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[Livre] Hanna était seule à la maison

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Résumé : En très peu de temps, deux affaires de meurtre échouent sur le bureau du commissaire Conny Sjöberg. Une jeune fille, issue d'une famille à problèmes, est étranglée sur un ferry qui fait la liaison entre Stockholm et la Finlande. En faisant son jogging, l'inspectrice criminelle Petra Westman découvre au milieu des buissons un nourrisson dans un état d'épuisement avancé, à proximité du cadavre d'une femme sans aucun papier d'identité. Au même moment, une petite fille de 3 ans se réveille et découvre qu'elle est seule chez elle. Son papa est en voyage à l'étranger et sa maman est sortie avec son petit frère. Hanna se retrouve sans personne, enfermée à clé dans l'appartement familial. Et le temps s'écoule...

Auteur : Carin Gerhardsen

Edition : Fleuve noir

Genre : Thriller

Date de parution : 09 février 2012

Prix moyen : 8€

Mon avis : On est ici en présence d’un thriller haletant. Au début de la lecture, il ne semble y avoir aucun lien ou presque entre la plupart des événements. Le lien entre Hanna et l’un des meurtres se devine assez vite, bien qu’il n’y ait aucune certitude, mais il ne semble pas y en avoir entre les deux meurtres, ni entre les meurtres et les actes d’Elise, la petite sœur de la victime du Ferry, d’autant plus qu’elle n’était pas à bord.
Ce que j’ai apprécié dans ce livre, c’est que le lecteur découvre les indices en même temps que la police. Aucun des deux n’en sait plus que l’autre. A chaque indice qui est découvert, il se passe assez de temps, avant que la police ne comprenne ce qu’il signifie pour que le lecteur puisse se faire sa propre opinion.
L’enquête avance relativement lentement, ce qui est plus réaliste que certains livres où les enquêteurs ont des soudaines illuminations et trouvent la solution en deux coups de cuillère à pot.
Et au fur et à mesure des enquêtes qui sont menées en parallèle, les indices se recoupent, des noms apparaissent dans les deux affaires, des trajets sont similaires… Mais comme il s’agit de deux enquêtes bien distinctes, il va encore falloir du temps aux enquêteurs pour se rendre compte qu’elles sont peut être liées : mais comment ?
En parallèle des enquêtes policières, on suit Hanna, qui s’est réveillée seule, enfermée chez elle et qui, à 3 ans, est persuadée que sa maman l’a abandonnée pour aller vivre ailleurs avec ce nouveau petit frère qui ne fait que pleurer. Bien qu’elle soit très dégourdie, les petits accidents s’accumulent et à chaque fois on se dit que le prochain sera le bon, qu’Hanna ne sera pas retrouvée assez vite. Mais pour être retrouvée, il faut être cherchée. Or personne ne sait qu’une petite fille est seule dans un appartement. Personne à part la vieille femme qu’Hanna a appelée en appuyant au hasard sur les touches du téléphone. Mais si c’est déjà un miracle que cette personne prenne l’enfant au sérieux, ce n’est pas le cas de la police, qui pense ne pas avoir de temps à perdre avec une retraitée hystérique qui leur raconte une histoire invraisemblable : car qui laisserait une enfant si jeune toute seule ?
La vieille dame est vraiment tenace, et la police a de la chance que l’histoire se passe en Suède, parce qu’aux Etats-Unis, elle aurait déjà alerté la presse sur le refus de la police de venir en aide à un enfant en danger.
A coté des ces affaires strictement professionnelles, nous avons un petit aperçu de la vie privée des enquêteurs, mais qui ne prend pas le pas sur le reste du récit.
En revanche je suis restée sur ma faim sur un point : une des enquêtrices, Petra, a été violée plusieurs mois auparavant semble-t-il. Son agresseur a été arrêté mais tout laisse à penser qu’ils étaient 2. Elle reçoit des appels anonymes etc… A un moment, son supérieur, suite à un ensemble d’événements récents, en déduit que le 2nd homme fait parti de la police. Petra a un doute dont elle ne fait part à personne et qu’elle essaie de vérifier… et ça s’arrête là : on ne sait pas si son doute est confirmé, on ne sait pas si des recherches sont engagées par son supérieur, on ne connaît pas l’aboutissement des événements qui les ont poussés à soupçonner un flic… bref… j’aurais aimé qu’il y ait un terme à cette histoire.
Mais en dehors de ce détail, ce livre est vraiment bien construit et on essaie de lire le plus vite possible, comme pour essayer de choper le tueur plus vite !

