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  • [Livre] Luna viva : Le tournoi des voyantes

     

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Lors de son hospitalisation la jeune tireuse de cartes Luna a rencontré un jeune métis qui depuis sa mort, l'accompagne sous forme de spectre. Mais le chef des forains, le Falcone, a inscrit Luna à un concours de cartomancie et l'a confiée à Izabella. A ses côtés, elle prend conscience de la puissance de son don de divination mais aussi des menaces que fait peser le Cercle sur les voyantes.

     

    Auteur : Aurélie Benattar

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 01 juin 2016

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : Dès le prologue, le ton est donné sur la vie de Luna : mère décédée, frère violent, communauté de forains s’apparentant à une secte… Une vie formidable ! On ne s’étonne plus de la tentative de suicide de Luna qui ouvre le livre. On la comprend encore mieux dans les chapitres qui suivent.
    De « simplement » violent, son frère apparaît comme potentiellement incestueux ; Luna semble être mise à l’écart, physiquement même, de la communauté. Son frère l’isole, on lui reproche son apparence : une poupée aux cheveux blond presque blancs et aux yeux plus, au teint de porcelaine, au milieu de personnes à la peau mate, aux cheveux noirs et aux yeux marrons. Elle fait « tache », elle dérange.
    Les règles concernant les filles dans la communauté renforcent l’impression sectaire (pas de télé ou d’internet avant les 20 ans).
    J’ai beaucoup aimé que sous chaque titre de chapitre on trouve l’image d’un arcane majeur du tarot de Marseille, son nom et sa signification (l’une de ses significations).
    Un jour, le chef de la fête foraine décide d’inscrire Luna à un concours de voyance. Sa sœur, une grande voyante va venir l’entrainer.
    Luna apprend alors que les voyantes sont menacées par un groupe appelé « le cercle » qui leur envie l’influence qu’elles ont auprès des chefs.
    J’ai regretté qu’on n’en sache pas plus au sujet de ce fameux cercle. Mais d’un autre coté, c’est une bonne excuse pour réclamer à l’auteur d’autres tomes des aventures de Luna !

    A un moment, vers la fin, un évènement (et comme c’est vers la fin, je vous dirais pas lequel) m’a donné envie de pleurer (en plus je suis hyperémotive en ce moment surtout sur ce sujet) et j’ai tourné les pages de plus en plus vite dans l’espoir de découvrir une autre explication que celle qui parait la plus évidente. Autant dire que j’ai eu de la chance qu’on soit près de la fin du livre parce que j’aurais été incapable de le poser sans savoir et qu’il était déjà plus de 22h.
    J’ai beaucoup apprécié le style de l’auteur même si parfois, certains des sujets abordés m’ont fait douter de la qualification jeunesse du livre (disons jeunesse mais à partir de 14 ans) : suicide, inceste, folie… Bref il faut que le jeune en question ait une certaine maturité pour aborder ces sujets là.
    Je n’ai pas été choquée par des tournures approximatives, le texte est vraiment bien écrit (y’a une coquille, une seule, à un moment, je me rappelle plus ou exactement, « hbier » au lieu de « hier », franchement, c’est rien à coté d’autres livres que j’ai lu !).
    Il y aurait beaucoup de choses à dire encore sur ce livre, mais sans vous dévoiler l'histoire ce serait mission impossible. Sachez seulement que tout ce que j'aurais à dire serait positif sur le livre (même quand j'ai envie de critiquer les personnages car l'auteur en a fait certains vraiment détestables).
    C’était une excellente lecture, pas loin du coup de cœur (fallait pas me faire pleurer !) et j’espère vraiment que l’auteur fera une suite !

    Un extrait : - Debout, feignasse !

    La voix de « grizzli » résonne dans ma tête. Je dormais si profondément que je n’ai pas entendu le bruit du verrou – d’ordinaire, il me fait sursauter. Mais il faut dire que depuis avant-hier, mon retour à la roulotte, je suis une vraie marmotte.
    Allez Gidy ! Encore quelques minutes, s’il te plait. Promis, je te ferai une jolie recette après. Ils vont en avoir pour leur monnaie, les clients. Je leur dirai tout ce qu’ils ont envie d’entendre : argent, mariage, santé. Tout.
    C’est la seule chose qui existe pour lui, la paie que je ramène. Il doit des comptes aux forains, mon frère. Alors, il m’en demande à moi…normal. Loi de la chaine alimentaire. Dommage que je me trouve au dernier échelon. Le coup de l’hosto, je m’attendais à ce qu’il le prenne mal ; et d’ailleurs, ça n’a pas raté. Du pur « Gidy Grizzly »… Dès qu’il a été autorisé à entrer en service de réanimation, il n’a pas mâché ses mots.

    - T’es encore plus conne que je croyais ! Pourquoi t’as fait ça ? Pourquoi t’as pris ces cachetons ?

    Face à mon silence, il s’est mis à tourner comme une boule de loto dans sa machine. Maman y jouait toutes les semaines, au loto – ma couchette étant placée juste en face du poste télé, je pouvais voir les émissions en cachette. Elle s’était même arrangée pour faire des petits trous dans les motifs du rideau. Mais malgré mes prières pendant le tirage, elle n’a jamais gagné le gros lot.
    Tout au plus 50 euros une fois.
    Dans mon lit blanc d’éther, sous les cris de mon frère, je me disais que moi non plus, je ne risquais pas de toucher le pactole.

    - Merde, tu te rends compte du fric que tu nous fais perdre ? Sale tarée !

    Il s’est approché de moi avec ses pas de girafe malade – je n’ai pas attendu qu’il lève la main au dessus de mon visage pour me protéger, l’habitude. Par chance, une infirmière a passé la tête depuis le couloir. Pas Catherine, elle n’était pas de garde, mais une fille sympa quand même.

    - Tout va bien ? a demandé ma sauveuse du moment.


    - Ouais, ouais.


    Comme elle n’a pas l’air convaincue, Gidy m’a fait signe de confirmer – discrètement. Je me suis exécutée, avec mon meilleur sourire forcé ; celui que je garde pour les clients, à qui je prescris des prophéties tronquées. Mes « dons de voyance », je n’y crois qu’à moitié, même si je fais semblant. La plupart des consultants viennent à la Roulotte de Luna pour être rassurés, pas pour la vérité. Du reste, tout sera fait pour qu’ils oublient leurs problèmes, pour les divertir, pour qu’ils sortent satisfaits. Qu’ils aient envie de revenir.

    - Oui, oui, ça va Madame.

    J’ai obtempéré pour que Gidy se calme. Cette fois, ça a marché. Il a tiré la tronche en attendant que l’infirmière disparaisse. Ensuite, il s’est laissé tomber dans le fauteuil des visiteurs, comme s’il ne s’était pas assis depuis un mois.

    - J’en ai marre, bordel !

    Je n’ai pas réagi. Ne rien dire, c’est moins risqué que de lâcher une phrase qui pourrait le mettre en rogne. Même si parfois, mon silence aussi le rend complètement fou.

    - Tu aurais pu me faire avoir des problèmes avec le Falcone. Merde !

    Le Falcone, notre chef. Enfin, le chef du clan, parce que moi, je ne me suis jamais sentie des leurs.

     

  • [Livre] La prochaine fois ce sera toi (La brigade de l’ombre)

    Je remercie Babelio (opération masse critique) et les éditions casterman pour cette lecture

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    Résumé
     : « Fleur vérifia sur son téléphone : son père ne lui avait laissé aucun message. C’était curieux, ces trois appels successifs. Pourtant, elle décida de faire la morte. La morte… Une étrange façon de parler, à bien y réfléchir. Et glaçante, quand on l’associait aux coups de fil du commissaire Markowicz. Son père. Pour qui le pire était toujours sûr. »

     

    Auteur : Vincent Villeminot

     

    Edition : Casterman

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 1er juin 2016

     

    Prix moyen : 16€

     

    Mon avis : Les premiers chapitres servent à présenter succinctement les différents protagonistes. La plus flippante est la petite sœur de Fleur qui parle à 10 ans comme un vieux professeur d’université de 60 ans et qui a une maturité et une froideur qui font vraiment frémir chez une gamine de son âge.
    Le commissaire Markowicz est spécialisé dans les crimes commis par des goules. Appelé sur une scène de crime, il ne lui faut que quelques minutes pour écarter la culpabilité d’une goule, mais certains faits, comme le lieu où l’on a trouvé le corps et la mise en scène, lui font suspecter que ce crime est un message pour son équipe. Il va donc mentir et déclarer que ce crime est bien l’œuvre d’une goule afin de garder l’affaire et de comprendre à quoi il est confronté.
    Ce meurtre est le point de départ du livre.

