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Livres - Page 34

  • [Livre] Confess

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    Résumé : Auburn Reed a des plans très précis pour son avenir, et elle ne laissera personne se mettre sur son chemin. Lorsqu'elle franchit la porte d'une galerie d'art à Dallas pour un entretien, elle s'attend à tout sauf à l'irrésistible attraction qui la pousse vers Owen Gentry. Cet artiste énigmatique semble avoir beaucoup de choses à vouloir cacher à tout prix. Pour tenter de découvrir ses secrets les plus intimes, Auburn va baisser toutes ses barrières, pour comprendre qu'elle risque bien plus gros qu'elle ne pensait. Elle n'a qu'une solution : s'éloigner d'Owen au plus vite. Mais la dernière chose que souhaite Owen, c'est la perdre. Pour sauver leur relation, il devra tout confesser. Mais parfois, les mots peuvent être bien plus destructeurs que la vérité...


    Auteur : Colleen Hoover

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Romance

     

    Date de parution : 27 Avril 2017

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Ce roman, que j’ai lu après November 9, m’a un peu plus plu que ce dernier, mais reste quand même très loin de « jamais plus » et « Too late ».
    J’ai trouvé l’histoire plus intéressante et plus aboutie que dans November 9, peut-être parce qu’on suit toujours alternativement les deux personnages mais sans les perdre de vue pendant des mois. Du coup, je me suis plus investie dans l’histoire d’Owen et Auburn.
    Je ne vais pas faire ma maligne et dire que j’ai compris très vite pourquoi Auburn était obligée de rester à Dallas parce que je n’ai compris que quelques pages avant que ce soit révélé.
    De la même façon, si je me doutais que quelque chose se cachait sous les problèmes d’Owen, je n’avais pas pensé à ça !
    Dès le prologue, j’ai trouvé que Lydia, le pseudo Belle-mère d’Auburn, était une vraie salope. J’ai essayé de lui trouver des excuses, au vue de la situation qu’elle vivait, mais en fait, non, je n’ai pu trouver aucune justification à son attitude que ce soit envers Auburn ou envers son propre fils.
    Quant à Trey, lui aussi, dès le début, je l’ai trouvé bizarre, malsain, prompt à abuser de son pouvoir de policier. Et j’étais loin du compte ! Jamais je n’aurais imaginé jusqu’où ce malade était capable d’aller.
    En revanche, j’ai compris les décisions d’Auburn. Vu sa situation : isolée, sans argent, sans relations, sans parents pour la soutenir, je crois qu’elle n’avait pas d’autres choix, ou en tout cas qu’elle ne voyait pas d’autres solutions.
    Mais c’est une battante, et quoi qu’il arrive, elle ne perd pas de vue son objectif.
    J’ai un peu regretté que certaines personnes n’aient pas ce que je pense qu’elles méritaient. J’ai trouvé que ces personnes s’en tiraient franchement à bon compte et qu’Auburn était vraiment sympa sur ce coup-là.
    Je n’ai certes pas eu un coup de cœur comme avec mes deux premier Colleen Hoover, mais j’ai passé un bon moment avec ce livre.
    Pour l’instant, je réserve encore mon jugement sur l’auteur. J’attends surtout de lire son dernier livre, qui sort en octobre, pour voir si « jamais plus » et « too late » étaient des exceptions ou s’ils résultent de l’évolution de l’auteur.

     

    Un extrait : Je sursaute sur ma chaise quand qu’il m’annonce le montant de ses honoraires. Ce n’est pas avec mes revenus que j’aurai les moyens d’y faire face. Je lui demande :

    – Vous avez un barème progressif ?

    Les rides autour de sa bouche se creusent alors qu’il s’efforce de ne pas froncer les sourcils. Il croise les bras sur le bureau en acajou, joint les paumes en pressant ses pouces l’un contre l’autre.

    – Auburn, ce que vous me demandez va coûter de l’argent.

    Sans blague !

    Croisant les bras, il se penche sur son siège.

    – Les avocats, c’est comme le mariage, on en a pour son argent.

    Je préfère ne pas lui raconter ce que de telles paroles évoquent chez moi. Je jette encore un regard sur la carte de visite qu’il m’a donnée. On me l’a chaudement recommandé et je savais qu’il serait cher, mais pas à ce point-là. Je vais devoir prendre un autre boulot. Peut-être même un troisième. Si ce n’est cambrioler une banque.

    – Et rien ne garantit que le juge statuera en ma faveur ?

    – La seule promesse que je puisse vous faire, c’est que je m’emploierai à ce que le juge statue en votre faveur. D’après vos dossiers de Portland, vous vous êtes mise dans une situation difficile. Cela prendra du temps.

    – Tout ce que j’ai, c’est du temps. Je reviendrai dès que j’aurai reçu mon premier chèque.

    Il m’envoie fixer un rendez-vous avec sa secrétaire, puis je me retrouve dehors, dans la chaleur du Texas.

    Voilà trois semaines que j’y vis et, jusque-là, tout se passe comme prévu : climat chaud et humide, solitude.

    J’ai grandi à Portland, en Oregon, et croyais bien y passer toute ma vie. Je n’étais allée qu’une fois au Texas, à l’âge de quinze ans, et, malgré les circonstances pénibles de ce voyage, j’en avais apprécié chaque instant. Au contraire d’aujourd’hui où je ferais tout pour pouvoir revivre à Portland.

     

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  • [Livre] November 9

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    Résumé : Fallon et Ben se rencontrent par hasard alors que leur vie est en train de changer.
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    Ils se croisent comme des étoiles filantes mais l’intensité de ce qu’ils partagent les pousse à se fixer un rendez-vous annuel, le neuf novembre.
    Fallon devient alors la source d’inspiration du roman de Ben. Chaque rendez-vous est une mine d’informations pour lui et, pour tous les deux, c’est le moyen de faire le point sur leur vie.
    Jusqu’au jour, un neuf novembre évidemment, où Fallon se met à douter de ce que Ben lui raconte sur lui-même. Peut-il avoir inventé sa vie comme un roman ? Et pourquoi ferait-il une chose pareille ?


    Auteur : Colleen Hoover

     

    Edition : Hugo & cie

     

    Genre : Romance

     

    Date de parution : 26 Octobre 2017

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : J’ai découvert Colleen Hoover avec les romans « Jamais plus » et « Too late ». L’auteur disant elle-même que ces deux romans sont très différents de ceux qu’elle avait écrit précédemment, je craignais un peu de ne pas autant aimer ses autres livres.
    Craintes malheureusement fondées pour le moment. Depuis « Jamais plus » et « Too late », j’ai lu deux livres de Colleen Hoover. November 9 est le premier des deux.
    Le résumé m’avait intriguée, et sans nul doute intéressée. Le fait de suivre deux personnages qui ne se rencontrent qu’une journée par an, sans aucun contact le reste de l’année, avait de quoi séduire. Je pensais que chaque chapitre allait nous raconter leurs vies pendant cette année de séparation. Mais en fait, non. C’est à peine si le sujet de leur vie en l’absence l’un de l’autre est évoqué.
    Du coup, j’ai eu en permanence l’impression de rater des passages, de me perdre dans l’histoire. Difficile de s’attacher quand les personnages n’existent quasiment pas en dehors des quelques heures représentées.
    Alors, bien sûr, l’écriture de Colleen Hoover est toujours aussi agréable à lire, bien sûr j’ai apprécié qu’elle mette en scène une héroïne qui veut se trouver elle-même et non pas se définir uniquement à travers le garçon dont elle est amoureuse, une héroïne qui a le cran de dire : oui ok, je l’aime, mais l’amour, à 18 ans, ce n’est pas tout, bien évidemment, je n’avais pas vu venir le retournement de situation…
    Mais il m’a manqué quelque chose. Le petit plus qui a fait que « jamais plus » et « too late » ont été des coups de cœur. J’ai trouvé que l’histoire de Fallon et Ben n’atteignait pas la profondeur des deux autres romans. Peut-être que c’est cette construction annuelle qui ne m’a définitivement pas séduite car les chapitres ne m’apportaient pas ce que j’attendais d’eux. Peut-être que j’ai eu le tort de commencer par les meilleurs romans de l’auteur et suis-je donc condamnée à être déçue par ses premiers livres. Je ne sais pas. Mais de ce roman-là, je dirais qu’il s’agissait d’une bonne lecture, sans plus.

