Résumé : 1) Ne pas regarder les gens trop longtemps.
2) Ne pas éviscérer les animaux.
3) Ne nourrir que des pensées positives.
Son psy en convient, John Wayne Cleaver est sociopathe.
À 15 ans, le charmant jeune homme fait de son mieux pour contrôler ses pulsions homicides, règles à l'appui. Ce qui n'a rien d'évident : sa mère tient le funérarium local. Là justement où finissent les victimes du «démon», serial killer décomplexé en pleine furie meurtrière dans sa ville.
John est peut-être le mieux placé - et pour cause ! - pour l'arrêter...
Auteur : Dan Wells
Edition : Pocket
Genre : Thriller
Date de parution : 14 avril 2011
Prix moyen : 8€
Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce thriller raconté du point de vue d’un adolescent qui se sait sociopathe, qui sait qu’il a tout pour devenir un tueur en série mais qui fait tout pour que cela n’arrive pas en suivant des règles de vie très strictes.
A la place de John, je pense que j’aurais déjà pété un plomb avec la mère qu’il a : elle est intrusive, limite méchante dans ses remarques, elle semble manquer clairement d’intelligence… Elle demande quand même à son fils de faire un effort et d’arrêter d’être un sociopathe… et lui, comme son psy, ont beau lui expliquer qu’on ne choisit pas d’être sociopathe, elle ne veut rien entendre. A 15 ans, John n’a pas le droit de choisir ses déguisements pour Halloween, ni le droit de ne pas aller à une fête du lycée. Elle le harcèle littéralement, ce qui rend très difficile pour lui le respect de ses règles destinées à l’empêcher de plonger dans la psychose (et quand on sait que la sœur de John est partie de la maison à 17 ans et n’adresse quasiment plus la parole à sa mère, on se dit que ce n’est pas d’hier que cette dernière est ainsi).
Ce qui dérange, que ce soit sa mère ou les autres personnes qu’il côtoie, c’est que John est fasciné par les serials killer : il les étudie, se documente, est quasiment incollable sur eux. Il explique d’ailleurs à son psy que son obsession pour eux n’a d’autre but que de lui montrer le comportement à ne pas suivre. Etudier les tueurs lui permet d’éviter d’en devenir un.
Quand un tueur en série commence à faire des ravages dans la minuscule ville de John, il ne peut s’empêcher de l’étudier…et de le chercher…
J’ai un peu regretté que l’histoire bascule dans le fantastique, je pense que l’histoire aurait été tout aussi exaltante et la situation dangereuse pour John s’il avait eu affaire à un tueur particulièrement tordu. Le recours au fantastique m’a donc un peu déçue, mais je comprends ce choix.
On peut dire que l’enquête est en deux parties : d’abord John doit identifier le tueur, puis une fois cela fait, il doit trouver comment le mettre hors d’état de nuire.
Les évènements s’enchainent assez vite et on n’a pas le temps de s’ennuyer. En parallèle à la traque du tueur qui sévit en ville, on se demande sans cesse si John va réussir à contenir celui qui sommeille en lui ou s’il va basculer.
Lorsqu’on referme la dernière page, on n’a qu’une envie, se jeter sur la suite !
Un extrait : Mrs Anderson était morte.
Rien de spectaculaire, la vieillesse, voilà tout : un soir, elle était allée se coucher et ne s’était jamais réveillée. Aux infos, ils avaient parlé d’une mort paisible et digne, ce qui, certes, techniquement n’était pas faux, toutefois les trois jours qu’il avait fallu pour se rendre compte qu’on ne la voyait plus depuis un bout de temps retiraient beaucoup de dignité à la situation. Après s’être enfin décidée à lui rendre visite, la fille de Mrs Anderson avait trouvé son cadavre qui pourrissait et puait la charogne. Mais le pire, ce n’est pas le pourrissement, c’est les trois jours : trois jours pleins avant que quelqu’un finisse par se demander : «Au fait, elle est passée où, la vieille dame qui habite au bout de la rue, près du canal ? »
Pour la dignité, on repassera.
Paisible, en revanche… Sans aucun doute. D’après le coroner, elle était morte doucement dans son sommeil, le 30 août, autrement dit deux jours avant que le démon ne laisse Jeb Jolley les tripes à l’air dans une flaque derrière la laverie. À ce moment-là, on ne le savait pas encore, mais sur une période de près de six mois, cela faisait de Mrs Anderson la dernière personne de Clayton County à mourir de causes naturelles. Le démon se chargea de toutes les autres.
Toutes… à une exception près.
Nous réceptionnâmes le corps de la vieille dame le samedi 2 septembre, quand le médecin légiste en eut fini avec elle. Enfin, je devrais plutôt dire que c’est ma mère et tante Margaret qui réceptionnèrent le corps, pas moi. Ce sont elles qui dirigent le funérarium ; moi je n’ai que quinze ans. Après avoir passé presque toute la journée en ville à regarder la police nettoyer le merdier laissé par Jeb, je revins à la tombée de la nuit et rentrai discrètement par l’arrière au cas où ma mère se serait trouvée à l’entrée : je n’avais pas vraiment envie de la voir.
Personne n’était encore arrivé dans la chambre mortuaire, il n’y avait que moi et le cadavre de Mrs Anderson. Il gisait, parfaitement immobile sur la table, recouvert d’un drap. Ça sentait la viande pourrie et l’insecticide ; l’unique ventilateur à hélices qui tournait furieusement au plafond n’aidait pas beaucoup. Sans bruit, je me lavai les mains à l’évier tout en m’interrogeant sur le temps dont je disposais, puis, doucement, je me mis à toucher le corps. La vieille peau, c’était ma préférée : sèche et ridée, avec la texture d’un parchemin. L’équipe de légistes ne s’était pas foulée pour nettoyer, sûrement trop occupée par Jeb, mais à l’odeur je savais qu’ils avaient au moins pensé à tuer les insectes. Après trois jours dans une chaleur de fin d’été, il devait y en avoir eu un paquet.
Une femme ouvrit à la volée la porte de devant et entra, toute de vert vêtue, comme un chirurgien, avec sa blouse et son masque. Je me raidis, croyant qu’il s’agissait de ma mère, mais la femme se contenta de me jeter un regard avant de se diriger vers une table.
« Salut, John », dit-elle en rassemblant quelques compresses stériles.
Ce n’était pas ma mère, mais sa sœur Margaret – elles étaient jumelles et lorsqu’elles portaient un masque, j’arrivais à peine à les distinguer.
Cependant ma tante avait une voix un peu plus claire, un peu plus… tonique. Peut-être parce qu’elle n’avait jamais été mariée.