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Jeunesse - Page 12

  • [Livre] Les belles vies

     

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Vasco et Djib sont inséparables depuis leur naissance. Turbulents, pas vraiment délinquants, ils cumulent les bêtises plus ou moins graves, les rires et les bleus. Vasco est en CFA BTP, Djib passe en première S.

    Leur dernière rixe est pourtant celle de trop… Afin de leur mettre du plomb dans la tête, leurs parents décident d’employer les grands moyens : ils envoient les deux ados dans la Nièvre, le temps d’un été chez un ami du père de Vasco, entrepreneur local qui propose ses services comme famille d’accueil pour la DDASS. C’est dans cette campagne éloignée de tout, France profonde dont on parle peu, qu’ils vont rencontrer et se confronter à une autre forme de jeunesse : celle des enfants élevés par celle que tous surnomment « Tata », une femme qui accueille des enfants placés et donne sa vie aux autres.

     

    Auteur : Benoît Minville

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 5 octobre 2016

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : Au début du livre, je n’ai pas aimé Vasco. C’est le type même de gars des cités qui joue des poings pour imposer sa vision de la vie. Et qui ne réfléchit pas une seconde non plus aux ennuis qu’il peut s’attirer, ou pire attirer aux autres. Quand lui et Djib sont chez les parents de Vasco après que leurs familles aient dû aller les récupérer au commissariat, il prend à la légère ce qu’il vient de faire, il balaie les inquiétudes de Djib, qui n’avait rien demandé, d’un revers de la main.

    Mais au fil des pages, il laisse un peu tomber son masque de caïd et révèle une grande sensibilité.
    Djib est plus posé, plus mature. Les ennuis que les garçons se sont attirés, il ne les a pas cherchés, même si c’est pour le défendre que Vasco s’est emporté et que c’est pour ne pas laisser tomber son pote que Djib est entré dans la mêlée. Il a un certain effet apaisant sur son copain.
    La mère de Vasco a l’idée de les envoyer chez une connaissance d’un ami, une personne qui s’occupe d’enfants de la DDASS dans un petit village perdu au fond de la Nièvre.

    Là-bas, Vasco et Djib vont vivre comme dans une colonie de vacances entre pêche, soirée DVD, baignade au lac et bon petits plats, mais ils vont surtout voir la chance qu’ils ont d’avoir des parents qui les aiment, qui se préoccupent d’eux, même si la vie n’est pas idéale et qu’ils ne roulent pas dur l’or.
    Benoit Minville n’enjolive pas. Dans son histoire, on n’est pas dans le « et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». A travers ses personnages, il dénoncent un peu le système qui broient les gosses à force de ne voir en eux que des numéros de dossier, comme Gwen et Gaétan, maltraités par leurs parents mais qui pourraient leur être rendus à tout instant, la mère de Dylan et Jessica, immature et volage qui pourrait également récupérer ses enfants dès lors qu’elle remplirait les conditions fixées par le juge, et peu importe si Dylan est en apprentissage, peu importe si toutes ses chances de s’en sortir sont détruites par cette décision de justice qui serait prise sans qu’il soit consulté.
    Les amitiés se créent, mais avec toujours le pincement au cœur quand on se rappelle que cela ne durera que le temps d’un été.
    Il n’y a pas de grande leçon de morale, on ne fait pas des sermons à n’en plus finir à Vasco et Djib, on les laisse grandir, s’épanouir au contact de Tata, Tonton et les enfants qu’ils accueillent. Tout n’est pas rose, loin de là, ils sont confrontés à la suspicion des villageois, à l’animosité de certains jeunes du village, aux rivalités et à l’angoisse concernant l’avenir, mais ils avancent, à leur rythme, prennent des décisions. Tonton et Tata guident, sans imposer, sans culpabiliser. Peut-être parce qu’ils ont plus de distance que les parents de Vasco et Djib, ils leur mettent moins la pression.
    On referme le livre sans certitudes : Vasco et Djib vont-ils vraiment conserver l’attitude qu’ils ont adoptée ou vont-ils retomber dans leurs travers avec la routine ? Et les enfants que Tata et Tonton ont en garde : Dylan, Jessica, Chloé, Gwen et Gaëtan, Farah, Sirine et Kamel ? On ne sait rien de ce qui va finalement se passer pour eux. Et personnellement, je n’espère même pas une suite pour le découvrir.
    Ils vont vivre leur vie, tout simplement, et on peut imaginer chaque décision qui peut mener à tant de destin différent pour chacun d’eux.
    A-t-on vraiment besoin de certitudes ?

    Un extrait : Vasco et Djib se demandent si ça ne va pas être plus grave qu’ils le pensaient.
    Fesses vissées sur son banc, les mains dans les poches de son jean, Vasco tente de se vider la tête en suivant le parcours d’une araignée sur le mur blanc blindé d’affiches de prévention. Djib a la trouille au ventre ; il n’a qu’à fermer les yeux et ceux de sa mère apparaissent, la nausée n’est pas loin.
    Un policier passe devant eux. Les bras chargés de paperasses, il rentre dans le bureau d’à côté.

    Le commissariat est calme. Vasco glisse ses mains dans ses cheveux gavés aux Pento et tente un coup d’œil à son meilleur pote, son frère de cœur… Djib se contente de hausser les épaules. Le silence est interminable, interrompu parfois par des bruits de doigts sur les claviers, des éclats de voix, une machine à café qui vrombit.
    Un autre agent arrive – il marche d’un pas décidé, suivi d’une vieille dame qui peine à tenir la distance. Vasco s’attarde sur le bandage qu’elle porte au front, soupire et se penche vers Djib.

    - Tu vas la rappeler, Samia ?
    - Je t’ai dit d’oublier mon nom.
    - Putain, je t’ai dis que j’étais désolé !...Tu crois que je m’en veux pas ?
    - Me soûle pas, Vasco.

    Du fond de sa colère, Djib ne comprend toujours pas comment tout ça a pu déraper si vite.
    Enfin, si. Il  a toujours une fille dans l’histoire, avec Vasco, quand ça tourne mal. Une fille. Un autre mec. Et Vasco… A chaque fois, Vasco – le poing dressé et les neurones en cale sèche. Déjà, tout môme, au parc en bas de la cité, il s’attaquait à ceux qui voulaient piquer son goûter à Djib…
    Et voilà, encore une fois. Il a fallut que ça arrive aujourd’hui, dernier jour de bahut.

    Comme toujours, ça commençait bien, pourtant. Vasco était déjà en vacances, sa première année de CFA sous le bras, celle-ci ayant oscillé entre « médiocre » et « progrès mais peut mieux faire ». Il était venu chercher son pote à la sortie. Au programme de la soirée : tournoi de FIFA et du son.
    Djib, lui, terminait l’année sur les rotules, après une histoire stressante avec une fille « chouette mais caractérielle » et un passage en première S obtenu à la sueur du front. Et pour tout dynamiter : ce gars de première STMG, Malik, un chaud, beau gosse, le genre qui n’hésite pas à tenter sa chance avec les filles casées.
    Le dernier jour de l’année…Celui qui libère. Dans sa classe, peu avaient tenu jusqu’au bout de la journée – occasion trop belle de s’offrir un aprem de vacances avec un peu d’avance, surtout que la plupart des potes restaient convaincus que la seconde était « la dernière année tranquille, avant les choses sérieuses ».
    Pour Djib, pas question de sécher : il devait bien ça à sa prof de maths, elle ne l’avait jamais lâché et sa mère l’aurait fait culpabiliser… « Il ne faut jamais décevoir ceux qui croient en toi ». Encore raté, pour le coup…
    Tout est allé très vite.
    Le soleil bien haut, les grilles ouvertes…Enfin la quille !
    Deux-trois cahiers voltigeaient, partout des sourires, on se parlait de ce qu’on allait faire de l’été, qui s’annonçait étouffant sur toute la France.
    Et, du côté des platanes… il y avait Malik – qui draguait Samia ouvertement. Logique, Djib est intervenu. Il avait attendu les lèvres de sa nana toute la journée, elle devait partir au bled d’ici deux jours et il était à cran.
    Très vite, un cercle s’est formé autour d’eux et les sacs à dos sont tombés au sol.
    Il ne faisait pas le poids, Djibril, avec ses petits muscles secs ; Malik avait presque une tête de plus, et son nez cassé trahissait l’habitué de la castagne. Malik a envoyé une bonne secousse à Djib. Samia gardait les mains crispées sur sa bouche, ses copines piaillaient, ça criait de partout.
    Et bien sûr, c’est là que Vasco a débarqué, la clope coincée au bord des lèvres, les poings déjà serrés – des poings furieux, dont les jointures se sont mises à cogner Malik avant même un « qu’est ce qui se passe ? »
    Vasco, il tape fort. Sauf que Malik savait se défendre… et surtout, que Djib ne pouvait pas décemment laisser son pote lui sauver la mise devant Samia. Qu’est ce qu’elle en penserait ?
    Un copain de Malik est entré dans la danse – Vasco lui a fait regretter l’idée. Et ensuite, avec Djib, ils se sont concentrés sur le Don Juan. Ils ne lui ont pas fait de cadeaux.
    Le gardien a appelé les flics.

