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Partenariat - Page 7

  • [Livre] Un accord incongru

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    Résumé : Miss Dolly Green était complètement anéantie par la demande du vieux duc. Ce marché, bien qu’incroyablement culotté, était peut-être le seul moyen pour elle de survivre. Elle venait de perdre son petit domaine et n’avait plus que sa beauté pour elle. Elle n’avait donc plus les moyens de rêver. Le bel Anton ne serait plus, à jamais, qu’un souvenir qu’elle pourrait chérir en secret…

    Auteur : Lhattie Haniel


    Edition : Auto édition

    Genre : Romance historique

    Date de parution : 2015

    Prix moyen : 10€

    Mon avis : J’adore les romances historiques mais ce livre a été une grosse déception. L’idée de départ est bonne bien qu’assez classique dans ce genre de littérature. Cependant, l’écriture manque de fluidité avec une syntaxe, une grammaire et une conjugaison parfois approximative.
    Entre autre l’emploi du mot « aussi », utilisé à tort et à travers, parfois à la place du mot « Ainsi », m’a dérangé, je trouve que lorsqu’on écrit un roman destiné à être publié, la moindre des choses est de vérifier le sens des mots que l’on emploie

    Et est-ce qu’on parle des anachronismes ? Pour n’en citer que deux :
    - Les femmes ne portaient rien sous leurs jupes avant le XIXème siècle où elles commencent à porter des pantalons, la petite culotte, elle, ne fait son apparition qu’en 1918, or, l’héroïne en porte une… En avance sur son temps la demoiselle…
    - Le comte Anton qui couche avec l’héroïne alors qu’ils ne se sont adressés que deux mots et qui ne se pose pas la question de la virginité, sachant que les mœurs de 1810 n’étaient pas particulièrement libres en Angleterre… Alors qu’ils couchent ensemble, ok, mais il fallait l’amener, les faire peut-être hésiter, mais en tout cas, certainement pas faire que le monsieur tombe des nues en découvrant sa virginité !

    Je n’ai pas compris les réactions de certains personnages comme par exemple le majordome qui se montre limite impoli, sans qu’aucune raison ne soit donnée, avec une visiteuse qui se présente pour rencontrer son maître... Un coup à se faire jeter sur le pavé, ça… Alors cette attitude peut passer, mais il faut que les actes des personnages soient motivés… Dans le cas contraire, on a l’impression que des noms de personnages ont été jetés sur le papier sans qu’ils n’aient été travaillés.

    La fin est non seulement sans surprise mais beaucoup trop rapide. Tout ce que l’auteur n’a pas eu le temps ou l’envie de détailler, elle l’a collé pêle-mêle dans l’épilogue.

    Etant une grande fan du genre, j’ai lu beaucoup de livres de romance historique, du coup, c’est vrai que je suis exigeante dans ce domaine, d’autant plus que ces livres sont légion dans le commerce. Alors quand je lis un livre comme ça, qui est une grande déception, j’ai du mal à dépasser cette déception pour tenter de lui trouver des points positifs.
    La romance historique est un exercice difficile justement parce que beaucoup s’y sont essayé et qu’il y a beaucoup d’auteurs brillants tels que Julie Garwood ou Madeline Hunter.

     

    Un extrait : Dans son énorme propriété située dans la ville de Sudbury, lord Henry Grey, duc de Clarence, se réveillait seul dans sa chambre comme tous les jours depuis ces vingt dernières années.
    Alors, comme chaque matin que Dieu faisait, il se leva.
    Puis, comme chaque matin après ce soir d’hiver où il avait perdu Cecilia, son épouse tant adorée, il se dévisagea dans l’imposant miroir apposé au mur.

    — Eh oui, mon ami ! Encore une nouvelle journée à vivre, pour rien ni pour personne, se dit-il en regardant son pâle visage où se reflétaient, en même temps qu’une profonde mélancolie, les années passées, déjà pointées par l'empreinte du doigt qui décompose le corps.

    Et cet homme bien né et bien éduqué se retrouvait aujourd’hui tout seul parce que sa tendre Cecilia n’avait pu lui donner de descendance.
    Pourtant, ils s’étaient aimés, d’un amour ardent, bien avant leur mariage. Cecilia avait été une cousine éloignée avant d’être son épouse.
    Chez les Grey, les épousailles entre cousins étaient d’usage, et lord Grey — 5e duc de Clarence — n’avait pas failli à cette tradition familiale.
    Il se détourna alors de son reflet grisonnant et s’en alla tirer sur un épais bandeau de tissu suspendu au mur qui — relié à un long cordage — était muni en son extrémité d’une clochette en argent. Celle-ci, située dans les cuisines, se mit à tinter gracieusement. Alors, George — le valet de pied qui reconnut le tintement de la clochette qui lui avait été attribuée — se vêtit de sa veste, puis s’affaira à grimper les deux étages avant que M. Parker, le majordome, ne le lui en donne l’ordre.

  • [Livre] La porteuse du médaillon

    Je remercie les éditions « Mon petit éditeur » pour cette lecture

     

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    Résumé : La crise de la trentaine n’épargne pas Clarisse. Elle ne se supporte plus, elle n’aime pas son travail, elle vit seule... Jusqu’au jour où ce médaillon lui tombe dans la main, bijou dont les couleurs se troublent à certains moments pour finalement venir aspirer Clarisse en son centre... Et la voici de l’autre côté, monde dans lequel rien ne semble avoir bougé: l’Histoire s’est arrêtée là. C’est ce que lui raconte l’Antiquaire lorsqu’elle trouve Chrétien de Troyes presque momifié: il n’a jamais pu écrire la fin de la légende arthurienne. Mais le médaillon a choisi Clarisse et c’est elle qui va faire avancer l’Histoire pour rétablir la légende afin que l’illustre auteur puisse terminer son œuvre.

    Auteur : Claudie Séreuse

    Edition : Mon petit éditeur

    Genre : Fantastique

    Date de parution : Janvier 2012

    Prix moyen : 16€

    Mon avis : Quand j’ai commencé le livre, avec la page de garde qui commence par :
    « 
    Approchez, gentes Dames et preux Seigneurs,

    Venez entendre l’histoire de La Porteuse du Médaillon », j’ai trouvé dommage de commencer par cette forme qui donne un air de légende au récit et de ne pas la faire en vers.
    Puis quand j’ai attaqué le récit proprement dit, et surtout quand j’ai lu le 1er paragraphe, je me suis dis : bon sang, mais Clarisse c’est moi ! Qui me rendors après avoir éteint le réveil, qui me fracasse contre la table basse, qui a oublié de jeter une bouteille d’eau ou de coca zéro qui tente sournoisement de me faire la peau…
    Il n’y a que ma salle de bain qui me fiche la paie, mais c’est uniquement parce que j’ai viré les néons depuis des années pour les remplacer par des ampoules normales…le matin on a moins l’air d’un zombie sous cette lumière là !
    Bref, l’héroïne, c’est presque moi et ça nous la rend immédiatement sympathique. Et son patron ressemble à une version masculine de mon ancienne patronne à moi, du coup, là c’est plus de la sympathie, c’est carrément de l’empathie !
    Très rapidement, dès que le personnage de l’héroïne est bien présenté, on entre dans le fantastique : aspirée par le médaillon, Clarisse se retrouve au moyen âge affublée de deux compagnons dont un ne l’apprécie visiblement pas.

    Clarisse a du mal à admettre ce qui lui arrive et pense un petit moment qu’elle rêve, elle pense même qu’elle est peut être dans le coma, suite à une chute.
    Une fois que Clarisse a admis qu’elle ne rêvait pas, tout se passe très vite, pas tant dans l’écriture, car l’auteur prend le temps d’aller là où elle veut que l’histoire nous même, que dans l’intensité et la rapidité de l'enchaînement des événements. On lit très vite aussi, pour ne pas se laisser distancer, pour ne pas perdre de rythme…
    J’ai beaucoup aimé, et j’ai vraiment été surprise par la version de la légende arthurienne donnée dans le livre.
    Ce roman est un livre assez court mais bien construit et dans lequel on plonge complètement !

    Un extrait : Le réveil se mit à sonner bruyamment sur le bord de la table de chevet, un long bras émergea brutalement de sous la couette pour éteindre le son strident et désagréable de la sonnerie.

    « C’est pas humain de réveiller les gens à une heure pareille ! » marmonna Clarisse tout en se retournant dans son lit bien chaud. Elle referma les yeux : « Allez, encore cinq minutes, juste cinq minutes et après je me lève… »
    Trente minutes plus tard, elle repoussa violemment la couette, pestant contre tous les saints qu’elle connaissait, et titubant de sommeil, se dirigea vers la salle de bain. Au passage, elle se cogna le genou contre la table du salon qu’elle avait déplacée la veille et oubliée de remettre au bon endroit, elle se tordit le pied en voulant éviter la bouteille de coca vide qui traînait sur le carrelage et se réfugia dans la salle de bain, où un néon intermittent finissait de lui donner un air de Zombie mal luné.

    Clarisse n’était pas à proprement jolie, ni mignonne, elle était plutôt quelconque, du moins c’est comme cela qu’elle se voyait depuis quelque temps. Elle jeta un rapide regard de dégoût sur son reflet tandis qu’elle se déshabillait, puis alla vite se réfugier derrière le rideau de douche pour fuir cet horrible miroir et sa cruelle vérité. Elle ouvrit le robinet d’eau chaude et un filet d’eau tiède acheva de la réveiller, avant de devenir un jet brûlant qu’elle devait couper avec une eau glacée qui la faisait tressaillir à chaque fois. Pendant qu’elle jouait avec ses deux robinets pour obtenir une température acceptable, elle reprit le cours de ses réflexions. Depuis quelques jours, elle avait un drôle d’état d’esprit et cela l’inquiétait : elle se sentait flétrie à l’intérieur comme à l’extérieur, elle changeait physiquement, le sentait, le voyait, et ça la minait. Elle baissa la tête et s’obligea à regarder ce corps qui l’encombrait et ne lui ressemblait plus : deux petits seins, il y a encore peu, bien ronds et rebondis et qui aujourd’hui subissaient la terrible loi de l’attraction terrestre ; un ventre autrefois plat et qui maintenant gonflait dans ses pantalons même quand elle ne respirait plus ; de longues jambes blanches, aux genoux calleux et bosselés, striées de petites veines qui traçaient leur chemin au gré de leur fantaisie l’empêchant désormais de porter des minijupes.

