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[Livre] Une vraie famille

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Résumé : Il s'appelle Ludovic, c'est du moins le prénom qu'il a donné. Un jeune homme simple et sans histoires. En apparence. Les Vasseur, un couple de Parisiens retirés dans leur résidence secondaire en Bretagne à la suite d'un drame personnel, l'engagent pour quelques travaux de jardinage. Le mystérieux garçon sait rapidement se rendre indispensable et s'installe dans leur vie. Quand les Vasseur commencent à se poser des questions et à regretter de lui avoir ouvert leur porte, il est déjà trop tard. Mais ce qu'ils ignorent, c'est que leur cauchemar n'a pas encore commencé. Car la véritable menace qui pèse sur leur maison n'est pas du tout celle qu'ils croyaient

 

Auteur : Valentin Musso

 

Edition : Seuil

 

Genre : thriller

 

Date de parution : 01 octobre 2015

 

Prix moyen : 8€

 

Mon avis : A la lecture des premiers chapitres, je trouve difficile d’avoir de la sympathie pour les Vasseurs. François semble plus ouvert que son épouse mais ce n’est que parce qu’il a été blessé dans une fusillade et qu’on se dit que c’est le choc qui induit son attitude. Mathilde, elle, est profondément antipathique, elle est suspicieuse, porte des jugements à l’emporte-pièce sans même connaître les gens, surveille de toute évidence son époux, comme si l’horreur dont il a été victime était de sa faute.
Mais plus on lit et plus je les trouve difficile à supporter : leur incompréhension quant au fait que leur fille ait mis une distance salutaire entre eux, leur comportement de petits bourgeois étriqués (François s’offusque que Ludovic ait un ton d’envie en le complimentant sur la beauté de sa maison, comme si un homme à tout faire n’avait pas à aimer quelque chose d’ « au-dessus » de lui). Bref, tout en eux pousse à ne pas être de leur côté, à ne pas les plaindre.

Si François semble toujours prêt à analyser les situations d’un œil plus ou moins objectifs, essayant de se résonner quand il se montre irrationnel, Mathilde, elle, est non seulement dans son monde, mais s’emporte contre tout élément qui tendrait à lui prouver qu’elle fait erreur.
Ainsi, quand François trouve l’attitude de Ludovic étrange, elle lui répond qu’il est paranoïaque, qu’il ment aux gens sur sa blessure (il prétend avoir été victime d’un AVC, car il ne veut pas provoquer de plaintes ou de curiosité malsaine), bref, elle refuse de l’écouter, lui coupe la parole en public… Odieuse, telle que je l’avais perçue au début.
Elle s’enferre tellement dans ses contradictions qu’elle en devient bizarre. Elle refuse de parler de sa fille, comme si celle-ci n’existait pas, elle refuse que son mari puisse avoir une opinion personnelle.
Je ne la sens vraiment pas cette femme.

Alors peut être que François est un peu élitiste, peut être que Ludovic ment sur sa véritable identité, peut-être même que c’est un délinquant, mais pour l’instant, de tous, c’est vraiment Mathilde que je trouve la plus dérangeante.

Quand les choses tournent au vinaigre, on ne peut pas s’empêcher de se dire : bon ok, la maison est isolée et ils ne reçoivent pas trop de visites, mais bon quelqu’un va bien finir par se poser des questions !
Je n’arrive pas à imaginer que l’on puisse faire tout ça et s’en sortir. Plus j’approche de la fin du livre et plus je me dis : non mais il va se passer quelque chose, ce n’est pas possible autrement !

Ce livre est mon premier coup de cœur de l’année. Parce qu’une fois « l’action » lancée, je n’ai plus pu le lâcher, parce qu’il fallait que je tourne vite les pages pour savoir ce qui allait se passer. Et parce que tout ou presque était inattendu : dès la lecture du résumé, on sait qu’il va se passer quelque chose, mais on ne s’attend pas à ça. Et à chacune des actions, on s’attendait à quelque chose, mais jamais que ça aille « aussi loin ».