    Au niveau de l’écriture, j’ai parfois un peu tiqué devant certaines approximations, comme à la page 16 où l’auteur écrit : « Il utilisait toute une théorie de couteaux et scalpels ». Ca fait si mal que ça les théories de couteaux ? Ou encore, à la page 152 où le commissaire « envisage » son adjoint depuis le pas de la porte (Ou peut être, en fait, le dévisage-t-il ?).
    L’humour donné au commissaire est parfois un peu limite (« le sévice est compris »). L’utilisation excessive des guillemets, pratiquement toute les demi-pages, devient très vite agaçante, d’autant que les termes ainsi signalés sont souvent d’une banalité qui fait s’interroger sur ce choix.
    L’histoire elle-même ciblerait plutôt des adolescents, mais certains des termes employés risquent de les décourager de poursuivre leur lecture (comme les trumeaux ou propitiatoire).
    Les goules sont des sortes de loups-garous : la justice les considère comme des chiens dangereux et les personnes qui survivent à une attaque de goule se transforment de temps en temps en cette créature. On est loin des cimetières et de la nécrophagie qu’on a toujours prêté aux goules.
    J’ai trouvé l’histoire très longue à démarrer. Il m’a fallut attendre le chapitre 34 (près de 110 pages) pour commencer à trouver un rythme à l’histoire. Autant dire que si ce livre n’avait pas été une masse critique, je l’aurais abandonné car généralement si je m’ennuie pendant plus de 50 pages, je n’insiste pas. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’après la centième page j’ai ressenti une explosion d’émotions telle que l’on ressent quand on se rend compte qu’un livre moyen est en train de devenir un sacré bon livre, mais ma lecture est devenue plus agréable.
    Le déroulement de l’enquête ne permet pas vraiment au lecteur de faire des hypothèses concernant le coupable, puisque les informations le concernant ne nous sont données que lorsque la brigade trouve son identité. J’ai donc perdu là une grande part de l’intérêt que je trouve aux polars : essayer de trouver le sale type.

    En bref on a là un livre qui se lit sans grande passion, avec un public cible mal définit (contradiction entre le style de l’histoire et certains mots de vocabulaire choisis), avec une fin un peu trop rapide, comme si l’auteur ne savait pas comment l’amener avec plus de panache. Ce n’était pas à proprement parler une mauvaise lecture, mais c’est une lecture qui ne me laissera pas vraiment de souvenirs.

    Un extrait : L’assassin masqué était un artisan maroquinier, dans le civil. Pour tuer, il utilisait toute une théorie de couteaux et scalpels destinés au travail du cuir, dont les formes diverses introduisaient un peu de variété dans les séquences de meurtres. Chaque fois, la chose finissait pourtant de la même façon : il taillait une boutonnière sur sa victime, de la gorge au pubis, le ventre s’ouvrait et une quantité de sang exagéré (équivalent à la mer rouge environ), de déversait sur le plancher, les meubles, les murs – et parfois l’objectif de la caméra.

    Ensuite, le tueur masqué refermait sa victime, et la recousait scrupuleusement. Au début, du moins ; quand il en avait le temps. Mais plus maintenant. Maintenant, il se contentait d’éventrer à tour de bras, une hécatombe, et son travail de psychopathe perdait forcément en minutie.
    Le film s’appelait Lethal Killer.
    Il s’agissait d’un slasher movie médiocre, et médiocrement horrifique. C’était Fleur, la jolie blonde de 17 ans, qui l’avait choisi. Elle était généralement friande de ce genre d’horreurs de série Z. Mais elle avait cette fois sélectionné le film et la séance dans la perspective, surtout, de se blottir aux moments fatals contre Antonin, le garçon maigre, ombrageux, assis à sa droite. C’est ainsi que les choses devaient se passer à 17 ans, elle l’avait lu ou entendu quelque part.
    Espoir vain.

    Peine perdue.

    Fiasco complet.
    Son cavalier sursautait chaque fois que le psychopathe frappait. Si ça continuait, il allait finir par pousser des gémissements en se cachant les yeux.
    Fleur soupira.

    C’était la première fois qu’ils allaient au cinéma tous les deux. Elle avait attendu une invitation d’Antonin pendant au moins trois semaines – puis, de guerre lasse, elle avait pris l’initiative.

    Elle s’était mise en robe d’été, une robe bleu vif sur sa peau déjà bronzée, parce qu’elle comptait sur l’effet induit par ce vêtement, et sur les possibilités d’exploration éventuelle qu’il offrait.

    Mais il ne se passait rien.

     

  • [Livre] L'empire des Auras

    Je remercie la masse critique de Babelio et les éditions du seuil pour cette lecture.

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    Résumé : 2059. Les individus sont maintenant classés en fonction de leur aura : les bleus ont tous les privilèges ; les rouges, décrétés dangereux, sont exclus du pouvoir.
    Avec son aura bleue, Chloé, elle, a été éduquée dans la méfiance des rouges. Obligée de quitter son lycée privé bleu pour un établissement public mixte, ses idées reçues ne tardent pas à être remises en cause. Car à l'évidence, certains rouges ne sont pas aussi mauvais qu'elle le croyait.
    Lorsque sa propre aura commence à se modifier, Chloé est rejetée par sa famille. Et bien obligée de prendre position.
    Et si les auras, finalement, n'étaient qu'un prétexte utilisé par les puissants pour justifier une société de plus en plus inégalitaire ?

     

    Auteur : Nadia Coste

     

    Edition : Seuil

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 07 avril 2016

     

    Prix moyen : 14€

     

    Mon avis : Contrairement à ce que l’on peut penser quand on lit le résumé, il ne s’agit pas d’une dystopie mais plutôt un roman d’anticipation. L’essentiel de la vie est exactement la même que la notre : le brevet, le lycée, le bac, les trams, le métro, le travail, les pertes d’emplois… Mais là, la science a prouvé que chaque individu dégageait une aura, soit rouge, soit bleue, invisible à l’œil nu, mais visible sur des scans. Le gouvernement se congratule d’avoir vu disparaître l’homophobie, le racisme, le sexisme, les guerres de religion… mais tout s’est reporté sur la différence faite entre les rouges et les bleus et qui a été mise en évidence par le médecin qui a découvert ce phénomène, le docteur Peysson.
    Chloé se retrouve dans un lycée mixte à cause du chômage de son père, qui ne lui permet pas d’intégrer un lycée privée, et de son mauvais dossier scolaire qui lui interdit une acceptation dans un lycée d’élite.

    Dès son arrivée dans le lycée, sa vie est bouleversée. Déjà, les scans sont interdits. Pour elle qui scanne tout le monde et qui est scannée tous les matins par sa mère, c’est une interdiction aussi absurde que dangereuse : comment éviter les rouges si elle ne peut pas les repérer ?
    Très vite, ses convictions vont être mises à mal. Il faut dire que les deux petits loubards de la classe sont de bons bleus et les gars et filles sympas, sont en majorité des rouges… Il y a de quoi être perturbée quand on a apprit toute sa vie que les rouges sont dangereux.
    Les parents de Chloé sont horribles, quoi que son père ait une capacité de réflexion que sa mère ne semble pas avoir. Celle-ci scanne sa fille tous les jours, pour vérifier que son aura demeure bien bleue et ce avant même de lui dire bonjour le matin. Elle ne cache pas ses sentiments envers les rouges et fait d’ailleurs partie d’une association qui milite contre eux (on peut lire quelques slogans imprimés sur des tracs et ça fait froid dans le dos). Elle ne cache pas non plus que si l’aura de sa fille venait à changer, elle considèrerait qu’elle n’a plus de fille.

    Chloé va se poser de plus en plus de questions au point de mettre en doute les paroles de tous, gouvernement, officiels, parents…

    L’écriture est fluide et très agréable. L’idée est originale mais ça me fait sourire quand je vois des critiques qui disent : pourvu que l’avenir ne deviennent pas comme ça car les mentalités y sont effroyables.
    J’ai envie de leur dire : eh oh, réveillez vous, les mentalités sont déjà effroyables ! Il y a déjà de la discrimination à l’embauche, tous les jours des parents jettent leurs enfants dehors parce qu’ils se révèlent homosexuels, parce qu’ils se mettent en ménage avec une personne d’une autre confession…
    En fait ce livre ne nous montre pas ce que pourrait être l’avenir, il nous montre seulement ce qu’est déjà notre présent en concentrant la haine sur une cause commune plutôt que sur des causes différentes.
    Et cerise sur le gâteau, c’est vraiment agréable d’avoir une histoire complète de ce genre en un seul tome !

    Un extrait : Une fois que son reflet lui sembla acceptable, Chloé attrapa son téléphone portable, choisit l’option appareil photo avec l’appli Aura et prit un selfie en tenant l’appareil à bout de bras. Trois photos s’affichèrent côte à côte : sur la première, la jeune fille apparaissait sans retouches. Sur la deuxième, une lumière bleutée irradiait des contours de son corps. Et, enfin, la troisième ne laissait voir que sa silhouette, entièrement colorée par un halo d’énergie invisible à l’œil nu. Son aura, d’un bleu profond, émanait de chaque cellule de son corps. On ne distinguait ni ses yeux ni sa bouche. Seulement le flot coloré révélé au grand jour par les recherches des médecins dans les années 2020.
    Chloé sourit. S’il y avait bien une chose dont elle était fière, c’était la parfaite couleur bleue de sn aura.