     

  • [Livre] Le temps d'un hiver

    Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

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    Résumé : Jenna est une jeune femme dévastée quand elle revient chez ses parents, Sibylle, une femme autoritaire et froide, et Patrice, un homme totalement effacé. En attendant que naisse cet enfant qui grandit en elle mais dont elle ne veut pas, elle se souvient de cet hiver, neuf ans auparavant, où sa mère la contraignit à passer Noël chez son amie Élisabeth. Là, elle fit la connaissance d’un jeune Américain, Ryan, de passage lui aussi dans cette maison. L’amour naquit entre eux, un amour désespéré car tout les séparait. Ryan était en couple et la France n’était pas son pays. Il ne restait plus à Jenna qu’à combattre son attirance, mais elle en était incapable, pas même dans les bras d’Alec, son ami de toujours.
    Et tandis qu’elle revit ces souvenirs et que son enfant vient au monde, elle entrevoit la possibilité d’un pardon et du retour de la lumière dans sa vie.

     

    Auteur : Jessica Lumbroso


    Edition
     : Artalys

    Genre : Romance

    Date de parution : 21 juin 2014

    Prix moyen : 19,80€

    Mon avis : L’histoire est intéressante. La relation entre Jenna et ses parents, une vraie relation toxique est bien décrite.
    J’aime bien aussi l’alternance entre le présent et le passé qui dévoile comment Jenna en est arrivée là où elle en est au début du roman.
    Quelques phrases sont mal tournées, il y a parfois quelques problèmes de concordance des temps, mais rien qui ne gène la lecture au point de la rendre impossible.
    J’ai trouvé qu’il y avait quelques longueurs dans le récit du passé, il y a plusieurs paragraphes que j’ai eu envie de sauter pour aller à l’essentiel.
    En revanche, il faut reconnaître à l’auteur un gros travail sur les personnages, ils ne sont pas superficiels et on voit qu’elle a pensé chacun d’eux avec beaucoup de soin.
    Au point où j’en suis du roman au moment où j’écris ces lignes, plusieurs options m’ont effleurées l’esprit quant au pourquoi de la grossesse de Jenna, de son rejet de l’enfant, de sa solitude et de son retour chez des parents qu’elle déteste.
    Un aspect de ce livre m’a profondément dérangée : c’est le fait que les garçons, que ce soit Ryan ou Alec (mais plus Ryan) sont focalisés uniquement sur leurs propres désirs sans jamais prendre en compte ceux de Jenna : « Et si ce n’est pas ce que je désire ? », « Comptait-elle aller quelque part ? Non, elle n’en avait pas le droit. »…

    Leur attitude confine à l’agression sexuelle. Même si cela ne va pas jusqu’au viol, ils s’imposent physiquement à elle alors qu’elle leur dit clairement NON. Même si c’est à contrecœur, elle dit non. Et ils refusent de respecter ça.
    Je ne sais pas bien ce que l’auteur a voulu faire passer, mais si c’est sa vision du romantisme et des relations de couples, c’est limite dangereux parce que cela donne aux adolescent(e)s qui lisent ce livre l’impression que ce comportement est normal. Que les relations entre hommes et femmes se fondent sur un rapport de force constant dans lequel le plus fort impose sa volonté à l’autre.
    Pour l’histoire en elle-même, comme je l’ai déjà dit, j’ai eu envie de sauter certains passages pour arriver plus vite au fin mot de l’histoire. Surtout que le doute s’installe quand même assez tôt sur ce qu’il s’est passé et que c’est dur de devoir attendre pour voir ces doutes confirmés.
    Je pense que la transcription systématique des chansons, suivie de leur traduction est de trop (c’est bon pour les fanfic d’ado, pas pour un roman), une phrase par ci, par là, avec un paragraphe pour en expliquer le sens, intégré à l’histoire aurait été plus judicieux.
    Mais ce roman a vraiment un fort potentiel. Il faut le reprendre, le retravailler, supprimer les longueurs et surtout les fautes de syntaxes et de français, mais l’histoire est bien conçue et l’alternance entre passé et présent tient en haleine.
    Malgré les quelques défauts du texte, je n’ai pas pu lâcher ce livre avant son terme et j’ai même versé une petite larme dans la dernière partie.

     
    Un extrait : L’air, en ce lundi 7 décembre 2010, embaume de senteurs hivernales. Cette date, à marquer au fer rouge, restera gravée en moi comme un malheureux retour aux sources, après huit ans d’absence. À chaque expiration, une brume de vapeur se forme devant mes lèvres, en un fin nuage que je m’amuse à chasser d’un mouvement rapide de la main. Le froid s’est installé depuis mi-novembre, anormalement tôt pour la saison. Et emmitouflée dans mon épais blouson, les mains, la tête et le cou enveloppés dans de chaudes laines, je remonte la rue bordée de neige. Le poids de mon corps m’impose un rythme lent et régulier tandis que j’avance courbée. Les muscles tendus, les membres courbatus, je suis fatiguée de ce trop-plein d’exercices. Mais cette lassitude physique, cette douleur du corps, vaut mieux que l’étau qui enserre violemment mon cœur et m’asphyxie. Cette douleur, je tente de la refouler par tous les moyens – l’apaiser serait impossible, voilà longtemps que je l’ai réalisé.

    Avancer, toujours plus loin, poursuivre un but fixé au préalable, trouver le courage de mettre un pied devant l’autre. Tout cela me donne la sensation de marcher jusqu’à la potence. Je me sens lourde, lourde de tout ce poids qui nous sépare, toute cette tristesse, lourde de toutes ces années révolues.

    La neige crisse sous mes pas, faisant resurgir de lointains et fugaces souvenirs d’une enfance trop tôt oubliée. Les maisons alentour, bordées d’arbres effeuillés, sont recouvertes d’une fine couche blanche, comme si la neige avait déposé son doux manteau sur le toit du monde.

    La rue, que j’empruntais si souvent par le passé, me semble aujourd’hui interminable. Longue et tortueuse, serpentant entre les demeures. Je traîne des pieds, incapable d’accélérer la cadence.

    Dans ma poitrine, mon cœur joue des timbales avec force. Je perçois presque le son qu’il fait : po-dom, po-dom, po-dom... ; tandis que le sang bat contre mes tempes et résonne à mes oreilles. J’inspire profondément puis ravale ce flot d’émotions, de sensations et de souvenirs qui m’envahit encore.

    Bientôt, je vois se dessiner les contours familiers de mon ancien foyer. Celui d’une enfance pas toujours facile – un père absent et effacé ; une mère autoritaire – mais qui m’a fuie sans prévenir, et qu’il m’arrive de regretter. Non pas que cette période me manque, bien au contraire, mais il m’arrive parfois d’avoir le sentiment désagréable de ne pas en avoir profité. Si on m’en avait donné l’occasion, j’aurais sûrement souhaité recommencer de zéro, tout effacer, gommer les imperfections de la vie et redessiner mon passé, en y changeant les règles.

    Je m’arrête. Je suis arrivée. Seule la grille en fer forgé du jardin me sépare de mon enfance. Cette maison, dans laquelle j’ai vécu durant presque treize ans, se détache victorieuse, droite sous la neige. Dix mètres d’une allée pavée, que l’herbe folle recouvrait d’ordinaire, me séparent d’elle, quatre marches de perron, et enfin le porche, la porte d’entrée, la chaleur du domicile...

     

    Malineski. Ce sont encore les mêmes neuf lettres qui ornent la boîte aux lettres, celles de mon propre nom que j’ai souhaité si souvent abandonner. Malheureusement, aujourd’hui encore, âgée de vingt-six ans, je m’en trouve affublée.

     

  • [Livre] Les noces meurtries

    Je remercie les éditions chemin vert et la masse critique de Babelio pour cette lecture

     

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    Résumé : " Robe blanche, hiver blanc, journée blanche... Ses illusions, en ce matin de février 1979, étaient aussi pures que ce blanc qui avait recouvert tout le vignoble, immaculé. " D'un point de vue extérieur, Hélène semble mener une existence paisible au cœur du vignoble champenois, mais une fois la porte de la chambre conjugale refermée, qui peut se douter de l'enfer qu'elle vit au quotidien ? En parallèle, sa fille Gaby, va peu à peu perdre ses illusions sur la vie familiale et se construire dans la douleur. Deux femmes face à l'adversité : deux femmes en quête d'indépendance.

    Auteur : Sandra Banière

    Edition : Chemin vert

    Genre : Roman contemporain

    Date de parution : 18 septembre 2014

    Prix moyen : 23€

    Mon avis : Pour une fois, on commence « par la fin ». Je veux dire que dans la plupart des livres sur les relations toxiques, on commence à la rencontre et le livre se termine au moment où la femme obtient enfin le divorce (et le courage de le demander).
    Ici, on commence au moment où la prise de conscience se fait et où l’épouse, Hélène, décide de divorcer. On va suivre le développement personnel d’Hélène, de sa fille Gaby mais aussi de son fils Marc, face à l’attitude plus que déplorable de l’ex mari et père, un type écœurant dont l’attitude ne cesse d’étonner tant on se dit que ça ne peut pas être pire dans l’abjection et qu’on se rend compte que si, ça peut.

