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Policiers/Thrillers - Page 20

  • [Livre] La nettoyeuse

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    Résumé : La mort, Judith la regarde en face. Son métier ? « Nettoyeuse » de scènes de crime ! Un choix qui s’est imposé à elle après un passé douloureux. Un jour, dans l’appartement d’une femme violemment assassinée, elle découvre un dossier à son nom, datant de son passage à l’orphelinat. Judith part en quête du mystère de ses origines, mais certains semblent prêts à tout pour l’empêcher de découvrir la vérité…

     

    Auteur : Elisabeth Herrmann

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : Avril 2013

     

    Prix moyen : 13€

     

    Mon avis : Je trouve Judith un peu agressive et qui se mêle quand même pas mal de ce qui ne la regarde pas.
    Au fil des pages, on se demande si la Stasi a vraiment disparue ou si une section de cette organisation existe encore.
    En tout cas, il semble que ce soit quelque chose de très élaboré qui ne se limite pas à une ou deux personnes.
    Quirin, l’ancien agent de la BND que Judith a interrogé, réduit la liste des suspects en disant à un ex collègue qu’ils étaient 6 sur une opération qui a mal tournée en 1984 et qui semble être à l’origine de tout. Parmi ces 6, il y aurait un traitre. Et donc probablement le meurtrier de cette femme, dont Judith a du nettoyer l’appartement.
    Parmi les suspects, il y en a deux que j’ai envie d’éliminer, même si je me méfie des apparences : Quirin, puisqu’il essaie de découvrir le traitre, et Kellerman, le responsable d’une section du BND, qui se repasse les images du meurtre de la femme pour essayer de découvrir qui se cache sous le masque que porte l’assassin. Mais évidemment, ce ne sont que les premières impressions et j’attends d’en savoir plus pour me prononcer. Après tout, tout semble tellement imbriqué, tout est tellement emmêlé qu’une personne peut être le meurtrier de la femme et un ou des autres, vouloir cacher ce qu’il s’est passé en 1984. Il y a-t-il une seule affaire, ou plusieurs ? Un meurtrier ou plusieurs ? Pour l’instant, je suis paumée… Mais je ne suis même pas à la moitié du livre !
    A la fin de ma lecture, j’ai trouvé l’histoire compliquée, surtout à cause du fait que chaque protagoniste ait plusieurs noms.
    On en sait plus trop qui est qui. Les traitres ne sont pas les même selon que celui qui les appelle ainsi est un ancien de la Stasi, un agent étranger ou un agent du BND.
    Quirin m’a un peu agacé, à parler de « l’intérêt du pays » alors que Judith est au prise avec un passé qui lui a éclaté au nez. D’autant plus qu’il a démissionné de son poste à la BND et qu’il n’a aucune légitimité pour ramener sa fraise.
    Un petit bémol, le prénom donné par Judith Kepler quand elle est enfant, au cours des premières pages, n’est pas le même que celui qu’on lui révèle plus tard dans le livre. Je ne crois pas que cela ait été fait exprès par l’auteur, mais plutôt qu’il s’agit d’une erreur qui n’a pas été décelé lors de la relecture.
    L’auteur nous entraîne allégrement dans les fausses pistes et il y en a au moins une à laquelle j’ai vraiment cru, même si après coup je me suis dis : « mais qu’elle cruche, c’était évident que la solution était là ». Oui c’est évident, une fois qu’on nous le dit !
    En résumé, c’était un bon polar, mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.

    Un extrait : Trenkner releva la tête d’un coup sec. En trois enjambées elle avait rejoint la porte ouverte du dortoir. Elle entra, jeta un œil, puis ressortit en fermant soigneusement la porte derrière elle. Martha prit une profonde inspiration.

    - Madame Trenkner, cette enfant…

    - Judith.

    Un sourire furtif glissa sur le long visage décharné de la sous-directrice.

    - Il est interdit de se promener la nuit dans le couloir. Tu sais ce qui arrive aux enfants qui le font ? Le père Fouettard vient les chercher.

    La fillette se serra encore plus contre Martha.

    - Excusez-moi, madame Trenkner, mais cette enfant n’est pas Judith.

    La sous-directrice et l’inconnu échangèrent un bref regard.

    - Suivez-nous dans le bureau.

    Trenkner posa des yeux sévères sur l’enfant.

    - Et toi, va te coucher. Et si je te reprends à traîner la nuit dans le couloir, on t’enfermera à la cave. Pour toujours.

     

  • [Livre] La fille du train

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    Résumé : Entre la banlieue où elle habite et Londres, Rachel prend le train deux fois par jour : Le 8 h 04 le matin, le 17 h 56 le soir. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe, lors d’un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par cœur, elle a même donné un nom à ses occupants qu’elle voit derrière la vitre. Pour elle, ils sont Jason et Jess. Un couple qu’elle imagine parfait. Heureux, comme Rachel et son mari a pu l’être par le passé, avant qu’il ne la trompe, avant qu’il ne la quitte. Rien d’exceptionnel, non, juste un couple qui s’aime. Jusqu’à ce matin où Rachel voit Jess dans son jardin avec un autre homme que Jason. Que se passe-t-il ? Jess tromperait-elle son mari ? Rachel, bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, décide d’en savoir plus sur Jess et Jason. Quelques jours plus tard, c’est avec stupeur qu’elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu…

     

    Auteur : Paula Hawkins

     

