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[Livre] Luna viva : Le tournoi des voyantes

 

Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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Résumé : Lors de son hospitalisation la jeune tireuse de cartes Luna a rencontré un jeune métis qui depuis sa mort, l'accompagne sous forme de spectre. Mais le chef des forains, le Falcone, a inscrit Luna à un concours de cartomancie et l'a confiée à Izabella. A ses côtés, elle prend conscience de la puissance de son don de divination mais aussi des menaces que fait peser le Cercle sur les voyantes.

 

Auteur : Aurélie Benattar

 

Edition : Sarbacane

 

Genre : Jeunesse

 

Date de parution : 01 juin 2016

 

Prix moyen : 15,50€

 

Mon avis : Dès le prologue, le ton est donné sur la vie de Luna : mère décédée, frère violent, communauté de forains s’apparentant à une secte… Une vie formidable ! On ne s’étonne plus de la tentative de suicide de Luna qui ouvre le livre. On la comprend encore mieux dans les chapitres qui suivent.
De « simplement » violent, son frère apparaît comme potentiellement incestueux ; Luna semble être mise à l’écart, physiquement même, de la communauté. Son frère l’isole, on lui reproche son apparence : une poupée aux cheveux blond presque blancs et aux yeux plus, au teint de porcelaine, au milieu de personnes à la peau mate, aux cheveux noirs et aux yeux marrons. Elle fait « tache », elle dérange.
Les règles concernant les filles dans la communauté renforcent l’impression sectaire (pas de télé ou d’internet avant les 20 ans).
J’ai beaucoup aimé que sous chaque titre de chapitre on trouve l’image d’un arcane majeur du tarot de Marseille, son nom et sa signification (l’une de ses significations).
Un jour, le chef de la fête foraine décide d’inscrire Luna à un concours de voyance. Sa sœur, une grande voyante va venir l’entrainer.
Luna apprend alors que les voyantes sont menacées par un groupe appelé « le cercle » qui leur envie l’influence qu’elles ont auprès des chefs.
J’ai regretté qu’on n’en sache pas plus au sujet de ce fameux cercle. Mais d’un autre coté, c’est une bonne excuse pour réclamer à l’auteur d’autres tomes des aventures de Luna !

A un moment, vers la fin, un évènement (et comme c’est vers la fin, je vous dirais pas lequel) m’a donné envie de pleurer (en plus je suis hyperémotive en ce moment surtout sur ce sujet) et j’ai tourné les pages de plus en plus vite dans l’espoir de découvrir une autre explication que celle qui parait la plus évidente. Autant dire que j’ai eu de la chance qu’on soit près de la fin du livre parce que j’aurais été incapable de le poser sans savoir et qu’il était déjà plus de 22h.
J’ai beaucoup apprécié le style de l’auteur même si parfois, certains des sujets abordés m’ont fait douter de la qualification jeunesse du livre (disons jeunesse mais à partir de 14 ans) : suicide, inceste, folie… Bref il faut que le jeune en question ait une certaine maturité pour aborder ces sujets là.
Je n’ai pas été choquée par des tournures approximatives, le texte est vraiment bien écrit (y’a une coquille, une seule, à un moment, je me rappelle plus ou exactement, « hbier » au lieu de « hier », franchement, c’est rien à coté d’autres livres que j’ai lu !).
Il y aurait beaucoup de choses à dire encore sur ce livre, mais sans vous dévoiler l'histoire ce serait mission impossible. Sachez seulement que tout ce que j'aurais à dire serait positif sur le livre (même quand j'ai envie de critiquer les personnages car l'auteur en a fait certains vraiment détestables).
C’était une excellente lecture, pas loin du coup de cœur (fallait pas me faire pleurer !) et j’espère vraiment que l’auteur fera une suite !

Un extrait : - Debout, feignasse !

La voix de « grizzli » résonne dans ma tête. Je dormais si profondément que je n’ai pas entendu le bruit du verrou – d’ordinaire, il me fait sursauter. Mais il faut dire que depuis avant-hier, mon retour à la roulotte, je suis une vraie marmotte.
Allez Gidy ! Encore quelques minutes, s’il te plait. Promis, je te ferai une jolie recette après. Ils vont en avoir pour leur monnaie, les clients. Je leur dirai tout ce qu’ils ont envie d’entendre : argent, mariage, santé. Tout.
C’est la seule chose qui existe pour lui, la paie que je ramène. Il doit des comptes aux forains, mon frère. Alors, il m’en demande à moi…normal. Loi de la chaine alimentaire. Dommage que je me trouve au dernier échelon. Le coup de l’hosto, je m’attendais à ce qu’il le prenne mal ; et d’ailleurs, ça n’a pas raté. Du pur « Gidy Grizzly »… Dès qu’il a été autorisé à entrer en service de réanimation, il n’a pas mâché ses mots.

- T’es encore plus conne que je croyais ! Pourquoi t’as fait ça ? Pourquoi t’as pris ces cachetons ?

Face à mon silence, il s’est mis à tourner comme une boule de loto dans sa machine. Maman y jouait toutes les semaines, au loto – ma couchette étant placée juste en face du poste télé, je pouvais voir les émissions en cachette. Elle s’était même arrangée pour faire des petits trous dans les motifs du rideau. Mais malgré mes prières pendant le tirage, elle n’a jamais gagné le gros lot.
Tout au plus 50 euros une fois.
Dans mon lit blanc d’éther, sous les cris de mon frère, je me disais que moi non plus, je ne risquais pas de toucher le pactole.

- Merde, tu te rends compte du fric que tu nous fais perdre ? Sale tarée !

Il s’est approché de moi avec ses pas de girafe malade – je n’ai pas attendu qu’il lève la main au dessus de mon visage pour me protéger, l’habitude. Par chance, une infirmière a passé la tête depuis le couloir. Pas Catherine, elle n’était pas de garde, mais une fille sympa quand même.

- Tout va bien ? a demandé ma sauveuse du moment.


- Ouais, ouais.


Comme elle n’a pas l’air convaincue, Gidy m’a fait signe de confirmer – discrètement. Je me suis exécutée, avec mon meilleur sourire forcé ; celui que je garde pour les clients, à qui je prescris des prophéties tronquées. Mes « dons de voyance », je n’y crois qu’à moitié, même si je fais semblant. La plupart des consultants viennent à la Roulotte de Luna pour être rassurés, pas pour la vérité. Du reste, tout sera fait pour qu’ils oublient leurs problèmes, pour les divertir, pour qu’ils sortent satisfaits. Qu’ils aient envie de revenir.

- Oui, oui, ça va Madame.

J’ai obtempéré pour que Gidy se calme. Cette fois, ça a marché. Il a tiré la tronche en attendant que l’infirmière disparaisse. Ensuite, il s’est laissé tomber dans le fauteuil des visiteurs, comme s’il ne s’était pas assis depuis un mois.

- J’en ai marre, bordel !

Je n’ai pas réagi. Ne rien dire, c’est moins risqué que de lâcher une phrase qui pourrait le mettre en rogne. Même si parfois, mon silence aussi le rend complètement fou.

- Tu aurais pu me faire avoir des problèmes avec le Falcone. Merde !

Le Falcone, notre chef. Enfin, le chef du clan, parce que moi, je ne me suis jamais sentie des leurs.

 

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