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Selene raconte... - Page 41

  • [Livre] Cendrillon et moi

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    Résumé : C’est la marâtre la plus détestée de l’Histoire, celle dont on parle pour faire peur aux enfants désobéissants. Mais qui savait que la belle-mère de Cendrillon s’appelle en réalité Agnès, qu’elle a passé sa jeunesse à trimer comme bonne à tout faire, qu’elle a dû se battre comme une lionne pour accéder à un monde qui n’est pas le sien, que son époux est alcoolique et que sa belle-fille, petite princesse aux petons si délicats, est en réalité fort capricieuse? Agnès n’en peut plus des sornettes autour des pantoufles, des princes charmants et des citrouilles. Elle est bien décidée à rétablir la vérité, quitte à égratigner quelque peu la version officielle.


    Auteur : Danielle Teller

     

    Edition : Denoël

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 11 Avril 2019

     

    Prix moyen : 23€

     

    Mon avis : Même si ce roman est classé dans fantasy, surement parce que c’est une réécriture de conte, il est ancré strictement dans le monde réel.
    La belle-mère de Cendrillon, Agnès, va nous raconter comment elle en est arrivée à ce point-là : Belle-mère la plus détestée au monde.
    Fille de serf, rien ne la destinait à approcher la noblesse autrement que pour la servir. Mais c’était sans compter sa capacité hors du commun à survivre.
    Toute sa vie, Agnès a été dépossédée de ce qu’elle avait pu obtenir, de ses espoirs également. Et force est de constater que c’est bien souvent à cause de l’abbesse Elfida, marraine de Cendrillon, qu’Agnès est malmenée.
    J’ai vraiment eu du mal à supporter l’abbesse. Sous ses dehors sages, éthérés, doux ou encore bienveillant, elle se révèle sèche, arrogante, avide de pouvoir et dépourvue de toute charité chrétienne. Elle entend bien que chacun reste à sa place, que les domestiques ne cherchent surtout pas à avoir une vie meilleure et se sert de sa position pour contraindre tous ceux qu’elle peut atteindre à se plier à ses ordres.
    Agnès, elle, n’est pas du genre à se laisser faire. Elle a osé court-circuiter son supérieur pour être envoyée comme domestique à l’abbaye, et là, a profité de quelques leçons de la mère de l’abbesse Elfida, qui ne ressemble guère à sa fille. De ses leçons elle a tiré le maximum de bénéfices puis a su tirer son épingle du jeu quand elle se retrouve dans une situation embarrassante.
    Elle apprend à lire quasiment toute seule et connait une évolution qui est impensable à l’époque : d’assistante lingère à servante, puis tavernière et enfin nourrice, ce qui va finalement la conduire à assumer les fonctions d’intendantes puis d’épouse.
    Cendrillon est la fille de Emont, un fils cadet à qui l’abbesse a confié la gestion du manoir d’Aviceford et de ses terres, et de lady alba, la propre sœur de l’abbesse, réputée folle.
    La fillette, prénommée Elfida comme sa marraine, est plus couramment appelée Ella.
    Agnès, en tant que nourrice, a une certaine autorité sur la fillette, autorité qu’elle va quasiment perdre en épousant Emont après la mort d’Alba.
    Depuis aussi longtemps qu’elle le connait, Emont est un alcoolique qui dédaigne les affaires et la gestion du manoir, qu’il laisse à des intendants plus ou moins compétents et fiables. Agnès va finir par prendre peu à peu les rênes du manoir, ce qui va « autoriser » Emont à se désintéresser encore plus de ses obligations qu’il sait à présent entre de bonnes mains.
    Ella est une fillette difficile, capricieuse, bien trop gâtée par son père qui lui passe absolument tout et souffrant probablement de la même pathologie que sa mère que je soupçonne d’avoir été maniaco-dépressive.
    Au fil de l’histoire, on peut voir que ce qui est reproché à la belle-mère de Cendrillon (l’avoir reléguée au grenier, l’avoir obligée à effectuer les tâches ménagères, lui avoir fait porter des haillons, lui avoir interdit d’aller au bal…) n’est pas complétement faux, mais a été amplifié jusqu’à devenir un comportement cruel alors qu’il ne s’agissait que de sanctions bien méritée qui n’ont pas eu la dureté ou la durée qu’on leur prête, ou encore tout simplement de bon sens.

    Les relations entre Ella et Agnès sont parfois conflictuelles, mais cela ne dépasse pas ce qu’il est habituel de voir entre une mère et sa fille en pleine crise d’adolescence.
    Au travers de la réécriture du conte, l’auteur nous dépeint une réalité historique révoltante où, quand on n’était pas « bien né », on n’avait aucune chance de sortir de sa condition car les portes étaient tout simplement fermées.

    Le destin d’Agnès fait figure d’exception et a sûrement contribué aux rumeurs, comme si celles-ci était une façon de la remettre à sa juste place : au pied de l’échelle.
    L’histoire est finalement celles de simples humains : pas de belle-mère diaboliques, pas de jeune fille à la perfection absolue.
    Juste une mère et sa fille qui ont eu du mal à se comprendre.

     

    Un extrait : La princesse Elfida tient sa grande popularité de sa beauté saisissante, mais il y a autre chose, dans sa nature même, qui fascine les masses. Son mutisme habituel et une douce hésitation quand quelques mots s’échappent de ses lèvres lui donnent l’air pudique, tout comme sa façon de baisser la tête et de vous regarder par en dessous, derrière ses longs cils. Si l’on exclut sa collection de babioles et ses chiens, elle semble n’avoir ni passion ni vice, et lorsqu’elle prend part aux réceptions royales, son regard s’égare vers des spectacles invisibles qu’elle est la seule à voir. Son caractère insaisissable offre un parchemin vierge à n’importe quelle histoire, et toutes les filles rêvant de devenir un jour princesses peuvent s’imaginer à la place de la célèbre Elfida.