Un extrait : — Tu fais quoi, ce soir ?

Elise est presque obligée de crier pour se faire entendre à cause du brouhaha général.

— J’en sais rien, lance Jennifer. Je vais peut-être voir Jocke. Ou pas. En fait, je m’en fous.

Jennifer a un mec. Elise sort avec des garçons de temps en temps, mais Jennifer, elle, a un vrai mec. Un homme.

Jocke a vingt-quatre ans et une barbe. Les copains d’Elise ont à peine mué. Ils ont quelques poils de barbe par-ci, par-là, mais ils sont ridicules et infantiles. Jennifer, elle, a un vrai mec, et elle ne sait même pas si elle a envie de le voir ! En plus, il est gentil et attentionné. Elise n’a jamais rencontré un type pareil. Une fois, elle les a vus tous les deux ensemble, de loin. Jocke la tenait par la taille, comme si Jennifer lui appartenait. Comme pour dire : c’est ma nana et j’en suis fier. Et puis il l’a regardée dans les yeux, longtemps, en lui passant la main sur la joue, tout doucement, comme si elle était aussi fragile que de la porcelaine. Elise aurait bien voulu avoir quelqu’un comme lui.

— Comment ça, tu t’en fous ? Qu’est-ce que tu veux dire ?

Jennifer finit son verre cul sec et Elise s’empresse de faire de même.

— Je sais pas.

— Vous êtes plus ensemble ?

— Peut-être ou peut-être pas… Il est trop… Laisse tomber. T’en veux un autre ?

— Ouais. Je veux bien une clope aussi.

Jennifer se lève et se fraie un chemin jusqu’à la table entre les chaises et les corps qui se balancent. Dagge étire ses grands bras et la saisit fermement par les hanches avant de l’asseoir sur ses genoux. Mais elle se relève d’un bond, attrape une bouteille et un paquet de cigarettes avant de regagner sa place près du réfrigérateur.

— Minute papillon ! tu vas pas t’en tirer comme ça, grogne Dagge. Tu me piques mon pinard et j’ai même pas droit à un petit bisou ?

Dagge est blond, un peu rougeaud, il a les yeux injectés de sang et de grandes oreilles poilues. Bizarrement, il porte une chemise à carreaux plutôt mode, mais son jean est plein de taches de peinture et pue la vieille crasse incrustée. Elise peut le sentir de l’autre bout de la cuisine.

— Je t’en ferai peut-être un si tu es sage, rétorque Jennifer pendant qu’elle remplit son verre et celui de sa sœur de vin blanc tiède.

Elise frissonne de dégoût à la seule idée d’avoir à effleurer ce jean dégueulasse.

— C’est moi qui mérite un bisou, c’est mon vin, merde ! braille la mère.

La honte, comme toujours. Plus facile de la gérer quand elle est à moitié déprimée. Ce soir, elle est d’humeur positive et joyeuse. Elle a envie de se faire remarquer. Elise essaie d’oublier qu’elle est là.

— Je te rappelle que tu me devais une bouteille, lance Dagge.

Et la conversation se met à tourner sur les dettes, l’injustice, et soudain, tout le monde autour de la table se retrouve à faire les comptes.

Jennifer propose une cigarette à Elise et en prend une pour elle, avant de glisser le paquet dans son décolleté puisque personne ne l’a réclamé pour l’instant. Elise allume sa cigarette avec la précédente et la tend à sa sœur.

— Tu sors, ce soir ? l’interroge Jennifer.

Elise vide la moitié de son verre en grimaçant.

— Carrément, confirme-t-elle. Avec Nina. Tu peux me prêter du fric ?

— Dans tes rêves, j’ai pas une thune, moi. T’as qu’à leur demander. Apparemment, ils ont les poches pleines ce soir.

Jennifer pointe le menton en direction de la table. Elle vide son verre et se lève, visiblement prête à partir. Elise sent qu’elle a les joues qui chauffent. Le vin lui donne le sourire. Et du courage.

— Jennifer, attends !

— Quoi ?

— Tu veux pas me prêter ta veste ?

— Quelle veste ?

— Ta veste en cuir. La Gina Tricot.

— Et je vais mettre quoi, moi ?

— Je sais pas, autre chose. S’il te plaît, juste pour ce soir.

Jennifer, peut-être ivre elle aussi, cède sans plus de discussion.

— Ça marche. Mais tu me la rends demain.

— Je te le promets. T’es trop sympa. 

— Elle est dans l’entrée, précise Jennifer. J’y vais.

 

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