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[Livre] La dame aux papillons

Les apparences sont importantes dans l’Angleterre Victorienne, pourtant elles peuvent être si trompeuses…

Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

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Résumé : Port Royal, 1815.
Violet Sorrow, née d’une Créole et d’un Anglais, ne se tient plus de joie ! Elle va enfin rencontrer la famille de son défunt père et visiter la lointaine Angleterre, dont son père lui a tellement parlé. Mais quand elle arrive sur place, elle reçoit un accueil mitigé. Son cousin germain Andrew, ce jeune homme exécrable qui passe ses journées à boire, semble la détester, alors que sa cousine Constance l’enchante par son caractère joyeux et spontané. La société anglaise est-elle aussi parfaite qu’elle l’avait pensé ? Et quel secret cache aux yeux du monde William, l’oncle de Violet ?


Auteur : Jess Swann

Edition : Artalys

Genre : Fantasy

Date de parution : 26 mai 2014

Prix moyen : 12,90€

Mon avis : Parce qu’il a épousé une métisse, le père de Violet a été déshérité et renié par son propre père. Après sa mort, sa veuve, Amara, et la jeune fille se retrouve dans une situation délicate puisque complètement ruinées. La seule solution serait de donner Violet en mariage au vieux gouverneur dont elle attise la convoitise. Mais Amara est réticente à vendre ainsi sa fille.
Le grand père étant décédé, Amara écrit au frère cadet de son défunt mari qui a hérité du titre et de la fortune familiale.
A sa grande surprise il lui envoie de l’argent et invite Violet à venir rencontrer la branche anglaise de la famille.

Dès le début, mes sentiments ont été mitigés vis à vis de cette famille. Constance, la cousine, m’a mise immédiatement mal à l’aise, de même que William, l’oncle.

Quant au cousin Andrew, clairement alcoolique, il m’a semblé qu’il voulait dire quelque chose d’important, de primordial, mais sous couvert de rejet et d’agression.
William souffle le chaud et le froid et Constance semble parfaitement instable.
Au début je soupçonnais quelque chose de trivial, du genre se débarrasser de la cousine « impure », de la créole. Puis le coté fantastique a commencé à faire tout doucement son apparition et mes soupçons ont changés de nature.
Je soupçonnais toujours les même personnes et je ne me suis pas vraiment trompée sur les rôles de chacun d’eux. Mais je suis totalement passée à coté de leur but et de leurs motivations… j’étais partie dans une toute autre direction et j’ai été agréablement surprise.
Seul bémol, qui n’en est pas vraiment un car il est bien écrit et bien menée, c’est la fin…

Sans trop en dévoiler, je dirai simplement que j’espérais un autre dénouement.

Un extrait : La cloche de l’église sonnait onze heures lorsque Violet, hors d’haleine, gravit quatre à quatre les marches qui menaient à la grande porte de sa maison. Ana, l’unique femme de chambre qui faisait également office de cuisinièrelui adressa un regard désapprobateur et la jeune fille grimaça. Elle était censée être rentrée depuis vingt minutes au moins et n’aurait sans doute pas le temps de se changer. Comme pour confirmer cette pensée, la voix de sa mère l’appela depuis le salon.

« Violet ? Viens donc nous rejoindre. »

La jeune fille lissa du plat de la main sa robe de percale rose et obéit. Embarrassé par son retard, elle ne remarqua pas la tension légère du visage de sa mère et se tourna vers leur visiteur, le gouverneur Ross.

« Monsieur », salua-t-elle le vieil homme, accompagnant ses paroles d’une rapide révérence.

Les yeux porcins du gouverneur se posèrent sur le buste de Violet que nul corset n’emprisonnait :

« Votre fille grandit chaque jour un peu plus, Amara.

— Certes, mais elle n’est encore qu’une enfant », rétorqua la mère en faisant signe à Violet de s’asseoir.

Mal à l’aise, la jeune fille sentit le regard du gouverneur s’appesantir sur elle tandis qu’elle rejoignait sa place.

La conversation, interrompue par son arrivée tardive, reprit son cours et la jeune fille écouta avec une inquiétude grandissante monsieur Ross exposer l’étendue de leurs difficultés financières. Certes, elle n’ignorait pas que la mort de son père, survenue deux ans plus tôt, les avait placées dans une situation délicate, mais elle était loin de soupçonner qu’elle soit si grave. Amara, quant à elle, ne bronchait pas. Droite sur son siège, elle s’appliquait à conserver un visage impassible et la jeune fille ressentit une bouffée de fierté devant son attitude.

« Croyez bien que je n’ignore rien de notre situation, finit par déclarer sa mère. Je n’ai pas attendu votre visite pour chercher un moyen d’y remédier. »

Un léger sourire incurva les lèvres du gouverneur devant cette affirmation.

« Ma chère Amara, déclara-t-il avec onctuosité, en vérité, la solution est simple : toutes ces difficultés pourraient être aplanies si vous et votre fille bénéficiez de l’appui et du soutien d’un homme. »

Tout en parlant, il reposa ses yeux sur Violet et la mère crispa les mâchoires.

« J’ai écrit au frère de mon défunt époux pour l’avertir de notre situation, je ne prendrai aucune décision tant que je n’aurai pas reçu sa réponse. »

Le gouverneur reporta son attention sur elle.

