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Jeunesse - Page 13

  • [Livre] Les descendants - T01 - L'île de l'oubli

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    Résumé : Il y a vingt ans, les Méchants ont été bannis du royaume d’Auradon et emprisonnés sur l'ile de l'Oubli, un lieu sombre et morne protégé par un champ de force.

    Privés de leurs pouvoirs magiques, les Méchants et leurs descendants vivent désormais dans l'isolement le plus total.

    Cependant, au cœur de la Forêt Interdite, se cache l'Oeil de Dragon, la clé des véritables ténèbres, et de leur liberté.

    Seul le plus perfide, le plus sournois, le plus machiavélique pourra s'en emparer.

     

    Auteur : Melissa De La Cruz

     

    Edition : Hachette

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 1 Juillet 2015

     

    Prix moyen : 16€

     

    Mon avis : On m’avait dit beaucoup de bien de ce livre et j’en attendais beaucoup, mais j’ai finalement été un peu déçue.
    Adepte des réécritures de contes, j’ai pris l’habitude de texte assez travaillé avec un ton adapté à l’adolescence mais largement lisible par des adultes.
    Ici, j’ai eu l’impression d’avoir un mauvais livre pour enfant entre les mains sur les deux tiers du livre.
    Déjà, les descendants semblent être sortis de nulle part. Si on suit la chronologie du livre, ils sont nés sur l’île de l’oubli. Mais alors où est la seconde moitié du duo parental ? Jay n’a qu’un père, Carlos qu’une mère… La seule dont le père est cité est Mal, la fille de Maléfique, mais ce n’est que pour dire que c’est un humain. Est-ce à dire qu’il y a des humains prisonniers avec les méchants sur l’île ? Les gentils ne sont donc pas si gentils que ça s’ils n’ont pas hésité à condamner des innocents, juste pour donner l’illusion d’une vraie ville. Et si le père de Mal est un humain, et que l’île est si petite où est-il ? Qui est le père de Carlos ? La mère de Jay ?
    Au-delà de cet aspect, l’écriture en elle-même est vulgaire, pas dans le sens où le texte est bourré d’injures mais dans le sens où il n’y a aucune finesse.
    Par curiosité, j’ai regardé le film Disney Channel dont ce livre est le prequel et je ne m’étonne plus de mon sentiment sur le texte quand je vois la médiocrité du téléfilm. Quand on voit les merveilles, d’animation ou en prises réelles que les studios Disney sont capables de produire, on se demande vraiment comment ils peuvent également produire une médiocrité pareille.
    J’ai trouvé que l’histoire devenait un peu plus élaborée et intéressante à partir du moment où les descendants entre dans la forteresse, mais cela n’arrive que tardivement dans le bouquin et c’est dommage car c’est quand même le but final de l’histoire, la quête principale. Tout ce qui est écrit avant ne sert qu’à meubler et à remplir des pages.
    On parle très peu des « gentils », bien que quelques chapitres leurs soient consacrés, et tout ceci pour se rendre compte que leur monde est bourré d’inégalités destinées à améliorer les confort des « grands » au détriment du bien-être des « petits ». Pas si gentils que ça, donc. Heureusement, le futur roi, le prince Ben, fils de figures emblématiques des contes de fées, semble être prêt à faire changer les choses.
    J’ai été perturbée par le manque d’imagination des créateurs des descendants. Les prénoms des descendants des méchants, rien que cela, donne le ton : Jay pour le fils de Jaffar, Evie pour la fille de la méchante reine (evil queen), Mal pour la fille de Maléfique, Gaston junior et Gaston III pour les fils de Gaston… c’est affligeant… Au moins les « gentils » ont des noms différents de leurs parents (Audrey, fille de la belle aux bois dormant, qui est la seule dont l’auteur parle dans le livre, mais dans le film on rencontre aussi Doug, fils de simplet, Lonnie, fille de Mulan ou encore Jane, fille de la marraine la bonne fée).
    J’ai trouvé qu’il n’y avait pas de vraie fin, même pour un livre destiné à avoir une suite, même pour un prequel.
    On a l’impression de lire un article promotionnel de 300 pages incitant à voir le film.
    Je suis d’autant plus déçue qu’avec une réécriture de conte, d’autant plus en se concentrant sur les enfants des méchants, ce qui est en général peu exploité, il y avait la possibilité de faire un bouquin vraiment génial.

    Un extrait : Je suis forcément dans un rêve, ça ne peut pas être vrai, se dit Mal.

    Assise au bord d’un lac merveilleux, sur les pierres d’un temple en ruine, elle croque une belle fraise sucrée. Autour d’elle s’étend la forêt luxuriante, à ses pieds coule l’eau claire.

    « Mais où suis-je ? lance-t-elle à voix haute, en attrapant la gourde d’ambroisie dans le panier de pique-nique.

    — Tu es à Auradon, au bord du lac enchanté », lui répond le garçon allongé près d’elle.

    Tiens, elle ne l’avait pas remarqué, celui-là. Mais à présent, elle l’enverrait volontiers batifoler ailleurs. Parce que ce garçon est pire que tout – mais pire que quoi au juste ? Il est grand, il est blond comme les blés, il est terriblement beau. Son sourire doit remuer le cœur des demoiselles et les faire tomber en pâmoison.

    Mais pas Mal, qui n’a rien d’une fille à papa.

    La panique commence à monter, elle le sent. C’est comme si on l’avait coincée quelque part. À Auradon, qui plus est. Ce ne serait donc pas un rêve ?

    « Qui es-tu, toi ? Une sorte de prince ? »

    Elle le toise d’un regard mauvais, lui et sa chemise bleue brodée de fil d’or.

    « Tu sais bien qui je suis. Je suis ton ami. »

    Cette réponse soulage Mal instantanément.

    « Oh ! C’est bien un rêve alors ! dit-elle, fine mouche. Je n’ai pas d’amis ! »

    Le garçon blêmit, mais, avant qu’il ne puisse répondre, une voix gronde dans ce tableau idyllique, les cieux noircissent et l’eau clapote furieusement.

    « Crétins ! Idiots ! Triples buses ! » tonne la voix.

    Mal se réveilla en sursaut.

    Sa mère hurlait après ses sujets depuis son balcon. Il faut dire que Maléfique régentait l’îlot de l’Oubli d’une poigne de fer. Et sa fille n’échappait pas à sa tyrannie.

    Pourtant habituée aux vociférations de sa mère, Mal trouva le réveille-matin un peu rude. Surtout que son cœur s’affolait encore à cause du cauchemar. Elle rabattit les couvertures de satin mauve et s’assit, songeuse.

    Bon sang, mais pourquoi avait-elle rêvé d’Auradon ? Quelle sorte de magie noire avait envoyé un prince charmant roucouler dans le creux de son oreille durant son sommeil ?

    Mal frissonna et secoua la tête pour chasser l’horrible souvenir. Elle fut rassurée d’entendre le cérémonial des villageois tremblants de peur aux pieds de sa mère. Elle regarda autour d’elle. Pas de doute, elle était au bon endroit : dans son gigantesque lit de fer forgé qui grinçait. Le baldaquin pendouillait toujours au-dessus de sa tête en menaçant de s’écrouler. Comme d’habitude, les quatre gargouilles lui tiraient la langue. Rien n’avait changé. La chambre de Mal demeurait sinistre et grise.

    Les braillements de sa mère faisaient trembler les murs. Une ultime secousse fit éructer la commode laquée, projetant une montagne de vêtements mauves sur le parquet. Le mauve, Mal n’en démordait pas : à ses yeux, cette couleur symbolisait la magie et le mystère. Le noir était d’un commun… Tout le monde en portait sur l’île.

    Elle se leva pour gagner la fenêtre. À sa droite, son armoire fatiguée débordait des babioles qu’elle avait chapardées. D’un geste sec, Mal écarta les lourds rideaux de velours. Sous ses yeux s’étendait l’habituel paysage, lugubre à souhait.

    Basse-cour pourrie, chère fosse à purin.

    Il est vrai que l’île de l’Oubli n’avait rien de remarquable : elle n’était ni grande, ni belle, ce n’était pas un coup de pinceau vert sur la carte, mais une simple crotte de mouche avec un entassement de bicoques branlantes adossées les unes aux autres.

     

  • [Livre] Luna viva : Le tournoi des voyantes

     

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Lors de son hospitalisation la jeune tireuse de cartes Luna a rencontré un jeune métis qui depuis sa mort, l'accompagne sous forme de spectre. Mais le chef des forains, le Falcone, a inscrit Luna à un concours de cartomancie et l'a confiée à Izabella. A ses côtés, elle prend conscience de la puissance de son don de divination mais aussi des menaces que fait peser le Cercle sur les voyantes.