    Le livre se fait à deux voix : Hélène et sa fille Gaby mais il n’y a aucune chance de confondre les deux. Le point de vue d’Hélène est écrit à la troisième personne et celui de Gaby à la 1ère personne.

    On peut voir l’évolution des deux femmes et leurs visions non seulement de leur mari et père mais aussi de comment leur fils et frère vit les choses.
    J’ai bien aimé le style d’écriture qui est très contemporain sans être dans le style « parlé » que prennent trop souvent les textes à la 1ère personne.

    S’il faut vraiment trouver un reproche à faire à ce livre c’est qu’il y a quelques petits accrocs à la syntaxe et à la terminologie juridique (on dit la partie adverse et non le parti adverse, sauf si on parle de parti politique). Mais rien qui ne gêne la lecture ni qui fait réellement grincer des dents.
    En général, je ne suis pas une grande fan des romans dits contemporains, je préfère plus de fantaisie ou plus de drame, mais là je n’ai absolument pas regretté ma lecture. La preuve ? Je l’ai dévoré en une nuit !


    Un extrait : Robe blanche, hiver blanc, journée blanche… Ses illusions, en ce matin de février 1979, étaient aussi pures que ce blanc qui avait recouvert tout le vignoble, immaculé. Cela rendait le paysage irréel, bien loin de l’habituelle image des vignes bien vertes avec leurs belles grappes de raisins gorgées de saveurs sucrées, illuminées par le soleil. Le ciel encore très chargé obscurcissait tous les petits détails, et, à l’horizon, se mêlait même à la terre, au point qu’on ne distinguait plus que les piquets, reliés par des fils de fer, qui longent les routes traversant les vignobles.

    Tous les ceps nouvellement taillés étaient enveloppés d’une chape blanche voluptueuse, qui faisait disparaître les différentes parcelles. Sans y faire la moindre anicroche, quelques oiseaux s’étaient posés sur ce vaste champ de neige, délicatement perchés sur les fils de fer.

    De la fenêtre de sa chambre de jeune fille, Hélène avait longtemps admiré ce décor, qui surgit à peine une fois l’an, tout en pensant qu’il rendait ce jour encore un peu plus particulier, et qu’à chaque fois qu’elle évoquerait son mariage, elle pourrait se souvenir du temps qu’il faisait, de l’épaisse couche de neige qui avait tout stoppé pour quelques heures, quelques jours…

    Même si Hélène n’était pas naïve au point de croire que tout serait idyllique, elle était convaincue qu’elle faisait le bon choix en épousant Bertrand. Il était issu, comme elle, d’une famille de vignerons, il partageait les mêmes valeurs et avait les mêmes envies. Pour la première fois de sa très jeune vie, elle éprouvait de vrais sentiments amoureux et désirait ardemment fonder une famille.

    Il était si beau au pied de l’autel dans son élégant costume noir, avec son air enfantin et ses yeux bleus brillants d’émotion ! Toute la journée, envoûtée par la chaleur de la salle des fêtes et la gaieté des invités, elle avait contemplé son époux, s’était plu à se retrouver dans ses bras pour ouvrir le bal et faire tournoyer sa robe couleur de neige, avait ri avec lui des blagues de quelques bons fêtards. Malgré le froid hivernal, la journée avait été douce et lumineuse.

    Mais la première désillusion, qu’elle pensait n’avoir à envisager qu’au bout de plusieurs années de vie commune, advint dès la nuit de noces. Vierge comme le voulait la tradition, elle connut sa première expérience sexuelle au petit matin, une fois que les derniers invités étaient allés se coucher. En bonne petite fille sage, obéissante et timide, elle n’avait jamais beaucoup flirté avec les garçons et avait encore moins osé s’aventurer plus loin que quelques chastes baisers. Lors de cette première étreinte, elle l’avait laissé faire, ne sachant comment s’y prendre et n’ayant aucune idée de la manière dont son corps allait réagir.

     

    Ils se retrouvèrent nus, côte à côte, dans le noir d’une petite chambre qu’un ami leur avait prêtée pour l’occasion, sans avoir pris la peine de se découvrir au préalable. Bertrand l’embrassa, la caressa quelques minutes, puis il y eut une douleur aiguë, et un corps lourd qui s’affala sur le sien très vite après. C’était donc ça ! Elle comprenait pourquoi sa mère ne lui en avait presque pas parlé ; il n’y avait finalement que peu à en dire. Ce qu’elle venait de vivre n’avait rien à voir avec ce qu’elle avait lu dans les livres, du moins ce qu’elle croyait être la vérité quand deux êtres étaient épris l’un de l’autre. Où était l’osmose ? Le petit frisson électrique qui aurait dû parcourir sa chair ?

     

  • [Livre] Accords imparfaits

    Il l'énerve...Elle l'exaspère...

    Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

     

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    Résumé : Quand Derrick rencontre Laura, cela fait des étincelles. Toutes sortes d’étincelles, de toutes les couleurs. Les deux jeunes gens savent qu’ils sont faits l’un pour l’autre, mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils pourront s’entendre car pour eux, se disputer devient tout un art. Ni l’un ni l’autre ne savent s’ils auront un avenir ensemble ni même s’ils devraient s’y essayer.
    Pourtant, ils vont s’efforcer d’abattre un à un les obstacles qu’ils se sont eux-mêmes employés à dresser pour découvrir ce qu’aimer veut dire…


    Auteur : Rose Darcy

    Edition : Artalys

    Genre : Romance

    Date de parution : 4 septembre 2013

    Prix moyen : 14,90€

    Mon avis : Le genre romance est difficile à écrire. Pas dans le style mais plutôt à cause du fait qu’il y a tant de romans de ce style sur le marché qu’il est difficile de trouver une approche originale.
    C’est peut être parce que je lis peu de romances et beaucoup d’autres genres de littérature que je n’ai pas du tout accroché.
    J’ai trouvé l’histoire banale et cousue de fil blanc. J’aurais apprécié plus de rebondissements plutôt qu’une quasi ligne droite vers l’épilogue.
    J’ai trouvé l’écriture trop simpliste. Mais encore une fois c’est peut être parce que je lis beaucoup de genres différents dans lequel l’écriture est radicalement différente.
    Les dialogues manquent un peu de naturel. Le récit m’a semblé bourré de clichés (la description de la fille sortant de l’eau en rejetant ses cheveux en arrière en arc de cercle et les disputes constantes entre les personnages et leur « conscience » étaient de trop et n’apportaient pas grand-chose à l’histoire à mon sens).
    Au début du chapitre 5, on a droit à une « note de l’auteur » :
    Note de l’auteur : la scène suivante se passe dans le salon puis la salle de bains. L’auteur précise à ses lecteurs curieux que la baignoire ici mise en scène est vide. Ben oui, des personnages trempés, ça le fait moyennement quand même ! Enfin, l’auteur laisse aux soins de la lectrice avisée (ou du lecteur) d’imaginer de l’eau ruisselant sur le torse nu de Derrick… *soupirs*.

    Alors ce genre de choses, c’est carrément rédhibitoire pour moi. J’ai eu l’impression, à ce moment, de lire une fanfiction de twilight même s’il y en a de très bien écrites (et d’ailleurs un certain Edward est mentionné dans les pensées de l’un des personnages).
    A un moment, le récit fait un bond dans le temps, à priori de plusieurs années, sans qu’aucun signe de ce bond ne soit donné, si ce n’est une remarque d’un des personnages.
    De 8, les colocataires passent à deux sans que l’on sache ce qu’il est advenu des autres. Il y a un couple qui voulait s’installer ensemble, ce qui fait 4 disparus…

    L’écriture s’améliore un peu à vers la fin, elle devient un peu plus fluide, et même si la fin est sans surprise, j’ai quand même pris plaisir à la lire.

    Un extrait : « Qu’est-ce que c’est ? demanda Derrick.

    — Ça, c’est un mot de ta voisine de chambre. Tu verras, elle en colle partout et nous refait la déco de la maison à coups de bouts de papier fluo », lui expliqua Lucas.

    Le jeune homme décolla le post-it vert de sa porte et le fixa comme s’il était radioactif.

    Chez moi…

    Ben voyons ! pensa-t-il.

    « Tu peux m’expliquer ? demanda-t-il à son ami en serrant la note dans son poing.

    — C’est Smiley ! répondit Lucas en souriant.

    — Smiley ?

    — Le surnom de Laura, la plus jeune du groupe. Tu la rencontreras tout à l’heure. Tu vas l’adorer ! »

    Rien que ça !

    « Je te trouve bien sûr de toi sur ce dernier point. Tu me connais pourtant », lâcha-t-il, légèrement amer.

    Derrick ne voulait plus adorer ni aimer personne.

    Apparemment, c’est pas gagné !

    Il souhaitait juste qu’on lui foute la paix. Partisan depuis la mort de sa mère de l’exposition minimale, il n’avait que peu d’amis, dont Lucas faisait partie. C’est pour ça qu’il était venu ici, vivre dans la maison que son ami avait hérité de sa grand-mère. Cette option avait semblé idéale à Derrick, avec un loyer modique, il pourrait subvenir à ses besoins en trouvant un job d’appoint le temps de terminer ses études et d’entamer sa formation. Un compromis qu’il était prêt à faire, lui qui ne ressentait pas le besoin de s’intégrer à un groupe, d’appartenir à quelque chose ou à quelqu’un. La solitude lui convenait parfaitement, lui offrant la liberté dont il avait tant besoin. Pas d’attaches, pas de complications, pas de souffrances. Derrick s’était retranché.

    Et celui qui me délogera de là n’est pas encore né !

    « Oh oui, je te connais ! reprit Luc’. Mais surtout, je la connais, elle.

    — Développe, intima Derrick.

