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  • [Livre] L'échappée

    Je remercie la masse critique Babelio et les éditions Milan pour cette lecture

     

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    Résumé : "Comment peut-on ne pas vouloir sortir avec Jason ? il est ultra cool. [...] Jason, pour moi, c'est un rêve qui se réalise."
    Hélas pour Leslie, son rêve va vite tourner au cauchemar...
    Jason, le nouveau qui attire tous les regards, n'est pas le garçon bien qu'il paraît être. Lentement, il tisse sa toile autour d'elle.
    Pour qu'elle ne puisse plus s'échapper. Pour qu'elle lui appartienne. Corps et âme.

     

    Auteur : Allan Stratton

     

    Edition : Milan

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 07 septembre 2016

     

    Prix moyen : 14€

     

    Mon avis : Dans la lignée des romans comme Risk de Fleur Ferris sur les dangers des rencontres internet, Blacklistée de Cole Gibsen sur le harcèlement scolaire ou encore Little sister de Benoît Séverac sur le djihadisme, Allan Stratton alerte les adolescents sur la violence conjugale au sein des couples adolescents au travers de l’histoire de Leslie.
    Leslie est une adolescente un peu à la dérive. Elle a du quitter sa ville et ses amie pour émigrer dans un coin un peu perdu du canada suite à la mutation de son père, lequel, très vite, a quitté le foyer conjugal pour une midinette. Sa mère, devenue mère célibataire ne sait pas comment gérer à la fois sa fille et son chagrin et multiplie cris et attaques verbales contre le père. Leurs revenus ayant drastiquement baissés, elles ont du déménager dans un petit appartement dans un quartier guère reluisant. Pour couronner le tout, sa seule amie la délaisse pour se rapprocher de ses camarades d’église.
    Alors déjà que l’adolescence n’est pas franchement une période de félicité familiale, là Leslie a beaucoup de mal à faire face.

    Son professeur d’anglais va demander aux élèves d’écrire, pendant 15 minutes à chaque début de cours, dans un journal intime et c’est à travers ce journal que l’on découvre l’histoire de Leslie.
    Quand elle rencontre Jason, 18 ans, nouveau au lycée, Leslie voit ici l’occasion d’avoir enfin une personne à qui se confier et qui soit là pour elle (et aussi de clouer le bec à l’insupportable Ashley, celle qui lui « vole » sa meilleure amie).
    Allan Stratton amène l’intrigue lentement mais sûrement. Bien sûr, on ne le découvre qu’en même temps que Leslie, puisque c’est elle qui nous le raconte et le doute s’installe.
    Même si, pour ma part, je n’ai eu aucun doute dès lors que Leslie nous relate la première scène ambiguë avec Jason, je pense que ça tiens aussi au fait que je suis adulte et que, même s’il est manipulateur, Jason reste un ado, avec la subtilité que ça implique. Mais je comprends qu’une adolescente de 15 ans soit complètement déboussolée devant ce qu’il se passe et ne sache plus où elle en est.
    Au fil des pages, Leslie montre un courage et une force de caractère incroyable, même s’ils sont noyés dans de mauvaises décisions (mais bon, si elle avait pris la bonne décision dès le départ, il n’y aurait plus eu d’histoire).
    Jason…je ne sais pas si on doit le plaindre ou le blâmer. Ce qu’il fait est répréhensible, je ne dis pas le contraire. Mais je me demande comment un ado de 18 ans en arrive là. J’ai eu l’impression d’un gosse qui a grandit seul et à qui on a passé tous les caprices pour pallier l’absence des parents, entre une mère de tout évidence alcoolique et un père plus intéressé par sa carrière que par son fils. Un gamin qui n’a jamais fait que ses quatre volontés et dont le père a « arrangé » chacun de ses actes soit par son argent, soit par ses relations. Je ne pense pas que quiconque ait inculqué à ce gosse les notions de bien et mal ou de respect de l’autre. Je ne dis pas qu’il devrait être absous mais que ses parents devraient payer autant que lui.
    J’ai trouvé la fin frustrante. D’une part parce qu’elle est un peu rapide et cela tient à l’auteur. Mais surtout à cause des conséquences qui en découlent et cela, en revanche, tiens au système. L’auteur n’a fait que montrer ce qui se serait passé si Leslie et Jason n’avaient pas été des personnages de fiction.
    C’est une histoire très bien menée, qui maintient sous tension jusqu’à la conclusion et qui fait monter en nous une colère incroyable à la fois contre Jason mais aussi contre la société qui permet à des Jason d’agir en toute impunité pendant des années.

    Un extrait : Les proviseurs adjoints, en fait, c’est les flics du lycée. Ils adorent jouer les gros durs et bouffer des donuts. Et de ce point de vue là, c’est clair que M. Manley a choisi le boulot qu’il lui fallait. En revanche, on ne peut pas dire qu’il porte très bien son nom, lui qui est à peu près aussi viril qu’un éléphant en costard. Il paraît qu’il était prof d’EPS, avant. Aujourd’hui, adieu l’exercice physique. Il se contente de beugler, et il a les cordes vocales gonflées aux stéroïdes !
    C’est pathétique ! M. Manley se donne des airs importants, comme s’il faisait partie du FBI, alors qu’on sait tous que c’est juste un vieux type qui prend son pied en gueulant sur les ados. Il passe son temps dans le parking, à roder derrière les voitures pour choper les fumeurs, ou à renifler l’haleine des élèves pour voir s’ils n’ont pas bu, ou fumé de l’herbe. Pendant les bals du lycée, il se balade avec une lampe torche pour débusquer les couples sur le terrain de foot ou dans le réduit sous l’escalier. Il faut être pervers pour faire un boulot pareil.
    L’an dernier, en troisième, j’étais sans arrêt dans son bureau. Pour plaisanter, je disais qu’il voulait me voir tous les jours parce qu’il craquait sur moi ; mais en fait, c’était à cause de mes retards. Et parce que je séchais souvent les cours. Mes parents s’étaient séparés « quelques temps pour voir », et je ne le vivais pas très bien.
    Je le vis toujours mal d’ailleurs. Surtout depuis que ce n’est plus « pour voir », mais « pour de bon », et que maman est passé du statut d’épouse à celui de mère célibataire.
    Maintenant, quand elle voit à la télé des personnalités politiques parler des mères seules, elle fond en larmes. Et puis elle m’engueule. On dirait qu’elle se force à être sévère, de peur que je me transforme en une de ces graines de démons qui viennent parler de leur foyer brisé dans les talk-shows.
    - Il va falloir que tu changes d’attitude ! crie-t-elle. Tu m’entends Leslie ?
    - Non, je suis sourde.
    - Attention à toi !
    Je lui lance mon regard breveté. Celui qui la rend dingue.
    - Ne me regarde pas comme ça.
    - Alors arrête de me gueuler dessus ! Franchement, c’est pas étonnant que papa soit parti !

    En général, c’est là qu’elle blêmit et file en courant dans sa chambre. Juste après, d’affreux bruits d’animaux filtrent sous sa porte, et j’ai envie de mourir. Au fond, je ne veux pas la blesser. C’est vrai. Je voudrais juste qu’elle arrête de crier en permanence. Pourquoi tout est-il toujours ma faute ?

     

     

  • [Livre] Samedi 14 novembre

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette excellente lecture

     

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    Résumé : Vendredi, 13 novembre 2015. B. était à la terrasse d'un café, quand les terroristes ont tiré. Son frère est mort, lui s'en sort indemne. 
    Il quitte l'hôpital au matin, monte dans le métro. Son regard croise celui d'un passager. 
    Il reconnaît le visage de l'un des tueurs et décide de le suivre.

    Auteur : Vincent Villeminot

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 02 novembre 2016

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : L’écriture de Vincent Villeminot est toujours aussi addictive et ce quelque soit le sujet qu’il aborde. Ici, il a décidé de s’attaquer à un sujet difficile, à peine un an après les faits, quand tout est encore frais, peut être un peu trop, dans les esprits.
    Les paragraphes sont courts, les chapitres tout autant, parfois juste une demi-page. Du coup, même si le texte en lui-même ne comporte guère d’action, cette construction donne un sentiment d’urgence. Ce n’est pas un livre qu’on pose facilement. En ce qui me concerne, je ne l’ai pas posé et l’ai lu en 2h à peu près.
    Son personnage principal, B., est à la fois une victime des attentats et un membre de la famille d’une victime. Sur place lors d’une des attaques, il n’a été que légèrement blessé mais à vu son frère aîné tomber sous les balles des terroristes. Ce choix est un pari risqué car la manière de traiter le personnage peut être mal perçu par les victimes et familles des victimes.