     

    Auteur : Aurélie Benattar

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 01 juin 2016

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : Dès le prologue, le ton est donné sur la vie de Luna : mère décédée, frère violent, communauté de forains s’apparentant à une secte… Une vie formidable ! On ne s’étonne plus de la tentative de suicide de Luna qui ouvre le livre. On la comprend encore mieux dans les chapitres qui suivent.
    De « simplement » violent, son frère apparaît comme potentiellement incestueux ; Luna semble être mise à l’écart, physiquement même, de la communauté. Son frère l’isole, on lui reproche son apparence : une poupée aux cheveux blond presque blancs et aux yeux plus, au teint de porcelaine, au milieu de personnes à la peau mate, aux cheveux noirs et aux yeux marrons. Elle fait « tache », elle dérange.
    Les règles concernant les filles dans la communauté renforcent l’impression sectaire (pas de télé ou d’internet avant les 20 ans).
    J’ai beaucoup aimé que sous chaque titre de chapitre on trouve l’image d’un arcane majeur du tarot de Marseille, son nom et sa signification (l’une de ses significations).
    Un jour, le chef de la fête foraine décide d’inscrire Luna à un concours de voyance. Sa sœur, une grande voyante va venir l’entrainer.
    Luna apprend alors que les voyantes sont menacées par un groupe appelé « le cercle » qui leur envie l’influence qu’elles ont auprès des chefs.
    J’ai regretté qu’on n’en sache pas plus au sujet de ce fameux cercle. Mais d’un autre coté, c’est une bonne excuse pour réclamer à l’auteur d’autres tomes des aventures de Luna !

    A un moment, vers la fin, un évènement (et comme c’est vers la fin, je vous dirais pas lequel) m’a donné envie de pleurer (en plus je suis hyperémotive en ce moment surtout sur ce sujet) et j’ai tourné les pages de plus en plus vite dans l’espoir de découvrir une autre explication que celle qui parait la plus évidente. Autant dire que j’ai eu de la chance qu’on soit près de la fin du livre parce que j’aurais été incapable de le poser sans savoir et qu’il était déjà plus de 22h.
    J’ai beaucoup apprécié le style de l’auteur même si parfois, certains des sujets abordés m’ont fait douter de la qualification jeunesse du livre (disons jeunesse mais à partir de 14 ans) : suicide, inceste, folie… Bref il faut que le jeune en question ait une certaine maturité pour aborder ces sujets là.
    Je n’ai pas été choquée par des tournures approximatives, le texte est vraiment bien écrit (y’a une coquille, une seule, à un moment, je me rappelle plus ou exactement, « hbier » au lieu de « hier », franchement, c’est rien à coté d’autres livres que j’ai lu !).
    Il y aurait beaucoup de choses à dire encore sur ce livre, mais sans vous dévoiler l'histoire ce serait mission impossible. Sachez seulement que tout ce que j'aurais à dire serait positif sur le livre (même quand j'ai envie de critiquer les personnages car l'auteur en a fait certains vraiment détestables).
    C’était une excellente lecture, pas loin du coup de cœur (fallait pas me faire pleurer !) et j’espère vraiment que l’auteur fera une suite !

    Un extrait : - Debout, feignasse !

    La voix de « grizzli » résonne dans ma tête. Je dormais si profondément que je n’ai pas entendu le bruit du verrou – d’ordinaire, il me fait sursauter. Mais il faut dire que depuis avant-hier, mon retour à la roulotte, je suis une vraie marmotte.
    Allez Gidy ! Encore quelques minutes, s’il te plait. Promis, je te ferai une jolie recette après. Ils vont en avoir pour leur monnaie, les clients. Je leur dirai tout ce qu’ils ont envie d’entendre : argent, mariage, santé. Tout.
    C’est la seule chose qui existe pour lui, la paie que je ramène. Il doit des comptes aux forains, mon frère. Alors, il m’en demande à moi…normal. Loi de la chaine alimentaire. Dommage que je me trouve au dernier échelon. Le coup de l’hosto, je m’attendais à ce qu’il le prenne mal ; et d’ailleurs, ça n’a pas raté. Du pur « Gidy Grizzly »… Dès qu’il a été autorisé à entrer en service de réanimation, il n’a pas mâché ses mots.

    - T’es encore plus conne que je croyais ! Pourquoi t’as fait ça ? Pourquoi t’as pris ces cachetons ?

    Face à mon silence, il s’est mis à tourner comme une boule de loto dans sa machine. Maman y jouait toutes les semaines, au loto – ma couchette étant placée juste en face du poste télé, je pouvais voir les émissions en cachette. Elle s’était même arrangée pour faire des petits trous dans les motifs du rideau. Mais malgré mes prières pendant le tirage, elle n’a jamais gagné le gros lot.
    Tout au plus 50 euros une fois.
    Dans mon lit blanc d’éther, sous les cris de mon frère, je me disais que moi non plus, je ne risquais pas de toucher le pactole.

    - Merde, tu te rends compte du fric que tu nous fais perdre ? Sale tarée !

    Il s’est approché de moi avec ses pas de girafe malade – je n’ai pas attendu qu’il lève la main au dessus de mon visage pour me protéger, l’habitude. Par chance, une infirmière a passé la tête depuis le couloir. Pas Catherine, elle n’était pas de garde, mais une fille sympa quand même.

    - Tout va bien ? a demandé ma sauveuse du moment.


    - Ouais, ouais.


    Comme elle n’a pas l’air convaincue, Gidy m’a fait signe de confirmer – discrètement. Je me suis exécutée, avec mon meilleur sourire forcé ; celui que je garde pour les clients, à qui je prescris des prophéties tronquées. Mes « dons de voyance », je n’y crois qu’à moitié, même si je fais semblant. La plupart des consultants viennent à la Roulotte de Luna pour être rassurés, pas pour la vérité. Du reste, tout sera fait pour qu’ils oublient leurs problèmes, pour les divertir, pour qu’ils sortent satisfaits. Qu’ils aient envie de revenir.

    - Oui, oui, ça va Madame.

    J’ai obtempéré pour que Gidy se calme. Cette fois, ça a marché. Il a tiré la tronche en attendant que l’infirmière disparaisse. Ensuite, il s’est laissé tomber dans le fauteuil des visiteurs, comme s’il ne s’était pas assis depuis un mois.

    - J’en ai marre, bordel !

    Je n’ai pas réagi. Ne rien dire, c’est moins risqué que de lâcher une phrase qui pourrait le mettre en rogne. Même si parfois, mon silence aussi le rend complètement fou.

    - Tu aurais pu me faire avoir des problèmes avec le Falcone. Merde !

    Le Falcone, notre chef. Enfin, le chef du clan, parce que moi, je ne me suis jamais sentie des leurs.

     

  • [Livre] L'empire des Auras

    Je remercie la masse critique de Babelio et les éditions du seuil pour cette lecture.

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    Résumé : 2059. Les individus sont maintenant classés en fonction de leur aura : les bleus ont tous les privilèges ; les rouges, décrétés dangereux, sont exclus du pouvoir.
    Avec son aura bleue, Chloé, elle, a été éduquée dans la méfiance des rouges. Obligée de quitter son lycée privé bleu pour un établissement public mixte, ses idées reçues ne tardent pas à être remises en cause. Car à l'évidence, certains rouges ne sont pas aussi mauvais qu'elle le croyait.
    Lorsque sa propre aura commence à se modifier, Chloé est rejetée par sa famille. Et bien obligée de prendre position.
    Et si les auras, finalement, n'étaient qu'un prétexte utilisé par les puissants pour justifier une société de plus en plus inégalitaire ?

     

    Auteur : Nadia Coste

     

    Edition : Seuil

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 07 avril 2016

     

    Prix moyen : 14€

     

    Mon avis : Contrairement à ce que l’on peut penser quand on lit le résumé, il ne s’agit pas d’une dystopie mais plutôt un roman d’anticipation. L’essentiel de la vie est exactement la même que la notre : le brevet, le lycée, le bac, les trams, le métro, le travail, les pertes d’emplois… Mais là, la science a prouvé que chaque individu dégageait une aura, soit rouge, soit bleue, invisible à l’œil nu, mais visible sur des scans. Le gouvernement se congratule d’avoir vu disparaître l’homophobie, le racisme, le sexisme, les guerres de religion… mais tout s’est reporté sur la différence faite entre les rouges et les bleus et qui a été mise en évidence par le médecin qui a découvert ce phénomène, le docteur Peysson.
    Chloé se retrouve dans un lycée mixte à cause du chômage de son père, qui ne lui permet pas d’intégrer un lycée privée, et de son mauvais dossier scolaire qui lui interdit une acceptation dans un lycée d’élite.

    Dès son arrivée dans le lycée, sa vie est bouleversée. Déjà, les scans sont interdits. Pour elle qui scanne tout le monde et qui est scannée tous les matins par sa mère, c’est une interdiction aussi absurde que dangereuse : comment éviter les rouges si elle ne peut pas les repérer ?
    Très vite, ses convictions vont être mises à mal. Il faut dire que les deux petits loubards de la classe sont de bons bleus et les gars et filles sympas, sont en majorité des rouges… Il y a de quoi être perturbée quand on a apprit toute sa vie que les rouges sont dangereux.
    Les parents de Chloé sont horribles, quoi que son père ait une capacité de réflexion que sa mère ne semble pas avoir. Celle-ci scanne sa fille tous les jours, pour vérifier que son aura demeure bien bleue et ce avant même de lui dire bonjour le matin. Elle ne cache pas ses sentiments envers les rouges et fait d’ailleurs partie d’une association qui milite contre eux (on peut lire quelques slogans imprimés sur des tracs et ça fait froid dans le dos). Elle ne cache pas non plus que si l’aura de sa fille venait à changer, elle considèrerait qu’elle n’a plus de fille.

