Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[Livre] Alex

Alex.jpg

 

Résumé : Qui connait vraiment Alex ? Elle est belle. Excitante.

 Est-ce pour cela qu'on l'a enlevée, séquestrée, livrée a l'inimaginable ? Mais quand la police découvre enfin sa prison, Alex a disparu. Alex, plus intelligente que son bourreau. Alex qui ne pardonne rien, qui n'oublie rien, ni personne.

 

Auteur : Pierre Lemaître

 

Edition : Le livre de poche

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : mai 2012

 

Prix moyen : 8€

 

Mon avis : Le début de ce livre est extrêmement frustrant car on ne sait rien des raisons de cet enlèvement brutal. Pourtant cet enlèvement semble trop bien préparé pour être le fruit du hasard. Ce n’est qu’au bout de presque une centaine de pages que l’on a la confirmation que rien n’est du au hasard mais on n’en sait pas plus. On ne sait pas pourquoi, on ne sait rien à part qu’Alex a compris qui était son ravisseur.
Au fil de la première partie on en apprend plus sur les raisons de cet enlèvement et Alex de simple victime passe à un statut plus ambigu.
Malheureusement, le quatrième de couverture révèle la fin de cette première partie (le livre en compte trois). Comme souvent, à trop vouloir attirer les lecteurs, les éditeurs en disent trop. Cela dit, cela ne dérange pas vraiment la lecture car tout l’intérêt est le cheminement qui mène à ce premier dénouement qui ouvre l’intrigue de la partie deux.
La seconde partie s’attache à en savoir plus sur Alex. Bien qu’on ne sache pas les raisons de son comportement, on la suit à la trace.
Pour l’instant, tout ce que je sais vraiment sur elle c’est qu’elle a une mère horrible et que son frère n’a pas l’air franchement mieux. Cela dit, rien n’est jamais clairement dit. Comme à son habitude, Pierre Lemaître nous balade au gré de ses envies, la tension monte et quand elle devient intolérable, elle redescend un peu avant de reprendre son ascension.
Chaque chapitre, dès le début du roman, alterne entre Alex et la police qui la recherche, d’abord comme victime, puis comme suspecte.
Tout l’intérêt (enfin peut être pas pour eux) est qu’ils recherchent une femme dont ils ignorent tout, jusqu’au nom. Tout ce qu’ils ont, c’est un portrait robot tiré d’une mauvaise photo. Ce qui provoque quelques petites tensions, surtout quand un juge, arrogant et ne connaissant rien au travail de police, se mêle de tout.
L’inspecteur chargé de l’affaire l’a prise à contrecœur, une affaire d’enlèvement lui rappelant trop celui de sa propre épouse qui s’est terminée de façon tragique.
Alex étant le second livre mettant en scène cet inspecteur, peut être que le premier, Travail soigné, en révèle plus sur cette affaire.
L’inspecteur, Camille Verhoeven, fils d’une artiste dont le tabagisme excessif pendant sa grossesse l’a condamné à une taille d’1m45, compense sa taille par une attitude brusque et des méthodes bien à lui impliquant un certain mépris de la hiérarchie que son divisionnaire tolère au vu de ses bons résultats.
La fin de la seconde partie fait l’effet d’une bombe. Je ne m’attendais vraiment pas à ça, surtout en voyant qu’il restait toute une partie à lire. Qu’est ce qu’il pouvait bien y avoir après ça ?
Et bien la fin de la seconde partie, c’est un pétard mouillé à coté de la troisième qui remet en cause tout ce qu’on croyait avoir compris de l’affaire dans les deux parties précédentes.
Pierre Lemaitre s’amuse avec nous. Ses personnages passent au fil des pages du statut de victimes à celui de suspects avant de redevenir des victimes, en passant par des monstres… impossible de savoir qui est qui avec certitude, jusqu’à la fin. Cette valse est déstabilisante mais ne perd jamais en crédibilité.
Un coup de cœur.

 

Un extrait : Alex adore ça. Il y a déjà près d’une heure qu’elle essaye, qu’elle hésite, qu’elle ressort, revient sur ses pas, essaye de nouveau. Perruques et postiches. Elle pourrait y passer des après-midi entiers.