    En dehors de l’histoire principale qui suit B., passant du rôle de victime à celui d’agresseur, presque malgré lui, il ya les entractes qui sont comme des flashes sur les personnes qui entourent ou croisent B.
    B. agit sous le coup du choc, de la colère, de la rage. Son frère est mort. Il a du mal à réaliser mais à chaque fois qu’il réalise la rage reprend le dessus. Il va commettre des actes qu’il n’aurait jamais commis en temps normal. Et même si certaines de ses actions sont choquantes, on a du mal à lui en vouloir.
    Vincent Villeminot, à travers ces actes que commet le jeune homme déboussolé, fait passer un message comme le risque d’amalgame : non tous les musulman ne sont pas des terroristes, voile ne veut pas dire intégrisme, et important aussi, les familles des intégristes ne sont pas toujours complices.
    Du coté des victimes, un autre message passe : ne sont pas victimes que ceux qui sont tombés sous les balles : leurs familles, leurs amis, les familles et amis des survivants traumatisés sont autant de victimes collatérales qui n’ont pas été recensées par les médias mais qui ont bel et bien été touchés par ces attentats.
    Ce livre est une vrai claque, les dialogues sont parfois, souvent, surtout au début, violents et même choquants, mais c’est un choix de ne pas édulcorer « l’après ». Parce que « après » les gens étaient choqués et violents, en pensées sinon en actes.
    Ce roman assez court (un peu plus de 200 pages) peut servir de base pour ouvrir le dialogue sur le sujet avec de jeunes adolescents qui n’ont peut être pas eu la possibilité de s’exprimer sur ce sujet délicat.
    Il n’y a plus qu’à espérer que des professeurs intelligents le donnent à lire à leurs élèves. Et que si ce n’est pas le cas, ce soit les parents qui s’en chargent !

    Un extrait : Et puis ensuite, il y eut une brève pause de silence, B. s’en souviendrait.
    Quelques secondes, deux ou trois, c’est très court, comme s’il fallait que chacun se remette de sa stupeur. Ou peut-être est-ce attendre, reprendre son souffle ; comprendre qu’on est vivant ; s’assurer qu’ils sont vraiment partis, les tueurs. Ou bien est-ce tout le bruit, le vacarme du monde qui se sont retirés ? Il paraît que lorsqu’une munition d’artillerie explose, l’effet de souffle te donne ce sentiment – tout l’air s’en va, en une seconde, juste avant que les shrapnels te déchirent ; que la peau cesse d’être une peau, un bouclier, une frontière entre le monde et toi.
    Mais là, ce n’est pas ça. Il n’y a pas eu de shrapnels.

    Il y a eu la voiture qui freine, les portières qui s’ouvrent, claquent. Et, sans une semonce, les rafales. Deux armes. Des fusils d’assaut, marque kalachnikov, modèle AKM (ou peut-être AKMS en tôle emboutie), dont on vide les chargeurs.
    Il y a eu – autour de B. – les chaises qui se renversent, les tables, les corps qui tombent, les verres qui explosent en esquilles, en milliers de débris ; l’impact sec sur les vitrines, les cris, de surprise, d’effroi.
    Et ensuite, les portières, le moteur qui s’emballe.
    Puis ce silence.
    Ce sursis.

    B. relève les yeux, à quatre pattes sur le trottoir, dans les chaises emmêlées, les tables, dans le givre du verre.

    La voiture est partie.

    Il a le temps de penser : « Je ne suis pas mort », avant la fin du monde.
    Un gémissement.

    Il a le temps de se demander : « Pierre ? Où est Pierre ? »
    Et puis, une femme se met à pleurer, doucement. Et toutes ces voix, d’un coup, tous ces cris. De peur. De douleur. Des appels. Des suppliques. Des soupirs.

     

  • [Livre] Victor tombe-dedans sur l'île au trésor

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Un matin pluvieux de vacances, l’intrépide canaille Victor met un plan en action afin de passer une journée dans sa chambre, pour (se) plonger dans le livre qu’il a choisi : L’Ile au trésor.
    Dès les premiers mots, son fabuleux pouvoir d’imagination l’emporte et il se retrouve les deux pieds dans le sable des Caraïbes, face au terrible pirate Chien Noir… mais aussi aux côtés de Jim Hawkins, le jeune héros de l’histoire de Stevenson. Ensemble, les deux garçons vont partir à la recherche d’un trésor, rencontrer Long John Silver, voir net dans son double jeu et, après bien des péripéties, déjouer les pièges des pirates mutins…

     

    Auteur : Benoît Minville

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Enfant

     

    Date de parution : 5 octobre 2016

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : Les livres de la collection Pepix sont toujours bourrés d’humour, que ce soit dans le texte lui-même ou dans les pages bonus qui parsèment le roman. Celui-ci ne fait pas exception à la règle.

    Victor est un petit garçon malicieux qui adore sa petite sœur, ne supporte pas son ado de frère (qu’il surnomme tête de moussaka) et est affublé d’une mère qui semble considéré ses enfants comme des ennuis permanents.
    Mais Victor est surtout détenteur d’un super pouvoir génial : il peut entrer dans les histoires qu’il lit. Littéralement. Les aventures que contiennent les romans prennent une autre dimension quand on est projeté au cœur de l’histoire.
    Aujourd’hui, c’est dans l’île au trésor de Stevenson que se plonge Victor. On assiste donc à une réécriture de l’histoire qui ne manquera d’éveiller l’intérêt des jeunes lecteurs pour le roman original.
    Victor vit cette aventure en y ajoutant sa touche personnelle. Jim
    Hawkings, le héro du roman de Stevenson, est désarçonné par les anachronismes que n’arrête pas de faire Victor (qui lui parle du foot, de l’école primaire…).

    Le super pouvoir de Victor lui permettra même de se rapproche quelque peu de son frère, comme avant que celui-ci ne soit attaqué par cette bête étrange que la mère de Victor appelle puberté.
    Le rythme est effréné, on ne peut pas arrêter de tourner les pages. La longueur est idéale pour un enfant de 8 à 12 ans. 181 pages c’est assez long pour avoir une histoire bien conçue, bien fouillée, et assez court pour ne pas freiner l’enthousiasme de jeunes lecteurs.
    Il y a un premier tome, mais les deux histoires peuvent se lire indépendamment l’une de l’autre. Dans ce premier tome, c’est dans l’univers des trois mousquetaires que plonge Victor.
    Si j’ai un bémol sur ce livre, c’est que l’histoire est à la première personne, puis passe à la troisième personne avant de revenir à la première. Je n’ai compris ce changement de perspective et je ne l’ai pas trouvé très utile non plus. J’aurais nettement préférée lire toute la première partie de l’aventure en la voyant à travers les yeux de Victor plutôt qu’à travers ceux d’un narrateur extérieur, d’autant plus que jamais on ne voit des passages où Victor n’est pas présent.

    Mais en dehors de ce point en particulier, j’ai trouvé ce livre vraiment prenant et j’ai maintenant hâte de lire un autre livre de cet auteur, dans la collection Exprim, pour voir s’il est aussi talentueux lorsqu’il s’agit d’écrire pour des adolescents qu’il l’est pour s’adresser aux enfants.

    Un extrait : Tête de Moussaka pleurnichait comme un bébé, trempé de la tête aux pieds.
    J’ai tout de même travaillé un peu ma mauvaise foi.

    - J’ai rien fait, c’est lui.

    - La porte se referme toute seule, avec ton frère dehors ?

    - J’ai trouvé ça étrange aussi. Je pense qu’Alexandre est possédé par un esprit, faut pas être normal pour sortir en t-shirt par ce temps… La seule solution, pour être sûr, c’est de le pendre par les pieds au-dessus d’un puits.

    - Victor…

    - Si, c’est vrai ! C’est pas possible qu’il ressemble autant à une pizza boursoufflée sans être possédé.

    - VICTOR !! File dans ta chambre !

    Mon frère me maudissait, il ressemblait à un cocker passé à l’essoreuse.

    - T’es vraiment trop naze, comme frère. Des fois, je préférerais être fils unique.