    Chloé va se poser de plus en plus de questions au point de mettre en doute les paroles de tous, gouvernement, officiels, parents…

    L’écriture est fluide et très agréable. L’idée est originale mais ça me fait sourire quand je vois des critiques qui disent : pourvu que l’avenir ne deviennent pas comme ça car les mentalités y sont effroyables.
    J’ai envie de leur dire : eh oh, réveillez vous, les mentalités sont déjà effroyables ! Il y a déjà de la discrimination à l’embauche, tous les jours des parents jettent leurs enfants dehors parce qu’ils se révèlent homosexuels, parce qu’ils se mettent en ménage avec une personne d’une autre confession…
    En fait ce livre ne nous montre pas ce que pourrait être l’avenir, il nous montre seulement ce qu’est déjà notre présent en concentrant la haine sur une cause commune plutôt que sur des causes différentes.
    Et cerise sur le gâteau, c’est vraiment agréable d’avoir une histoire complète de ce genre en un seul tome !

    Un extrait : Une fois que son reflet lui sembla acceptable, Chloé attrapa son téléphone portable, choisit l’option appareil photo avec l’appli Aura et prit un selfie en tenant l’appareil à bout de bras. Trois photos s’affichèrent côte à côte : sur la première, la jeune fille apparaissait sans retouches. Sur la deuxième, une lumière bleutée irradiait des contours de son corps. Et, enfin, la troisième ne laissait voir que sa silhouette, entièrement colorée par un halo d’énergie invisible à l’œil nu. Son aura, d’un bleu profond, émanait de chaque cellule de son corps. On ne distinguait ni ses yeux ni sa bouche. Seulement le flot coloré révélé au grand jour par les recherches des médecins dans les années 2020.
    Chloé sourit. S’il y avait bien une chose dont elle était fière, c’était la parfaite couleur bleue de sn aura.

    Le stress de la rentrée lui tordit soudain le ventre.
    Au collège, elle avait passé quatre années entourée d’auras bleues, comme elle. Mais ses résultats scolaires ne lui avaient pas permis d’intégrer un lycée d’élite, et, depuis que son père avait perdu son travail, ses parents n’avaient pas les moyens de l’envoyer dans le privé. Alors elle se retrouvait condamnée au lycée public, mixte, où la racaille des auras rouges pullulait.
    « Ca va aller », se convainquit-elle intérieurement en essuyant ses mains moites sur son pantalon.
    Avec un dernier soupir adressé au miroir, elle attrapa son sac alourdi de fournitures scolaires neuves et quitta sa chambre.

    Chloé était bien trop nerveuse pour petit-déjeuner, mais elle savait que si elle n’emportait rien à grignoter dans la matinée, elle ne tiendrait pas jusqu’à la cantine. Elle passa donc par la cuisine.
    Son père était déjà parti pour un de ses rendez-vous avec les agents de reclassement qui tentaient de l’aider dans sa recherche d’emploi. Sa mère, penchée sur sa tablette, ajustait la mise en page des tracts de l’association dont elle gérait la communication.

    - Bonjour, maman.

    Elle se tint immobile le temps que sa mère dégaine son smartphone. Chloé était soumise à ces scans quotidiens depuis toujours. Sa mère lui avait raconté tous les faits divers où des enfants, qui avaient basculé dans la nuit, avaient éliminé leur famille au matin. Pas question de prendre un tel risque chez les Fournier.
    Mais, plus Chloé grandissait, plus elle perdait patience. Sa mère ne pouvait-elle pas lui faire confiance ? Aussi bien pour la stabilité de son aura que pour sa santé mentale ? Jamais elle ne ferait quelque chose d’aussi horrible !
    Les yeux de la jeune fille passèrent sur les gros titre du tract, où l’on pouvait lire « Rouge est la couleur du péché », « Rester pur par la prière » ou encore « Oui aux quartiers d’isolement ».
    L’association, ouvertement religieuse, voyait l’appli Aura comme un outil donné par Dieu pour connaître la ligne de conduite à adopter. Ils organisaient des ateliers prières et méditation une fois par semaine, et leur taux de résultat très encourageant – une seule bascule en deux ans – confortait Mme Fournier dans son militantisme antirouges.
    Une fois que cette dernière se fut assurée que l’aura de Chloé n’avait pas changé pendant la nuit, elle lui répondit enfin :

    - Bonjour, ma chérie.

     

  • [Livre] Le pays des contes – T02 – Le retour de l’enchanteresse

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    Résumé : Le Pays des contes n’est plus l’endroit enchanté qu’Alex et Conner ont visité il y a un an. Le monde féerique vit désormais dans la peur : l’Enchanteresse maléfique est de retour ! Lorsque ses mauvais sorts atteignent la Terre et que leur mère est enlevée, les jumeaux doivent retourner au Pays des contes.

    Aidés du Petit Chaperon rouge, des bandits Jack et Boucle d’or ainsi que du prince Grenouille, ils se lancent à la recherche de la seule arme capable de vaincre la terrible magicienne. Mais cette arme pourrait bien se trouver chez les ennemis les plus redoutés des royaumes, de la sorcière des Mers à la belle-mère de Cendrillon, en passant par la Reine des neiges

     

    Auteur : Chris Colfer

     

    Edition : Michel Lafon

     

    Genre : Enfant

     

    Date de parution : 15 Mai 2014

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Les jumeaux font face à des bouleversements : leur mère a un petit ami ! Passé le moment initial de stupeur, ils admettent qu’elle ne peut pas pleurer leur père toute sa vie et qu’elle mérite d’être heureuse.
    Mais à côté de cela, Alex déprime. Malgré la joie d’être acceptée à l’université pour suivre certains cours après l’école une fois par semaine, elle désespère de retourner un jour au pays des contes. Voilà un an que son frère et elle ont quitté le pays magique et autant de temps qu’ils n’ont revu leur chère grand-mère.
    Un soir, leur mère ne rentre pas. Et l’angoisse les saisit car ce retard pour le dîner avait marqué la disparition de leur père. Et si l’histoire se répétait ?
    La réalité les soulage et les angoisse en même temps : leur mère est vivante mais a été kidnappée par l’enchanteresse.
    L’enchanteresse : celle qui a jeté un sort à la Belle aux bois dormants, celle qui a rendu la méchante reine méchante et ceci n’est qu’un aperçu de ses crimes, car au fil de l’histoire, on découvre qu’elle est impliquée dans de nombreux drames survenus dans de nombreux contes.

    Souhaitant surement les protéger, la grand-mère les séquestre quasiment dans leur maison sous bonne garde et les maintient dans l’ignorance.
    C’était le meilleur moyen pour provoquer une rébellion !
    Avec tout ce qu’on traversé les jumeaux dans le tome précédent, comment peut-elle prendre des décisions aussi injuste et angoissante pour eux ? Et comment peut-elle se permettre d’agir dans le monde des humains comme si elle le dirigeait ?
    J’ai été contente de la voir remise un peu à sa place !
    Conner, toujours aussi débrouillard dès qu’il s’agit de sa famille, déniche un sortilège dans un livre censé ne recenser que des légendes n’existant pas. Mais le sortilège des souhaits y est bien et Conner refuse de croire qu’une chose est impossible parce qu’elle porte le nom de mythe. Après tout, le pays des contes n’étaient-ils pas des mythes pour eux il y a un an à peine ?
    Comme dans le premier tome, il va leur falloir réunir un certain nombre d’objets, mais cette fois ci, c’est à des méchants qu’il va falloir les dérober, ce qui ne va certainement pas être facile.
    Cela va également nous entrainer dans de nouveaux contes comme la reine des neiges (le premier qui chante « libérée, délivrée… » je lui envoie Mme Peters !).
    Ils retrouvent le prince Charlie, retransformé en grenouille pour une mission, Chaperon rouge qui fait des efforts pour être moins égocentrique (il y a encore du progrès à faire), Boucle d’or qui essais de ne pas tuer Rouge (il y a aussi des progrès à faire) et Jack.
    Cette fois, les jumeaux vont découvrir quelque chose sur eux-mêmes qui ne va pas particulièrement plaire à Conner (ou plutôt les conséquences de cette découverte ne vont pas lui plaire).
    Les fées m’ont énervée dans ce tome. Elle juge que le danger réside dans la coexistence des deux mondes sans jamais se remettre en question. L’enchanteresse n’est pas devenue telle qu’elle est parce qu’elle vient du monde des humains, elle est devenue ainsi parce qu’elle a sans cesse été rejetée par les fées par jalousie et par bêtise. C’est leur attitude qui a plongé l’enchanteresse dans un désir de vengeance incommensurable. Pourtant, à aucun moment, elles ne semblent avoir la moindre conscience de leurs erreurs, ni le moindre désir de changer.
    Au vue des derniers évènements de ce tome, je me demande dans quelles circonstances nous retrouverons les jumeaux et le pays des contes.