    — Plus tard peut-être », rétorqua Lucas sur un clin d’œil.

    Derrick enfonça le post-it écrit par Laura dans la poche de son jean, sans plus y prêter attention. Alors qu’il poursuivait la visite de sa nouvelle maison, une affirmation de la jeune femme se mit à tourner en boucle dans son esprit.

    Chez moi.

    Une part de lui ne put s’empêcher de savourer ces deux petits mots qui avaient perdu tout leur sens à ses yeux quelques années auparavant.

    Chez moi.

    Si seulement…

    Après avoir fait le tour des étages, Lucas conduisit Derrick au sous-sol. Ils étaient à mi-chemin dans le couloir menant à la buanderie quand ils discernèrent des voix provenant de la pièce dont la porte était ouverte. Comprenant qu’on y parlait de Derrick, Lucas fit signe à ce dernier de continuer à avancer en silence. Le jeune homme tendit malgré lui l’oreille et décela deux voix féminines. Il reconnut celle de Juliette, la copine de Lucas qu’il avait déjà rencontrée. Quant à la seconde, elle ne lui était pas familière, non plus que l’électricité qui parcourut sa colonne vertébrale lorsqu’il entendit son prénom prononcé par elle.

    « Non, tu me fais marcher ! s’exclama Laura.

    — Je te jure que non, se défendit Juliette.

    — Nan, je ne te crois pas.

    — C’est la stricte vérité.

    — Et tu penses qu’il va se pointer avec ses lunettes à double foyer et son costume aux couleurs passées qui sent la naphtaline ?

    — Il est loin de ressembler à son célèbre homologue, tu peux me croire. Je dirais même qu’il est plutôt canon, si tu veux mon avis.

    — Ouais… m’enfin, avoue quand même qu’il est difficile de croire que des parents aient pu appeler leur enfant, de leur propre volonté, Derrick. Pas après avoir subi la série ô combien soporifique ! Ça me dépasse !

     

    — Et pourtant, ils l’ont fait », coupa Derrick, glacial, dans le dos de Laura.

      

  • [Livre] J'étais sportif mais ça va mieux

    Je savais bien que les sportifs étaient de grands malades

    Je remercie les éditions Société des écrivains pour cette lecture

     

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    Résumé : Et puis tout à coup, le drame. Le geste inévitable, la bavure...! Un des policiers venus en renfort est soudain pris d'une frénétique envie de dégainer. Dans un hommage ultime à John Mac Lane et à l'inspecteur Harry, il tente le coup de folie, le geste que personne n'attend et qui transforme un policier ordinaire en sauveur de l'humanité. Clint Eastwood et Bruce Willis n'auraient certainement pas fait mieux. Notre héros a le même rictus que les plus grands justiciers, ce fameux mélange de concentration avec une pointe d'arrogance et de jouissance intérieure. Les yeux concentrés sur la future victime, il se lance vers Alain Bernard d'un pas ferme et décidé. Il dégaine un stylo et se met à hurler: “un autographe pour mon fils Jonathan s'il vous plaît”!
    En cette après-midi de mars 2008, j'ai moi aussi replongé dans la maladie du sport. Je suis reparti trente ans en arrière... Retour au sport-étude, retour au début de l'histoire. Je vais tout vous dire, tout avouer, c'est promis


    Auteur : Robert Leroux

    Edition : Société des écrivains

    Genre : Témoignage

    Date de parution : 2013

    Prix moyen : 18€

    Mon avis : L’auteur, sportif de haut niveau en escrime, décrit le monde du sport professionnel.
    Tout commence lorsqu’il décide d’intégrer la section sport-étude au collège. Puis il intégrera l’INSEP. Passant du Pentathlon (qu’il décrit comme un « sport de bourrin ») à l’escrime.
    Il ira jusqu’aux jeux olympiques.
    De tout ce parcours, il garde de bon souvenirs et des moins bons mais qu’il décrit toujours avec une plume acérée et pleine d’humour. Il aborde également ce qu’il a fait après sa carrière sportive.
    D’ailleurs, en parlant d’humour, j’espère que tous ceux qu’il a croisé dans sa carrière en ont, de l’humour…Parce qu’il ne les rate vraiment pas ! S’il a une forte tendance à l’auto dérision, il n’épargne ni ses camarades, ni ses adversaires et encore moins les « officiels ».
    En réalité, il se moque de tout ce qui fait le sport de haut niveau comme de lui-même.
    Le style n’en est que plus agréable et facile à lire.

    Cependant, je trouve que le livre aurait gagné à avoir cinquante pages de moins. L’humour est bien tourné, mais un peu répétitif au bout d’un moment et j’ai fini par m’ennuyer sur les dernières pages. Peut être certains événements n’auraient pas du être autant détaillé, ce qui lui aurait permis d’aller au bout de son histoire sans provoquer de lassitude.
    Je me suis vraiment amusé pendant les 4/5ème du livre, ce qui est un bon « score », pour rester dans le sportif, pour un livre biographique humoristique…

    Un extrait Les bases, c’est le bon qualificatif pour juger mon court cursus militaire. C’est vrai qu’à l’armée, ils n’aiment pas trop les mecs malades. Quand il y a une tête qui dépasse ou un virus qui pointe, ça les rend dingues. Du coup, ils te mettent en quarantaine. Moi, on m’avait mis en quarantaine au BJ : le bataillon de Joinville situé comme son nom l’indique à Fontainebleau. C’est vrai que c’était trop simple de le mettre à Joinville-le-Pont…c’est à trois km de l’INSEP, quand c’est trop simple, le gradé est méfiant, il renifle l’arnaque. C’est comme dans les films avec Rambo, quand tout est calme ça pue l’embuscade. Même si on ne peut pas vraiment comparer le Bus de la ligne 112 (celui qui dessert l’INSEP) et un char Russe, ni le chauffeur avec Rambo d’ailleurs, force est de constater qu’il a parfois tous les attributs d’un bon boat people Viêt. Pointez-vous le matin alors qu’il est tombé une pellicule de 2 cm de neige et vous verrez bien que le chauffeur vietcong de la RATP n’aime pas les vacances à Chamonix. Il estime qu’il prend autant de risques à être au volant de sa machine infernale que Rambo quand il fonce dans le tas en défouraillant.
    Résultat : tu es obligé de rejoindre l’INSEP à pince et en traversant un bois hostile…le bois de Vincennes.
    Ne riez pas, il y a des blindées en planques dans chaque contre-allée et les potes de DSK en train de vider les chargeurs façon Inglorious Bastards. Risqué…zone hostile.

     Bref, le BJ c’est un endroit où il y a des militaires de carrière et des gard comme nous, les vérolés du sport. Du coup, pour ne pas que tu contamine les bérets verts Français, on ne te garde pas longtemps. Tu viens, on te refile une dotation dans laquelle il n’y a pas de Nike air mais en revanche il a des sortes de pataugas qui te filent de l’air sous la peau. Des ampoules comme ils disent.
    C’est moins glamour que la dotation des JO mais c’est toujours ça de pris à l’ennemi. Une fois que l’on t’a donné les pompes à ampoules, c’est bon tu peux partir. Mais attention, si jamais les Boches ou les Viêts décident d’envahir le Périgord ou le midi, maladie ou pas, il faut que tu rapplique illico pour défendre la patrie. C’est le deal.
    Comme la scoumoune me poursuit depuis le début de ma carrière de malade, forcément à un moment donné, il y a quelque chose qui va rater. Les occasions peuvent être nombreuses.
    Par exemple, il peut y avoir un colonel qui voudra se faire mousser pour passer général et qui sonnera l’alerte parce que le Rhin a été franchi par une cohorte de caravanes Allemandes en route pour les sud de la France. On n’est jamais trop prudent, on a beau avoir construit des lignes Maginot et des barrières à péages, ça ne va pas les arrêter. Finalement, le bug est venu d’ailleurs. Comme prévu, les Allemands en short nous ont envahis avec leurs caravanes. Comme prévu les Restoroutes ont été pris d’assaut et toutes leurs saucisses anéanties.
    Mais l’agression est passée inaperçue à l’état-major. Oui, ils étaient trop occupés à l’époque. Ils avaient un autre souci… On venait de leur livrer leur dernier porte-avions, le Charles de Gaulle. Le nouveau fleuron de la marine française. On en connaissait certains déjà, il y avait par exemple eu le Redoutable et le Terrible, des sous-marins dont le nom a fait flipper les guérilléros du onde entier et là, coup de bol ils leur ont livré leur petit dernier : le Charles de Gaulle.
    « Je vous ai construit » aurait-pu crier le grand Charles de son vivant ! Ceci dit, il vaut mieux qu’il soit mort. Oui parce qu’ils ont fabriqué un porte-avions avec une piste d’atterrissage trop courte… Si, si, véridique, vous pouvez vérifier.
    C’est ballot quand même ! Du coup ils se sont tous mis à recompter pour vérifier.
    Tout le monde s’y est mis, les généraux, les colonels, les gradés, les dégradés, tous. On a même vu deux pseudo-amiraux descendants directs du grand Charles, faire appel à une commission de contrôle pour recompter : la COCOE. Une officine présidée par un vieux spécialisé dans le droit soviétique.
    Vraisemblablement, la piste ne devait peut-être pas être droite non plus.
    C’est vrai qu’il valait mieux réétudier la question attentivement. Un porte-avions avec des ULM qui décollent dans une chicane c’est moins efficace…, ça dissuade moins bien les assaillants potentiels.
    Bref, pendant qu’ils étaient tous à chercher comment faire pour redresser et rallonger la piste du rafiot, forcément ils ont oublié tout le reste. Toi tu attends qu’un gradé envoie la lettre pour te libérer parce que tu es en train de préparer les JO…et l’autre est sur l’eau en train de mesurer… !