    J’en sais plus sur sa vie que quiconque sur cette terre, et la véritable histoire n’est pas aussi fantasque que celle chantée par les troubadours. Personne ne veut entendre parler d’une jeune noble de chair et de sang qui, comme toute enfant ordinaire, a mouillé son lit, cru mourir d’ennui, fait la fine bouche devant des légumes verts et s’est querellée avec sa famille. Par ailleurs, loin de moi l’idée de porter atteinte à l’adulation entourant la princesse, qui fait son bonheur et celui de ses admirateurs.

    L’histoire que je m’apprête à écrire n’est pas celle de la princesse, mais la mienne, la seule que je sois en droit de raconter. Ma plume ressuscitera peut-être des fantômes qui me tiendront compagnie durant les longues journées au palais, et si elle échoue, mon esprit tout du moins sera à autre chose. Quant aux fables sur le bien et le mal et aux chansons sur les pantoufles de vair, je les laisse aux ménestrels. Libre à eux de donner leurs propres versions de l’histoire de Cendrillon.

     

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  • C'est lundi que lisez-vous? #249

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog I believe in Pixie Dust.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Et vous, que lisez-vous?

  • Premières lignes #90

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.

    Cette semaine, je vous présente L’épicerie Sansoucy de Richard Gougeon

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    Samedi soir, six heures moins le quart. Postée derrière la caisse de l’épicerie-boucherie, Émilienne Sansoucy exhalait de grands soupirs d’affaissement ; elle avait la désagréable sensation de disparaître dans le plancher. Ses jambes lui arrachaient des grimaces qu’elle s’efforçait tant bien que mal de réprimer. Tout près, à côté d’un étalage de boîtes de tomates rondes Heinz en solde, son fils Léandre poussait avec ardeur sa large brosse en pensant à la soirée qui venait. Deux clientes devisant entre elles se présentèrent enfin au comptoir pour des achats de dernière minute.

    — Vous avez l’air ben fatiguée, madame Sansoucy ! commenta l’une, en déposant sa pinte de lait sur le comptoir.

    — C’est ben simple, mes jambes me rentrent dans le corps ! exprima l’épicière.

    Depuis des années, chaque vendredi et chaque samedi que le bon Dieu amenait, Émilienne Sansoucy assistait son mari au magasin. Lorsque Léandre était occupé dans les étalages et qu’elle avait une minute à la caisse, elle prenait les commandes au téléphone. Elle connaissait les prix par cœur. Et l’épicière avait l’œil. Pas un produit n’échappait à sa vigilance : tous les articles qui sortaient du commerce devaient passer devant elle. Lorsque le client ne payait pas sur-le-champ, elle agrippait un livret placé à côté de la caisse enregistreuse et là, appuyant sa poitrine tombante sur le comptoir, de sa main appliquée, elle rédigeait la facture avec tous les détails. Après, elle s’absorbait dans la colonne de chiffres et effectuait sans se tromper l’addition avant de vérifier le total avec sa grosse machine à calculer. Vaillante comme deux, elle était reconnue pour sa gaieté naturelle. Sans que son mari l’admette, son efficacité, son dévouement entier et son sourire bienveillant contribuaient sans l’ombre d’un doute au succès de l’entreprise familiale.

    La seconde cliente jeta sur le comptoir les pièces de monnaie pour son petit paquet de viande. Émilienne fit crépiter une dernière fois le tiroir-caisse, en retira tout l’argent qu’elle compta vitement. Puis elle engloutit la somme dans un sac en tissu qu’elle enfouit dans la poche de son tablier.

    — Je vas monter, Théo, s’écria-t-elle à son mari à l’arrière du magasin.

    L’épicière s’excusa auprès de ses deux clientes et remonta au logis pour voir aux derniers préparatifs du souper.

    Derrière son étal, comme s’il ressentait tout d’un coup le poids de sa semaine, le boucher ventripotent s’épongea le front avec son mouchoir, s’essuya les mains sur son tablier sale maculé de rouge et s’amena à l’avant du commerce. Une dame fit grelotter la clochette, une longue liste à la main. Léandre crispa les lèvres en consultant l’horloge de ses grands yeux charbonneux.

    — Nous fermons, madame Bazinet, regimba-t-il.

    — Tu ne devrais pas lever le nez sur la clientèle, c’est elle qui vous fait vivre, riposta la dame en s’avançant gaillardement.

    Sansoucy ajusta sa cravate en retrouvant soudainement une humeur plus joyeuse.

    — Vous avez cent fois raison, madame, acquiesça-t-il, prenez le temps de faire votre grocery. D’ailleurs, si Marcel n’est pas revenu de livrer les « ordres », Léandre se fera un plaisir d’apporter votre commande. N’est-ce pas, Léandre ?

    Affichant un petit air glorieux, ses yeux brillant de gratitude, Rolande Bazinet tendit son papier au fils du propriétaire qu’elle devança à la boucherie du magasin.

    — Taboire ! marmonna Léandre. On va finir tard à soir, le père…

     

    Alors, tentés?