    Un extrait : Les vibrations du train réveillèrent Alex Bailey. En regardant les sièges vides autour d’elle, elle se rappela où elle était. La jeune fille de treize ans poussa un long soupir et remit en place une mèche de ses cheveux blond vénitien échappée de son serre-tête.

    – Pas encore, murmura-t-elle.

    Alex détestait s’assoupir dans un lieu public. C’était une jeune fille sérieuse et très intelligente qui ne voulait jamais donner une mauvaise image d’elle-même. Heureusement, les passagers du train de dix-sept heures qui la ramenait chez elle étaient rares ; son secret était bien gardé.

    C’était une élève extraordinairement brillante, et ce depuis toujours. En réalité, ses notes étaient si bonnes qu’elle avait intégré un programme prestigieux lui permettant, malgré son âge, d’assister à des cours à l’université de la ville voisine.

    Comme elle était trop jeune pour conduire et que sa mère travaillait une grande partie de la journée dans un hôpital pour enfants, Alex se rendait à vélo à la gare chaque jeudi après l’école et faisait alors le court trajet en train jusqu’à la ville voisine.

    L’idée qu’une aussi jeune fille voyage toute seule pouvait paraître saugrenue et sa mère avait bien émis quelques réserves au départ mais elle savait qu’Alex en était capable. Ce court trajet n’était rien, comparé à ce qu’elle avait vécu par le passé.

    Et l’adolescente adorait le programme auquel elle participait. Pour la première fois, elle pouvait étudier l’art, l’histoire, les langues étrangères, avec des personnes qui souhaitaient être là, elles aussi. Lorsque les enseignants posaient une question, elle n’était qu’une main levée parmi tant d’autres.

    Le train offrait encore un autre avantage : du temps, qu’Alex pouvait se consacrer à elle-même. Elle regardait par la fenêtre et se perdait dans ses pensées. C’était le moment le plus relaxant de la semaine, et à de nombreuses reprises, elle s’était surprise à somnoler, même s’il était bien rare qu’elle s’endorme complètement, comme cette fois-ci.

    D’habitude, elle se réveillait gênée mais là, un certain malaise prenait le pas sur la gêne. En effet, elle s’était extirpée d’un rêve épouvantable, un rêve qu’elle faisait très souvent depuis un an.

    Elle rêvait qu’elle courait pieds nus dans une magnifique forêt avec son frère jumeau, Conner.

    – On fait la course jusqu’au cottage ! lançait-il avec un grand sourire.

    S’il ressemblait à sa sœur, une poussée de croissance lui avait récemment offert quelques centimètres de plus qu’elle.

    – Ça marche ! riait Alex, et la course démarrait.

    Ils se poursuivaient à travers les arbres et les clairières sans le moindre souci. Pas de troll, de loup, de méchante reine ; où qu’ils aillent, Alex et Conner se savaient en sécurité.

    Un petit cottage apparaissait enfin. Les jumeaux fonçaient, mettant toute leur énergie dans un dernier sprint.

    – J’ai gagné ! déclarait Alex en posant ses deux mains ouvertes sur la porte une milliseconde avant son frère.

    – C’est pas juste ! J’ai les pieds plus plats que toi !

    Elle rigolait et tentait d’ouvrir la porte, mais celle-ci restait fermée. Alex frappait mais personne ne répondait.

    – C’est drôle. Grand-mère savait qu’on venait lui rendre visite ; je me demande pourquoi elle a verrouillé la porte.

    Alex et son frère jetèrent un œil par la fenêtre. Ils voyaient bien leur grand-mère à l’intérieur, assise sur un fauteuil à bascule près de la cheminée. Elle paraissait triste, se balançant lentement d’avant en arrière.

    – Grand-mère, on est là ! s’exclamait Alex en tapotant joyeusement la vitre. Ouvre la porte !

    Mais sa grand-mère ne bougeait pas.

    – Grand-mère ? faisait-elle en tapant de plus belle. Grand-mère, c’est nous ! On veut te voir !

    Sa grand-mère relevait un peu la tête et les observait, mais restait assise.

    – Laisse-nous entrer !

    Et Alex frappait plus fort encore.

    – Ça ne sert à rien, lui disait Conner qui hochait la tête. On ne pourra pas entrer.

    Il tournait les talons et repartait alors dans la direction d’où ils étaient venus.

    – Conner, ne t’en va pas !

    – À quoi bon ? De toute évidence, elle ne veut pas de nous ici.

    La sœur se mettait à frapper au carreau aussi fort qu’il était possible sans le casser.

    – Grand-mère, ouvre-nous ! On veut entrer ! S’il te plaît !

    Cette dernière lui adressait un regard vide.

     

  • [Livre] Le pays des contes – T01 – Le sortilège perdu

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    Résumé : Il était une fois, dans une ville parfaitement ordinaire, des jumeaux prénommés Alex et Conner… Le jour où leur grand-mère leur offre un livre ancien, Le Pays des contes, leur vie plutôt morose change du tout au tout. Et pour cause !Ce grimoire se révèle magique et les transporte dans un univers où les contes sont devenus réalité. Sauf que ce monde est beaucoup moins merveilleux que celui des belles histoires qu’ils ont lues. Boucle d’Or est une criminelle recherchée, Blanche Neige dissimule un lourd secret, et le Petit Chaperon Rouge n’a même plus peur du loup. Pour rentrer chez eux, Alex et Conner n’ont qu’un seul moyen : rassembler huit objets magiques comme la pantoufle de Cendrillon ou encore des cheveux de Raiponce, tout en tentant d’éviter les foudres de la Méchante Reine. Car cette dernière semble avoir un plan machiavélique qui pourrait bien piéger les jumeaux dans cette étrange contrée. À tout jamais.

    Auteur : Chris Colfer

     

    Edition : Michel Lafon

     

    Genre : Enfant

     

    Date de parution : 10 Octobre 2013

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Les personnages de conte de fée qui ne sont pas forcément ce qu’on croit et les humains « normaux » qui se retrouvent parmi eux sans rien connaître de ce monde que ce qu’ils ont pu lire, cela rappelle un peu la série Once Upon a Time. Sauf qu’ici on a des enfants de 12 ans et non une adulte de 28.
    Mais c’est vrai qu’il y a beaucoup de similitudes, comme le passé de la méchante reine.
    Le résumé en dit un peu trop sur le contenu, mais c’est souvent le cas, les maisons d’édition veulent tellement vendre qu’elles en oublient de laisser un peu de mystère.
    Ici on rencontre les personnages quelques années après la fin de leurs histoires respectives, après le fameux « et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » ce qui n’est d’ailleurs pas toujours le cas pour tout le monde.
    J’ai bien aimé le début, où l’institutrice des enfants essaie désespérément de faire oublier à ses élèves les versions Disney des contes de fées pour leur rappeler les vraies histoires qui n’étaient pas aussi roses que leurs adaptations.
    Il est amusant de voir les caractères des jumeaux quasiment s’inverser : Alors que dans le monde « réel » Alex est raisonnable et ne se laisse pas distraire alors que Conner s’endors sur place et semble se moquer de tout, dans le monde des contes de fées, c’est l’inverse, Conner veut rester concentré sur l’objectif qui est de rentrer chez eux, tandis qu’Alex se disperse, veut tout voir, tout découvrir et semble considérer comme seulement d’une importance secondaire le fait de rentrer chez eux le plus vite possible.
    Un point noir dans le livre : certains des combats sont complètement irréalistes, les combats ressemblent à des mangas… C’était un peu exagéré. Heureusement, ce n’est qu’une petite partie du livre.
    Alors, même s’il y avait pas mal de choses que j’avais deviné avant que ce soit révélé, d’une part, ça ne pas empêché d’apprécier la lecture, et d’autre part, je ne sais pas si le public cible, qui reste les enfants, iront chercher plus loin que leur lecture pour essayer de deviner ce qu’il pourrait se passer.
    Dans tous les cas, j’ai hâte de lire la suite, de voir si on va rencontrer de nouveaux personnages d’autres contes de fées que ceux que l’on a découvert dans ce premier tome.

    Un extrait : L’une des choses qu’Alex et Conner attendaient avec impatience quand ils étaient petits était les visites à leur grand-mère. Elle vivait dans les montagnes, au cœur de la forêt, dans une maison minuscule qu’on pourrait appeler un cottage, si une telle chose existe encore.

    Le voyage était long pour s’y rendre, plusieurs heures de voiture, mais les jumeaux en savouraient chaque instant. Leur excitation augmentait au fur et à mesure qu’ils traversaient des routes sinueuses au milieu des arbres. Au moment où ils traversaient un pont jaune, les jumeaux s’écriaient : – On est presque arrivés ! On est presque arrivés !