    Ma sœur est passée devant lui et lui a tiré la langue. J’ai souri. Un héro incompris, mais heureux d’avoir donné une leçon au Plutonien mouillé.
    Etant arrivé à mes fins, j’ai filé dans ma chambre, et je me suis glissé sous ma couette ; la pluie tapait contre le toit.
    Le meilleur restait à venir : mes plus belles aventures, celles qui arrivent quand je plonge dans un livre et tombe dans l’histoire… Pour de vrai…

    Ah, ce plaisir de laisser les mots du bouquin exercer leur magie pour que mon GRAND pouvoir se mette en route !

    J’ai regardé la couverture. C’était un dessin représentant des pirates, un coffre, un jeune garçon de l’âge de mon frère.
    J’ai commencé à lire. Je lis, je lis…
    « Monsieur Trelawney, le docteur Livesey et tous ces messieurs m’ayant demandé d’écrire ce que je sais de l’île au Trésor, du commencement à la fin, sans rien omettre, si ce n’est la position exacte de l’île, et cela parce qu’il s’y trouve encore un trésor, je prends la plume en l’an de grâce 17… »

    Et…VLOOOOOOOOF, je tombe dedans…
    Bascule totale tête en avant…

     

  • [Livre] Super-Vanessa et la crique aux fantômes

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : La petite ville de Cygne-sur mer est perturbée par des événements inquiétants : une lueur dans la maison vide sur la falaise, des esprits frappeurs qui exigent qu’on se brosse les dents, un tout petit monstre qui pousse des hurlements terrifiants, des parents aux allures d’ogres, et maintenant des fantômes d’affreux pirates morts ! Brrrr… Vanessa, la fille la plus super des terres du sud-est, mobilise sa petite bande de copains pour faire face à ces épreuves. Rejoignez avec elle (Super-)Louis, Gustave-Brutus, Marius-la-ficelle et Adam-le-roux, pour une aventure effrayante… mais aussi très tendre et drôle !

     

    Auteur : Florence Hinckel

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 24 août 2016

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : De Florence Hinckel, je n’avais lu jusque là que le tome de U4 dont elle s’est chargée et qui n’a pas franchement la même cible. J’avais beaucoup aimé son écriture dans cette histoire plutôt sombre (même si je n’ai pas trop apprécié les clichés sur Marseille et sa criminalité).
    Ici, je découvre la plume de l’auteur sous un autre jour, dans un roman destiné à un public bien plus jeune et où il y a plus d’humour que de drames.
    Dès la première page, qui est une page d’avertissement aussi bien pour les enfants que pour leurs parents, le ton est donné. On sait que ce livre sera plein d’aventures, de fantômes, de pirates, de frissons et surtout de rire, car rien que cette page a commencé à me faire glousser.
    Intercalés dans les aventures proprement dites, Florence Hinckel aborde également des thèmes comme les rapports avec les parents, la jalousie, le deuil…
    Les personnages, que ce soit Vanessa et ses amis ou les adultes, ne sont pas parfaits. Ils ont des failles et un physique qui les rapprochent de tout un chacun. On n’est pas là en face d’une ville peuplés de gravures de mode qui donne une fausse idée de la vraie vie aux enfants. Il y a des parents qui travaillent, avec des horaires parfois difficiles, des qui n’assurent pas, des qui font de leur mieux… Et du côté des enfants, ils sont parfois vantards, parfois peureux, parfois rancunier…
    Leurs défauts les rendent plus vrais, plus réels et on les en apprécie d’autant plus.

    Comme souvent dans les Pepix, l’histoire est parcourue de pages bonus : carte du village, mode d’emplois pour réaliser un film d’horreur, les lieux les plus angoissants, comment enregistrer un vrai cri d’horreur, etc…
    D’ailleurs, j’ai beaucoup aimé la fin qui se rapporte à un élément que l’on trouve dans l’une de ces pages bonus.
    Dans les personnages secondaires, j’ai beaucoup aimé Marguerite et j’espère qu’on la verra plus dans un prochain tome, puisqu’il semblerait qu’elle ait maintenant vraiment rejoint la bande d’amis.
    Toute cette petite équipe fait penser à une mini-scoubidoo team. Avec des vélos à la place de la camionnette et sans grand chien idiot qui les suit partout.
    Je n’ai pas lu le premier tome, qui semble se dérouler du point de vue de Louis, mais a priori, les histoires sont indépendantes, donc ça ne pose pas vraiment de problèmes.
    Côté illustrations, je ne peux pas vraiment me prononcer car je n’y prête jamais vraiment attention. Cependant, j’ai beaucoup aimé Vanessa, avec son petit air de lutin et je suis sûre que ces dessins renforceront l’envie de découvrir l’histoire chez les plus jeunes.
    Encore un excellent livre sont il me tarde de lire d’autres tomes pour retrouver toute cette joyeuse petite bande !

    Un extrait : Loulou, je l’adore parce qu’il est super-gentil avec moi, même si des fois il est dans la lune et que sa seule passion dans la vie, ce sont les super-héros. Il a vu tous les films Marvel, et il possède des tonnes de BD qui racontent la vie de Spiderman, Iron Man, Superman, bref tous ces noms qui riment avec banane (même si je crois que ce n’est pas fait exprès). Loulou est aussi très gourmand et du coup il n’est pas franchement maigrelet, si vous voyez ce que je veux dire. Bon, pas obèse non plus, hein, il a juste de bonnes joues qui lui donnent un air sympa, en tout cas, je trouve.
    Si j’ai freiné brutalement, c’est parce que j’ai vu mon Loulou tout triste, assis la tête dans les mains, sur le perron de sa maison toute simple, toute blanche à un étage. Moi, elle me fait penser à la maison des Simpson, vous savez, le dessin animé ? Je jette mon vélo dans l’herbe du petit jardin de devant, sans clôture autour, je vais m’asseoir à côté de Louis, je reste deux secondes à ses côtés sans rien dire, puis je chuchote :

    - Toi, tu penses à ton papa.

    Le père de Loulou est mort quand il était petit. Il était pompier et il a disparu dans les flammes en sauvant des gens. Un héro, quoi. Louis me jette un regard surpris.

    - Vanessa, t’es aussi douée que ta super-mamie. Tu devines tout !

    Je soupire. Ma mamie (qui est au ciel maintenant), si vous voulez savoir, elle était voyante. Ca veut dire qu’elle prédisait leur avenir aux gens qui n’aiment pas les surprises. Louis soupire aussi, et poursuit :

    -C’est comme la fois où tu m’as dit : Demain, la maîtresse ne viendra pas et ne reviendra plus jamais ! C’est là que j’ai su que tu avais le super-pouvoir de tout deviner ! tu as encore plus de pouvoirs que Super-Girl !

    Super-Girl est une jeune fille invulnérable, elle vole plus vite que la lumière, elle est dotée d’une super-ouïe, d’un super-souffle, d’une super-mémoire, d’une super-intelligence, elle dégage de la chaleur avec ses yeux, et en plus de ça elle voit très loin (mais pas dans l’avenir, elle). C’est un chouette compliment de me comparer à Super-Girl, mais je ne le mérite pas.

     

  • [Livre] Les évadés du bocal


    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé
     : Ils sont trois à s'évader d'un hôpital psychiatrique. 
    Trois "Pieds-Nickelés" qui s'unissent pour contrer le complot mondial qu'ils sont certains d'avoir découvert.
    Évidemment, ils sont quand même bien allumés.
    Évidemment, ils sont gavés de médocs depuis des années.
    Évidemment, leur cavalcade n'est peut-être qu'une gigantesque farce loufoque.
    N'empêche : et s'ils avaient raison ?...