    Le stress de la rentrée lui tordit soudain le ventre.
    Au collège, elle avait passé quatre années entourée d’auras bleues, comme elle. Mais ses résultats scolaires ne lui avaient pas permis d’intégrer un lycée d’élite, et, depuis que son père avait perdu son travail, ses parents n’avaient pas les moyens de l’envoyer dans le privé. Alors elle se retrouvait condamnée au lycée public, mixte, où la racaille des auras rouges pullulait.
    « Ca va aller », se convainquit-elle intérieurement en essuyant ses mains moites sur son pantalon.
    Avec un dernier soupir adressé au miroir, elle attrapa son sac alourdi de fournitures scolaires neuves et quitta sa chambre.

    Chloé était bien trop nerveuse pour petit-déjeuner, mais elle savait que si elle n’emportait rien à grignoter dans la matinée, elle ne tiendrait pas jusqu’à la cantine. Elle passa donc par la cuisine.
    Son père était déjà parti pour un de ses rendez-vous avec les agents de reclassement qui tentaient de l’aider dans sa recherche d’emploi. Sa mère, penchée sur sa tablette, ajustait la mise en page des tracts de l’association dont elle gérait la communication.

    - Bonjour, maman.

    Elle se tint immobile le temps que sa mère dégaine son smartphone. Chloé était soumise à ces scans quotidiens depuis toujours. Sa mère lui avait raconté tous les faits divers où des enfants, qui avaient basculé dans la nuit, avaient éliminé leur famille au matin. Pas question de prendre un tel risque chez les Fournier.
    Mais, plus Chloé grandissait, plus elle perdait patience. Sa mère ne pouvait-elle pas lui faire confiance ? Aussi bien pour la stabilité de son aura que pour sa santé mentale ? Jamais elle ne ferait quelque chose d’aussi horrible !
    Les yeux de la jeune fille passèrent sur les gros titre du tract, où l’on pouvait lire « Rouge est la couleur du péché », « Rester pur par la prière » ou encore « Oui aux quartiers d’isolement ».
    L’association, ouvertement religieuse, voyait l’appli Aura comme un outil donné par Dieu pour connaître la ligne de conduite à adopter. Ils organisaient des ateliers prières et méditation une fois par semaine, et leur taux de résultat très encourageant – une seule bascule en deux ans – confortait Mme Fournier dans son militantisme antirouges.
    Une fois que cette dernière se fut assurée que l’aura de Chloé n’avait pas changé pendant la nuit, elle lui répondit enfin :

    - Bonjour, ma chérie.

     

  • [Livre] La guerrière d’Argalone – Tome 3 – Un combat difficile

    Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

     

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    Résumé : Alexia a sauvé Tomas des griffes du Grahir et s’est réfugiée à Spéro grâce à ses pouvoirs magiques. Elle y retrouve monsieur Hary, Kévin, Fallia et Léona. Mais le prince William et ses compagnons sont restés aux mains de l’ennemi. Le royaume d’Argalone est ainsi privé de son prince héritier.

    Cependant, Spéro se trouve sur le territoire de Dorduine, si bien qu’Alexia et ses amis ne sont pas en sécurité. Après avoir échappé à un encerclement de l’armée noire, ils s’efforcent de regagner leur pays.

    Des dangers mortels les attendent, ainsi qu’une rencontre inattendue qui va tout changer. Et c’est plus forte, mais non moins terrifiée, qu’Alexia se lance dans son dernier combat contre Grahir.

     

    Auteur : Frédérique Arnould

     

    Edition : Artalys

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 03 octobre 2015

     

    Prix moyen : 16,50€

     

    Mon avis : La guerrière d’Argalone est une histoire plaisante mais c’est le type même de roman qui ne laisse pas de souvenirs impérissables. Alors que j’ai parfois attendu près de 10 ans entre deux tomes de certaines sagas (par exemple les enfants de la terre, de J.M Auel), j’ai pu lire le nouveau tome en me rappelant parfaitement ce que j’avais lu précédemment.
    Ici, quand je commence ce troisième tome, j’ai le sentiment de ne pas avoir lu le second (que j’ai lu il y a moins d’un mois), je ne comprends rien, les réactions des personnages me laissent perplexe, je me demande où sont la moitié des personnages. Mais petit à petit, on se laisse prendre dans l’histoire et au final, on ne pense plus aux tomes précédents car des rappels discrets sont disséminés dans ce dernier tome.
    Dès le début de ce tome, Tomas recommence à m’énerver. Son attitude de petit coq est pénible et j’espère que quelqu’un va vite le remettre à sa place, prince ou non.
    Sans surprise, ce tome conserve les défauts des précédents : fautes de conjugaison, écriture parfois hasardeuse, descriptions inutilement trop détaillées…
    On constate aussi une abondance de rebondissements. Trop, presque, car du coup, le nombre de pages n’ayant pas sensiblement augmenté, les problèmes trouvent une résolution trop rapide, trop facile. On a souvent l’impression de ne pas être allé au fond des choses. Un peu comme les romans de Stephen King qui font monter la tension pour que celle-ci retombe comme un soufflé devant une fin bâclée, on a ici une fin, qui, sans être, elle, bâclée, est un peu trop rapide, comme si l’auteur avait épuisé sa capacité à décrire et argumenter. En deux pages c’est plié.
    Ce tome a aussi les qualités des précédents : une histoire prenante et des personnages secondaires attachants (personnellement, je ne peux pas supporter Alexia, Maxi et Tomas).
    C’est une assez bonne trilogie qui aurait méritée plus de travail de réécriture, sans doute une beta lecture plus stricte et une correction plus attentive.
    Mais si c’est un premier roman (on va considérer ici qu’il s’agit d’un seul roman), c’est un bon début et avec du travail et de l’expérience, l’auteur s’améliorera très certainement, les défauts du roman étant loin d’être insurmontable et l’essentiel, à savoir l’imagination et une maîtrise correcte de la langue, étant là.

    Un extrait : Assise sur un rocher en bordure de prairie, je fixai avidement un tronçon végétal que j’avais rendu transparent. Le paysage morne de l’autre côté de la paroi accroissait mon malaise. Tout était vide et triste, comme moi. C’était comme s’il n’y avait plus âme qui vive. L’hiver était installé. Lentement, je remontai ma cape de fourrure sur mes épaules pour me protéger des flocons blancs qui tombaient du ciel. La brise fraîche fouettait mes joues jusqu’à les rendre insensibles.

    Cela faisait une semaine que je passais mes journées de cette façon, et rien n’arrivait à me faire bouger. Je détournai mon regard vers la droite en percevant des bruits de pas crisser dans la neige.

    « La nuit tombe, Alexia. Tu devrais rentrer.

    — Encore quelques minutes. »

    Léona me rejoignit, elle s’assit à mon côté et se frotta les mains pour se réchauffer.

    « Le conseil va commencer. Nous n’attendons plus que toi.

    — Ne pouvons-nous pas le reporter ?

    — Cela fait plus d’une semaine que tu es apparue avec Tomas et ni l’un ni l’autre n’avez fait état de ce que vous savez. Il est temps de délier vos langues. Fallia veut savoir ce qui est advenu de leur meneuse et des autres. Si tu continues comme ça, elle va perdre patience. Elle ne mange plus depuis des jours.

    — Est-ce que Tomas sera là ?

    — Il patiente avec Édouard, Kévin et Fallia. Comme je te l’ai dit, nous n’attendons plus que toi.

    — Très bien, je te suis. »

    Je jetai un dernier coup d’œil en direction de la paroi transparente. Ne décelant rien de nouveau, je me levai et suivis Léona sans aucune envie. Depuis que Tomas et moi avions échappé à Grahir et miraculeusement atterri à Spéro grâce à mes pouvoirs, aucun de nous ne s’était adressé la parole. J’avais passé trois jours inconsciente et quand enfin je m’étais réveillée, il m’avait fallu encore deux jours pour arriver à marcher tant j’étais faible. Kévin, Fallia, et Léona s’étaient relayés pour veiller sur moi. Mais pas une seule fois, Tomas n’était venu me rendre visite. C’est comme si toute cette histoire avait dressé une barrière entre nous. C’était dur à supporter, moi qui avais mis une ardente volonté à le retrouver !

    Kévin, qui avait tenté de lui parler à plusieurs reprises, m’avait expliqué que Tomas ne voulait voir personne. Il avait besoin de solitude pour chasser les démons qui le tiraillaient. De ce fait, je n’osais pas aller vers lui. Je ne souhaitais pas creuser davantage le fossé qui semblait s’être placé entre nous. Et même si c’était douloureux, je préférais attendre qu’il revienne de lui-même. J’avais peur qu’il m’en veuille, peur qu’il me rende responsable de ce qui s’était passé.

    Cette épreuve avait cassé quelque chose en moi. Je ne me sentais plus entière, même si j’étais soulagée et heureuse que l’on ait échappé à ce monstre. Et je me doutais bien que Tomas avait été plus marqué que moi. Je comprenais donc son comportement, mais ça me faisait mal de le savoir si près de moi sans que je puisse être avec lui.

    Le pas lent, je regagnai le village. Ce petit bourg était totalement recouvert de neige. Sous les toits pendaient des stalactites qui, de temps en temps, se décrochaient pour exploser en mille billes lorsque celles-ci percutaient le sol.

