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Jeunesse - Page 11

  • [Livre] L'écrivain abominable

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

     

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    Résumé : Manolo, allergique à la lecture, redoute la venue à l'école de Roland Dale, célèbre auteur pour la jeunesse invité par la maîtresse. A peine arrivé, Dale capture les enfants grâce à un sort. Epargnés, le garçon et son amie Joanna partent secourir leurs amis enfermés dans le manoir de l'écrivain qui tente de leur voler leur imagination

     

    Auteur : Anne-Gaëlle Balpe

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : jeunesse

     

    Date de parution : 05 avril 2017

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce livre que les enfants pourront qualifier de « qui fait peur, mais pas trop ».
    J’ai retrouvé avec plaisir les bonus de la collection pépix, bien qu’ils soient ici un peu moins nombreux que dans les autres livres de la collection, en appréciant particulièrement la carte du manoir, qui permet aux enfants de se situer à la fois dans l’histoire et dans leur lecture, et la page expliquant les différences existant entre un phoque et une otarie.
    Concernant l’histoire en elle-même, je pense que beaucoup d’adultes auront le sourire en découvrant le nom de l’auteur qui doit visiter la classe de Manolo : Roland Dale. Difficile, en effet, de ne pas faire le rapprochement avec Roald Dahl (qui sera lui aussi cité dans le texte).
    Manolo est complètement réfractaire à l’enseignement traditionnel (et on ne peut que le comprendre) et aux livres. Comme lui, j’ai trouvé ridicule d’obliger les élèves à poser chacun une question à l’auteur : déjà, c’est le meilleur moyen pour braquer les plus récalcitrant (parler en public n’est pas facile pour tout le monde) et ensuite la rencontre perd de sa spontanéité.
    Manolo est très débrouillard même s’il manque un peu de finesse et de patience. La relation qu’il a avec Honk, son otarie est très forte ; d’ailleurs celle-ci se comporte avec lui comme un petit chien.
    Dès le début, Manolo, par son agitation, échappe aux phénomènes bizarres qui entourent l’écrivain qui n’a rien de sympathique.
    On suit avec plaisir et intérêt l’avancée du petit groupe qui entoure Manolo dans son avancée à l’intérieur du manoir, véritable labyrinthe dont ils devront comprendre la logique avant de pouvoir se déplacer efficacement.
    Un bon petit roman, mi-aventure, mi-thriller, qui plaira sans aucun doute à tous les petits fonceurs !

    Un extrait : Ca ne faisait pas trois jours que ses parents avaient installé le cirque à Saint-Laurent-sur-Grole, et Manolo n’en pouvait déjà plus. Il en avait super marre.
    Super marre de rester assis dans cette classe.
    Super marre de devoir supporter la voix nasillarde de Madame Gastraud (Ok, pour son nom, le premier jour c’était marrant).
    Super marre de l’imparfait du subjonctif des verbes du premier groupe (qui ne sert à rien, on est d’accord ?)
    Super marre des hommes préhistoriques avec leur peau de bête et leurs dents toutes pourries.
    Et surtout…surtout…
    Super-Archi-marre des divisions posées. C’est bien simple : la seule chose que Manolo avait pigée à ce truc, c’était que ça ressemblait à une potence à laquelle on aurait pendu un quotient. Vous trouvez ça réjouissant ?
    D’autant qu’il suffisait de sortir une calculatrice, et hop, l’affaire était dans le sac, pas la peine d’y passer des semaines !
    En récré, ça n’était pas mieux. Les autres gamins de la classe le traitaient comme un extraterrestre. Ils n’arrêtaient pas de lui poser des questions débiles, du genre :
    - Hé Manolo, y’a une douche dans ta caravane ?
    - Ton père, il enlève son nez rouge pour manger ?
    - On peut avoir une entrée gratuite ?
    - Ta mère, c’est la femme à barbe ?
    C’était comme ça depuis deux jours, et Manolo avait franchement envie de se pendre dans son cahier de maths avec les quotients. Ou alors, de libérer les tigres et de les lâcher dans l’école (ou les lamas, ce qui serait moins grave mais quand même marrant).

  • [Livre] Nils & Zena #2 Le manoir

     

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

    Nils et Zéna, tome 2  Le Manoir.jpg

    Résumé : De leur cabane perchée, Zéna et Nils aperçoivent un incendie qui s'est déclaré dans le quartier. Guidés par Kraï, ils atteignent le départ du feu...

    Ils sont furieux de découvrir que Blaise, un SDF qu'ils connaissent bien, a été accusé sans preuve d'être l'incendiaire. Blaise est innocent, ils en sont certains. Il faut le dédouaner !

     

    Auteur : Sylvie Deshors

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 03 Mars 2017

     

    Prix moyen :

     

    Mon avis : On retrouve Nils, Zena et bien sûr Krai pour la suite de leurs aventures.
    Petit bémol, d’entrée, le quatrième de couverture est, à mon sens, trompeur.

    En effet, il nous promet une sorte de combat pour innocenter Blaise, le SDF du quartier, alors qu’il n’en est rien.
    Nils et Zena vont bien aider quelqu’un, mais il ne s’agit pas de Blaise.
    Cette fois, c’est Nils qui les lance dans l’aventure. Quand il voit qu’un feu s’est déclaré et qu’il vient du côté du collège, il veut s’assurer que sa précieuse salle informatique n’est pas en danger. Zena, certaine que le collège n’a rien, le suit quand même. C’est toujours mieux que de rester à traîner seule dans leur cabane.
    Kraï va encore accumuler les misères dans ce tome. J’ai trouvé Zena d’une hypocrisie sans nom. En effet, elle s’énerve contre une personne, l’accusant de ne pas prendre soin de son animal de compagnie, mais oublie que Kraï est sans arrêt blessé par sa faute.
    Dans ce tome, sans surprise, je l’ai trouvé énervante, oscillant sans arrêt entre arrogance et témérité. Je n’avais qu’une envie : lui coller une paire de baffe pour lui remettre le cerveau en place.
    Là, elle franchit un nouveau cap en se montrant très agressive, sans aucune raison, avec un personnage qu’elle juge interférer dans sa relation avec Nils.
    Un brin de jalousie peut se comprendre, mais là son attitude est vraiment pathétique. Je comprends pourquoi, à par Nils, personne n’a d’affinité avec elle, quand on voit comment elle parle aux gens qu’elle juge inférieurs à elle (soit quasiment tout le monde).
    Les ados vont se retrouver de nouveau nez à nez avec le commandeur qui trafique on ne sait quoi mais qui est de plus en plus louche et détestable. D’ailleurs j’attends avec impatience de le voir tomber (parce que c’est un roman jeunesse et que je refuse de seulement imaginer qu’il pourrait tirer son épingle du jeu).
    Je me demande qui est vraiment cet homme pour avoir un tel pouvoir et pour agir ainsi en toute impunité ou presque.
    Encore une aventure haletante qui laisse pas mal de questions en suspens. Vivement le tome 3 pour avoir le fin mot de l’histoire !