    Ca prend du temps, d’autant plus de temps qu’il faut mesurer en pleine mer parce qu’un des deux amiraux s’est barré avec le bateau en disant que c’est le sien parce qu’il l’a gagné dans une tombola…Dans la marine on appelle ça un pacha…ailleurs aussi.

    Bilan : C’est toi le couillon. Faute de dérogation, fini le BJ et direction la base aérienne de Creil pour que l’on nous enseigne à devenir des chiens de guerre. Les commandos du SAS, la Delta force à coté c’est un vulgaire camping, une maison de retraite pour papi en manque d’action. Ca va saigner aux JO…

    Heureusement qu’avec Fort-Romeu, j’avais certains acquis au niveau dortoirs et bouffe pour chiens. En revanche, à part la guerre ouverte avec la grosse Thérèse à cause des tranches de saucisson que je planquais dans mon slip, rien ne m’avait préparé à vivre le camping en milieu hostile. La tente kaki, partagée avec un copain d’infortune qui devait avoir une autre maladie très grave au niveau des pieds, ainsi qu’une espèce d’homme de Cro-Magnon qui venait juste de savoir comment il s’appelait, c’est délicat comme tout le reste de ton séjour.
    Quand tu es sportif, les caporaux, sergents et autres, ne t’aiment pas. Ils ont toujours envie de te montrer que c’est eux les plus forts et ça rejaillit forcément sur ton bien-être de bleusaille. Ils adorent te démontrer qu’ils sont capables de faire la guerre sans dormir. Ceci dit, c’est important de bien assimiler les décalages horaires et la vision nocturne.
    Il n’y a qu’à voir l’Amerloc être obligé de s’éclairer au napalm pendant que le Viêt lui tombe dessus en traître pour accepter d’être sans cesse obligé de te lever dans l’hystérie à quatre heures du matin parce qu’un adjudant voudrait te faire croire que les Boches ont passé la frontière.

    Même si leur chancelière a parfois tendance à dépasser les bornes, le mensonge est fatiguant à la longue.
    D’ailleurs, un jour, il risque d’y avoir un problème.
    C’est comme Pierre et le loup, à force de crier au loup, plus personne ne va les croire. Si un jour les Boches arrivent en caravanes à chenilles et que la moitié des soldats français reste au plumard, il ne faudra pas se plaindre !

    Bref, tout ça pouvait encore passer…mais il y a une chose que je n’ai toujours pas comprise. Pourquoi m’ont-ils décerné le titre honorifique d’aviateur alors que là où nous étions il n’y avait ni un avion, ni même les potes de Pépé Boyington ?
    Etre aviateur et passer ton temps à récurer les toilettes des gradés, ce n’est pas comme ça que tu apprends à bombarder en piqué. Les Kamikazes japonais, eux, ils ne s’entraînaient pas au maniement du manche à balai, ils allaient droit à l’essentiel. C’est tout le drame de l’armée française, les gradés croient qu’avec des toilettes propres, ça va faire peur aux adversaires et qu’ils vont se rendre illico :
    « Ok les frenchies, on a vu vos chiottes, franchement vous êtes les plus forts, on dépose les armes » Utopique !

     

  • [Livre] La dame aux papillons

    Les apparences sont importantes dans l’Angleterre Victorienne, pourtant elles peuvent être si trompeuses…

    Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

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    Résumé : Port Royal, 1815.
    Violet Sorrow, née d’une Créole et d’un Anglais, ne se tient plus de joie ! Elle va enfin rencontrer la famille de son défunt père et visiter la lointaine Angleterre, dont son père lui a tellement parlé. Mais quand elle arrive sur place, elle reçoit un accueil mitigé. Son cousin germain Andrew, ce jeune homme exécrable qui passe ses journées à boire, semble la détester, alors que sa cousine Constance l’enchante par son caractère joyeux et spontané. La société anglaise est-elle aussi parfaite qu’elle l’avait pensé ? Et quel secret cache aux yeux du monde William, l’oncle de Violet ?


    Auteur : Jess Swann

    Edition : Artalys

    Genre : Fantasy

    Date de parution : 26 mai 2014

    Prix moyen : 12,90€

    Mon avis : Parce qu’il a épousé une métisse, le père de Violet a été déshérité et renié par son propre père. Après sa mort, sa veuve, Amara, et la jeune fille se retrouve dans une situation délicate puisque complètement ruinées. La seule solution serait de donner Violet en mariage au vieux gouverneur dont elle attise la convoitise. Mais Amara est réticente à vendre ainsi sa fille.
    Le grand père étant décédé, Amara écrit au frère cadet de son défunt mari qui a hérité du titre et de la fortune familiale.
    A sa grande surprise il lui envoie de l’argent et invite Violet à venir rencontrer la branche anglaise de la famille.

    Dès le début, mes sentiments ont été mitigés vis à vis de cette famille. Constance, la cousine, m’a mise immédiatement mal à l’aise, de même que William, l’oncle.

    Quant au cousin Andrew, clairement alcoolique, il m’a semblé qu’il voulait dire quelque chose d’important, de primordial, mais sous couvert de rejet et d’agression.
    William souffle le chaud et le froid et Constance semble parfaitement instable.
    Au début je soupçonnais quelque chose de trivial, du genre se débarrasser de la cousine « impure », de la créole. Puis le coté fantastique a commencé à faire tout doucement son apparition et mes soupçons ont changés de nature.
    Je soupçonnais toujours les même personnes et je ne me suis pas vraiment trompée sur les rôles de chacun d’eux. Mais je suis totalement passée à coté de leur but et de leurs motivations… j’étais partie dans une toute autre direction et j’ai été agréablement surprise.
    Seul bémol, qui n’en est pas vraiment un car il est bien écrit et bien menée, c’est la fin…

    Sans trop en dévoiler, je dirai simplement que j’espérais un autre dénouement.

    Un extrait : La cloche de l’église sonnait onze heures lorsque Violet, hors d’haleine, gravit quatre à quatre les marches qui menaient à la grande porte de sa maison. Ana, l’unique femme de chambre qui faisait également office de cuisinièrelui adressa un regard désapprobateur et la jeune fille grimaça. Elle était censée être rentrée depuis vingt minutes au moins et n’aurait sans doute pas le temps de se changer. Comme pour confirmer cette pensée, la voix de sa mère l’appela depuis le salon.

    « Violet ? Viens donc nous rejoindre. »

    La jeune fille lissa du plat de la main sa robe de percale rose et obéit. Embarrassé par son retard, elle ne remarqua pas la tension légère du visage de sa mère et se tourna vers leur visiteur, le gouverneur Ross.

    « Monsieur », salua-t-elle le vieil homme, accompagnant ses paroles d’une rapide révérence.

    Les yeux porcins du gouverneur se posèrent sur le buste de Violet que nul corset n’emprisonnait :

    « Votre fille grandit chaque jour un peu plus, Amara.

    — Certes, mais elle n’est encore qu’une enfant », rétorqua la mère en faisant signe à Violet de s’asseoir.

    Mal à l’aise, la jeune fille sentit le regard du gouverneur s’appesantir sur elle tandis qu’elle rejoignait sa place.

    La conversation, interrompue par son arrivée tardive, reprit son cours et la jeune fille écouta avec une inquiétude grandissante monsieur Ross exposer l’étendue de leurs difficultés financières. Certes, elle n’ignorait pas que la mort de son père, survenue deux ans plus tôt, les avait placées dans une situation délicate, mais elle était loin de soupçonner qu’elle soit si grave. Amara, quant à elle, ne bronchait pas. Droite sur son siège, elle s’appliquait à conserver un visage impassible et la jeune fille ressentit une bouffée de fierté devant son attitude.

    « Croyez bien que je n’ignore rien de notre situation, finit par déclarer sa mère. Je n’ai pas attendu votre visite pour chercher un moyen d’y remédier. »

    Un léger sourire incurva les lèvres du gouverneur devant cette affirmation.

    « Ma chère Amara, déclara-t-il avec onctuosité, en vérité, la solution est simple : toutes ces difficultés pourraient être aplanies si vous et votre fille bénéficiez de l’appui et du soutien d’un homme. »

    Tout en parlant, il reposa ses yeux sur Violet et la mère crispa les mâchoires.

    « J’ai écrit au frère de mon défunt époux pour l’avertir de notre situation, je ne prendrai aucune décision tant que je n’aurai pas reçu sa réponse. »

    Le gouverneur reporta son attention sur elle.

    « Comme vous le savez, mon beau-père s’est éteint l’année dernière, poursuivit Amara, et…

    — Vous espérez que le fils sera moins strict que le père, la coupa grossièrement le gouverneur. Je suis navré d’être celui qui brise vos illusions mais, à votre place, je n’y compterais pas. Je connais un peu le frère de votre époux et la réputation de William n’est plus à faire. À l’instar de son père, il ne reconnaîtra jamais l’union de son frère et d’une indigène. »

    Les joues d’Amara se marbrèrent de rouge et Violet hoqueta devant la rudesse des termes employés par le gouverneur. La jeune fille tendit la main pour la poser sur celle de sa mère mais avant qu’elle ait pu finir son geste de soutien, Amara releva fièrement le visage.

    « Je suis certes métisse, gouverneur Ross, mais cela ne fait pas de moi votre inférieure. »

    L’homme leva les bras en signe d’apaisement.

    « Loin de moi cette idée, ma chère, mais mes compatriotes sont loin de tous partager cette opinion et William Sorrow fait partie des plus farouches défenseurs de la pureté du sang anglais. »

    Cette fois, Amara se redressa et avança vers l’homme.

    « Nous verrons bien, gouverneur. Pour ma part, je préfère attendre la réponse de Mr Sorrow avant de prendre une décision qui engagerait l’avenir de Violet, affirma-t-elle d’un ton sec. Je vous remercie de votre sollicitude, mais je sais à quel point vous êtes un homme occupé, aussi ne vous retiendrai-je pas plus longtemps. »

    Les yeux vicieux du gouverneur s’étrécirent encore un peu plus mais il masqua sa rage sous un sourire affable.