    Nous passâmes à côté du grenier à grain avant de tourner vers la gauche. Léona glissa sa main sous mon bras et me ramena vers elle. Elle me conduisit devant la plus grande maison, celle d’Aimy. Elle poussa la porte et une douce chaleur s’éleva dans le froid. J’entrai et aperçus tous mes camarades. Monsieur Hary, Fallia, Kévin, et Aimy étaient attablés face à des parchemins. Plus loin, assis sur une chaise en face de l’âtre, Tomas ne quittait pas les flammes des yeux. Il était totalement absorbé dans ses réflexions, si bien qu’il ne nous entendit pas.

    Léona referma la porte et s’installa avec les autres. Immobile, je fixai Tomas avec tristesse. Il avait l’air si mal. Je fis un pas puis deux vers mes camarades avant de changer de direction pour aller rejoindre mon compagnon. Je m’avançai doucement jusqu’à lui sans qu’il me prête la moindre attention.

    « Tomas », murmurai-je du bout des lèvres.

    Il se retourna lentement et me fit face. Son regard chargé de douleur s’illumina et il esquissa un timide sourire. Je fus soulagée de voir qu’il ne m’avait pas effacée de son cœur. J’avais eu si peur qu’il ne veuille plus de moi !

    « Il est temps que l’on parle. »

     

  • [Livre] La guerrière d’Argalone Tome 2 : Un choix douloureux


    Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

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    Résumé : Grâce à sa connaissance de la guerre et à ses dons de magicienne, Alexia a aidé ses compatriotes à chasser l’armée noire, mais l’enlèvement de Tomas par le prince Grahir a entaché cette belle victoire.

    Accompagnée du capitaine William, de Maxi et de trois autres de ses camarades, elle se lance à la recherche de Tomas dans le royaume ennemi, où la place de la femme est inexistante. Horrifiée de voir autant de cruauté et si peu de considération, elle doit tenir sa langue et contenir sa magie pour ne pas faire échouer sa mission. Heureusement, elle fera de belles rencontres qui l’aideront à supporter cette culture si différente de la sienne.

    Plongée dans ce monde dont elle ignore tout, elle découvrira ses origines extraordinaires et devra faire des choix douloureux. Arrivera-t-elle à sauver Tomas ? Et Maxi retrouvera-t-il sa place dans le cœur d’Alexia ?

     

    Auteur : Frédérique Arnould

     

    Edition : Artalys

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 02 mars 2015

     

    Prix moyen : 4,99€ en numérique, 15,90€ en papier

     

    Mon avis : Dans ce second tome, on retrouve les défauts du premier tome : une tendance de l’auteur à mal maîtriser le masculin et le féminin (ex : en parlant d’un homme, l’auteur parle de sa vie de mortelle au lieu de sa vie de mortel), quelques incohérences (un cousin devient un frère quelques lignes plus tard), et toujours une sur-description des évènements.
    Parfois, lesdits évènements vont un peu trop vite, des choses qui, une fois mises en place, devraient s’étendre sur plusieurs pages et être entrecoupées d’autres actions, se résolvent soudainement de manière, la plupart du temps, qui manque de crédibilité.

    Mais c’est défauts n’empêchent pas que ce tome soit totalement addictif. J’ai eu du mal à le poser pour dormir.
    Au niveau de l’histoire, le tome s’ouvre trois jours après la fin du précédent. Le capitaine William, Alexia, Maxi, le capitaine Harry et 2 autres soldats, partent en expédition vers les terres ennemies pour retrouver Tomas, enlevé à la fin du tome précédent.
    Dans ce tome, Maxi et Alexia m’ont énervée.
    Maxi un peu, car son attitude est parfois agressive sans raison et puérile avec son père (mon Dieu, on ne lui a pas raconté en détail la vie de son père avant qu’il vienne au monde, c’est un scandale).
    Alexia beaucoup, je la trouve de plus en plus puérile et inconsciente : elle n’en fait qu’à sa tête, et peu importe les avis des autres, et surtout elle voudrait que rien ne change entre elle et Maxi, qu’il soit son meilleur ami comme avant que leur village soit attaqué, sans prendre un instant en considération les sentiments du jeune homme. Elle se montre d’un égoïsme absolu et je ne comprends vraiment pas ce que ces garçons lui trouvent.
    J’ai trouvé sans ce tome la réponse à une question que je me posais depuis le début du tome 1, à savoir qui est l’assassin de la femme du prince William, dont le meurtre a déclenché la guerre entre les deux royaumes.
    La fin est plus abrupte que celle du tome précédent, moins compréhensible. Elle donne tout autant envie de découvrir la suite mais on a moins l’impression d’avoir une fin de tome car elle était trop brutale.
    Pour autant, j’ai hâte de découvrir le tome suivant.


    Un extrait : Les voiles du baldaquin ondulaient allègrement comme les vagues d’une mer paisible, m’offrant un spectacle agréable pour mon réveil. Allongée sur un lit avec l’étrange impression d’y être depuis trop longtemps, je me hissai sur mes coudes, toute tremblante. Les deux immenses fenêtres à ma droite laissaient entrer les rayons du soleil qui me caressaient les joues avec douceur, réchauffant mon cœur semblant saigner comme s’il avait été poignardé.

    Je regardai tout autour de moi avec appréhension, je ne reconnaissais rien de la chambre où je me trouvais. Un léger élancement à la tête m’occasionnait une vive douleur, comme l’écho lointain d’un marteau frappant mes tympans. Mes yeux s’illuminèrent et j’oubliai cette gêne quand j’aperçus Maxi allongé sur un sofa. Je me levai et m’approchai doucement de lui. Je m’assis à son côté et admirai ses traits délicats. J’aurais dû me sentir rassurée par sa présence, mais j’étais embarrassée. Et ce sentiment se renforça lorsque je remarquai le visage fermé de mon ami, qui d’ordinaire était beaucoup plus serein. Pour le tirer des bras de Morphée, je lui caressai la joue avec tendresse. Au bout de quelques secondes, ses paupières s’ouvrirent en découvrant ses merveilleux yeux azur.

    « Comment vas-tu ? me demanda-t-il la voix encore endormie.

    — J’ai l’impression d’avoir trop bu. »

    Il se redressa et me fixa avec un air préoccupé. Son regard était terne comme si la flamme qui l’animait s’était éteinte. Inquiète, je reconsidérai l’espace dans lequel nous nous trouvions et, les sourcils froncés, j’essayai de me remémorer ma soirée de la veille.

    « Tu ne t’en rappelles pas !

    — Il semblerait que non. Où sommes-nous ? Est-ce que mes parents sont là ?

    — Le soldat Martin a eu la main lourde sur la dernière dose. »

    Une douleur lancinante me parcourut le corps avant de se concentrer vers la tête. Je fis la grimace et me massai le cuir chevelu pour tenter de la canaliser. Au contact de mes doigts, j’eus comme un flash et tous mes souvenirs me revinrent en mémoire.

    « Tomas ! » m’exclamai-je, affolée.

    Maxi me prit dans ses bras afin de me rassurer. Il resserra son étreinte avec force comme pour m’empêcher de quitter la chambre. Il avait un air hagard et demeurait implacablement silencieux. Tous les appels de détresse que je lui lançai restèrent sans réponse, augmentant davantage mon angoisse.

    J’étais impuissante et complètement désabusée. Mon cœur, qui avait eu tant de mal à se reconstruire, était de nouveau blessé. Lentement, je me libérai de ses bras.

    « Combien de temps s’est écoulé depuis… »

    Ma voix s’étrangla dans un sanglot que je m’efforçai de contenir. Je ne souhaitais pas faire de peine à Maxi, je ne voulais pas pleurer devant lui de peur d’accroître la tristesse qui le submergeait déjà.

    « Cela fait trois jours.

    — Trois jours ! répétai-je. Comment ai-je pu dormir si longtemps ?

    — Le soldat Martin a dû te donner plusieurs fois des tranquillisants. Tu étais hystérique dès que tu te réveillais. »

    Muette, je fixai le vide. Quelques bribes d’images me passèrent devant les yeux. Je tremblai en voyant mon mentor, le visage déformé par le chagrin, me maintenir fermement pour que le soldat Martin puisse m’administrer un calmant. Mes cris de désespoir appelant Tomas résonnaient encore dans ma tête comme une musique âcre.

    Des frissons me parcoururent l’échine, je revins vers Maxi en tentant de cacher mon malaise. Je compris rapidement que je n’y étais pas parvenue en découvrant son sourire morose.

     « Dans quel état est le capitaine ? »

    Maxi resta muet, comme pour me dissimuler quelque chose. Faisant fi de ma douleur, je me levai comme une flèche. Angoissée, je me précipitai hors de la chambre malgré les protestations de mon ami dont la voix se brisait au fur et à mesure que je m’éloignai.  

    Je surpris mon mentor dans le bureau, debout face à une des fenêtres ouvertes. Ses cheveux bruns mal coiffés dansaient paresseusement sous l’effet de la brise.

    « Capitaine ! » lançai-je pour l’informer de ma présence.

    Il se tourna lentement vers moi avant de se diriger vers son bureau. Il me considéra avec tristesse, puis inséra quelques objets dans un sac posé négligemment sur sa table de travail. Il avait troqué son uniforme contre une tenue de simple paysan : une chemise beige et un pantalon marron qui ne ressemblaient pas à ceux que portaient les paysans d’Argalone.