    Une fois à destination, leur grand-mère les accueillait à la porte à bras ouverts, les embrassant avec tant de force qu’ils étaient sur le point d’éclater.

    – Regardez-moi ça ! Vous avez tous les deux poussé de trois têtes depuis la dernière fois ! disait-elle, même si ce n’était pas vrai.

    Puis elle les faisait entrer chez elle où les attendait un plateau de biscuits tout juste sortis du four.

    Le père des jumeaux avait grandi dans la forêt et il ne se passait pas une journée sans qu’il leur racontât les aventures de son enfance… tous les arbres qu’il avait escaladés, les ruisseaux dans lesquels il avait nagé, les animaux féroces auxquels il avait échappé de justesse. La plupart de ses histoires étaient grossièrement exagérées, mais Alex et Conner aimaient plus que tout au monde ces moments passés avec lui.

    – Un jour, quand vous serez grands, je vous emmènerai dans tous les lieux secrets où je jouais, leur promettait leur père pour les taquiner.

    C’était un homme de grande taille avec des yeux pleins de bonté qui se plissaient quand il souriait… et il souriait beaucoup, surtout quand il taquinait ses enfants.

    Dans la soirée, la mère des jumeaux aidait sa belle-mère à préparer le dîner et, après manger, dès que la vaisselle était terminée, la famille s’asseyait autour d’un feu de cheminée. Leur grand-mère ouvrait son grand livre de contes de fées, et elle et son fils en lisaient aux jumeaux jusqu’à ce qu’ils s’endorment. Parfois, la famille Bailey restait éveillée jusqu’à l’aube.

    Ils racontaient les histoires avec tant de détails et d’enthousiasme que jamais Alex et Conner ne se fatiguaient d’entendre les mêmes contes encore et toujours. Aucun enfant n’aurait voulu de plus beaux souvenirs.

    Malheureusement, les jumeaux n’étaient pas retournés dans le cottage de leur grand-mère depuis fort longtemps…


  • [Livre] Le jour où je n'ai pas pu aller au collège

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    Résumé : L'école peut parfois faire très mal, surtout à l'adolescence. Chaque année, 150 000 enfants de moins de 16 ans s'évaporent de l'Éducation nationale. Beaucoup d'entre eux sont atteints d'un mal peu connu : la phobie scolaire. Stress permanent, nuits sans sommeil, maux de ventre, visites à l'infirmerie pour échapper à une ou deux heures de cours. C'est par ces symptômes presque banals que l'histoire de Justine a commencé. Un matin d'octobre, à 15 ans, elle n'a tout simplement pas eu la force de continuer. Elle a refusé d'aller au collège, et n'y est pas retournée. Quelle famille est préparée à un tel choc ? Quels parents trouvent les bonnes réponses ? Quel adolescent peut entendre raison dans une telle situation ? Commence alors un long cheminement pour tenter de surmonter l'épreuve et pour reprendre le fil de l'apprentissage jusqu'au baccalauréat. Dans un récit à deux voix, Justine et sa mère, Anne-Marie, racontent les étapes de ce combat et lèvent enfin le voile sur ce phénomène encore tabou.

     

    Auteur : Anne-Marie Rocco & Justine Touchard

     

    Edition : Flammarion

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 24 aout 2013

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Même si je pense que nombres de parents ne seront pas d’accord avec moi, je trouve qu’il a fallu un sacré courage à Justine pour un jour dire : Stop !
    Personnellement je n’ai pas eu ce courage. Et pourtant j’ai subi le collège et le lycée comme une peine de prison. Non seulement ça a été la pire période de ma vie, mais je ne m’en suis jamais remise et j’en ai conçu une véritable aversion pour toute espèce de contrainte ou de cadre hiérarchique (je ne supporte pas qu’on me dise ce que je dois faire, j’ai l’impression d’étouffer).
    La phobie scolaire est de toute évidence bien connue par l’éducation nationale (il suffit de voir que le CNED en parle immédiatement et que l’éducation nationale a tout prévu, jusqu’au moindre document nécessaire pour qu’un enfant souffrant de phobie scolaire puisse être scolarisé à la maison) et je me pose la même question que la mère de Justine : pourquoi n’en parle-t-on pas ? Ni sur le site de l’éducation nationale, ni dans les réunions de prérentrée, histoire d’alerter les parents sur ce risque ? Non, la phobie scolaire est comme un secret bien gardé. Comment ? La sacro-sainte éducation nationale, la parfaite école républicaine ne ferait donc pas l’unanimité et pourrait même rendre malade les élèves. Non, du tout, c’est sûrement un complot !
    Il ne faut surtout pas dévoiler au grand public que l’éducation nationale n’est rien d’autre qu’une immense machine à broyer tous ceux qui n’entrent pas parfaitement dans le moule : les timides qui peinent à s’exprimer à l’oral, ceux qui ont besoin de plus de sommeil et ne peuvent donc pas passer leurs soirées à réviser, apprendre, faire des devoirs, toujours plus nombreux, chaque professeur considérant que SA matière est la seule valant la peine, ceux encore qui ont juste plus de mal, qui ont besoin de plus de temps pour comprendre, qui n’écrivent pas vite….Tous ceux-là, à la trappe : on veut des robots à l’éducation nationale, de parfaits adultes en miniature sans états d’âme et sans personnalité, près à obéir avec la docilité d’un chien d’arrêt.
    Le même problème s’est posé avec le harcèlement scolaire : combien de suicide d’adolescents poussés à bout a-t-il fallu avant que les pouvoirs public reconnaissent ne serait-ce que l’existence du phénomène ?
    Dans ce récit à deux voix, on suit la même histoire mais vue alternativement par les yeux de Justine, bien décidée à ne pas remettre les pieds dans un lieu qui la détruit à petit feu, et par ceux de sa mère, qui vénère l’école et qui a beaucoup de mal à accepter les problèmes de sa fille. Même si elle fait des efforts, intérieurement, elle bout, elle ne comprend pas et elle veut à tout prix que sa fille réintègre un cursus normal (et peu importe si elle réussit brillamment par correspondance). D’ailleurs le psy de sa fille résumera parfaitement son attitude en lui disant : « Ce que vous voulez, c’est qu’elle réussisse malgré elle ! ».
    Justine a fini par s’en sortir mais les deux auteurs posent la question cruciale : pour une personne qui s’en sort (et cela grâce à l’opiniâtreté des parents qui remuent ciel et terre pour trouver des solutions alternatives à l’éducation traditionnelle), combien d’adolescents broyés et détruits par le système ?
    On n’a pas les chiffres. L’éducation nationale se garde bien de faire une étude là-dessus.

    Un extrait : Dans le vaste gymnase transformé en salle de réunion, les tapis de sol ont été roulés sur le côté, et des rangées de chaises de classe alignées sur le revêtement synthétique vert balisé de lignes blanches. Devant le mur du fond, sous les paniers de basket-ball, ont été placés deux bureaux, autour desquels sont déjà assis les intervenants. Par ses dimensions et sa disposition, l’installation a quelque chose d’impressionnant, comme si nous allions assister à une grand-messe. Et c’est bien de cela qu’il s’agit. Ce 24 septembre 2007, le principal du collège de la région parisienne dans lequel est scolarisée Justine organise la première réunion de parents d’élèves de 3e, et au seul son de sa voix, on peut deviner que les absents ont encore plus tort que d’habitude. « Il n’y aura pas de passage de justesse en classe de 2de », avertit d’emblée le brave homme à la barbe poivre et sel, qui tient à alerter les parents sur le caractère décisif de l’année scolaire qui commence. Il veut manifestement leur mettre la pression dès cette première réunion, comme il l’a fait à la rentrée pour leurs enfants. Le moment est grave, expliquent tour à tour le principal, les professeurs et le conseiller principal d’éducation (CPE) : il y a le brevet en vue à la fin de l’année, et comme pour les lycéens qui s’apprêtent à passer le baccalauréat, des « brevets blancs » seront organisés plusieurs fois au fil des mois. Une façon d’expliquer aux parents que, dorénavant, leurs rejetons auront droit au même traitement que leurs aînés. Cette fois, l’enfance est bien finie…

    Mais le principal sujet de la réunion, c’est bien sûr la perspective de l’entrée au lycée. Car le type d’établissement vers lequel l’élève sera orienté déterminera ses possibilités d’études après le bac. Filière générale et technologique, ou filière professionnelle ? La bouche en cœur, les enseignants expliquent qu’« entrer en 2de professionnelle n’est pas une voie de garage », la preuve étant qu’il y a « plus de demandes que de places ». Mais tout le monde a bien compris le contraire, et moi la première. J’ai de bonnes raisons pour cela : Justine, ma fille, ne manifeste aucune vocation pour la mécanique, l’hôtellerie ou le secrétariat, et je ne tiens pas à ce qu’on lui fasse faire d’office un choix qu’elle risque de regretter. Pour l’instant, elle n’a pas la moindre idée du métier qu’elle veut faire plus tard, et je ne crois pas avoir remarqué qu’autour d’elle ses camarades aient des projets tellement plus précis. Seulement, l’année dernière, le conseil de classe a été formel, et a inscrit son verdict en bas du dernier bulletin de 4e : « avis favorable de passage en 3e en vue d’une orientation en filière professionnelle ». J’en suis tombée des nues.

