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Policiers/Thrillers - Page 4

  • [Livre] Entre deux mondes

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    Lecture terminée le : 08 juillet 2019

     

    Résumé : Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l'attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir.

    Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu'il découvre, en revanche, c'est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n'ose mettre les pieds.

    Un assassin va profiter de cette situation.

    Dès le premier crime, Adam décide d'intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est flic, et que face à l'espoir qui s'amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou.

    Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu'elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d'ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger.


    Auteur : Olivier Norek

     

    Edition : Michel Lafon

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 05 octobre 2017

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Second livre d’Olivier Norek après Surtension que je lis, je me retrouve à peu de choses près dans le même état d’esprit que lors de ma première lecture de l’auteur.
    J’ai plongé assez rapidement dans l’histoire.
    Difficile de ne pas s’attacher à Adam, ce flic syrien qui risque sa vie en luttant à la fois contre DAESH et contre le gouvernement en place. Sur le point d’être découvert, il envoie en urgence sa femme et sa fille en France par la voie périlleuse des passeurs.
    Elles doivent l’attendre dans la « jungle de Calais », de là, ils comptent rejoindre l’Angleterre ensemble.
    Bond en avant de plusieurs semaines, et nous rencontrons Bastien. Flic dépassé par la dépression de sa femme, il a accepté d’être muté à Calais pour qu’elle puisse se rapprocher de sa mère.
    Il accepte mal l’attitude de ses collègues vis-à-vis des migrants : l’inertie. Qu’ils se battent, s’entretuent, s’en prennent aux calaisiens, rien n’est fait. La police ne rentre pas dans la jungle de Calais et se contente d’y reconduire les migrants qui ont commis des actes répréhensibles à l’extérieur sans les inquiéter.
    La jungle de Calais est donc une zone de non droit, et, à part quelques personnages comme Adam ou le petit Kalini, je n’ai pas ressenti la moindre empathie pour cette population violente, qui semble penser que les malheurs qu’ils ont vécu leur donnent tous les droits en compensation et sont incapable de se serrer les coudes entre eux, alors qu’ils sont dans la même galère.
    Les actes qui se déroulent dans ce camp sont insoutenables et on ne peut pas trouver des excuses à ceux qui les commettent.
    Petit bémol dans ma lecture, comme dans Surtensions, plusieurs histoires sont entamées, de manière fort détaillée, pour finir en queue de poisson ou même disparaitre en cours de route.
    Si je ne doute pas que, dans la vraie vie, cela doit arriver fréquemment, il n’en demeure pas moins que n’étant pas flic mais lectrice et lisant un thriller et non un documentaire, j’aurais apprécié d’avoir le fin mot de toutes les histoires entamées.
    J’ai aussi trouvé que le 4ème de couverture induisait en erreur concernant le contenu du roman.
    On nous promet des meurtres et une enquête là où il faut attendre plus de la moitié du roman pour qu’il y ait un meurtre, sans qu’aucune enquête soit faite.
    Le roman s’attache bien plus à parler des migrants, des passeurs, et de leurs méthodes, des trafics, des tentatives de passage en Angleterre…
    Le livre est résolument pro-migrant, rejetant la faute de l’attitude des migrants, afghans et libyens surtout, qui créent une vrai mafia à l’intérieur de la jungle, sur le gouvernement anglais (français aussi mais dans une moindre mesure) qui leur refuse l’installation dans leur pays.
    Un engagement politique qui est tout à l’honneur de l’auteur mais qui ne m’a pas apporté ce que je cherchais : un thriller.
    En dehors de cet aspect politique qui m’a dérangée, la lecture n’était pas déplaisante, bien au contraire.

    La fin est bouleversante et terriblement frustrante.
    Mais, malgré la frustration, elle rattraperait presque les éléments négatifs du récit.

     

    Un extrait : Insatiables, les pelleteuses dévoraient les cabanes et les tentes, les réduisant à l’état de débris pour en faire, un peu plus loin, des montagnes de plastiques, de tissus et de vêtements qui seraient anéantis par le feu lorsque le vent se serait calmé.

    Il ne restait plus rien sur cette lande de ce que l’espoir y avait construit.