     

    Auteur : Bruno Lonchampt

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 7 septembre 2016

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : Il est évident que Yves, Lisa et Sandro sont bien atteints. J’ai d’ailleurs été incapable de m’attacher à eux, tout en appréciant beaucoup leur épopée.
    Leur psy ne m’a pas du tout plu. Sandro est certainement schizophrène, Lisa a très clairement de très gros problèmes (c’est celle qui m’a le plus énervée) et Yves est peut être paranoïaque, mais qu’il le soit ou pas (après tout, on a aucune preuve) le psy n’est pas clair du tout.
    L’écriture de Bruno Lonchampt est rythmée, dès l’instant où nos trois larrons s’échappent de l’hôpital psychiatrique, on n’a plus une seconde de répit, tout s’enchaîne à une vitesse folle.
    J’ai été outrée par l’attitude des services de sécurité de l’hôtel où se tient le congrès sur le traité transatlantique. On sent bien qu’ils se sentent protégés et clairement au dessus des lois. Ce qui m’énerve le plus c’est que Lisa, Yves et Sandro, sous prétexte qu’ils sont internés, semblent n’avoir aucun droit.
    Au milieu de tous leurs délires, on se demande s’ils n’ont pas mis le doigt sur une vérité dérangeante. Parce qu’au final, peut importe que le psy soit coupable ou non de ce que les trois comparses l’accusent, parce que ces actes existent bel et bien, et ce dans l’indifférence générale.

    J’ai apprécié le fait qu’au fil du roman, on ait des chapitres « interludes » permettant de savoir ce qui a conduit chacun des personnages en hôpital psychiatrique.
    Parsèment également le roman des poèmes de rue, graffitis écrits par un artiste qui signe Messiah et dont le nombre d’« œuvres » laisse à penser qu’il ne s’agit pas d’une seule personne mais plutôt d’un groupe unis derrière une sorte de leader (probablement le graffeur d’origine). Ces poèmes dénoncent tout ce contre quoi Yves se bat et semblent justifier son attitude. Peut être a-t-il des raisons d’être paranoïaque ? Comme ils l’ont dit dans X’files « Ce n’est pas parce que vous êtes paranoïaque que personne ne vous suit ».
    La fin m’a déçue. Pas parce qu’elle est mal écrite, bien au contrainte, c’est une fin à laquelle j’aurais du m’attendre et qui est d’une grande justesse. Mais j’aurais espéré autre chose. C’est mon côté disney…

    Un extrait : Ils l’ont vaincu, c’est clair et net. Cachetonné à la truelle, Sandro n’existe plus ; il s’enfonce dans son fauteuil, l’esprit écrabouillé par les médocs, la vie en fond sonore. Les blouses blanches des soignants quasi fantomatiques errent dans la grand-salle. Dans son coin, le vieux Yves bave sa surdose de neuroleptique, l’air bovin, face à la fenêtre, remâchant le vide de l’existence. Moussa, lui, psalmodie des incantations mystérieuses censées lui « rendre son âme d’origine », pendant qu’à côté on joue au Pictionnary délesté de toute forme d’imagination. Bienvenue…
    Lisa semble moins chargée, elle. Elle chante. Sa voix nasillarde envahit l’air, belle malgré les failles et les petits couacs, et peu à peu, le charme opère. Bientôt, les neurones les moins entravés cherchent la source, les lèvres hésitant à sourire.
    Lisa. Lisa et ses magnifiques boucles brunes qui lui tombent jusque sous les épaules, ses yeux d’un bleu glacé sur sa peau mate, son naturel déglingue…Lisa réveille les comateux. Oui : un à un, ils cèdent. D’abord les malades pas très loin du départ, ceux dont les traitements ont pris leur rythme de croisière, puis tous les autres – même les plus atteints : ils écoutent, regardent… Dans la salle commune, il n’y a plus que la télévision qui parle, et elle parle toute seule. Les yeux fixent autre chose.
    Eclair brun, Lisa vient se promener entre les trois tables rondes et le canapé en sky vert face à l’écran. Elle se déhanche tranquillement, interprétant « Rehab » d’Amy Winehouse avec pas mal de classe.
    Les infirmiers s’arrêtent, hésitant entre amusement et admiration – ils n’ont pas encore compris que Lisa n’en est qu’à l’échauffement. Pourtant elle, dans sa tête, ça fait un moment qu’elle est prête à foncer. Sa voix gagne en puissance, la douceur n’y est plus vraiment, son visage se crispe, ses mains s’agrippent à ses vêtements, les tiraillant, comme gênées par ce tissus qui lui colle à la peau.
    Et ça démarre.
    Le geste est rapide : un débardeur Dolce Gabana danse dans les airs, le soutien-gorge le suit très vite. Moussa en a la bouche qui pend, il a même oublié son âme paumée et ses débats avec le Diable. A côté de lui, Sandro entame un dialogue avec son sexe pour empêcher un craquage de caleçon. Chacun salive sur la suite…
    …mais le strip-tease est stoppé net. Juste au moment où le jean laissait apercevoir un string ultra-minimaliste ! Et le rêve s’arrête brutalement, pendant que la réalité refait surface, molle et fadasse.
    La suite réelle, du coup, c’est les soignants qui rament pour ramener Lisa à l’écart, même à quatre. Ce n’est pas qu’elle résiste ou qu’elle fasse de grosses difficultés, seulement elle minaude, caresse sans arrêt, et se glisse tout en finesse en dehors des mains qui l’empoignent, perturbant des infirmiers pas franchement formés à gérer leurs propres hormones. Mais pour Sandro et les autres, ça n’a plus aucun intérêt, le meilleur est passé, autant dormir maintenant.

     

  • [Livre] L'ogre à poil(s)

     

    Je remercie les éditions sarbacane pour cette lecture

     

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    Résumé : Coup de tonnerre au foyer d’enfants : Yoan et Abdou apprennent que La Boule est en danger, comme tous les habitants de la forêt : ogres, loups, sorcières…
    Accompagnés de l’ogre, les deux copains partent à l’aventure pour éradiquer l’usine qui empoisonne la forêt.
    Abdou et Yoan, ils sont futés et courageux. N’empêche, ce coup-ci, la mission est drôlement périlleuse.
    Si ni les sorcières, ni les ogres, ni les loups, n’ont pu venir à bout des empoisonneurs, qui le pourrait ?
    Le dernier dragon peut-être ?

     

    Auteur : Marion Brunet

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Enfant

     

    Date de parution : 7 septembre 2016

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : N’ayant pas lu les premiers tomes des aventures de l’ogre, j’ai parfois eu des instants d’incompréhension, qui ont, heureusement été rapide, l’auteur rappelant les faits précédents, l’air de rien. Bon je ne sais toujours pas comment le pull vert moutarde est devenu un pull rose griotte, mais je n’ai pas dit mon dernier mot et dès que j’aurais lu les quelques (dizaines de) livres en attente qui défient les lois de la gravité sur ma table de chevet, je remédierais à ça ! Il m’a fallut aussi quelques pages pour comprendre que Linda et La boule n’étaient qu’une seule et même personne, mais ça, je ne sais pas si c’est parce que je n’ai pas lu les tomes précédents ou si je suis intérieurement profondément blonde.
    J’ai aussi remarqué quelques petites coquilles oubliées, qui ne gênent pas la lecture, mais qui disparaitront, je l’espère lors d’une prochaine réimpression (comme : « En on n’était plus en été », page 8 ; ou « et où j’ai raconté cette d’histoire du type », page 10…)
    Yoan et Abdou, nos deux petits héros, vivent dans un foyer et doivent partir en vacances en Ardèche avec ledit foyer, ce qui les enchante totalement (vous sentez l’ironie ?).
    Bon moi, perso, j’aime l’Ardèche : c’est la campagne, il y a des rivières (sans crocodiles, c’est important), des prairies, des bois, des chèvres (ben quoi, j’aime les chèvres), des marchés dans des petits villages et des jolies ballades à faire… Mais bon, j’admets que pour deux garçons remuants qui ont eu affaire à des ogres, des sorcières, des loups et j’en passe, ça peut être un peu trop calme et ordinaire comme lieu de vacances…
    Heureusement, le salut arrive sous la forme d’une crevette (non je n’ai pas fumé, l’auteur en revanche, c’est pas dit…).
    Et cette crevette vient leur annoncer qu’un danger plane sur la forêt et ses habitants.
    Heureusement, le même message a été délivré à l’ogre et à Janine (là par contre, je n’ai pas compris comment ils avaient rencontré ce personnage, mais ça ne gène pas la lecture) qui s’empressent de venir les chercher sous un faux prétexte (et là on voit que le foyer est super professionnel : vous êtes la grand-mère de Yoan ? Vous avez absolument aucune preuve de cela, vous n’êtes pas dans nos fichiers, mais pas de soucis, emmenez le, et son pote aussi puisque vous y tenez !... Oui je sais, sans ça, il n’y aurait pas d’histoire, mais j’aime chipoter).
    Et là, ils vont découvrir que la rivière est polluée par une usine et que tout le monde est malade : les ogres maigrissent, les loups perdent leurs poils, les sorcières leurs pouvoirs… bref, l’heure est grave.
    Oh il y a bien quelqu’un qui pourrait les aider… mais il est un peu… comment dire… il a mauvaise réputation…il n’aime pas trop les visites… il est un brin égoïste, rouspéteurs, mauvaise tête et pas franchement coopératif et surtout… il a tendance à carboniser sur place les gens avant qu’ils aient eu le temps d’en placer une… Oui, vous l’aurez compris, c’est bien un dragon qui est le seul espoir de la forêt. Et pas n’importe quel dragon, le dernier de son espèce !
    Yoan, Abdou, Janine, l’ogre, Linda, Belusine (une collègue sorcière de Linda), Crasmos (un copain ogre du frère ogre de l’ogre…ben quoi ?) et petit loup (est il nécessaire d’apporter une explication ?) sont volontaire pour aller demander de l’aide.
    Avec autant de caractères différents, on ne va pas s’ennuyer.
    Beaucoup d’humour et de références que les plus petits ne relèveront pas mais que leurs parents trouveront très drôles.
    A travers l’aventure de cette bande, Marion Brunet aborde l’air de rien le thème de la pollution, surtout celle faite par les grandes entreprises qui, pour des raisons de gros sous, vont au plus rapide, sans se soucier des conséquences. On en regretterait presque que la solution du dernier dragon ne soit pas applicable dans la vraie vie !
    Quand au titre de ce tome, on en comprendra la signification dans les derniers chapitres, ce qui fera bien rire tout le monde, personnages comme lecteurs !