    Personne n’avait jugé utile de nous avertir de cette décision, pourtant lourde de conséquences pour l’avenir de Justine, de nous l’expliquer, de nous parler des choix qui ainsi s’ouvraient – ni de ceux qui se fermaient. La décision couperet est donc arrivée anonymement par la poste, à la fin juin. Au début, je n’ai pas compris que cette mention resterait inscrite au fer rouge sur le dossier de Justine jusqu’au terme de sa scolarité. Quant à elle, je ne suis pas sûre qu’elle y ait prêté particulièrement attention, ou qu’elle en ait mesuré la portée exacte. Car une orientation professionnelle pour une adolescente de 15 ans qui ne manifeste pas d’intérêt pour une vocation particulière, mais dont les résultats sont probablement jugés insuffisants, c’est bien une sanction et une voie de garage. Affirmer le contraire s’avère d’une hypocrisie sans borne. C’est cependant le discours qu’on nous sert.

    Pendant cette réunion, tous les propos que j’entends me semblent terriblement éloignés de ce qui pourrait éventuellement concerner ma fille. Laquelle ne me paraît pourtant pas être une martienne, si je la compare à ses camarades. À ceci près que là où d’autres parlent avec aplomb, y compris lorsqu’ils se trompent, elle n’ose pas s’exprimer, craignant de se ridiculiser en proférant une bêtise. Les élèves doivent faire preuve de « maturité », explique gravement le CPE, « acquérir l’autonomie de leur propre travail » et « démarrer une réflexion sur leur projet personnel ». Et les parents se montrer vigilants sur le travail de leurs enfants, ajoutent les enseignants : une heure à une heure et demie par jour, quatre heures le week-end. Un minimum, insistent-ils. Il leur faut aussi veiller à ce que l’ordinateur de leur ado soit éteint quand ils travaillent. Ne parlons même pas de la télévision, évidemment à bannir dans une vie idéale où l’existence de l’adolescent doit être tournée vers sa réussite scolaire, au risque qu’il envoie un jour tout balader. Tout va aller très vite, alertent les professeurs : « Dès la mi-janvier, 50 % des cours de l’année sont faits. »

    À la fin de la réunion, l’ambiance est donc un peu lourde, l’inquiétude se lit même sur certains visages. Sur le mien aussi. Pourquoi cette mise en scène, destinée à susciter l’inquiétude plus qu’à motiver ? On se croirait presque à Guignol, où revient régulièrement la peur des coups de bâton du gendarme. Sauf que là, personne n’a envie de rire. Je repars, guère rassurée, et en me posant mille questions.

     

  • [Livre] London Panic

     

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Lucie n’aurait jamais dû entrer en guerre ouverte contre sa prof d’anglais : la voilà privée du voyage scolaire à Londres dont elle rêvait.
    Tant pis : ce voyage, elle le fera, coûte que coûte ! Quitte à vendre son âme (ou presque) à un mystérieux camarade de classe – l’étrange et peu loquace Abu - , quitte à s’improviser baby-sitter dans la famille farfelue d’un authentique lord anglais, quitte à courir aux quatre coins de Londres sur la piste d’un petit prophète de 1m20, disparu en plein shopping !

     

    Auteur : Marie Vermande Lherm

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 03 février 2016

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Je ne sais pas comment les éditions sarbacane sélectionnent et travaillent les manuscrits qu’ils décident de publier, mais ça doit pas rigoler ! Parce que depuis que je lis leurs livres, j’ai été plus ou moins intéressée par le contenu de l’histoire, mais jamais déçue par la qualité du texte. Et c’est assez rare pour être souligné !

    London Panic ne déroge pas à la règle. Bien que l’histoire soit racontée à la première personne, du point de vue d’une gamine de 16 ans issue d’un foyer à priori défavorisé, à aucun moment on ne tombe dans la facilité du langage incorrect, des erreurs de syntaxe ou de grammaire (bon sauf au début, mais la gamine fait exprès pour énerver sa prof d’anglais).
    Ce n’est pas pour autant que l’écriture nous fait douter de l’âge de sa narratrice. Non. Elle utilise des mots familiers, des tournures d’adolescentes, mais tout est dans le dosage. Ce n’est ni trop, ni pas assez.
    Coté personnages, Lucie est un peu une tête brûlée. Elle semble avoir tendance à agir sans trop réfléchir aux conséquences de ses actes. Après tout, elle décide d’aller à Londres sans appui financier, sans même un vrai appui parental puisqu’elle n’hésite pas à manipuler sa mère. Je la trouve à la fois inconsciente (sur sa manière de partir) et la tête très sur les épaules (elle s’adapte quand même vite et bien dans son rôle de baby-sitter).
    Un que j’ai eu envie de baffer, même si on le voit peu, c’est lord Painswick. Non seulement, malgré la présence de l’intendante, il est incapable de prendre soin de ses fils et se débarrasse d’eux avec un soulagement certain sur quiconque veut bien s’en occuper (quitte à pourrir la vie de sa fille) mais en plus il se montre d’une cruauté intolérable avec son plus jeune fils. De toute évidence le petit garçon se languit de sa mère, il s’inquiète, pense sûrement qu’elle ne reviendra pas et au lieu de tenter de le rassurer, son père le rabroue en permanence dès qu’il essaie de parler d’elle.
    Un autre que j’ai eu envie de baffer : Abu, le camarade de classe. Dès le départ son attitude ne m’a pas plu et encore, comme Lucie je n’ai pas tout compris à ce qu’il racontait. Au vue de la suite des évènements, j’aurais aimé que ce petit c** ait à faire face à des conséquences plus sérieuses.
    Les situations s’enchaînent rapidement et il est presque impossible de deviner à l’avance ce qu’il va se produire, et comme on n’est pas dans un roman policier où on espère toujours trouver l’assassin avant qu’il ne soit dévoilé, c’est tant mieux. La surprise est totale et le rire toujours présent.
    Encore un Sarbacane que j’ai lu d’une traite, incapable de le lâcher et de résister à la curiosité quand, à la fin de presque chaque chapitre, Lucie nous dit : Alors, après, il s’est passé quoi ?

    Un extrait : Après, il s’est passé que ma famille a commencé à faire chier.
    En tête de liste, Briac, mon frère.

    - Aaaaaarhhh, Lucie, tu pues le curry…T’es allée bouffer chez des pak-pak !

    Petite précision : mon frère a 12 ans, 12 kilos de trop et 12 de QI. On se croise aux heures des repas et on s’esquive le reste du temps. Au goûter, on s’embrouille entre deux tartines. J’ai essuyé mon couteau plein de chocolat sur le bord du pot.

    - J’ai déjeuné chez Abu. Et il est pas paki, il est indien. Et toi je t’em…

    - Les indiens et les pak-pak, c’est pareil, ils puent le curry !

    - Et toi, tu pues quoi ?

    Ma mère, qui venait de rentrer du boulot, a poussé un long soupir, presque un gémissement :

    - Les enfants, du calme, j’ai une migraine épouvantable.

    Là-dessus, elle a balancé son sac dans un coin et s’est vautrée sur une chaise sans même enlever son manteau.
    Puis elle a pointé son index droit sur sa joue gauche.

    - Lucie. Bisou.

    Tu m’aurais vue me précipiter pour l’embrasser : Laura Ingalls.

    - Bonsoir, ma petite Maman. Bonne journée ?

    - Mon chef a juste été épouvantable. Briac ?

    Index gauche, joue droite.
    Mon frangin a gambadé jusqu’à elle en soulevant les deux côtés de son t-shirt du bout des doigts.

    - Bonjour ma petite Maman chériiie ! Ca va bien ma petite Maman chériiie ?

    Grillée. Je pensais avoir été plus naturelle dans mon élan d’affection.

    - Te laisse pas arnaquer, Maman. Lucie trafique un truc pas net, je suis sûr. Elle passe son temps avec des pak-pak, maintenant. Ca pue, cette histoire. Ca pue le curry, même !

    Il a eu un gros rire débile et je me suis retenue de lui étaler une louche de pâte à tartiner dans les cheveux.
    Maman a attrapé une tranche de pain de mie qu’elle s’est mise à mâchouiller d’un air absent. Ca a dû lui redonner un peu d’énergie, car j’ai vu l’information de Briac faire peu à peu son chemin dans son cerveau.
    Pile à l’arrivée dans le lobe frontal, elle a froncé les sourcils :

    - C’est quoi cette histoire de pak-pak, Lucie ?

    - Maman !

    On ne choisit pas sa famille, désolée.

