toute évidence !
    Je commence à avoir des doutes sur certains personnages car je suis sûre que le harceleur agit sur ordre, comme un tueur à gages. Certains personnages se recoupent avec une autre affaire de suicide dont on pense qu’elle pourrait être la conclusion d’un même harcèlement que celui que subit Christine.
    Mais comme toujours chaque page qui confirme mes doutes sur un est contrebalancée par une autre qui me fait dire : non, c’est pas lui.
    Et si ça se trouve, c’est aucun des deux !
    Certains de mes doutes semblent se confirmer : L’un de mes suspects a l’air d’être un vrai salopart, mais je ne suis plus sûre qu’il soit responsable de ce qui arrive à Christine. L’autre, a contrario, est remonté dans mon estime, mais peut être qu’il joue la comédie ? Ou encore que le responsable est une toute autre personne ?
    Bref, tout est possible, et j’approche de la fin…

    Et bien elle m’a surprise, et à plus d’un titre, cette fin. Il y a un tas d’évènements auxquels je ne m’attendais pas du tout.
    Seul petit bémol, qui n’en est pas vraiment un, il y a une histoire secondaire concernant Servaz que je ne comprenais pas, jusqu’à ce que je me rende compte que l’auteur a écrit plusieurs livres mettant en scène Servaz. Il faudra non seulement que je les lise, mais que je les lise dans l’ordre pour comprendre enfin qui est cette fameuse Marianne qui n’a aucun rôle dans « n’éteins pas la lumière » mais qu’on cite à plusieurs reprises.
    Pour en revenir à ce livre, j’ai beaucoup aimé la fin, même si elle manquait peut être un peu…disons de moralité !


    Un extrait : — OÙ AS-TU TROUVÉ ça ?

    Son ton était presque désapprobateur – comme s’il la tenait pour responsable d’avoir trouvé ce message dans sa…

    — … dans ma boîte aux lettres.

    Malgré la pénombre, elle lut une intense surprise derrière ses lunettes. Et de l’agacement : Gérald n’aimait pas l’imprévu.

    — Alors ? voulut-elle savoir. Tu en penses quoi ?

    Il haussa les épaules.

    — C’est sans doute un canular. Que veux-tu que ce soit ?

    — Je ne crois pas, non. Ça sonne plutôt vrai.

    Il soupira, remonta ses lunettes sur son nez et posa de nouveau les yeux sur la feuille tenue entre ses doigts gantés, dans la faible lueur du plafonnier. Des flocons légers traversaient par dizaines le faisceau des phares ; une voiture passa près d’eux dans un chuintement assourdi – Christine eut l’impression d’être à bord d’un bathyscaphe dans cet habitacle obscur et froid cerné par la neige. Elle relut la lettre par-dessus l’épaule de Gérald. Les mots se déposaient dans son esprit comme des flocons.

    — Dans ce cas, c’est une erreur, conclut-il. Cette lettre était destinée à quelqu’un d’autre.

    — Exactement.

    Il la regarda de nouveau.

    — Bon, écoute, on résoudra ce mystère plus tard. Mes parents doivent déjà être en train de nous attendre.

    Oui, oui, oui, bien sûr : tes parents… Noël… – qu’est-ce que ça peut faire si une femme tente de se suicider ce soir ?

    — Gérald, tu te rends compte de ce que cette lettre signifie ?…

    Il écarta ses mains gantées du volant, les posa sur ses cuisses.

    — Je crois, oui, dit-il très sérieusement mais comme à regret. Que… que veux-tu qu’on fasse ?

    — Je ne sais pas. Tu n’as pas une idée ? On ne peut quand même pas rester là sans rien faire…

    — Écoute. (De nouveau, ce ton réprobateur, qui semblait dire : Il n’y a que toi pour te fourrer dans des guêpiers pareils, Christine.) On a rendez-vous chez mes parents, chérie : c’est la première fois que tu vas les rencontrer et on a déjà presque une heure de retard. Cette lettre est peut-être authentique – ou peut-être pas… On s’occupera de cette histoire une fois là-bas, je te le promets, mais là, il faut qu’on y aille.

    Il avait parlé calmement, d’une voix raisonnable. Trop raisonnable : le ton qu’il employait quand elle le contrariait, ce qui arrivait de plus en plus souvent ces derniers temps. Celui qui disait : Note bien que je fais preuve d’une surnaturelle patience. Elle secoua la tête.

    — Il n’y a que deux possibilités : soit c’est un appel au secours qui ne sera pas entendu puisque la personne censée le lire ne le lira pas, soit quelqu’un va vraiment se suicider ce soir – et, dans les deux cas, je suis la seule à le savoir.