    Un extrait : C’est ce soir là que tout à (re)commencé : mon copain Yoan croisait les bras, assis sur son lit, bien décidé à ne pas faire son sac.
    Moi j’avais commencé à remplir le mien, mais j’hésitais entre deux pulls (le wolverine marron et le wolverine jaune). Finalement, j’ai fourré les deux dans mon sac à dos, vu qu’on allait de toute façon se cailler, c’était couru d’avance : les séjours avec le foyer, c’est toujours dans des endroits où y’a de la campagne, des montagnes, et où même quand c’est l’été, il pleut. Et on était plus en été de toute façon, on était en octobre.
    « Ca va vous faire du bien, quelques jours au grand air », avait dit Fabrice, notre éducateur, quand il avait annoncé au groupe qu’on partait tous pour les vacances de la Toussaint. Au grand air, tu parles. Moi j’ai toujours préféré les petits airs, genre l’air malin ou l’air de rien.

    - J’y vais pas ! a annoncé Yoan
    - On n’a pas le choix, j’ai grogné.
    - C’est nul.
    - Je sais.
    - Ils pourraient nous emmener…je sais pas, moi, dans des endroits vraiment intéressants ? Au Far West par exemple, ou à San Francisco ? Visiter Alcatraz, voir des éléphants de mer, des indiens ? Un truc vraiment bien ?
    - On va où déjà ?
    Yoan a poussé un soupir monstrueux et s’est avachi sur son lit en rugissant la réponse :
    - Aaaardèèèèche…

    Ses cheveux ont fait comme une grosse étoile autour de sa tête : depuis quelques temps, Yoan, il se laisse pousser les cheveux. Et comme il est très frisé qu’il a beaucoup de cheveux, ça fait des sortes de dreadlocks. Son père est pas fan (mais en même temps il n’a pas grand-chose à dire, son père, vu qu’il le voit seulement le week-end). Le nouveau directeur du foyer non plus. Notre éducateur Fabrice, il ne dit rien, je crois que ça l’amuse, même s’il lui dit quand même de les laver de temps en temps. Moi j’aime bien, et puis de toute façon c’est mon copain ; il pourrait se faire des couettes que ce serait toujours mon copain.
    On devait partir le lendemain matin, en minibus.
    Bon, je vous cache pas que ça peut être marrant parfois, les vacances avec le foyer, et j’ai quelques souvenirs plutôt sympa, comme la fois om on faisait du camping et où j’ai raconté cette histoire du type qui se fait couper la tête dans la forêt alors Lola et Zoé ont hurlé et ça a réveillé Fabrice et…

    - Allez allez, les petits loups ! Brossage de dents et au lit. Vous devez tous avoir fini vos sacs !

    Yoan s’est redressé en entendant la voix de Fabrice, justement. Il a jeté ses habits en vrac au fond de son sac, et puis sa pile de comics par-dessus. On a fini par aller dans la salle de bains commune en traînant des pieds.
    On s’est rapprochés des robinets.
    On était les derniers, tous les autres étaient déjà au lit.
    Et c’est LA qu’il s’est passé ce truc incroyable qui a changé le cours de l’histoire, nous a fait repartir à l’aventure, et surtout… qui nous a évité de partir en séjour de vacances avec le foyer.

    Lorsque j’ai tourné le robinet, l’eau n’est pas sortie tout de suite. Une crevette s’est extirpée du robinet pour atterrir dans le lavabo.
    Oui, tu as bien lu : une crevette. Rose, avec une carapace brillante et des petits yeux noirs en tête d’épingle. Ca, déjà, au départ, c’était super bizarre, évidemment. Mais ce n’était pas le plus dingue. Ce qui nous a vraiment estomaqués, c’est qu’elle a levé vers nous ses antennes qui bougeaient doucement et qu’elle s’est mise… à parler.

     

  • [Livre] Otage de ma mémoire

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    Résumé : En se réveillant ce matin-là, tous ses souvenirs ont disparu. Sa voix également. Qui est-elle ? Pourquoi personne ne s’inquiète-t-il de son absence ? Quelles sont les réelles motivations de ceux qui prétendent l’aider ? Et surtout, pourquoi l’éventualité de retrouver la mémoire l’effraie-t-elle autant ?

    Plongez avec elle sous hypnose dans les méandres de sa mémoire, de son identité, des épisodes de sa vie, pour remonter le temps jusqu’au jour où tout a basculé.

     

    Auteur : Marilyse Trécourt

     

    Edition : Autoédition

     

    Genre : Thriller psychologique

     

    Date de parution : 23 Mai 2016

     

    Prix moyen : 14€ en papier; 2,99 en ebook

     

    Mon avis : On a ici un roman très court (oui bon, promis avant de relire cette chronique je n’avais pas fait attention à cette phrase et au nom de l’auteur…) mais très bien construit.
    D’habitude, je ne lis pas de roman autoédité. Parce que jusque-là, je n’ai eu que de très mauvaises expériences : mal écrit, histoire incohérente, orthographe digne d’un enfant de 7 ans… bref, totalement illisible en ce qui me concerne.
    Ce livre, je l’ai gagné des mains de l’auteur, Marilyse Trécourt, grâce à un petit concours qu’elle a organisé sur twitter. Quand j’ai participé, je ne savais pas que le roman était autoédité, et tant mieux, sinon j’aurais eu des réserves, peut-être même que je n’aurais pas tenté ma chance et ça aurait été drôlement dommage.
    Parce qu’on a ici un livre très bien écrit, recherché mais avec un style clair et incisif qui le rend très vite addictif.
    Ce n’est pas un thriller à proprement parlé, car il n’y a pas de pure enquête criminelle, mais c’est une sorte de thriller psychologique : ça ne fait pas peur, mais on ressent une certaine tension.
    J’ai beaucoup aimé le personnage d’« Ariel » qui, même si elle a peur de découvrir la vérité sur elle-même, ne lâche rien et continue de se battre pour retrouver la mémoire. Il faut dire qu’il y a de quoi être angoissée quand on se réveille amnésique et muette sans savoir si cet état va durer ou non.
    A travers les séances d’hypnose, on découvre le passé de la jeune femme depuis sa naissance jusqu’à l’évènement qui lui a fait perdre la mémoire.
    Les personnages qui entourent Ariel à l’hôpital sont attachants que ce soit l’infirmière, l’inspecteur, le médecin ou Thomas, un autre patient. Les personnes extérieures à l’hôpital le sont, dans leur très grande majorité, beaucoup moins (à l’exception de Mamina). J’ai été très déçue par l’attitude d’un des personnages du passé d’Ariel, qu’on voit donc essentiellement dans ses « souvenirs ».
    Cette alternance du passé et du présent rajoute à notre frustration car, quasiment tout du long, on en sait plus qu’Ariel.
    Un des personnages se recoupe dans son discours et du coup devient suspect à nos yeux, un autre est odieux et égoïste, un troisième est décevant, un autre est tout simplement un vrai monstre (désolée, je ne vous dit pas lesquels… Non, en fait, je ne suis pas désolée du tout, courrez acheter le livre, ça en vaut la peine)…
    J’ai un petit bémol sur la fin de l’histoire. Pas sur l’écriture ni la manière dont c’est amené car il n’y a rien à redire à ce sujet, mais sur le fond.
    Tous les personnages, même le plus odieux, ont de bonnes excuses pour leur attitude et la manière dont c’est présenté entérine ces excuses. J’aurais pu comprendre que chacun des personnages cherche à se dédouaner mais pas que ce soit tenu pour acquis. J’ai eu l’impression que les pires horreurs pouvaient être commises du moment que le personnage avait été « malheureux » jadis. Je trouve cela un peu facile et j’aurais aimé des conséquences un peu plus sérieuse pour certains d’entre eux.
    Mais bon, cela, ce n’est qu’une opinion personnelle qui n’enlève rien à la qualité de l’histoire.
    L’auteur a réussi le tour de force, qui n’arrive pas toujours à réussir des auteurs ayant trente ans de carrière derrière eux, de réussi à nous présenter une histoire cohérente, qui avance à un bon rythme et qui ne bâcle pas certains aspects pour aller plus vite en environ 200 pages.
    J’ai passé un super moment de lecture et j’en remercie encore Marilyse Trécourt d’une part pour avoir écrit ce roman et d’autre part pour m’avoir permis de le découvrir.