     

  • [Livre] La sixième

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    Résumé : C'est officiel. Margot tient la lettre entre ses mains. Elle est admise en sixième au collège du Parc des Grands Pins. Enfin elle sera lycéenne, elle sera grande. D'abord les préparatifs, il faut acheter le carnet de correspondance, se munir de photos d'identité, il faut des photocopies des certificats de vaccination. Enfin, elle doit décider comment s'habiller pour ce premier jour. Sa sœur aînée est catégorique : jean et surtout pas de cartable ! Le premier jour arrive. Tout le monde avait un cartable et plein de filles étaient habillées en jupe ! 

     

    Auteur : Susie Morgenstern

     

    Edition : L’école des loisirs

     

    Genre : jeunesse

     

    Date de parution : 1er janvier 1985

     

    Prix moyen : 5€

     

    Mon avis : Ma première impression est qu’il ne faut pas faire lire ce livre à un enfant qui n’a pas encore fait sa sixième parce qu’il y a de grandes chances pour qu’il refuse tout net d’y aller. Il faut dire que ce livre n’est pas très engageant sur cette fameuse sixième, il est même carrèment flippant !
    Car si au début Margot ressent une certaine joie à l’idée d’entrer dans le « monde des grands », elle déchante vite : élèves peu motivés, classe de chahuteur, enseignants assez particuliers, presque des caricatures des profs que l’on craint de voir attribués aux enfants. J’ai été particulièrement heurtée par les notations et méthodes d’enseignement du professeur de français et par l’attitude du professeur d’anglais.
    Dès les premiers jours, Margot croule sous les devoirs. La cantine est aussi une véritable épreuve : bousculade, nourriture infecte, temps plus que limité pour manger avant la reprise des cours…
    Margot est pleine de bonne volonté mais elle voudrait que tout change, tout de suite. Elle n’est pas non plus blanche comme neige : lors du voyage à Rome, où elle a insisté pour aller malgré que ses parents aient tiqué sur le prix, elle était plus intéressée par le menu que par les visites, ne faisant aucun effort pour s’y intéresser.
    L’attitude d’Arthur, un de ses camarades de classe, à la fin du livre, m’a non seulement déplu mais j’ai en plus été choquée par le fait qu’il n’y ait aucune conséquence pour lui, aucune intervention d’adulte, aucune réaction de la part de Margot.
    La seule prof qui semble s’intéresser un minimum à ses élèves est la prof d’histoire-géo.
    Au début de l’année, le professeur principal oblige les élèves à désigner deux délégués de classes, mais lors des conseils de classe, ceux-ci n’ont pas droit à la parole, malgré qu’on leur ait dit que défendre leurs camarades feraient parti de leurs attributions.
    La seule personne à prendre en compte les opinions des enfants et à tenir tête au corps enseignant, sans pour autant provoquer de scandale, est le père de Margot, j’ai beaucoup aimé son attitude.
    En revanche, la mère de Margot m’a semblée complètement à coté de ses pompes : elle oublie les choses, ne prépare pas les papiers nécessaires pour la rentrée, semble incapable de rassurer sa fille.
    La sœur de margot n’aide pas non plus, le summum étant quand elle lui dit qu’entre être bonne élève ou avoir des amis, il faut choisir. Quel exemple pour les enfants qui liront ce livre ! Quand on sait qu’à cet âge on est près à beaucoup de choses pour ne pas être sel.
    En résumé, j’ai bien aimé ce livre, mais je pense qu’il n’est pas adapté pour des enfants en âge d’entrer en sixième. Il faut attendre un ou deux ans, qu’ils se soient fait leur propre opinion sur le collège pour le leur laisser lire. Sinon le danger est qu’ils prennent pour argent comptant ce qui est écrit et que soit, ils fassent de vraies angoisses au sujet de l’entrée en sixième, soit qu’ils se posent immédiatement en chahuteurs pour amuser la galerie dans l’espoir de se faire des amis.
    Je trouve que l’auteur aurait pu alterner entre les mauvaises expériences de Margot et d’autres plus valorisantes. A moins que le but soit de dégouter les enfants du collège avant même qu’ils n’y entrent ?

    Un extrait : Elle se leva et marcha avec la bande de fumeuses vers le terrain de sport pour le cours de gym. Elle avait autant envie de faire de la gym que de manger de la choucroute, mais elle était prisonnière de son emploi du temps, et, quand il y a écrit « Éducation physique et sportive », on saute, on court et on bouge.

    Elle aimait bien l’enchaînement que la prof élaborait avec elles à chaque cours. Le modern jazz lui plaisait énormément. Mais aujourd’hui ses jambes étaient de plomb, ses bras de ploc et son corps de plouf. Ses pieds ne voulaient pas imiter la démonstration, sa tête les entraînait ailleurs. Et c’est à ce moment précis que la prof la désigna pour exécuter l’enchaînement du début à la fin devant la classe. Elle ne se souvenait pas du début, se perdit au milieu et n’arriva pas à la fin. La prof, étonnée, se sentant presque insultée, énervée, furieuse, le lui reprocha sévèrement :

    — Il va falloir faire plus attention que ça, mon amie ! La gym ce n’est pas de la rigolade ! C’est sérieux d’éduquer le corps. Et ne croyez pas que vous n’aurez pas de zéros en gym. Il faut travailler en gym comme en maths, en français et en histoire. Il faut répéter l’enchaînement chez vous !

    Comme une zombie, Margot s’achemina vers la salle du cours de français. Ici, elle se sentait en sécurité. Elle savait bien parler le français au moins. Elle n’avait pas la force d’encaisser une autre défaite.

    Maldonné annonça d’un ton sombre et menaçant:

    — Je vais vous rendre les interros de la semaine dernière. Je suis déçu. Vous n’êtes pas au niveau de la sixième. Vous n’êtes pas assez mûrs. Il faut vous réveiller ! Ce n’est plus l’école primaire. Votre avenir est en jeu.

    Ce n’était pas la première fois qu’il tenait ce discours mais c’était la première fois que les mots voisinaient avec une note.

    Margot était confiante. Elle avait peut-être fait des erreurs mais elle était sûre d’avoir bien répondu à la moitié des questions. Devant le bureau de Margot, la feuille avec les noms et les notes glissa des mains du prof et s’envola comme un papillon avant d’atterrir sur le plancher. Margot se baissa pour la ramasser. Elle vit : « Margot Melo 5 = 0 ». Un couteau dans le cœur.

    « C’est pas possible ! » Est-ce qu’il existe un état d’esprit plus foncé que noir ? L’humeur de Margot était d’un noir bilieux, aigre, morne et funèbre.

    — Je vais vous expliquer mon système de notation.

    Maldonné écrivit sur le tableau ténébreux.

    — Il y avait huit questions :

    0 réponse juste = -1 donc punition

    1 réponse juste = -1 donc punition

    2 réponses justes = -1 mais sans punition

    3 réponses justes = 0

    4 réponses justes = 0

    5 réponses justes = 0

    6 réponses justes = + 1

    7 réponses justes = + 2

    8 réponses justes = + 3

    Margot copia le système sur son cahier de brouillon en s’efforçant de comprendre. « J’ai cinq réponses justes donc j’ai zéro. » La logique de la chose lui échappa.

     

  • [Livre] Légendes… de la mer ; des lacs et des rivières ; des montagnes et des forêts

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    Résumé : Légendes de la mer : Au pays des légendes, le roi Souran part en plongée dans une caisse de verre, un beau requin joue avec les enfants de Ta'aroa, les hommes épousent des filles de la mer. Mais attention aux sirènes jalouses, aux phoques qui se vengent, aux fantômes des villes englouties, au général baleine avec son armée de poissons !

    Légendes des lacs et des rivières : De la Vouivre, long serpent aux ailes noires, à l'ogresse de la rivière, en passant par le pont du Diable ou encore les rats du lac de Constance, les eaux ont leurs secrets... Monstres, poissons-fées et recettes magiques enchantent ces lieux féeriques et insoupçonnés, pour un merveilleux voyage autour du monde.

    Légendes des montagnes et des forêts : Dans ces dix-neuf contes venus du monde entier, les montagnes sont hantées de diables et de géants ; elles sont le repaire du terrible Singe blanc, et les trolls forgerons y gardent leurs secrets. Que rencontre-t-on dans les forêts ? De bons bûcherons et de jolies filles ensorcelées. Les arbres y parlent quelquefois. Et la bergère veut bien épouser le loup du bois, s'il est prince pendant la nuit !