  • [Livre] Le Dieu-Oiseau

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    Résumé : Une île. Dix clans. Tous les dix ans, une compétition détermine quel clan va dominer l'île pour la décennie à venir. Les perdants subiront la tradition du « banquet » : une journée d'orgie où les vainqueurs peuvent réduire en esclavage, tuer, violer, et même dévorer leurs adversaires. Il y a dix ans, Faolan, fils du chef de clan déchu, a assisté au massacre de sa famille. Sauvé par le fils du chef victorieux, Torok, il est depuis lors son esclave et doit subir ses fantaisies perverses. Sa seule perspective d'avenir est de participer à la compétition de « l'homme-oiseau », afin de renverser l'équilibre des pouvoirs en place et de se venger. Qui du maître ou de l'esclave va remporter la bataille ? Quel enjeu pour les habitants de l'île ? Quel est le prix à payer pour la victoire ?


    Auteur : Aurélie Wellenstein

     

    Edition : Scrineo

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 15 mars 2018

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : L’univers qui entoure Faolan, le héros de cette histoire, est d’une violence incroyable.
    Toute l’existence des dix clans composant l’île tourne autour de la compétition du Dieu-Oiseau qui va déterminer le chef pour les dix années à venir.
    A l’issue de la compétition, le vainqueur mène le traditionnel banquet : pendant une nuit d’horreur il peut tout infliger aux vaincus = les violer, les torturer, les tuer ou même les dévorer.
    Car le cannibalisme est au cœur des traditions et croyances de l’île et revient sur le tapis à plusieurs occasions.
    Il y a dix ans, Faolan, après avoir vu les siens être massacrés, a été réduit en esclavage et offert au fils du chef.
    Ce dernier, Torok, est vu comme le favori de son clan pour les prochaines sélections et fait preuve d’un sadisme incroyable envers Faolan.
    Alors que la loi est très claire quant au fait que n’importe qui, qu’il soit maître ou esclave, a le droit de se présenter aux sélections, Torok fait tout pour empêcher Faolan de se présenter.
    A se demander si ce jeune homme ne craint pas secrètement d’affronter l’esclave qu’il torture depuis dix ans à la loyale.
    Avant même que la quête pour le pouvoir ne commence, les sélections qui désignent un champion par clan, sont dangereuses et mortelles.

    Au fil de l’histoire, Faolan semble sombre dans la folie, à moins qu’il ne fasse une sorte de dissociation de personnalité pour supporter les épreuves qu’il a à traverser (ce qui, à mon sens, reste du domaine de la folie).
    Il est difficile de s’attacher aux personnages quand on connait leurs intentions.
    Bien sûr, on s’attache à Faolan, le contraire serait étonnant quand on assiste à toutes les horreurs qu’il subit.
    L’esclave Kiara pourrait être attachante mais la voit si peu qu’elle ne nous touche que fugacement.

    Enfin, parmi les concurrents, il n’y a qu’Izel à laquelle on peut raisonnablement s’attacher, malgré son désir de vengeance.

    L’auteur ne nous épargne aucun détail des souffrances de Faolan, de ses souvenirs du banquet ou encore des épreuves et des traditions qui les entourent.

    Mieux vaut avoir le cœur bien accroché.

    On voit également toute l’hypocrisie des « officiels » : chef, juges, etc… qui tiennent à ce que les traditions les plus violentes aient bien lieu, mais freinent des quatre fers quand il s’agit à donner sa chance à un esclave, un « inférieur » qui pourrait, à l’issue des épreuves, devenir leur maitre.

    Le rythme ne faiblit pas, il n’y a quasiment aucun temps mort et on ne sait absolument pas comment les choses vont évoluer.

    D’ailleurs j’avais pensé à des tas de fins possibles, mais franchement, celle-là, je ne l’avais pas vu venir !

    Même si c’était une bonne fin, je crois que c’est à cause d’elle que le Dieu-Oiseau est une très bonne lecture mais n’a pas atteint le coup de cœur.

     

    Un extrait : Resté sur la plage, Faolan avait la tête pleine du grondement des vagues. Le vent sifflait contre ses oreilles, jouait dans ses cheveux noirs emmêlés. Sous ses pieds nus, le sable volcanique se dérobait en glissant, aspiré par le ressac, avant de rouler avec les algues et les coquillages dans l’écume. Le fracas des rouleaux dominait tout, même le piaillement des mouettes. À sentir l’électricité flotter dans l’air, un gros orage se préparait.

    Faolan ne quittait pas Torok des yeux. Sans s’en rendre compte, il avait calqué son souffle sur la respiration profonde et rauque de la mer.

    Torok s’était élancé un instant plus tôt et déjà, sa silhouette s’amenuisait, devenait toute petite et blanche dans ce déchaînement liquide. Une seconde, il disparut dans le creux d’une vague, avant de remonter le flanc de la suivante en un crawl énergique.

    Si seulement les profondeurs pouvaient t’aspirer, songea Faolan avec rancœur.

    L’eau froide lui mordit les chevilles. Le jeune esclave recula avec un frisson. Il était vêtu trop légèrement ; la chair de poule hérissait sa peau. Le vent qui gonflait les pans de sa tunique sans manches dévoilait par moments son ventre creusé par la famine, ainsi que les boursouflures rosées d’anciennes cicatrices sur ses reins.

    Tout en surveillant la lutte de Torok contre les vagues, Faolan se mit à marcher le long de la grève. Leurs montures, deux grands bouquetins laissés libres au pied de la falaise, le regardaient avec curiosité. Ils avaient pourtant l’habitude : quand Torok allait nager, Faolan en profitait pour s’exercer à la course. Il n’allait jamais loin, car il fallait qu’il soit à son poste dès l’instant où Torok ferait mine de rejoindre la plage, mais le peu de distance qu’il couvrait était déjà une victoire en soi.