     

  • [Livre] Harry Potter à l'école des sorciers

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    Résumé : Le jour de ses onze ans, Harry Potter, un orphelin élevé par un oncle et une tante qui le détestent, voit son existence bouleversée. Un géant vient le chercher pour l'emmener à Poudlard, la célèbre école de sorcellerie où une place l'attend depuis toujours. Voler sur des balais, jeter des sorts, combattre les Trolls : Harry Potter se révèle un sorcier vraiment doué. Mais quel mystère entoure donc sa naissance et qui est l'effroyable V..., le mage dont personne n'ose prononcer le nom ?

     

    Auteur : Joanne Kathleen Rowling

     

    Edition : Gallimard

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 16 Novembre 1998

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Depuis le temps que je me dis qu’il faudrait que je relise la saga Harry Potter, j’ai enfin eu l’occasion de relire le premier tome à la faveur d’un challenge. Bien sûr, les autres tomes suivront, et plus tard les films également, mais dans quel délai, ça, je serais bien incapable de le dire. Mais ça viendra.
    Ca fait si longtemps que je n’ai pas lu le tome 1 des aventures du plus célèbre des jeunes sorciers que les souvenirs que je conservais tenaient plus du film que du livre. Et si l’adaptation ciné était, pour une fois, assez fidèle, il y a pleins de détails qui n’y apparaissent pas ainsi que quelques erreurs (comme le couloir interdit qui n’est pas le troisième étage, comme dans le film, mais le couloir du deuxième étage de l’aile droite).
    J.K. Rowling s’est bien adaptée à son public cible, qui est, rappelons-le, les enfants de 11 ans. Ainsi, la présentation des personnages est assez sommaire, leurs traits de caractère pouvant clairement évoluer car à cet âge là, on change presque de mois en mois. Le premier tome est vraiment destiné à mettre en place l’univers et le jeune lecteur découvre celui-ci en même temps qu’Harry qui ne connaît rien au monde des sorciers avant de recevoir sa lettre d’admission à Poudlard.
    Pour avoir déjà lu les 7 tomes, je peux vous dire que l’écriture évolue en même temps que l’âge des personnages et donc du public cible. Dans chaque tome, on peut voir les caractères s’affirmer, évoluer, les personnages mûrir, faire leur crise d’adolescence aussi, malgré les épreuves qu’ils traversent.
    Dans ce premier tome, à première vue, les choses sont simples : Ron est le maladroit, Hermione l’intellectuelle énervante, et Harry le héro malgré lui. Mais au fil du temps on se rend compte que cette première impression est erronée : comme si la description du trio avait été faite par un enfant de onze ans qui venait de les rencontrer (à cet âge là, on ne s’embarrasse pas de nuances). C’est vraiment au fur et à mesure, que l’on découvre d’autres facettes de leur personnalité. Ainsi, on ne sait jamais vraiment comment ils vont réagir devant les situations, car ils se construisent littéralement sous nos yeux.
    Et il ne faut pas oublier les personnages secondaires ! Que ce soit Neville et sa tête en l’air, Malefoy qui cherche déjà à attirer des ennuis au trio, Rogue et sa partialité révoltante, MacGonagall, le sévère mais bienveillant professeur de métamorphose, Le directeur Dumbledore avec ses secrets, ses manigances et ses friandises, Hagrid et ses animaux plus dangereux les uns que les autres… même une scène aussi courte que le match de quidditch nous offre une scène désopilante avec le commentaire du match fait par Lee Jordan, étroitement surveillé par le professeur MacGonagall, ce qui ne l’empêche pas de dire tout le bien qu’il pense de l’équipe adverse !
    J’ai été ravie de me replonger dans cet univers magique le temps d’un tome. Et je pense que dès le mois prochain, je trouverais le moyen de me dégager quelques heures pour lire le tome 2.
    La saga a fait l’objet de nombreuses rééditions : de luxe, illustrées, poche, grand format… Pour ma part, n’étant pas adepte du livre-objet (pour moi un livre ça se lit, ça ne s’expose pas), je me contente de l’édition dans laquelle je les ai découvert, mais je sais que nombre de personnes craque devant les sublimes couvertures des nouvelles éditions et sont devenus de vrais accros de « la collection Potter ».

    Un extrait : Le professeur McGonagall lança un regard perçant à Dumbledore.

    - Les hiboux, ce n'est rien comparé aux rumeurs qui circulent, déclara-t-elle. Vous savez ce que tout le monde dit sur les raisons de sa disparition ? Ce qui a fini par l'arrêter ?

    Apparemment, le professeur McGonagall venait d'aborder le sujet qui lui tenait le plus à cœur, la véritable raison qui l'avait décidée à attendre toute la journée, assise sur un mur glacial. Car jamais un chat ni une femme n'avait fixé Dumbledore d'un regard aussi pénétrant que celui du professeur en cet instant. A l'évidence, elle n'avait pas l'intention de croire ce que « tout le monde » disait tant que Dumbledore ne lui aurait pas confirme qu'il s'agissait bien de la vérité.
    Dumbledore, cependant, était occupé à choisir un autre esquimau et ne lui répondit pas.

    - Ce qu'ils disent, poursuivit le professeur, c'est que Voldemort est venu hier soir à Godric's Hollow pour y chercher les Potter. D'après la rumeur, Lily et James Potter sont... enfin, on dit qu'ils sont... morts...

    Dumbledore inclina la tête. Le professeur McGonagall avait du mal à reprendre sa respiration.

    - Lily et James... Je n'arrive pas à y croire... Je ne voulais pas l'admettre... Oh, Albus...

    Dumbledore tendit la main et lui tapota l'épaule.

    - Je sais... Je sais... dit-il gravement.

    - Et ce n'est pas tout, reprit le professeur McGonagall d'une voix tremblante. On dit qu'il a essayé de tuer Harry, le fils des Potter. Mais il en a été incapable. Il n'a pas réussi à supprimer ce bambin. Personne ne sait pourquoi ni comment, mais tout le monde raconte que lorsqu'il a essayé de tuer Harry Potter sans y parvenir, le pouvoir de Voldemort s'est brisé, pour ainsi dire - et c'est pour ça qu'il a... disparu.

    Dumbledore hocha la tête d'un air sombre.

    - C'est... c'est vrai ? bredouilla le professeur McGonagall. Après tout ce qu'il a fait… tous les gens qu'il a tués ... il n'a pas réussi à tuer un petit garçon ? C'est stupéfiant ... rien d'autre n'avait pu l'arrêter... mais, au nom du ciel, comment se fait-il que Harry ait pu survivre ?

    - On ne peut faire que des suppositions, répondit Dumbledore. On ne saura peut-être jamais.

    Le professeur McGonagall sortit un mouchoir en dentelle et s'essuya les yeux sous ses lunettes. Dumbledore inspira longuement en prenant dans sa poche une montre en or qu'il consulta. C'était une montre très étrange. Elle avait douze aiguilles, mais pas de chiffres. A la place, il y avait des petites planètes qui tournaient au bord du cadran. Tout cela devait avoir un sens pour Dumbledore car il remit la montre dans sa poche en disant:

    - Hagrid est en retard. Au fait, j'imagine que c'est lui qui vous a dit que je serais ici ?

    - Oui, admit le professeur McGonagall, et je suppose que vous n'avez pas l'intention de me dire pour quelle raison vous êtes venu dans cet endroit précis ?

    - Je suis venu confier Harry à sa tante et à son oncle. C'est la seule famille qui lui reste désormais.

    - Vous voulez dire... non, ce n'est pas possible ! Pas les gens qui habitent dans cette maison ! s'écria le professeur McGonagall en se levant d'un bond, le doigt pointé sur le numéro 4 de la rue. Dumbledore... vous ne pouvez pas faire une chose pareille ! Je les ai observés toute la journée. On ne peut pas imaginer des gens plus différents de nous. En plus, ils ont un fils... je l'ai vu donner des coups de pied à sa mère tout au long de la rue en hurlant pour réclamer des bonbons. Harry Potter, venir vivre ici !

    - C'est le meilleur endroit pour lui, répliqua Dumbledore d'un ton ferme. Son oncle et sa tante lui expliqueront tout quand il sera plus grand. Je leur ai écrit une lettre.

    - Une lettre ? répéta le professeur McGonagall d'une voix éteinte en se rasseyant sur le muret. Dumbledore, vous croyez vraiment qu'il est possible d'expliquer tout cela dans une lettre ? Des gens pareils seront incapables de comprendre ce garçon ! Il va devenir célèbre—une véritable légende vivante—je ne serais pas étonnée que la date d'aujourd'hui devienne dans l'avenir la fête de Harry Potter. On écrira des livres sur lui. Tous les enfants de notre monde connaîtront son nom !

    - C'est vrai, dit Dumbledore en la regardant d'un air très sérieux par-dessus ses lunettes en demi-lune. Il y aurait de quoi tourner la tête de n'importe quel enfant. Être célèbre avant même d'avoir appris à marcher et à parler ! Célèbre pour quelque chose dont il ne sera même pas capable de se souvenir ! Ne comprenez-vous pas qu'il vaut beaucoup mieux pour lui qu'il grandisse à l'écart de tout cela jusqu'à ce qu'il soit prêt à l'assumer ?

    Le professeur McGonagall ouvrit la bouche. Elle parut changer d'avis, avala sa salive et répondit:

    - Oui... Oui, bien sûr, vous avez raison. Mais comment l'enfant va-t-il arriver jusqu'ici, Dumbledore ?

