Je remercie Babelio (opération masse critique) et les éditions casterman pour cette lecture
Résumé : « Fleur vérifia sur son téléphone : son père ne lui avait laissé aucun message. C’était curieux, ces trois appels successifs. Pourtant, elle décida de faire la morte. La morte… Une étrange façon de parler, à bien y réfléchir. Et glaçante, quand on l’associait aux coups de fil du commissaire Markowicz. Son père. Pour qui le pire était toujours sûr. »
Auteur : Vincent Villeminot
Edition : Casterman
Genre : Thriller
Date de parution : 1er juin 2016
Prix moyen : 16€
Mon avis : Les premiers chapitres servent à présenter succinctement les différents protagonistes. La plus flippante est la petite sœur de Fleur qui parle à 10 ans comme un vieux professeur d’université de 60 ans et qui a une maturité et une froideur qui font vraiment frémir chez une gamine de son âge.
Le commissaire Markowicz est spécialisé dans les crimes commis par des goules. Appelé sur une scène de crime, il ne lui faut que quelques minutes pour écarter la culpabilité d’une goule, mais certains faits, comme le lieu où l’on a trouvé le corps et la mise en scène, lui font suspecter que ce crime est un message pour son équipe. Il va donc mentir et déclarer que ce crime est bien l’œuvre d’une goule afin de garder l’affaire et de comprendre à quoi il est confronté.
Ce meurtre est le point de départ du livre.
Au niveau de l’écriture, j’ai parfois un peu tiqué devant certaines approximations, comme à la page 16 où l’auteur écrit : « Il utilisait toute une théorie de couteaux et scalpels ». Ca fait si mal que ça les théories de couteaux ? Ou encore, à la page 152 où le commissaire « envisage » son adjoint depuis le pas de la porte (Ou peut être, en fait, le dévisage-t-il ?).
L’humour donné au commissaire est parfois un peu limite (« le sévice est compris »). L’utilisation excessive des guillemets, pratiquement toute les demi-pages, devient très vite agaçante, d’autant que les termes ainsi signalés sont souvent d’une banalité qui fait s’interroger sur ce choix.
L’histoire elle-même ciblerait plutôt des adolescents, mais certains des termes employés risquent de les décourager de poursuivre leur lecture (comme les trumeaux ou propitiatoire).
Les goules sont des sortes de loups-garous : la justice les considère comme des chiens dangereux et les personnes qui survivent à une attaque de goule se transforment de temps en temps en cette créature. On est loin des cimetières et de la nécrophagie qu’on a toujours prêté aux goules.
J’ai trouvé l’histoire très longue à démarrer. Il m’a fallut attendre le chapitre 34 (près de 110 pages) pour commencer à trouver un rythme à l’histoire. Autant dire que si ce livre n’avait pas été une masse critique, je l’aurais abandonné car généralement si je m’ennuie pendant plus de 50 pages, je n’insiste pas. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’après la centième page j’ai ressenti une explosion d’émotions telle que l’on ressent quand on se rend compte qu’un livre moyen est en train de devenir un sacré bon livre, mais ma lecture est devenue plus agréable.
Le déroulement de l’enquête ne permet pas vraiment au lecteur de faire des hypothèses concernant le coupable, puisque les informations le concernant ne nous sont données que lorsque la brigade trouve son identité. J’ai donc perdu là une grande part de l’intérêt que je trouve aux polars : essayer de trouver le sale type.
En bref on a là un livre qui se lit sans grande passion, avec un public cible mal définit (contradiction entre le style de l’histoire et certains mots de vocabulaire choisis), avec une fin un peu trop rapide, comme si l’auteur ne savait pas comment l’amener avec plus de panache. Ce n’était pas à proprement parler une mauvaise lecture, mais c’est une lecture qui ne me laissera pas vraiment de souvenirs.
Un extrait : L’assassin masqué était un artisan maroquinier, dans le civil. Pour tuer, il utilisait toute une théorie de couteaux et scalpels destinés au travail du cuir, dont les formes diverses introduisaient un peu de variété dans les séquences de meurtres. Chaque fois, la chose finissait pourtant de la même façon : il taillait une boutonnière sur sa victime, de la gorge au pubis, le ventre s’ouvrait et une quantité de sang exagéré (équivalent à la mer rouge environ), de déversait sur le plancher, les meubles, les murs – et parfois l’objectif de la caméra.
Ensuite, le tueur masqué refermait sa victime, et la recousait scrupuleusement. Au début, du moins ; quand il en avait le temps. Mais plus maintenant. Maintenant, il se contentait d’éventrer à tour de bras, une hécatombe, et son travail de psychopathe perdait forcément en minutie.
Le film s’appelait Lethal Killer.
Il s’agissait d’un slasher movie médiocre, et médiocrement horrifique. C’était Fleur, la jolie blonde de 17 ans, qui l’avait choisi. Elle était généralement friande de ce genre d’horreurs de série Z. Mais elle avait cette fois sélectionné le film et la séance dans la perspective, surtout, de se blottir aux moments fatals contre Antonin, le garçon maigre, ombrageux, assis à sa droite. C’est ainsi que les choses devaient se passer à 17 ans, elle l’avait lu ou entendu quelque part.
Espoir vain.
Peine perdue.
Fiasco complet.
Son cavalier sursautait chaque fois que le psychopathe frappait. Si ça continuait, il allait finir par pousser des gémissements en se cachant les yeux.
Fleur soupira.
C’était la première fois qu’ils allaient au cinéma tous les deux. Elle avait attendu une invitation d’Antonin pendant au moins trois semaines – puis, de guerre lasse, elle avait pris l’initiative.
Elle s’était mise en robe d’été, une robe bleu vif sur sa peau déjà bronzée, parce qu’elle comptait sur l’effet induit par ce vêtement, et sur les possibilités d’exploration éventuelle qu’il offrait.
Mais il ne se passait rien.