    La pelle mécanique releva sa mâchoire et s’apprêta à traverser ce no man’s land de destructions. Le moteur s’emballa, l’engin cahota sur le sol irrégulier durci par le froid puis fit ligne droite vers sa prochaine cible, une vieille cabane en palettes de bois et au toit de carton. Une des dernières.

    Quelques années auparavant, une déchetterie et un cimetière se partageaient l’endroit. Puis l’État y parqua les migrants aux rêves d’Angleterre. Ce matin, la déchetterie avait repris forme. Mais lorsque les dents puissantes de la pelle mécanique s’enfoncèrent dans la terre, c’est le cimetière qui ressuscita.

    Comme il y avait trois bras visibles, à moitié déterrés par la pelleteuse, les ouvriers en déduisirent qu’il y avait au moins deux corps, là, dans ce trou, à la périphérie immédiate du camp. Dont celui d’un enfant, assurément, vu la taille d’un des bras. D’un coup de talkie, le chef d’équipe fut averti.

    Dissimulée à une vingtaine de mètres de là, une ombre longea l’orée des premiers arbres qui entouraient la Jungle, sans jamais perdre de vue le manège des engins. De leur côté, les ouvriers se placèrent en couronne autour de la scène, bêtement hypnotisés par l’horreur.

    L’un d’eux leva les yeux et vit une silhouette sortir des bois. Guenilles, cheveux longs et poisseux, peau noire, marron ou tout simplement sale. Et une machette, tachetée de rouille, tenue par la poignée le long de la jambe. L’homme s’approcha doucement, fixant chacun comme une menace, faisant taper la lame contre sa cuisse alors qu’il avançait. Il n’y eut personne d’assez valeureux pour se mettre en travers de son chemin et ils firent tous plusieurs pas en arrière.

    Face au trou, l’inquiétant inconnu s’agenouilla et se mit à gratter avec les mains cette terre qui recouvrait encore les cadavres. D’abord frénétiquement, accompagnant ses gestes de grognements animaux, puis de plus en plus calmement. Il toucha une jambe, caressa une main comme si elle était vivante. Il se saisit du bras d’enfant pour le porter juste sous ses yeux, puis il le renifla avant de le laisser retomber. Rigidifié par la mort, le bras demeura levé et droit quelques secondes puis, sous son propre poids, se reposa au ralenti sur le sol.

    Même en plein jour, l’homme restait une silhouette. Un amas de fringues répugnantes et de crasse, les bras plongés dans un charnier qu’il arrêta de fouiller comme s’il avait subitement perdu tout espoir. Il se releva, hagard, et repartit à reculons, machette toujours en main, pour disparaître à nouveau dans la forêt.

     

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  • [Livre] L’ombre de l’autre femme

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    Lecture terminée le : 23 juin 2019

     

    Résumé : Quand Libby rencontre Jack, elle croit vivre le plus grand bonheur de sa vie. Elle l'épouse quatre mois plus tard. Mais à peine a-t-elle emménagé dans la grande demeure de son mari que son rêve tourne au cauchemar. Jack est obsédé par son ex-femme décédée, Eve. Et son comportement est de plus en plus étrange.
    C'est alors que Libby découvre qu'Eve a peut-être été assassinée. Elle décide de tout faire pour savoir ce qui lui est arrivé.
    Et si Libby était elle aussi en danger ?


    Auteur : Dorothy Koomson

     

    Edition : Charleston noir

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 10 avril 2018

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Dans la première partie du livre, une ambiance pesante est mise en place. On alterne entre le passé, au moment de la rencontre de Jack et Libby, et le présent qui commence avec un accident dans lequel Libby a été gravement blessée.
    C’est au cours de cette partie que l’on apprend les circonstances de la mort de Eve, la première femme de Jack, et que l’on voit le souvenir de cette dernière s’immiscer entre Libby et son mari.
    J’ai trouvé dommage que la flic qui montre une hostilité particulièrement tenace envers Jack, ne soit pas plus exploitée. Même si j’ai vraiment apprécié de voir Libby rembarrer cette saleté, j’ai vraiment regretté que cette punaise disparaisse ainsi, en un claquement de doigts.

    Dans la seconde partie, on plonge dans la vie d’Eve, via ses journaux intimes que l’on découvre en même temps que Libby.
    On assiste alors à la véritable descente aux enfers d’une jeune femme que la vie n’a décidément pas épargnée.
    Je crois que j’ai encore plus aimé cette partie que la première. J’ai aimé voir le cheminement d’Eve, son évolution dans la vie comme son évolution psychologique.
    Plus Libby, et nous par la même occasion, avance dans la lecture des journaux, plus on sent une menace planer sur la jeune femme.