    « Bien entendu, chère Amara, cette décision vous appartient. Cependant, si d’aventure les choses ne tournaient pas en votre faveur, sachez que je serais heureux de vous prendre sous ma protection, votre fille et vous. »

    Amara le remercia d’un sourire forcé tandis que Violet fronçait les sourcils. En dépit de sa curiosité, la jeune fille attendit que le gouverneur ait pris congé pour interroger sa mère.

    « Que veut-il dire, ce vieux fossile ? Vous a-t-il demandé de l’épouser ? » s’enquit-elle avec une moue.

    Les yeux sombres et las de sa mère se posèrent sur elle.

    « Non Violet. À ses yeux, je suis sans doute trop indigène et trop âgée pour faire une bonne épouse, ironisa-t-elle. C’est ta main qu’il est venu solliciter. »

    La jeune fille ne put retenir une grimace de dégoût à cette idée et Amara la regarda avec un mélange de pitié et de fermeté.

    « Rassure-toi, il est hors de question que je vende mon unique fille à cet homme. Je préférerais encore en être réduite à la mendicité. »

    L’expression du visage de Violet s’altéra tandis que l’inquiétude prenait le pas sur ses autres considérations.

    « Sommes-nous devenues si pauvres que ses paroles laissent à penser ? »

    Amara hésita. Elle envisagea un instant de mentir mais son honnêteté naturelle l’emporta.

    « Oui.

    — Mais… je ne comprends pas, je croyais que les revenus de père nous mettaient à l’abri du besoin ! »

    L’aînée exhala un long soupir.

    « Lorsque ton père était en vie et menait ses affaires, c’était le cas. Malheureusement sa disparition brutale nous a laissées dans une situation difficile. Son associé en a profité pour mettre la main sur son commerce et prétend que celui-ci a périclité.

    — Mais la fille de John passe son temps à exhiber de nouvelles toilettes dans toute la ville !

    — Je sais. Seulement, je ne suis qu’une femme, non anglaise de souche qui plus est, et à cause de cela, je peine à faire valoir nos droits. Je comptais sur le gouverneur pour nous aider, mais le prix qu’il demande est trop élevé pour que je l’accepte. »

    Violet baissa les yeux.

    « Pensez-vous que mon oncle nous aidera ?

    — Je l’ignore… Comme tu le sais, ton grand-père a renié ton père après notre mariage et même après que je l’ai averti de sa mort, il n’a pas tenté de nous connaître ou même de nous approcher. Mon seul espoir est que William soit moins buté que son père. Georges disait toujours qu’ils étaient proches avant notre rencontre. »

    Violet secoua la tête.

    « Je ne comprends pas… pourquoi réagissent-ils ainsi ? Ils n’ont même pas essayé de nous rencontrer, comment peuvent-ils nous condamner sans savoir qui nous sommes ? »

    Amara caressa sa joue avec tendresse et expliqua avec une pointe d’amertume :

    « Parce qu’à leurs yeux, je ne suis qu’une indigène, une exotique que l’on prend comme maîtresse, pas pour femme. Ma mère était une esclave au service d’un Anglais, c’est une chose qui ne s’oublie pas facilement. Surtout chez les Sorrow.

    — Mais père s’en moquait lui ! Il vous aimait ! »

    Le visage d’Amara s’adoucit alors qu’elle se perdait dans ses souvenirs.

    « Georges était différent. »

    La jeune fille ne répondit pas et sa mère écarta une mèche de son visage.

    « Ne t’inquiète pas. Nous ferons face le moment venu. »

     

  • [Livre] Amour, Orgueil et Préjugés

    Une adaptation moderne très réussie du roman de Jane Austen.

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    Résumé : Cassandra Nothfield est étudiante à la faculté de Lettres de Limerick, Irlande. Si elle a une tendresse particulière pour son père, professeur retraité de Lettres, et une grande complicité avec sa sœur aînée, au caractère pourtant radicalement opposé au sien, Cassandra se sent en décalage avec sa mère et ses autres soeurs. Toutefois, aussi exubérantes que ces dernières puissent être, elle ne tolère pas qu'on les raille.
    Pour qui se prend ce grand brun aussi séduisant qu’arrogant qui se tient aux côtés du jeune directeur Lorley, lors de la présentation de la nouvelle filiale commune à leurs deux groupes ?
    Toutefois, les apparences sont souvent trompeuses et la fierté mauvaise conseillère.
    Les actes se révèleraient-ils plus éloquents que les mots lorsqu’il s’agit d’amour ?


    Auteur : Jess Swann

    Edition : Les roses bleues

    Genre : romance

    Date de parution : 25 octobre 2013

    Prix moyen : 14€

    Mon avis : Bon j’avoue, je n’ai pas encore lu Orgueil et préjugés (remarquez il a été publié en 1813, on est plus à quelques années près, hein). Du coup, je ne peux pas faire de comparaison entre le roman de Jane Austen et celui-ci, qui en est une adaptation moderne.
    Ce que je peux en dire, en revanche, c’est qu’une fois que j’ai ouvert ce livre, j’ai été incapable de le refermer avant la dernière page (ou presque, ok, j’ai bien été obligé de m’interrompre pour dormir, je ne voyais même plus les lettres).

    J’ai beaucoup aimé les clins d’œil au roman original comme le fait qu’au début du roman, Cassandra, étudiante en littérature, étudie Orgueil et préjugés à la fac, ou plus tard quand elle reproche à son amie de faire des choix de vie comme si elle était dans un roman de Jane Austen…
    Brittany, l’aînée, et Cassandra, la seconde, sont sans contexte les plus équilibrées de la famille. Brittany est peut être trop réservée et Cassandra un peu trop prompte à juger les gens mais elles savent toutes deux se remettre en question. Le père est trop effacé et, s’il avait tapé du poing sur la table, sans doute que beaucoup de choses ne se seraient pas passées…
    Les deux personnages que j’ai le plus détesté sont Stanley qui est obséquieux avec ceux qu’il juge au-dessus de lui (comprendre : plus riche que lui) et pédant et moralisateur envers tous les autres, et Doralee, la mère qui est tout bonnement odieuse. Elle vit dans un monde de fiction (j’ai d’ailleurs appris qu’amour gloire et beauté était un spin off des feux de l’amour… ben quoi ? Y’a pas de petites connaissances), ne pense qu’à l’argent, surtout celui des autres, est bavarde, stupide et vulgaire… Honnêtement je ne sais pas comment Cassandra peut garder son calme face à elle. Pour ma part, je lui aurais dit ses quatre vérités depuis longtemps.
    Une chose est sure c’est qu’il m’a donné envie de lire le roman original pour voir si l’impression que j’ai eue en lisant « Constance et Séduction » du même auteur (adaptation de « raison et sentiments ») se confirmait sur ce roman à savoir que la trame était respectée mais que pour autant, on avait l’impression de lire un tout autre roman…
    J’ai commencé ce livre avec une petite pointe d’angoisse, car j’avais tellement aimé « constance et séduction » que j’avais peur d’en attendre trop de l’auteur et d’être déçue mais ça n’a absolument pas été le cas.
    Et même si l’auteur elle-même m’a mise en garde sur le genre totalement différent qu’était le 3ème roman que j’ai de sa plume, je ne suis pas inquiète et j’attends avec impatience de le lire.


    Un extrait : Comme à chaque fois que j’ouvrais ce livre, je ne pus m’empêcher de songer à la justesse des premiers mots de l’auteure. Si Jane Austen avait vécu à notre époque, elle aurait sans doute commencé son roman par une mise en garde à l’intention du célibataire riche et célèbre, proie d’élection des starlettes qui s’étalaient dans les télé-réalités ou les journaux que ma mère dévorait à longueur de journée.

    Justement quand on parlait de Maman…

    — Tu te rends compte, Francis ? Le journal dit que Matthew Lorley lui-même sera présent !

    Je n’avais pas besoin que ma mère précise sa pensée pour comprendre de quoi elle parlait. C’était l’événement de Limerick, le retour de l’enfant prodigue après son exil dans la si lointaine Angleterre.

    — Pourquoi ne serait-il pas là, Doralee ? C’est son magasin, après tout, répondit mon père avec placidité.

    Cher Papa, toujours si calme. Je me demandais souvent ce qui avait poussé deux personnes aussi dissemblables que mes parents à se marier. Maman, elle, continua à jacasser, comme il fallait s’y attendre.

    — Tu savais qu’il avait un magasin à Londres maintenant ? Est-ce que tu le savais Francis ?

    En vérité, Lorley’s Store possédait une trentaine de magasins à travers le monde si on en croyait leur site internet, mais elle était déjà assez excitée comme ça pour que quiconque ne souhaite en rajouter.

    — Et toi Cassandra ? m’interpella-t-elle. Avec toutes les études que tu fais, tu dois bien savoir ça !

    Je soupirai.

    — J’étudie la littérature Maman, pas le commerce.

    — Pff, qui s’intéresse encore à de vieux bouquins poussiéreux ?

    Moi. Et Papa aussi, mais Maman m’avait déjà oubliée pour revenir au sujet qui l’occupait depuis trois jours.

    — Riche et célibataire, c’est écrit dans la Gazette de Limerick : Matthew Lorley n’a hélas toujours pas trouvé l’Amour !

    — Et alors ? s’enquit Papa.

    Je retins difficilement mon envie de rire pendant que Maman s’empressait de l’éclairer.

    — Il est jeune, riche et beau. Il ne lui manque qu’une femme !

    — Et qu’est ce qui te permet de penser qu’il compte la trouver à Limerick ?