    Un extrait : Au milieu de l’impasse Beauséjour, le cerisier flamboie sur le ciel gris d’automne. Nils s’arrête, lève la tête pour mieux l’admirer. La belle cabane perchée, cachée au cœur du vieil arbre, est à peine visible. Ils l’ont construite avec Zena, et rien que d’y penser, son cœur bat plus vite. Là-haut, toutes les aventures sont possibles, toutes…
    Un sifflement éraillé coupe court à sa rêverie. C’est Zena qui appelle Kraï, son corbeau.
    D’un bref coup d’œil, Nils vérifie que personne ne le voit s’engager dans la haie qui clôture le jardin du pavillon de Zena – les lauriers, entre leurs feuilles épaisses et caduques, dissimulent toute l’année le passage secret qui mène à la cabane perchée.
    A la sortie, il tombe sur Kraï, qui agite ses ailes à deux centimètres de son nez. Apparemment, il dérange monsieur ! Ce n’est pas la première fois que Nils rêve d’un matin sans corbeau… En courant vers le cerisier, il appelle :
    - Zena, tu es là ?
    Sans attendre la réponse, il saisit la corde, grimpe lestement sur la plate-forme. A peine y a-t-il posé le pied que Zena, surexcitée, le tire vers l’ouverture – celle qu’ils ont taillée dans les branches :

    - Regarde ça ! Là-bas !! C’est le collège qui brûle !
    - Sacré incendie… Tu es sûre que ça se passe au collège ?
    Son amie hausse les épaules avec mépris.

    - Evidemment.
    Elle se détourne. Ses tresses noires en pagaille la font ressembler à son corbeau, tout comme son pull en dentelle de laine noire, avec ses manches longues et évasées. Même ses collants rayés gris et noirs, qui sortent d’un pantalon de jogging bordeaux coupé aux genoux, rappellent les pattes de Kraï.
    - Ca te va bien, ce look, murmure Nils. Bien mieux que les Benzine…
    Soudain, il s’affole en observant la colonne de fumée qui s’élève à l’horizon :
    - La salle informatique !
    Zena le regarde paniquer et son rictus s’agrandit presque comme un sourire. Mais Nils ne le remarque même pas. Atterré, il se prend la tête dans les mains et gémit :
    - Oh non… Si les ordis du collège brûlent, je n’aurai plus que celui de ta sœur…
    A cet instant, son amie fait un grand bond en l’air et entame une « danse du scalp » autour de lui :
    - Ha ha ! Je t’ai eu, le geek ! Le collège est beaucoup plus à droite. Tu les retrouveras, tes beaux ordis !
    Nils, la main en visière, scrute l’horizon. Il préférerait être sûr – Zena a une super mémoire visuelle, d’accord, mais de là à situer avec exactitude le point de départ d’un incendie… Son amie a semé le doute dans son esprit.
    - On va vérifier sur place, d’accord ? dit-il

     

     

  • [Livre] Marquise

     

    Je remercie les éditions sarbacane pour cette lecture

     

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    Résumé : UN CASTING

    Une centaine de candidats, huit lauréats

    LEUR RÊVE ?

    Intégrer une société secrète dans un château en Écosse, où une poignée d'élus vivent comme à la cour du Roi Soleil chez le mystérieux "Marquis".

    AU PROGRAMME :

    Séduction, mensonges et manipulations...

    Si Charlotte avait su comment ça finirait... sûr qu'elle n'aurait pas suivi Billy dans cette galère !

     

    Auteur : Joanne Richoux

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 01 mars 2017

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : Au début de ce livre, j’ai été comme Charlotte : dubitative. Puis, comme Charlotte, je me suis laissée prendre au jeu. La ressemblance avec Charlotte s’arrête là, car moi, je ne suis pas redescendue de mon nuage de toute ma lecture !
    D’emblée, la couverture attire l’œil (et pourtant je ne suis pas une folle des couvertures, je suis plus intéressée par le texte). Cette jeune femme, coiffée d’une perruque blanche de l’Ancien Régime, arborant un petit tatouage en fleur de lys, sur ce fond jaune éclatant… Cela donne tout de suite envie de découvrir l’histoire.
    Le style de l’auteur est agréable, j’ai immédiatement plongé dans l’histoire. Alors que souvent, au début d’un livre, j’aime bien, mais je ne suis pas dans une bulle, je suis attentive aux bruits, aux mouvements… Là rien du tout, il aurait pu y avoir une déclaration de guerre que j’en n’aurais rien su !

    J’ai beaucoup aimé le décalage du langage entre les personnages. D’un côté, on a ceux qui font partie des voluptueuses et qui ont un langage très codifié, censé reproduire celui de Versailles, mais qui en réalité sonne plus faux qu’autre chose, parce que, clairement, ils n’ont aucune connaissance historique, et le langage de Charlotte, qui est plus franc, voire parfois carrément argotique ou vulgaire (elle force un peu le trait sur la vulgarité, d’ailleurs, et on sent bien qu’elle veut énerver les personnes qui l’entourent). Le langage de Charlotte montre son refus de se plier aux règles, de rentrer dans le moule.
    Elle est très agacée par tout ce qui se passe au château. D’ailleurs, même si elle ne le relève pas, j’ai trouvé très hypocrite de vouloir reproduire la vie sous le règne de Louis XIV, en copiant certaines choses comme les coiffures extravagantes (d’ailleurs plus à la mode sous le règne de Louis XVI, mais bon) mais de faire porter aux femmes des robes moulantes, fendues, exotiques… au lieu des encombrantes crinolines et des corsets qui coupaient la respiration. On est un peu dans de la reconstitution à la carte !
    Du côté des personnages, il est difficile de se prononcer. Au début, Charlotte a des jugements à l’emporte-pièce : Gloria est une peste, pour rester polie, Giovanni une sorte Gaston de la Belle et la Bête de Disney. Le marquis, on le voit assez peu, mais il n’est guère sympathique. Joshua m’a énervée. Il se montre sympa avec Charlotte, mais il en fait trop. On sent le mec qui ne supporte pas qu’on lui dise non.
    Mais la difficulté pour décrire les personnages est qu’au fil de la lecture, les caractères sont changeants et leurs réactions pas toujours en accord avec ce qu’on aurait imaginé.
    J’ai beaucoup aimé Charlotte, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds mais qui n’est pas exempte de défauts (impatience, un peu trop directe sans penser au fait qu’elle risque de blesser quelqu’un par ses paroles…). Billy, j’ai eu envie de lui mettre des claques. On dirait un gamin capricieux : je veux entrer aux voluptueuses, alors on y va tous les deux ; je veux être en couple avec toi, donc toi aussi tu dois vouloir… c’est plus subtil, mais je le trouve très manipulateur, il joue beaucoup sur l’affectif, à la limite du chantage. Et Charlotte veut tellement qu’il soit bien, qu’elle lui passe un peu trop de choses.
    Au fil de ma lecture je me suis fait une idée de la suite des évènements et même de la fin qui semblait prévisible, mais je me suis faite avoir dans les grandes largeurs ! Je ne m’attendais pas du tout à ça, il a presque fallut que je relise la fin tant j’étais bluffée.
    Le seul (petit, tout petit) bémol que je pourrais avancer, est que la fin est un peu brutale. D’un côté, c’est agréable de s’imaginer ce qu’il peut se passer après la dernière ligne, de réfléchir aux conséquences qu’il pourrait y avoir, mais d’un autre, je me suis sentie un peu frustrée de ne pas avoir de fin tranchée.
    Je ne pense pas qu’il pourrait y avoir une suite, mais sait-on jamais !!!