    Elle regarda soudain sa cape comme si elle pensait que Harry était peut-être caché dessous.

    - C'est Hagrid qui doit l'amener, dit Dumbledore.

    - Et vous croyez qu'il est... sage de confier une tâche importante à Hagrid ?

    - Je confierais ma propre vie à Hagrid, assura Dumbledore.

     

  • [Livre] Super-Vanessa et la crique aux fantômes

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : La petite ville de Cygne-sur mer est perturbée par des événements inquiétants : une lueur dans la maison vide sur la falaise, des esprits frappeurs qui exigent qu’on se brosse les dents, un tout petit monstre qui pousse des hurlements terrifiants, des parents aux allures d’ogres, et maintenant des fantômes d’affreux pirates morts ! Brrrr… Vanessa, la fille la plus super des terres du sud-est, mobilise sa petite bande de copains pour faire face à ces épreuves. Rejoignez avec elle (Super-)Louis, Gustave-Brutus, Marius-la-ficelle et Adam-le-roux, pour une aventure effrayante… mais aussi très tendre et drôle !

     

    Auteur : Florence Hinckel

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 24 août 2016

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : De Florence Hinckel, je n’avais lu jusque là que le tome de U4 dont elle s’est chargée et qui n’a pas franchement la même cible. J’avais beaucoup aimé son écriture dans cette histoire plutôt sombre (même si je n’ai pas trop apprécié les clichés sur Marseille et sa criminalité).
    Ici, je découvre la plume de l’auteur sous un autre jour, dans un roman destiné à un public bien plus jeune et où il y a plus d’humour que de drames.
    Dès la première page, qui est une page d’avertissement aussi bien pour les enfants que pour leurs parents, le ton est donné. On sait que ce livre sera plein d’aventures, de fantômes, de pirates, de frissons et surtout de rire, car rien que cette page a commencé à me faire glousser.
    Intercalés dans les aventures proprement dites, Florence Hinckel aborde également des thèmes comme les rapports avec les parents, la jalousie, le deuil…
    Les personnages, que ce soit Vanessa et ses amis ou les adultes, ne sont pas parfaits. Ils ont des failles et un physique qui les rapprochent de tout un chacun. On n’est pas là en face d’une ville peuplés de gravures de mode qui donne une fausse idée de la vraie vie aux enfants. Il y a des parents qui travaillent, avec des horaires parfois difficiles, des qui n’assurent pas, des qui font de leur mieux… Et du côté des enfants, ils sont parfois vantards, parfois peureux, parfois rancunier…
    Leurs défauts les rendent plus vrais, plus réels et on les en apprécie d’autant plus.

    Comme souvent dans les Pepix, l’histoire est parcourue de pages bonus : carte du village, mode d’emplois pour réaliser un film d’horreur, les lieux les plus angoissants, comment enregistrer un vrai cri d’horreur, etc…
    D’ailleurs, j’ai beaucoup aimé la fin qui se rapporte à un élément que l’on trouve dans l’une de ces pages bonus.
    Dans les personnages secondaires, j’ai beaucoup aimé Marguerite et j’espère qu’on la verra plus dans un prochain tome, puisqu’il semblerait qu’elle ait maintenant vraiment rejoint la bande d’amis.
    Toute cette petite équipe fait penser à une mini-scoubidoo team. Avec des vélos à la place de la camionnette et sans grand chien idiot qui les suit partout.
    Je n’ai pas lu le premier tome, qui semble se dérouler du point de vue de Louis, mais a priori, les histoires sont indépendantes, donc ça ne pose pas vraiment de problèmes.
    Côté illustrations, je ne peux pas vraiment me prononcer car je n’y prête jamais vraiment attention. Cependant, j’ai beaucoup aimé Vanessa, avec son petit air de lutin et je suis sûre que ces dessins renforceront l’envie de découvrir l’histoire chez les plus jeunes.
    Encore un excellent livre sont il me tarde de lire d’autres tomes pour retrouver toute cette joyeuse petite bande !

    Un extrait : Loulou, je l’adore parce qu’il est super-gentil avec moi, même si des fois il est dans la lune et que sa seule passion dans la vie, ce sont les super-héros. Il a vu tous les films Marvel, et il possède des tonnes de BD qui racontent la vie de Spiderman, Iron Man, Superman, bref tous ces noms qui riment avec banane (même si je crois que ce n’est pas fait exprès). Loulou est aussi très gourmand et du coup il n’est pas franchement maigrelet, si vous voyez ce que je veux dire. Bon, pas obèse non plus, hein, il a juste de bonnes joues qui lui donnent un air sympa, en tout cas, je trouve.
    Si j’ai freiné brutalement, c’est parce que j’ai vu mon Loulou tout triste, assis la tête dans les mains, sur le perron de sa maison toute simple, toute blanche à un étage. Moi, elle me fait penser à la maison des Simpson, vous savez, le dessin animé ? Je jette mon vélo dans l’herbe du petit jardin de devant, sans clôture autour, je vais m’asseoir à côté de Louis, je reste deux secondes à ses côtés sans rien dire, puis je chuchote :

    - Toi, tu penses à ton papa.

    Le père de Loulou est mort quand il était petit. Il était pompier et il a disparu dans les flammes en sauvant des gens. Un héro, quoi. Louis me jette un regard surpris.

    - Vanessa, t’es aussi douée que ta super-mamie. Tu devines tout !

    Je soupire. Ma mamie (qui est au ciel maintenant), si vous voulez savoir, elle était voyante. Ca veut dire qu’elle prédisait leur avenir aux gens qui n’aiment pas les surprises. Louis soupire aussi, et poursuit :

    -C’est comme la fois où tu m’as dit : Demain, la maîtresse ne viendra pas et ne reviendra plus jamais ! C’est là que j’ai su que tu avais le super-pouvoir de tout deviner ! tu as encore plus de pouvoirs que Super-Girl !

    Super-Girl est une jeune fille invulnérable, elle vole plus vite que la lumière, elle est dotée d’une super-ouïe, d’un super-souffle, d’une super-mémoire, d’une super-intelligence, elle dégage de la chaleur avec ses yeux, et en plus de ça elle voit très loin (mais pas dans l’avenir, elle). C’est un chouette compliment de me comparer à Super-Girl, mais je ne le mérite pas.

     

  • [Livre] Les évadés du bocal


    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé
     : Ils sont trois à s'évader d'un hôpital psychiatrique. 
    Trois "Pieds-Nickelés" qui s'unissent pour contrer le complot mondial qu'ils sont certains d'avoir découvert.
    Évidemment, ils sont quand même bien allumés.
    Évidemment, ils sont gavés de médocs depuis des années.
    Évidemment, leur cavalcade n'est peut-être qu'une gigantesque farce loufoque.
    N'empêche : et s'ils avaient raison ?...

     

    Auteur : Bruno Lonchampt

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 7 septembre 2016

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : Il est évident que Yves, Lisa et Sandro sont bien atteints. J’ai d’ailleurs été incapable de m’attacher à eux, tout en appréciant beaucoup leur épopée.
    Leur psy ne m’a pas du tout plu. Sandro est certainement schizophrène, Lisa a très clairement de très gros problèmes (c’est celle qui m’a le plus énervée) et Yves est peut être paranoïaque, mais qu’il le soit ou pas (après tout, on a aucune preuve) le psy n’est pas clair du tout.
    L’écriture de Bruno Lonchampt est rythmée, dès l’instant où nos trois larrons s’échappent de l’hôpital psychiatrique, on n’a plus une seconde de répit, tout s’enchaîne à une vitesse folle.
    J’ai été outrée par l’attitude des services de sécurité de l’hôtel où se tient le congrès sur le traité transatlantique. On sent bien qu’ils se sentent protégés et clairement au dessus des lois. Ce qui m’énerve le plus c’est que Lisa, Yves et Sandro, sous prétexte qu’ils sont internés, semblent n’avoir aucun droit.
    Au milieu de tous leurs délires, on se demande s’ils n’ont pas mis le doigt sur une vérité dérangeante. Parce qu’au final, peut importe que le psy soit coupable ou non de ce que les trois comparses l’accusent, parce que ces actes existent bel et bien, et ce dans l’indifférence générale.