    Maman soupira qu’il ne comprenait rien tandis que mes sœurs entraient à leur tour dans le salon. Ma tranquillité était désormais bel et bien enterrée et je me résignai à reposer mon livre sur l’accoudoir de mon fauteuil.

    *

    — De quoi parlez-vous ? demanda Nikki, une de mes cadettes.

    Comme si elle ne le savait pas ! Mais, aux vues de ses dernières notes, Nikki avait tout intérêt à inciter les parents à parler d’un autre sujet.

    — De Matthew Lorley, voyons !

    — Votre mère s’est mise en tête qu’il allait épouser une fille du coin, précisa Papa.

    — Et pourquoi pas ? Ça arrive tous les jours ce genre d’histoire, regardez Nikki ! Elle était strip-teaseuse, quand elle a rencontré Victor.

    Et c’était reparti… Victor et Nikki Newman de The Young & The Restless 1Les héros de ma mère. Tout en parlant, elle jeta un coup d’œil à l’affiche publicitaire qu’elle avait fait encadrer, et je songeai une fois de plus que je haïssais cette horreur. Comme si ce n’était déjà pas suffisant que l’on doive toutes nos prénoms à ce soap stupide.

    — Maman, ce n’est qu’un feuilleton, des choses pareilles n’arrivent pas dans la vraie vie, tentai-je.

    Mais, une fois lancée sur son sujet favori, Maman avait toujours du mal à s’interrompre.

    — Ça arrive quand une fille se donne les moyens d’atteindre son but. Je compte particulièrement sur toi pour ne pas me décevoir, Brittany ! J’espère bien que tu vas aller te présenter à Mr Lorley. Après tout, il organise cette soirée pour rencontrer ses employés, non ?

    Mon aînée, déstabilisée, baissa les yeux. La partie était perdue d’avance : Britt n’avait jamais eu le courage de s’opposer à qui que ce soit et encore moins à notre mère.

    — Mais, je ne suis qu’en contrat temporaire, alors je ne suis pas sûre de devoir m’y rendre.

    Au moins, elle avait essayé.

    — Ah non, pas de ça Brittany ! Tu iras même si je dois t’y trainer par la peau du dos. D’ailleurs nous irons tous.

    Maman avait parlé, fin de la discussion.

     

  • [Livre] Le Père Noël à Monaco

    Quand le Père Noël cherche à découvrir ce qu’est la bonne volonté, c’est en découvrant la mauvaise volonté qu’il va comprendre.

     

    Je remercie les éditions Société des écrivains pour cette lecture

     

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    Résumé : Branle-bas de combat pour le Père Noël et son lutin Fil de Fer! Et pour cause, un jeune Monégasque vient de passer commande d'un singulier présent absent de leur stock: de la Bonne Volonté. La seule solution pour eux: se rendre auprès de ce garçon afin de comprendre de quoi il retourne... Le traîneau transformé en navire, direction Monaco! Toutefois, ce voyage ne sera pas de tout repos. Le Père Noël et Fil de Fer feront au cours de leur périple mouvementé un constat effarant et inquiétant.
    Un conte de Noël pas comme les autres que ce texte composé par Aline et Miguel. À travers ce récit, de mésaventures en mésaventures, d'accidents en accidents, le Père Noël va découvrir une autre réalité sur les mers et océans. Un conte d'actualité qui pose cette question: "la Bonne Volonté" suffira-t-elle à sauver le monde?


    Auteur : Miguel Dey

    Edition : La société des écrivains

    Genre : Jeunesse

    Date de parution : 2013

    Prix moyen : 14,95€

    Mon avis : Le narrateur est un petit garçon de Monaco, en classe de 10ème (apparemment l’équivalent de notre CE1), qui a tout, n’est jamais grondé ni puni par ses parents, et ne voit pas l’intérêt de travailler en classe puisque la télé et ses parents ont dit qu’il n’y avait plus de travail et que bientôt il n’y aurait plus de retraite. Alors le voilà bien embêté quand il doit écrire sa lettre au père Noël (la dernière, promis, après il n’y croit plus) sur sa tablette graphique dernier cri. Et puis, il se rappelle que son professeur, qui essaie désespérément de le faire travailler en classe, dit toujours qu’il a de l’imagination mais qu’il manque de bonne volonté.
    Et bien pourquoi ne pas en demander au père noël ? C’est le père Noël, il a de tout ! (Et vu le message qu’il écrit, il devrait aussi demander un Bescherelle…)

    Le gamin n’est pas attachant du tout, il est plutôt du genre tête à claque (Avec ses copains de facebook, il a décidé que l’orthographe c’était un truc de vieux). Remarquez, vu les deux lignes qui décrivent les parents, on comprend qu’il soit devenu comme ça…élevez des enfants-roi…vous élèverez surtout des cancres qui n’arriveront à rien dans la vie parce qu’ils attendront que tout leur tombe tout cuit dans le bec (Je sens que les auteurs se sont éclatés à inventer ce gosse…).
    Dès que la fameuse lettre, pardon le fameux mail, est envoyé, on change de point de vue pour se trouver du coté de ce pauvre père noël qui n’avait rien demandé à personne et qui se retrouve soudain avec des warning partout !
    Et notre père noël (un peu distrait dirons-nous) décide de partir à Monaco pour essayer de comprendre ce que ce petit morveux ce charmant enfant peut bien vouloir exactement.
    Ensuite, le voyage du père Noël pour Monaco, qui se fait par la mer, lui permet de se rendre compte de la pollution des océans, et par là d’expliquer au lecteur cette pollution.
    Les explications sur le sous sol du musée océanographique de Monaco sont passionnantes et racontées de manière amusante.
    Je pense que ce livre est à la portée de tous, les adultes prendront plus conscience des problèmes profonds soulevés sur l’environnement et les enfants seront enchantés par le petit périple du père Noël et de son fidèle lutin fil-de-fer, un personnage adorable qui, l’air de rien, commencera leur sensibilisation à la protection de la nature.

    Il est à noter que les bénéfices de la vente de ce livre sont intégralement reversés à la fondation Albert II de Monaco qui lutte pour la protection de l’environnement.

    Un extrait : « Alerte. Alerte. Problème. Problème. »
    Une lumière rouge scintillante ponctuait ce message sonore. Un lutin épais comme un fil de fer agitait ses bras dans tous les sens à la vitesse de l’éclair, donnant l’impression qu’il avait au moins huit bras et il courait si vite que ses chaussures fumaient.
    Il allait dans tous les sens et revenait toujours au même endroit, si bien qu’à la fin on se demandait s’il avait bougé.
    Soudain, il leva les bras, les mit en croix au-dessus de sa tête pendant au moins cinq secondes sans bouger, ce qui parut être une éternité, puis l’alarme se tut. La lumière rouge s’éteignit, toutes les lumières s’éteignirent et deux cent quatre-vingt-treize millions six cent quatre-vingt-dix-huit mille quatre cent quatre lutins reçurent au même moment un message :

    « Suite à une commande non honorée, l’atelier est mis au chômage technique. »

    Fil de Fer, le lutin responsable de l’atelier de fabrication, décroisa les bras, ferma l’immense porte du bâtiment et partit comme une flèche.
    Quand il atteignit sa destination, malgré le fait qu’il se soit arrêté de courir cinq kilomètres avant d’arriver, à cause du brusque freinage, ses chaussures avaient accumulé sous leurs semelles au moins cinquante centimètres de glace et son nez s’écrasa lourdement contre la sonnette du Père Noël. Avec le gel, Fil de Fer n’arrivait pas à enlever son nez.
    Le bruit de la sonnette en continu dérangea le Père Noël dans sa sieste à moitié endormi, il poussa la porte d’entrée de sa demeure mais ne vit personne, alors il la referma, sans se douter un instant que le malheureux Fil de Fer était collé derrière. L’infortuné lutin était maintenant aussi accroché par les mains et les pieds.
    Ses pieds, il avait dû les poser sur la porte pour ne pas se faire écraser les orteils quand le Père Noël avait ouvert.

    Ses mains, il les avait mises sur la porte quand il avait voulu retirer son nez de la sonnette, mais la transpiration et le froid, c’est comme la Super Glue de la pub à la télé ; ça vous colle à vie en moins d’une seconde.
    Le Père Noël était en train de fouiller dans son tableau électrique pour chercher le fusible qui débrancherait la sonnette quand Fil de Fer éternua. La porte d’entrée vibra comme une feuille morte en automne.

    - Oh ! Oh ! Il y a beaucoup de vent ce soir, dit le Père Noël et il coupa le bruit de la sonnette.

    Au deux cent soixante-huitième éternuement, le Père Noël qui regardait la météo se posa une question.
    La présentatrice, une charmante otarie, affirmait qu’il n’y avait pas de vent et elle insistait même du regard, comme si elle s’était adressée directement au Père Noël.
    Cela faisait bien deux minutes qu’elle fixait le Père Noël en lui répétant qu’il n’y avait pas de vent dehors, mais ce n’est qu’au trois cent vingtième éternuement très précisément que le Père Noël intrigué se gratta la tête, se leva de son siège et se dirigea vers la porte d’entrée, puis il colla son oreille contre la porte. A chaque fois, le vent criait :

    - Père Noël, c’est une catrastchoum… une catrastchoum !

    - Oh ! Oh ! Il est bizarre le vent ce soir, il parle ! pensa le Père Noël.

    Il allait retourner sur son siège, malgré les yeux furibonds de l’otarie météo, quand un vacarme épouvantable le fit se retourner. La porte venait de se dégonder et tournait sur elle-même, comme une tortue sur sa carapace.

    - Bizarre, bizarre, c’est pas le vent qui parle, c’est la porte !

     

    Quelques minutes plus tard, muni d’un sèche-cheveux, le Père Noël décollait délicatement son brave Fil de Fer. 