     

  • [Livre] A couteaux tirés

     

    Je remercie la masse critique Babelio et les éditions Presse de la cité pour cette lecture

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    Résumé : Henry Pelham se rend en Californie et revoit à cette occasion Celia Favreau, son ancienne maîtresse. Tous deux ont été agents secrets, à Vienne, et ne se sont pas revus depuis l'attentat terroriste qui a coûté la vie à cent vingt personnes dans un avion, cinq ans plus tôt. Celia a quitté la CIA et a fondé une famille. Malgré les sentiments qu'il éprouve encore, Henry a aujourd'hui une mission à remplir : découvrir ce qu'elle sait sur cette terrible journée où tout a basculé. Un huis clos époustouflant où un simple dîner de retrouvailles, du moins en apparence, se transforme en habile joute verbale, chacun jonglant entre discussion personnelle et professionnelle, chacun poussant l'autre dans ses retranchements pour sauver sa peau...

     

    Auteur : Olen Steinhauer

     

    Edition : Les presses de la cité

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 10 mars 2016

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Le livre se découpe en parties : Les parties racontées par Henry se déroulent 5 ans après un attentat en Autriche qui a fait 120 morts dans un avion. Henry enquête sur ce qu’il s’est passé cette journée-là : il cherche un responsable, peut être un agent double. Lorsqu’il donne rendez-vous à Celia, celle-ci a quitté les services secrets et n’est pas emballée à l’idée de revenir sur cette histoire.

    Les parties racontées par Celia se passent au moment de l’attentat et on voit en temps réel comment elle a vécu cette affaire, ce qu’elle a fait, qui elle a contacté etc…

    D’ailleurs son interprétation des faits est souvent contraire à celui d’Henry, surtout en ce qui concerne leur relation.

    Au milieu du livre, il n’y a aucune trace d’un quelconque coupable au sein des services secrets, du moins aucun que j’ai décelé.

    Au fil de la lecture, cependant, j’ai acquis une certitude et je commence à développer une hypothèse.

    Ma certitude est que peu importe que Celia soit coupable ou non, Henry a décidé d’en faire un bouc-émissaire car elle vit à présent à l’écart de tout, ce qui l’isole de ceux qui pourrait s’élever contre sa mise en cause et donc son exécution.

    Quant à mon hypothèse, c’est que Celia n’est pas la taupe, elle ne l’a jamais été, mais elle sait peut-être de qui il s’agit et a essayé de protéger cette personne et cela se retourne contre elle. Je pense que confier l’enquête sur la recherche de la taupe à Henry, reviendrait à confier l’enquête sur les meurtres du fils de Sam à David Berkowitz. Je me trompe peut-être, mais chaque conversation, chaque pensée des protagonistes, les transcriptions des enregistrements… tout me laisse penser à ça… et tout me laisse penser que Celia n’est pas aussi sans ressources que l’imagine Henry.

    Je ne sais pas si elle l’a percé à jour, mais il se passe quelque chose. Est-ce une coïncidence ? Est-ce quelque chose de totalement différent (une autre affaire par exemple) ? Est-ce que je me fais des idées parce que le personnage d'Henry est limite paranoïaque et que je forge mes convictions sur son attitude ? Il faudra, je pense, attendre la fin du livre pour voir mes hypothèses confirmées ou infirmées.

    Un extrait : Je pousse la porte du restaurant Le Rendez-Vous avec une demi-heure d’avance. La présence d’un bar m’apparaît comme un heureux présage, même si je ne vois de bouteilles nulle part. Je suis accueilli par une jeune évaporée toute de noir vêtue, qui a rassemblé ses cheveux en une queue-de-cheval haute et tient un iPad à la main.
    La salle a beau être vide, elle me demande :

    - Vous avez réservé ?

    - Oui, mais il est encore tôt. J’aimerais boire un verre.

    - C’est à quel nom ?

    - Harrison. Euh, non, Favreau.

    - Dix-neuf heures, confirme-t-elle à l’adresse de l’iPad. Je peux vous installer maintenant, si vous le souhaitez.

    Pendant les différents vols, je me suis raccroché à l’image de ma destination finale pour me motiver : un long comptoir et un tabouret sur lesquels reposer mon corps épuisé. C’est ce que je veux que Celia voie en arrivant : un homme occupant sa place d’homme.

    - Je préfère attendre au bar, dis-je en la contournant.

    C’est avec un immense soulagement que je m’assois à l’extrémité du comptoir en laiton martelé. Un jeune barman alerte, tout en noir lui aussi, qui a si soigneusement sculpté sa barbe de trois jours qu’elle paraît peinte sur sa peau, me gratifie d’un petit sourire. Je commande le martini gin dont je rêve depuis vingt-quatre heures.

    - Désolé, nous ne servons que du vin.

    - C’est une blague ?

    Il hausse les épaules, avant de me tendre une carte plastifiée sur laquelle figure la liste des crus proposés.
    Nous sommes au pays du vin, après tout… Je commence à étudier les différents cépages, mais les noms composés ne tardent pas à se brouiller devant mes yeux. Je n’y connais rien. Je referme la carte.

    - Quelque chose de corsé et de bien frais.

    - Blanc ou rosé ?

    - Pour le coup ça m’est égal. Je veux juste un vin sec.

    Je le regarde sortir une bouteille du frigo, puis se colleter un long moment avec le tire-bouchon avant de réussir à l’ouvrir. Il me sert sans aucune élégance : le blanc glougloute et éclabousse le bar. Conscient de sa maladresse, il m’adresse un sourire embarrassé.

    - C’est mon premier jour, désolé.

    Ce qui me le rend un tout petit peu plus sympathique.
    Il pousse vers moi un verre rafraîchi, rempli de ce qui se révèle être un chardonnay de chez Joullian, produit au plus profond de la vallée de Carmel. Il pose à côté un bol de noix de macadamia, me fait un clin d’œil et, l’air encore gêné, s’éloigne.
    Le long miroir en face de moi m’offre une vue dégagée sur la salle.
    Je ne sais pas trop à quoi je m’attendais. Certainement pas à ça, en tout cas.

     

  • [Livre] La drôle d'expédition

     

    Je remercie les éditions sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Une autre aventure de Zach, le petit garçon qui a réussi à s’évader de la prison d’Alcatraz ! Perdu dans le jeu vidéo que son père est en train de créer, Zach cherche une issue. Il finit par se retrouver dans un… cockpit de fusée. Et pas n’importe laquelle : le voilà qui s’envole à bord d’Apollo 11, aux côtés des trois astronautes, Armstrong, Aldrin et Collins ! Zach se fait accepter par l’équipage, s’acclimate à la vie dans l’espace, rencontre un alien pour, au bout du voyage, vivre la plus excitante des aventures humaines : MARCHER SUR LA LUNE 

     

    Auteur : Séverine Vidal

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Enfant

     

    Date de parution : 02 mars 2016

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : Je suis ravie de retrouver la plume de Séverine Vidal que j’avais découvert dans un roman jeunesse « il était 2 fois dans l’ouest » et dans un autre plus mature, abordant un sujet plus difficile « Quelqu’un qu’on aime ». J’aime bien ces auteurs qui maîtrisent aussi bien l’humour que la tendresse et qui savent s’adresser aussi bien aux 8/10 ans qu’aux adolescents.
    Ici, on est dans les 8/10 ans avec une nouvelle aventure de Zach. Mais que les lecteurs se rassurent, Zach lui-même les informe au début de son histoire que son aventure peut être lue indépendamment du 1er tome. Ouf, tant mieux !
    Comme dans « il était 2 fois dans l’ouest », entre les chapitres, nous avons des petits bonus amusants comme par exemple les diverses positions que Chicken, le chat au poil qui ressemble à des plumes, peut prendre dans le but de déranger au maximum (bon Zach ne dit pas ça, c’est moi qui le dit. Les chats ont deux buts dans la vie : nous enquiquiner et conquérir le monde).

    Dans cette aventure, Zach, plus mature que chacun de ses parents et même que les deux réunis (entre le prénom que s’est donné sa mère et celui donné à l’une des jumelles, déjà….), se retrouve par accident aspiré dans le jeu vidéo qu’est en train de créer son père avec son chat, Chicken.
    Mais alors qu’il est guidé par celui-ci pour sortir, voilà que des ennuis supplémentaires se présentent : Zach n’est plus dans un jeu vidéo mais bel et bien dans Apollo 11, en 1969, et directement en partance pour la lune.
    Malgré le danger et les hésitations, les trois astronautes, qui seront bientôt mondialement connus, le gardent à bord avec eux.
    Zach va s’adapter à la vie à bord dont il nous décrit certains aspects dans les bonus.
    Il pose la question de la faille temporelle : sa présence dans la fusée ne va-t-elle pas changer le futur tel qu’il le connaît ? Sa présence ne risque-t-elle pas de provoquer une catastrophe ? Et si la mission était un échec et que Neil Armstrong ne marchait jamais sur la lune ?
    C’est une lourde responsabilité à porter pour un petit garçon, aussi mature soit-il, d’autant qu’il n’a pas cherché à ce que cette histoire se produise.