    Un extrait : A chaque fois qu’il ouvrait la bouche, la blancheur criarde de ses dents irradiait son gigantesque mono-sourcil. Ce jeu de réverbération m’évitait de me focaliser sur la protubérance qui lui trônait au milieu de la face. Raide et longiligne, sa truffe semblait agitée de spasmes de plaisir quand elle reniflait mon trac. Et elle avait de quoi se régaler : mains moites, gorge sèche, pouls déchaîné…je n’étais plus qu’une liste de symptôme rougissants. Les deux femmes qui entouraient mon interlocuteur me faisaient moins d’effet. L’une était fascinée par son stylo, l’autre par sa manucure. Tant mieux.
    Comment je m’étais retrouvée là, au juste ?
    Les quinze jours précédents n’avaient été qu’une ronde d’alcool et de tourisme. On ne s’était rien refusé : la Tour Eiffel, le pont des Arts, le Louvre, Notre Dame, le Père Lachaise, Pigalle... A ce train là, nos économies auraient vite fait d’y passer. Billy semblait oublier qu’on était censés payer notre tribut à la réalité – cette pouffiasse. Il se voyait déjà mener la belle vie dans un château. Moi, je me souvenais qu’on avait surtout intérêt à trouver du boulot. N’importe quoi. Pour après.
    En attendant de pouvoir reprendre mes distributions de CV, j’étais donc là, plantée devant trois magistrats de la valeur humaine, à tenter d’expliquer pourquoi moi – Charlotte-l’orpheline-au-grand-cœur – je méritais ma place dans la communauté des Voluptueuses. Putain de Billy ! Suite à l’envoi des dossiers de candidature, on avait reçu deux lettres – parfumées au jasmin – qui nous invitaient à nous présenter à une audition, le samedi suivant.
    A notre arrivée, une secrétaire nous avait donné une étiquette avec un numéro à scotcher sur notre poitrine. Puis on avait signé des contrats de confidentialité.

    « Je suis le numéro 3329G et je m’engage à ne pas divulguer ou communiquer à des tiers, par quelque moyen que ce soit, les informations qui me seront transmises par la Partie Emettrice. »

    Depuis, on poireautait.

     

  • [Livre] Nils & Zena #1 L'homme au cigare

     

    Je remercie les éditions sarbacane pour cette lecture

    Nils et Zéna, tome 1 L'homme au cigare.jpg

    Résumé : Après une journée à jouer aux cartes dans la cabane perchée qui domine leur cité, Nils et Zéna sans oublier Kraï partent en expédition dans un hangar à l'abandon, au fond de l'impasse.
    Ils découvrent, caché dans le sous-sol, un stock de vêtements Benzine, marque très prisée par les jeunes ; ça sent la contrebande...

     

    Auteur : Sylvie Deshors

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 01 mars 2017

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : Avec ce roman, on découvre non seulement une nouvelle histoire mais aussi une nouvelle collection sarbacane avec Pepix noir, destinée aux 11 – 14 ans. Cette nouvelle collection me semble être tout à fait ce qu’il manquait pour cette tranche d’âge un peu entre deux eaux, où on devient trop grand pour les pepix mais où on manque encore peut être un peu de maturité pour s’attaquer à la collection Exprim’ (Et c’est ça qui génial avec les livres, c’est qu’ils attendent patiemment qu’on ait l’âge, la maturité ou parfois même seulement l’état d’esprit pour les lire).
    J’ai trouvé qu’on avait ici une écriture moins élaborée que dans les Exprim’, avec des phrases plus simples, mais qui aborde des sujets plus sérieux que les pepix.
    Ici, le sujet est celui de la contrebande, mais aussi des voyous de quartiers qui font la loi et semblent agir en toute impunité, se croyant tout puissant alors qu’ils ne sont que du menu fretin, manipulés par un réseau autrement plus important qu’eux.
    J’ai beaucoup aimé le style de l’auteur qui va droit au but et qui n’alourdit pas le texte avec des descriptions qui n’en finissent pas. Ici, elles sont limitées au strict nécessaire pour planter le décor qui va appuyer l’histoire. A l’imagination des lecteurs d’ajouter les détails.
    Lorsque j’ai lu la description du livre, je craignais que les illustrations de style manga ne soient trop présentes, mais non, elles sont bien dosées, en plus d’être bien réalisées et éveille l’intérêt sans pour autant éclipser le texte.
    26BGMRNcb5ipUtdT2.gifDu coté des personnages, j’ai beaucoup aimé Nils. Il n’hésite pas une seconde à aider et à protéger Zena, même lorsqu’il la désapprouve. Il n’est pas téméraire de lui-même, il a l’air plutôt sérieux et responsable.

     

     

     

     

     

    J’ai aussi beaucoup aimé Kraï qui a un satané caractère et comprend bien plus de xTiN0AbvWJ7cJMw1xu.gifchose que ne le devrait un corbeau.

    J’ai eu plus de mal avec Zena que j’ai trouvée arrogante et inconsciente. Elle agit sur des coups de tête, sans réfléchir aux conséquences de ses actes et en entrainant Nils dans ses embrouilles, n’hésitant pas à le faire culpabiliser pour qu’il cède à ses caprices. Le pire est que quand les choses tournent vinaigre, elle n’est pas plus tôt sortie des ennuis qu’elle y replonge aussitôt…

    Quant à l’homme au cigare et au commandeur, on ne sait pas grand-chose d’eux à part que ce sont des malfrats et qu’ils sont détestables.

    La fin du livre clôt l’histoire principale du tome 1 tout en titillant la curiosité au sujet d’un personnage énigmatique : le commandeur.
    On ne peut qu’avoir envie de continuer la série pour en savoir plus sur lui et sur son mystérieux manoir !

    Un extrait : Le pavillon de Zena ne se distingue pas des autres alignés de chaque côté de l’impasse Beauséjour ; comme eux, il est décrépi et entouré d’un jardin. Ce soir, la grande barre d’immeuble qui le domine paraît encore plus grise et triste que d’habitude. Emportés par le vent, les stores frappent et claquent les façades.
    Nils jette un coup d’œil blasé sur la fenêtre de la chambre qu’il partage avec ses frères, au 13ème étage de la barre d’immeuble. Avant, songe-t-il, au lieu que les appartements soient empilés comme des cartons, on construisait des quartiers à plat en y plantant des arbres…

    Il suit Zena à l’intérieur du pavillon :

    - J’allume un feu ?

    - Plus de bois, répond Zena, laconique.

    Nils lorgne avec regret la cheminée éteinte. Dans le jardin, la tempête explose. Il insiste :

    - Et le tas derrière l’atelier de ton père ? Y en a plein !

    - Si tu y touches, tu finiras découpé à la scie électrique.

    - Je préférerais la tronçonneuse, c’est plus rapide !

    - Mon père ne te laissera pas le choix. Tu ne pourras plus mettre les pieds ici, plus question de piquer l’ordi de ma sœur et …

    - Stop ! Parle pas de malheur.
    Zena hausse les épaules :

    - Je sais où trouver des bûches.

    - Génial ! Où ?

    - Au fond de l’impasse, dans le sous-sol du vieil entrepôt.

    A l’entrée de l’impasse, un imposant Manoir tarabiscoté se dresse sur le boulevard – mais à l’autre bout, il n’y a rien qu’une vieille usine délabrée, et le terrain vague qui longe le canal.

    - L’entrepôt ? Il est fermé par une grosse chaîne.
    - Et un cadenas à chiffres, je sais. Je les ai vus.

    Zena plisse les yeux :

    - Je ne suis pas idiote. Mais c’est plein de bois sec, et on peut y accéder. Treize rangées de bûches débitées à la même longueur nous attendent sagement, bien visibles par le soupirail ouvert. Ma main à couper qu’il y en a autant d’empilés dans l’ombre.
    Nils sait qu’il peut se fier à l’exceptionnelle mémoire photographique de Zena. Ce qui réduit les risques.

