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[Livre] Nymphéas noirs

Une fois n'est pas coutume, voici ici l'avis de ma très chère Yas sur ce livre. Moi, ça m'a donné envie de le lire!

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Résumé : Tout n'est qu'illusion, surtout quand un jeu de miroirs multiplie les indices et brouille les pistes. Pourtant les meurtres qui troublent la quiétude de Giverny, le village cher à Claude Monet, sont bien réels. Au coeur de l'intrigue, trois femmes : une fillette de onze ans douée pour la peinture, une institutrice redoutablement séduisante et une vieille femme aux yeux de hibou qui voit et sait tout. Et puis, bien sûr, une passion dévastatrice. Le tout sur fond de rumeur de toiles perdues ou volées, dont les fameux Nymphéas noirs. Perdues ou volées, telles les illusions quand passé et présent se confondent et que jeunesse et mort défient le temps.

 

Auteur : Miche Bussi

 

Edition : Pocket

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 20 janvier 2011

 

Prix moyen : 8€

 

L’avis de Yas : Commençons par le commencement : je n'avais pas l'intention de lire ce livre. J'avais déjà dévoré et adoré trois autres livres de Michel Bussi, mais, pour celui-ci, j'avais eu des échos selon lesquels il fallait être calé en peinture et en histoire de l'art pour le comprendre. Et puis on m'a assuré que non, et puis on me l'a proposé alors que je n'avais plus rien à lire… Et puis je l'ai dévoré en trois jours.

Il y a beaucoup de personnages, mais on en suit trois en particulier : Fanette, 11 ans, déjà considérée par son entourage comme une grande artiste, qui rêve de faire un tableau suffisamment impressionnant pour remporter un concours de jeunes talents et partir dans une grande école d'arts à l'autre bout du monde. Stéphanie, institutrice du village, mariée sans être heureuse, qui rêve de s'enfuir loin avec un homme dont elle tomberait éperdument amoureuse. Et enfin, la narratrice, une vieille femme toujours habillée en noir, qui répond parfaitement au stéréotype de la personne âgée qui espionne tout, voit tout, entend tout, sait tout et se fond dans le paysage tellement bien que personne ne la voit. Puis, au milieu de tout ça, il y a un meurtre, celui de Jérôme Morval, un homme marié mais infidèle qui avait deux grandes passions : les femmes et les tableaux de Monet.

On suit donc la vie de ces trois personnages ainsi que l'enquête concernant le meurtre de Jérôme. Celle-ci avance à pas hésitants, les enquêteurs essayant toutes les pistes possibles, en privilégiant certaines par instinct, d'autres grâce à de minces preuves. En bon lecteur, nous aussi, on enquête ! On recoupe les éléments, on se pose des questions, on fait des déductions et on tombe la tête la première dans les quelques fausses pistes et impasses que l'auteur s'est amusé à glisser dans cette enquête, tout fier que l'on est de penser avoir tout compris avant tout le monde. Pour la première fois dans un livre de Bussi, j'avais trouvé qui était le meurtrier, et je peux vous assurer que j'étais sacrément fière de moi ! Sauf qu'il y a autre chose à comprendre, un élément clé qui bouleverse toute l'histoire et qui, lorsqu'il nous est révélé, nous donne l'envie d'arrêter de lire pour recommencer depuis le début en ayant connaissance de cet élément. Sur cet élément clé, les indices sont relativement minces : quelques incohérences auxquelles on trouve rapidement une explication un peu bancale, une remarque ou deux qui nous font tiquer, puis hausser les épaules en nous disant "je vais continuer à lire, on verra si c'est fait exprès…". Sur ce point là, je me suis complètement fait avoir, je ne l'avais pas vu venir et suis restée sciée pendant un moment en le découvrant. Était-il possible de le deviner par soi-même ? Peut-être. C'est uniquement sur ce point là que je rejoins l'avis qu'on m'avait donné avant que je commence à le lire : être calé en histoire de l'art nous permet d'avoir les connaissances nécessaires pour repérer le plus gros indice de cet élément. Pour le reste, je ne suis pas d'accord, il n'y a pas besoin d'avoir une bonne culture générale pour lire, comprendre et apprécier ce livre.