    Malgré ses aventures, les frayeurs et la beauté de ce qu’il peut voir à travers les hublots, Zach n’en oublie pas son objectif premier : rentrer chez lui pour être un grand frère digne de ce nom pour ses petites sœurs.

    L’écriture, comme toujours dans les romans de Séverine Vidal, est fluide, amusante et bien adaptée à l’âge visé. Les notes de bas de page, toujours de la plume de Zach, sont très drôles.
    Les enfants (et les adultes aussi, ne nous voilons pas la face) apprennent plein de choses sur cette mission primordiale dont on n’a, au final, retenu que Neil Armstrong et sa célèbre phrase.

    Le tome 1 des aventures de Zach va rejoindre ma wish-list, je suis curieuse d’en savoir plus sur cette fameuse évasion !

    Un extrait : Bon, je reconnais : elles sont moins moches que je pensais.
    D’abord, c’est des filles. Ça me rassure un peu. Je ne me voyais pas trop avec deux mini-Caleb à la maison. C’est le risque avec les garçons : qu’ils grandissent en prenant papa comme modèle. Dans notre famille, ça peut être dangereux…
    Ils auraient fini par passer leur vie à se goinfrer de brochettes de bonbons en triturant nerveusement leurs manettes de jeux tout en crachant des morceaux de chips sur l’écran (Ok, je caricature, mais comme ça vous visualisez). Ils auraient appris à dire « Spooïng », « Wraaaam », « Chpioutchou » et « Tak-tak-tak » avant « Maman », « Zach » ou « Gros Caca ».
    Maman et moi, on aurait été en infériorité numérique, on n’aurait pas supporté (euh, je suis bien un garçon, mais pas un garçon « modèle Caleb »).
    Donc, ouf, c’est des filles.
    Ça existe, bien sûr, les filles qui jouent aux jeux vidéo, je le sais. Mais la probabilité est moins grande.
    Question prénom, elles s’en sortent pas trop mal, finalement.
    Ma mère voulait absolument June, « pour rester dans les noms de mois ». Caleb lui a rappelé qu’en vrai elle s’appelle Denise, ainsi que toutes les femmes de sa famille, et j’ai proposé de maintenir cette tradition.
    Maman l’a mal pris.
    J’ai eu l’idée de Matilda, comme dans le livre de Roald Dahl. Maman était pas contre, mais Papa restait bloqué sur Zelda, en hommage « au meilleur jeu de tous les temps ! ».
    Zelda contre Matilda, la bataille a duré deux semaines. On a failli en venir aux mains, pourtant je vous assure qu’on est pas des violents, à la base.
    « Et si on gardait les deux prénoms, avec un trait d’union ? C’est très à la mode » a lancé Maman un soir de lassitude.
    Mais petites sœurs toutes fraîches de lundi dernier, jolies comme des cœurs (et pour lesquelles j’ai prévu d’être un grand frère de super compèt’) s’appellent donc : June et Zelda-Matilda.
    Elles rentrent cet après-midi. On va les chercher à l’hôpital après le déjeuner, « pour entamer notre nouvelle et flamboyante vie à 5 » (Caleb sait être un poil lyrique dans les grands moments). J’ai précisé que, techniquement, avec Chicken, on serait 6. Caleb m’a répliqué que « techniquement, un chat ça compte pas comme un humain » (Caleb sait se montrer de mauvaise foi dans les grands moments).

     

  • [Livre] La guerrière d’Argalone Tome 1 : des amours maudites

     

    Je remercie les éditions artalys pour cette lecture

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    Résumé : Alexia est une adolescente comblée, bien qu’elle vive dans un pays menant une guerre contre son voisin depuis de longues années, le royaume d’Argalone.

    Quand arrivent ses seize ans, elle choisit de s’émanciper pour partir à la découverte du monde avec l’homme qu’elle aime. Mais un drame inattendu bouleverse tout. Désormais seule, elle doit faire face à la douleur et la colère qui la submergent

    Pour ne pas sombrer, elle choisit de s’engager dans l’armée. Bien que celle-ci soit exclusivement masculine, elle y est acceptée comme apprentie. Placée sous l’autorité d’un capitaine qui s’avère ne pas être ordinaire, elle se découvre elle-même certains dons. Ils lui seront très utiles pour participer à cette trop longue guerre, accomplir la vengeance qu’elle souhaite et, peut-être, cicatriser les blessures de son cœur.

     

    Auteur : Frédérique Arnould

     

    Edition : Artalys

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 01 novembre 2014

     

    Prix moyen : gratuit en numérique, 14,90€ en papier

     

    Mon avis : Le début décrit la manière de vivre des gens du royaume, la cérémonie de l’émancipation, la vie quotidienne. Ça serait banal s’il n’y avait pas cette tension provoquée par le prologue : on sait qu’il va se passer quelque chose de grave. Mais quand exactement ? Et quoi ? Alors quand cela arrive effectivement on est partagé entre l’empathie qu’on ressent pour Alexia et le soulagement de cette tension que l’on ressentait en tant que lecteur.
    Au début du roman, les descriptions ne semblent pas très naturelles. Le style est trop détaillé, presque scolaire, on a l’impression que chaque action est découpée en une multitude de mouvements qui sont eux même détaillés.
    Mais lorsqu’on rentre un peu plus dans le cœur de l’action, ce sentiment, sans s’effacer complètement, s’atténue un peu et ne gêne pas la lecture.

    Personnellement, je ne suis pas une grande fan de fantasy, mais j’aime en lire un peu de temps en temps. C’est pourquoi j’ai apprécié d’une part que ce livre ne soit pas un pavé de 500 pages, ce qui a tendance à me rebuter car je n’en vois pas la fin, et d’autre part que ce ne soit pas une série de 15 ou 20 tomes comme on le voit souvent en fantasy, ce qui est super pour les afficionados, mais un peu pénible pour ceux qui aiment ça mais sans plus.
    L’histoire aussi est bien adaptée pour les gens comme moi : elle n’est pas trop compliquée, elle ne comporte pas 116 000 personnages dont on oublie les noms et fonctions au fil de la lecture. Tout est bien dosé : pas mal de personnages mais ni trop, ni trop peu, une histoire qui tient la route et qui se met tranquillement en place (on ne tombe pas dedans comme si on était censé connaitre ce monde) et un style qui n’est pas alambiqué et qui utilise peu de mot inventés spécialement pour le monde en question. On se sent moins perdus.

    Du côté de l’histoire en elle-même, je n’arrête pas de me demander si Maxi, le fiancé d’Alexia, est mort ou pas. Après tout, elle a entendu le guérisseur parler d’un jeune homme mort de la gangrène et son assistante dire : « comment je vais lui annoncer ça, c’est tout ce qui lui restait ». Mais d’une part, même au moyen-âge, la gangrène qui s’installe en une nuit c’est un peu bizarre, ensuite beaucoup de villages ont été attaqués et il devait y avoir de nombreux jeunes gens blessés. Alexia s’est enfuie en entendant la nouvelle, mais personne ne lui a jamais dit clairement que Maxi était mort, elle l’a déduit. Et si elle s’était trompée ? Il n’y a aucun indice en ce sens, mais plus je me repasse la conversation et moins je crois qu’ils parlaient de Maxi (Ce qui ne veut pas dire qu’il ait survécut pour autant, j’en conviens).
    J’espère avoir la réponse dans ce tome !

    Je me demande aussi qui est le capitaine. Je me demande s’il pourrait être ce fameux prince William, accusé par le camp adverse d’avoir tué sa femme (Je me demande d’ailleurs si celle-ci n’a pas été tuée par son propre frère, mais là j’extrapole, on a vraiment pas assez d’indices pour savoir ça). Pour le capitaine, la seule chose qui me fait le soupçonner est qu’il a les larmes aux yeux quand Alexia lui parle de vengeance, mais il pourrait tout aussi bien avoir perdu des êtres chers. Mais bon, il faut bien qu’il soit quelque part ce prince William, alors pourquoi pas là ?

    Quant aux capacités d’Alexia, je ne sais pas encore ce que c’est mais quelque chose se trame : le capitaine sait, c’est évident, le second et Tomas semblent savoir quelque chose aussi. Lors de son émancipation, la poudre dont se sert le magicien réagit différemment avec elle qu’avec les précédentes émancipée et le magicien semble en être enchanté. Pour autant, personne ne semble pressé de mettre Alexia au courant ce qui est très énervant pour elle comme pour nous !

    Voilà les questions principales que je me pose à peu près au milieu de ce tome 1. Et je replonge dans ma lecture pour essayer de trouver les réponses !

    Dans la seconde moitié du livre, j’ai eu les réponses à beaucoup de mes questions, mais j’ai commencé à m’en poser de nouvelles, aussi nombreuses, que je ne vais pas détailler. Ce n’est pas l’envie qui m’en manque, mais je vais finir par tout vous raconter !

    Je vous dirai juste encore que la fin est géniale. Très énervante, mais géniale et que ça donne vraiment envie de découvrir la suite.


    Un extrait : Plus que trois jours et j’aurai seize ans ! J’étais à la fois impatiente et stressée. Dans trois jours, je ne serai plus considérée comme une adolescente puérile, mais comme une femme mûre et réfléchie. Seize ans, l’âge de l’émancipation. Je pourrai faire tout ce qui me plaît, sans que personne ne m’en empêche. Je pourrai partir découvrir le royaume d’Argalone comme l’avait fait ma mère avant moi.