    — Quoi ?

    — Tu m’as bien entendue : on doit prévenir la police.

    Il leva les yeux au plafond.

    — Mais cette lettre n’est même pas signée ! Et il n’y a aucune adresse ! Même si on va à la police, qu’est-ce que tu veux qu’ils fassent ? Et tu imagines le temps que ça va prendre ? Ça va foutre notre réveillon en l’air !

    — Notre réveillon ? Je te parle d’une question de vie ou de mort, là !

    Elle le sentit se raidir d’exaspération. Il émit un soupir de pneu percé.

    — Mais, bordel, QUE VEUX-TU QU’ON Y FASSE ? s’écria-t-il. On n’a aucun moyen de savoir de qui il s’agit, Christine ! AUCUN ! Et d’ailleurs, il y a de fortes chances pour que cette personne bluffe : on ne glisse pas une lettre dans une boîte quand on est au bout du rouleau, on laisse un mot chez soi ou sur soi ! C’est probablement juste une mytho qui est seule le soir de Noël et qui n’a trouvé que ce moyen-là pour attirer l’attention ! Elle appelle au secours, mais ça ne veut pas dire qu’elle va passer à l’acte !

    — Alors, tu veux qu’on réveillonne comme si de rien n’était, c’est ça ? Qu’on fasse la fête comme si je n’avais jamais trouvé cette lettre ?

    Elle vit les yeux de Gérald étinceler derrière les lunettes. Puis il regarda à travers le pare-brise – sur lequel les flocons commençaient à déposer une couche translucide –, comme s’il espérait que quelqu’un allait venir à son secours.

    — Mais, bon Dieu, Christine, j’en sais rien, moi ! C’est ta première rencontre avec mes parents ! Tu imagines l’effet que ça va faire si on se pointe avec trois heures de retard !

    — Tu me fais penser à ces connards qui disent : « Il ne pouvait pas aller se suicider ailleurs » quand leur train est bloqué.

     

  • [Livre] Parfaite

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    Résumé : Je sais tout de toi. Tu es parfaite. Je t'aimerai à la vie, à la mort. Tu es à moi pour toujours. Lorsque Beck pousse la porte de sa librairie, Joe est immédiatement sous le charme. Ravissante, effrontée, sexy, elle est tout simplement tout ce qu'il cherche chez une femme. Et quand Joe aime, il est prêt à tout pour parvenir à ses fins... Quelques semaines plus tard, la vie de Beck n'a plus de secrets pour Joe. Il a trouvé son nom, son adresse, s'est procuré accès à ses emails, il la suit virtuellement sur les réseaux sociaux et physiquement dans les rues de New York. Avec un peu d'organisation, une " vraie " rencontre est vite provoquée, et comment résister à un garçon qui devance vos moindres désirs, semble deviner vos pensées les plus intimes ? Et lorsque des personnes de l'entourage de Beck sont victimes d'accidents macabres, c'est tout naturellement dans les bras de Joe que se réfugie la jeune femme. Mais si Beck ignore l'ampleur de l'obsession de son nouveau petit ami, Joe ne connaît pas non plus toutes les facettes de sa bien-aimée...

     

    Auteur : Caroline Kepnes

     