    - D’accord, on y va. On prend la remorque ?

    - Tu veux les porter sur ton dos, peut-être ?

     

     

  • [Livre] Rien ni personne

     

    Je remercie les éditions sarbacane pour cette lecture

     

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    Résumé : La vieille dame semble avoir poussé comme un champignon. Quand Jeanne la trouve dans la forêt, elle ne réagit pas. Rien. Pas un mot.
    Jeanne finit par la recueillir, mais pour un temps seulement.
    Elle a ses propres problèmes. En fuite, elle vise la lointaine Thaïlande, où elle espère exercer ses talents de boxeuse thaï.
     
    Au fil des jours, Jeanne se familiarise avec sa pensionnaire, qu’elle baptise « Al » - comme Alzheimer. Peu à peu, leurs solitudes se rencontrent.
    Mais le passé n’a pas fini de les poursuivre…

     

    Auteur : Lorris Murail

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 01 février 2017

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Je ne ressors pas de ma lecture aussi enthousiaste que d’habitude quand je fini un roman sarbacane de la collection exprim’.
    La plupart du temps, quelle que soit la gravité du sujet de fond traité dans le roman, il y a du rythme et, très souvent, beaucoup d’humour.
    Il est vrai que le sujet traité, la maladie d’Alzheimer, n’est pas facile à aborder dans un roman jeunesse, mais, Severine Vidal l’a déjà fait avec brio, rythme et beaucoup d’humour et de tendresse dans « 
    Quelqu’un qu’on aime ».
    Ici, même si j’ai bien aimé le roman, j’ai regretté la lenteur qui s’en dégage. On a quasiment un monologue entrecoupé de recherches guère passionnantes.
    Je n’ai pas réussi à m’attacher à l’héroïne, Jeanne, que j’ai trouvée agressive et incapable de prendre la moindre responsabilité de ses actes. Quant à Al, même si elle est touchante, elle n’a pas assez de présence pour devenir attachante. La fin, du coup, m’a laissé de marbre : difficile de ressentir des émotions quand les personnages laissent indifférent.
    L’écriture est pourtant agréable en elle-même et pas un instant je n’ai envisagé l’idée d’abandonné le livre, mais, contrairement à d’autres, je n’ai pas eu trop de mal à le mettre en pause quand j’avais d’autres choses à faire.
    C’est donc avec un avis en demi-teinte que je termine ma lecture. D’un coté, ce n’est pas un livre que j’aurais envie de relire, mais ce n’est pas non plus un livre que je déconseille.
    Il est tellement sur le fil que je pense vraiment qu’il peut plaire ou déplaire selon la sensibilité du lecteur, voire le moment où il est lu par un même lecteur. Peut être que je l’aurais plus apprécié si je l’avais lu à un autre moment.

    Un extrait : Les gens du pays disaient les bois, pas la forêt. Les forêts sont plus vastes, elles sont parfois impénétrables. Avec ses puits d’ombre et ses lumières suspendues, celle-ci aurait pourtant fourni un bon repaire aux fées, aux enchanteurs et aux lutins. Jeanne s’y trouvait bien et son dragon sans doute s’y promenait à son aise. La jeune fille portait l’animal fabuleux à gauche, de l’épaule à la saignée du bras. Noir et jaune, avec une queue d’écailles en tire-bouchon.
    Elle n’avait pas poussé le moindre gémissement, pas un. Toutes les trois minutes, Elric levait les aiguilles de son dermographe et lui demandait ça va ou bien je te fais pas trop mal ? Il lui arrivait de prévenir ça risque de piquer un peu. Au bout d’une heure de travail, Elric avait posé son instrument et annoncé une pause. Son torse en forme de barrique, que se disputaient un tigre et les hautes herbes d’une jungle, luisait de sueur. Le tatoueur était fatigué par l’effort. Jeanne avait souri, sans montrer son impatience. Elle avait écouté Elric lui expliquer qu’il fallait laisser les endorphines se refaire une santé, sinon le tatoué commençait à sentir la douleur. Il avait dit j’ai l’air d’un monstre pervers mais j’essaie quand même de ne pas trop faire souffrir les clients, je tiens à ce qu’ils reviennent. Jeanne lui avait certifié que non, il ne lui faisait pas mal.
    La séance avait duré près de trois heures et Jeanne n’avait donc ni gémi ni frémi. Comme Elric s’en étonnait, limite vexé, elle lui avait dit tu aurait pu me le coudre, mon dragon, que j’aurais pas moufté. T’as bien choisi, avait répondu Elric, c’est toi le monstre finalement, t’as une peau de dragon, gamine, et peut-être pas que la peau. Puis il avait ajouté, à propos, j’ai l’impression qu’il lui manque quelque chose, une belle langue de feu, tu vois, ç’aurait été bien mais j’ai plus la place, si je te la fais ça va partir sous l’aisselle. Jeanne avait répliqué t’as qu’à la mettre ailleurs. Elle lui désignait sa cheville. Pas aujourd’hui, la peau est fine à cet endroit-là, comme t’es en manque d’endorphine au bout de trois heures, tu sauterais au plafond. Jeanne se moquait des endorphines, elle voulait en finir.

     

     

  • [Livre] Cœur de Brindille

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    Résumé : Été 1975, Cité des Biscottes, dans le Nord de la France. Lolita dite Brindille, une adolescente de 15 ans, vit seule avec sa mère, alcoolique notoire. En vraie « fleur de béton », Brindille ne rêve que de partir – d’abord et avant tout, pour revoir son frère aîné Angelo, incarcéré à Marseille.

    C’est à l’occasion d’une rencontre foudroyante avec un jeune jongleur travaillant dans un cirque tzigane qu’elle concrétise ce désir… au grand désarroi de son professeur de lycée, très attaché à cette élève atypique qui va se lancer à sa poursuite. Mais Lolita laisse peu de traces ; lancée sur les routes avec le cirque, elle apprend le métier, change d’identité, s’adapte aux péripéties en suivant son instinct, toujours. En cargo, à pied ou sur la selle d’un scooter, elle ira jusqu’au bout de son aventure…

    … par le chemin où naissent les légendes !

     