     

    Un extrait : – Ainsi, tu es écrivain ?

    Sa question me permet juste de redescendre sur terre.

    – Disons que j’espère le devenir. Je n’ai encore rien publié, alors je ne suis pas sûr de pouvoir déjà dire que je le suis.

    Elle se tourne complètement vers moi, s’accoude au dossier du banc.

    – Pas besoin d’un chèque pour valifidier ta situation d’écrivain.

    – Ça n’existe pas, « valifidier ».

    – Tu vois ? Je ne le savais pas. Tu es donc bien écrivain. Chèque ou pas. Ben l’Écrivain. C’est comme ça que je penserai à toi, désormais.

    – Et moi, comment est-ce que je devrai penser à toi ?

    Elle réfléchit en mordillant le bout de sa cuillère.

    – Bonne question, dit-elle. Je vis une période un peu éphémère.

    – Alors, Fallon l’Éphémère ?

    – Ça marche !

    Elle se radosse au banc, étend les jambes devant elle.

    – Raconte, qu’est-ce que tu voudrais écrire ? Des romans ? Des scénarios ?

    – De tout, j’espère. Je ne me fixe aucune limite. À dix-huit ans, il faut tout essayer, mais je suis très attiré par les romans. Et la poésie.

    Elle laisse échapper un petit soupir avant d’avaler une autre bouchée. Mais on dirait que ma réponse l’a rendue triste.

    – Et toi, Fallon l’Éphémère ? Quel est le but de ta vie ?

    Elle me jette un regard en coin.

    – On parle des buts ou des passions de la vie ?

    – Ça ne fait pas une grosse différence.

    – Oh si ! Énorme. Ma passion, c’est la comédie, mais pas le but de ma vie.

     

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  • [Livre] Ni mariée, ni enterrée – T01 – Partir un jour

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    Résumé : - Se faire plaquer à deux semaines de son mariage : fait.

    - Se retrouver au chômage pour avoir préparé ledit mariage sur ses heures de travail : fait.

    - Perdre toute dignité après avoir croisé le fiancé volage et la nouvelle femme de sa vie : fait.

    Ce que Georgia n’a pas fait depuis longtemps, en revanche, c’est se demander ce dont elle a vraiment envie. Et, plus elle y pense, moins la sainte trinité « mariage-maison-maternité » la fait vibrer. Non, ce dont elle rêve depuis toujours, c’est de parcourir le monde. Apprendre une nouvelle langue au sommet du Kilimandjaro, s’ouvrir à la spiritualité auprès d’un moine bouddhiste, goûter des plats aux noms imprononçables… Alors, Georgia fait le grand saut : elle part. Six semaines en Thaïlande. Six semaines pour réaliser ses rêves et se recentrer sur l’essentiel : elle-même.
    Sauf que, dans les voyages comme dans la vie, rien ne se passe jamais comme prévu


    Auteur : Katy Colins

     

    Edition : Harlequin

     

    Genre : Chick Lit

     

    Date de parution : 10 Mai 2017

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Au début de l’histoire, j’avoue que j’ai eu beaucoup de mal avec Georgia. Elle était… passive… en tout. Son fiancé la quitte deux semaines avant le mariage, certes, mais avant ça, c’était un vrai tocard malgré l’argent de sa famille : blasé de tout, ennuyeux et pas du tout à l’écoute des désirs et besoins de sa fiancée. Tout ce qui semble intéresser cet homme est son propre confort. Et Georgia s’est coulé dans le moule qu’il lui présentait sans le moindre sursaut d’indépendance, ne serait-ce qu’en décidant de partir un week-end à Paris avec sa copine Marie (De Manchester à Paris, il n’y a pas un énorme trajet à faire).
    Sa mère, ensuite, qui la rabaisse sans cesse, lui signifiant qu’elle serait incapable de voyager, de prendre soin d’elle, de s’en sortir, bref, la maintenant dans un rôle qui l’étouffe sans que Georgia ne lui dise une seule fois de se mêler de ses affaires.
    Quand elle part en Thaïlande, je l’ai en plus trouvé nunuche : incapable de s’affirmer, de refuser de payer des suppléments non prévus et de toute évidence allant dans la poche du « guide », de remettre à sa place la merdeuse de 10 ans sa cadette qui croit que le monde tourne autour d’elle, naïve au point de foncer tête baissée dans une arnaque…
    A sa place, j’aurais au minimum téléphoné à l’agence de voyage pour me plaindre de ces fameux suppléments.
    Et puis… un changement se produit, d’abord subtil, puis de plus en plus spectaculaire. Georgia semble se débarrasser d’une peau qui n’était pas à elle et qui l’écrasait pour se révéler enfin.
    En plus de faire des rencontres sympathiques, elle s’ouvre un peu plus et prend confiance en elle. Elle se rend compte qu’elle a accompli bien plus de choses qu’elle ne le croyait et cela lui donne une force incroyable.

    Sa nouvelle confiance va faire changer le regard des autres sur elle et notamment celui de sa mère qui réalise que sa petite fille est une adulte indépendante.

    Maintenant que Georgia est sortie de sa chrysalide et que son fabuleux projet, toujours axé autour du voyage, est sur les rails, j’ai hâte de lire la suite pour découvrir ce que lui réserve l’avenir !

     

    Un extrait : C’était le jour de mon mariage. Un jour dont je rêvais depuis toute petite et que j’avais préparé et organisé au cours de ces douze derniers mois. Au programme : un mariage champêtre à l’anglaise, avec drapeaux et banderoles maison suspendus aux poutres d’un manoir hors de prix et chapiteau dressé sur une pelouse soigneusement manucurée. Le harpiste devait jouer un air simple, mais charmant, pour accompagner notre arrivée en tant que M. et Mme Doherty dans l’imposante salle de réception, sous les vivats et les applaudissements de nos proches. C’était la partie qui m’angoissait le plus ; tous ces gens en train de me fixer, guettant la jeune mariée radieuse, alors qu’en réalité je n’avais qu’une chose en tête : ma peur bleue de me prendre les pieds dans ma traîne. L’idée même d’être au centre de l’attention me donnait des crampes d’estomac et des sueurs froides même si j’avais limité le nombre d’invités au minimum et, techniquement, je n’aurais été qu’une moitié du centre d’attention.

    A cette heure-ci, j’aurais dû être dans ma robe de dentelle crème à la coupe sirène. En jetant un coup d’œil à ma montre, je me suis rendu compte que les bouquets noués à la main de myosotis bleu pastel et de freesias au parfum délicat auraient dû être livrés dix minutes plus tôt. Je devrais être sur le point de m’installer dans le fauteuil du coiffeur — hors de prix — qui devait faire de mes cheveux fins une œuvre d’art.

    Sauf que j’étais ailleurs. Allongée sur un transat en plastique inconfortable, j’essayais de cacher les larmes qui coulaient sur mon visage légèrement brûlé par le soleil, tandis que ma meilleure amie, Marie, me tendait un énième Sex on the beach, infâme et très dilué, commandé à l’open bar de la piscine.

     

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  • [Livre] Le ferry

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    Résumé : Ce soir, mille deux cents passagers se réjouissent de faire la traversée maritime entre la Suède et la Finlande, à bord du ferry luxueux qui les emporte sur la mer Baltique. L’espace de vingt-quatre heures, ils abandonnent derrière eux leur vie quotidienne et se laissent aller à être quelqu’un d’autre. Mais le mal rôde à bord. Et au cœur de la nuit, au milieu de la Baltique, il n’y a pas d’échappatoire possible. Surtout quand tout contact avec la terre ferme est mystérieusement coupé…Si face à l’adversité certains se comportent en héros, cette nuit fatidique fait parfois surgir le pire chez d’autres – et à mesure que les disparitions inexplicables s’enchaînent, il devient vital que le ferry n’arrive jamais à destination…
    Bienvenue à bord du Baltic Charisma.