    J’ai apprécié le fait qu’au fil du roman, on ait des chapitres « interludes » permettant de savoir ce qui a conduit chacun des personnages en hôpital psychiatrique.
    Parsèment également le roman des poèmes de rue, graffitis écrits par un artiste qui signe Messiah et dont le nombre d’« œuvres » laisse à penser qu’il ne s’agit pas d’une seule personne mais plutôt d’un groupe unis derrière une sorte de leader (probablement le graffeur d’origine). Ces poèmes dénoncent tout ce contre quoi Yves se bat et semblent justifier son attitude. Peut être a-t-il des raisons d’être paranoïaque ? Comme ils l’ont dit dans X’files « Ce n’est pas parce que vous êtes paranoïaque que personne ne vous suit ».
    La fin m’a déçue. Pas parce qu’elle est mal écrite, bien au contrainte, c’est une fin à laquelle j’aurais du m’attendre et qui est d’une grande justesse. Mais j’aurais espéré autre chose. C’est mon côté disney…

    Un extrait : Ils l’ont vaincu, c’est clair et net. Cachetonné à la truelle, Sandro n’existe plus ; il s’enfonce dans son fauteuil, l’esprit écrabouillé par les médocs, la vie en fond sonore. Les blouses blanches des soignants quasi fantomatiques errent dans la grand-salle. Dans son coin, le vieux Yves bave sa surdose de neuroleptique, l’air bovin, face à la fenêtre, remâchant le vide de l’existence. Moussa, lui, psalmodie des incantations mystérieuses censées lui « rendre son âme d’origine », pendant qu’à côté on joue au Pictionnary délesté de toute forme d’imagination. Bienvenue…
    Lisa semble moins chargée, elle. Elle chante. Sa voix nasillarde envahit l’air, belle malgré les failles et les petits couacs, et peu à peu, le charme opère. Bientôt, les neurones les moins entravés cherchent la source, les lèvres hésitant à sourire.
    Lisa. Lisa et ses magnifiques boucles brunes qui lui tombent jusque sous les épaules, ses yeux d’un bleu glacé sur sa peau mate, son naturel déglingue…Lisa réveille les comateux. Oui : un à un, ils cèdent. D’abord les malades pas très loin du départ, ceux dont les traitements ont pris leur rythme de croisière, puis tous les autres – même les plus atteints : ils écoutent, regardent… Dans la salle commune, il n’y a plus que la télévision qui parle, et elle parle toute seule. Les yeux fixent autre chose.
    Eclair brun, Lisa vient se promener entre les trois tables rondes et le canapé en sky vert face à l’écran. Elle se déhanche tranquillement, interprétant « Rehab » d’Amy Winehouse avec pas mal de classe.
    Les infirmiers s’arrêtent, hésitant entre amusement et admiration – ils n’ont pas encore compris que Lisa n’en est qu’à l’échauffement. Pourtant elle, dans sa tête, ça fait un moment qu’elle est prête à foncer. Sa voix gagne en puissance, la douceur n’y est plus vraiment, son visage se crispe, ses mains s’agrippent à ses vêtements, les tiraillant, comme gênées par ce tissus qui lui colle à la peau.
    Et ça démarre.
    Le geste est rapide : un débardeur Dolce Gabana danse dans les airs, le soutien-gorge le suit très vite. Moussa en a la bouche qui pend, il a même oublié son âme paumée et ses débats avec le Diable. A côté de lui, Sandro entame un dialogue avec son sexe pour empêcher un craquage de caleçon. Chacun salive sur la suite…
    …mais le strip-tease est stoppé net. Juste au moment où le jean laissait apercevoir un string ultra-minimaliste ! Et le rêve s’arrête brutalement, pendant que la réalité refait surface, molle et fadasse.
    La suite réelle, du coup, c’est les soignants qui rament pour ramener Lisa à l’écart, même à quatre. Ce n’est pas qu’elle résiste ou qu’elle fasse de grosses difficultés, seulement elle minaude, caresse sans arrêt, et se glisse tout en finesse en dehors des mains qui l’empoignent, perturbant des infirmiers pas franchement formés à gérer leurs propres hormones. Mais pour Sandro et les autres, ça n’a plus aucun intérêt, le meilleur est passé, autant dormir maintenant.

     

  • [Livre] La véritable histoire de Noël

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    Résumé : Au cœur de la Laponie, pays des neiges éternelles, le jeune orphelin Nicolas est recueilli par les habitants de son village. Mais ils sont tous trop pauvres pour pouvoir l’adopter. Le Conseil des Anciens prend alors une décision inédite : chaque année, le garçon sera pris en charge par une famille différente, et il en changera le jour de Noël.
    Avec une étincelle d’espoir et de joie de vivre, Nicolas décide de se consacrer à sa passion : fabriquer des jouets. Le garçon va ainsi raviver l’émerveillement au cœur de cette région glacée. Et pourrait bien être à l’origine d’une des plus belles légendes.

    Auteur : Marko Leino

     

    Edition : Michel Lafon

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 13 Novembre 2014

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : L’écriture est très agréable. Même si parfois les dialogues sont un peu formels et manquent de naturel, ça ne gêne pas vraiment parce qu’on est dans une légende racontée par un grand père à ses petits-enfants.

    Je m’attendais à une histoire assez gaie, vu qu’il s’agit d’expliquer Noël, le père noël, la tradition des cadeaux, etc… mais en fait, j’ai pleuré du début à la fin (alors ok, j’admets, en ce moment je suis fatiguée et je pleure pour un rien, mais tout de même !!).
    Parfois c’est un peu incohérent, comme toutes les légendes, comme quand un enfant de 1 an discute avec sa mère comme un enfant de 10 ans.
    L’histoire est sur le partage, sur le fait de donner sans rien attendre en retour. Mais ce qui m’a le plus marquée ce sont les deuils. La vie de Nicolas m’a semblé être un deuil permanent. Deuil de sa famille, de ses espoirs, de certaines amitiés…
    Nicolas n’a aucune notion du temps qui passe alors que toute son histoire est basée sur le temps avec comme point de départ (ou de fin selon de quel point de vue on se place) le jour de Noël. Comme on suit Nicolas, on en perd la notion du temps nous aussi, on ne le voit ni grandir, ni vieillir. Il reste le petit garçon de 5 ans qui a dû affronter le pire des deuils la veille de Noël.
    Nicolas va commencer à fabriquer de petits jouets en bois pour les enfants du village, en remerciement pour les soins que lui ont prodigués les parents lors de l’année écoulée. Cette petite manie va tourner à l’obsession et donner lieu à la plus grande légende ayant jamais existée.
    Il est intéressant de voir que chacun des éléments les plus importants de la légende du père noël a une explication non seulement parfaitement logique mais parfois loin d’être heureuse.
    L’histoire est composée de 24 chapitres, un pour chaque jour de l’avent. Le premier et le dernier chapitre sont consacrés au présent, aux deux petits garçons qui découvrent cette histoire et avec qui nous la découvrons également.

    La fin laisse songeur entre réalité et légende, on ne sait plus très bien ce qui est réel et ce qui relève de l’imagination.

    Un extrait : – Aada et Nicolas… murmura le grand-père, d’un air déconcerté. C’est étrange. Moi qui croyais que ce n’était qu’une légende.

    Étonnés, les deux frères observèrent leur aïeul.

    – Qu’est-ce qui n’est qu’une légende ? s’empressa de demander Tommi.

    – Une histoire racontée aux enfants dans la région depuis des lustres. On l’appelait La Véritable Histoire de Noël. C’est mon grand-père qui me l’a racontée pour la première fois, avant le Noël précédant mes quatre ans, expliqua le grand-père, incrédule devant le coffret reposant au creux de sa main. Même si j’ai dû l’entendre cinq ou six fois durant mon enfance, je l’avais presque oubliée avec le temps.

    – De quoi ça parle ? interrogea Tommi.

    – C’est une longue histoire, vous n’aurez pas le courage de l’écouter, soupira le grand-père.

    – Mais si ! Allez, raconte ! insistèrent les frères en tirant leur aïeul par les deux manches.

    – Montrez-moi d’abord où vous avez trouvé ce coffret, dit le grand-père en se levant. Emmenez-moi sur place.

    Le grand-père, Tommi et Ossi se retrouvèrent bientôt assis côte à côte sur le rocher d’où les garçons avaient plongé.

    Les deux frères observèrent le grand-père qui, étrangement, semblait ailleurs. Il caressait le couvercle du coffret qu’il tenait toujours à la main, tout en scrutant le large.

    – C’est donc ici, se dit le grand-père. Il était si proche, tout le temps. Et ce vieux pin desséché derrière nous… Tout concorde. C’est incroyable.

    – Allez, raconte ! s’écrièrent à l’unisson les garçons.

    – Bien, finit par acquiescer le grand-père. Je vous raconte La Véritable Histoire de Noël telle que mon grand-père me l’a narrée. Même si elle se racontait traditionnellement avant Noël. Dès le début du mois de décembre, un chapitre par soir, jusqu’à ce que l’histoire arrive à son terme, la veille de Noël.

    – Un peu comme un calendrier de l’Avent ! fit remarquer Ossi.

    – Un peu, reconnut le grand-père. Ça me fait drôle de vous la raconter en plein milieu d’une journée d’été. Mais peu importe, puisque vous n’aurez quand même pas la patience d’attendre jusqu’en décembre. À moins que si ?

    – Non, surtout pas ! s’exclamèrent les garçons.

    – C’est bien ce que je pensais, rit le grand-père avant d’indiquer de la main la ville située au nord. Il y a très, très longtemps, cette ville n’était qu’un petit patelin nommé Korvajoki et ne comptait que huit maisons. C’était l’époque où les gens vivaient essentiellement de la pêche. Mis à part ce village de pêcheurs, la région était à peine habitée. Sauf que… poursuivit le grand-père en se tournant de nouveau vers la mer… tous ne demeuraient pas au village. Il y avait aussi une famille qui habitait une île, précisa-t-il en désignant le large. Elle se trouve à peu près dans cette direction, à environ deux kilomètres, tout droit vers la haute mer. C’est un îlot, à peine plus grand qu’un rocher. À ma connaissance, plus personne n’y possède de chalet aujourd’hui, l’endroit est complètement désert.

    Les deux frères se tournèrent, pour regarder dans la direction indiquée par leur grand-père, et mirent leur main en visière. La mer baignée de soleil scintillait face à eux trois.