    Edition : Kéro français

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 9 avril 2015

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Je ne suis qu’au chapitre 3 et je n’en peux déjà plus de la vulgarité de ce roman. Alors je veux bien que le narrateur soit un psychopathe, mais il y a quand même des limites, d’autant plus que ça n’apporte rien à l’histoire.
    Pour l’instant, j’ai plus l’impression d’être dans l’introduction d’un roman érotique que d’un thriller (et si j’avais voulu lire une roman érotique, ben j’aurais lu un roman érotique, ce n’est pas ce qui manque depuis 50 nuances de Grey).
    En plus, je trouve que ça ne cadre pas avec le personnage de Joe. Certes c’est clairement un psychopathe mais c’est aussi un homme cultivé, féru de lecture et de poésie, qui parle de manière très correcte par ailleurs. Je l’aurais plus vu se dire qu’il faudra qu’il corrige le langage de Beck lorsqu’ils seront ensemble.
    Il y a des coquilles (comme le « pie de vache » ou « la musique est trop fort ») ce qui est plus un problème d’éditeur que d’auteur puisque celui-ci est anglophone: quand on fait traduire un texte, on le corrige.
    Pour la suite, j’ai réussi à occulter au maximum la vulgarité récurrente pour me concentrer sur l’histoire.
    Celle-ci est intéressante, mais c’est un peu long. Je ne suis qu’à la moitié du roman et j’ai un peu l’impression de tourner en rond. Pour chaque personnage, l’auteur nous explique et réexplique sa psychologie des pages durant, sans autre action que l’analyse du comportement de la personne par Joe.
    Alors que le résumé laisse entendre que Beck puisse être encore plus dangereuse et psychopathe que Joe, pour l’instant, je ne vois qu’une gamine inconsciente, gâtée, inconstante, qui veut tout sans avoir à faire le moindre effort, qui se plaint sans arrêt de ne pas être reconnue à sa juste valeur, bref une tête à claque. J’espère presque qu’elle va déclencher une phase de violence chez Joe et qu’il la tue, ça ferait un peu d’action (mais comme je l’ai dit, je n’en suis qu’à la moitié, les choses vont peut-être changer).
    Certaines personnes de l’entourage de Beck ne sont que superficiellement présentées, mais il y a une exception pour son amie Peach qui, au point de l’histoire où j’en suis, tient une place importante.
    Le problème de ce livre est que l’auteur semble penser que tout le monde est psychopathe à des degrés plus ou moins élevés. Des situations qui sembleraient normales par ailleurs (une personne qui a envie d’en voir une autre sans ses amis, un frère qui veut une explication avec le mec qui a quitté sa sœur, un gosse qui se fait virer parce qu’il fout rien au boulot…) deviennent ici incontrôlables (obsession, manipulation, violence, abus de pouvoir…). Et ce n’est pas que la manière de voir de Joe puisqu’il relate des faits. Au vu de l’entourage, proche ou moins proche, Joe semble normal, équilibré, et c’était peut-être le but de l’auteur, mais pour ma part, j’ai trouvé ça complètement incohérent (et encore une fois, dans la plupart des cas, cela n’apporte strictement rien à l’histoire).
    Bon dire que Joe est équilibré est exagéré, c’est vraiment un taré, mais il ne se voit pas comme ça et plusieurs scènes sont assez impressionnantes du fait de la façon dont il analyse et retourne une situation, se faisant passer presque pour une victime.

    L’histoire commence vraiment à bouger dans les 15 derniers chapitres (sur 53 quand même). Je pense que si on épurait de tout ce qui n’apporte rien à l’histoire, on pourrait en enlever un bon tiers, mais le reste est bien écrit et on plonge vraiment dans la psychologie des personnages.

    La fin est sans grande surprise. Je ne sais pas si c’est parce que ce genre de psychopathe est prévisible, mais je l’ai vu venir comme un camion.
    Je n’irais pas jusqu’à dire que j’ai perdu mon temps avec cette lecture car c’était tout de même divertissant mais elle ne me laissera pas un souvenir impérissable.

    Un extrait : Je nous imagine baiser dans ce restaurant. L’air est saturé d’odeurs de bière, de bacon et d’huile. Je respire, j’inhale tout cela. Tu poses tes mains sur ta tête et Dieu existe car à ce moment-là, ils passent une chanson de Bowie et tu souris. Je te regarde sourire et je t’imagine nue. Je suis un peu ivre et je me lève et tu entends ma chaise bouger. Tu ouvres les yeux.

    – Ferme les yeux, Beck.

    Tu obéis et commences à parler.

    – J’allais te raconter un truc à propos de cet album.

    – Je ne veux rien savoir à propos de cet album.

    Je vais t’apprendre à me traiter différemment. Je ne suis pas un de ces connards d’étudiants qui va te respecter parce que tu connais un obscur album de David Bowie. Je brûlerais en enfer plutôt que te laisser me raconter les mêmes histoires que celles que tu racontais aux mecs de Yale. Tu es à moi et tu feras comme je te l’ordonnerai. Bowie chante à propos d’étrangers qui viennent à sa rencontre et tu fredonnes tout le long pour me montrer que tu connais les paroles. Pauvre chérie, comme tu as dû être malheureuse avec tous les Benjis du monde que ce genre de connerie impressionnait.

    Je fais le tour de la table et m’assieds juste à côté de ta tête. Tu glousses et tu gardes les yeux fermés. Tu as cessé de fredonner. Tu n’es plus que désir. Je pose mes pieds sur une chaise en face. Ma queue est à quelques centimètres de ton visage, de ta bouche et tu peux la sentir, tes petites narines la flairent et tu déglutis, nerveusement. Je me penche au-dessus de toi. Tes paupières restent closes et ta bouche entrouverte. Bowie se lamente car les humains l’ont déçu. Il ne nous connaissait pas, Beck.

    – On est bien, là, tu dis avant que la chanson ne se termine. Peut-être qu’ils vont nous oublier et nous enfermer ici.