    Auteur : Mats Strandberg

     

    Edition : Bragelonne

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 17 Mai 2017

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Le ferry est un huis-clos présentant les points de vue de multiples personnages, ce qui fait que le lecteur en sait toujours juste un peu plus que les protagonistes. C’est parfois très frustrant de les voir faire quelque chose en espérant se sortir de la galère dans laquelle ils sont et de savoir qu’ils vont se jeter directement dans la gueule du loup.
    Très vite, j’ai aussi constaté que c’était une très mauvaise idée de s’attacher aux personnages, parce que personne n’est à l’abri. Le nombre de morts est hallucinant et l’auteur ne lamine pas seulement la masse anonyme mais aussi les personnages dont on suit/suivait le point de vue. Pire que dans Game of thrones… Si si, c’est possible !
    L’histoire est très dense, il se passe beaucoup de choses. Pour autant l’action a lieu dans un délai très court (quelques heures, la traversée durant 24h) et si on a cette impression de longueur de l’action dans le temps c’est parce que la plupart des actions relatées se déroulent en fait en même temps.
    L’auteur prend bien le temps de mettre en place le théâtre des événements, de nous présenter les personnages, voire même de nous laisser nous attacher à certains (C’était pas fairplay ça !). La tension monte petit à petit parce qu’on sait qu’il va se passer quelque chose et qu’on essaie de deviner quoi. Jusqu’à ce que ça arrive. Et là, tout s’enchaîne très vite, il n’y a aucun ralentissement dans l’histoire. Tout comme les personnages qui essaient de sauver leurs vies, on n’a pas le temps de s’arrêter pour respirer, pour réfléchir. On est happé par l’action sans rien pouvoir y faire.
    Certaines personnes, une en particulier, m’a vraiment impressionnée. Malgré les circonstances (même si je ne peux pas en dire plus sans spoiler), elle réussit à rester elle-même et à continuer à tenter de sauver des vies.
    D’autres, en revanche, révèle leur lâcheté pour certain, carrément leur psychopathie pour d’autres.
    Régulièrement, on peut lire un point de vue omniscient : celui du bateau, qui, comme un personnage à part entière, voit tout.
    Très honnêtement, j’avais tout imaginé sur ce qui allait se passer sur ce bateau : un psychopathe à bord, une catastrophe naturelle révélant la nature profonde des passagers, des terroristes… Mais je n’avais vraiment pas pensé à ça !
    La multitude de personnage peut faire peur au début, mais on s’y fait très vite, d’autant plus que chaque action des uns se répercute sur les autres. Les récits sont ainsi imbriqués et cela nous permet d’avoir une vraie vision d’ensemble de ce qu’il se passe.
    La fin est effrayante mais franchement, je ne vois pas comment ce roman aurait pu finir autrement. Je m’attendais à l’un de ses éléments, pas à l’autre.
    Après une lecture un peu laborieuse sur le livre précédent, j’ai littéralement dévoré celui-ci.

     

    Un extrait : Le Charisma en a vu de toutes les couleurs. Dans ce no man’s land de la mer Baltique, ce n’est pas uniquement à cause de l’alcool bon marché que les inhibitions disparaissent. C’est comme si le temps et l’espace se modifiaient. Comme si les codes de bienséance et les règles de bonne conduite n’avaient plus cours ici. Quatre vigiles censés surveiller les dérapages se préparent, chacun à sa manière, pour la soirée. Quatre personnes seulement pour gérer le chaos qui peut survenir à tout instant quand mille deux cents passagers, la plupart en état d’ivresse manifeste, s’entassent dans un endroit dont ils ne peuvent s’échapper.

    Tout est réglé comme du papier à musique. Le Baltic Charisma fait la même route, jour après jour, tout au long de l’année. Le navire s’arrête à Åland juste avant minuit. Il débarque à Åbo en Finlande vers 7 heures du matin alors que la plupart des passagers suédois dorment encore. Vingt-trois heures plus tard, le Charisma sera de retour à quai, à Stockholm. Mais aujourd’hui, deux passagers comme il n’en est encore jamais monté à bord sont présents.

    De l’autre côté de la salle des machines, sur le pont des voitures, le personnel donne des instructions en suédois, finnois et anglais. Il guide jusqu’à leurs emplacements respectifs des semi-remorques, des voitures, des camping-cars et deux autobus venant de loin. Là, en bas où le soleil ne pénètre jamais, il fait froid et l’air est saturé d’odeurs de carburant et de gaz d’échappement. Des camionneurs éreintés et des familles en vacances refluent vers les ascenseurs et les escaliers. Bientôt, le pont des voitures sera interdit d’accès aux passagers et ne rouvrira que juste avant l’arrivée à Åland. Les grandes semi-remorques oscillent imperceptiblement dans la pénombre à l’instar de gros animaux endormis, enchaînés au sol métallique. Un garçon blond d’environ cinq ans et une femme brune, fortement maquillée, viennent de quitter leur camping-car. Ils semblent fatigués. Contemplent avec envie l’ascenseur vivement éclairé, mais empruntent l’étroit escalier. Tous deux fixent le sol des yeux, ne regardent pas les autres. Le garçon a remonté la capuche de son sweat et s’agrippe aux bretelles de son sac à dos à l’effigie de Winnie l’Ourson. L’épaisseur du maquillage n’arrive pas à cacher ce qu’il y a d’insolite dans le visage raviné de la femme. Elle sent le lilas et la menthe, mais autre chose aussi, une odeur familière pour certains qui, en passant, lui jettent un coup d’œil furtif. La femme joue avec le médaillon d’or au bout d’une fine chaîne autour de son cou. À part celui-ci et un anneau en or à l’annulaire gauche, elle ne porte pas de bijoux. Sa main droite est enfouie dans la poche de son manteau. Elle regarde le jeune garçon à côté d’elle. Les semelles de ses petites chaussures claquent sur le tapis en plastique. L’escalier est raide pour ses courtes jambes. Son regard est empreint d’amour. De chagrin aussi. Elle a également peur pour lui. Peur de le perdre. Peur qu’il s’approche trop près du point de non-retour, et peur de ce qu’il adviendra s’il le dépasse.

     

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  • [Livre] Eleanor & Park

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    Résumé : Etats-Unis, 1986. Eleanor est une lycéenne trop rousse, trop ronde et est harcelée par tout le monde au lycée. Dans le bus scolaire, elle a l'habitude de s'asseoir à côté de Park, un garçon timide, qui l'ignore poliment. Peu à peu, les deux lycéens vont se rapprocher, liés par leurs passions communes pour les comics et les Smiths.


    Auteur : Rainbow Rowell

     

    Edition : PKJ

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 05 juin 2014

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Après avoir beaucoup aimé Fangirl, je voulais lire d’autres titres de Rainbow Rowell.
    On m’avait beaucoup parlé d’Eleanor & Park et il entrait parfaitement dans une des catégories du Valentine’s day challenge, alors mon choix s’est vite porté sur ce roman.

    Eleanor et Park sont tous les deux marginaux.
    Si la vie d’Eleanor est bien plus dure que celle de Park, il ne faut pas minimiser les problèmes rencontrés par le jeune homme.

    Petit et typée coréen, comme sa mère, au contraire de son petit frère, grand et aux yeux à peine en amande, Park a du mal à correspondre à l’image du fils idéal que se fait son père.
    Ce dernier est assez dur, avec des idées bien arrêtées et il tolère mal que son fils ne corresponde pas exactement au mec viril et bourré de testostérone qu’il voudrait qu’il soit.
    Mais malgré l’attitude parfois bornée et obtuse du père, on sent bien qu’il y a beaucoup d’amour dans la famille de Park.
    Ce qui est loin d’être le cas dans la famille d’Eleanor.
    Le beau-père d’Eleanor, Richie, est un parasite, une épave droguée et alcoolique qui se donne l’impression d’exister en terrorisant sa femme et les enfants de celle-ci.
    Il n’y a aucune cohésion dans cette famille. La mère a tellement peur d’être seule qu’elle est prête à accepter tout et n’importe quoi de la part de Richie.