    On se demande très vite si la mort d’Eve est vraiment accidentelle ou si elle est liée à son lourd passé. Car dans ce passé, les suspects ne manquent pas.
    L’un d’eux, en particulier, m’a semblé très intéressant mais je n’aurais jamais cru que cette piste m’entrainerait là où elle m’a conduit.
    Mais remonter cette piste ne sonne pas la fin du livre, car il reste à Libby à se dépatouiller de tout ce qu’elle va découvrir.
    L’angoisse avait un peu diminuée au profit d’une certaine répulsion à l’égard de la gent masculine à la lecture de l’histoire d’Eve, mais elle va revenir dès lors qu’on réalise qu’avoir trouvé ces récits met Libby en grand danger.
    La toute fin du roman était une surprise mais j’ai vraiment adoré ça. Ça change de ce qu’on a l’habitude de voir.

     

    Un extrait : Quand je pense à Jack, j’essaie de penser à nos jambes flageolantes au sortir des montagnes russes miniatures au bout de la jetée de Brighton. J’essaie de penser à nous deux, allongés sur une couverture élimée sur la plage de galets, des filaments de barbe à papa collante plein la bouche.
    J’essaie de penser aux poignées de pop-corn fourrées dans ma chemise au premier rang de cinéma, à nos fous rires, à moi pliée en deux, les larmes roulant sur mes joues.

    « Libby, Libby, allez, réveillez-vous. Ne vous endormez pas tout de suite. »

    Cette voix douce, légèrement implorante, résonne comme un encouragement.
    J’ouvre les yeux et il est flou. L’homme à la voix douce et implorante apparait, un peu trouble. Cligner des yeux ne semble rien y faire. J’ai le visage trempé, la tête qui me tourne et un froid glacial s’est emparé de moi. La douleur me transperce le corps.

    « C’est bien. Essayez de garder les yeux ouverts, ok ? Essayez de rester éveillée. Vous savez qui je suis ? Vous vous souvenez de moi ?

    - Sam, dis-je, même si je n’ai pas l’impression que les mots sortent de ma bouche. Vous êtes un pompier, donc votre nom c’est Sam, comme dans le dessin-animé. »

    Je le vois un peu plus nettement maintenant que le voile s’estompe et j’arrive à distinguer suffisamment pour entrevoir son visage mat se fendre d’un sourire.

    « - C’est presque ça.

    - Je vais mourir ? »

    Encore une fois, je ne sais pas trop si j’ai parlé, mais Sam le pompier à l’air de ma comprendre.

    « - Pas si je peux l’éviter. »

     

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  • [Livre] Pretty dead girls

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    Lecture terminée le : 17 juin 2019

     

    Résumé : Les filles les plus populaires du campus sont tuées les unes après les autres et la reine de la promotion, Penelope Malone, présidente du club qui les réunit, est terrifiée à l'idée d'être la prochaine sur la liste. La seule issue, pour elle ? Fouiner un peu, chercher qui peut bien être ce tueur en série qui menace la tranquillité de cette petite ville côtière de Californie, un havre de paix habité par certaines des plus grandes fortunes du pays. Ses soupçons se portent d'abord sur Cass Vicenti, d'autant qu'il était étrangement proche de certaines des victimes malgré son statut de nerd de service. Mais échapper au tueur va demander à la jeune fille de se faire beaucoup, beaucoup plus maligne qu'elle ne le pensait...


    Auteur : Monica Murphy

     