    Edition : Sonatine

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 7 mai 2015

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Dans la fille du train, on suit en parallèle deux femmes : Rachel, divorcée qui passe en train, deux fois par jour, devant la maison de Megan (que Rachel surnomme Jess), qui habite à quelques numéros de l’ancienne maison de Rachel.
    Un jour Rachel, qui s’est forgé du couple que forment Megan et son mari une image idyllique, surprend la jeune femme dans les bras d’un autre, ce qui la rend furieuse car elle assimile cette situation à celle qu’elle a vécu avec son ex-mari.
    Megan n’est pas du tout la femme parfaite que s’est imaginée Rachel, elle croule sous les problèmes psychologiques et son mari, Scott (que Rachel surnomme Jason) a une attitude assez ambigue : il semble surveiller sa femme, fouille son ordinateur et peut être plus que cela.
    L’histoire principale tourne autour de la disparition de Megan, que Rachel découvre un jour en lisant le journal, et de l’enquête pour savoir ce qui lui est arrivé, enquête qu’on ne suit pas en temps réel puisque l’on n’en sait que ce que Rachel en sait.
    A ce moment de ma lecture, je ne sais pas quel est le rôle de Rachel dans cette disparition ni même si elle en a un ; mais plus j’avance et plus la description de la façon de faire de Scott me pousse à m’interroger sur son éventuelle responsabilité. (Mais je ne suis qu’à 20% du livre).
    Le style est particulier car il est calé sur les passages de Rachel devant la maison de Megan et Scott. Ainsi, pour chaque jour, on a : matin et soir (parfois après-midi). Si le soir, Rachel ou Megan (ce qu’elle nous dit se passe un an plus tôt que ce que nous raconte Rachel), suivant le chapitre, nous raconte ce qu’elle a fait dans la journée, on découvre celle-ci, si elle ne nous donne que ses observations du moment présent, il peut se passer plusieurs « jours » avant qu’elle ne fasse allusion à des moments qui se sont passés entre les horaires de passages des trains.
    Vers la moitié du livre, un troisième personnage vient mettre son grain de sel dans le récit. Il s’agit d’Anna, anciennement la maitresse du mari de Rachel et maintenant sa nouvelle femme. Le sentiment qui domine en moi à chaque fois que je lis un chapitre du point de vue d’Anna, c’est la colère et l’envie de lui exploser la tête contre un mur. Non seulement, elle se tape un mec marié, arrive à évincer l’épouse et à se faire faire un enfant après avoir convolé avec l’infidèle, mais en plus elle se paie le luxe d’être outrée que l’épouse trompée et répudiée le prenne mal ?
    Si elle le pouvait, elle ferait interdire toute cette partie de la ville à Rachel alors que c’était quand même chez elle, son quartier et que, même si Rachel a sombré dans l’alcool, et bien ce n’est pas une raison. Je ne comprends même pas comment Anna peut encore se regarder dans une glace !
    Je ne peux vraiment pas la supporter même si je ne pense pas qu’elle ait une responsabilité dans la disparition de Megan.
    Pour en revenir à Rachel qui est quand même le personnage principal, je trouve qu’elle joue un jeu dangereux. Elle n’enquête pas vraiment, mais elle reste en contact avec les personnes impliquées dans l’affaire, alors qu’elle ne les connait pas sans prendre en compte qu’elle pourrait courir un danger. Un peu comme si sa propre vie n’avait aucune importance (ce qui est probablement souvent ce qu’elle doit ressentir étant donné son état émotionnel). Cela dit, je pense qu’elle a du voir quelque chose, le problème étant qu’elle ne s’en souvient pas.
    En ce qui concerne les hommes : Tom, le mari d’Anna et ex-mari de Rachel et Scott, le mari de Megan, je suis partagée.
    Comme je l’ai dis, l’attitude de Scott est celle d’un jaloux compulsif et il pourrait donc être responsable de la disparition de sa femme, mais ça paraîtrait tellement évident que ça me met le doute !
    Quant à Tom, je ne sais pas comment le définir : il parle tout le temps de problème d’argent pour ne pas accéder aux plus cher désirs de ses femmes tout en ne se refusant rien et j’ai eu l’impression que les amnésies de Rachel quand elle a bu l’arrangeaient bien quand ils étaient mariés car il pouvait lui donner sa version de ce qu’il s’était passé sans qu’elle ne le remette jamais en cause. Bref, je ne sens pas ce mec (mais sans plus).
    Mention spéciale à l’inspectrice Riley qui fait preuve d’une incompétence assez fabuleuse, plus occupée à faire ressentir ses préjugés et à se montrer odieuse qu’à enquêter.
    Lorsqu’on nous dévoile enfin la solution, j’avais compris mais seulement quelques pages plus tôt, car les révélations sont progressives et le doute subsiste jusqu’au bout entre les différents suspects.


    Un extrait : J’ai fini la deuxième canette et entamé la troisième. L’euphorie qui m’a étreinte quand l’alcool a pénétré dans mon sang n’a duré que quelques minutes, puis j’ai été prise de nausée. J’allais trop vite, même pour moi, il fallait que je ralentisse ; si je ne ralentissais pas, il allait m’arriver des bricoles. Je risquais de faire quelque chose que je regretterais. De la rappeler. De lui dire que je me foutais d’elle et de sa famille et que je m'en contrefoutais si sa gamine n’avait pas une seule bonne nuit de sommeil de toute sa vie. De lui dire que la phrase qu’il lui avait écrite (« Ne compte plus me trouver sain d’esprit »), moi aussi j’y avais eu droit, quand on avait commencé à se fréquenter, il me l’avait écrite dans une lettre où il me déclarait sa flamme éternelle. Et ce n’était même pas de lui : il l’avait volée à Henry Miller. Tout ce qu’elle a, c’est du réchauffé. Je voudrais savoir ce que ça lui fait. J’avais envie de la rappeler pour lui demander : « Qu’est-ce que ça te fait, Anna, de vivre dans ma maison, entourée des meubles que j’ai choisis, de dormir dans le lit que j’ai partagé avant avec lui, de nourrir ton enfant sur la table même où il m’a fait l’amour ? »

    Je n’en reviens toujours pas qu’ils aient choisi de rester là, dans cette maison, MA maison. Je n’ai pas réussi à y croire, quand il me l’a annoncé. J’adorais cette maison. C’était moi qui avais insisté pour l’acheter, malgré son emplacement. Ça me plaisait d’être près de la voie ferrée, de voir passer les trains. J’aimais bien leur bruit, ce n’était pas le cri perçant d’un grande vitesse, mais le brinquebalement désuet d’un train de marchandises. Tom m’avait prévenue : « Ça ne restera pas comme ça pour toujours, ils finiront par moderniser la ligne et tu n’auras plus que les hurlements des trains express », mais j’ai toujours refusé de croire que ça arriverait un jour. Je serais restée là, je lui aurais repris sa part si j’avais eu l’argent. Mais je n’avais pas assez, et on n’a pas réussi à trouver un acheteur à un prix correct au moment du divorce, alors, à la place, il m’a dit que lui rachèterait ma part et qu’il resterait là jusqu’à ce qu’il en obtienne un bon prix. Mais il n’a jamais trouvé d’acheteur, il l’a installée là, et elle est tombée amoureuse de la maison elle aussi, comme moi, alors ils ont décidé d’y rester. Elle doit avoir sacrément confiance en elle – en eux – pour que ça ne la dérange pas d’aller et venir dans les pas d’une autre. De toute évidence, elle ne me considère pas comme une menace. Ça me fait penser à Ted Hughes, l’homme qui a été marié à la poétesse Sylvia Plath. Après le suicide de son ex-femme, il a installé sa maîtresse Assia Wevill dans la maison qu’il avait partagée avec Plath ; elle portait les vêtements de Sylvia, elle se brossait les cheveux avec sa brosse. Ce matin, j’ai eu envie de téléphoner à Anna pour lui rappeler qu’Assia aussi a fini la tête dans le four, comme Sylvia.

     

  • [Livre] Robe de marié

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    Résumé : Nul n’est à l’abri de la folie. Sophie, une jeune femme qui mène une existence paisible, commence à sombrer lentement dans la démence : mille petits signes inquiétants s’accumulent puis tout s’accélère. Est-elle responsable de la mort de sa belle-mère, de celle de son mari infirme ? Peu à peu, elle se retrouve impliquée dans plusieurs meurtres dont, curieusement, elle n’a aucun souvenir. Alors, désespérée mais lucide, elle organise sa fuite, elle va changer de nom, de vie, se marier, mais son douloureux passé la rattrape…

     

    Auteur : Pierre Lemaître

     

    Edition : Livre de poche

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2010

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Je n’en suis qu’aux premières pages de ma lecture (moins de 25, c’est dire) et j’ai déjà un doute. L’histoire laisse entendre que plusieurs meurtres ont eu lieu autour de Sophie, même si on n’a pas de détails. Sophie se considère comme folle car elle a des absences assez importantes pendant lesquelles elle est incapable de reconstituer ses actes.
    Alors mon doute est le suivant : je trouve ces absences bien pratiques. Donc soit Sophie sait parfaitement ce qu’elle fait et se sert de l’excuse des absences pour échapper à toute condamnation qu’elle soit pénale ou morale. Mais alors, on peut se demander, si elle présente un caractère dangereux, pourquoi son psychiatre lui a proposé une hospitalisation sans la lui imposer ? Sans doute n’a-t-il donc pas jugé qu’elle représentait un danger pour la société.