    Les petits frères et sœurs d’Eleanor sont prêts à toutes les bassesses, toutes les trahisons, pour se protéger.

    Et Eleanor ? Elle tente de garder tant bien que mal la tête hors de l’eau.

    En plus de sa famille pour le moins dysfonctionnelle, elle doit également affronter les moqueries au lycée et le harcèlement, notamment en cours de sport, mené par Tina, la garce en chef du lycée.

    L’auteur a parfaitement su rendre les sentiments de l’élève qui en bave mais refuse de parler. Qui serre les dents mais qui ne songe pas une seconde au suicide, comme c’est souvent le cas dans les récits sur le harcèlement. Ce n’est pas plus mal de rappeler que ceux qui ne tentent pas de mettre fin à leurs jours souffrent eux aussi.
    Quelqu’un écrit des messages à caractère sexuel et insultant sur les livres d’Eleanor et c’est comme un fil rouge car l’identité du vandale/harceleur n’est révélée qu’à la fin.

    Pas une grande surprise pour moi, car j’ais très vite compris qui était le coupable, mais le savoir n’a pas atténué l’intensité de la découverte d’Eleanor.

    La relation entre Eleanor et Park a beau évoluer rapidement, je m’y suis laissée prendre.

    J’ai adoré les voir se rapprocher autour de leur passion commune pour la B.D.

    Je crois que j’ai tout aimé dans ce livre. La seule raison qui fait que ce n’est pas un coup de cœur est la fin.
    Beaucoup l’ont adorée, moi, je me suis senti horriblement frustrée.
    Frustrée, mais pas déçue, et si ce n’est pas un coup de cœur, c’est sans l’ombre d’un doute un 5 étoiles.

     

    Un extrait : Eleanor passa en revue les options qui se présentaient :

    1. Elle pouvait rentrer à pied. Pour : exercice physique, couleurs sur les joues, temps toute seule. Contre : elle ne connaissait pas encore sa nouvelle adresse et n’avait pas la moindre idée de la direction à prendre.
    2. Elle pouvait appeler sa mère pour qu’elle vienne la chercher. Pour : des tonnes. Contre : sa mère n’avait pas le téléphone. Et pas de voiture.
    3. Elle pouvait appeler son père. Ha ha.
    4. Elle pouvait appeler sa grand-mère. Histoire de dire bonjour.

    Assise sur les marches du lycée, elle regardait les files de bus jaunes. Le sien était juste là. Numéro 666.

    Même si Eleanor pouvait éviter le bus aujourd’hui, même si sa marraine la bonne fée se pointait avec une citrouille pour carrosse, elle devrait toujours trouver un moyen de retourner en cours le lendemain.

    Et ce n’était pas comme si les suppôts de Satan dans son bus allaient se lever du bon pied demain. Sérieux. Eleanor ne serait pas surprise de les voir montrer les dents lors deleur prochaine confrontation. Non mais cette fille dans le fond avec sa tignasse blonde et sa veste en jean délavé ? On voyait presque ses cornes dépasser de sa frange. Et le géant qui lui servait de mec était certainement un nephilim.

    Cette fille, comme toutes les autres en fait, détestait Eleanor avant même d’avoir posé les yeux sur elle. Comme si elles avaient été engagées dans une vie antérieure pour la liquider.

    Eleanor ne savait pas si l’Asiatique qui l’avait finalement laissée s’asseoir était un des leurs, ou s’il était juste débile. (Enfin pas complètement débile… Il était dans deux de ses cours renforcés.)

    Sa mère avait flippé en voyant ses mauvaises notes l’an dernier et elle avait insisté auprès du lycée pour qu’Eleanor suive les cours renforcés.

    — Ça ne doit pas être une surprise pour vous, madame Douglas, avait dit la conseillère.

    « Ha ha, avait ricané Eleanor intérieurement, si vous saviez, au point où on en est, on n’est plus à une surprise près. »

    Soit. Eleanor pouvait tout aussi facilement regarder passer les nuages dans ces cours-là. Il y avait autant de fenêtres.

    Pour peu qu’elle revienne dans cette école.

    Pour peu qu’elle rentre chez elle.

     

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  • [Livre] Nos âmes jumelles

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    Résumé : L'une est blonde, l'autre brune. L'une solaire et populaire, l'autre timide et solitaire. Sonia dite Yuna écrit pour une association, Trames, qui publie un fanzine. Elle y rencontre Lou-Tiamat, qui s'affirme dans l'art du dessin suite au divorce brutal de ses parents. Leur amitié virtuelle se double d'échanges sur leurs créations et leur vie affective. Jusqu'au jour où les deux jeunes filles se rencontrent un week-end autour d'un projet…


    Auteur : Samantha Bailly

     

    Edition : Rageot

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 27 Mai 2015

     

    Prix moyen : 13€

     

    Mon avis : Sonia et Lou n’ont rien en commun au premier abord : l’une est blonde, populaire, en première L, dotée de parents baba cool pour lesquels aucune contrainte n’est envisageable, l’autre est brune, timide, solitaire, un poil harcelée au lycée, en première S, et pourvue d’une mère rigoriste qui ne pense qu’à la contrôler par tous les moyens possibles.
    Et pourtant, les deux filles ont une passion commune : l’art. Le dessin pour Lou, l’écriture pour Sonia : passions certes différentes mais complémentaires, la première illustrant les histoires de la seconde.
    Mais leurs points communs sont plus nombreux qu’il n’y parait. Chacune souffre de l’attitude de ses parents. Lou est étouffée par sa mère qui ne la laisse jamais respirer, contrôlant le moindre de ses faits et gestes. A l’inverse Sonia se sent abandonnée par ses parents avec qui elle vit comme avec des colocataires. L’attitude de ces derniers l’ayant poussée à demander à entrer en internat pour avoir un cadre plus délimité, des repères.
    Il faut dire que les parents en tienne une couche chacun dans leur genre. On peut se dire que les adolescents ne sont jamais contents, mais là, un juste milieu serait appréciable dans l’attitude des uns et des autres. Surtout côté parental, parce que dans ce livre, les seuls à faire des efforts ce sont les ados. Quoi que la mère de Lou va évoluer bien plus que les parents de Sonia au fil de l’histoire.
    J’ai trouvé que l’auteur décrivait parfaitement la cruauté et, n’ayons pas peur des mots, la stupidité de certains ados, hélas nombreux, qui pensent que seule leur vie est la norme, que tous ceux qui ont des passions différentes, des facilités ou des difficultés, peu ou beaucoup d’interactions sociales méritent de se voir mis à l’écart, moqués ou insultés.
    Que ce soit du côté de Lou, taxée d’être une intello (insulte suprême a priori chez les moins de 18 ans…) ou du côté de Sonia avec son meilleur ami qui subit insultes et moqueries du fait de son homosexualité, le harcèlement « ordinaire » est bien décrit.
    L’auteur parle aussi des rencontres via internet. Si Sonia et Lou développe une belle amitié, la révélation sur l’identité d’Eru m’a vraiment surprise, je ne m’attendais pas du tout à ça ! Mais heureusement que les filles sont unies, ça leur permet d’avancer quoi qu’il arrive.
    Le point le plus mis en avant dans ce livre est la nécessité de s’accrocher si on veut atteindre ses rêves parce que tout ne vous sera pas servi sur un plateau d’argent et surtout, il ne faut pas avoir peur de rêver.
    Comme le disait Oscar Wilde : « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles ».
    Le livre aurait pu se suffire à lui-même, d’autant plus que, en tête de chaque chapitre, une citation de Lou ou de Sonia nous raconte comment les choses se passent pour elles 10 ans après leur rencontre. Mais l’auteur a décidé de faire de son roman une trilogie. Il me reste donc deux tomes à lire qui correspondront respectivement à l’année de terminale et la première année de fac des filles. Je suis impatiente de me replonger dans l’univers de Lou et So.