La fin est un peu trop facile à mon goût, pas dans l’écriture car c’est vraiment bien écrit, mais dans la résolution de la situation.

J’ai en revanche vraiment apprécié le fait qu’il y ait un approfondissement de la psychologie du personnage responsable de tout ça.

Pour l’épilogue, je m’en doutais un peu, du moins j’espérais cette solution.

Un extrait : Lorsqu’il se gara, Mathilde était sur le pas de la porte, une tasse à la main – sans doute l’une des étranges décoctions qu’elle confectionnait à partir des plantes du jardin.

– Tout s’est bien passé ?

L’intonation ne trompait pas. Mathilde arborait un air insouciant, mais François était certain qu’elle l’attendait là depuis un bon moment, guettant la voiture qui surgirait au bout de l’allée et ferait taire ses inquiétudes. Depuis son accident, elle le couvait comme un enfant et leur vie isolée à la campagne n’avait pas arrangé les choses.

Son « accident »… Un AVC rapidement pris en charge qui l’avait obligé à quitter Paris pour passer quelques mois de convalescence dans sa résidence secondaire. Telle était du moins la version bien rodée qu’ils servaient aux gens du coin pour justifier leur présence prolongée et inhabituelle près de Quimperlé. Les Vasseur n’avaient ni famille ni véritables amis dans la région, simplement des connaissances. Aussi pouvaient-ils bien se permettre une entorse à la vérité.

En théorie – François Vasseur n’en doutait pas –, la vérité est toujours préférable au mensonge. Mais elle a l’inconvénient de vous exposer plus que nécessaire au regard de quasi-inconnus. Que craignait-il le plus ? De susciter une curiosité morbide ? De lire dans l’œil de ses interlocuteurs une pitié dérangeante ? De devoir expliquer en quelques phrases une expérience traumatisante, comme l’on souhaiterait trente fois la bonne année à ses collègues de travail ? Son mensonge était calculé : il y avait peu de risque que quiconque établisse un lien entre la convalescence d’un honorable professeur d’université et un événement qui avait plongé la France dans la psychose huit mois plus tôt.

– Il y avait du monde en ville ?

– Un peu plus que d’habitude.

– Le temps, sans doute… Les gens profitent du soleil.

– Sans doute, oui.

Ils entrèrent. Comme d’habitude, le salon était parfaitement rangé. Pas un papier ni même un magazine traînant sur la table ou le canapé. Sur le linteau de la cheminée, François remarqua un bouquet de tulipes roses, les premières de la saison, que Mathilde avait dû cueillir en son absence. Elle avait toujours aimé les fleurs. Sa roseraie à l’arrière de la maison ne manquait d’ailleurs pas d’impressionner leurs rares visiteurs.

– Le déjeuner sera prêt dans une demi-heure.

Mathilde tenait à ce qu’ils passent à table à heure fixe. Elle avait trouvé dans ce rituel des repères rassurants.

– Tu cherches quelque chose ? demanda-t-elle en le voyant fureter près du canapé.

– Tu n’aurais pas vu cet article que je lisais hier soir ?

Mathilde ouvrit le volet du secrétaire à dos-d’âne près de l’entrée.

– Je l’ai rangé là.

Elle jeta un coup d’œil rapide au manuscrit.

– « Le rôle de la numismatique romaine à la fin de l’époque tétrarchique ». Ça a l’air alléchant.

– Si tu savais…

Depuis sa retraite temporaire mais forcée, François croulait sous les travaux que ses estimés confrères du département d’histoire avaient la bonté de lui faire parvenir. Il n’était pas dupe : un parfum de compassion accompagnait ces courriers – une manière de lui faire comprendre qu’on ne l’oubliait pas et qu’il ne faisait aucun doute qu’il retrouverait très vite sa chaire à l’université. Alors François faisait semblant. Il feuilletait, annotait, amendait, rédigeait quelques remarques suffisamment pertinentes pour qu’on l’imagine sur la voie de la guérison. Il était tellement plus simple de se conformer à l’image qu’on attendait de lui.


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