    Un extrait : Où suis-je ? Je n’en ai pas la moindre idée. Tout est blanc. Triste. Froid. Je suis frigorifiée. J’ai mal. A la tête, aux jambes. Dans le cœur. J’ai peur. Je ne sais pas pourquoi. D’ailleurs, ce n’est pas vraiment de la peur. C’est autre chose. Du vide. Voilà, c’est ça, je suis vide. Creuse, comme un puits sans fond. Abandonnée de l’intérieur.

    Je sais que je suis en vie mais je ne sens pas la vie. Juste le vide. Juste une lettre en plus mais avec la vie en moins.

    Pourquoi ? Pourquoi cette sensation m’envahit-elle et me donne-t-elle un vertige incommensurable ? Ça me donne la nausée. J’essaie de me raccrocher à quelque chose. De me retenir aux branches. De ne pas tomber dans ce vide qui m’aspire. Inexorablement. Je coule. J’essaie de donner un coup de pied pour me faire remonter à la surface. Mais je ne bouge pas. Pas d’un centimètre. Mes pieds ne répondent pas. Mes mains non plus. Rien. Rien ne réagit. A part mes paupières. J’arrive à peine à les soulever. Mais ça me demande un tel effort que je n’ai qu’une envie. De les refermer, pour m’endormir et oublier. Et tenter d’échapper à ce gouffre noir et effrayant. De rêver. De me raccrocher à des bulles de bonheur, de souvenirs réconfortants. Je cherche. Je creuse. En vain. Et je me retrouve au fond du puits. Seule. Dans la pénombre. Aucune lumière ne vient me réconforter. Je n’ai aucun souvenir.

    Je suis… Je ne sais pas qui je suis. Une fille. Une femme peut-être. Je crois. Je ne sais pas.

    J’ai peur. Je voudrais crier, hurler, pleurer comme un enfant. Mais j’en suis incapable. Rien ne bouge.

    Je suis enfermée dans mon corps. Et mon corps est vide.

    Peut-être suis-je morte ? Peut-être est-ce cela la mort, finalement ?

    Bip Bip Bip

    Ce bruit. Je le reconnais. Je l’ai entendu tout à l’heure. Au milieu de cris, de mots que je ne comprenais pas. J’étais allongée. On me poussait, vite.

    Des mots me reviennent. Constantes ? Trauma crânien… Chimie… Deux culots de O nég… On la perd… Pouls à 67… Appelez Cholard… Le bloc est prêt…

    Je n’y comprends rien. Je ne comprends rien à rien.

    Et maintenant ? Que vais-je faire ? Que vais-je devenir ? Vais-je rester dans cet état ? Combien de temps ? Toute ma vie ? Ou toute ma mort…

     

  • [Livre] Abraham et fils

    Je remercie ELLE pour cette lecture dans le cadre du grand prix des lectrices

     

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    Résumé : Printemps 1963. Sur la Grand-Place de Tilliers-en-Beauce, une Dauphine jaune se gare à l'ombre du monument aux morts. Ses passagers reviennent de loin. Abraham est médecin et il cherche du travail. Son fils Franz n'a pas dix ans et aucun souvenir de leur vie passée. Bientôt, ils emménagent dans une maison trop grande pour eux. Ensemble et séparément, ils vont découvrir la France du Général, de la télévision d'État, du Canard Enchaîné, des commémorations et des secrets empoussiérés.

     

    Auteur : Martin Winckler

     

    Edition : POL

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 11 février 2016

     

    Prix moyen : 23€

     

    Mon avis : Le bon point de ce livre, c’est l’écriture. C’est le genre d’écriture qui fait que l’on ne peut pas poser le livre, même si on n’accroche pas vraiment à l’histoire.
    La narration alterne entre le point de vue de Franz, fils d’Abraham, amnésique depuis « l’accident » qui semble avoir couté la vie à sa mère, récit à la première personne, et le point de vue d’un narrateur quasi omniscient, dont on ne découvrira l’identité qu’à la fin du livre. Ce récit là est à la troisième personne.
    Les personnages principaux sont attachants, que ce soit Abraham qui couve son fils à l’extrême, Franz et sa passion de la lecture, Claire et sa fille Lucianne, qui viennent compléter la petite famille.
    En fait, les personnages secondaires sont, dans leur grande majorité, assez sympathiques aussi, excepté Gérald, le camarade de classe de Franz, une petite brute, et l’étrange homme qui parle à plusieurs reprise au jeune garçon, mais dont on ne sait rien.
    L’histoire se passe juste après la guerre d’Algérie, ce qui fait que, que ce soit entre les personnages, au travers de l’histoire du village ou encore lors des cours d’histoire que reçoit Franz à l’école, on parle beaucoup des deux guerres mondiales et des évènements en Algérie.

    La seconde guerre mondiale est la plus importante dans le livre car la plupart des personnages secondaires étaient présent et assez âgés pour comprendre ce qu’il se passait à cette période.

    En revanche, ce qui m’a dérangée dans ce livre c’est d’une part qu’on apprend à la fin qu’il doit y avoir une suite. Or, j’ai horreur de me plonger dans un livre sans savoir à l’avance qu’il y aura d’autres tomes. Je trouve que c’est prendre les lecteurs en otage.
    D’autre part, j’ai eu l’impression de perdre mon temps. On assiste certes à une très belle compilation de moments entre un père et son fils, mais je n’ai pas eu l’impression qu’il y avait un but à l’histoire. 568 pages sans réelle « histoire », sans but, sans « fin » digne de ce nom. Même s’il y a, à l’intérieur du récit principal, des histoires parallèles qui elles, trouvent leur résolution, j’ai eu l’impression de lire « pour rien »

    Un extrait : Commençons par leur apparition un beau jour de printemps, au début des années soixante, sur la Grand-Place de Tilliers, ma petite ville au milieu des blés.
    Enfin, quand je dis « leur apparition », c’est une image : ils sont arrivés en voiture.