     

    Auteur : Bernard Clavel

     

    Edition : Livre de poche

     

    Genre : jeunesse

     

    Date de parution : 2007/2008

     

    Prix moyen : 5€ chaque

     

    Mon avis : Dans légendes de la mer et légendes des montagnes et des forêts, après chaque histoire, on trouve un petit encart qui nous parle du sujet de la légende que l’on retrouve souvent sous des formes différentes dans d’autres pays ou régions. A la suite de ces petites explications, on trouve souvent une très courte légende, mettant en scène le même genre de sujet, mais trop courte pour faire l’objet d’un chapitre.
    Il est dommage que ces encarts n’existent pas dans légendes des lacs et des rivières.
    Dans chaque livre, chaque histoire constitue un petit chapitre. Sous son titre, on trouve le pays dont elle est originaire.
    Les légendes sont plus ou moins longues, mais font en général au moins 2 ou 3 pages. Certaines sont familières car ont été reprises, et légèrement modifiées, par des conteurs connus comme les frères Grimm.
    Et comme se sont des légendes, et non pas des contes de fées, elles ne se finissent pas toujours bien (cela dépend parfois du point de vue et ce n’est, bien sûr, pas systématique).

    Un extrait : Si vous traversez un jour le fleuve de Llobregat qui se jette dans la mer au sud-ouest de Barcelone, vous emprunterez peut-être le pont du Diable. Il n’y a pas de quoi être effrayé, ce n’est pas du tout un pont qui conduit en enfer, et je pense même que le Diable ne doit pas être très heureux que cet ouvrage d’art soit là pour rappeler une se ses mésaventures.

    Il y a quelques siècles, alors que la contrée était peu habitée, une vieille femme, qui vivait seule sur la rive gauche du fleuve, s’en allait chaque jour chercher une cruche d’eau potable à une fontaine qui se trouvait sur la rive droite.
    Or, un soir d’automne, il y eut sur les Pyrénées un orage comme ces montagnes n’en ont peut-être plus jamais vu depuis lors. La pluie tomba si violemment que le Llobregat monta d’un coup, se mettant à charrier des arbres énormes arrachés aux rivages.
    La crue fut aussi brève que violente et, le lendemain matin, le fleuve avait regagné son lit, mais le pont n’était plus là.

    Quand la vieille sortit de chez elle avec sa cruche, elle se mit à se lamenter.
    « Seigneur Dieu, dit-elle en sanglotant, comment vais-je faire sans eau potable… Dieu du ciel, venez à mon secours, vous savez bien que je ne peux pas vivre sans eau ! »


  • [Livre] Blacklistée

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    Résumé : En apparence, Regan Flay a tout ce dont on peut rêver. À 17 ans, elle est populaire, étudie dans l’un des meilleurs lycées du monde, et ses parents ont les moyens de satisfaire le moindre de ses souhaits. Mais sa vie bascule le jour où, en arrivant en cours, Regan découvre ses textos et messages privés Facebook placardés sur les murs du lycée.
    Vacheries, mensonges, insultes, manipulations : tout est là, exposé aux yeux de chacun. En une seconde, elle passe du statut de princesse à celui de véritable paria. Ses amis lui tournent le dos, et les autres élèves du lycée commencent à lui faire vivre un véritable enfer...
    Elle trouve du soutien auprès de Nolan, un jeune homme plutôt beau garçon mais légèrement dysfonctionnel socialement. Ce dernier découvre vite que Regan est tout sauf la miss Parfaite qu’elle voulait bien montrer. Sous sa carapace, c’est une jeune fille angoissée, qui a du mal à supporter les exigences de sa mère concernant son avenir. Car rester toujours au top demande une sacrée dose d’énergie, et aucun échec n’est envisageable. Pourtant, la chute de Regan n’est qu’un début, et personne n’en sortira indemne…

     

    Auteur : Cole Gibsen

     

    Edition : Hugo Roman

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 8 octobre 2015

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Dès les premières pages, on voit bien que Regan est surbookée : campagne électorale pour le conseil de classe, essais pour l’équipe de pompom girls, bénévolat, révisions pour le SAT (examen d’entrée à l’université) etc… Pas étonnant qu’elle soit sous anxiolytiques.
    Sa mère est complètement obsédée par l’apparence et par la réussite, semblant sacrifier sans hésitation la santé de sa fille et refusant de reconnaitre ses problèmes de stress.
    Je ne sais vraiment pas comment Regan réussit à mettre un pied devant l’autre quand, en plus des murmures et des attaques plus ou moins directes des autres élèves, il y a le harcèlement de Nolan, le frère de son ex-meilleure amie. Je ne sais vraiment pas ce qu’il cherche. Un coup il est amical, un coup il est moqueur, un coup il la défend… mais dans tous les cas, il ne semble pas décidé à la laisser tranquille.
    Le pire étant que Regan n’a personne à qui se confier. L’infirmière raconte tout à ses parents, son père raconte tout à sa mère, elle n’a plus d’amies. Même son psy semble raconter régulièrement ce qu’ils se disent à sa mère. Laquelle ne fait qu’aggraver les choses, se fichant de toute évidence de sa fille en tant que personne à part entière et ne la considérant que comme un accessoire pouvant favoriser ou empêcher son accession au pouvoir.
    Pendant tout le livre, ou du moins une grande partie, je n’ai pas réussi à faire confiance à Nolan. J’ai eu sans cesse l’impression qu’il cachait quelque chose, peut être en relation avec son ex copine, qui a quitté le lycée. J’ai eu l’impression, pendant tout le livre qu’il n’était pas sincère avec Regan. Mais ce n’est que dans le dernier tiers du livre que les soupçons sont confirmés ou infirmés (quoi, vous n’imaginiez quand même pas que j’allais vous dire ce qu’il en est ?)

    Ce livre traite du harcèlement scolaire en montrant que personne n’est à l’abri bien qu’une certaine fragilité chez la personne harcelée permet au harcèlement de prendre plus d’ampleur. C’est souvent cette fragilité qui empêche la victime d’aller se plaindre auprès de ses parents ou de la direction, voire auprès du commissariat quand rien n’est fait au niveau de l’école.
    Dans le cas de Regan, le livre montre aussi que personne n’est à l’abri du harcèlement et qu’il ne faut pas se fier aux apparences (mais allez dire ça à un ado shooté aux hormones qui a perdu plus de la moitié de son QI en entrant dans l’adolescence).
    Regan est populaire mais aussi manipulatrice, prête à tout pour arriver à ses fins (elle a ses raisons, raisons qui font d’elle une parfaite cible plus tard car elle n’a aucun moyen de se défendre) et elle donne l’apparence d’une personne sans cœur qui a elle-même participé au harcèlement d’autres personnes.
    Bien sur, il s’agit d’une fiction, le roman est donc plus léger qu’un témoignage sur le même sujet et il ne faut pas oublier que le harcèlement scolaire a parfois une issue fatale.

    Un extrait : Autour de moi, dans le parking, des élèves sortaient de leurs voitures pour pénétrer au compte-gouttes dans la bâtisse. Certains se hâtaient vers l’entrée, le sourire aux lèvres, tandis que d’autres traînaient les pieds, l’air de vouloir être ailleurs. N’importe où plutôt qu’ici. Mais ce que nous désirions n’avait aucune importance : nous étions tous obligés d’entrer, comme des insectes attirés par la lueur mortelle d’une flamme.

    – Aujourd’hui, tout va bien se passer. Ce sera une bonne journée, déclarai-je à voix haute, comme s’il me suffisait de prononcer les mots pour les faire devenir réalité.

    Rapidement, je vérifiai mon maquillage dans le miroir du pare-soleil. Je m’étais couchée avant minuit, mais je n’avais dormi que quatre heures au total. J’avais beau être exténuée, le sommeil perdait toujours face à l’angoisse qui m’étreignait encore des heures après avoir posé la tête sur l’oreiller.

    J’essuyai un pâté de mascara et observai un instant mes yeux dans le miroir. Mes iris bleu lagon étaient une copie carbone de ceux de ma mère, et dans ce miroir trop petit pour refléter le reste de mon visage, c’était presque comme si cette dernière se trouvait avec moi dans la voiture, à me fixer d’un air accusateur.

    Ma gorge se serra. Je me hâtai de rabattre le pare-soleil et remis mes lunettes noires. Je n’avais pas besoin de ma mère dans ma tête à cet instant.

    Mon café à la main, je sortis de la voiture et affichai sur mon visage un grand sourire factice. Chaque jour sans exception, rien qu’à la vue des doubles portes vitrées du lycée, ma pression artérielle augmentait. Et dès l’instant où j’entrais, je pressais un interrupteur interne pour me changer en une version de moi-même qui n’existait pas réellement.

    Souvent, j’avais ce fantasme libérateur où, le dernier jour de mon année de terminale, je parcourais les couloirs, les deux majeurs levés bien haut, en criant « Je vous emmerde, je suis Regan Flay ».

    Bon, d’accord, jamais je ne le réaliserais, c’était bien pour cela que c’était un fantasme. Mais l’idée me faisait toujours sourire.

    Je commençai à grimper les marches de béton du lycée. Comme toujours, les yeux de tous les élèves qui traînaient devant les portes se tournèrent vers moi. Lever de rideau, Regan. Je m’assurai que mon sourire n’avait pas vacillé et poursuivis vaillamment ma progression. Je m’attendais aux habituelles salutations, mais pour la première fois depuis le début de ma première année, je fus accueillie par un silence.

    Bizarre.