    Auteur : Yves-Marie Robin

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 10 juin 2015

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : Dès le début de ce livre, j’ai eu du mal à me représenter Brindille, pour une raison toute bête : la couverture. En effet, sur la couverture, on voit une jolie brunette, qu’on identifie logiquement comme étant Brindille, puis dans la description de l’adolescente, on entend parler de crête iroquoise turquoise… Et bien j’ai beau ne jamais juger un livre sur sa couverture, pour moi Brindille, c’était cette brunette, et je n’ai pas réussi à la rattacher à cette description. C’est un peu comme si la couverture d’Harry Potter montrait un ado genre surfeur californien, musclé avec de longs cheveux blonds alors que le personnage est décrit comme petit brun ébouriffé clairement mal nourri.
    Comme quoi le choix de la couverture reste quand même important. Sur ce coup-là, j’ai le sentiment que Sarbacane s’est un peu plantée.
    J’ai eu du mal à entrer dans le livre. Il faut dire que l’écriture, quoi que très belle, reste un peu particulière. Il m’a fallu un bon tiers du roman pour réussir à être vraiment plongée dans l’histoire et sur un livre de 192p, c’est long…trop long.
    De plus le résumé nous induit en erreur, on s’attend à une folle traversée au sein du cirque et puis finalement, du cirque, on ne voit quasiment rien.
    C’est une histoire, qui malgré son début qui montre une situation un peu sordide entre un frère en prison et une mère prostituée alcoolique qui ne s’adresse à sa fille qu’en l’insultant, est vraiment utopique. En effet, Diego et Brindille ne rencontre que des gens bienveillant : que ce soit le routier qui les prend en stop, la propriétaire du resto-route qui les nourrit et les loge gratuitement sans poser la moindre question, le capitaine du bateau qui s’attendrit devant eux… C’est peu crédible. Même le flic qui contrôle Brindille du seul fait de sa coiffure se radoucit très vite. Et en prison, même combat : le frangin, à l’infirmerie est pris sous l’aile de l’infirmier qui décrète qu’il va rester à l’infirmerie où il est au chaud et en sécurité. Mais dans quel monde vit l’auteur ? En prison, c’est à peine si on rafistole les détenus avant de les renvoyer dans la jungle que forme la prison.
    Ce côté : malgré des parents pourris et une assistante sociale « aux trousses », on vit en réalité au pays des bisounours, a eu tendance à m’énerver un peu.
    Il y a de grand thèmes abordés, des thèmes qui aurait pu être intéressant et apporter une vraie profondeur à l’histoire (la déportation du grand père de Diego, l’alcoolisme et la violence familiale, la prison, l’abandon scolaire…) mais ils ne sont qu’effleurés, si vite qu’on a à peine le temps de les voir passer.
    La relation entre Diego et Brindille peut passer pour trop rapide, mais pour moi elle reflète la réalité des adolescents qui se disent prêt à mourir s’ils sont séparés l’un de l’autre alors qu’ils ne se connaissent que depuis 12 heures.
    J’ai aussi trouvé que la fin arrivait trop vite et trop « facilement » je dirais. Encore une incursion au pays des bisounours où tout va bien dans le meilleur des mondes. J’aurais aimé un peu plus de réalisme.
    Cela dit, j’ai passé un bon moment et ça reste une bonne lecture, notamment pour les adolescents à qui elle est destinée. C’est une lecture à leur recommander du moment qu’ils ont conscience que dans la vraie vie, les choses, de ce genre de circonstances, se passent rarement aussi bien.

    Un extrait : Un matin d’été 1975, dans le lard brumeux d’un jour banal, Lolita dite « Brindille » - 15 ans à la pesée – vit son destin fleurir avec les premières heures. Le foulard du rouge-gorge en guise d’étendard, un anneau dans le sourcil et la crête iroquoise, elle observait depuis la fenêtre de sa cuisine, au 5ème étage de la Cité des Biscottes, la cathédrale rouge et or d’un cirque tzigane étendu sur l’herbe du terrain vague.
    Ca prenait vie. Par grappes, ahanant et tirant sur des cordes, une drôle de tribu soulevait le dôme en toile sous les ordres d’un boiteux en bleu de ferrailleur. Sacré gaillard, celui-là ; le visage fier, ruisselant, magnifique avec son chapeau de Camargue orné d’une plume d’aigle royal, au brun roux chatoyant dans le soleil levant…
    Brindille plissa les yeux. Leur convoi de caravanes alignées en demi-cercle, comme dans un film sur l’Ouest américain, imposait une frontière à l’intrus : le respect, et même la crainte devant leur force, leur culture – indomptable.

    - Lolita, ferme cette bon Dieu de fenêtre ! Et puis, va voir ailleurs si j’y suis. On est mercredi, et…

    - Je sais : aujourd’hui, c’est ta journée spaghetti.

    - Dis pas de mal sur mon client italien ! Surtout un régulier.

    Haussant les épaules, la jeune fille tira le rideau, tourna le dos au dehors et soupira avant d’engloutir un yaourt nature – copieusement arrosé de sirop grenadine.

    - On pourrait aller au cirque, ce soir ? Avec le bifton de ton étalon italien !

    - Le cirque, c’est ça. L’argent que gagne mon cul, il sert à payer le loyer ! Ma vie est déjà assez crasseuse pour que j’aille pas en plus respirer celle des autres…

    - Le loyer, on te croit. Tu la picole, ta vie, c’est pour ça qu’elle pue !

    - Mais fous-moi le camp, espèce de cul-gras ! Sale teigne de petite morue avariée ! Je t’en foutrai moi, du cirque !

    Pour éviter la morsure du ceinturon, Lolita détala. En passant devant le cadre du père accroché dans l’entrée, elle le retourna par habitude, face contre mur, puis elle prit son trousseau de clés sans un regard envers sa mère et s’engouffra dans l’escalier en sifflotant.
    Sourire en coin : d’un coup de patte agile et déjà bien rôdé, cette redoutable pickpocket venait de piquer cent balles dans le porte-monnaie maternel. Une manœuvre que son frère Angelo lui avait enseignée… avant de prendre cinq ans à Marseille, derrière les barbelés d’une prison obscure.
    Déboulant sur l’air de l’Internationale dans le hall de l’immeuble, l’adolescente cria en direction de la conciergerie :

    - Irma, si la vieille me demande…dites-lui que je ne suis pas encore née !!

    Et avant même que la gardienne, une Polonaise qui avait torché pas moins de quatre génération de gueulard dans la cité, n’ait eu le temps d’entrouvrir sa lucarne, Lolita s’était fait absorber par l’asphalte, son ombre pulvérisée en millions de lambeaux disparaissait sous un ciel bleu cristal…

     

  • [Livre] A demain, Lou

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    Résumé : Élisabeth, Lou et la petite Laura forment avec leurs parents une famille unie et joyeuse. Jusqu’au jour où Éli part passer le week-end chez une amie et ne revient pas. Bloquée par le silence des adultes, Lou n’ose pas poser de questions. Le corps pressent ce que l’esprit refuse d’accepter, mais admettre qu’Éli est morte serait plus terrible encore que ce mutisme qui, peu à peu, empoisonne tout.

    C’est sur cet événement que Lou revient à la veille de ses seize ans, l’âge d’Éli à sa disparition. Comment continuer à vivre sans cette grande soeur qu’elle chérit tant ? Comment se résoudre à devenir plus vieille qu’elle ? Comment cesser d’être « la petite soeur d’Éli » ? Il va bien falloir, pourtant, passer ce cap…

     

    Auteur : Marie-Claude Vincent

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 07 avril 2016

     

    Prix moyen : 16€

     