    Le jeune homme partit à petites foulées sur le sable noir. Malgré les mauvais traitements, son corps soutenait l’effort. Il était certes maigre, mais de grande taille et ses enjambées avalaient l’espace.

    Il parcourut cent mètres dans un sens, jeta un œil vers la mer pour vérifier que Torok était toujours occupé, et pivota pour revenir en courant sur ses pas.

    Dans ces moments, loin de son maître, le garçon pouvait presque s’imaginer libre. Il n’avait pas toujours été esclave. Dix ans auparavant, il n’était encore qu’un enfant, avec une sœur, un père, une mère. Une famille et un clan.

    N’y pense pas !

    Penser à ces années était trop dur. Pire, c’était dangereux. Il faisait donc comme s’il était né lors du banquet, alors que les hommes mangeaient d’autres hommes, et que le jeune Torok, onze ans à cette époque, l’avait pointé du doigt en disant : « Je veux celui-là, avec ses yeux bizarres. »

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  • [Livre] Engrenages et sortilèges

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    Résumé
     : Grise et Cyrus sont élèves à la prestigieuse Académie des Sciences Occultes et Mécaniques de Celumbre. Une nuit, l’apprentie mécanicienne et le jeune mage échappent de justesse à un enlèvement. Alors qu’ils se détestent, ils doivent fuir ensemble et chercher refuge dans les Rets, sinistre quartier aux mains des voleurs et des assassins. S’ils veulent survivre, les deux adolescents n’ont d’autre choix que de faire alliance…


    Auteur : Adrien Thomas

     

    Edition : Rageot

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 23 Janvier 2019

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Puisque mai est le mois de la fantasy, le club de lecture de Vibration littéraire a voté pour Engrenages et Sortilèges (et comme je n’avais pas voté pour lui, j’ai pu le coller dans la catégorie « un roman choisi par quelqu’un d’autre »).
    Magie et mécanique, voilà autour de quoi tourne cet univers.

    Les mécaniciens et les magiciens se méprisent souverainement les uns les autres.

    Grise, mécanicienne, et Cyrus, magicien, se déteste cordialement mais le règlement de leur école interdit aux mécaniciens de riposter aux piques des magiciens, leur estime de soi étant essentielle à la pratique de la magie.
    Pourtant quand les deux jeunes gens sont victime d’une tentative d’enlèvement au sein même de leur école, ils sont bien obligés de mettre leurs différents de côté.
    L’école, avec sa réputation de lieu le plus sécurisé du pays m’a fait penser à Poudlard et au début où on le rencontre, le primarque Ioséphir fait indéniablement penser à Dumbledore. Mais les ressemblances s’arrêtent là et le roman trouve son propre univers.
    Cyrus étant un magicien, il dispose d’un familier, un réceptacle d’énergie magique, ici un chat nommé Quint, doté d’un sacré sens de l’humour et d’une fidélité à toute épreuve.
    C’est Quint qui fait tampon entre les deux ados quand ils se crêpent le chignon. De toute évidence, le félin, si reste très attaché à son maitre, a eu un vrai coup de cœur pour Grise.
    Si Grise est attachante d’emblée, j’ai trouvé que Cyrus l’était tout autant dès lors qu’on sait lire entre les lignes. Son arrogance n’est qu’un vernis destiné à le protéger.
    On se rend très vite compte qu’il y a un complot (il aurait été compliqué de ne pas le voir) mais on n’en découvre l’ampleur qu’au fil de la lecture.
    Les aspects politiques sont très actuels avec une classe dirigeante qui écrase les plus pauvres et déclare des guerres pour s’approprier des ressources sans avoir à les payer.
    On peut également voir des luttes pour le pouvoir au sein même du gouvernement.
    A travers leur aventure qui les pousse à se réfugier auprès de la lie de la société (voleurs, espions…), Grise et Cyrus vont remettre en question les lois de la nation comme l’interdiction de la nécromancie ou de donner une personnalité indépendante à un robot.
    Si on comprend vite les grandes lignes (complot, politique), pour ce qui est des détails (quel est le but de chaque personnage, leur position dans l’histoire…), c’est plus compliqué. L’auteur nous mène en bateau sans scrupules, nous entraîne sur des chemins qui s’avèrent plus tortueux qu’ils n’y paraissaient au premier abord.
    Si j’ai rapidement découvert la vérité sur l’arachnide ainsi que le degré d’implication d’un des personnages, en revanche, je ne m’attendais pas du tout à la manière dont Grise et Cyrus allait gérer les choses.
    Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces deux-là savent mettre l’ambiance !

    L’histoire présente autant d’action que de réflexion avec de nombreux retournement de situation.
    Si l’histoire tourne beaucoup autour de Grise, Cyrus et Quint, les personnages secondaires ne sont pas en reste et sont tous parfaitement décrits, même quand leur rôle est minime.
    J’ai particulièrement apprécié le chevalier Albrecht de Mongre.
    Vu l’avancée du livre, j’avais peur que la fin soit bâclée, expédiée en quelques pages, mais non, l’auteur à parfaitement maîtrisé l’intensification de l’action pour nous offrir un final excellent, suivi d’un épilogue qui répond aux quelques questions qui demeuraient encore.
    S’il y a une vraie fin, permettant d’avoir une one-shot, si jamais l’auteur voulait écrire un jour une suite, il a laissé tout juste ce qu’il fallait d’ouverture pour que ce soit possible.
    Qui sait, peut-être reverra-t-on Grise et Cyrus un de ces jours ?