    – Alors, qui habitait cette île ? demanda Ossi.

    – Une modeste famille de pêcheurs du nom de Pukki. Ils étaient quatre : le père, Einari Pukki, son épouse, Alexandra, et leurs deux enfants, Nicolas et Aada.

     

  • [Livre] Bleu passion

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    Résumé : Milan, Italie, 1487

    Giulia, 17 ans, va passer le reste de sa vie au couvent de Sainte Marta. Une chose impossible pour elle, qui voudrait un mari et un foyer. La jeune fille trouve de l'aide auprès d'un sorcier qui lui confectionne un talisman magique: avant l'hiver, son désir le plus cher aura été accompli. Elle entre au couvent, persuadée qu'un miracle se produira. Soeur Humilitià, qui y enseigne le dessin et la peinture, décèle le talent de Giulia et lui offre une place dans son atelier. Cet endroit merveilleux où l'on fabrique en secret la couleur tant convoitée du Bleu Passion. Et si le destin de Giulia était la peinture...?

     

    Auteur : Victoria Strauss

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 3 Février 2014

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : L’auteur a écrit un livre bien documenté, où, au-delà de la fiction, on en apprend beaucoup sur la vie des novices dans un couvent du XVème siècle et sur la manière dont la peinture est faite à cette époque. Beaucoup de termes techniques, que ce soit des termes de couvent ou des termes de peinture, sont assortis d’un petit astérisque et on peut en découvrir une définition détaillée dans le glossaire à la fin du roman. Petit bémol sur le fait de devoir faire des allers-retours entre ce glossaire et le texte, j’aurais préféré que les explications soit en note de bas de page, ça aurait été plus simple pour le lecteur (et rien n’empêchait de faire aussi le glossaire pour tout réunir).

    Giulia est la fille illégitime d’un comte, qui, s’il a toujours donné un toit à sa fille, malgré la mort de sa maîtresse 10 ans plus tôt, n’a jamais pris la peine de la reconnaître. A sa mort, il laisse un testament dans lequel il lègue une somme d’argent à la jeune fille, somme d’argent qui doit, stipule-t-il servir de dot pour qu’elle se marie.
    Mais la femme du comte, exécuteur testamentaire de son défunt mari, voit là sa revanche pour l’humiliation d’avoir eu la bâtarde de son mari employée sous son toit.
    Puisque le désir de son mari était que Giulia soit mariée, et qu’elle se doute que c’est là également le désir de la jeune fille, elle va la marier, oui, mais à Jésus Christ, et l’expédier finir ses jours dans un couvent auquel elle versera sa dot pour son entrée en religion.
    Le monde de Giulia s’effondre, elle qui rêve d’un mari, d’enfants et d’un foyer bien à elle, la voilà novice dans un couvent.
    Cela dit, quand on voit les règles du couvent, on se dit qu’il y a pire dans le genre. Ici les religieuses n’ont pas à se lever la nuit pour les prières comme dans d’autres cloîtres, les repas sont abondants, bref, c’est un couvent  où la vie est moins dure qu’ailleurs, d’autant que la mère supérieure, bien qu’elle ne puisse rien faire contre cela, est révoltée par toutes ces familles qui enferment les filles dont ils ne veulent pas s’occuper.
    Assez vite, Giulia est repérée par sœur Humilata qui l’introduit dans son atelier de peinture. Giulia est impressionnée et il y a de quoi, il faut dire qu’au XVème siècle, les femmes ne peuvent pas être peintre. Pire encore, on ne se contente pas de les exclure de la profession, on les considère comme incapables de peintre du seul fait de leur condition féminine.
    Humilata est si douée qu’elle a crée une couleur éclatante, un bleu flamboyant qu’elle a nommé le bleu passion et dont la recette est gardée secrète.

    Giulia est douée d’une grande force de caractère, mais elle a aussi une grande naïveté, ce qui n’est pas étonnant car elle ne connaît pas grand-chose du monde.
    Elle est fermement décidée à s’enfuir du couvent et à réaliser ses rêves, mais cela lui fait parfois faire des choix stupides, sans songer aux conséquences.
    Il va lui falloir du temps pour admettre que peut-être la voie de l’indépendance et du bonheur est différente de celle qu’elle avait imaginée.

    Autour de Giulia, il y a beaucoup de personnages sympathiques mais aussi quelques belles pestes comme Alessia qui n’a pas l’intention de perdre son statut d’aristocrate.
    Il faut dire que pour un lieu où toutes devraient être égales devant Dieu, la différence de classe est bien marquée entre les sœurs de cœur, issues de la noblesse (ou d’une forte dot) et les sœurs converses, qui servent de domestiques aux premières. J’ai été choquée par cette différence faite au sein même d’une maison de Dieu.
    Une scène m’a marquée : celles où plusieurs religieuses qui semblent être heureuses au couvent expliquent à Giulia comment elles sont devenus religieuses, et elle va pouvoir voir qu’elle est loin d’être la seule à n’avoir pas eu le choix.

    C’est un livre qui se lit vite, personnellement, je l’ai terminé en une après-midi. Et, même si j’ai trouvé la fin un peu trop moralisatrice, j’ai beaucoup aimé cette lecture.

    Un extrait : La femme la conduisit jusqu’à l’escalier de marbre qui menait aux suites et aux chambres de la famille Borromeo, dans les étages supérieurs. L’escalier, réservé aux maîtres et à leurs invités, n’étaient pas plus autorisé aux domestiques qu’aux bâtards. C’était la première fois de sa vie que Giulia y posait le pied.
    La servante laissa Giulia dans une antichambre dépourvue de meubles, mais dont les murs étaient décorés de fresques aux teintes passées représentant des scènes de chasse. Au bout d’un temps interminable, une éternité, la comtesse entre, dans un tourbillon de velours et de brocart.

    - Madame la comtesse…

    Giulia fit une profonde révérence. Elle se rendit compte trop tard que ses doigts étaient tachés de fusain. En se relevant, elle s’efforça de les cacher dans les plis de sa jupe.

    - Mon mari m’a nommée exécutrice testamentaire de sa fortune, et je suis chargée de faire respecter ses dernières volontés, dit la comtesse d’une voix aussi glaciale que le marbre du sol de l’antichambre. Désormais, toutes les décisions passent par moi.

    - Oui, madame la comtesse.

    Giulia avait toujours senti la haine que cette femme lui vouait depuis sa naissance, et elle pouvait compter sur les doigts d’une main le nombre de phrases qu’elle lui avait adressées dans sa vie.

    - Quel âge as-tu ? Seize ans ?

    - Dix-sept depuis le mois de mars, madame la comtesse.

    - Mon mari t’a couchée sur son testament. Il te lègue une somme de trois cents ducats, pour ta dot.

    Giulia resta interdite. Malgré elle, elle leva les yeux vers la comtesse et rencontra son regard sombre et dur. Elle baissa la tête aussitôt.

    - Je vois que tu es surprise. Tout comme moi. Mon mari ne m’avait jamais fait part de cette intention.

    - Madame…je ne savais pas…je veux dire que je ne m’attendais pas à…

    - Aucune importance. (La comtesse balaya d’un geste les propos de Giulia). Je me suis occupée de te trouver un chaperon, comme il se doit. Demain à midi, tu partiras pour Padoue où tu commenceras ton noviciat au couvent de Sainte Marta.

    - Au couvent ? Madame la comtesse…Je ne comprends pas.

    - C’est très simple. Le comte souhaitait que tu te maries. Eh bien, j’ai pris des dispositions pour que tu deviennes l’épouse de Notre Seigneur Jesus-Christ. Ta dot est modeste, mais les religieuses ont bien voulu l’accepter pour rendre service à ma famille. Padoue, comme tu le sais, est la ville où je suis née.

    - Mais… (Giulia eut du mal à reprendre sa respiration.) Madame la comtesse, je ne veux pas devenir religieuse.

    - Et que veux-tu que cela me fasse ? Cette demeure est maintenant la mienne. Et j’exige que tu en partes ! (La comtesse perdait son sang-froid, sa voix était pleine de rage) Qu’est ce que tu t’imaginais ? Tu croyais qu’après la mort de ton père, tout allait continuer comme avant ?

    Bien entendu, Giulia n’était pas assez sotte pour avoir cru cela. Sa mère, la plus douée des couturières de la maison, avait également été la maîtresse préférée du comte, lequel de ce fait avait toujours protégé Giulia. Il avait pris des dispositions pour qu’Annalena, la cuisinière, s’occupe de la jeune fille après le décès de sa mère : qu’elle veille à ce que Giulia lui succède à l’atelier de couture dès qu’elle serait en âge de le faire, et vérifie tous les ans si cette activité lui convenait toujours. Giulia savait pertinemment que la disparition du comte remettait tout en cause. Néanmoins, elle avait espéré qu’on lui permît de rester. La vie au palazzo Borromeo n’était pas toujours facile, mais c’était le seul foyer qu’elle connaissait.
    Elle avait essayé de se préparer au pire. Mais jamais, même dans ses plus terribles cauchemars, elle n’avait imaginé une chose pareille.
    Le legs du comte était inattendu, mais le sort que lui réservait la comtesse était inconcevable.