    Soit elle est complètement schizophrène et son psychiatre est vraiment bidon.
    Soit quelqu’un d’autre se sert de ces absences et commet des actes répréhensibles pouvant aller jusqu’au meurtre en faisant en sorte que Sophie se croit coupable et dans sa panique cherche à fuir plutôt qu’à aller voir les autorités. Cependant, ce dernier cas supposerait qu’il s’agisse d’une personne proche, suffisamment proche pour connaître non seulement l’étendue des problèmes de Sophie mais aussi pour pouvoir anticiper ses réactions.
    Et à ce stade de ma lecture, je ne vois personne qui semble être proche d’elle.
    A presque la moitié de ma lecture, une de mes trois théories semble se détacher des autres, mais rien n’est encore sûr. Pour l’instant c’est une simple intuition et je n’ai pas de preuves concrètes. Les événements relatés depuis quelques pages pourraient aussi bien être une coïncidence ou la raison de la folie de Sophie s’il s’avère que c’est cette explication là qui est la bonne… ce livre me rend dingue !

    Et pour cause, c’est en fait une énorme toile d’araignée, patiemment tissée (et non, vous ne saurez pas par qui). Un thriller psychologique qui nous fait parfois douter de notre propre santé mentale tant toute théorie semble à la fois crédible et absurde.
    Quant au titre, non il n’y a pas de faute, mais on n’en comprendra la signification qu’à la toute fin du roman.

    Un extrait : Ils ne se sont plus parlé de toute la soirée. Chacun avait ses raisons. Elle s’est vaguement demandé si cette gifle n’allait pas lui causer des problèmes avec Mme Gervais, tout en sachant que cela lui était égal. Maintenant elle devait partir, tout se passait comme si elle était déjà partie.

    Comme un fait exprès, ce soir-là, Christine Gervais est rentrée tard. Sophie dormait sur le canapé tandis que sur l’écran un match de basket se poursuivait dans un déluge de cris et d’ovations. Le silence l’a réveillée lorsque Mme Gervais a éteint le poste.

    – Il est tard…, s’est-elle excusée.

    Elle a regardé la silhouette en manteau plantée devant elle. Elle a grogné un « non » cotonneux.

    – Vous voulez dormir ici ?

    Lorsqu’elle rentre tard, Mme Gervais lui propose toujours de rester, elle refuse et Mme Gervais paie le taxi.

    En un instant, Sophie a revu le film de cette fin de journée, la soirée silencieuse, les regards fuyants, Léo, grave, qui a écouté patiemment l’histoire du soir en pensant visiblement à autre chose. Et recevant d’elle le dernier baiser avec une peine si visible qu’elle s’est surprise à dire :

    – C’est rien, poussin, c’est rien. Je m’excuse…

    Léo a fait « oui » de la tête. Il a semblé à cet instant que la vie adulte venait de faire brutalement irruption dans son univers et qu’il en était, lui aussi, épuisé. Il s’est endormi aussitôt.

    Cette fois, Sophie a accepté de rester dormir, tant son abattement était grand.

    Elle serre entre ses mains le bol de thé maintenant froid sans s’émouvoir de ses larmes qui tombent lourdement sur le parquet. Pendant un court instant, une image est là, le corps d’un chat cloué contre une porte en bois. Un chat noir et blanc. Et d’autres images encore. Que des morts. Il y a beaucoup de morts dans son histoire.

    Il est temps. Un regard à la pendule murale de la cuisine : 9 h 20. Sans s’en rendre compte, elle a allumé une autre cigarette. Elle l’écrase nerveusement.

    – Léo !

    Sa propre voix la fait sursauter. Elle y entend de l’angoisse sans savoir d’où elle vient.

    – Léo ?

    Elle se précipite dans la chambre de l’enfant. Sur le lit, les couvertures sont bombées, dessinant une forme de montagne russe. Elle respire, soulagée et sourit même vaguement. L’évanouissement de sa peur l’entraîne malgré elle vers une sorte de tendresse reconnaissante.

    Elle s’avance près du lit en disant :

    – Allons bon, où est-il ce petit garçon… ?

    Elle se retourne.

    – Peut-être ici…

    Elle fait claquer légèrement la porte de l’armoire en pin tout en surveillant le lit du coin de l’œil.

    – Non, pas dans l’armoire. Dans les tiroirs peut-être…

    Elle repousse un tiroir, une fois, deux fois, trois fois en disant :

    – Pas dans celui-ci… Pas dans celui-là… Eh bien non… Où peut-il bien être… ?

    Elle s’approche de la porte et, d’une voix plus forte :

    – Bon, eh bien, puisqu’il n’est pas là, je m’en vais…

    Elle referme bruyamment la porte mais reste dans la chambre, fixant le lit et la forme des draps. Elle guette un mouvement. Et un malaise la saisit, un creux dans l’estomac. Cette forme est impossible. Elle reste là figée, les larmes montent à nouveau mais ce ne sont plus les mêmes, ce sont celles d’autrefois, celles qui irisent le corps d’un homme en sang effondré sur son volant, celles qui accompagnent ses mains à plat sur le dos de la vieille femme lorsque celle-ci est propulsée dans l’escalier.

    Elle s’avance vers le lit d’un pas mécanique et arrache les draps d’un seul geste.

    Léo est bien là, mais il ne dort pas. Il est nu, recroquevillé, les poignets attachés aux chevilles, la tête penchée entre les genoux. De profil, son visage est d’une couleur effrayante. Son pyjama a servi à l’attacher solidement. À son cou, un lacet serré si fort qu’il a dessiné une profonde rainure dans la chair.

     

  • [Livre] Noël sanglant

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    Résumé
     : 9 décembre 2007 - Reidar Dahl reçoit l'ovation du public pour son interprétation de Joseph dans L'Évangile de Noël. Ce succès sera de courte durée car le lendemain, Reidar s'est volatilisé. Nul ne peut expliquer cette disparition. Lorsque l'inspecteur Lykke découvre les organes du comédien dans le congélateur de ce dernier, il devient évident pour lui qu'il ne s'agit pas d'une affaire banale... Une religieuse disparaît également quelques jours plus tard. Là encore, on ne retrouve plus que ses organes. Puis, c'est au tour d'un âne... Commence alors une véritable course contre la montre pour l'inspecteur, qui sait qu'il doit arrêter le responsable avant qu'il n'accomplisse son terrible dessein...