    – Oui.

    Et je hais Benji parce que je veux rester ici avec toi pour toujours quand je dois pourtant aller nourrir ce petit animal. Même enfermé, il continue à se mettre en travers de notre route.

    – Hé !

    Tu t’es redressée et tes yeux sont grands ouverts. La chanson est terminée et c’est Led Zeppelin, maintenant. La musique est soudain trop fort. Tu m’ordonnes :

    – Raccompagne-moi.

    – Oui, mademoiselle.

    Nous marchons deux blocs sans dire un mot. Nous avons les mains dans les poches parce que nous savons qu’elles doivent y rester ou sinon. Nous sommes tous les deux trop excités pour faire semblant d’avoir une conversation. La nuit est silencieuse et il n’y a pas âme qui vive. Nous arrivons devant ton perron, tu gravis deux marches et nous nous faisons face. Même si je ne t’avais pas vue le faire, je devinerais que ce n’est pas la première fois que tu fais cela. C’est ton petit manège habituel. Je ne vais pas t’embrasser, Beck. Ce n’est pas toi qui vas me dire quoi faire avec ton corps.

     

  • [Livre] Criminal loft

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    Résumé : Etats-unis. Kentucky.
    Sanatorium de Waverly Hills.
    Ils sont huit.
    Six hommes, deux femmes, condamnés à la peine capitale et sélectionnés pour participer au reality show le plus brûlant qui ait jamais existé : « CRIMINAL LOFT » !
    Chaque semaine, les votes du public élimineront un candidat afin qu’il reprenne sa place dans le couloir de la mort.
    Un seul d’entre eux recouvrera la liberté…
    Mais lorsque huit dangereux criminels se retrouvent prisonniers du lieu dit « le plus hanté des Etats-Unis », l’aventure tourne au cauchemar...
    Quelles terribles épreuves leur réservent les créateurs du loft ?
    Jusqu’où iront-ils pour prouver qu’ils méritent de vivre ?
    A vous de juger…

     

    Auteur : Armelle Carbonel

     

    Edition : fleurs sauvages

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution :

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Le narrateur est un des criminels condamnés à mort qui participent à Criminal loft. Au fil des pages, on découvre la nature des crimes et les personnalités de chacun de ses « adversaires » mais lui, se dévoile à travers les flashs back de sa vie passée et les réflexions qu’il se fait.
    Il est le seul à ne pas chercher d’excuses à ses crimes, dot on sait qu’ils concernent des femmes et ont été particulièrement sanglants, sans qu’on en ait, pour l’instant, une vision globale (ça viendra peut être plus tard).
    Pour l’instant une réflexion de John a attiré mon attention. Il parle de sa vie dans son pénitencier et dit que tout le monde se méfiait du prisonnier surnommé John T. J’en viens donc à me demander : John est-il son vrai nom ? Parle-t-il de surnom parce qu’on dit T. au lieu de dire son nom complet ? Cela a-t-il une importance ou n’est ce qu’une anecdote destinée à nous égarer un peu plus ?
    Les scènes, le plus souvent des rêves, dans lesquelles on en apprend plus sur le passé de John sont toujours très frustrante car lorsque le rêve s’achève, le récit s’interrompt, souvent brusquement, ce qui nous laisse sur notre faim.
    Au fil des pages plusieurs questions se posent, et il est impossible à dire si elles sont indépendantes ou si elles sont imbriquées entre elles.
    La première question est bien sur de savoir qui va gagner le jeu et être libéré.
    La seconde question concerne un évènement qui a lieu assez rapidement dans le livre. On se demande logiquement qui est responsable de cet évènement et si cette personne a agit seule.
    La troisième question est : qui se cache derrière « la voix » ?
    J’avais trouvé une partie des réponses, parfois bien avant leur révélation, parfois juste quelques pages avant. En revanche, j’ai été incapable de prédire la réponse à la première question (mais cette révélation m’a fait comprendre une autre réponse à une question « secondaire »).
    Le seul bémol que je trouve à ce livre c’est que la fin m’a parut un peu fade au regard de la tension qui monte tout au long du roman. Je me suis dit : tout ça pour ça ?
    Ayant lu pas mal de commentaires sur ce livre qui le disait terrifiant, je m’attendais à une fin en apothéose et j’ai été un peu déçue. J’ai trouvé que le rythme, au lieu d’atteindre son paroxysme, retombait d’un seul coup, comme un pétard mouillé.
    C’est un peu le problème de ce genre de livres : l’angoisse monte tellement progressivement qu’on s’attend à une fin explosive, ce qui n’est pas souvent le cas. Je rencontre en général ce genre de « déception » avec les romans de Stephen King, dont j’ai toujours l’impression qu’il a bâclé la fin pour passer plus vite au prochain.
    L’exercice est difficile, mais pas impossible, en témoigne les deux tomes du « chuchoteur » de Donato Carrisi, dans lesquels l’épilogue apporte toujours un surplus de terreur.