    Edition : Lumen

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 14 juin 2018

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Quand ses copines/rivales se font assassiner, Penny Malone, présidente du club élitiste Les cygnes blancs, est morte de peur à l’idée d’être la prochaine.
    Devant l’attitude des inspecteurs chargés de l’affaire, à la fois agressifs et incompétents, Penny commence à fouiner.
    L’histoire est bien menée et les pensées du coupable, qui sont intercalées dans le récit, si elle donne un bon aperçu de sa psychologie, ne révèlent pas son identité. D’ailleurs, dans la version VO, ces pensées ne nous révèlent même pas le sexe du coupable. En revanche, en français, on a cette information quasiment dès le début, mais ça ne nous aide pas beaucoup ! D’ailleurs, je n’ai trouvé son identité que quelques pages avant que Penny ne le découvre elle-même.
    Du côté des personnages, j’ai beaucoup aimé Cass, stigmatisé pour son passé comme pour l’histoire de ses parents dans laquelle il n’a pourtant aucune responsabilité.
    Il est intelligent, mature, gentil et patient. Très patient ! La preuve, il supporte Penny !
    Penny n’est pas affreuse, elle se conduit parfois en peste mais ce n’est jamais avec la volonté de nuire, comme on peut le voir parfois chez certaines cheerleader reine du lycée. Elle a bon fond et est ouverte aux autres.
    Mais mon Dieu qu’elle est puérile ! Entre ses jugements à l’emporte-pièce sous prétexte qu’elle n’apprécie pas une personne, ne supportant pas que son entourage n’adhère pas à ses théories, et ses crises d’hystéries dès qu’elle réalise que Cass a connu d’autres filles avant elle, elle est ridicule. Alors qu’un tueur rode, elle se préoccupe plus du fait que son nouveau petit ami ait osé avoir une vie avant de la connaître que du danger qu’elle court.
    Franchement, Cass a du mérite.

    Même si le roman laisse une grande place au thriller, il reste avant tout un young adult avec une part de romance. Autant dire que si vous avez envie de flipper, même si ce roman a du potentiel, si vous avez plus de 20 ans et que vous avez l’habitude de lire des thrillers, il ne vous fera pas dresser les poils sur la tête ! (Quoi que pour l’âge, quand on voit les séries que regardent les ados aujourd’hui, ça peut être bien avant 20 ans !)
    J’ai un peu regretté le côté caricatural des flics : agressifs et totalement à côté de la plaque. C’était un peu trop et le coup des deux ados de 17 ans plus perspicaces que des enquêteurs chevronnés, ça devient vite un peu ridicule et peu crédible.
    Heureusement, les scènes avec ces deux policiers sont relativement peu nombreuses, juste assez fréquentes pour rappeler leur présence.

    J’ai aimé le fait que les personnages aient des failles : le passé de Cass, le côté puéril de Penny, la manière dont Dany court après un garçon qui se fiche ouvertement d’elle, l’addiction aux médicaments de Courtney…
    Pretty dead girls est un bon petit thriller aux allures de « scream » avec une fin un peu rapide mais qui répond à mes questions. Et malgré la puérilité de l’héroïne, j’ai beaucoup aimé ce roman.

     

    Un extrait : Tu es au courant ? chuchote Dani. Un… un corps a été retrouvé ce matin. Une fille de notre âge, il paraît.

    Prise de court, je referme brutalement mon casier pour la dévisager.

    — C’est une blague ? D’où est-ce que tu sors ça ?

    Mercredi, fin de matinée : les couloirs du lycée fourmillent d’une cohue d’élèves pressés de se rendre en cours. Malgré les coups d’épaule, j’essaie de déposer quelques bouquins à l’abri, histoire de m’épargner de les porter toute la journée. Notre uniforme est déjà assez moche comme ça, autant éviter que mon sac à dos déforme le gilet bleu marine immonde que je suis obligée de porter tous les jours.

    — Je te jure que c’est vrai. J’ai mes sources…

    Danielle, ma meilleure amie, parle si bas que c’est à peine si je l’entends. Mais après tout, si ça lui chante ! Ce n’est pas comme s’il y avait la moindre parcelle de vérité dans ce bruit de couloir improbable. Je vois déjà les gros titres : « Nouvelle preuve des ravages de la drogue chez les jeunes : Danielle Sanchez, élève de terminale du très exclusif lycée privé de Cape Bonita, invente de toutes pièces une histoire de meurtre ! » Non parce qu’un authentique cadavre, retrouvé aux aurores, entre deux villas de fortunes de la nouvelle économie, dans notre charmante petite ville de bord de mer dorée par le soleil californien, je ne sais pas vous, mais moi je dis…

    Même pas en rêve !

    Je me mords les lèvres, peine perdue : un petit rire m’échappe.

    — « Tes sources » ? Tu t’es crue dans un film policier ? Et arrête de chuchoter, tu vois bien que personne ne t’écoute !