En conclusion, c'est un policier exactement comme je les aime : Une enquête hésitante qui avance tout doucement et permet au lecteur d'avancer en même temps, un meurtrier et un dénouement pas simples à trouver sans pour autant être impossibles et des personnages attachants pour lesquels on espère de toutes nos forces qu'ils arriveront au bout de leur rêve. Le contexte est magnifique et la précision, dès le début, que tous les lieux cités sont bien réels, nous donne envie de nous ruer à Giverny pour voir le moulin de la sorcière, la rivière, l'école, puis de filer au musée Marmottant à Paris pour admirer les fameux "Nymphéas" de Monet qui y sont exposés. Un policier poignant et attachant que l'on referme le cœur un peu serré et qui, mine de rien, nous trotte dans la tête pendant plusieurs jours après l'avoir reposé.


Un extrait
 : Trois femmes vivaient dans un village.

La première était méchante, la deuxième était menteuse, la troisième était égoïste.

Leur village portait un joli nom de jardin. Giverny.

La première habitait dans un grand moulin au bord d’un ruisseau, sur le chemin du Roy ; la deuxième occupait un appartement mansardé au-dessus de l’école, rue Blanche-Hoschedé-Monet ; la troisième vivait chez sa mère, une petite maison dont la peinture aux murs se décollait, rue du Château-d’Eau.

Elles n’avaient pas non plus le même âge. Pas du tout. La première avait plus de quatre-vingts ans et était veuve. Ou presque. La deuxième avait trente-six ans et n’avait jamais trompé son mari. Pour l’instant. La troisième avait onze ans bientôt et tous les garçons de son école voulaient d’elle pour amoureuse. La première s’habillait toujours de noir, la deuxième se maquillait pour son amant, la troisième tressait ses cheveux pour qu’ils volent au vent.

Vous avez compris. Toutes les trois étaient assez différentes. Elles possédaient pourtant un point commun, un secret, en quelque sorte : toutes les trois rêvaient de partir. Oui, de quitter Giverny, ce si fameux village dont le seul nom donne envie à une foule de gens de traverser le monde entier juste pour s’y promener quelques heures.

Vous savez bien pourquoi. A cause des peintres impressionnistes.

La première, la plus vieille, possédait un joli tableau, la deuxième s’intéressait beaucoup aux artistes, la troisième, la plus jeune, savait bien peindre. Très bien, même.

C’est étrange, vouloir quitter Giverny. Vous ne trouvez pas ? Toutes les trois pensaient que le village était une prison, un grand et beau jardin, mais grillagé. Comme le parc d’un asile. Un trompe-l’œil. Un tableau dont il serait impossible de déborder du cadre. En réalité, la troisième, la plus jeune, cherchait un père. Ailleurs. La deuxième cherchait l’amour. La première, la plus vieille, savait des choses sur les deux autres.

Une fois pourtant, pendant treize jours, pendant treize jours seulement, les grilles du parc s’ouvrirent. Très précisément, du 13 mai au 25 mai 2010. Les grilles de Giverny se levèrent pour elles ! Pour elles seules, c’est ce qu’elles pensaient. Mais la règle était cruelle, une seule d’entre elles pouvait s’échapper. Les deux autres devaient mourir. C’était ainsi.

Ces treize jours défilèrent comme une parenthèse dans leur vie. Trop brève. Cruelle, aussi. Cette parenthèse s’ouvrit par un meurtre, le premier jour, et se termina par un autre, le dernier jour. Bizarrement, les policiers ne s’intéressèrent qu’à la deuxième femme, la plus belle ; la troisième, la plus innocente, dut enquêter toute seule. La première, la plus discrète, put tranquillement surveiller tout le monde. Et même tuer !

Cela dura treize jours. Le temps d’une évasion.

Trois femmes vivaient dans un village.

La troisième était la plus douée, la deuxième était la plus rusée, la première était la plus déterminée.

A votre avis, laquelle parvint à s’échapper ? 

La troisième, la plus jeune, s’appelait Fanette Morelle ; la deuxième s’appelait Stéphanie Dupain ; la première, la plus vieille, c’était moi.

 

 

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