     

    Auteur : Kjetil Try

     

    Edition : Gallimard

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : Octobre 2012

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Dès la lecture du résumé je me suis dis : un acteur qui joue Joseph, une religieuse, un âne (pauvre bête)… manque plus qu’un bœuf et un bébé pour compléter la crèche.
    Mais comme l’enquêteur, lui, n’a pas le résumé, il pédale dans la semoule.
    Heureusement (enfin pour lui, pas pour les victimes), les meurtres ont assez de similitudes pour qu’il comprenne assez vite qu’il a affaire à un seul meurtrier.
    Mais les questions Qui ? Quoi ? Comment, (euh, non, ça, c’est bon, on sait), Pourquoi ? et surtout va-t-il continuer ? restent en suspend.
    Pour ma part, c’est surtout le pourquoi qui me turlupine (et le qui, évidemment, mais au stade où j’en suis de ma lecture, je n’ai absolument aucune hypothèse).
    Mais le pourquoi…
    Parce que bon, reconstituer une crèche à travers des meurtres, c’est pas très sain, certes, mais on peut se dire : fanatisme religieux : « Je vais faire renaître le Christ »… Admettons (façon de parler).
    Mais ce que je ne comprends pas, c’est le coup des organes que l’on retrouve sagement entreposés tandis que le corps a disparu (et je ne spoile pas, c’est dit dans le résumé !).
    Alors pour l’instant, à environ 40% de ma lecture, je penche pour un ancien prêtre égyptien réveillé lors de fouilles archéologiques devenu un fanatique catholique intégriste à moitié fou…
    Parce qu’à part ça, là, je sèche.
    Il faut quand même attendre près de 250 pages pour arriver au « meurtre » de l’âne. De ce fait, dès lors qu’on a lu le quatrième de couverture, on suit l’enquête avec un avantage sur les policiers : on sait que le tueur va frapper de nouveau et à quel type de victime il va s’en prendre.
    Ce qui ne nous avance pas sur son identité pour autant (quoi que je commence à avoir un doute sur un personnage, mais on l’a encore trop peu suivi pour que je puisse avoir des certitudes).

    Coté personnages, j’aime bien l’équipe d’enquêteur excepté Ted que je ne sens pas du tout. Au début, il m’énervait et je le voyais comme un type entré dans la police pour jouer au FBI sans tenir compte du fait qu’il vit en Norvège et pas aux USA. Mais à la moitié du roman, je commence à le trouver malsain, il me met carrément mal à l’aise surtout dans sa façon d’agir avec Parisa, une de ses collègues.
    Il a l’air d’être le genre de type à penser que si une femme se fait violer, c’est qu’elle l’avait bien cherché.
    C’est très frustrant de voir la police passer à coté de ce que le lecteur sait déjà. On les voit considérer les victimes comme Reidar Dahl, Ingrid Kulvik et un animal, alors que nous on sait qu’il faut les considérer comme l’interprète de Joseph au théâtre, une religieuse et un âne. En gros le lecteur considère la fonction des victimes et la police leur identité… et là on se dit : On est pas sorti du sable !

    Sur l’ensemble général du roman, on est sur une grande course contre la montre.

    Et autant être claire, mon embryon de théorie s’est révélé complètement faux, j’étais totalement à coté de la plaque (comme souvent, j’admets).
    La fin tient vraiment en haleine, jusqu’à la dernière minute on ne sait pas comment les choses vont se terminer.

    Un extrait : Dans un quart d’heure, il recevrait un journaliste d’un quotidien chrétien dont il avait oublié le nom. Ca ne lui ressemblait pas d’inviter des journalistes chez lui, mais le type avait appelé plusieurs fois en laissant entendre qu’il en savait si long sur la vie et la carrière de Reidar Dahl que ce dernier avait fini par accepter.
    Il posa Samuel Beckett sur la table basse, tira une pile de vieux manuscrits d’un tiroir de la cuisine et les disposa dans un savant désordre sur le canapé. Après un instant d’hésitation, il se resservit un whisky, le but d’un trait et repoussa son verre derrière des photos de famille encadrées avec soin.
    On ne sait jamais, avec les journalistes chrétiens, songea-t-il, et il se sentit tout à coup bien pus frais et dispos.
    Pile à l’heure convenue, l’interphone résonna. Reidar Dahl prit tout son temps pour répondre. Il appréciait pleinement le statut de vedette que la nouvelle interprétation de l’Evangile de Noël lui avait apportée de façon aussi soudaine qu’inattendue. Au bout de presque quarante années d’un labeur acharné, c’était enfin son tour.

    La première chose qui le frappa chez cet homme silencieux, ce fut l’intensité de son regard. Comme si ce gars-là ne clignait jamais des yeux. Reidar Dahl le précéda dans le salon et regretta quelques secondes de s’être laissé persuader. Il aurait dû s’en douter. Les gens qui travaillent tard le soir pour des journaux chrétiens dont personne n’a entendu parler ne peuvent pas être très nets.

    - Comment s’appelle votre journal, déjà ? demanda-t-il lorsqu’ils eurent pris place dans les fauteuils près de la table basse.

    - La voix de la lumière, répondit l’inconnu. C’est un mensuel.

     

  • [Livre] Famille parfaite

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    Résumé : Justin et Libby Denbe semblaient sortir tout droit des pages des magazines glamours : mariage modèle, ravissante fille de quinze ans, demeure somptueuse dans la banlieue chic de Boston… une vie de rêve.
    Jusqu’au jour où ils disparaissent tous les trois sans laisser de traces. Pas d’effraction, pas de témoin, pas de demande de rançon ni de motifs. Juste une famille parfaite soudainement envolée. Pourtant, pour la détective Tessa Leoni, l’enlèvement ne fait aucun doute. Que pouvait bien cacher une existence en apparence aussi lisse ?

     

    Auteur : Lisa Gardner

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 30 septembre 2015

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : Dès le début, nous savons ce qui arrive à la famille Denbe. L’histoire est ainsi racontée de deux points de vue : une narration à la troisième personne qui nous fait suivre l’enquête, et une à la première personne à travers les yeux de Libby Denbe.
    A un peu moins de la moitié du roman, j’ai commencé à échafauder une théorie. Une trentaine de pages plus loin, je ne savais plus où j’en étais : indices contradictoires, attitude des personnages changeante, enquête révélant sans cesse de nouvelles pistes…
    J’ai fini par penser à une autre théorie (mais pas très longtemps avant qu’on ne nous révèle la vérité).
    Le problème est que si cette seconde théorie tenait parfaitement la route, les éléments qui m’y avaient menée n’excluaient pas totalement la première théorie.
    Malgré les caractères bien trempés de la plupart des enquêteurs, que ce soit la détective privée, Tessa Leoni, l’agent du FBI, Nicole Adams ou encore le shérif Wyatt Foster, il y a une réelle coopération entre les services, ce qui change agréablement de ce qu’on nous présente d’ordinaire.
    L’alternance entre les deux points de vue a pour résultat d’accélérer le rythme de lecture : en suivant la famille, nous apprenons des choses que les enquêteurs ne savent pas encore et on est pressé de lire la suite pour voir s’ils vont comprendre ou pas. L’inverse est aussi vrai, quand les enquêteurs font des découvertes, on se demande si la famille est au courant ou pas, et on a hâte de le découvrir.
    C’est du coup un livre très dur à lâcher (j’écris d’ailleurs cette chronique à près d’1h du matin de peur d’oublier ce que j’ai à dire sur cette lecture).
    La fin est surprenante, pas tant dans la découverte de l’identité du coupable car on se doute bien que l’une des deux théories les plus logiques est la bonne, que dans la manière dont toute l’histoire va finir.

    J’ai été un peu déçue, au premier abord, qu’on nous parle d’une affaire concernant la détective Tessa Leoni par bribes, sans jamais nous donner le fin mot de l’histoire, mais, connaissant l’attachement que certains auteurs éprouvent pour leurs personnages, j’ai fais quelques recherches et me suis rendue compte qu’un autre livre de l’auteur, « Preuve d’amour », antérieur à celui-ci, avait pour sujet cette fameuse affaire. Je le note et le lirais sans doute très vite.

    Un extrait : Justin s’arrête devant la porte d’entrée. Alors qu’il allait composer le code, il interrompt son geste et, l’air contrarié, me lance un bref coup d’œil.