    Ah, Dani ! Je la connais depuis la maternelle, et elle n’a jamais changé d’un iota : très crédule, elle répète la moindre rumeur qui lui revient aux oreilles, depuis les inepties que lui sert le premier sportif sans cervelle venu (elle a un petit faible pour les athlètes) jusqu’aux ragots la plupart du temps infondés qui se répandent comme une traînée de poudre à la pause-déjeuner. Et elle marche à fond à chaque fois.

     

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  • [Livre] L'échange

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    Résumé : « PERSONNE NE VIT AINSI…À MOINS D’AVOIR QUELQUE CHOSE À CACHER. »Quand Caroline et Francis reçoivent une offre pour échanger leur appartement de Leeds contre une maison en banlieue londonienne, ils sautent sur l’occasion de passer une semaine loin de chez eux, déterminés à recoller les morceaux de leur mariage. Mais une fois sur place, la maison leur paraît étonnamment vide et sinistre. Difficile d’imaginer que quelqu’un puisse y habiter.Peu à peu, Caroline remarque des signes de vie, ou plutôt des signes de savie. Les fleurs dans la salle de bains, la musique dans le lecteur CD, tout cela peut paraître innocent aux yeux de son mari, mais pas aux siens. Manifestement, la personne chez qui ils logent connaît bien Caroline, ainsi que les secrets qu’elle aurait préféré garder enfouis.Et à présent, cette personne se trouve chez elle…


    Auteur : Rebecca Fleet

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 07 juin 2018

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Les échanges de maisons, afin de prendre des vacances à moindre coût, sont assez courant et de nombreux sites permettent d’organiser ces trocs temporaires. Pas de quoi s’inquiéter donc.
    C’est en tout cas ce que pensais Caroline qui a bien besoin de vacances pour renouer avec son mari après quelques années difficiles.
    L’histoire alterne entre trois points de vues : Caroline, son mari Francis et le mystérieux occupant de leur maison, ainsi qu’entre deux périodes : le passé en 2013 et le présent en 2015.
    En 2013, Caroline doit composer avec un bébé de deux ans, un mari toxicomane et l’attirance irrésistible qu’elle ressent pour l’un de ses collègues.
    En 2015, Caroline et Francis semblent repartir sur de nouvelles bases, mais on sent que la confiance n’est pas complètement rétablie et que de nombreux non-dits existent encore entre eux.
    J’ai eu beaucoup de mal à supporter Francis. Certes la toxicomanie est une maladie et, s’il n’y avait eu que cela, l’attitude impatiente et exaspérée de Caroline à son égard me l’aurait rendu plutôt sympathique. Cependant, Francis garde tout de même beaucoup de sa lucidité et chacun des mots qu’il adresse à sa femme est destiné à l’humilier ou la faire souffrir.
    De plus, j’ai trouvé extrêmement déplacé de sa part de reprocher son incartade à sa femme quand on considère ce qu’il lui a fait subir.
    Caroline, elle, est méfiance. De toute évidence, elle ne croit pas à 100% à la guérison de son mari. Celui-ci lui a sans doute fait trop de promesses du même acabit qui n’ont pas été tenues, ou pire qui n’ont été faites que pour endormir sa vigilance, pour qu’elle se laisse aller sans réserve.
    Les informations sur le passé de Caroline, ainsi que sur le présent, nous sont distillés au compte-goutte, provoquant une tension grandissante pour le lecteur.
    Plus on en apprend et plus on a envie de savoir ce qu’il se passe.
    Et quand on croit avoir tous les éléments… bam !... une nouvelle révélation remet tout en question.
    J’ai vraiment adoré l’atmosphère de ce roman. Si la tension est présente dans le récit situé en 2015, elle l’est tout autant en 2013, quoique pour d’autres raisons.
    J’ai cependant été un peu déçue par la fin.
    Après toute cette tension, cette angoisse qui est montée en moi en même temps qu’elle montait chez Caroline, je m’attendais à une fin un peu plus explosive. J’ai eu l’impression d’un soufflé sorti trop tôt du four.
    Ce n’est pas en soi une mauvaise fin. C’est même une fin plutôt logique. Mais je voulais plus que cela.
    Malgré cette petite déception, j’ai vraiment aimé ma lecture pour toute cette tension psychologique qui s’en dégage.