     

  • [Livre] Les yeux de l'esprit

    Quand on ne trouve aucune réponse rationnelle, peut être faut-il se tourner vers d'autres voies

    Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

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    Résumé : Un soir d’hiver, la jeune Lina Ben Slimane et son professeur de physique s’attardent dans leur lycée pour revoir une leçon. C’est alors qu’un violent orage se déchaîne et plonge la ville dans le noir. Pendant qu’ils essaient de quitter l’établissement, des monstres sortent de la remise et agressent le professeur. On le retrouve sérieusement blessé le lendemain matin. La police mène l’enquête mais n’y comprend rien. Lina, qui a été retrouvée endormie dans la remise, ne peut pas l’aider car elle a perdu la mémoire. Un peu plus tard, par une nouvelle nuit d’orage, une paire d’yeux maléfiques apparaît dans sa chambre. C’est pour la jeune fille le début d’une plongée dans l’épouvante.

    Auteur : Ahlem Elj

    Edition : Artalys

    Genre : fantastique

    Date de parution : 10 décembre 2014

    Prix moyen : 14,90€

    Mon avis : On m’a informée que l’auteur ne parle pas très bien le français et, bien que l’éditeur ait fait un travail formidable de correction, le style est un peu lourd, très scolaire. Le récit semble être écrit par un adolescent surtout du fait du peu de naturel des dialogues et l'irrationalité des situations.
    L’histoire en elle-même est bien trouvée et intéressante même si le scénario aurait nécessité une reformulation complète pour être vraiment prenant.

    Mais justement, parlons de l’histoire. Dès le départ j’ai trouvé le flic en charge de l’enquête inutilement agressif avec le pauvre gosse qui remplace le concierge et qui a rien demandé à personne (en plus un flic qui s’appelle Chrerif…Sheriff… vous suivez ? Non ? Y’a que moi ?…Remarquez on m’a toujours dis que j’avais un sens de l’humour aussi tordu qu’un bouclier après un duel…). Par la suite, il se calme (enfin un peu, parce que des fois ça lui reprend… un peu lunatique le bonhomme).
    Ce qui m’a étonnée, c’est qu’au vu des blessures du professeur, et du fait qu’il crie au monstre, personne ne s’interroge sur un éventuel traumatisme suite à une rencontre houleuse avec une sale bête (l’auteur parle de loups, de sanglier… et il doit bien avoir des chiens errants…). Quant à la gamine, personne ne met vraiment en doute sa parole alors que ce qu’elle dit au début du livre est clairement impossible.
    Et plus l’histoire avance, plus on a l’impression que tout le monde a des œillères… Bon les flics, ok, c’est normal (Mais non, j’ai rien contre les flics….) mais les parents bon sang ! Les parents ! Ils voient bien que quelque chose ne va pas et que ce quelque chose est tout sauf naturel, leur fille leur parle de choses effrayantes. Ils ne peuvent que constater que son attitude devient de plus en plus « bizarre » mais non, tout va bien, on n’envisage pas le coté surnaturel parce que « ça va contre nos principes »….

    Bref, il va leur falloir un sacré moment pour ouvrir les yeux, et encore si on peut dire ouvrir… Disons soulever très légèrement une paupière en maintenant l’autre œil obstinément fermé.
    Quant à la fin, mais la fin « FIN » The end quoi, les dernières phrases du livre… (Non je précise parce que la fin pas tout à fait fin, j’avais rien vu venir), je le voyais venir gros comme un 38 tonnes lancé à 130km/h sur l’autoroute à contresens… Faut dire que je suis très perspicace… Une Sherlock Holmes en jupon, Bones et Castle peuvent aller se rhabiller et je vous parle même pas de l’équipe d’esprit criminel… Des petits joueurs…
    Et… Oui OK… Aussi parce que le livre est un tome 1 et qu’il faut bien qu’il y ait matière à un tome 2 !


    Un extrait : « Dites-moi, s’il vous plaît monsieur. Qui d’habitude arrive le premier au lycée ?

    — Le concierge, évidemment ! répondit l’homme aux cheveux blancs.

    — Pouvez-vous nous l’appeler ?

    — Oui, bien sûr. Tout de suite. »

    Sur ces mots, le directeur s’éloigna de quelques mètres. On le vit faire un signe de main à un jeune homme qui se tenait loin, tout proche de la porte d’entrée des élèves. Celui-ci arriva en courant. Il avait certainement entendu parler de la nouvelle. 

    « Bonjour monsieur l’inspecteur, dit-il en reprenant son souffle.

    — Vous êtes bien le concierge ? » demanda le policier étonné.

    En fait, il ne s’était pas attendu à voir un jeune garçon d’une vingtaine d’années. Il portait un jean et une veste en cuir noir.

    « Non, monsieur. Je suis son fils, Brahim. Je suis étudiant à la faculté de droit à Tunis. »

    Et devant l’air interrogateur du policier, il expliqua pourquoi il se trouvait à la place de son père.

    « Mon père est gravement malade, monsieur l’inspecteur. Il est à l’hôpital aujourd’hui. Je suis actuellement ici pour le remplacer et l’aider, jusqu’à ce qu’il se rétablisse. »

    Brahim n’avait pas encore terminé de justifier sa présence lorsqu’un surveillant arriva et interrompit leur conversation :

    « On vous appelle au téléphone, monsieur l’inspecteur.

    — De la part de qui ?

    — L’hôpital.

    — Oh ! Veuillez m’excuser un moment, s’adressa-t-il à Brahim. Je ne serai pas long.

    — Prenez votre temps, monsieur l’inspecteur », dit le jeune homme en haussant les épaules.

    Le surveillant le conduisit au bureau du directeur. Il trouva le combiné du téléphone décroché. Il le mit à son oreille et s’assit devant la table.

    « Allô ! L’inspecteur Chérif est à l’écoute.  

    — Bonjour monsieur. Docteur Béchir à l’appareil.

    — Bonjour docteur. Comment va le professeur Karim Dhaouadi ? Je suis impatient d’entendre des nouvelles. Cela m’aidera à progresser dans mon enquête. 

    — Je vous comprends, monsieur l’inspecteur. On peut dire que son état est stable jusqu’à présent. Nous avons vu qu’il a été frappé hier soir par un objet contondant.

    — Ah bon ! Pouvez-vous me dire l’heure exacte ?

    — Euh... j’ai peur que non, je suis désolé. Pas maintenant, en tout cas ! Mais je peux confirmer que cela a dû se passer entre dix-huit heures et dix-neuf heures.

    — C’est au moment de la coupure de courant !

    — Je présume, oui.

    — Merci, répondit l’inspecteur en prenant des notes dans son petit carnet de poche. Et cet objet contondant, pourrait-il être un bâton ou une barre de fer ?

    — Je pense que c’est plus lourd. Il a quelques fractures dans ses côtes. De même, il a certainement reçu des coups sur le crâne. Son état est grave mais il survivra.

    — C’est affreux !

    — Oui. J’avoue que ses radios m’ont étonné.

    — Quand est-ce que je pourrai l’interroger ?

    — Je vous tiendrai au courant dès qu’il reprendra connaissance. Il est encore sous le choc.

    — Merci encore une fois, docteur. »

    Avant de raccrocher, le médecin se rappela une chose qui lui parut importante.

    « Ah, écoutez, monsieur l’inspecteur ! dit-il en tirant une feuille de la poche de son tablier blanc. Il s’est à moitié réveillé pendant quelques secondes. Il a juste prononcé le nom d’une femme, Lina Ben Slimane.

    — Lina Ben Slimane ! répéta l’inspecteur pour s’assurer que le nom était correct et le noter dans son carnet.

    — Oui. C’est ça. Il s’est forcé à prononcer son nom deux ou trois fois. Cela me semble important. Enfin, peut-être.

    — Sûrement, oui. Il n’a rien dit d’autre ?

    — Non, rien. Je ferai de mon mieux pour qu’il reprenne conscience le plus tôt possible.

    — D’accord. J’attends un coup de téléphone de votre part, si jamais il y a des nouvelles.

    — Oui, bien sûr. Au revoir !

    — À tout à l’heure ! »

    Chérif raccrocha puis rejoignit son adjoint et le fils du concierge qui l’attendaient dans le hall.

    « Eh bien, vous allez avouer la vérité ou non ? dit-il d’un ton menaçant au jeune Brahim.

    — Mais, quelle vérité voulez-vous savoir ? Est-ce que vous me suspectez ?

    — Non. Pas encore. Vous êtes, bien sûr, le dernier à avoir quitté le lycée, ou je me trompe ?

    — Oui, c’est vrai, affirma Brahim éberlué.

    — Quand êtes-vous parti hier ?

    — Juste après la panne d’électricité.

    — Vers dix-huit heures dix, à peu près ?

    — Oui, environ.

    — Vous n’avez laissé personne derrière vous?

    — Personne, à ce que je sache. Il faisait si noir et froid ! J’ai seulement pu balayer le sol de l’administration car il y avait une lampe de secours qui l’éclairait. Et puis, j’ai verrouillé les deux grandes portes du lycée et je suis rentré chez moi.

    — Qui pourra confirmer vos paroles ?

    — Ma mère, mes voisins… Demandez-leur si vous voulez.

    — On verra ça plus tard. Quand êtes-vous arrivé aujourd’hui ?

    — Vers sept heures. J’ai eu un coup de téléphone m’annonçant que mon père a eu une crise. J’ai nettoyé quelques salles au rez-de-chaussée puis je suis parti dès que le directeur est arrivé.

    — Il vous a autorisé à partir ?

    — Oui, c’est un homme compréhensif et très humain. »

    L’inspecteur se frotta le menton tout en contemplant le jeune étudiant, puis ajouta :

     

    « Bien, vous pouvez partir. Mais avant cela, laissez vos coordonnées à mon adjoint. »