    « Elle a désactivé le système, murmure-t-il. Et encore une fois laissé la porte ouverte. »

    Je regarde le clavier et je comprends ce qu’il veut dire. C’est Justin lui-même qui a installé ce système de protection, grâce auquel la serrure est contrôlée de manière électronique et non mécanique. Composez le bon code et la porte se déverrouille. En l’absence de code, défense d’entrer.
    Cela paraissait offrir une solution élégante à une adolescente qui oubliait tout le temps ses clés, mais, pour que le système fonctionne, encore fallait-il l’activer, et manifestement c’était encore un défi pour Ashlyn.
    Justin tourne la poignée et, de fait, la porte s’ouvre en silence sur le hall plongé dans le noir.

    À mon tour de tiquer : « Elle aurait au moins pu laisser une lumière. »

    Le cliquetis de mes escarpins résonne dans le hall d’entrée lorsque je le traverse pour aller allumer le lustre. Je ne marche plus aussi droit, maintenant que j’ai lâché le bras de Justin. Je me demande s’il l’a remarqué. Je me demande s’il s’en soucie.
    Arrivée au panneau, j’actionne le premier interrupteur. Rien. J’insiste, je le lève et le baisse à plusieurs reprises. Rien.

    « Justin… », dis-je, perplexe.

    Alors, je l’entends répondre : « Libby… »

    Puis un drôle de bruit sec, comme la détonation d’une arme de petit calibre. Un sifflement. Et le corps de Justin se cambre d’un seul coup. Bouche bée, je le vois se dresser pratiquement sur la pointe des pieds, le dos arqué, tandis qu’un cri de douleur guttural s’échappe entre ses dents serrées.

    Je sens une odeur de chair brûlée.

    Et c’est là que je le vois.

     

  • [Livre] Pulsion meurtrière

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    Résumé : Eté 1983. Une femme est retrouvée pendue dans une maison inoccupée de Thistledown, dans le Missouri, après s'être livrée à des jeux sulfureux avec son amant. Des jeux que trois adolescentes trop curieuses avaient pris l'habitude d'épier. Persuadées que le compagnon de la victime a cédé à des instincts pervers et meurtriers, elles le dénoncent à la police. Mais il est trop tard, et l'homme disparaît du jour au lendemain sans laisser de traces.
    Quinze ans après ce drame, il resurgit brutalement dans la vie des trois amies. Courriers menaçants, coups de fil anonymes : Andie, Julie et Raven replongent dans l'horreur d'un passé qu'elles avaient cru pouvoir oublier. Et cette fois, il ne fait aucun doute que la folie de l'assassin ne connaît plus de limites.

     

    Auteur : Erica Spindler

     

    Edition : Harlequin best seller

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2005

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Le livre se déroule sur deux époques : 1983, où le trio que forment Raven, Andie et Julie a 15 ans, et 1998, où elles sont de nouveau confrontées à l’homme qu’elles avaient espionné à l’époque, mais sans jamais voir son visage.
    Chacune d’entre elles vit des situations difficiles dans sa famille. Andie voit la séparation de ses parents, Julie est aux prises avec un père pasteur fanatique. Quant à Raven, on sait que sa mère est partie et qu’elle déteste son père mais ce n’est que tardivement que l’on apprend quel est le problème.
    Lorsque le drame arrive, en 1983, les conséquences pour les filles sont terribles pour elles car elles sont séparées : Julie est envoyée au loin par son père, Raven part vivre dans la nord du pays… Seule Andie reste dans la petite ville.
    15 ans plus tard, Andie est devenue psychothérapeute, Raven décoratrice d’intérieur et Julie, un peu paumée, passe d’un mari à l’autre, au grand désespoir de ses amies.
    Andie est de loin la plus équilibrée des trois filles. Elle n’a pas de relation, ayant peur de souffrir comme sa mère, mais n’a pas de colère ou de haine envers la gent masculine. Elle se montre prudente, rien de plus. Quand une de ses patientes est accusée de meurtre, son nom est cité dans la presse et les journalistes font le rapprochement avec l’affaire survenue 15 ans plus tôt. C’est peut être pour ça qu’Andie ne prend pas tout de suite au sérieux les coups de fil, les envois de coupures de journaux…

    Julie, elle, alterne entre la dépendance affective et l’agacement de voir Raven et Andie s’immiscer dans sa vie, vouloir l’empêcher de vivre comme elle l’entend. Il est vrai qu’elles sont un peu agaçantes, mais Julie a surtout une opinion d’elle-même désastreuse.
    Raven est sans doute la plus perturbée des trois. Si, en apparence, elle est forte et froide, si elle joue avec les hommes sans aucun scrupule, elle semble souffrir d’une peur panique de l’abandon.
    La fin était un peu prévisible, tout au long du roman, les indices sont assez présents sur ce qui s’est exactement passé 15 ans plus tôt et sur ce qui se passe en 1998.
    Andie me semble assez souvent à coté de la plaque. Pour une psychothérapeute, elle a du mal à cerner les gens.
    Même si on découvre assez vite les tenants et les aboutissants de l’affaire (bien qu’on en n’ait la confirmation que dans les derniers chapitres), l’histoire tient en haleine, l’angoisse monte, jusqu’au dénouement.

    Un extrait : Andie s’approcha de la porte, tendant l’oreille pour surprendre des bruits de voix… En vain. Toujours rien. Alors, elle finit par entrer, fermant machinalement la porte derrière elle, et se retrouva dans la cuisine. A côté, il y avait la pièce dans laquelle trônait la chaise solitaire, et au-delà, le vestibule et la salle à manger. Un couloir menait vers d’autres portes. Les chambres, sans doute.

    Un frisson de peur parcourut Andie, qui enroula ses bras autour d’elle. La maison était manifestement vide, et pourtant on la sentait occupée. Comme elle regardait autour d’elle, elle remarqua un sac en papier de chez McDonald’s, sur le comptoir, et des gobelets vides, dans l’évier. L’air conditionné faisait entendre son ronronnement.

    — Rave ? appela-t-elle doucement. Julie ?

    — Par ici, répondit la première. Viens voir ce qu’on a trouvé.

    Andie longea le couloir et rejoignit ses amies dans une des chambres à coucher. C’était une pièce très haute de plafond, avec des poutres apparentes. Il n’y avait pas de lit, juste deux gros oreillers jetés sur le sol, et un tabouret de bar de bois.

    Enfin, un magnétophone était posé par terre. Andie s’en approcha et poussa le bouton pour ouvrir le boîtier qui aurait dû contenir une cassette, mais il était vide.

    — On est fixées, maintenant, déclara Julie. C’est bien d’ici que venait la musique. Quelqu’un utilise cette maison.

    — Mais pour quoi faire ? s’exclama Andie. C’est bizarre, non ? Je n’aime pas du tout ça.

    — Moi non plus. Allons-nous-en.

    Elles retournèrent dans la cuisine. En passant, Andie jeta un coup d’œil dans la salle de bains. Elle ne vit ni accessoires de toilette, ni serviettes ; en revanche, elle remarqua un rideau de douche, ainsi qu’un gobelet posé sur le lavabo.

    — On dirait que quelqu’un habite ici, sans vraiment y vivre, commenta Julie d’une voix sourde. Comme une espèce de fantôme.