    L’émancipation est un événement important dans la vie d’une jeune fille même si peu l’honorent. Il représente la liberté, le combat d’une personne pour des droits plus justes. Ce privilège a été instauré, il y a de ça une trentaine d’années, par le roi Henri, père du roi Victor qui gouverne aujourd’hui Argalone.

    À cette époque, les lois sur les femmes étaient beaucoup plus dures. Elles n’avaient pas de place dans la société et devaient se contenter de s’occuper de leur famille. La reine Camille, épouse du souverain Henri, s’est longtemps battue afin que son mari modifie ces règles et ce malgré les nombreuses remontrances des gens de la cour qui la surnommaient la langue de vipère. Il a fallu la mort prématurée de cette dernière pour qu’il change totalement d’opinion. Son décès a ouvert une grande blessure. Il s’est alors rendu compte de l’importance qu’elle avait dans son cœur et s’est posé des questions au sujet de la place de la femme en général. Il a nourri de nombreux remords en songeant qu’elle aurait été bien plus épanouie et heureuse s’il avait accepté quelques-unes de ses revendications. Pour l’honorer et pour que personne ne soit rongé par le regret comme il l’était, il a décidé d’octroyer le droit aux femmes de s’émanciper. Cela n’est pas obligatoire et de ce fait, peu de jeunes filles envisagent l’accomplissement de cette cérémonie, mais il permet à celles qui la réalisent de s’affranchir des liens avec leurs parents et de leur donner toute liberté sur leur vie à l’âge de seize ans. Même si maintenant la femme a une meilleure place avec ou sans cet événement, cela reste un symbole fort que je refuse de laisser passer.

    Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais eu aucun scrupule à vouloir m’émanciper et quitter la maison, mais plus la date approchait, et plus les remords s’emparaient de moi. Mon père avait souvent besoin de mon aide à la forge, et mon petit frère de dix ans comptait sur ma présence lorsque ma mère allait vendre sa production de légumes.

    Pour oublier la culpabilité qui commençait à m’envahir, je décidai de prendre l’air. Je cheminai nonchalamment dans les rues sinueuses. Pour la première fois depuis longtemps, je redécouvrais mon village. Les bâtisses, toutes faites sur un modèle similaire, des pierres jaunes et un toit de chaume, étaient posées sur un sol de terre battue de la même manière que des champignons dans un sous-bois. Certaines possédaient des enclos pour des vaches, des porcs, des poules ou des canards et d’autres avaient des granges agrémentées de groseilliers, de mûriers et de lilas.

    C’était un village quelconque comme beaucoup d’autres dans le royaume, mais pour moi, il était le plus beau grâce à la générosité et la convivialité des habitants.

     En cet instant, tout le monde s’affairait à préparer la cérémonie. Les femmes ornaient les façades, ainsi que la place en forme de haricot, de guirlandes, de pétales de roses et de draperies rouges et dorées, pendant que les hommes préparaient le bûcher où l’on grillerait le traditionnel cochon pour le repas. Le temps d’une soirée, notre village aux apparences plutôt mornes rivaliserait avec les cours des plus beaux châteaux.


  • [Livre] Jeune homme

     

    Je remercie la masse critique de Babelio et les éditions Denoël pour cette lecture.

     

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    Résumé : Par une belle journée d’août 1969, une famille emménage dans sa nouvelle maison de Tromøya, dans le sud de la Norvège. C’est ici que le fils cadet, Karl Ove, va passer son enfance, rythmée par les expéditions à vélo, les filles, les matchs de football, les canulars pyrotechniques et la musique. Pourtant, le jeune Karl grandit dans la peur de son père, un homme autoritaire, imprévisible et omniprésent.

     

    Auteur : Karl Ove Knausgaard

     

    Edition : Denoël & d’ailleurs

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 14 janvier 2014

     

    Prix moyen : 25€

     

    Mon avis : Première impression : Alors que rien, dans le titre, le résumé ou une mention quelconque sur la couverture ne le laisse supposer, dès que j’ouvre le livre, deux informations me sautent aux yeux : Livre III et Quatrième partie… Ca refroidit un peu. J’aime bien savoir, avant d’ouvrir un bouquin, qu’il fait partie d’une saga, et encore plus quand ce n’est pas le premier tome.
    Mais bon, je ne vais pas me laisser rebuter par cela, peut être que ce livre peut être lu indépendamment des autres.
    Alors impression de lecture mitigée : J’ai aimé et je n’ai pas aimé.

    Si, c’est possible !

    Je n’ai pas aimé la mise en page. On a ici un roman sans chapitres, avec des sauts de lignes très rares. En gros ça fait un peu bloc indigeste.
    Mais… Malgré le manque d'aération du texte, l'écriture est fluide et agréable. C'est un roman qui se lit assez vite malgré sa longueur de près de 600 pages. J’ai donc bien aimé le style excepté les premières pages où l’auteur se lance dans un délire philosophique sur le thème est ce que le moi enfant est le même que le moi adulte ou que le moi vieux. Il va jusqu’à dire qu’on devrait changer de prénom au fil de la vie parce qu’on n’est pas la même personne à 7 ans, à 20 ans, à 50 ans… Ce passage était un brin indigeste. Heureusement il ne dure pas.
    Les noms norvégiens sont parfois un peu complexes, mais je viens de comprendre d’où viennent les noms des endroits imaginaires ou des races extraterrestres dans les films.
    En l’espace de quelques pages, j’ai trouvé Arendal (= Arendel de la reine des neiges) ou encore Asgardstrand (= les Asgard, une des races extraterrestres de SG1)…

    En revanche, le plus gros problème que j’ai eu avec le livre (ce qui n’empêche pas d’avoir envie de continuer à le lire) est que Karl Ove, enfant, est tout simplement imbuvable.
    A aucun moment je n'ai ressenti la moindre empathie pour lui, bien au contraire,  j'ai eu l'impression que son livre n'était qu'un prétexte à la pleurnicherie. Car si l’histoire décrit un enfant de 7 ans c'est bien un adulte qui écrit ces lignes. Et Karl Ove ne semble, à aucun moment, remettre en question son attitude.

    S’il est vrai que le père de Karl ove semble être un peu instable et clairement un maniaque du contrôle (le passage où il oblige son fils à manger un bonbon au caramel parce qu’il fait la tête, le démontre bien), il y a quand même un monde entre les privations de sortie ou l'obligation de jeter un sac de bonbons à la poubelle et un comportement violent engendrant la terreur du père comme il le dit à plusieurs reprises (ou même dans le résumé : grandit dans la peur du père).

    Il faut préciser aussi que Karl Ove est particulièrement insupportable comme enfant. Au fil des pages, on le voit s'amuser à allumer des feux dans une montagne desséchée,  jeter des pierres sur des voitures au risque de provoquer un accident,  ou encore lacérer les landaus de poupées des voisines à l'aide d'une branche taillée en pointe avec son couteau.

    À chaque fois qu'il se fait prendre dans l'une ou l'autre de ses bêtises, il est indignés de se retrouver puni et trouve cela injuste (et l’adulte qu’il est lorsqu’il écrit ces lignes semble tout autant sûr du bon droit du gamin).

    Son caractère n'est pas des plus agréables : il passe son temps à se vanter et à dénigrer ses camarades sous divers prétextes, soit parce qu’un tel a un père alcoolique soit parce que tel autre ne sait pas encore bien lire.

    Il est furieux de constater que ses amis s'éloignent de lui à cause de son comportement et il ne se remet jamais en question.

    Quand je vois le nombre de témoignages existants sur de véritables enfants maltraités, je trouve ahurissant d'oser comparer cette maltraitance et les punitions, certes parfois injuste, que reçoit Karl Ove.

    Qu’il aille dire à des enfants martyres que le pire pour un enfant est de devoir rester tranquille 1h dans une voiture qui roule ou de devoir boire du lait qui vient d'être tiré à la place du lait pasteurisé auquel il est habitué et on verra comment il sera reçu…

    En refermant ce livre une seule question m’est venue à l’esprit : pourquoi ? Qu’est ce qu’il se passe dans la vie de se type qui justifie un bouquin de 600 pages sur 6 ans de son enfance ? La réponse : rien…
    Il parle pour rien dire, se contentant de se considérer comme une éternelle victime.

    Si toute son œuvre est ainsi une ode à sa personne et aux misères que « les méchants » lui font sans cesse, je ne risque pas de lire les autres « tomes ».