     

  • [Livre] Miss pain d'épices

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    Résumé : Je m'appelle : Cannelle
    Mon âge : 13 ans
    Je suis : rousse
    J'aime : Sam, un garçon décalé que ma meilleure amie déteste
    Je rêve : d'assumer mes sentiments
    Mon problème : j'ai peur de perdre mes amis et de redevenir celle dont tout le monde se moque...

    Auteur : Cathy Cassidy

     

    Edition : Nathan jeunesse

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 8 Octobre 2015

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Après des années de primaire désastreuses, Cannelle est enfin populaire et amie avec Shannon, la fille la plus populaire du collège.
    J’ai beaucoup aimé l’écriture de l’auteur, comme toujours, mais je trouve qu’elle a mal situé son histoire : les actions de Shannon, en particulier, sont plus celles d’une ado de 15 ou 16 ans que celles d’une préado de 12 ans. Quand j’ai lu, à un moment du récit qu’elle allait fêter son 13ème anniversaire, je me suis sentie comme arrachée de l’histoire, ça ne collait pas du tout : les sorties, le maquillage outrancier, les tenues provocantes, la manière de parler, rien ne permet vraiment de s’identifier à une gamine de 12 ans. Tout aurait été plus cohérent, à mon sens, si Cannelle avait changé à son entrée au lycée, plutôt qu’à son entrée au collège.
    Dès son apparition, j’ai beaucoup aimé Sam (faut dire que je ne supporte pas les profs qui se prennent trop au sérieux et qu’il ne se laisse pas démonter par eux). En revanche, au fil de ma lecture, j’ai très vite commencé à me méfier de Shannon. Je l’ai trouvée superficielle et très calculatrice. J’aurais aimé que Cannelle la remette à sa place un peu plus souvent, mais je comprends ses raisons.
    Emily, ancienne « amie » de Canelle en primaire, est très touchante, autant par sa gentillesse que par sa découverte d’un nouveau « elle ». Elle est l’exemple type qu’on peut se relooker et devenir plus populaire sans changer sa nature.
    Quant à Cannelle, c’est plus compliqué. Elle a été un peu traumatisée par ses année de primaire et du coup vit dans la crainte d’être de nouveau rejetée, mais je trouve qu’elle ne vit pas sa vie pour le coup. Faire semblant d’aimer un groupe de musique ou une couleur de vernis à ongle pour être « en phase » avec son amie, passe encore, mais n’avoir aucun autre avis que ceux qu’elle « approuve », c’est un peu exagéré. Des amies, des vraies amies, ne sont pas toujours d’accord, et cela leur importe peu.

    La fin était sans surprise pour un roman dédié à un jeune public, mais agréable tout de même.

    Un extrait : Cannelle Brownie… on dirait une couleur de peinture ou de teinture pour les cheveux. Ou encore un gâteau bizarre un peu écœurant. Quel genre de parents appellerait leur fille ainsi ? Réponse : les miens.

    Ils n’avaient pourtant pas l’intention de me gâcher la vie. Ils ont simplement trouvé original de choisir les prénoms de leurs enfants en s’inspirant des jolis bocaux en verre de leur placard à épices. Si mon père n’avait pas été un si grand amateur de cuisine, rien de tout cela ne serait arrivé.

    Ma grande sœur s’appelle Mélissa, d’après la plante aromatique qu’on retrouve souvent dans les tisanes. J’ai eu moins de chance qu’elle. Si encore je n’avais pas eu les cheveux roux foncé, ça aurait pu passer.

    Mais avec une combinaison pareille, j’étais condamnée à devenir la cible de toutes les plaisanteries.

    Je l’ai compris dès mon premier jour à l’école primaire, quand la maîtresse a réprimé un sourire en faisant l’appel. Les garçons m’ont tiré les tresses en riant, et les filles m’ont demandé si mes parents étaient pâtissiers. Très drôle.

    Ce soir-là, en rentrant à la maison, j’ai annoncé à mes parents que je voulais changer mon prénom en Emma ou Sophie. Ils se sont gentiment moqués de moi. D’après eux, c’était une bonne chose de ne pas ressembler à tout le monde, et Cannelle était un très joli prénom.

    Ça ne m’aidait pas beaucoup.

    – Ne les laisse pas t’atteindre, m’a conseillé ma sœur. Ris avec eux ou ignore-les.

    Facile à dire. Mélissa allait déjà au collège et c’était une fille sûre d’elle, populaire et entourée d’amis. Elle avait beau avoir les mêmes cheveux que moi, personne ne la taquinait jamais à ce sujet.

    J’ai fini par m’apercevoir que le plus simple était de me faire la plus discrète possible.

    – C’est une élève très réservée, a confié Mlle Kaseem à mes parents au début de mon année de CM2. Elle est adorable, mais elle ne se mêle pas beaucoup aux autres. Rien à voir avec Mélissa.

    Heureusement, elle ne leur a pas tout raconté – que personne ne me choisissait lorsqu’il fallait composer une équipe en sport ou préparer un exposé, que mes camarades ne m’invitaient jamais à leurs soirées pyjamas, leurs fêtes ou leurs sorties au cinéma. J’étais le mouton noir de la classe. Assise toute seule à la cantine, je rêvais de devenir invisible tout en mangeant une seconde part de tarte pour m’occuper et combler le vide que la solitude creusait dans ma poitrine.

     

  • [Livre] Dans de beaux draps

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    Résumé : Jade Toussaint, 16 ans, s'apprête à prendre l'avion pour voir sa meilleure amie Clem qui vit au Québec. Mais la voiture est coincée dans les embouteillages. Cela donne le temps à Jade d'apercevoir, dans une laverie, Rodolphe, son demi-frère qu'elle n'a pas vu depuis deux ans. La jeune fille se souvient... Rodolphe est arrivé un soir, quasi à l'improviste. Il a expliqué qu'il était le fils d'Eric, le beau-père de Jade, et qu'il allait rester chez eux pendant un moment.

    Il a suffi que Jade mette sur son compte Facebook une photo de lui endormi dans son lit pour que le cercle vicieux du mensonge commence. Afin de gagner en popularité, Jade fait croire à tout son collège qu'elle sort avec Rodolphe, beau jeune homme d'une vingtaine d'années. En l'espace de quelques semaines, la situation de la jeune fille vire au cauchemar... Les remarques féroces et les insultes fleurissent sur son mur.

    Un groupe est même créé et il porte un nom sans équivoque : Pas besoin d'avoir 20 ans pour se faire la petite Jade.

     

    Auteur : Marie Colot

     

    Edition : Alice Tertio

     

    Genre : jeunesse

     

    Date de parution : 29 Octobre 2015

     

    Prix moyen : 12€

     

    Mon avis : J’aime bien l’écriture de l’auteur. Elle écrit à la première personne, se mettant ainsi dans la peau de Jade, et réussi le pari d’avoir une écriture addictive tout en donnant l’impression qu’on lit bien les mots et pensées d’une adolescente.
    J’ai trouvé la famille de Jade agaçante pour le peu qu’elle nous en parle. Je trouve que sa mère a tendance à se plaindre de sa famille nombreuse et à se décharger de ses deux plus jeunes garçons sur Jade, la seule de ses filles à être disponible pour du baby-sitting, quoique contre son gré. C’est un peu comme si elle avait trouvé très amusant de faire 4 gosses de 4 pères différents mais que les gérer au quotidien était beaucoup moins drôle.
    Jade est une gamine de 14 ans comme les autres, à la recherche d’un peu de popularité. Elle se sent seule dans cette famille ultra recomposée dont elle ne supporte pas les membres excepté sa mère, son demi-frère Victor et le chien de la famille. D’ailleurs on remarque qu’elle ne parle jamais de ses sœurs ou de ses frères, elle précise toujours : demi-sœur, demi-frère, sœur par alliance… On voit qu’elle met une distance entre elle et eux. Sans compter que sa meilleure amie a déménagé au Canada et que leurs échanges se réduisent comme peau de chagrin.

    Alors l’arrivée de Rodolphe, le fils inconnu de son beau père, véritable demi-dieu aux yeux de l’adolescente, est une véritable bouffée d’air pur.
    Son mensonge semble innocent au début, juste de quoi se faire mousser un peu. Mais, avec la réaction des autres élèves, que ce soit par jalousie (comme Marion) ou par dépit (comme Nathan qui s’était de toute évidence fait des illusions sur les sentiments de Jade pour lui et supporte mal le rejet), cela prend des proportions énormes et tourne au véritablement harcèlement de la gamine. Et comme elle ne veut pas qu’on découvre son mensonge, elle ne peut pas se plaindre à sa mère de ce qui se passe.
    Rodolphe est très mystérieux : il reste secret sur ses déplacements, sur la raison de sa présence… Jade découvre des noms, des numéros de téléphone, et le mystère s’épaissit. En plus, à force de raconter des cracks sur elle et Rodolphe, Jade fini par se prendre au jeu et à imaginer une histoire entre eux, malgré la différence d’âge.
    Pour donner plus de corps et de réalisme à l’histoire, le récit est émaillé de « capture » d’écran de facebook, montrant les statuts et commentaires que lit Jade sur le réseau social.

    Pour nous aussi les choses sont mystérieuses car on ne les découvre que petit à petit.

    Le roman débute deux ans après les faits, en 2015, alors que Jade a pris un certain recul sur l’histoire. Les chapitres se déroulant en 2013 sont donc les souvenirs de Jade. D’ailleurs les chapitres « 2015 » sont narrés au présent alors que les chapitres « 2013 » le sont au passé.