    Mon avis : « A demain, Lou », ce sont les dernier mots qu’Elisabeth « Eli » a lancé à sa petite sœur avant de partir chez une copine.
    Quand j’ai lu le résumé, j’ai supposé qu’Eli allait faire une mauvaise rencontre, mais non, même pas. On apprend très vite qu’il n’en est rien, et que c’est encore plus « bête » que ça, même si les détails, on ne les découvrira que plus tard.
    Après la disparition d’Eli, la famille plonge dans le silence : Laura qui, trop petite, ne réalise pas, les parents, bouleversés, les grands-parents et Lou. Lou qui ne comprend pas vraiment ce qu’implique ce « Eli est partie » qu’on lui a asséné. Quand quelqu’un part, il est supposé revenir, non ? Comme l’oncle Charles qui est parti vivre à l’autre bout du monde mais qui revient de temps en temps.
    Alors Lou attend. Elle attend le retour de sa sœur. Sans poser de question, sans oser prononcer son nom, parce qu’au fond d’elle, elle sait bien ce que veut dire « Eli est partie ». Mais à douze ans, impossible de se confronter à cette réalité, impossible d’admettre, de se résigner.
    L’écriture s’adapte aux pensées d’une adolescente de douze ans. C’est une écriture simple, les choses sont dites sans détour, avec beaucoup de douceurs, même quand Lou a envie de tout casser dans la maison.
    C’est un roman bouleversant sur le deuil chez l’enfant et j’ai pleuré pendant la moitié du livre.
    A plusieurs reprises, on se rend compte que les parents, en voulant protéger Lou, n’ont fait que la perturber davantage et on se demande comment ils vont vivre cela quand ils vont s’en rendre compte. Car tout ce qu’ils font, ils le font par amour et le fait de s’être « trompé » sur la manière d’agir envers Lou risque de les plonger un peu plus dans l’affliction. Heureusement, entre les parents de la mère et le frère du père, ils sont bien entourés.
    C’est un roman sur le deuil, mais c’est aussi un roman sur l’attente. Nous lecteurs, attendons que Lou accepte la mort de sa sœur. Les parents, les professeurs, attendent que Lou se reprenne, fasse son deuil, sans vraiment réaliser que ce deuil elle ne peut pas le faire, puisque la mort d’Eli n’est pas une réalité pour elle. Enfin Lou est celle qui attend le plus, mais aussi celle qui n’a aucune chance de voir son attente récompensée : elle attend le retour de sa sœur.
    En plus du deuil en lui-même, Lou va devoir accepter de devenir plus vieille qu’Eli, de devenir l’aînée de la famille. Elle sera toujours la grande sœur de Laura, mais elle va devoir accepter qu’elle ne sera plus la petite sœur d’Eli. Eli qui aura 16 ans pour toujours tandis que Lou va devoir avancer, vivre sa vie et par là même vivre tout ce que sa sœur ne vivra jamais. Et ce refus de devenir « plus grande » qu’Eli se ressent jusque dans son corps qui semble vouloir la maintenir « plus petite ».
    Marie-Claude Vincent a vraiment su trouver non seulement les mots pour parler du deuil mais aussi le ryhtme. Lou ne s’en sort pas comme par magie du jour au lendemain. Elle avance, recule, avance de nouveau.
    C’est un roman à lire, un roman qui a été un vrai coup de coeur

    Un extrait : Un chat, oui, pouvait mourir d’un seul coup. Il suffisait de traverser au moment où une voiture filait à toute allure sur l’avenue. Une fille qui n’avait pas hésité à plonger dans un lac dont on ne voyait même pas le fond, qui venait d’obtenir son brevet de natation haut la main, ne pouvait pas s’être noyée dans une piscine. Un rectangle d’eau limpide de quatre mètres sur sept. L’arrivée de ce papier, sérieux, officiel, daté, signé, cosigné, si sérieux que le brevet ne m’avait pas été attribué, à moi qui avais refusé de plonger, me confirmait que j’avais raison de ne pas croire à la mort d’Eli.
    Ce dont je ne démordais pas depuis deux semaines.

    Le diner fut très silencieux. Même Laura, perchée sur sa chaise haute, mangea sans presque babiller, se frottant les yeux de ses petits poings comme si elle avait passé une journée épuisante à la crèche. J’entendais le tic-tac de l’horloge murale, l’eau descendre par à-coups dans la gorge de papa, les petits bruits de fourchette de maman qui chipotait dans son assiette. Elle avait des cernes rouges sous les yeux. J’aurais voulu avancer la main et la poser sur son bras pour qu’elle me sourie. J’aurais voulu raconter ma journée de classe, comme Eli et moi le faisions chaque soir, encore en juin dernier, ponctuant nos récits de moues et d’exclamations. Mais j’étais paralysée. Ma seule certitude, c’était qu’il y avait eu, quinze jours auparavant, un enterrement qui ne pouvait pas être celui d’Eli. C’est en débarrassant la table ce soir-là que je décidai de commencer les listes.

    - Maman a ouvert ton courrier par inadvertance (rouge)
    - Le pauvre type a envoyé ton brevet de natation (bleu)

    Je me forçais même en fredonner en replaçant les cahiers dans un tiroir de mon bureau. On fait les choses à fond ou on ne les fait pas.

     

  • [Livre] Les nouvelles de Poudlard

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    Résumé : Poudlard le guide pas complet et pas fiable du tout reprendra les textes de Pottermore consacrés à la célèbre école des sorciers, sans apporter de nouveau contenu. Pour tout savoir sur les fantômes, le Poudlard Express, le Choixpeau ou les cours de potions, c'est celui-là qu'il vous faut.
    Pour les férus d'histoires sombres et de mystères non résolus, Pouvoir, Politique et Esprits frappeurs Enquiquinants nous ouvrira les secrets des coulisses du monde magique du Ministère de la Magie à la terrible prison pour sorciers d'Azkaban. Il promet aussi de faire la lumière sur le personnage de Dolores Ombrage et la rencontre du professeur Horace Slughorn avec Tom Jedusor, futur Seigneur des ténèbres.
    Enfin, Héroïsme, Tribulations et Passe-temps Dangereux révélera aux amateurs des détails méconnus sur certains personnages de la saga.

     

    Auteur : J.K. Rowling

     

    Edition : Pottermore

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 06 septembre 2016

     

    Prix moyen : 2,99€

     

    Mon avis : Quand JK Rowling a créé l'univers de Harry Potter, comme nombre d'auteurs, elle s'est penchée sur ses personnages et les diverses institutions de son univers, créant pour certains de véritables biographies dont elle n'a finalement pas utilisé le 1/10e dans les romans.
    Dans ces petites nouvelles on va en apprendre un peu plus sur ces personnages et/ou ces lieux qu'on a adorés ou détestés (ou adorés détester).


    Dans Poudlard, le guide pas complet et pas fiable du tout, on nous dit tout, ou presque, sur le célèbre château et ses « accessoires » : comment s’y rendre ? Depuis quand le Poudlard express est-il en activité ? Que se passe-t-il lors de la répartition ? A quoi ressemble la salle commune des poufsouffles, la seule qu’on ne connait pas ? Et le lac, et la carte des maraudeurs ? On va également se pencher sur les cours et les « habitants » du château, qu’ils soient fantômes ou portraits. Enfin JK Rowling nous dévoilera quelques-uns des secrets de Poudlard.
    C’est le plus long et sans doute le plus fourni des recueils de nouvelles mais il faut dire que quand il s’agit de l’école, il y en a tant à dire !


    Dans Pouvoir, politique et esprit frappeur enquiquinant, après avoir fait un petit tour dans la vie de Dolores Ombrage et appris comment et qui l’a inspirée à JK Rowling (je crois que tout le monde se passerait volontiers de cet « honneur »), on peut lire la liste de tous les ministres de la magie depuis sa création ainsi que le plus important des faits ayant marqué leur mandat. Puis on se penche sur deux professeurs qui ont été très proches de Tome Jedusor, à des moments différents de la vie du sorcier, et qui l’on même aidé dans une certaine mesure, mais qui ne pourraient pas être plus éloignés de cœur et d’esprit. Enfin pour finir sur une note amusante, JK Rowling nous dit quelques mots sur l’insupportable Peeves.