     

    Un extrait : Grise essuya d’un revers de manche la sueur qui lui dégoulinait sur le front, ce qui eut pour principal effet d’y ajouter une grosse trace d’huile de moteur. Elle ne s’en aperçut pas et plongea la tête la première dans l’ouverture béante de la machine. Si seulement elle pouvait réussir à placer sa clef correctement sur cet écrou…

    À peine une semaine que les cours avaient repris, et déjà maître Agathan lui avait confié – à elle seule ! – l’entretien d’une machine de précision, apparemment très importante pour les recherches de certains professeurs d’ésotérisme.

    Elle se contorsionna comme une anguille, tenta mille et une positions et manqua se déboîter le coude, mais rien n’y fit : le joint défectueux était inaccessible de ce côté. Poussant un soupir funèbre, elle s’extirpa des entrailles de la machine et se laissa tomber sur le sol pavé. Cette fois, c’était certain : elle avait démonté la mauvaise partie de l’engin. Il y avait trois autres capots sur ce satané bidule, et il avait fallu qu’elle déboulonne le seul qui ne lui permettait pas d’atteindre la source du problème.

    Elle s’était pourtant sentie si fière quand, deux heures plus tôt, elle avait identifié l’origine de la panne simplement en posant son oreille contre le ventre de métal de la machine. Le craquement de l’oscillateur latéral, pourtant à peine audible, lui avait sauté aux tympans. Mais le mécanisme était recouvert d’une coque deux fois trop grande pour lui, et l’écho l’avait induite en erreur.

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  • [Livre] Le bois sans songe

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    Résumé : Comment survivre quand on est la seule personne éveillée parmi des êtres en proie à des cauchemars éternels ?
    Princesse héritière de Modighjem, Liv se retrouve isolée, prisonnière de son pays désormais morne, séparée du reste du monde par un bois infranchissable, né le soir de la malédiction. Jusqu’au jour où son destin erratique croise celui de ce personnage entouré de ténèbres, avec son parapluie pagode et ses airs de prince maudit…

    Pourquoi continuer à vivre quand les personnes qui nous étaient chères ont été massacrées, quand une principauté entière a sombré face à la rage des hommes et que l’on est seul, le dernier représentant de son peuple ?
    Lennart Leifsen a choisi la vengeance comme raison d’exister. Retranché dans son lugubre manoir, penché sur son rouet, il tisse chaque soir, à partir de ses larmes, le sort qui maintient les Modigs sous le joug de ses tourments. Jusqu’à ce que survienne cette jeune fille dépenaillée, aussi agaçante qu’inconsciente, et que les larmes providentielles se refusent à lui…


    Auteur : Laetitia Arnould

     

    Edition : Magic Mirror

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 22 Octobre 2018

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Après une réécriture de Blanche-rose et Rose-Rouge, Laetitia Arnould revient avec cette fois une réécriture de la Belle au bois dormant.
    Une belle histoire, pleine de potentiel, mais qui présente des défauts qui font que je ressors de ma lecture assez mitigée.
    D’abord, j’ai eu énormément de mal à entrer dans l’histoire à cause d’une écriture trop souvent pompeuse, au point d’en être parfois indigeste.
    On a souvent l’impression que l’auteur veut montrer l’étendue de son vocabulaire au détriment de la clarté du récit. De plus, paradoxalement, elle semble incapable d’utiliser correctement les expressions les plus simples ou d’utiliser le présent du subjonctif lorsque cela s’avère nécessaire.
    La compréhension est desservie par des phrases à rallonge là où des phrases simples et courtes auraient été plus percutantes.

    Si un terme peut-être dit avec un mot alambiqué et un mot simple, vous pouvez être sûr que c’est le premier qui sera utilisé et que l’auteur préférera toujours parler de Feliw silvestris catus plutôt que de chat.
    J’ai cependant trouvé la réécriture plutôt bonne même si j’ai regretté que trop de choses soient révélées trop tôt.
    Ça m’a un peu gâché le plaisir de la découverte qu’une partie soit déjà dévoilée par le 4ème de couverture et que l’autre le soit par l’auteur dans des inter chapitres.
    J’ai trouvé qu’il y avait trop de longueurs et pas assez de développement des personnages.
    Liv est exaspérante, elle change d’avis comme de chemise et semble prête à taper du pied par terre à la moindre contrariété.
    J’ai bien apprécié les clins d’œil à la seconde partie du conte, après le réveil de la princesse Aurore, partie qui est trop souvent mise de côté.
    Je crois que ce qui m’a le plus dérangée, c’est que j’ai eu l’impression que l’auteur essayait de copier le style des contes d’autrefois sans toutefois y parvenir.
    Pour moi, une réécriture ne doit pas forcément coller au style original mais peut explorer d’autres styles, d’autres époques. Pour faire référence à un autre appel à texte de la maison d’édition, intervertir le sexe des personnages principaux ou mélanger plusieurs contes ne suffit pas à faire une bonne réécriture.

    Il m’a clairement manqué quelque chose, pas tant au niveau de l’histoire mais au niveau de l’écriture.
    C’est la seconde fois que je suis déçue par une publication de cette maison d’édition. Il me reste un titre à lire en ma possession mais si je ne suis pas plus transportée par son histoire, je cesserais de les suivre.
    Il y a bien trop de livres à lire !