    J’ai trouvé la fin sans surprise car le récit nous emmenait lentement mais sûrement vers ce dénouement.
    Ce roman a beau être court, il était intense et je l’ai lu d’une traite, sans pouvoir le poser.

     

    Un extrait : Ma petite théorie, c’est que les catastrophes surgissent pile au moment où on les attend le moins. Comme une crise cardiaque aux toilettes, un tremblement de terre lors d’un bain de soleil ou un morceau de gâteau coincé dans le gosier d’une vieille dame le jour de ses cent ans. Moi, j’ai seize ans et je frôle l’étranglement, l’asphyxie et l’arrêt du cœur en même temps.
    Rodolphe est là, à quelques mètres de moi, derrière la vitre du salon-lavoir. J’ai mal aux yeux tellement je les écarquille. J’aurais été moins surprise de me noyer dans ses gouttes de pluie que d’apercevoir sa silhouette au milieu des bulles de savon autocollantes de la devanture du Raton-Laveur.
    Il y avait autant de probabilités de tomber sur lui que sur le président des Etats-Unis dont Eric écoute les déclarations aux infos. Mon beau-père préfère le désastre à la musique. Il est 8 heures 30 et il monte le son de l’autoradio. Il ne rate jamais une miette de l’actualité, histoire de s’indigner de l’avenir alarmant du monde.
    Là, c’est plutôt le mien, d’avenir, qui m’inquiète. Je ne parviens pas à détacher mon regard de Rodolphe qui fourre son linge dans une machine. Il faut absolument que cette voiture avance avant que mes souvenirs m’étouffent.
    J’essaie de me concentrer sur la voix du journaliste qui annonce pour la dixième fois de la matinée les dernières nouvelles avec une vois presque guillerette. Il communiquerait le prix de la promo de la semaine sur les mandarines avec le même enthousiasme. Un fruit ou une bombe, pour lui, c’est pareil. Pas pour moi : j’en ai une sous le nez qui me déchire sans même exploser.
    Rodolphe fait sa lessive à deux pas de moi. Je n’y crois pas, vraiment ! Pourtant, c’est lui. Mal rasé, avec ses cheveux bouclés plus courts qu’à l’époque. C’est dingue qu’il me fasse toujours autant d’effet.

     

  • [Livre] La fille seule dans le vestiaire des garçons

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    Résumé : Marion est une adolescente qui vit avec un petit frère étonnant (incapable de se taire mais apte à tenir plusieurs sujets de conversation simultanément) et sa mère. Son père les a abandonnés brutalement, laissant une famille désœuvrée, une ex-épouse branchée à son site de rencontres et des enfants en manque de repère. Au collège, Marion est étiquetée "Intello". Bonne élève de 3e, sérieuse, passionnée par la musique, joueuse de guitare, chanteuse et compositrice. Relativement isolée, sa vie amoureuse est aussi désertique que celle de sa mère est mouvementée.
    Enzo, beau gosse populaire dans l'établissement, s'amuse à la draguer. Marion reste froide à ses provocations. Mais un jour, à la fin des cours, les choses dérapent. Enzo dépasse les bornes, Marion se défend et écorne à la fois l'image et l'entrejambe de l'adolescent. A partir de là, une escalade commence. De basses vengeances en règlement de compte, les choses dégénèrent.

    Auteur : Hubert Ben Kemoun

     

    Edition : Flammarion

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 27 Avril 2013

     

    Prix moyen : 13€

     

    Mon avis : Enzo c’est le type même de gosse (parce que ne lui en déplaise, c’est un gosse) qu’on a envie de fracasser contre un mur et ses parents avec lui. Parce qu’on n’atteint pas ce niveau de provocation envers les profs et d’actes répréhensibles (racket, harcèlement) avec ses camarades sans avoir une éducation d’enfant roi à la maison.
    C’est le genre d’ado qui, s’il n’est pas remis à sa place, là, quand il a 15 ou 16 ans, sera probablement condamné pour viol dans les 10 ans qui suivent. Car si on refuse le « non » d’une fille pour un baiser à 15, quel « non » refusera-t-on à 25 ans ?
    Marion est une jeune fille fragile. Depuis le départ brutal (et pas très glorieux) de son père, elle voit sa mère se plonger dans les sites de rencontre et ramener tocard sur tocard, ce qui la rend hostile envers toute la gent masculine.
    Alors quand Enzo, vexé par les rebuffades, l’embrasse de force, la réaction de Marion est immédiate : elle cogne et écorne l’orgueil du petit coq auquel personne ne tient jamais tête. Lui et ses copains sont bien décidés à se venger, à trois ou quatre contre une, comme les lâches que sont toujours ces petits caïds.
    Marion se sent seule, elle ne pense pas pouvoir se confier à sa mère, son frère, quoique très intelligent, est trop jeune pour saisir tous les problèmes auxquels est confronté sa sœur et de toute évidence le personnel du lycée ne traite pas le problème que pose cette petite bande avec beaucoup de sévérité.
    Le livre montre ensuite l’escalade dans la violence qui peut se produire quand une victime de harcèlement, même isolée, décide de ne pas se laisser faire par ses agresseurs sans pour autant en parler.
    Même s’il ne comprend pas tout, ce qui donne parfois des phrases assez drôles quand il se trompe de mot, Barnabé semble être celui qui a le plus d’empathie. Mais qu’est ce qu’il est difficile à suivre… Si c’était mon frère, j’aurais autant envie de lui faire des câlins que de l’étrangler.
    J’ai trouvé que la fin était « jolie » mais je déplore qu’il n’y ait pas eu un accent plus marqué sur les conséquences des actes de chacun des protagonistes. De ceux des harceleurs, bien sûr, mais aussi de ceux de Marion, car si sa première réaction (quand Enzo l’embrasse malgré son refus) est légitime, elle n’agit ensuite que par vengeance. Or la vengeance n’est jamais la solution appropriée.
    D’ailleurs, même si sa mère est dans son monde, dans la recherche d’un compagnon, on peut voir qu’elle peut se plier en quatre et rameuter la moitié de la ville pour protéger ses enfants.
    L’écriture de ce livre reste agréable et l’auteur a su capter avec beaucoup de justesse ce qui peut se passer dans la tête d’une adolescente mal dans sa peau, isolée, et affublée de l’insulte suprême chez des collégiens « l’intello ».

     

    Un extrait : Enzo avait commencé très fort, ce jour-là.

    J’aurais dû faire attention, depuis quelques jours, il attaquait sans cesse, mais je n’y avais pas porté plus d’intérêt que ça. Ce lundi, il a vraiment mis toute la gomme.

    Cela avait débuté dès le matin, avec des petites piques lourdes et assez lamentables. J’avais fait mine de ne pas les entendre. Les blagues d’Enzo sur les filles étaient rarement fines et elles ne méritaient jamais qu’on s’y attarde. Il avait continué dans la file de la cantine, en me demandant si je ne préférais pas un repas en tête à tête aux chandelles dans un bon resto, plutôt que le bœuf bourguignon qu’on nous servait au self.

    — Je suis au régime des garçons dans ton genre ! avais-je répliqué en laissant passer mon tour et une quinzaine d’élèves pour m’éloigner de lui et de ses copains si facilement hilares.

    Il m’avait fichu la paix, et je croyais être débarrassée de ce lourdaud quand il a réattaqué de front.

    C’était juste avant notre dernière heure de cours. Espagnol. L’horreur absolue !

    — Marion, je parie que quand on tape « jolie » sur Internet, on trouve ta photo !

    J’aurais pu sourire. Une autre que moi aurait souri. En temps de pénurie d’amour, un compliment émanant du plus beau garçon de la classe pouvait se goûter avec plaisir. Mais pas pour moi.

    Je me suis contentée de lui décocher une grimace amusée. Faussement amusée, comme je savais si bien le faire. Les autres nous observaient toujours avec curiosité.

    — Ou alors « séduisante » ou « craquante ». Ça marche aussi, je suis sûr.

    Enzo était le genre de garçon qui ne savait jamais s’arrêter à temps. C’était un de ses nombreux problèmes. Il freinait trop tard, et souvent après s’être payé le mur.

    — Ou bien « folle dingue d’Enzo »… Sur Wikipédia, ils renvoient tout de suite à toi…

    — OK, Enzo, et quand on clique sur « gros lourd », on tombe sur ta tronche et tes mensurations ? j’ai demandé, histoire de lui faire comprendre qu’il était largement temps qu’il me lâche.

    Mauvaise idée. Très mauvaise.

    — Mes mensurations ? Mais poupée, si tu veux connaître mes mensurations, faut pas taper ou cliquer… faut tâter ! il a osé répondre bien fort pour continuer à placer les ricaneurs dans son camp.

    C’est le « poupée » que j’ai mal supporté. Très mal ! Et pourtant, je suis certaine qu’il avait fait un effort en usant pas le « pouff » ou le « meuf » qui sortaient à longueur de temps de sa bouche.

    — Lâche-moi, Enzo, c’est pas sur Internet que je vais taper !

    — Pas taper, Marion, tâter ! Tu confonds ! Pour une super intello comme toi, c’est étonnant, a-t-il fait fièrement, histoire de ne pas me laisser le dernier mot.