« Comme vous le savez, mon beau-père s’est éteint l’année dernière, poursuivit Amara, et…

— Vous espérez que le fils sera moins strict que le père, la coupa grossièrement le gouverneur. Je suis navré d’être celui qui brise vos illusions mais, à votre place, je n’y compterais pas. Je connais un peu le frère de votre époux et la réputation de William n’est plus à faire. À l’instar de son père, il ne reconnaîtra jamais l’union de son frère et d’une indigène. »

Les joues d’Amara se marbrèrent de rouge et Violet hoqueta devant la rudesse des termes employés par le gouverneur. La jeune fille tendit la main pour la poser sur celle de sa mère mais avant qu’elle ait pu finir son geste de soutien, Amara releva fièrement le visage.

« Je suis certes métisse, gouverneur Ross, mais cela ne fait pas de moi votre inférieure. »

L’homme leva les bras en signe d’apaisement.

« Loin de moi cette idée, ma chère, mais mes compatriotes sont loin de tous partager cette opinion et William Sorrow fait partie des plus farouches défenseurs de la pureté du sang anglais. »

Cette fois, Amara se redressa et avança vers l’homme.

« Nous verrons bien, gouverneur. Pour ma part, je préfère attendre la réponse de Mr Sorrow avant de prendre une décision qui engagerait l’avenir de Violet, affirma-t-elle d’un ton sec. Je vous remercie de votre sollicitude, mais je sais à quel point vous êtes un homme occupé, aussi ne vous retiendrai-je pas plus longtemps. »

Les yeux vicieux du gouverneur s’étrécirent encore un peu plus mais il masqua sa rage sous un sourire affable.

« Bien entendu, chère Amara, cette décision vous appartient. Cependant, si d’aventure les choses ne tournaient pas en votre faveur, sachez que je serais heureux de vous prendre sous ma protection, votre fille et vous. »

Amara le remercia d’un sourire forcé tandis que Violet fronçait les sourcils. En dépit de sa curiosité, la jeune fille attendit que le gouverneur ait pris congé pour interroger sa mère.

« Que veut-il dire, ce vieux fossile ? Vous a-t-il demandé de l’épouser ? » s’enquit-elle avec une moue.

Les yeux sombres et las de sa mère se posèrent sur elle.

« Non Violet. À ses yeux, je suis sans doute trop indigène et trop âgée pour faire une bonne épouse, ironisa-t-elle. C’est ta main qu’il est venu solliciter. »

La jeune fille ne put retenir une grimace de dégoût à cette idée et Amara la regarda avec un mélange de pitié et de fermeté.

« Rassure-toi, il est hors de question que je vende mon unique fille à cet homme. Je préférerais encore en être réduite à la mendicité. »

L’expression du visage de Violet s’altéra tandis que l’inquiétude prenait le pas sur ses autres considérations.

« Sommes-nous devenues si pauvres que ses paroles laissent à penser ? »

Amara hésita. Elle envisagea un instant de mentir mais son honnêteté naturelle l’emporta.

« Oui.

— Mais… je ne comprends pas, je croyais que les revenus de père nous mettaient à l’abri du besoin ! »

L’aînée exhala un long soupir.

« Lorsque ton père était en vie et menait ses affaires, c’était le cas. Malheureusement sa disparition brutale nous a laissées dans une situation difficile. Son associé en a profité pour mettre la main sur son commerce et prétend que celui-ci a périclité.

— Mais la fille de John passe son temps à exhiber de nouvelles toilettes dans toute la ville !

— Je sais. Seulement, je ne suis qu’une femme, non anglaise de souche qui plus est, et à cause de cela, je peine à faire valoir nos droits. Je comptais sur le gouverneur pour nous aider, mais le prix qu’il demande est trop élevé pour que je l’accepte. »

Violet baissa les yeux.

« Pensez-vous que mon oncle nous aidera ?

— Je l’ignore… Comme tu le sais, ton grand-père a renié ton père après notre mariage et même après que je l’ai averti de sa mort, il n’a pas tenté de nous connaître ou même de nous approcher. Mon seul espoir est que William soit moins buté que son père. Georges disait toujours qu’ils étaient proches avant notre rencontre. »

Violet secoua la tête.

« Je ne comprends pas… pourquoi réagissent-ils ainsi ? Ils n’ont même pas essayé de nous rencontrer, comment peuvent-ils nous condamner sans savoir qui nous sommes ? »

Amara caressa sa joue avec tendresse et expliqua avec une pointe d’amertume :

« Parce qu’à leurs yeux, je ne suis qu’une indigène, une exotique que l’on prend comme maîtresse, pas pour femme. Ma mère était une esclave au service d’un Anglais, c’est une chose qui ne s’oublie pas facilement. Surtout chez les Sorrow.

— Mais père s’en moquait lui ! Il vous aimait ! »

Le visage d’Amara s’adoucit alors qu’elle se perdait dans ses souvenirs.

« Georges était différent. »

La jeune fille ne répondit pas et sa mère écarta une mèche de son visage.

« Ne t’inquiète pas. Nous ferons face le moment venu. »

 

Commentaires

  • Merci beaucoup pour cette nouvelle chronique Lia ^^
    Pour la fin, je sais que beaucoup de lecteurs ont été déçus par cette dernière, à cause de Violet, mais moi je ne la voyais pas autrement :)

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