Il y a trois ou quatre ans, par hasard, elle a découvert cette boutique, boulevard de Strasbourg. Elle n’a pas vraiment regardé, elle est entrée par curiosité. Elle a reçu un tel choc de se voir ainsi en rousse, tout en elle était transformé à un tel point qu’elle l’a aussitôt achetée, cette perruque.

Alex peut presque tout porter parce qu’elle est vraiment jolie. Ça n’a pas toujours été le cas, c’est venu à l’adolescence. Avant, elle a été une petite fille assez laide et terriblement maigre. Mais quand ça s’est déclenché, ç’a été comme une lame de fond, le corps a mué presque d’un coup, on aurait dit du morphing en accéléré, en quelques mois, Alex était ravissante. Du coup, comme personne ne s’y attendait plus, à cette grâce soudaine, à commencer par elle, elle n’est jamais parvenue à y croire réellement. Aujourd’hui encore.

Une perruque rousse, par exemple, elle n’avait pas imaginé que ça pourrait lui aller aussi bien. Une découverte. Elle n’avait pas soupçonné la portée du changement, sa densité. C’est très superficiel, une perruque mais, inexplicablement, elle a eu l’impression qu’il se passait vraiment quelque chose de nouveau dans sa vie.

Cette perruque, en fait, elle ne l’a jamais portée. De retour chez elle, elle s’est aussitôt rendu compte que c’était la qualité la plus médiocre. Ça faisait faux, moche, ça faisait pauvre. Elle l’a jetée. Pas dans la poubelle, non, dans un tiroir de la commode. Et de temps en temps, elle l’a reprise et s’est regardée avec. Cette perruque avait beau être affreuse, du genre qui hurle : « Je suis du synthétique bas de gamme », il n’empêche, ce qu’Alex voyait dans la glace lui donnait un potentiel auquel elle avait envie de croire. Elle est retournée boulevard de Strasbourg, elle a pris le temps de regarder les perruques de bonne qualité, parfois un peu chères pour son salaire d’infirmière intérimaire, mais qu’on pouvait vraiment porter. Et elle s’est lancée.

Au début, ce n’est pas facile, il faut oser. Quand on est, comme Alex, d’un naturel assez complexé, trouver le culot de le faire demande une bonne demi-journée. Composer le bon maquillage, assortir les vêtements, les chaussures, le sac, (enfin, dégotter ce qui convient dans ce que vous avez déjà, on ne peut pas tout racheter chaque fois qu’on change de tête…). Mais ensuite vous sortez dans la rue et immédiatement, vous êtes quelqu’un d’autre. Pas vraiment, presque. Et, si ça ne change pas la vie, ça aide à passer le temps, surtout quand on n’attend plus grand-chose.

Alex aime les perruques typées, celles qui envoient des messages clairs comme : « Je sais à quoi vous pensez » ou « Je suis aussi très bonne en maths ». Celle qu’elle porte aujourd’hui dit quelque chose comme : « Moi, vous ne me trouverez pas sur Facebook. »

Elle saisit un modèle nommé « Urban choc » et c’est à ce moment qu’elle voit l’homme à travers la vitrine. Il est sur le trottoir d’en face et fait mine d’attendre quelqu’un ou quelque chose. C’est la troisième fois en deux heures. Il la suit. Maintenant, c’est une certitude. Pourquoi moi ? C’est la première question qu’elle se pose. Comme si toutes les filles pouvaient être suivies par des hommes sauf elle. Comme si elle ne sentait pas déjà en permanence leurs regards, partout, dans les transports, dans la rue. Dans les boutiques. Alex plaît aux hommes de tous les âges, c’est l’avantage d’avoir trente ans. Quand même, elle est toujours surprise. « Il y en a tellement de bien mieux que moi. » Toujours en crise de confiance, Alex, toujours envahie par le doute. Depuis l’enfance. Elle a bégayé jusqu’à l’adolescence. Même encore aujourd’hui, quand elle perd ses moyens.

Elle ne le connaît pas, cet homme, un physique pareil, ça l’aurait frappée, non, elle ne l’a jamais vu. Et puis, un type de cinquante ans suivre une fille de trente… Ce n’est pas qu’elle soit à cheval sur les principes, ça l’étonne, voilà tout.

 

Écrire un commentaire

Optionnel