    — Un fantôme qui mange des hamburgers ? s’exclama Raven en montrant l’emballage de chez McDonald’s. Tu veux rire ? Celui ou celle qui se sert de cette maison est un être humain, en chair et en os.

    — Je ne trouve pas ça beaucoup plus rassurant, marmonna Andie.

    Elle s’approcha du réfrigérateur et ouvrit la porte. Il était branché, et à l’intérieur elle découvrit une bouteille de vin blanc, un pack de six boîtes de bière, du fromage et quelques grappes de raisin.

    Raven se pencha par-dessus son épaule et sourit.

    — Tu veux une bière ?

    — Certainement pas ! Tu veux qu’on sache qu’on est entrées ?

    — Quelle importance ? On ne saura pas que c’était nous…

    Soudain, elle fronça les sourcils.

    — C’est quoi ce bruit ? On dirait…

    Elles se figèrent, comme si elles avaient compris en même temps. La porte automatique du garage !

    — Oh, merde !

    Une portière de voiture s’ouvrit, puis se referma.

    — Qu’est-ce qu’on fait ? demanda Andie.

    — On se planque, lui répondit Raven dans un souffle. Tout de suite !

    Andie regarda avec affolement autour d’elle. Puis, attrapant la main de Julie, elle s’élança vers le cagibi qui servait de garde-manger. Elle y poussa son amie et entra à son tour, sans avoir le temps de fermer complètement la porte…

    Un homme venait d’entrer dans la cuisine.

     

  • [Livre] Jusqu'à la folie

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    Résumé : Dans une rue sombre de Manhattan, très tard dans la nuit, une jeune femme est agressée par un homme armé d’un couteau. Jonah, un étudiant en médecine surmené, vole à son secours et tue accidentellement l’agresseur. Pendant que les médias font de lui un héros, le procureur s’interroge sur son geste héroïque. La victime, quant à elle, veut retrouver son sauveur et tient à lui montrer sa reconnaissance. Les événements s’enchaînent, et Jonah est entraîné dans une spirale terrifiante. S’il est vrai qu’aucune mauvaise action ne demeure impunie, le châtiment de Jonah ne fait que commencer…

     

    Auteur : Jesse Kellerman

     

    Edition : Editions des deux terres

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 05 octobre 2011

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : Un bon thriller, qui, s’il traite clairement de la folie, parle également du problème de l’apparence.
    Quelle conclusion tire-t-on quand on se trouve en présence d’un problème entre un homme grand et costaud et une femme petite jolie, gracile ?
    C’est ce à quoi est confronté Jonah. Ses parents, ses amis, son avocat, la police… personne ne le prend au sérieux quand il se plaint des attentions un peu trop pressantes d’Eve.
    Dès le début, la manière qu’elle a de toujours l’appeler par son nom complet, m’a mise mal à l’aise.
    On sent bien que quelque chose ne tourne pas rond chez cette fille mais sans pouvoir exactement définir quoi.
    Si j’ai un reproche à faire à ce livre, c’est que le décor est trop long à s’installer.
    Passée l’agression citée dans le résumé, on se retrouve face à un long, très long moment de, disons « préparation à la dégringolade ». Ce qui était certes nécessaire, mais aurait pu être plus court (Il faut compter 145 pages pour enfin entrer dans le vif de l’histoire, ce qui, pour un roman de 375 pages, était un peu trop).
    J’ai d’ailleurs eu du mal à dépasser ce passage mais je ne l’ai pas regretté (Il m’a fallu une semaine pour lire ces 145 pages, et seulement 2 heures pour dévorer les 230 pages restantes).

    La fin est surprenante, je ne m’attendais vraiment pas à un tel enchaînement ni à une telle conclusion.
    En résumé, malgré un démarrage un peu lent, Jesse Kellerman a parfaitement su faire monter l’angoisse crescendo jusqu’à l’explosion finale.

    Un extrait : Tandis qu’ils approchaient de son immeuble, il lui exprima de nouveau ses regrets, cette fois parce qu’il était obligé d’écourter la soirée.

    - Je dois être au boulot dans cinq heures.

    - Arrêtez de vous excuser, Jonah Stem, ça ne convient pas à un super-héros.

    Ils arrivèrent en bas de chez lui. Il se tourna vers elle.

    - J’étais ravi de passer ce moment avec vous, Eve.

    Elle opina du chef en disant oui. Elle se pencha vers lui et il fit ce qui lui semblait naturel : il lui donna une accolade. La sensation des bras d’Eve autour de son cou lui parut étrangement familière. Elle faisait à peu près la taille d’Hannah, le haut de son crâne frottant contre le bas de sa mâchoire, désormais rugueuse d’une barbe naissante, si bien que, lorsqu’elle recula, ses cheveux restèrent collé à lui comme du velcro. Il rit et fit un mouvement pour les écarter, mais elle leva le visage et attrapa le sien pour l’attirer vers elle, et sa bouche s’avéra très douce.
    Puis elle s’éloigna en lui adressant un bref signe de la main. Il la regarda disparaître dans la brume tiède avant de pénétrer dans le hall de son immeuble et de monter les étages en titubant un peu et en se demandant pourquoi il n’avait pas eu la présence d’esprit de prendre son numéro.

     

  • [Livre] Le doute

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    Résumé : Un an après le décès accidentel de Lydia, l'une de leurs filles jumelles, Angus et Sarah Moorcroft quittent Londres pour oublier le drame. Ils s'installent sur une petite île écossaise, qu'ils ont héritée de la grand-mère d'Angus, au large de Skye.
    Mais l'emménagement ne se passe pas aussi bien que prévu. Le comportement de Kirstie, leur fille survivante, devient étrange : elle se met à affirmer qu'elle est en réalité Lydia. Alors qu'un brouillard glacial enveloppe l'île, l'angoisse va grandissant... Que s'est-il vraiment passé en ce jour fatidique où l'une des deux soeurs a trouvé la mort ?

     

    Auteur : S.K. Tremayne

     

    Edition : Presse de la cité

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 03 septembre 2015

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Au fil de ma lecture, en essayant de démêler les incertitudes, les non-dits et les mensonges qui planent entre les personnages, j’avais élaboré deux théories possibles.
    Et bien, j’avais tout faux ! Ou presque !

    J’avais bien compris trois éléments (mais en même temps, tout le monde les comprendra facilement assez vite, ne rêvons pas, je ne suis pas Sherlock Holmes) à savoir que Sarah, la maman, est totalement dans le déni par rapport à sa propre attitude mais ne laisse rien passer aux autres, qu’Angus, le papa, cache quelque chose et que la petite Kirstie/Lydia (oui quand même pendant tout le livre on ne sait pas vraiment à qui on a affaire) se sent coupable.
    En revanche, j’étais totalement à coté de la plaque concernant le pourquoi de ces sentiments et attitudes.
    Mes belles théories se sont lamentablement effondrées !
    De même, bien qu’ayant fini le roman, je n’arrive toujours pas à déterminer s’il y a eu manifestation surnaturelle ou délire psychologique de la part de l’un des protagonistes (et non, je ne vous dirai pas lequel, ce serait trop facile). Je pense que cette question est volontairement laissée en suspend. Chacun interprétera en fonction de ses convictions.
    Une grande partie du livre, surtout la fin, se déroule à huis-clos, sur une île isolée, accessible uniquement par bateau ou à pied à marée basse mais sur un trajet dangereux.
    L’angoisse monte donc doucement au fil de la lecture et j’ai même fini par avoir vraiment la trouille (ayant fini de lire vers 22h, il a fallu que je lise quelques pages d’un livre plus léger pour pouvoir espérer dormir).
    En bref, un excellent thriller psychologique que je recommande vivement.