     

    Un extrait : Assise sur le rebord de son lit, Sonia feuillette son ancien agenda, un épais carnet rouge. Elle sourit en voyant se succéder les devoirs, les gribouillis, les longs mots rédigés dans des couleurs fluo. Il est temps de se tourner vers cette nouvelle année scolaire. La rentrée, cette rentrée tant attendue. Première L.

    Elle a choisi option arts, esquivant avec soulagement les pénibles mathématiques qui faisaient chuter sa moyenne générale.

    À présent, elle va se concentrer sur ce qui l’intéresse le plus : la littérature.

    Elle range le vieil agenda dans le tiroir de son bureau, puis s’empare de son successeur. Flambant neuf, d’un bleu laqué parcouru de reliefs, pourvu d’une reliure ouvragée. Il ressemble à un véritable livre. Pour le reste, toujours le même sac élégant, des feuilles volantes, des pochettes cartonnées usées, quelques stylos se battent en duel. Elle range les fournitures, puis vérifie une dernière fois sa valise. Des vêtements pliés approximativement, sa trousse de toilette, une serviette de bain. Tout semble y être.

    À présent qu’elle a bonne conscience, elle ouvre son ordinateur portable. Ses doigts agiles tapent immédiatement sur Google : Fanzine Trames.

    Le site internet apparaît, interface agréable, design épuré. Depuis plusieurs semaines, elle s’y rend chaque jour, et connaît les rubriques par cœur : Association, Galerie, Textes, Fanzines, Forum, Boutique. Elle a découvert le concept du fanzine au gré du Net, en cherchant des conseils sur l’écriture. Fanzine est la contraction de fanatic magazine, autrement dit un magazine réalisé par des amateurs passionnés. Cela tombe bien : elle est ET amateur ET passionnée.

    Elle hésite. L’icône de son document Word la nargue. Cela fait un moment à présent qu’elle songe à mettre son poème sur le forum, rien que pour obtenir un avis, pour voir s’il suscite des réactions. Mais elle a peur. Et si tout le monde détestait ? Lui jetait au visage qu’elle n’a aucun talent ? Cela anéantirait le rêve qui l’habite depuis le début du collège, celui qu’elle note avec application sur chaque feuille d’orientation.

     

    Quel métier envisagez-vous plus tard ?

    Écrivain.

     

    Soudain, on frappe à la porte.

    – So ?

    Son père.

    – Oui, tu peux entrer.

    Il pousse le battant, dévoilant son visage dévoré par une barbe qui s’éternise depuis quelques jours.

    – Qu’est-ce qu’il fait sombre ici !

    Il presse l’interrupteur, et les lampes tendues d’abat-jour colorés s’allument.

    – Qu’est-ce qu’il y a ? demande Sonia, agacée d’être dérangée.

    – Tu es prête pour demain ?

    – Oui.

    – Tu as fait des courses avec maman ?

    – Non, elle n’a pas eu le temps.

    Il fronce les sourcils. Sonia explique :

    – Elle a dû emmener Lucky chez le vétérinaire.

    Lucky, l’un des très nombreux chats de la maison. Sa mère n’a pas un métier classique : elle élève des persans. Matthieu, le meilleur ami de Sonia, est fasciné par cette famille atypique. Une mère qui a toujours un chaton à vous placer entre les bras. Un père régisseur lumière dans un théâtre parisien, qui ponctue les repas d’anecdotes sur la capitale, les caprices et/ou les talents des comédiens. Mais ce que Sonia perçoit surtout, c’est sa mère plus investie dans l’achat du prochain griffoir que dans son orientation.

     

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  • [Livre] Jack l'éventreur: affaire classée

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    Résumé : Entre les mois d'août et novembre 1888, au moins sept femmes furent assassinées à Londres dans le quartier de Whitechapel. La nature effroyable de ces meurtres provoqua la panique et la terreur dans l'East End, et donna naissance au surnom qui allait devenir synonyme de serial Biller Jack l'Eventreur. Pendant cent quinze ans, ces meurtres ont constitué une des plus grandes énigmes criminelles du monde. C'est lors d'une visite à Scotland Yard, en mai 2001, que Patricia Cornwell s'est intéressée à " l'affaire " Jack l'Éventreur et à la personnalité ambiguë et inquiétante de Walter Sickert, un peintre impressionniste britannique célèbre à la fin du XIXe siècle. Très vite, elle a eu l'intime conviction que Sickert et l'Eventreur ne faisaient qu'un. Après avoir mis en piste les plus fins enquêteurs et experts en médecine légale, l'auteur nous livre les résultats de son enquête et, comme un véritable témoin à charge, présente ses preuves. Grâce à sa connaissance des enquêtes criminelles, à l'étendue de sa documentation et à ses talents de romancière, Patricia Cornwell reconstitue l'arrière-plan de cette sinistre affaire l'Angleterre à l'époque victorienne. Patricia Cornwell réussit un véritable thriller, avec une parfaite maîtrise et une conviction sans faille


    Auteur : Patricia Cornwell

     

    Edition : Le livre de poche

     

    Genre : Documentaire

     

    Date de parution : 04 février 2004

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Patricia Cornwell nous offre ici un documentaire portant sur une identification possible de Jack l’éventreur.
    Pour autant, je n’ai pas été particulièrement convaincue par son exposé.
    Pas tant parce que je n’imagine pas Walter Sickert dans le rôle de Jack l’éventreur que parce que Patricia Cornwell veut tellement nous convaincre de sa théorie qu’elle balaie d’un revers de la main tous les indices qui ne pointent pas dans son sens.
    Pire encore, les « indices » qu’elle nous apporte n’en sont pas vraiment.
    Très vite, elle m’a perdue avec sa manière de dire très souvent : « Il n’y a pas de preuve que Walter Sickert ait été là ce jour-là. Mais comme il n’y a pas de preuve qu’il ait été ailleurs, ça veut dire qu’il était là ».
    Vous êtes d’accord qu’avec une méthode d’investigation pareille, les innocents qui n’ont pas d’alibi solide comme du rock ont du souci à se faire ?
    En fait, elle m’avait perdu dès son introduction quand elle affirme que tous les petits amis de femmes qui pratiquent l’épilation intégrale sont en fait des pédophiles. Cette manière, très américaine, de mépriser et juger autrui m’a hérissée.
    De la même manière, elle fait une critique très dure des actions de la police, leur reprochant même de ne pas avoir effectué des recherches scientifiques… qui n’avaient pas encore été inventée. Il semblerait que Madame Cornwell, si elle se targue d’être une inspectrice chevronnée, n’est guère au point en histoire et qu’elle croit que c’est par simple caprice que les inspecteurs n’ont pas fait analyser les traces de sang ! Et que dire de cet Abberline qui a eu le culot de se montrer discret, de ne pas parler à tort et à travers dans la presse, de ne pas avoir tenu un journal intime qu’il aurait légué par anticipation à un musée... comment ce rustre a-t-il osé mettre dans de bâtons dans les roues à un écrivain en mal de sensations fortes ? Un vrai scandale !
    Patricia Cornwell n’est absolument pas objective et ça dessert énormément son propos.
    Elle apparait comme désespérée (ayant mis une fortune dans la recherche de preuves qui ne sont pas probantes) et de mauvaise foi.
    On a l’impression qu’elle présente les faits sans aucun respect pour la vérité pour peu qu’elle puisse les rapprocher de sa théorie.
    Au final, plus Patricia Cornwell insistait pour convaincre, en l’absence de la moindre preuve tangible, de la véracité de sa théorie, et plus je doutais de la culpabilité de Sickert. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il était innocent, car je serais bien incapable de donner un avis éclairé sur l’identité de cet homme, mais je ne suis absolument pas convaincu que Sickert se cachait sous le « masque ».
    Ce que j’ai bien aimé, en revanche, c’est l’historique des meurtres de Jack l’éventreur, les circonstances de chaque découverte qui montrent à quel point cet homme avait confiance en lui, abandonnant des cadavres presque aux pieds des policiers qui patrouillaient. J’ai aussi aimé la description de la vie dans les bas-fonds de Londres.
    Tout ce côté « récit » était vraiment très intéressant. Par contre le volet « enquête » est clairement à revoir et Patricia Cornwell devrait se limiter à écrire des enquêtes de fiction, où elle est sûre du résultat et où elle maîtrise toutes les preuves.