    Dans héroïsme, tribulations et passe-temps dangereux, on en apprend plus sur Minerva Mcgonagall. On saura ainsi entre autre d'où elle tire son caractère intègre et inflexible, qu'elle a connu un grand chagrin d'amour et même qu'elle a été mariée. Étant mon professeur préféré j'ai été ravie de connaitre un peu plus sa vie avant Poudlard.
    Puis on se penche sur ce cher Remus. Si on apprend ci et là dans les tomes comment il a été mordu et comment s'est déroulée son entrée à Poudlard, ici on entre dans les détails et on apprend enfin ce qui a tant provoqué la colère de Greyback contre Lupin père et conduit à la lâche attaque d’un enfant de 4 ans.
    Suivent deux anecdotes sur le professeur Trelawney et le professeur Brûlepot. On en apprendra aussi plus sur les animagus, sur la condition des loups-garous et sur ces visionomeurs censé prédire l'avenir d'un enfant pour qu'on lui donne un prénom adéquat.

    Entre les nouvelles et les anecdotes, JK Rowling nous livre son cheminement de pensée : pourquoi tel personnage a porté ce nom plutôt qu’un autre, quelles légendes ont inspirées certains des objets ou des aventures de notre sorcier préféré.
    Même si on a là des recueils très court, on en apprend vraiment beaucoup sur les « coulisses » de Harry Potter, on donnerai presque vie aux personnages en dehors du rôle strict qu’ils jouent dans les romans, et rien que pour ça, la lecture vaut le coup !

    Un extrait : Remus Lupin est l’un de mes personnages préférés de toute la série Harry Potter. J’ai eu tellement de peine lorsqu’il m’a fallu le tuer que je ne peux m’empêcher de pleurer à nouveau en rédigeant ces lignes.

    La lycanthropie de Lupin (qui le transforme en loup-garou) est une métaphore pour toutes les maladies que l’on a tendance à stigmatiser, comme notamment le SIDA (VIH). Les maladies transmises par le sang semblent en effet générer toutes sortes de superstitions à travers le monde, sans doute à cause du tabou que l’on associe au sang lui-même. L’hystérie et les préjugés étant des choses que l’on rencontre aussi bien dans la communauté magique que chez les Moldus, le personnage de Lupin m’a donné l’opportunité d’examiner ces comportements.

    Le Patronus de Remus n’est jamais révélé dans les livres, même si c’est Lupin qui enseigne à Harry le sortilège rare et difficile qui permet d’en produire un. Son Patronus est en fait un loup. Pas un loup-garou, mais un simple loup, tout à fait ordinaire. Ce Patronus est approprié dans la mesure où les loups sont des animaux non agressifs qui vivent en famille. Bien sûr, Remus ne supportait pas la forme de son Patronus, car elle lui rappelait constamment sa condition de loup-garou. Comme tous les aspects d’un loup le dégoûtaient, il préférait souvent produire un faux Patronus, sans forme physique, surtout en présence d’autres personnes.

     

  • [Livre] L'échappée

    Je remercie la masse critique Babelio et les éditions Milan pour cette lecture

     

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    Résumé : "Comment peut-on ne pas vouloir sortir avec Jason ? il est ultra cool. [...] Jason, pour moi, c'est un rêve qui se réalise."
    Hélas pour Leslie, son rêve va vite tourner au cauchemar...
    Jason, le nouveau qui attire tous les regards, n'est pas le garçon bien qu'il paraît être. Lentement, il tisse sa toile autour d'elle.
    Pour qu'elle ne puisse plus s'échapper. Pour qu'elle lui appartienne. Corps et âme.

     

    Auteur : Allan Stratton

     

    Edition : Milan

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 07 septembre 2016

     

    Prix moyen : 14€

     

    Mon avis : Dans la lignée des romans comme Risk de Fleur Ferris sur les dangers des rencontres internet, Blacklistée de Cole Gibsen sur le harcèlement scolaire ou encore Little sister de Benoît Séverac sur le djihadisme, Allan Stratton alerte les adolescents sur la violence conjugale au sein des couples adolescents au travers de l’histoire de Leslie.
    Leslie est une adolescente un peu à la dérive. Elle a du quitter sa ville et ses amie pour émigrer dans un coin un peu perdu du canada suite à la mutation de son père, lequel, très vite, a quitté le foyer conjugal pour une midinette. Sa mère, devenue mère célibataire ne sait pas comment gérer à la fois sa fille et son chagrin et multiplie cris et attaques verbales contre le père. Leurs revenus ayant drastiquement baissés, elles ont du déménager dans un petit appartement dans un quartier guère reluisant. Pour couronner le tout, sa seule amie la délaisse pour se rapprocher de ses camarades d’église.
    Alors déjà que l’adolescence n’est pas franchement une période de félicité familiale, là Leslie a beaucoup de mal à faire face.

    Son professeur d’anglais va demander aux élèves d’écrire, pendant 15 minutes à chaque début de cours, dans un journal intime et c’est à travers ce journal que l’on découvre l’histoire de Leslie.
    Quand elle rencontre Jason, 18 ans, nouveau au lycée, Leslie voit ici l’occasion d’avoir enfin une personne à qui se confier et qui soit là pour elle (et aussi de clouer le bec à l’insupportable Ashley, celle qui lui « vole » sa meilleure amie).
    Allan Stratton amène l’intrigue lentement mais sûrement. Bien sûr, on ne le découvre qu’en même temps que Leslie, puisque c’est elle qui nous le raconte et le doute s’installe.
    Même si, pour ma part, je n’ai eu aucun doute dès lors que Leslie nous relate la première scène ambiguë avec Jason, je pense que ça tiens aussi au fait que je suis adulte et que, même s’il est manipulateur, Jason reste un ado, avec la subtilité que ça implique. Mais je comprends qu’une adolescente de 15 ans soit complètement déboussolée devant ce qu’il se passe et ne sache plus où elle en est.
    Au fil des pages, Leslie montre un courage et une force de caractère incroyable, même s’ils sont noyés dans de mauvaises décisions (mais bon, si elle avait pris la bonne décision dès le départ, il n’y aurait plus eu d’histoire).
    Jason…je ne sais pas si on doit le plaindre ou le blâmer. Ce qu’il fait est répréhensible, je ne dis pas le contraire. Mais je me demande comment un ado de 18 ans en arrive là. J’ai eu l’impression d’un gosse qui a grandit seul et à qui on a passé tous les caprices pour pallier l’absence des parents, entre une mère de tout évidence alcoolique et un père plus intéressé par sa carrière que par son fils. Un gamin qui n’a jamais fait que ses quatre volontés et dont le père a « arrangé » chacun de ses actes soit par son argent, soit par ses relations. Je ne pense pas que quiconque ait inculqué à ce gosse les notions de bien et mal ou de respect de l’autre. Je ne dis pas qu’il devrait être absous mais que ses parents devraient payer autant que lui.
    J’ai trouvé la fin frustrante. D’une part parce qu’elle est un peu rapide et cela tient à l’auteur. Mais surtout à cause des conséquences qui en découlent et cela, en revanche, tiens au système. L’auteur n’a fait que montrer ce qui se serait passé si Leslie et Jason n’avaient pas été des personnages de fiction.
    C’est une histoire très bien menée, qui maintient sous tension jusqu’à la conclusion et qui fait monter en nous une colère incroyable à la fois contre Jason mais aussi contre la société qui permet à des Jason d’agir en toute impunité pendant des années.