     

    Un extrait : Liv sortit sur le balcon pour prendre l’air. Tout en inspirant profondément, elle offrit un visage pâle à la légèreté automnale de la brise qui souleva sa chevelure couleur de terre et de cuivre. La jeune héritière du trône de Modighjem était la dernière à se trouver jolie, pourtant le contraste entre la blancheur de sa peau, sa chevelure sombre et ses nombreuses taches de son, était saisissant. D’ailleurs, sa mère, la grande-duchesse Anna, lui murmurait toujours à l’oreille qu’elle était aussi mystérieuse et pleine de charmes qu’une aurore boréale.
    Avec une lenteur volontaire, Liv prit le temps de promener son regard au-dessus de l’horizon, quelque part entre les nuages endormis et des bandeaux de lumière vespérale. La jeune fille aimait ces rubans chaleureux que le ciel et les arbres déploient si souvent à l’automne. Aussi se concentra-t-elle sur cette vision, lointaine et apaisante.
    Pendant plusieurs minutes, elle demeura ainsi, presque immobile. Elle soupira, consciente que les maniaques de l’étiquette n’allaient pas tarder à la rappeler à l’ordre, pour qu’elle vienne honorer les festivités de sa présence.
    A la cour comme dans tout le royaume, entre les danses, les chats, les rires et les festins qui s’offraient sur des tables exubérantes comme une orgie de mets divers, on célébrait la mort du peuple de Skovhjem et la fin de la guerre. Pour l’occasion, on avait sorti les plus beaux services en or, versé le meilleur vin, convié les meilleurs musiciens.
    Néanmoins, Liv ne se sentait pas disposée à retrouver la compagnie des nobles de la cour et des officiers rescapés, si élégants soient-ils dans leurs beaux uniformes de parade. Elle n’avait aucune envie de replonger dans cette ambiance de liesse qu’elle jugeait irrespectueuse, presque indécente.
    Liv expulsa un soupir plus profond encore.
    Elle n’était revenue à Modighjem que le matin même, en réponse au billet que son souverain de père avait fait porter par un petit télégraphiste en uniforme de serge bleu et marron. Le grand-duc confirmait la victoire dont Liv avait eu vent en entendant les vibrations musicales des cromornes, sept jours plus tôt.

     

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  • [Livre] Bride stories T04

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    Résumé : Obligé de renoncer à la belle Talas, Smith, qui a enfin trouvé un guide, repart pour Ankara en passant par la Perse. Mais sa route est semée d’embûches... Voilà notre chercheur contraint de faire une nouvelle halte non loin de la mer d’Aral ! De son côté, la famille de Pariya s’apprête à recevoir le père du jeune homme rencontré à Kalaza. Un futur époux en perspective ?


    Auteur : Kaoru Mori

     

    Edition : Ki-oon

     

    Genre : Manga

     

    Date de parution : 2012

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Avant de rejoindre Smith pour découvrir de nouveaux peuples, on va faire un petit tour du côté d’Amir et Karluk.

    La famille d’Amir se retrouve dans une situation délicate après avoir échoués à récupérer la jeune femme, ce qui plonge cette dernière dans l’inquiétude.
    Son amie Pariya, quant à elle, va recevoir dans sa famille la visite du jeune homme rencontré en ville dans le tome précédent. Celui-ci se présentant avec son père, une demande en mariage pourrait être envisagée, aussi, les parents de la jeune fille lui enjoignent-ils de se tenir tranquille, silencieuse et souriante. Mais Les visiteurs semblent pourtant avoir été avant tout attirés par le caractère explosif de la jeune fille.

    De son côté, Mr Smith a un petit accident qui le précipite dans la rivière. C’est là qu’il va faire la connaissance de Layla et Leyli, deux sacrés numéros, obsédées par l’idée d’épouser deux frères (afin de ne pas être séparées), riches (sans doute pour vivre dans le luxe et l’oisiveté) et bien entendu, qui cèdent à tous leurs caprices.

    Les deux gamines s’arrangent toujours pour n’en faire qu’à leur tête et éviter les corvées, malgré les cris de leur père et de leur mère et les ruses de leur grand-mère pour les mettre à l’ouvrage.
    Dans ce village, les filles et femmes semblent avoir plus de liberté que dans les villages précédents. Leur tenue vestimentaire est moins stricte et les femmes ont souvent les cheveux détachés.

    Les combines des filles pour tenter de mettre le grappin sur de riches maris sont à mourir de rire. Elles tirent des plans sur la comète qui sont toujours supposés finir par un riche marchant leur offrant ses fils en mariage avec reconnaissance.

    Bien évidemment, rien ne se déroule jamais comme prévu.
    Smith reste très en marge de l’histoire. Comme il a remis l’épaule démise du grand-père, le village entier le harcèle, le considérant comme un grand docteur.
    On est donc entièrement focalisé sur les deux petites pestes.
    Bien sûr, les partis que leur père va finir par leur trouver ne correspondent pas tout à fait à ce qu’elles avaient imaginé mais il se pourrait bien qu’il soit plus sage et plus fine mouche que ses filles sur ce coup-là.
    Smith est pressé par son guide de lever le camp (pour une raison parfaitement ridicule). Pourra-t-il assister au mariage qui ne devrait pas tarder à avoir lieu ?
    J’ai trouvé que les personnages, hormis les jumelles, pour des raisons évidentes, étaient plus facilement distinguables les uns des autres.
    A moins que ce ne soit moi qui commence à m’habituer au dessin.

    En tout cas, j’ai d’ores et déjà commandé le tome 5.

     

    Un extrait :

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    Beaucoup aimé 4 étoiles.jpg

  • C'est lundi que lisez-vous? #248

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog I believe in Pixie Dust.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Lt Eve Dallas - T29,5 - Mémoire du crime.jpg Lt Eve Dallas - T30 - Fantaisie du crime.jpg Lt Eve Dallas - T31 - Addiction au crime.jpg

    Lt Eve Dallas - T31,5 - L'ombre du crime.jpg histoires comme ça.jpg Lt Eve Dallas - T32 - Perfidie du Crime.jpg

     

    lecture en cours.jpg

    la legende des quatre T03 le clan des serpents.jpg

     

    mes prochaines lectures.jpg

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    Et vous, que lisez-vous?