    Et, pardon, j’ai oublié de vous le préciser : ce que je vous raconte, je n’en ai pas toujours été le témoin direct.
    J'en ai vu se dérouler la plus grande partie - l'essentiel, pour ainsi dire. Le reste, je le tiens de source sûre.
    Un jour, j’ai entendu parler d’individus à la mémoire infaillible, qui se souviennent de tout ce qu’ils ont vécu. Il n’y en a qu’une poignée sur toute la Terre, et ce sont surtout des femmes.
    Elles se rappellent précisément ce qu’elles ont fait le 14 juillet 1973 entre le bal et le feu d’artifice ; elles peuvent décrire les vêtements que portait la belle-mère du marié aux noces de leur meilleure amie ; elles sont capables de nommer tous les objets qu’elles ont mis en carton après la mort de leur père.
    Je suis un peu comme ces femmes-là. J’ai une très bonne mémoire. Pas parfaite – parfois, j’ai des trous -, mais bien meilleure, tout de même, que la plupart des gens.
    Je me souviens de tout ce qui s’est passé entre ces murs, de tout ce qui s’y est dit, de tout ce qui s’y est vu, de ce qu’on y a caché.
    Et je me souviens aussi de tout ce qu’on m’a raconté, de près ou de loin. C’est un bienfait et une malédiction.
    Quand on a une mémoire comme la mienne, on ne se rappelle pas seulement les faits et gestes, mais aussi les mots, les soupirs, les émotions. Surtout les émotions. Ces souvenirs-là sont les plus délicats, parfois les plus inconfortables.
    Et ils ne reviennent pas quand on l’a décidé : dans le grenier de ma mémoire, tout n'est pas rangé dans l'ordre, les épisodes jouent à cache-cache avec le temps. Certains sont devant, frais et vifs comme s'ils venaient d'être vécus. D’autres, assoupis au fond, se réveillent sans prévenir… Alors vous me pardonnerez si, parfois, je prends des chemins de traverse, si je vais et viens au point que vous ne savez plus de quand je parle, si je me répète de temps à autre, et si tout ce que je vous raconte n'est pas tout à fait dans l'ordre. Mes souvenirs se superposent et se chevauchent. Pour tout vous dire, les digressions, c'est un peu mon péché mignon.

     

  • [Livre] La déposition

     

    Je remercie ELLE pour cette lecture dans le cadre du grand prix des lectrices

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    Résumé : « Quand Guillaume Agnelet a quitté la barre, j'ai baissé la tête, je tremblais. Sur mon carnet j'ai griffonné mise à mort d'un homme. Deux jours après la déposition du fils, la cour d'assises a déclaré son père, Maurice Agnelet, 76 ans, coupable de l'assassinat de sa maîtresse et l'a condamné à vingt ans de réclusion criminelle. L'affaire avait trouvé son épilogue judiciaire.
    C'était l'histoire d'un secret de famille. Personne n'avait rien su, rien deviné. J'avais la scène sans les coulisses, la lumière sans les ombres. J'ai voulu comprendre. J'ai écrit une longue lettre à Guillaume Agnelet. Et tout a commencé."

     

    Auteur : Pascale Robert-Diard

     

    Edition : L’iconoclaste

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 20 janvier 2016

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Habituellement je lis très vite. Un livre de cette taille, 236 pages, je le lis généralement en une soirée. Mais ici, j’ai voulu prendre mon temps tant l’affaire est complexe.
    Parce qu’il y a les faits, bien sûr, que je vais rappeler, mais il y a surtout ce que l’on découvre dans ce livre, toute la dimension humaine qui a entourée ces près de 40 ans d’attente entre la disparition d’Agnès et la condamnation définitive de son meurtrier.
    Petit rappel des faits, car je me suis rendu compte en parlant du livre autour de moi que tous ne connaissaient pas l’affaire dont il est question. Petit rappel rapide, uniquement de la procédure judiciaire, ceux qui s’y intéressent trouveront de plus amples détails sans difficultés sur internet.
    En 1977, Agnès Le Roux, jeune femme assez fortunée, disparaît sans laisser de traces. Son corps ne sera jamais retrouvé. Très vite, les soupçons se portent sur son amant, l’avocat niçois Maurice Agnelet. Mais suite au témoignage d’une autre de ses maitresses, il bénéficie d’un non lieu en 1985. La maitresse en question ayant fourni l’alibi s’étant rétractée, Maurice Agnelet est remis en examen en 2000 et comparait devant les assises de Nice en 2006.
    C’est là que commence le récit de Pascale Robert-Diard. Sur ce procès qui s’ouvre près de 30 ans après les faits.
    L’affaire, on la suit de l’intérieur, l’auteur ayant bénéficié de l’éclairage du fils du meurtrier, Guillaume.
    Au travers les yeux de ce fils qui pendant plus de 30 ans a apporté un soutien sans faille à son père malgré sa conviction de sa culpabilité, on découvre Maurice Agnelet comme un homme arrogant, sûr d’échapper à la justice, méprisant envers tous et surtout envers ceux qui ne se « prosternent » pas devant lui.
    On cherche à comprendre ce qui a pu pousser ce fils modèle à « trahir » son père tout en louant son courage car il sait, avant même de prendre sa décision, qu’il se retrouvera seul contre tous.
    Devant les assises de Nice, Maurice Agnelet est acquitté. Le parquet fait appel. Renvoi est fait devant les assises d’Aix en Provence. Là il est condamné. 20 ans. Guillaume Agnelet peut respirer. Mais Maurice Agnelet se défend. Il saisi la Cour Européenne des droits de l’homme qui condamne la France en 2013. Un nouveau procès doit avoir lieu.
    Il se tiendra devant les assises de Rennes.
    C’est ce procès qui est le procès de trop pour Guillaume. Il craque et « déballe » tout ce qu’il sait. Son témoignage portera un coup fatal à son père. Son témoignage ou l’arrogance de cet homme qui n’a pas hésité à clamé devant sa famille que « tant qu’ils ne retrouvent pas le corps, je suis tranquille. Et le corps, je sais où il est. ».
    Pascale Robert-Diard nous livre une chronique judiciaire qu’on lit presque comme un roman, même si on ne s’y plonge pas aussi profondément car le style ne nous fait jamais oublier qu’il ne s’agit pas là d’un récit fictif, mais d’une véritable affaire et que Maurice Agnelet est un monstre tout ce qu’il y a de plus réel.
    Voilà d’ailleurs un petit bémol sur cette œuvre : A trop coller au style narratif qui éloigne un peu de la simple chronique judiciaire, j’ai trouvé que c’était par moment « trop long », et j’ai failli décrocher à une ou deux reprises. Je n’ai gardé le cap qu’en m’accrochant aux faits en m’efforçant d’occulter les pensées et sentiments du fils Agnelet.

    Un extrait : Il est le fils du milieu. L’aîné était brillant et épatait son père. Le dernier était handicapé et accaparait sa mère. Les premières années, la famille se serrait au premier étage du 13, cours Saleya à Nice, dans une bâtisse vieil ocre le long du marché aux fleurs, qui abritait l’appartement et le cabinet de maître Maurice Agnelet. L’avocat aimait le reflet de sa silhouette dans le miroir, ses longues jambes serrées dans une toile de velours ras, le pull fin à col romain qui lui rappelait le temps où il se rêvait séminariste et le hoquet de stupeur et d’indignation que provoquait, aux beaux jours, son arrivée au palais, les pieds nus dans des sandales dépassant de sa robe. Il attirait les garçons et plaisait aux femmes, espérait beaucoup de ses amitiés maçonniques, guignait la présidence de la Ligue départementale des droits de l’homme et appréciait que son épouse, Anne, ferme les yeux sur ses infidélités nocturnes.

    Guillaume était fasciné par l’épaisse porte capitonnée du cabinet de son père et par la mallette en peau de crocodile avec serrure à code qu’il avait rapportée de Suisse. Mais ce qu’il préférait, c’était sa moto, une vieille BMW 750 que Maurice Agnelet avait achetée aux Domaines lors d’une vente de matériel de la police et avec laquelle il venait parfois le chercher à la sortie de l’école.
    L’enfant se hissait à l’arrière, ses jambes de 7 ans trop courtes encore pour atteindre les cale-pieds. Le visage collé au dos de son père, il guettait le moment où, passé les faubourgs de la ville, la route devient étroite et serpente dans la montagne. A l’approche de chaque virage, dans l’odeur des pins brûlés de soleil et le sifflement du vent, Guillaume sentait la moto ralentir puis basculer comme si elle allait se coucher dans le fossé avant de se redresser sous l’accélération. Il fermait les yeux de peur et de plaisir en comptant les lacets qu’il leur restait à parcourir, serrait plus fort la taille de son père ; jamais il ne s’est senti plus proche de lui que dans ces moments-là.
    Leur maison se trouvait tout au bout de la route de mont Macaron. La cabane de cantonnier où ils passaient autrefois les dimanches était devenue une grande villa avec terrasse qui dominait toute la baie de Nice. Anne portait les cheveux longs et libres, elle coulait des bougies dans des pots en verre colorés en écoutant Jean Ferrat, Georges Moustaki ou Joan Baez et interdisait à ses fils d’approcher du métier à tisser à deux pédales qui trônait dans le salon. Bientôt, il y aurait une piscine et des fêtes auxquelles Maurice Agnelet, devenu vulnérable de sa loge et conseiller municipal, convierait chaque année plus de monde.
    Dans le jardin, les trois garçons jouaient à dévaler en hurlant le toboggan de métal dont le rouge commençait à faner au soleil. Thomas inventait des blagues qui le faisaient beaucoup rire.
    « Quelle est la différence entre un avion et une pomme de terre ? Réponse : l’avion il vole, et la pomme de terre, elle va dans la terre ».
    Jérôme, l’aîné, avait un privilège que Guillaume lui enviait. Son père l’emmenait une fois par semaine au cinéma voir des films « de grands ». Il avait promis aux deux cadets qu’il ferait la même chose avec eux, plus tard.