    Un extrait : Les proviseurs adjoints, en fait, c’est les flics du lycée. Ils adorent jouer les gros durs et bouffer des donuts. Et de ce point de vue là, c’est clair que M. Manley a choisi le boulot qu’il lui fallait. En revanche, on ne peut pas dire qu’il porte très bien son nom, lui qui est à peu près aussi viril qu’un éléphant en costard. Il paraît qu’il était prof d’EPS, avant. Aujourd’hui, adieu l’exercice physique. Il se contente de beugler, et il a les cordes vocales gonflées aux stéroïdes !
    C’est pathétique ! M. Manley se donne des airs importants, comme s’il faisait partie du FBI, alors qu’on sait tous que c’est juste un vieux type qui prend son pied en gueulant sur les ados. Il passe son temps dans le parking, à roder derrière les voitures pour choper les fumeurs, ou à renifler l’haleine des élèves pour voir s’ils n’ont pas bu, ou fumé de l’herbe. Pendant les bals du lycée, il se balade avec une lampe torche pour débusquer les couples sur le terrain de foot ou dans le réduit sous l’escalier. Il faut être pervers pour faire un boulot pareil.
    L’an dernier, en troisième, j’étais sans arrêt dans son bureau. Pour plaisanter, je disais qu’il voulait me voir tous les jours parce qu’il craquait sur moi ; mais en fait, c’était à cause de mes retards. Et parce que je séchais souvent les cours. Mes parents s’étaient séparés « quelques temps pour voir », et je ne le vivais pas très bien.
    Je le vis toujours mal d’ailleurs. Surtout depuis que ce n’est plus « pour voir », mais « pour de bon », et que maman est passé du statut d’épouse à celui de mère célibataire.
    Maintenant, quand elle voit à la télé des personnalités politiques parler des mères seules, elle fond en larmes. Et puis elle m’engueule. On dirait qu’elle se force à être sévère, de peur que je me transforme en une de ces graines de démons qui viennent parler de leur foyer brisé dans les talk-shows.
    - Il va falloir que tu changes d’attitude ! crie-t-elle. Tu m’entends Leslie ?
    - Non, je suis sourde.
    - Attention à toi !
    Je lui lance mon regard breveté. Celui qui la rend dingue.
    - Ne me regarde pas comme ça.
    - Alors arrête de me gueuler dessus ! Franchement, c’est pas étonnant que papa soit parti !

    En général, c’est là qu’elle blêmit et file en courant dans sa chambre. Juste après, d’affreux bruits d’animaux filtrent sous sa porte, et j’ai envie de mourir. Au fond, je ne veux pas la blesser. C’est vrai. Je voudrais juste qu’elle arrête de crier en permanence. Pourquoi tout est-il toujours ma faute ?

     

     

  • [Livre] Samedi 14 novembre

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette excellente lecture

     

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    Résumé : Vendredi, 13 novembre 2015. B. était à la terrasse d'un café, quand les terroristes ont tiré. Son frère est mort, lui s'en sort indemne. 
    Il quitte l'hôpital au matin, monte dans le métro. Son regard croise celui d'un passager. 
    Il reconnaît le visage de l'un des tueurs et décide de le suivre.

    Auteur : Vincent Villeminot

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 02 novembre 2016

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : L’écriture de Vincent Villeminot est toujours aussi addictive et ce quelque soit le sujet qu’il aborde. Ici, il a décidé de s’attaquer à un sujet difficile, à peine un an après les faits, quand tout est encore frais, peut être un peu trop, dans les esprits.
    Les paragraphes sont courts, les chapitres tout autant, parfois juste une demi-page. Du coup, même si le texte en lui-même ne comporte guère d’action, cette construction donne un sentiment d’urgence. Ce n’est pas un livre qu’on pose facilement. En ce qui me concerne, je ne l’ai pas posé et l’ai lu en 2h à peu près.
    Son personnage principal, B., est à la fois une victime des attentats et un membre de la famille d’une victime. Sur place lors d’une des attaques, il n’a été que légèrement blessé mais à vu son frère aîné tomber sous les balles des terroristes. Ce choix est un pari risqué car la manière de traiter le personnage peut être mal perçu par les victimes et familles des victimes.

    En dehors de l’histoire principale qui suit B., passant du rôle de victime à celui d’agresseur, presque malgré lui, il ya les entractes qui sont comme des flashes sur les personnes qui entourent ou croisent B.
    B. agit sous le coup du choc, de la colère, de la rage. Son frère est mort. Il a du mal à réaliser mais à chaque fois qu’il réalise la rage reprend le dessus. Il va commettre des actes qu’il n’aurait jamais commis en temps normal. Et même si certaines de ses actions sont choquantes, on a du mal à lui en vouloir.
    Vincent Villeminot, à travers ces actes que commet le jeune homme déboussolé, fait passer un message comme le risque d’amalgame : non tous les musulman ne sont pas des terroristes, voile ne veut pas dire intégrisme, et important aussi, les familles des intégristes ne sont pas toujours complices.
    Du coté des victimes, un autre message passe : ne sont pas victimes que ceux qui sont tombés sous les balles : leurs familles, leurs amis, les familles et amis des survivants traumatisés sont autant de victimes collatérales qui n’ont pas été recensées par les médias mais qui ont bel et bien été touchés par ces attentats.
    Ce livre est une vrai claque, les dialogues sont parfois, souvent, surtout au début, violents et même choquants, mais c’est un choix de ne pas édulcorer « l’après ». Parce que « après » les gens étaient choqués et violents, en pensées sinon en actes.
    Ce roman assez court (un peu plus de 200 pages) peut servir de base pour ouvrir le dialogue sur le sujet avec de jeunes adolescents qui n’ont peut être pas eu la possibilité de s’exprimer sur ce sujet délicat.
    Il n’y a plus qu’à espérer que des professeurs intelligents le donnent à lire à leurs élèves. Et que si ce n’est pas le cas, ce soit les parents qui s’en chargent !

    Un extrait : Et puis ensuite, il y eut une brève pause de silence, B. s’en souviendrait.
    Quelques secondes, deux ou trois, c’est très court, comme s’il fallait que chacun se remette de sa stupeur. Ou peut-être est-ce attendre, reprendre son souffle ; comprendre qu’on est vivant ; s’assurer qu’ils sont vraiment partis, les tueurs. Ou bien est-ce tout le bruit, le vacarme du monde qui se sont retirés ? Il paraît que lorsqu’une munition d’artillerie explose, l’effet de souffle te donne ce sentiment – tout l’air s’en va, en une seconde, juste avant que les shrapnels te déchirent ; que la peau cesse d’être une peau, un bouclier, une frontière entre le monde et toi.
    Mais là, ce n’est pas ça. Il n’y a pas eu de shrapnels.

    Il y a eu la voiture qui freine, les portières qui s’ouvrent, claquent. Et, sans une semonce, les rafales. Deux armes. Des fusils d’assaut, marque kalachnikov, modèle AKM (ou peut-être AKMS en tôle emboutie), dont on vide les chargeurs.
    Il y a eu – autour de B. – les chaises qui se renversent, les tables, les corps qui tombent, les verres qui explosent en esquilles, en milliers de débris ; l’impact sec sur les vitrines, les cris, de surprise, d’effroi.
    Et ensuite, les portières, le moteur qui s’emballe.
    Puis ce silence.
    Ce sursis.

    B. relève les yeux, à quatre pattes sur le trottoir, dans les chaises emmêlées, les tables, dans le givre du verre.

    La voiture est partie.

    Il a le temps de penser : « Je ne suis pas mort », avant la fin du monde.
    Un gémissement.

    Il a le temps de se demander : « Pierre ? Où est Pierre ? »
    Et puis, une femme se met à pleurer, doucement. Et toutes ces voix, d’un coup, tous ces cris. De peur. De douleur. Des appels. Des suppliques. Des soupirs.