  • Premières lignes #89

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.

    Cette semaine, je vous présente le tome 1 de Le Dernier Magicien de Lisa Maxwell

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    Mars 1902 — Pont de Brooklyn


    Debout sur le rebord du monde, le Magicien regarda une dernière fois la ville. Les clochers des églises jaillissant comme des dents acérées, les fenêtres des immeubles délabrés qui reflétaient le soleil levant... Il l’aimait, autrefois, cette ville. Dans le chaos de ses rues, on pouvait devenir ce que l’on voulait — il en était la preuve vivante. Mais en fin de compte, sa ville s’était révélée une prison: elle l’avait vu naître, elle l’avait vu grandir et, à présent, elle allait le voir mourir.
    De si bon matin, le pont était désert, longue travée solitaire entre deux rives. Ses câbles vertigineux étaient éclairés par les douces lueurs de l’aube et le Magicien n’entendait que les vagues qui s’écrasaient contre les piliers et le craquement des planches sous ses pieds. Un instant, il se laissa aller à rêver qu’une foule était assemblée devant lui. Il pouvait presque voir les visages nerveux, les postures gênées des spectateurs attendant d’assister à sa toute dernière démonstration suicidaire. Il leva un bras pour saluer ce public invisible et, dans son esprit, celui-ci l’acclama avec ferveur. Il tâcha d’arborer son sourire de scène, celui qui n’était guère plus qu’un mensonge.
    Mais les meilleurs magiciens sont avant tout de bons menteurs, et ce magicien-là n’était rien moins qu’exceptionnel.
    Il baissa le bras ; le silence et le vide du pont l’enveloppèrent et la dure réalité le heurta de plein fouet. Si sa vie était une suite d’illusions, sa mort serait la plus grande d’entre elles. Car pour une fois, il n’y aurait pas d’imposture. Pour une fois, il n’y aurait que la vérité. Son ultime évasion.
    Cette pensée le fit frissonner — à moins que ce ne fût le vent glacial qui transperçait le fin tissu de sa veste. D’ici quelques semaines, le froid aurait complètement disparu.
    Il faisait le bon choix. Le printemps était une saison agréable mais l’été, entre la puanteur humide des rues, la chaleur oppressante qui régnait dans les appartements et la sueur qui perlait en permanence dans le dos... Cette façon qu’avait la ville de perdre un peu la tête dès que montaient les températures, voilà qui ne lui manquerait pas.
    Mais bien sûr, c’était un autre mensonge. Un de plus, un de moins... Il laisserait le soin à d’autres de faire le tri.
    Il pouvait encore partir, pensa-t-il alors dans un élan de désespoir. Il pouvait traverser le reste du pont, braver la Barrière. Peut-être atteindrait-il l’autre côté. Certains y parvenaient, après tout. Peut-être finirait-il comme sa mère — il ne méritait certainement pas mieux.
    Il restait une petite chance qu’il survive, auquel cas il pourrait repartir de zéro. Il connaissait assez de tours: il avait déjà changé de vie et de nom par le passé, il pouvait recommencer. Ou essayer, tout du moins.
    Non, il savait que cela ne fonctionnerait pas. Fuir n’était qu’une autre façon de mourir. Et l’Ordre, lui, n’était pas limité par la Barrière, il continuerait de le pourchasser. Un certain temps, en tout cas. Détruire le Livre ne suffirait pas. Quand l’Ordre le retrouverait — et ce n’était qu’une question de temps —, il ne le lâcherait plus jamais. L’Ordre se servirait de lui. Il serait exploité jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien du jeune homme qu’il était.
    Il préférait s’en remettre à l’océan.
    Il grimpa sur la rambarde et dut s’agripper à un câble pour garder l’équilibre contre les bourrasques violentes de ce mois de mars. Au loin, côté ville, il perçut le grondement des calèches mêlé de bribes de voix animées. L’heure n’était plus à l’hésitation.
    Un seul pas, c’est tout. Combien de pas faisait-il chaque jour ? Pourtant, celui-ci...
    Le bruit à l’entrée du pont se fit plus fort, plus proche, et il sut que le moment était venu. Si on le capturait, sa magie, ses illusions et ses mensonges ne lui seraient d’aucune aide. Alors, avant qu’on ne le repère, il lâcha le câble et fit le pas fatal pour emporter le Livre avec lui, là où l’Ordre ne pourrait pas les suivre.
    La dernière chose qu’il entendit fut le hurlement de protestation du Livre. Ou peut-être était-ce le cri déchirant qui s’échappa de sa gorge lorsqu’il s’abandonna au vent.

     

    Alors, tentés?

  • [Livre] Piège conjugal

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    Résumé : Le jour de leur mariage, Alice et Jake reçoivent un cadeau hors normes : une adhésion au Pacte. Le rôle de ce club étant de veiller au bon fonctionnement de l'union à travers le respect de règles précises, le couple accepte avec plaisir. Mais lorsque l'un des deux contrevient au règlement, le rêve vire au cauchemar.


    Auteur : Michelle Richmond

     

    Edition : Presse de la cité

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 03 Mai 2018

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : J’ai rarement lu un livre qui m’ait autant mis en colère.
    Alice et Jake se voient offrir un cadeau étrange par un client d’Alice lors de leur mariage : Le Pacte.