    Un extrait : Je longe le couloir, monte l’escalier et m’arrête devant la porte marquée : « Kirstie habite ici » et « Toquez avant d’entrer », des inscriptions faites de lettres découpées maladroitement aux ciseaux dans du papier coloré brillant. Docilement, je frappe.

    J’entends un léger « Hmm » – la version personnelle de Kirstie pour « Entrez ».

    Je pousse la porte. Ma petite fille de sept ans est assise en tailleur par terre dans son uniforme scolaire – pantalon noir, polo blanc –, le nez dans un livre : l’image même de l’innocence, mais aussi de la solitude. L’amour et la tristesse me submergent, palpitent en moi. Je voudrais tellement lui offrir une vie meilleure, lui rendre ce qu’elle a perdu, la faire redevenir elle-même…

    — Kirstie…

    Pas de réaction. Elle continue de lire. Ça lui arrive parfois ; pour elle, c’est une sorte de jeu : « Hmm-pas-parler ». C’est devenu plus fréquent au cours de l’année écoulée.

    — Kirstie. Minouche. Kirstie-koo ?

    Pour le coup, elle lève la tête, me révélant ses grands yeux bleus qu’elle a hérités de moi – mais en plus bleu : bleu Hébrides. Ses cheveux sont d’un blond presque blanc.

    — Maman.

    — J’ai une nouvelle à t’annoncer, Kirstie. Une bonne nouvelle.
    Merveilleuse, même.

     

    Assise par terre à côté d’elle, entourée de ses jouets – ses pingouins, Leopardy le léopard en peluche, et la Poupée manchote –, je lui raconte tout. Les paroles se bousculent dans ma bouche pour lui expliquer que nous allons partir nous installer dans un endroit spécial, un endroit inconnu où nous pourrons commencer une nouvelle vie – magnifique, baigné d’air frais et de lumière : une île rien que pour nous.

    Pendant que je parle, Kirstie ne me quitte pas du regard un seul instant. C’est à peine si elle cille. Muette, passive, comme en transe, me renvoyant mes propres silences. Puis elle hoche la tête et ébauche un sourire. Déconcertée, peut-être. Le calme règne dans la chambre. Je suis à court de mots.

    — Alors ? dis-je enfin. Qu’est-ce que tu en penses ? Aller vivre sur une île, rien que nous trois, tu ne trouves pas ça formidable ?

    Kirstie acquiesce d’un léger mouvement de tête. Baisse les yeux vers son livre, le referme, me dévisage de nouveau.

    — Maman ? Pourquoi tu m’appelles tout le temps Kirstie ?

    Je ne réponds pas. Le silence me semble soudain assourdissant.

    — Je, euh… Excuse-moi, ma puce, tu disais ?

    — Pourquoi tu m’appelles tout le temps Kirstie, maman ? Kirstie est morte. C’est Kirstie qui est morte. Moi, je suis Lydia.

     

     

  • [Livre] Nobody

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    Résumé : Le tout, quand on est un sociopathe de 16 ans et qu'on rêve d'éviscérer sa petite copine, c'est de trouver des distractions... Pour John Wayne Cleaver, jeune serial killer en puissance qui tente de maîtriser ses pulsions, c'est la traque des psychopathes. Coup de chance, sa ville en regorge.
    Et quand ils sont tous morts, il suffit de tendre des perches pour en appâter d'autres. Le monstre qu'on nomme Nobody, par exemple. Voilà plus de deux mois que John l'attend lorsqu'une vague de suicides étranges et de meurtres sauvages déferle sur Clayton.
    Plus de doute : l'adversaire est dans la place...

     

    Auteur : Dan Wells

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 12 juin 2014

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Nobody n’est pas, comme je croyais, le dernier tome des aventures de John Cleaver puisque l’auteur a sortir un quatrième tome aux USA en 2015. On croise les doigts pour qu’une traduction française sorte rapidement !
    Dans ce tome, John Cleaver (et son tueur intérieur qu’il appelle Mr Monster) semble en avoir assez d’avoir des démons qui lui tombent sur le coin du museau sans prévenir et a décidé de les traquer avant que ce soit eux qui le traquent. Il est sûr qu’il est sur les traces d’une démone puisqu’à la fin du tome précédent, il l’avait eue au téléphone pour lui annoncer la mort de son second ami et la défier de venir le trouver.
    Sans pour autant lui dire de quoi il retourne, il embarque dans ses réflexions la fille d’un des policiers de la ville et accessoirement la fille la plus populaire du lycée.
    A ce moment de ma lecture, John vient de décider que sa règle consistant à ne pas fixer les filles n’a plus lieu d’être puisqu’il peut nourrir Mr Monster de sa traque et ainsi mieux le contrôler.
    Dans ce tome, comme dans les trois 1er, il est impossible de découvrir à l’avance qui est le démon et c’est frustrant. Frustrant et angoissant car, dès lors, tout le monde est suspect. N’importe laquelle des personnes que John côtoie depuis son enfance peut être remplacée par le démon, d’autant plus qu’il ne sait pas quels sont les pouvoirs que celui-ci peut bien avoir.
    Dans ce tome, John semble plus aux prises avec des émotions qu’il n’est pas supposé ressentir mais l’émotion qui domine est très clairement la frustration.
    Dans le tome 2, le démon dit à John Cleaver que chacun d’eux a des pouvoirs différents mais aussi que chacun d’eux recherche ce qui lui manque.
    Pendant tout le livre, John (et nous du coup) cherche quels sont les pouvoirs de ce nouveau démon qu’il traque. Et quand il comprend enfin, on se dit que, bon sang, il avait (et nous aussi) la réponse sous le nez depuis le début !!!
    La fin de ce tome m’a surprise et même choquée, il y a beaucoup de choses auxquelles je ne m’attendais pas du tout et, considérant les dernière pages, j’ai vraiment hâte de lire le prochain tome.

     

    Un extrait : Je m’étais mis à surveiller les gens, à remuer leur linge sale, à observer qui sortait tard le soir, qui voyait qui et qui avait quelque chose à cacher. À ma grande surprise, presque tout le monde. On aurait dit que la ville entière macérait dans la corruption. Les habitants s’entre-déchiraient avant même que les démons puissent le faire à leur place. Ces gens-là méritaient-ils d’être sauvés ? Le désiraient-ils seulement ? S’ils étaient vraiment aussi masochistes, alors les démons les aidaient davantage que moi en les propulsant vers leur objectif d’annihilation totale. Toute une ville, tout un monde se tailladait les veines et se vidait de son sang dans l’indifférence générale.

    Non. Je secouai la tête. Je ne dois pas raisonner comme ça. Il faut persévérer.

    Trouver cette démone et l’arrêter.

    Le problème, c’est que c’était bien plus compliqué que ça en avait l’air. Sherlock Holmes a résumé l’essence de l’enquête dans une phrase célèbre : « Une fois l’impossible exclu, tout le reste, même l’improbable, est vérité. » Super conseil, Sherlock, sauf que tu n’as jamais eu affaire à un démon. Moi j’en avais vu deux, parlé avec un troisième, et tout, chez eux, relevait de l’impossible. Je les avais vus s’arracher des organes, se relever d’un bond après avoir encaissé une douzaine de balles, se greffer les membres de leurs victimes et même absorber les émotions des autres. Je les avais vus voler des identités, des visages, des vies entières. Manifestement, ils pouvaient accomplir n’importe quoi, alors comment réussir à les comprendre ? Si Nobody voulait bien se donner la peine de buter quelqu’un, j’aurais quelque chose à me mettre sous la dent.