    Un extrait : Je me nomme John. Le hasard a voulu que je sois le premier à relever ce défi… Avouons-le, exercice difficile que de se présenter sous son meilleur jour lorsque votre réputation vous précède ! Je ferai cependant toutce qu’on attend de moi. Donc, c’est l’histoire d’un gamin ordinaire. Sa mère l’appelait Johnny, dans ses bons jours. La pauvre était mariée à un alcoolique notoire, qui la battait à la première occasion. Elle était bien impuissante face à cette brute épaisse qui la malmenait sans vergogne, comme on corrige une bête indisciplinée. Lorsqu’elle s’interposait pour éviter qu’il ne larde son gosse à coups de batte, le petit Johnny la suppliait de se taire, de cesser ses hurlements qui attisaient inexorablement l’excitation de son paternel. 

    » Du haut de ses sept ans, il fixait le ceinturon comme un point de repère entre la vie et la mort. Je me souviens très précisément du motif de la boucle en argent. Il s’agissait d’une tête de serpent en métal. Une interminable langue fourchue s’enroulait autour du cuir usé. L’enfant avait la sensation d’observer un ennemi invincible approcher, menaçant, dangereux et machiavélique. Bien sûr, il ne comprit le sens réel de ces mots que bien plus tard, lorsqu’il fut en âge de se défendre et d’incarner ce même ennemi qui l’avait terrorisé durant de longues années.

    » Cela excuse-t-il ses crimes ?

    (Je marque une pause et accentue l’effet théâtral de mon récit par une moue pensive.)

    » Je n’ai jamais trouvé d’épilogue convenable à ce conte macabre. Aurais-je la prétention de rejeter la responsabilité de mes actes ? Non. Bien sûr que non. Mon père avait sombré dans la boisson et j’ai terriblement souffert de l’injustice de son régime disciplinaire. Quand j’avais six ans, il m’a enchaîné une semaine entière aux barreaux de mon lit, pour me punir d’avoir désobéi à l’un de ses innombrables commandements. J’ai très mal vécu cette période d’isolement forcé. C’est là que les cauchemars ont commencé… Ils me visitaient toutes les nuits en projetant des scènes effroyables. Je me réveillais en hurlant, espérant entendre la clef tourner dans la serrure tandis que je me débattais entre mes draps souillés. Les conséquences dramatiques de certains traumatismes ne figurent dans aucun manuel. Chacun est libre d’en écrire un chapitre, mais le livre ne se referme jamais… J’ai passé les quarante et une années de ma vie à lutter pour survivre, comme vous, dans un monde régi par la normalité, le pouvoir, l’argent, les médias et l’Église. Ces fléaux nous conduiront bientôt à notre perte, mais peu d’entre nous en ont conscience. L’instinct de survie représente la seule valeur commune à notre espèce. Nous empruntons des chemins différents, et pourtant, nous sommes tous prédestinés à connaître l’enfer.

    (Je sens monter l’adrénaline par vagues successives, mon cerveau bouillonne d’émotions contradictoires tandis que je poursuis publiquement l’étalage de mes pensées. Tout est pesé, calibré, dans le moindre détail.)

    » Ce jeu lui-même n’est-il pas la preuve de ce que j’avance ? Avant d’être converti en plateau-télé, Waverly Hills fut un sanatorium où la souffrance était omniprésente. Des milliers de tuberculeux sont morts dans des conditions parfois douteuses. Sans doute certains ont-ils agonisé de longues heures dans cette même pièce. Vous trouvez ça moral ? Parce que personnellement, je serais à votre place, j’estimerais cela déplacé… Mais personne n’est à votre place ! Et la mienne est des moins confortables. Je suis un condamné à mort qui lutte pour survivre. Quel qu’en soit le prix. La rédemption nécessite des compromis et…

    — Votre temps imparti est écoulé, John. Veuillez quitter le parloir.

    La Voix interrompt mon exposé.

    Je maudis cette intonation métallique en me jurant de trancher les cordes vocales éraillées de son détenteur. Pour l’heure, je n’ai d’autre option que de me plier à ses exigences en la gratifiant de mon plus beau sourire.

    À peine ai-je abandonné ma place encore brûlante de souvenirs que le nom d’Aileen résonne gravement dans les haut-parleurs.