    Là encore, une autre que moi aurait laissé couler et se serait contentée de hausser les épaules pour abandonner Enzo à ses vannes à deux balles, et entrer dans la salle de cours. Mais la prof était en retard, et puis j’ai toujours beaucoup de mal à être une autre que moi, et enfin Enzo me barrait volontairement le passage, sa main posée sur le chambranle de la porte avec une fermeté de propriétaire.

    — J’ai rêvé de toi cette nuit, j’ai dit d’un air sérieux.

    — Oui ? il a fait, surpris et déjà triomphant.

    — Ouais, c’était étonnant. Tu nageais et tu étais nu… Tout nu…

    La grimace d’Enzo s’est un peu rectifiée. L’idée que je sois en train de lui préparer une sale blague l’a effleuré, mais il n’arrivait pas à s’arrêter d’espérer.

    — Nu ? Alors, Marion, tu es au courant de tout au sujet de mes mensurations exceptionnelles ! il a lancé toujours aussi fort et toujours aussi fièrement.

    — Ben non ! Tu ne nageais pas vraiment, tu flottais plutôt. Tu flottais en rond, et ça durait, ça durait. Et puis j’en ai eu marre… Et j’ai tiré la chasse !

    Enzo a encaissé en éclatant de rire très fort, vraiment très fort. Je crois qu’il voulait surtout couvrir de son rire gras les éclats si joyeux des autres qui m’accordaient la victoire et le tournaient en ridicule.

     

  • [Livre] Le silence de Mélodie

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    Résumé : Quand j'ai eu deux ans, tous mes souvenirs avaient des mots, et tous mes mots avaient une signification.

    Mais seulement dans ma tête.

    Je n'ai jamais prononcé un seul mot. J'ai presque onze ans.

    Mélodie n'est pas une enfant ordinaire. À cause de sa maladie, elle ne peut ni marcher ni parler, mais elle a une mémoire photographique : elle se souvient de tout ce qu'elle a vécu dans les moindres détails. À seulement 11 ans, elle est déjà plus intelligente que les adultes qui veulent la diagnostiquer, et bien plus encore que ses camarades de classe, les mêmes qui pensent qu'elle est attardée car elle ne peut pas les contredire. Mais Mélodie refuse d’être définie par son handicap, et elle est déterminée à le faire savoir au monde entier, d'une manière ou d'une autre. Aussi, lorsqu’elle reçoit un ordinateur qui lui permet, pour la première fois, de communiquer, sa vie change du tout au tout. Avec l'aide de la machine qu'elle nomme Elvira, Mélodie a enfin une voix... mais tout le monde n’est pas prêt à l'entendre.

     

    Auteur : Sharon M. Draper

     

    Edition : Michel Lafon

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 22 Janvier 2015

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Melodie, 11 ans, est atteinte de paralysie cérébrale. Mais si son corps ne lui obéit pas (elle ne peut ni parler, ni marcher, ni attraper quelque chose, ni se tenir assise ou se retourner, seul ses pouces sont mobiles et sous contrôle), son esprit lui fonctionne à plein régime.
    Non seulement elle est synesthésique (La synesthésie peut prendre plusieurs formes, Melodie voit les sons sous forme de couleur) mais elle est dotée d’une mémoire eidétique. Elle se souvient d’absolument tout ce qu’elle voit, lit ou entend. Comme elle ne peut pas tenir un livre, soit on doit lui tenir le livre ou les fiches, soit elle écoute des livres audio.
    Les parents de Melodie sont persuadés de l’intelligence de leur fille, alors même que tout le monde leur affirme qu’elle est forcément déficiente mentale (puisqu’elle ne peut pas s’exprimer).
    Même si parfois ils perdent patience (ce qui se conçoit, car même s’ils l’aiment beaucoup, s’occuper d’une enfant aussi lourdement handicapée que Melodie est exténuant) ou n’arrivent pas à la comprendre, jamais ils ne capitulent face aux médecins arrogant ou aux institutrices démissionnaires.
    Si j’ai un reproche à leur faire, c’est d’être bien trop laxiste avec Penny, leur seconde fille. Peut être le soulagement que celle-ci ne souffre pas d’handicap a-t-il influencé leur comportement avec elle, mais ils ne lui rendent pas service.
    Je n’avais pas lu quarante pages que j’avais déjà envie de baffer le médecin qui considère Melodie comme gravement attardée alors qu’elle répond parfaitement à ses questions. Il est juste incapable de réfléchir au-delà de ses petites fiches et la mère de Melodie lui tient un discours parfait, j’ai beaucoup aimé sa tirade !
    A l’école, les choses ne sont guère mieux, bien qu’une de ses institutrices lui ait fait découvrir les livres audio.
    Les choses vont commencer à changer en Cm2 grâce à plusieurs éléments : l’arrivée de Catherine, l’assistante scolaire de Melodie, son professeur de Cm2 qui ne la traite pas en attardée, sait reconnaître son potentiel et organise des incursions dans certaines matières des classes dites normales et surtout, l’acquisition, laborieuse, d’un ordinateur spécialisé qui va donner à Melodie ce qui lui manquait depuis si longtemps : une voix.
    Si les élèves « normaux » se montrent assez stupides, comme Rose et Connor, oscillant entre gentillesse et condescendance, si d’autres sont  vraiment odieux, comme Molly et Claire, ils restent des enfants de 11 ans, et on le sait, les enfants sont souvent cruels devant la différence.
    J’ai été beaucoup plus choquée par l’attitude du professeur d’histoire.
    Melodie surprend tout le monde en se sélectionnant pour un concours dont la finale doit se tenir à Washington et être retransmise à la télévision.
    Malgré le fait qu’elle donne plus de bonnes réponses que ses coéquipiers, elle semble être toujours considérée comme à part, comme une sorte de singe savant. On ne lui reconnaît quasiment pas de capacité de réflexion. Lorsqu’elle réussi, on parle presque de coup de chance.
    Au final, c’est une véritable trahison que ce professeur et les membres de l’équipe vont faire subir à Melodie. Et j’ai été bien contente des conséquences pour eux.
    Enfin, une mention spéciale pour Mme V., la première a avoir vraiment compris le potentiel de Melodie et a avoir tout mis en œuvre pour la montrer au monde entier.
    Ce livre est un véritable coup de cœur qui montre avec beaucoup de tendresse ce que peut ressentir un handicapé prisonnier de son propre corps et à quel point les actions et réactions des autres peuvent le blesser, même s’il ne peut pas le montrer.

    Un extrait : Je ne peux ni parler, ni marcher, ni manger, ni aller aux toilettes toute seule. Pas cool.
    Mes bras et mes mains sont plutôt raides, mais j’arrive à enfoncer les touches de la télécommande, et à déplacer mon fauteuil roulant grâce à des poignées sur les roues. Je suis incapable de tenir une cuillère ou un crayon sans les faire tomber. Quand à mon équilibre, il est quasiment nul. Un culbuto serait plus stable que moi.
    Quand on me regarde, j’imagine qu’on voit une brune aux cheveux courts et bouclés, sanglée dans un fauteuil roulant rose. Soit dit en passant, un fauteuil roulant rose n’a rien de mignon, rose ou pas, ça ne change rien.
    Une brune, donc, avec des yeux marron foncé qui brillent de curiosité, excepté peut être qu’un des deux part légèrement de traviole.
    Sa tête oscille un peu.
    Parfois elle bave.
    Elle est vraiment toute petite pour une fille de dis ans trois quart.
    Ses jambes sont très maigres, sans doute car elles n’ont jamais servi.
    De temps en temps, son corps, qui a tendance à n’en faire qu’à sa tête, la pousse à envoyer des coups de pied inopinés et à faire des moulinets avec les bras, heurtant tout ce qui se trouve à proximité : pile de CD, bol de soupe, vase rempli de roses.
    C’est pas vraiment sous contrôle, tout ça.
    Quand les gens ont fini de dresser la liste de mes problèmes, ils prennent peut-être le temps de remarquer que j’ai un sourire assez joli et de larges fossettes – elles sont plutôt cool, mes fossettes.
    Je porte de minuscules boucles d’oreilles en or.
    Parfois on ne me demande même pas mon prénom comme si ça n’avait pas d’importance. Pourtant ça compte.
    Je m’appelle Melodie.
    Je me souviens de l’époque où j’étais toute petite. Bien sûr, difficile de distinguer mes propres souvenirs des vidéos que mon père a tournées avec son Caméscope. Je les ai visionnées des milliers de fois.
    Maman qui me ramène de la maternité, le visage souriant mais le regard inquiet.
    Melodie repliée dans une minuscule baignoire pour bébé. Mes bras et mes jambes avaient l’air vraiment maigrichons. Je ne barbotais pas et je n’agitais pas les pieds.
    Melodie enveloppée dans des couvertures sur le canapé du salon, l’air contente d’être là. Je ne pleurais pas beaucoup, bébé. C’est maman qui le dit.
    Ma mère qui me masse avec de la lotion, après un bain – je me rappelle encore son parfum de lavande – puis qui m’emmitoufle dans une serviette douillette avec une petite capuche en pointe.
    Papa qui fait des vidéos de moi quand on me donnait à manger, quand on me changeait, et même quand je dormais. Je suppose que plus je grandissais, plus il attendait que je me retourne, que je m’asseye et que je marche toute seule.
    Ça n’est jamais arrivé.