    Je m’arrêtai à quelques centaines de mètres de chez moi et observai une grande maison beige. Celle de Brooke. Lors de nos deux sorties, nous avions été interrompus par un cadavre, et je commençais vraiment à… bien l’aimer ? Était-ce seulement possible ? Je l’ignorais. On avait décelé chez moi une sociopathie, un trouble psychologique dont l’un des nombreux symptômes est l’absence totale d’empathie. Impossible, donc, de tisser de véritables liens avec Brooke. Appréciais-je sa compagnie ? Oui. Rêvais-je d’elle la nuit ? Oui, d’accord. Mais ces rêves n’étaient pas joli-jolis et ma compagnie, n’en parlons pas. Alors c’était tant mieux qu’elle se soit mise à m’éviter. Il ne s’agissait pas là d’une rupture puisque nous n’avions jamais été « ensemble », mais de son équivalent platonique, appelez ça comme vous voudrez. Il n’y a pas dix mille façons d’interpréter un « tu me fais peur, je ne veux plus te voir ».

    En même temps, je comprenais son point de vue. Après tout, je lui avais fourré un couteau sous le nez, c’était pas un truc facile à encaisser, même si j’avais une bonne raison de le faire. Sauvez la vie d’une fille en la menaçant et à peine aura-t-elle eu le temps de vous remercier qu’elle vous dira déjà au revoir.

     

    Pourtant, cela ne m’empêchait pas de ralentir chaque fois que je passais à côté de chez elle, voire de m’arrêter − comme ce soir-là − en me demandant à quoi elle pouvait bien s’occuper. Donc, elle m’avait plaqué, la belle affaire ! Tout le monde m’avait plaqué. Le seul être qui m’intéressait vraiment, de toute façon, c’était Nobody, et je comptais la tuer.

     

  • [Livre] Mr Monster

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    Résumé : Dans Je ne suis pas un serial killer, le jeune John Wayne Cleaver était la proie de pulsions effrayantes et redoutait de devenir un tueur en série. Aujourd’hui il n’a plus de doutes : un assassin, qu’il a surnommé Mr. Monster, sommeille en lui, susceptible de se réveiller à tout instant. Ce qui, étrangement, n’a pas que des mauvais côtés. Sans Mr. Monster John n’aurait jamais pu débarrasser sa petite ville du tueur qui y sévissait. Mais à présent il n’est plus du tout sûr de pouvoir maîtriser son côté obscur. D’autant qu’autour de lui nombreux sont les importuns qui mériteraient d’avoir affaire à Mr. Monster. Sans compter ces nouveaux cadavres qui apparaissent aux quatre coins de la ville et cet inspecteur du FBI qui commence à sérieusement le suspecter d’être impliqué dans les meurtres. Il va ainsi devenir de plus en plus difficile de ne pas laisser les rênes à ses démons. Plaisir coupable auquel il serait tragique de prendre goût…

     

    Auteur : Dan Wells

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 7 août 2013

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Mr Monster fait directement suite à « Je ne suis pas un serial killer » puisqu’il a lieu environ 3 mois après les évènements du 1er tome.
    Maintenant que l’on sait qu’il y a des éléments surnaturels dans cette histoire, ça passe beaucoup mieux que dans le 1er tome où j’avais été prise par surprise.
    Et comme je choisis mes livres en fonction de ce que j’ai envie de lire à ce moment là, j’avais peu apprécié de choisir un thriller et d’avoir du fantastique.
    Dans ce tome là, on a de nouveau affaire à un démon qui laisse des cadavres à découvert pour retrouver soit le démon du 1er tome, soit celui qui l’a tué.
    Les créatures sont aussi différentes les unes des autres que peuvent l’être les humains. Elles n’ont en commun que leur force et leur besoin de tuer.
    Lors d’une conversation téléphonique, le démon parle à un certain Nobody, on peut donc en déduire que le troisième tome obligera John Cleaver à faire face à un nouveau démon.
    Ici la volonté de John de ne pas devenir un tueur est mise à rude épreuve, le démon qu’il affronte veut savoir ce qui est arrivé à son « ami », il veut savoir comment un simple humain, tout sociopathe qu’il soit, a pu mettre un terme à la vie d’un « dieu » (c’est ainsi qu’ils se décrivent).
    Ce démon, qui a d’autre particularité que celui du 1er tome, est bien plus dur à berner. Il anticipe chacune des actions et pensées de John avec une constance terrifiante et, l’enveloppe humaine sous laquelle il se cache, au sein de Clayton, le met au dessus de tout soupçon.
    Encore une fois, John va devoir lâcher la bride à Mr Monster s’il veut venir à bout du démon, cependant il doit faire attention à ne pas trop lui lâcher la bride car il est dans une situation dans laquelle tout pourrait bien basculer et Mr Monster prendre définitivement les commandes.

    La fin de ce tome annonce directement le troisième par une provocation directe de John envers Nobody, qui semble être un démon femelle. Après tout, maintenant qu’il sait que les démons existent, quel meilleur moyen de concilier son refus de faire du mal à quiconque et les besoins de Mr Monster que de traquer et détruire les démons ?
    Ce deuxième tome tenait encore plus en haleine que le 1er. Si l’auteur maintient cette escalade, j’ai vraiment hâte de lire le dernier tome mettant en scène John Cleaver.


    Un extrait : Voyez-vous, moi aussi je suis un monstre : pas un démon surnaturel, juste un gamin détraqué. J’ai passé ma vie entière à essayer de contenir mon côté sombre, de l’enfermer là où il ne pourrait blesser personne, jusqu’au jour où ce fameux démon est apparu et où je n’ai eu d’autre solution pour l’arrêter que de libérer ma part d’ombre. Or désormais je n’arrive plus à la refouler.

    Cette part d’ombre, que j’appelle « Mr Monster », rêve de couteaux sanguinolents et s’imagine de quoi vous auriez l’air avec la tête au bout d’une pique. Je ne souffre pas de trouble dissociatif de l’identité et je n’entends pas de voix ni rien, seulement je… c’est dur à expliquer. Je pense à un tas de choses horribles, j’ai envie de faire un tas de choses horribles, alors il est plus simple d’accepter cette part de moi en feignant avoir affaire à quelqu’un d’autre : ce n’est pas John qui a envie de transformer sa mère en confettis, c’est Mr Monster. Vous voyez ? Je me sens déjà mieux.

    Mais voilà le hic : Mr Monster a faim.

    Les tueurs en série parlent souvent d’un besoin, une sorte de pulsion, contrôlable au début, mais qui ne cesse de les hanter, devenant de plus en plus dure à maîtriser, jusqu’à ce qu’ils se déchaînent et trucident à nouveau. Avant, je n’avais jamais compris de quoi ils parlaient, mais maintenant je commence à saisir. Maintenant, je ressens ce besoin au plus profond de moi, aussi pressant et vital que l’envie biologique de manger, de chasser ou de s’accoupler.

    J’ai déjà tué une fois ; ce n’est qu’une question de temps avant que je recommence.