     

    Un extrait : Pour Walter Sickert, imaginer Whistler amoureux d’une femme avec laquelle il avait des relations sexuelles a peut-être été le catalyseur qui fit de cet homme l’un des meurtriers les plus dangereux et les plus insaisissables de tous les temps. Il commença alors à exécuter ce qu’il avait imaginé durant la majeure partie de sa vie, pas seulement dans ses pensées, mais aussi dans des croquis d’enfant qui représentaient des femmes kidnappées, attachées et poignardées.

    La psychologie d’un meurtrier violent et dénué de remords ne se définit pas en reliant des points entre eux. Il n’existe pas d’explications simples, ni d’enchaînements infaillibles de causes et d’effets. Mais la boussole de la nature humaine indique une certaine direction, et les sentiments de Sickert ne pouvaient qu’être embrasés par le mariage de Whistler avec la veuve de l’architecte et archéologue Edward Godwin, l’homme qui avait vécu précédemment avec la comédienne Ellen Terry et qui était le père de ses enfants.

    La belle et sensuelle Ellen Terry était une des actrices les plus célèbres de l’époque victorienne, et Sickert était obsédé par elle. Adolescent, il les suivait partout, elle et son partenaire de scène, Henry Irving. Et voilà que Whistler se retrouvait lié aux deux obsessions de Sickert, et dans son univers, ces trois étoiles formaient une constellation dont il était exclu. Les étoiles se fichaient pas mal de lui. Il était véritablement M. Nemo.

    Mais à la fin de l’été 1888, il se donna un nouveau nom de scène qui, durant toute sa vie, ne serait jamais rattaché à lui ; un nom qui, bientôt, serait plus connu que ceux de Whistler, Irving ou Terry.

    La concrétisation des fantasmes violents de Jack l’Éventreur débuta en ce jour d’insouciance du 6 août 1888, lorsqu’il sortit en douce des coulisses pour effectuer ses débuts dans une série d’épouvantables représentations destinées à devenir le mystère criminel le plus connu de toute l’histoire. On croit généralement, à tort, que son épopée violente prit fin aussi brutalement qu’elle commença, qu’il surgit de nulle part et quitta ensuite la scène.

    Des décennies ont passé, puis cinquante ans, puis cent ; ses crimes sexuels sanglants se sont banalisés et sont devenus anodins. Ils sont devenus des énigmes, des week-ends du mystère, des jeux, des « Circuits Éventreur » qui s’achèvent par quelques pintes au pub Ten Bells. Saucy Jack, Jack l’Effronté, comme il se surnommait parfois, a tenu le premier rôle dans des films noirs avec de célèbres acteurs, des trucages et une avalanche de ce que l’Éventreur disait adorer : du sang, du sang, du sang. Ses carnages n’inspirent plus ni la peur, ni la colère, ni même la pitié, alors que ses victimes se décomposent en silence, certaines dans des tombes anonymes.

     

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  • [Livre] La Cité du Ciel

     

     

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    Résumé : Sera ne s'est jamais sentie à sa place parmi son peuple, les Céruléennes. Curieuse de tout, elle questionne sans cesse ses trois mères, sa meilleures amie Leela et même la Grande Prêtresse.
    Elle attend aussi avec impatience le jour ou le cordon qui relie la Cité du Ciel au monde d'en dessous sera rompu, permettant aux Céruléennes de partir en quête d'une nouvelle planète d'attache.
    Mais lorsque Sera est choisie comme sacrifice pour rompre le cordon, elle ne sait quoi ressentir. Pour sauver sa Cité et ses concitoyennes, elle doit se précipiter du bord au prix de sa vie.
    Sauf que tout ne se passe pas comme prévu et qu'elle survit à sa chute, atterrissant en un lieu appelé Kaolin. Sera a entendu des histoires sur les humain qui y habitent et elle ne tarde pas à se rendre compte que les mises en garde de ses mères étaient justifiées.


    Auteur : Amy Ewing

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 14 Février 2019

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Dans ce livre, on suit 3 personnages principaux : Sera, Leo et Agnès.

    Sera est une céruléenne. Son peuple, uniquement composé de femmes, vit dans une cité mobile, reliée à une planète « hôte » par un cordon. Le temps que la cité passe accrochée à une planète semble dépendre de la richesse des ressources de cette dernière.

    L’ancrage et l’arrachement à une planète requiert le sacrifice d’une céruléenne. Et pour détacher la cité, qui après 900 ans doit chercher une nouvelle planète, c’est Sera qui est « Elue ».

    Toute la première partie tourne autour des céruléennes. On découvre leur mode de vie, leur société, leur religion, leurs coutumes…

    Malgré tout, ce monde reste très mystérieux d’autant plus qu’il semble s’y passer des choses pas très catholiques (si j’ose dire).

    Puis nous allons découvrir Kaolin, l’un des deux pays composant la planète où est ancrée la cité.

    Ici aussi on va découvrir les coutumes et règles de vie, et le moins qu’on puisse dire, c’est que le pays est misogyne. Les femmes n’ont aucun droit. C’est dans ce pays que vivent Leo et Agnes. Leur père est un homme riche, influent, mais aussi cupide, cruel et arrogant qui voue une haine profonde à l’autre pays existant : Pelago. Pourtant, il semble avoir des liens mystérieux avec ce pays.
    Leo n’a pas une personnalité très attractive au début du livre, mais il semble plus blessé qu’autre chose.
    Agnès, elle, a des ambitions que les lois de son pays ne lui permettent pas d’assouvir. Et son père n’a aucunement l’intention de lui faciliter la tâche.

    Le destin de ces trois jeune gens va être lié quand Sera, au lieu de mourir pour sa cité, survie à sa chute et est capturée pour le compte de Xavier, le père d’Agnès et Leo.

    En étant sur une planète, les pouvoirs de Sera vont révéler d’autres facettes que celles qu’elle connaissait déjà.

    Mais comme elle n’a pas de mode d’emploi, elle tâtonne un peu.

    Dans ce premier tome, si on en apprend pas mal sur la cité des céruléennes et sur Kaolin, on ne sait pas grand-chose sur Pelago. J’ai hâte d’en apprendre plus dans le prochain tome pour voir à quel point leur manière de vivre est différente de celle de leurs voisins.

    Il y a beaucoup de questions qui restent en suspens, comme ce qu’il se passe exactement sur la cité du ciel, comment est Pelage, qui est la mystérieuse grand-mère de Leo et Agnès que tout le monde semble redouter, si Agnès va réaliser ses rêves, si Leo va trouver sa voie, si Sera va retrouver les siens… Comme je l’ai dit : j’ai beaucoup de questions…

    J’avais déjà beaucoup aimé « Le joyau » du même auteur et je trouve qu’elle a créé ici un univers tout aussi riche et original, et je suis vraiment impatiente de découvrir la suite !

     

    Un extrait : Nous sommes les Céruléennes. Notre sang est magique.

    Les mères de Sera le lui répétaient depuis sa naissance. Elles le lui enseignèrent avant même qu’elle ne parle, ne pense par elle-même ou ne comprenne ce que ça signifie. Toutes les enfants céruléennes savaient que la magie coulait dans leurs veines ; que leur sang possédait des vertus curatives et qu’il créait entre elles une connexion des plus intimes.

    Aujourd’hui toutefois, cette magie n’était d’aucun secours à Sera.

