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[Livre] Je sais où tu es

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Résumé : Où qu’elle aille, il est là. Il la suit comme son ombre. Il est entré dans sa vie.
Rafe n’est qu’un lointain collègue de Clarissa.
Mais depuis qu’ils ont passé une soirée ensemble, pour lui, elle lui appartient, leur amour est absolu.
Même s’il la menace, même s’il la terrorise.
Jusqu’où ira-t-il ? Comment l’arrêter ? Comment peut-elle prouver qu’elle court un terrible danger ?

 

Auteur : Claire Kendal

 

Edition : France Loisirs

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 03 février 2016

 

Prix moyen : 20€

 

Mon avis : Le récit alterne entre la vie de Clarissa, racontée à la troisième personne, et le contenu des carnets qu’elle rédige, sur les conseils  d’une association contre le harcèlement, qui eux, sont à la première personne et dans lesquels elle s’adresse directement au harceleur.
On peut ainsi suivre le quotidien de Clarissa : la peur, la méfiance, la solitude…
Clarissa a l’impression de ne pouvoir se tourner vers personne, que chaque action qu’elle entreprend pour dénoncer le harcèlement se retourne contre elle, la faisant passer pour une allumeuse, une paranoïaque…
Rafe la poursuit jusqu’au tribunal où elle est jurée. Et ce procès, qui devait être une sorte de refuge pour elle, loin de son tourmenteur, devient la preuve qu’elle ne peut trouver aucune aide. Elle voit comment les avocats retournent la situation contre la victime et s’imagine à sa place et ce qu’on lui opposera pour la faire passer pour une folle hystérique qui cherche à détruire la réputation d’un homme respectable.

Le plus choquant c’est la réaction de la police : « vous n’êtes pas en danger immédiat, il ne vous a pas agressée, vous n’avez pas de preuves… » Sous entendu, on interviendra quand ce sera un meurtrier… Même si c’est un violeur, apportez les preuves et on verra…
Et après on s’étonne des statistiques que nous révèle l’auteur : les femmes ne portent plainte qu’après 101 incident lié à leur harceleur, 8 femmes meurent chaque mois victimes de violence conjugale… Je suis surtout étonnée qu’elles ne soient pas plus élevées.

L’auteur nous livre également les conseils que donnent les associations pour lutter contre les harceleurs, mais honnêtement, sans une intervention policière et face à un esprit malade, ils ne sont pas d’une grande aide.

Rafe est vraiment un grand malade. Clarissa a beau lui dire clairement : Non, je ne veux pas sortir avec toi, non je veux que tu me laisse tranquille… c’est comme si ses paroles n’avaient aucun sens pour lui. Quand elle le repousse, il lui répond qu’elle est fatiguée et qu’elle ne sait pas ce qu’elle dit ; quand elle le fuit, il dit que ce n’est qu’une dispute, qu’elle est de mauvaise humeur… bref, il a toujours une réponse qui le conforte dans son illusion de l’amour de Clarissa. Il est vraiment flippant et de toute évidence, il n’hésiterait pas à recourir à la violence pour arriver à ses fins.

Au tribunal où elle est jurée, Clarissa rencontre Annie, une mère célibataire avec un sacré caractère, et Robert, un pompier que je n’arrive pas à cerner. Il a beau être plutôt sympathique, il y a un je-ne-sais-quoi dans son attitude qui me dérange.

Pour la fin, je pense vraiment qu’il aurait été difficile que ça se termine autrement. On aime ou on n'aime pas. Personnellement j'ai apprécié.

Un extrait : Lorsque j’ouvre ma porte, tu es si près de moi que je respire l’odeur de ton shampoing et de ton savon. Tu sens le frais, le propre. Tu sens la pomme, la lavande et la bergamote – des odeurs que j’aimerais si elles n’étaient pas les tiennes.

« Tu vas mieux, Clarissa ? »

La bienveillance n’est pas quelque chose que tu comprends. Ce n’est pas quelque chose que tu mérites. Mais je vais me montrer bienveillante avec toi une dernière fois avant de refuser définitivement de te parler. Ce matin sera complètement différent de lundi.

Je te parle calmement, d’une voix polie. C’est loin d’être la première fois que je prononce ces mots. « Je ne veux pas que tu t’approches de moi. Je ne veux pas te voir. Je ne veux rien avoir à faire avec toi. Je ne veux aucun contact. Aucune lettre. Aucun cadeau. Aucun appel. Aucune visite. Ne reviens plus jamais chez moi. »

Mon discours est parfait. Exactement comme je l’ai répété. Je m’éloigne rapidement, sans te regarder. Pourtant, ton visage est suffisamment clair dans ma tête pour pouvoir en faire une description précise.