    Un extrait : - Et pourquoi ce serait à moi d'arrêter, et pas à Geir Hakon ? - Parce que Geir Hakon a raison, c’était pas un camion Mercedes. Et il est pas le seul à avoir des skis de slalom. Moi aussi j’en ai. - Ton père est mort. C’est pour ça que ta mère t’achète un tas de choses. - C'est pas pour ça. C'est parce qu’elle veut que je les aie. Et parce qu'on a les moyens. - Mais ta mère travaille dans un magasin et c'est pas vraiment là qu'on gagne beaucoup d'argent. - Et alors, tu crois que c'est mieux d'être prof ? intervint Leif Tore qui voulait évidemment s’en mêler. Et le mur chez vous, tu crois qu'on a pas vu qu'il est tout fissuré et sur le point de s'écrouler parce que ton père sait même pas qu'il faut du béton armé. Il a mis que du ciment ! C'est pas croyable d’être bête à ce point. - Et puis il se croit supérieur parce qu'il est au conseil municipal, reprit Kent Arne, il salue d'un seul doigt et tout quand il passe en voiture. Alors tu peux la boucler. - Et pourquoi est-ce que je la bouclerais ? - Non, en fait, c'est pas nécessaire, tu peux continuer à jacasser comme d'habitude. Mais nous, on veut pas jouer avec toi. Et ils partirent en courant.Les désaccords ne duraient jamais longtemps et il arrivait que quelques heures plus tard, je puisse jouer avec eux si l'occasion se présentait. Pourtant quelque chose se passait, je me retrouvais fréquemment acculé et les autres s'esquivaient de plus en plus souvent à mon approche, y compris Geir, et parfois j'avais confiance qu'ils allaient jusqu'à se cacher de moi.
    Dans le lotissement, quand quelqu'un disait quelque chose sur quelqu'un, c'était aussitôt répété et bientôt tout le monde le reprenait à son compte. De moi, on disait que je savais toujours mieux que les autres et que je me vantais continuellement. Mais il s'avérait qu'effectivement je savais mieux et beaucoup plus que les autres. Aurais-je dû faire comme s'il en était autrement ? Si je savais quelque chose, c'était parce que c'était comme ça. Quant à la vantardise, tout le monde la pratiquait en permanence. Dag Lothar, par exemple, que tout le monde aimait bien, ne commençait-il pas une phrase sur deux par « c'est pas pour me vanter mais… » pour raconter ensuite ce qu'il avait fait de bien ou ce qu'on lui avait dit de bien ?
    Si, exactement. En réalité, ça n'avait rien à voir avec ce que je faisais mais avec ma personnalité. Sinon pourquoi Rolf aurait-il commencé à m'appeler « le pro » quand on jouait au football dans la rue ? Je n'avais rien fait de particulier. Tu te crois super doué au foot, hein, « le pro » ? disait-il. Alors que j’avais juste dit comment il fallait jouer, n'aurais-je pas dû, moi qui allais à l'entraînement et savais effectivement ? Dire qu'il ne fallait pas courir en meute mais nous éparpiller, se passer la balle ou dribbler, ne pas faire de mêlée comme on en avait l'habitude.
    Mais c'est moi qui eus le dernier mot ce printemps-là aussi. A l'école, lorsque l'emploi du temps fut modifié pour préparer le spectacle de fin d'année, la maîtresse distribua les livrets où se trouvait la pièce de théâtre que nous devions jouer devant tous les parents le dernier jour, le plus important de l'année. Et qui obtient le rôle principal sinon moi ?
    Pas Leif Tore, pas Geir Hakon, pas Trond et pas Geir.
    Mais moi.
    Moi, moi, moi.
    Pas un n’aurait réussi à apprendre autant de répliques par cœur. Parmi les garçons, seuls moi, Eivind et peut-être Sverre en étaient capables mais ce n'était pas par hasard que la maîtresse m’avait choisi, moi.

     

  • [Livre] London Panic

     

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Lucie n’aurait jamais dû entrer en guerre ouverte contre sa prof d’anglais : la voilà privée du voyage scolaire à Londres dont elle rêvait.
    Tant pis : ce voyage, elle le fera, coûte que coûte ! Quitte à vendre son âme (ou presque) à un mystérieux camarade de classe – l’étrange et peu loquace Abu - , quitte à s’improviser baby-sitter dans la famille farfelue d’un authentique lord anglais, quitte à courir aux quatre coins de Londres sur la piste d’un petit prophète de 1m20, disparu en plein shopping !

     

    Auteur : Marie Vermande Lherm

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 03 février 2016

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Je ne sais pas comment les éditions sarbacane sélectionnent et travaillent les manuscrits qu’ils décident de publier, mais ça doit pas rigoler ! Parce que depuis que je lis leurs livres, j’ai été plus ou moins intéressée par le contenu de l’histoire, mais jamais déçue par la qualité du texte. Et c’est assez rare pour être souligné !

    London Panic ne déroge pas à la règle. Bien que l’histoire soit racontée à la première personne, du point de vue d’une gamine de 16 ans issue d’un foyer à priori défavorisé, à aucun moment on ne tombe dans la facilité du langage incorrect, des erreurs de syntaxe ou de grammaire (bon sauf au début, mais la gamine fait exprès pour énerver sa prof d’anglais).
    Ce n’est pas pour autant que l’écriture nous fait douter de l’âge de sa narratrice. Non. Elle utilise des mots familiers, des tournures d’adolescentes, mais tout est dans le dosage. Ce n’est ni trop, ni pas assez.
    Coté personnages, Lucie est un peu une tête brûlée. Elle semble avoir tendance à agir sans trop réfléchir aux conséquences de ses actes. Après tout, elle décide d’aller à Londres sans appui financier, sans même un vrai appui parental puisqu’elle n’hésite pas à manipuler sa mère. Je la trouve à la fois inconsciente (sur sa manière de partir) et la tête très sur les épaules (elle s’adapte quand même vite et bien dans son rôle de baby-sitter).
    Un que j’ai eu envie de baffer, même si on le voit peu, c’est lord Painswick. Non seulement, malgré la présence de l’intendante, il est incapable de prendre soin de ses fils et se débarrasse d’eux avec un soulagement certain sur quiconque veut bien s’en occuper (quitte à pourrir la vie de sa fille) mais en plus il se montre d’une cruauté intolérable avec son plus jeune fils. De toute évidence le petit garçon se languit de sa mère, il s’inquiète, pense sûrement qu’elle ne reviendra pas et au lieu de tenter de le rassurer, son père le rabroue en permanence dès qu’il essaie de parler d’elle.
    Un autre que j’ai eu envie de baffer : Abu, le camarade de classe. Dès le départ son attitude ne m’a pas plu et encore, comme Lucie je n’ai pas tout compris à ce qu’il racontait. Au vue de la suite des évènements, j’aurais aimé que ce petit c** ait à faire face à des conséquences plus sérieuses.
    Les situations s’enchaînent rapidement et il est presque impossible de deviner à l’avance ce qu’il va se produire, et comme on n’est pas dans un roman policier où on espère toujours trouver l’assassin avant qu’il ne soit dévoilé, c’est tant mieux. La surprise est totale et le rire toujours présent.
    Encore un Sarbacane que j’ai lu d’une traite, incapable de le lâcher et de résister à la curiosité quand, à la fin de presque chaque chapitre, Lucie nous dit : Alors, après, il s’est passé quoi ?

    Un extrait : Après, il s’est passé que ma famille a commencé à faire chier.
    En tête de liste, Briac, mon frère.

    - Aaaaaarhhh, Lucie, tu pues le curry…T’es allée bouffer chez des pak-pak !

    Petite précision : mon frère a 12 ans, 12 kilos de trop et 12 de QI. On se croise aux heures des repas et on s’esquive le reste du temps. Au goûter, on s’embrouille entre deux tartines. J’ai essuyé mon couteau plein de chocolat sur le bord du pot.

    - J’ai déjeuné chez Abu. Et il est pas paki, il est indien. Et toi je t’em…

    - Les indiens et les pak-pak, c’est pareil, ils puent le curry !

    - Et toi, tu pues quoi ?

    Ma mère, qui venait de rentrer du boulot, a poussé un long soupir, presque un gémissement :

    - Les enfants, du calme, j’ai une migraine épouvantable.

    Là-dessus, elle a balancé son sac dans un coin et s’est vautrée sur une chaise sans même enlever son manteau.
    Puis elle a pointé son index droit sur sa joue gauche.

    - Lucie. Bisou.

    Tu m’aurais vue me précipiter pour l’embrasser : Laura Ingalls.

    - Bonsoir, ma petite Maman. Bonne journée ?

    - Mon chef a juste été épouvantable. Briac ?

    Index gauche, joue droite.
    Mon frangin a gambadé jusqu’à elle en soulevant les deux côtés de son t-shirt du bout des doigts.

    - Bonjour ma petite Maman chériiie ! Ca va bien ma petite Maman chériiie ?

    Grillée. Je pensais avoir été plus naturelle dans mon élan d’affection.

    - Te laisse pas arnaquer, Maman. Lucie trafique un truc pas net, je suis sûr. Elle passe son temps avec des pak-pak, maintenant. Ca pue, cette histoire. Ca pue le curry, même !

    Il a eu un gros rire débile et je me suis retenue de lui étaler une louche de pâte à tartiner dans les cheveux.
    Maman a attrapé une tranche de pain de mie qu’elle s’est mise à mâchouiller d’un air absent. Ca a dû lui redonner un peu d’énergie, car j’ai vu l’information de Briac faire peu à peu son chemin dans son cerveau.
    Pile à l’arrivée dans le lobe frontal, elle a froncé les sourcils :

    - C’est quoi cette histoire de pak-pak, Lucie ?

    - Maman !

    On ne choisit pas sa famille, désolée.