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Résumé : L’histoire de la sirène qui aimait l’homme n’a pas d’âge, l’impossibilité de cette pulsion se noue à la manière des grandes tragédies et étouffe inexorablement l’héroïne. Pourtant, quand Galathée aperçoit Yvon, solitaire sur son bateau à voiles, l’amour la foudroie et la pousse à toutes les folies. Eperdue, désespérée, animée par un espoir aveugle, elle parvient à se faire une place dans la vie du jeune marin, mais qu’en est-il de son coeur?
Auteur : Claire Carabas
Edition : Magic Mirror
Genre : Jeunesse
Date de parution : 07 septembre 2017
Prix moyen : 18€
Mon avis : Ce livre est le tout premier que je lis des éditions Magic Mirror et le second roman édité par cette toute petite et toute récente maison d’édition est déjà en prévision de lecture. Autant vous dire que je guette la sortie de leur prochaine édition, prévue pour courant 2018, comme la prochaine saison de Game of Throne (si, si, c’est un compliment).
Claire Carabas signe une réécriture de la petite sirène d’Hans Christian Andersen (dont le conte original est à la fin du livre) bien loin du conte de fée quasi-idyllique que nous avait proposé Disney (Ce n’est pas une critique, j’avais adoré). Ici, dès le prologue, on s’attend à une histoire plus sombre, plus tragique, et on va en avoir pour notre argent, si j’ose dire.
La petite sirène, dont nous ignorons le vrai prénom mais qui va être baptisée Galathée (Toutes ses sœurs ayant un prénom commençant par un N, je suppose qu’elle doit elle aussi avoir un prénom en N), va, lors d’une excursion à la surface de l’eau, repérer et tomber folle amoureuse d’un humain en train d’effectuer un tour du monde en solitaire.
Comme dans le conte ou le Disney, le père de notre sirène n’apprécie pas, mais alors pas du tout, cette inclination. Mais là où le roi Triton avait une forte tendance à hurler mais finissait par se laisser fléchir, celui de « Galathée » est plutôt du genre impitoyable, prêt à sacrifier sa fille plutôt que de céder. Son attitude m’a vraiment choquée.
Le récit alterne entre le récit de Galathée et le journal d’Yvon, le marin de ses rêves. On a du coup les deux points de vue, ce qui donne de la profondeur à l’histoire.
Certaines des scènes du contes sont ici dignes d’un film d’horreur, notamment la scène où elle donne sa voix à la sorcière des mers.
Concernant les personnages, si je me suis assez vite attachée à Galathée, je suis restée assez froide vis-à-vis d’Yvon. Je lui ai préféré les personnages secondaires comme les sœurs de Galathée ou le meilleur ami d’Yvon.
J’ai beaucoup aimé la fin. En fait c’est la fin que j’aurais voulu avoir dans le conte d’origine et j’ai trouvé que l’auteur avait eu une super idée.
Quant à la fin, même si quelques pages avant j’avais compris de quoi il retournait, j’ai vraiment trouvé ça bien trouvé et original.
J’ai passé un excellent moment avec ce livre que je conseille à tous (enfin, pas aux plus jeune car l’histoire est bien plus sombre).
Un extrait : Depuis ma cachette, je me délectais des heures dérobées aux leçons ennuyeuses. Quand la voie était libre, je cueillais sur les dulses les petits mollusques et des crabes qui les grignotaient. Je les déposais plus loin, vers le potager royal. Je me cachais pour rire de la colère des jardiniers, furieux de découvrir ces nouveaux envahisseurs. Je me faisais des bracelets avec les spirulines dorées. Je posais des étoiles dans mes cheveux. Je flottais, le ventre offert à la transparence qui tombait de la surface, le dos chatouillé par l'onde de la prairie. La lumière caressait de ses rayons les anémones de ma mère. Je choisissais celle qui me plaisait le mieux, le temps d'une journée. Parfois c'était la pâle avec le bout des doigts violets, parfois la rose flamboyante, la bleue électrique aux très longs filaments, la petite géométrique aux reflets métalliques. Seule ma grand-mère savait me trouver là.
Elle me surprit un jour alors que je passais ma main dans les corallines pour en libérer le parfum.
- Comme tu ressembles à ta mère !
L'occasion qu'elle m'offrait était trop belle.
- Parle-moi d'elle, grand-mère ! Raconte-moi les histoires de ma mère ! Dis-moi ce que je tiens d'elle !
Ma grand-mère, déjà, regrettait ses paroles échappées. Elle leva les yeux vers la lumière qui jouait entre les ondes comme sur les cordes d'une harpe. Elle écoutait un chant que je n'entendais pas. Elle me regarda à nouveau, secoua la tête. Ses yeux se voilèrent. Et puis le silence. Encore ce silence. Seul leur silence me parlait de ma mère. Le silence de mon père alourdi de colère, le silence de ma grand-mère empreint de tristesse, le silence gêné des servantes dessinaient d'elle une ombre pleine de mystère qui traversait les conversations pour disparaître devant moi. Le mutisme de tout le palais se refermait sur le souvenir de ma mère et tenait son secret aussi serré que l’huître serre ses valves.
Ma grand-mère savait détourner ma curiosité. Quand je posais trop de questions, elle se lançait dans le récit de contes qu'elle seule connaissait. Et moi, inconstante, oublieuse, je la pressais de me dire encore ces fables. Je poursuivais ces leurres semés pour m'écarter du mystère de ma mère. Elle me racontait l'histoire de la petite fille qui voyait des merveilles dans le feu de ses allumettes, l'histoire de Gerda qui partit jusque dans les royaumes reculés à la recherche du jeune garçon qu'elle aimait et l'histoire de la métamorphose des cygnes sauvages en hommes. J'adorais l'écouter. Ce monde fascinant regorgeait d'énigmes.