Tu mesures 1 mètre 80. Tu es solidement charpenté. Avant, tu avais le ventre plat, mais ce n’est plus le cas. Sans doute bois-tu davantage. Tes hanches se sont élargies aussi, au cours du dernier mois. Ton nez est quelconque au milieu de ton visage rond et bouffi dont les traits ont perdu leur netteté.

Mais surtout, il y a ta pâleur. Ta pâleur d’esprit, d’âme, de corps. Ta peau est si pâle que tu rougis facilement, passant du blanc au vermillon en un éclair. Tes cheveux châtain clair sont raides et courts, et toujours aussi épais. Ils sont étrangement doux et soyeux pour un homme. Tes sourcils sont châtain clair. Tes yeux sont clairs, bleu délavé. Petits. Tes lèvres sont fines. Pâles elles aussi.

Tu touches mon bras. Je me libère, descends l’allée jusqu’au taxi qui attend.

« J’étais venu voir comment tu allais », dis-tu comme si je n’avais pas parlé. « Ton téléphone ne marche toujours pas », dis-tu. « Je m’inquiète quand je n’arrive pas à te joindre », ajoutes-tu.

Avec toi à côté de moi le chemin passant entre les rosiers de Miss Norton me paraît long, mais me voilà arrivée au taxi. Je suppose qu’en réalité ça ne m’a pas pris beaucoup de temps.

J’ouvre la portière arrière, monte, puis essaye de la fermer derrière moi, mais tu la retiens.

« Fais-moi de la place, Clarissa. Je t’accompagne. » Tu te penches en avant. Ta tête et ton torse sont à l’intérieur du taxi. Je sens ton dentifrice – une odeur de menthe prononcée.

Le sang-froid que j’ai pris soin de conserver se volatilise. « Cet homme n’est pas avec moi », dis-je au taxi, le même que celui qui est venu me prendre hier. « Je ne veux pas qu’il entre. »

« Arrêtez de l’embêter. Dégagez ou j’appelle la police ! ».

Ma mère m’a toujours dit depuis que je suis adulte que les chauffeurs de taxi considèrent que protéger leurs clients fait partie de leur travail ; ils savent que c’est la raison pour laquelle les femmes sont prêtes à payer un taxi. Ma mère a souvent raison, et je suis bien tombée avec ce chauffeur. Pour ma mère, les chauffeurs de taxi sont des héros qui vous sauvent, des hommes grands et costauds.

En l’occurrence c’est une femme, âgée d’une quarantaine d’années, petite, mais corpulente et coriace et intrépide.

Elle a de beaux cheveux gris dressés sur le crâne qu’elle n’est certainement pas du genre à teindre. Elle porte un jean et un pull orange en laine pelucheuse.

Elle ne manifeste rien de la chaleur et de la jovialité qui régnait hier dans son taxi lors de notre bref trajet. Elle ouvre sa portière, histoire de te montrer qu’elle est prête à mettre ses menaces à exécution.

Tu retires ta tête et ton torse et restes à quelques centimètres de la portière que je claque en même temps qu’elle claque la sienne.

Tu donnes un coup de poing sur le toit.

« Comment peux-tu me traiter comme ça, Clarissa ? »

La conductrice appuie sur le bouton pour baisser la vitre avant côté passager, t’adresse quelques menaces bien senties, et le taxi s’éloigne.

« Clarissa ? Clarissa ! Je ne mérite pas ça, Clarissa ! »

Je refuse toujours de te regarder.

J’essaie désespérément de suivre à la lettre les conseils, de faire les choses comme il faut. Je vois du coin de l’œil que tu cours à côté du taxi jusqu’au bout de la rue en donnant de grands coups dans les arbres et les lampadaires près desquels tu passes. Je t’entends m’appeler. La chauffeuse marmonne tout bas que tu es vraiment un connard fini. Elle s’excuse pour sa grossièreté et je m’excuse des problèmes que je lui cause. Elle me dit et je lui dis qu’il n’est nul besoin de s’excuser. Mais je sais qu’elle le fait par politesse − je lui dois vraiment des excuses. Je la remercie de son aide.

Avant de sortir du taxi je prends sa carte : elle peut me servir de témoin contre toi.

En dépit du film de sueur qui couvre mon dos et mon front malgré le froid matinal, cette journée a plutôt bien commencé pour ce qui est de te gérer.

Tandis que je traverse le hall de la gare, hébétée, mon nouveau téléphone bipe, ce qui veut dire que j’ai reçu un mail. Je regarde l’écran comme une petite fille se mettant au défi de se regarder dans un miroir en pleine obscurité tout en redoutant d’y voir apparaître le visage d’un monstre. À ma grande surprise, le mail a été envoyé, au bout d’une longue période de silence, par Rowena. Elle est à Bath ce soir et me demande de venir la retrouver dans un restaurant français où je ne suis jamais allée mais dont Henry a dit un jour qu’il était épouvantable. Je réponds, J’y serai, et ajoute deux baisers. Puis j’éteins mon portable et monte dans le train de Bristol.

 

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