    Mais plus tard est arrivée « l’affaire ». Guillaume avait 8 ans. Il ne se souvenait pas que la brune souriante aux yeux noirs qui lui avait offert une glace un jour qu’elle raccompagnait Maurice Agnelet en voiture s’appelait Agnès. Ce n’est que bien après que ce prénom a envahit sa vie.

     

  • [Livre] Célibataire? Faut pas t'en faire!

    Je remercie Babelio et sa masse critique, les éditions Jourdan et Alexandra Le Dauphin pour cette excellente lecture

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    Résumé : Un témoignage intemporel qui touche une large population, un thème universel qui parle tant aux hommes qu'aux femmes : le célibat. Laissez-vous embarquer dans les folles aventures sentimentales de Célibette, riez, compatissez et suivez ses judicieux conseils. Son histoire peut vous surprendre ... Malheureuse en amour, Isabelle, alias Célibette, a décidé de se prendre en main pour redresser son baromètre sentimental. Celui-ci indiquant une météo capricieuse, Célibette espère voguer vers un ciel plus clément. Mais pour cela, elle doit réagir, revaloriser son image et arrêter d'être le paillasson que les hommes piétinent allégrement. Quel sera son plan d'action ? Comment parviendra-t-elle à se reconstruire ? Trouvera-t-elle l'amour sur les sites de rencontres ou au supermarché avec une courgette comme alliée ?

     

    Auteur : Alexandra Tressos – Le Dauphin

     

    Edition : Jourdan

     

    Genre : humour comédie

     

    Date de parution : 28 janvier 2016

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : On a ici un petit livre très drôle sur le célibat et surtout sur la recherche de l’âme sœur.
    On sourit souvent. Pour ma part, je n’ai pas vraiment éclaté de rire, car les situations présentées sont trop proches de celles que j’ai vécues (si si un mix de Guillaume et David, c’est possible !!!!). Mais je suis sûre et certaine que celles qui n’ont jamais été aux prises avec un PNI (Pervers Narcissique Immature), ou qui n’ont jamais eu affaire aux perles de Meetic ont bien rit en lisant les (més)aventures d’Isabelle alias Célibette.
    J’ai passé mon temps à dire : Oh purée oui (bon ok, soyons honnête, purée n’est pas précisément le mot qui est sortit de ma bouche), Oh la la c’est tout à fait ça (quoi que le coup ou plutôt les coups du supermarché, j’ai pas osé !).
    Cela dit, chapeau à l’auteur qui arrive à mettre en garde contre un élément toxique au possible : la mère…euh non pardon le pervers narcissique (quoique dans certain cas, la mère aussi, surtout la sienne… au pervers narcissique…vous suivez ?) avec beaucoup d’humour.
    Il faut dire que ce n’est pas précisément un sujet qui prête à rire, mais que, dans ce cas, on aura peut être moins de mal à admettre qu’on a bien affaire à ce genre de vermine vicieuse (et pour laquelle Raid n’a pas encore inventé de produit efficace…quoique, dans les yeux, l’anti cafard peut peut-être marcher) que lorsqu’on lit un article bien sérieux sur le sujet qui laisse entendre, en plus (sûrement écrit par un mec), qu’on l’a bien cherché…
    Mais je m’égare, revenons au livre.
    Célibette, Isabelle de son petit nom, n’a pas du tout l’intention de rester une vieille fille, même si ses charmantes copines ont l’air de laisser entendre que c’est déjà le cas (oui c’est sous entendu quand on commence à essayer de vous caser).
    Le livre est émaillé de conseils que l’on peut suivre (ou non, bien sûr, on n’a pas signé de contrat, mais bon, il y a de bons conseils…moi je dis ça…je dis rien…).
    Quand on lit les diverses expériences relatées dans la recherche de l’âme sœur de Celibette, on se dit : pfff n’import’nawak, l’auteur a vraiment une imagination débordante… Et bien non ! (enfin si, elle a une imagination débordante, ce n’est pas la question, ne changeons pas de sujet) Tout ce qu’elle raconte est vrai !!! Promis, juré craché (euh peut être pas craché, la femme de ménage vient de passer). J’en ai vécu certaines… et mes copines d’autres…. Bref à nous toute, on dit bien avoir couvert toutes les situations présentées, et même davantage… (et c’est vrai que celles qui ne sont arrivées qu’aux autres m’ont bien fait rire… ben quoi, je suis humaine, hein).
    En bref, vous l’aurez compris, j’ai adoré ce livre (et je vais prendre le train plus souvent…)
    (Et vous avez qu’à le lire pour savoir pourquoi !)

    Un extrait : Je discute avec « Louis XIV » (ah…la finesse des pseudos) qui me raconte ses déboires amoureux. Il s’épanche sur le comportement des filles qui, visiblement, le malmènent. Il me paraît méfiant, prêt à détaler à la moindre alerte. Une intuition vérifiée, d’ailleurs, malheureusement pour moi.

    Pourtant, la magie d’Internet opère : poudre virtuelle aux yeux, j’échange sur ma vie en général et me prends (encore) à rêver que c’est lui, mon prince charmant. Comme d’habitude, je veux tellement y croire que je ne vois pas les signes avant-coureurs annonçant une catastrophe imminente.

    Nous nous rencontrons après deux mois et demi de conversation soutenue à raison d’au moins deux heures par soir, étalée sur six soirs (le dimanche, on se repose), le tout multiplié par deux mois et demi, donc. Autant dire que nous ne nous découvrons pas et qu’en toute logique, nous allons discuter en toute sérénité. Pourtant…Il faudra exactement 6 minutes 24 secondes pour qu’enfin j’ouvre la conversation verbale, nourrie jusqu’alors de jeux de regards extrêmement bizarres où chacun essaie de décrypter l’autre.
    Sourcils arqués, sourire figé, « Louis XIV » fait moins le malin que derrière son écran, visiblement. On dirait même que quelqu’un lui écrivait son texte tant le discours qu’il tente de tenir s’avère sans envergure et construit sur des bases plus que bancales.

    J’essaie de cacher ma déception, ce qui est loin d’être gagné étant donné que j’ai une fâcheuse tendance à laisser mes émotions transpirer sur mon visage jusqu’à ce qu’elles explosent. Est-ce cela qui a déstabilisé le Roi Soleil ? Il s’attendait peut-être à ce que sa Cour (donc moi) se mette à applaudir ses pensées archaïques du genre « femme = ménage » ? Forcément, avec moi, il est mal tombé. Non seulement je ne cautionne pas ce genre d’équation, mais en plus, je le clame. J’y suis peut-être allée un peu fort en lui rétorquant que pour moi, l’homme doit manier le balai ; une condition sine qua non pour entrer dans ma vie.

    « Louis XIV » pâlit, prétexte un rendez-vous urgent et s’enfuit à toutes jambes. Je tente de le contacter le soir même pour obtenir un semblant d’explication ce qui s’avère peine perdue : « Louis XIV » a complètement disparu de la circulation. Compte supprimé. Tel un phénix, j’imagine qu’il renaîtra de ses cendres le lendemain. « Louis XV » ?, « Charles X » ?, « Henri IV » ? La lignée des rois de France, bien qu’éteinte, regorge de possibilités de pseudos.
    Dorénavant, j’éviterai Mérovingiens, Carolingiens (et Capétiens aussi tant qu’à faire) sévissant sur la Toile. Ils ont visiblement gardé un esprit aussi étriqué que leurs tenues.