    Le Pacte est un contrat censé garantir un mariage heureux.
    Il énonce certaines règles telles que se faire des cadeaux chaque mois, organiser un week-end chaque trimestre.
    Au début, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes : suivre les indications du Pacte leur permet de se montrer plus attentionnés.
    Puis Alice est « signalée » parce qu’elle passe trop de temps au travail. Et une première sanction tombe.
    A partir de là, c’est une véritable descente aux enfers qui attend Jack et Alice.
    Car le Pacte est omniscient, intrusif, les centaines de règles qu’il édicte contrôle jusqu’à la moindre parcelle de la vie de ses membres.
    Et les enfreindre a des conséquences de plus en plus cruelles.
    Le Pacte n’est rien de moins qu’une secte. Une secte dont le but n’est pas de l’argent mais le pouvoir.
    Jack et Alice découvrent très vite qu’il est impossible de quitter le pacte.
    Ils sont surveillés constamment, espionnés, certains, certains membres ne sont rien d’autre que des mercenaires qui ne reculent devant rien pour mener leur mission à leur terme.
    Au fur et à mesure de l’avancée du roman, la tension monte, le danger se fait plus présent, et la colère que j’ai ressentie envers les membres du pacte augmente proportionnellement à cette tension.
    La dernière partie m’a un peu plus déçue. Par dans  tous ses aspects, mais essentiellement sur 2 points.
    D’abord, quelqu’un, dans le but de montrer à Jake l’étendue de la puissance du pacte, révèle le nombre de membres qu’il compte dans le monde entier. Et le chiffre est ridicule !

    Avec un tel nombre, il est totalement impossible que le Pacte soit aussi puissant que l’auteur la présente, puissant au point qu’il est inutile d’espérer un quelconque secours des autorités. Je ne sais pas si ça a été mal traduit, ou si l’auteur n’a pas conscience du nombre de personnes qu’il faudrait pour que ça tienne la route, mais la crédibilité de son histoire en prend un coup.
    J’ai aussi trouvé dommage que la fin soit aussi…simple.

    C’était comme si, à la fin de Taken, on avait eu une poignée de main avec un « Bon ok, on fait la paix, sans rancune mec ? »

    On est un peu comme une flamme de bougie qu’on éteint. On s’attend à de l’explosif et on a un peu un pétard mouillé.

    Je ne dis pas que la fin est mauvaise, ou que je m’y attendais, mais il y a une telle tension au fil des pages que je ne peux pas être pleinement satisfaite d’une fin qui est si peu développée et tellement pas dans la lignée de ce que nous a offert l’auteur.
    Avec une fin plus intense, ce livre aurait sans nul doute été un coup de cœur, tel quel, il reste néanmoins une très bonne lecture.

     

    Un extrait : J’ai placé le cadeau sur la table. Une boîte à la fois massive et élégante.

    L’inscription gravée, cependant, ne cadrait pas avec ma théorie.

    LE PACTE.

    Pas vraiment un nom de whisky irlandais.

    Je l’ai ouverte. À l’intérieur se trouvait un second coffret posé sur une doublure de velours bleu, encadré de deux stylos coûteux nichés dans les replis du tissu : de l’argent, de l’or blanc, voire du platine. J’en ai soupesé un, admiratif. Un présent comme on en offre à ceux qui ont déjà tout, ce qui était un peu bizarre. Nous travaillions dur, Alice et moi, et nous nous débrouillions pas mal, mais nous étions loin d’avoir tout ! Lorsqu’elle avait obtenu son diplôme, en fait, je lui avais offert un stylo. Un bel objet que j’avais acheté à un artisan en Suisse, après des mois de recherches dans le secteur étonnamment florissant du stylo de luxe. C’était comme si j’avais poussé une porte, m’attendant à trouver un petit placard, et que je découvrais tout un univers. J’avais dû déployer des ruses de Sioux pour le payer sans qu’elle se doute de son prix exorbitant. Si elle devait le perdre un jour, je ne voulais pas que la valeur de l’objet ajoute à ses regrets.

    J’ai tracé quelques cercles sur le papier cadeau avant d’écrire : Merci, Liam Finnegan ! Le débit d’encre était régulier et la pointe glissait toute seule sur le papier.

    C’est alors que j’ai remarqué l’inscription gravée sur le stylo.

    Les caractères étaient si petits qu’ils étaient illisibles, mais je me suis souvenu d’une loupe qui faisait partie d’un jeu de société qu’Alice m’avait offert à Noël. J’ai fouillé dans le placard du couloir. Derrière le Risk, le Monopoly et le Boggle, j’ai trouvé la boîte que je cherchais, la loupe toujours dans sa Cellophane. J’ai levé le stylo à la lumière pour l’examiner.

    ALICE & JACK, suivi de la date du mariage, et simplement DUNCAN MILLS, CALIFORNIE. Je l’avoue, j’étais un peu déçu. J’attendais mieux de l’un des plus grands chanteurs de folk vivants. Si l’inscription avait recelé le sens de la vie, je n’aurais pas été autrement surpris.

    J’ai pris le second stylo et je l’ai posé sur la table. Puis j’ai soulevé le coffret. Même bois recyclé, même style, même nom que la grande boîte : LE PACTE. Il était étonnamment lourd.

    Lorsque j’ai tenté de l’ouvrir, j’ai constaté qu’il était verrouillé. J’ai cherché une clé dans la boîte, mais je n’ai trouvé qu’un billet manuscrit.

    Alice et Jack, sachez-le : Le Pacte ne vous abandonnera jamais.

     

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