    Dans le bois nébuleux, il faisait froid ; c’était le seul endroit de la Cité du Ciel où l’air n’était pas parfaitement tempéré. L’herbe craquela sous ses pieds nus lorsqu’elle se pencha pour saisir une poignée de filaments de nuage accrochés aux feuilles noires d’un arbre nébuleux. Des filaments aussi fins qu’une toile d’araignée. Les cheveux d’ange lui échappèrent des mains pour aller se fixer sur une feuille plus en hauteur, hors de sa portée.

    - Zut !

    Deux filles proches d’elle poussèrent un petit cri de surprise. Koreen lui décocha un regard perspicace. Rejetant sa chevelure bleu vif dans son dos, elle enroula son nuage jusqu’à former un fil des plus délicats, comme pour montrer l’exemple à Sera. Celle-ci baissa les yeux sur sa robe en fils de nuage, celle que sa mère céladon lui avait confectionnée ; elle sut qu’elle n’arriverait jamais à tisser assez de nuages pour s’en fabriquer une elle-même.

    - Ne cherche pas à les attraper, lui conseilla Leela, qui quitta son métier à tisser où elle avait déjà réuni une épaisse bobine de fil prête à être convertie en tissu. Laisse-les venir à toi.

    - Facile à dire pour toi, rétorqua Sera. Voilà trois semaines qu’on travaille dans ce bois et je n’ai fait aucun progrès.

    - On passera bientôt aux mines de gemmes d’étoiles, répondit Leela. Peut-être que tu y trouveras ta vocation.

    Leela était la meilleure amie de Sera. Sa seule amie, à vrai dire. Sa fougue, ses emportements incontrôlables et ses questions incessantes n’avaient pas l’air de la déranger. Pas plus que ses accès de rire frénétiques qui effrayaient même les oiseaux dans la volière.

    Leela la regarda, pleine d’espoir. Sera ne put se résoudre à lui dire qu’elle ne se croyait pas taillée non plus pour la chasse aux pierres précieuses. Elle ignorait quel rôle lui était destiné dans la Cité. Et bientôt, elle allait avoir dix-huit ans, elle deviendrait adulte. Elle craignait que la grande prêtresse ne lui attribue par défaut une place de novice au temple. C’était bien le dernier endroit au monde où Sera s’imaginait. Elle adorait Mère Soleil, évidemment, toutefois elle ne voyait pas l’intérêt de passer ses journées à chanter des cantiques en son honneur et à nettoyer le temple.

     

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  • [Livre] Après la fin

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    Résumé : Tiphaine et Sylvain vivent ensemble depuis presque 20 ans. Ils ont connu des moments merveilleux et ont surmonté main dans la main des épreuves difficiles. Comme tant d’autres époux… Aujourd’hui leur couple bat de l’aile et élever Milo, leur fils de 15 ans, n’est pas une partie de plaisir. Une situation qui pourrait être très classique… Si Milo n’était pas leur fils adoptif. Si Milo n’était pas le fils de leur ancien voisin David qui s’est suicidé dans sa propre maison. Si Milo n’était pas le meilleur ami de Maxime, leur fils, décédé brutalement à l’âge de 7 ans. Si Milo n’avait pas hérité de la maison de son père dans laquelle vit désormais la nouvelle famille recomposée. Et si une nouvelle voisine n’était pas venue s’installer précisément dans leur ancienne maison, de l’autre côté de la haie, avec un petit garçon de 7 ans…


    Auteur : Barbara Abel

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 09 Avril 2015

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : L’histoire prend place 8 ans après les événements de « derrière la haine ». Tiphaine et Sylvain, tuteurs légaux de Milo, aujourd’hui âgé de 15 ans, se sont installés dans la maison dont a hérité ce dernier, puisque eux-mêmes n’étaient que locataires de la maison voisine. Aujourd’hui, leur ancienne maison va de nouveau être occupée. C’est Nora, jeune quadra récemment séparée de son avocat de mari, qui s’installe avec ses deux enfants, parmi lesquels Nassim, petit garçon de 7 ans, exactement l’âge de l’enfant qu’on perdu Laetitia et Sylvain et qui, par un hasard cruel, va s’installer dans la même chambre.
    Comme souvent dans les romans de Barbara Abel, je n’ai trouvé quasiment aucun personnage attachant. Ines et Nassim sont mignons mais m’ont laissé plutôt indifférente, Tiphaine est horrible à tout point de vue, Sylvain est un faible, le mari ne Nora est un pervers narcissique, Nora, je l’aimais bien jusqu’à une décision qui est juste inadmissible. Milo est finalement celui qui est le plus attachant. Le jeune homme est hostile envers tous, mais on finit par en connaitre la raison et on ne peut qu’avoir de l’empathie pour lui.
    Le livre a été un coup de cœur à la hauteur de celui ressenti pour le premier volet. Il peut éventuellement être lu seul, car l’auteur dispense régulièrement des rappels des précédents évènements, mais honnêtement, ce serait bête de passer à côté du premier livre.
    Le côté malsain de Tiphaine est encore plus développé que dans « derrière la haine », peut-être parce que, suite à ses actes laissés sans conséquences, elle se sent toute puissante est n’a donc plus aucune barrière à sa folie.
    Comme toujours dans les livres de Barbara Abel, on se demande jusqu’où la perversité des personnages peut aller sans qu’aucune conséquence ne vienne les foudroyer en plein vol. Clairement, pour Tiphaine, j’ai eu l’impression d’un monstre mythologique que rien ni personne ne peut arrêter.
    A chaque page, je me disais, là c’est la bonne, elle va commettre une erreur et elle va devoir rendre des comptes. Mais à chaque fois, d’une pirouette, elle semblait réussir à se poser en victime.
    Plus on avance dans le livre, plus la tension devient insoutenable et l’auteur ne nous fait pas l’aumône d’un trait d’humour pour détendre l’atmosphère. On tourne les pages de plus en plus vite, tant pour savoir ce qu’il va se passer, que dans l’espoir de voir cette tension enfin s’apaiser.
    Au final, si cette suite est aussi bien tournée que le premier tome, je l’ai trouvé aussi plus sombre, plus pesante.
    Dans tous les cas, je continue à être une grande fan de Barbara Abel et j’ai déjà un autre de ses livres en ligne de mire !

     

    Un extrait : Un lundi soir comme tant d’autres. Au commissariat central d’une petite ville de banlieue, pas loin de Paris, Didier Parmentier, l’agent de permanence, feuillette son journal. La soirée est calme, à peine une plainte pour tapage nocturne – alors qu’il n’est même pas 22 heures –, une déclaration de perte de portefeuille et un début de bagarre dans un bistrot des environs. Encore une longue nuit qui se profile, avec pour seuls compagnons le crépitement de la centrale radio et les quelques allées et venues des collègues en patrouille… Pas grave, Didier a prévu le coup. Il referme le journal et allume son iPad sur lequel il entame une partie de solitaire. Histoire de se mettre en forme. Ensuite, il passera aux choses sérieuses : Tetris, Max Awesome et Angry Birds Friends. Se connectera sûrement sur Facebook pour voir les news et bavarder en discussion instantanée avec un contact virtuel ou un ami réel.

    La sonnerie du téléphone le fait sursauter. Il détourne aussitôt les yeux de la tablette et s’empare du combiné.

    — Commissariat de police, j’écoute !

    À l’autre bout de la ligne, une voix de femme, ou plutôt un souffle, entre anhélation et chuchotement. Ton oppressé, débit saccadé.

    — S’il vous plaît, venez vite ! J’ai entendu du bruit en bas et…, commence-t-elle à la seconde où Didier achève sa formule d’introduction.

    Elle s’interrompt, le tourment aux aguets, comme à l’écoute d’une menace. La voix paraît réellement paniquée. Un murmure asphyxié par l’angoisse. Un hoquet de terreur. Semble vouloir se faire aussi discrète que possible, craignant d’être repérée. Et derrière le timbre glacé de la frayeur, il y a la respiration : courte, serrée, affolée.

    Didier perçoit l’urgence du besoin, celui d’être entendue d’abord, comprise ensuite, rassurée enfin.

    — Je vous écoute, madame. De quoi s’agit-il ?

