Titre original : The stoning of Soraya M.
Réalisé par : Cyrus Nowrasteh
Date de sortie : 2008
Genre : Drame
Pays d’origine : USA
Durée : 1h56
Casting : Shohreh Aghdashloo, Mozhan Marnò, Jim Caviezel, Navid Negahban, Ali Pourtash…
Résumé : Soraya, femme iranienne courageuse, se rend très vite compte que le mariage arrangé dont elle est victime est un échec et qu’elle est en train de gâcher sa vie. Son époux décide alors de fomenter un complot, l’accuse d’adultère, la vouant ainsi à une peine d’une incroyable cruauté : la lapidation.
Mon avis : L’histoire que nous voyons c’est celle que raconte, après les faits, Zahra, la tante de Soraya, à un journaliste, pour que le sort de sa nièce ne reste pas un secret du village.
Le film raconte le vrai assassinat de Soraya Manutchehri, car il n’y a pas d’autre mot pour cette « justice » tribale, qui a lieu en 1986, sous la dictature de l’Ayatollah Khomeini.
Ici il n’est pas question d’honneur ou d’adultère, il est question d’argent.
Le mari de Soraya souhaite divorcer pour épouser une jeune fille d’une quinzaine d’année.
Seulement il ne veut rien payer pour Soraya ou pour ses filles (il les lui laisse et ne prend que ses fils). Il ne veut ni entretenir deux femmes, ni rendre la dot de Soraya.
Comme Soraya refuse de se laisser répudier sans compensation, ce qui reviendrait à laisser ses filles mourir de faim, il n’hésite pas à user de sa position de gardien de prison à la ville pour menacer ou manipuler les hommes du village pour que deux d’entre eux prétendent avoir vu Soraya avec un autre homme.
Le piège est habile : il ordonne à sa femme de s’occuper d’un homme nouvellement veuf, puis se sert du temps qu’elle passe avec lui pour l’accuser.
Puisqu’il n’arrive pas à convaincre Soraya par la violence, il s’en débarrassera par la ruse.
Navid Negahban, qui interprète le rôle d’Ali, le mari de Soraya est impressionnant. Son regard laisse transparaître toute la méchanceté de son personnage.
Il agit avec la complicité du mullah du village d’une part menacé par Ali (qui sait que l’homme a fait de la prison sous le Shah) et d’autre part peut-être vexé que Soraya aie refusé un « mariage temporaire » pratique qui lui permet d’avoir ni plus ni moins une prostituée légale qu’il pourrait abandonner sans préavis.
Ali a monté ses fils contre leur mère mais le plus jeune semble encore s’inquiéter pour elle et ses sœurs.
Le problème de Soraya est qu’elle est elle-même si respectueuse de la morale et de l’honnêteté qu’elle ne croit pas à l’existence d’un complot contre elle.
Et une fois l’accusation lancée, aucune défense n’est possible pour Soraya car « lorsqu’un homme accuse sa femme d’adultère, c’est à elle de prouver son innocence ».
Bien que le maire ait tenté de repousser l’idée d’un procès en précisant qu’il voulait voir des témoins honnêtes et non des amis d’Ali ou des femmes jalouses,
le Mullah s’empresse de lui rappeler que la loi autorise n’importe quel témoin à parler et ce n’est pas un problème pour Ali qui use de menaces pour forcer les « témoins » à accuser Soraya.
Même les hommes qui la savent honnête et réservée, même sa propre famille, se gardent bien de prendre sa défense.
Le titre du film ne laisse aucun doute sur le sort de Soraya et la scène de la lapidation est insoutenable tant par sa mise en forme que par sa longueur. On assiste d’abord aux préparatifs : le trou creusé dans le sol dans lequel Soraya sera ensevelie jusqu’aux aisselles, le choix des pierres (ramassées par les enfants) qui ne doivent être ni trop grosses, ni trop petites, la distance depuis laquelle les pierres seront jetées…
La scène de l’exécution elle-même dure 10 minutes (ce qui est extrêmement long.
Le premier à jeter une pierre est le propre père de Soraya,
suivi d’Ali, du mullah puis des propres fils de la jeune femme. Ensuite ce sont tous les hommes du village qui lancent la curée.
La fin est juste parfaite (si j’ose dire). Zahra ne manque vraiment pas de courage et l’histoire de Soraya, qu’elle a raconté au journaliste Freidoune Sahebjam va attirer l’attention internationale sur la lapidation lorsqu’il publiera cette histoire en 1990 sous le titre « la lapidation de Soraya M. » (Que l’on trouve aussi sous le titre « La femme lapidée).
C’est ce livre qui a inspiré ce film.