    — Il faut venir, maintenant, tout de suite ! Il y a du bruit au rez-de-chaussée, quelqu’un est entré chez moi et… je suis presque certaine que c’est ma voisine…

    — Votre voisine ? Vous avez des problèmes de voisinage ?

    — S’il vous plaît, ne me laissez pas seule ! Elle… Elle est entrée par le jardin, je crois… Par la porte-fenêtre… Elle me déteste ! Elle m’a déjà menacée plusieurs fois… Je pense qu’elle veut se débarrasser de moi !

    — Restez calme, madame, nous arrivons tout de suite. Donnez-moi votre nom et votre adresse.

    La voix énonce ses coordonnées complètes, manquant céder à la panique lorsque Didier lui demande d’épeler son nom de famille. Le policier l’exhorte au calme, tente de la rassurer, lui promet qu’une patrouille sera rapidement sur les lieux.

    — Dépêchez-vous, je vous en supplie ! Et si je ne vous ouvre pas, défoncez la porte ! ajoute-t-elle dans un souffle.

    Didier s’apprête à lui proposer de rester en ligne jusqu’à l’arrivée de ses confrères, quand la communication est brutalement interrompue. Alors, sans perdre un instant, il communique par radio toutes les informations nécessaires pour agir au plus vite.

    — Motif de l’appel ? lui demande son collègue en ligne.

    — Problème de voisinage. Ça a l’air sérieux.

     

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  • [Livre] Le roi des fauves

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    Résumé : Poussés par une famine sans précédent, trois amis, Kaya, Ivar et Oswald, prennent le risque de braconner sur les terres de leur seigneur, mais son fils les surprend. Au terme d’une lutte acharnée, ils laissent le noble pour mort. Capturés et jugés pour tentative de meurtre, les trois amis sont condamnés à ingérer un parasite qui va les transformer en « berserkirs ». Au bout de sept jours de lente métamorphose, ils seront devenus des hommes-bêtes, et leur raison s’abîmera dans une rage inextinguible. Le temps de cette transformation, ils sont enfermés dans Hadarfell, un ancien royaume abandonné, dont le passé et l’histoire ont été engloutis par le temps…


    Auteur : Aurélie Wellenstein

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 09 Mars 2017

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Le roi des fauves est le premier livre que je lis de cet auteur. Et pour un coup d’essai, c’est un coup de maître.
    J’ai vraiment eu un coup de cœur pour l’écriture d’Aurélie Wellenstein. L’univers du roi des fauves est sombre, violent et angoissant. On est dans un monde médiéval, nordique voire viking si on en croit les termes assez spécifiques de Jarl, walkyries ou encore berzerkirs qui semble être tiré de Berserk (fou furieux en néerlandais). Les prénoms (Ivar, Oswald, Hilde…) renforcent cette idée de vikings. La population meurt de faim tandis que les jarls et les hauts-rois vivent dans l’aisance.
    Kaya, jeune couturière, convainc ses amis Oswald, herboriste, et Ivar, apprenti forgeron, de se glisser dans les bois appartenant au Jarl pour y dénicher un peu de gibier.
    Repéré et poursuivi par le jeune Jarl, ils sont, après une course poursuite à l’issue tragique, arrêté et emmené à la capitale pour être jugés.
    Là, le Jarl, un homme d’une cruauté exceptionnelle pour quelqu’un d’aussi jeune, décide d’épargner leur vie, non pas dans un acte de bonté, mais pour s’assurer que leurs souffrances soient plus vives, plus longues. Il décide qu’ils seront transformés en Berzekirs, ces créatures mi-hommes, mi-animaux, qui sont investis en permanence d’une rage dévastatrice, et maintenus sous contrôle grâce à la magie runique.
    La transformation dure approximativement 7 jours. C’est donc le délai qu’il reste à Ivar, Kaya et Oswald pour trouver le mystérieux roi des fauves, qui leur a promis, dans une vision, de les aider à surmonter le destin qu’on leur impose.
    Un long voyage doublé d’une course contre la montre commence alors. Les dangers sont multiples dans le sombre royaume des berzerkirs : il y a de nombreuses bêtes féroces qui vivent là, la faim, la soif, le froid, mais surtout, il y a ce changement inéluctable qui se produit en eux, lentement, insidieusement.
    C’est cette lutte contre eux même qui est le plus intéressant des aspects de ce livre. Aurélie Wellenstein la décrit avec beaucoup de finesse. La transformation de leur esprit est encore plus importante que celle du corps, mais si celle-ci reste impressionnante.
    J’ai beaucoup aimé Ivar, qui se bat avec une incroyable maitrise contre ces changements qu’il refuse, et Oswald et Hilde, même si elle a un rôle plus secondaire, qui sont plus doux, plus humains au sens figuré du terme. En revanche, j’ai eu beaucoup plus de ma avec Kaya. Certes je comprends qu’elle ressente toute l’injustice de la situation, mais j’ai trouvé qu’elle avait tendance à en vouloir aux autres en oubliant ses propres responsabilités. Elle est dure, inutilement méchante, et je pense que la forme animale que prend le berzerkir est révélateur du caractère de la personne. Bref, je ne l’ai pas aimée.
    J’ai passé un excellent moment avec ce roman, j’ai dû me forcer à le poser pour dormir, et je me suis replongée dedans à peine réveillée. J’ai deux autres de ses livres dans ma PAL, et j’ai hâte de me plonger dedans en espérant aimer autant !

     

    Un extrait : L’aube grisaillait à l’horizon quand Ivar quitta la forge. Soufflant dans son col pour se réchauffer, il s’engouffra dans les étroites ruelles du village. À cette heure, la grande majorité du bourg dormait encore et le jeune homme comptait sortir sans être vu. Par sécurité, il rasait les murs, son arc et ses flèches dissimulés sous son manteau. Il se demandait si ses amis avaient réussi à trouver le sommeil. Lui avait tourné et retourné leur projet insensé dans sa tête durant toute la nuit. Quand il s’était finalement levé, il était résolu à prévenir son père, mais bien sûr, il n’en avait rien fait. Il n’avait même pas eu le courage de réveiller le forgeron. Le pauvre homme était endormi devant la table vide de leur salle à manger, la tête sur les bras. À ce stade, l’accabler d’un fardeau supplémentaire relevait de la cruauté…

    Le jeune homme soupira et enfonça ses poings dans ses poches. Il devait avoir l’air si préoccupé qu’il se réjouit d’être seul, son expression noyée dans l’ombre ardoise des murs. Devant ses amis tout à l’heure, il lui faudrait faire meilleure figure.

    Ivar ralentit brièvement devant la boutique de l’herboriste, mais ne trouva personne. Oswald était déjà parti ou bien il se terrait chez lui. Le jeune homme allongea de nouveau l’allure. Un peu d’agacement colorait sa nervosité. Pourquoi s’entêtait-il à vouloir mêler son père à son dilemme ? Ce soir, il le mettrait devant le fait accompli, et voilà tout. À dix-sept ans, il était grand temps qu’il prenne ses responsabilités. Son père l’avait protégé et nourri jusqu’alors ; c’était à son tour à présent.

    Tout à ses pensées, il tourna trop rapidement l’angle de la rue et déboucha sur la place du marché : une poignée d’artisans relevaient déjà les volets de leurs boutiques. Ivar ne put s’empêcher d’effleurer la petite bosse que formait l’arc derrière son épaule. Il avait l’impression qu’un seul coup d’œil le trahirait.

    Allez, avance, s’ordonna-t-il.

    Il fit le premier pas, le plus difficile, et les autres suivirent. Il traversa la place, le dos droit, l’air dégagé. Les artisans lui jetèrent à peine un regard, ce qui bizarrement lui causa une déception trouble, comme si une partie de lui-même souhaitait être arrêtée. Mais était-ce si étrange ? Ne valait-il pas mieux se faire sermonner maintenant que condamner pour vol dans quelques heures ? Il rentrerait chez lui et redeviendrait ce qu’il était : un simple apprenti forgeron et non un braconnier se faufilant sur les terres du Jarl pour lui ravir du gibier…

     

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