     

    Un extrait : La clé glisse dans la serrure et tourne avec aisance. La nuit dernière, dans mon lit, tandis que je contemplais les ombres des branches caressant la fenêtre, je me suis imaginé cet instant. Et j'étais loin de penser que ce serait si simple. J'ai cru que le métal accrocherait, que la serrure résisterait. Après tout ce que j'ai fait pour en arriver là, j'ai l'impression que ce devrait être plus compliqué, pourtant c'est un vrai jeu d'enfant. Quelle déception !

    La porte s'ouvre et le parquet astiqué du vestibule m'apparaît. Juste à l'entrée, un bouquet de branches ornementales jaillit d'un vase. Dans le miroir, le reflet d'une série de photos encadrées, alignées sur le mur opposé. Je franchis le seuil, referme doucement la porte derrière moi, et me dépêche de traverser l'entrée en tournant le dos au mur. Ces images, je ne veux pas les regarder, pas encore. Bientôt...

    Une cuisine rustique, improbable dans cet appartement de ville situé au troisième étage ; une batterie de casseroles en cuivre et quelques bouquets garnis sont suspendus aux murs tilleul. Sur la table en chêne, un morceau de papier griffonné : Bienvenue ! Les notices pour les appareils ménagers sont réunies dans le dossier vert, dans le salon. Il y a du pain, lait, etc. dans le frigo – servez-vous. Si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à nous appeler. Bon séjour et faites comme chez vous ! Caroline. Je fixe son prénom pendant un long moment. L'oblique du C dénote une certaine assurance, le point sur le i a bavé. J'effleure l'éclaboussure d'encre du pouce, m'attendant à ce qu'elle déteigne sur ma peau. Mais elle a séché depuis longtemps, bien entendu.

    Je finis par me lever pour me faire un café. J'ai bien l'intention de suivre le conseil de Caroline. Je vais me mettre à l'aise. Face à la table, je sirote ma tasse tout en songeant aux pièces qu'il me reste à explorer. Aux secrets qu'elles recèlent peut-être, enfouis dans les effets personnels, prêts à être déterrés. Je me rappelle le renard que j'ai croisé ce matin en voiture, tapi au bord de la chaussée, occupé à déchiqueter la dépouille d'un animal – je revois ses griffes ensanglantées tandis qu'il arrache à sa proie ce qu'il désire... Ce sera pareil. Sale, désagréable. C'est ainsi que ça doit se passer, car telle est ma volonté. La seule manière de provoquer une réaction.

     

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  • [Livre] Il court, il court, le furet

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    Résumé : Southampton, quartier rouge. Le corps d'un homme est découvert. Atrocement mutilé, le coeur arraché. Peu de temps après, un colis est déposé au domicile de la victime. Sur un écrin de journaux, repose... son coeur. Bientôt, un autre corps est retrouvé. Même mise en scène macabre. La peur s'empare de la ville.

    Pain bénit pour les tabloïds, le tueur en série est bientôt comparé à Jack l'Éventreur. Pourtant, ce ne sont pas les prostituées qui sont visées mais leurs clients. Les victimes, des hommes en apparence bien sous tout rapport, fréquentaient tous en secret les bas-fonds de la ville.

    Le commandant Helen Grace est chargée de l'enquête. Le tueur est déchaîné. À elle de l'arrêter avant qu'il ne frappe à nouveau.


    Auteur : M. J. Arlidge

     

    Edition : 10/18

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 02 Mars 2017

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Ce roman est le second des enquêtes d’Helen Grace et il faut absolument les lire dans l’ordre car, si les enquêtes sont indépendantes les unes des autres, les relations entre les personnages, leur évolution ne peuvent être comprises qu’en ayant lu le 1er tome.
    Très rapidement, dans l’histoire, et même avant les enquêteurs, on sait que le tueur est une femme.
    Du coup, ça a été un micro bémol pour moi, car je me demande si Helen Grace va systématiquement être confrontée à des tueuses et jamais à des tueurs.
    Il parait peu crédible qu’un commandant de police ne soit confrontée qu’à des meurtrières, surtout quand on sait que les tueuses en série sont bien moins fréquente que les tueurs.
    J’espère que les assassins seront plus variés dans les prochains livres.
    Un nouveau commissaire, Ceri Harwood, a remplacé le commissaire précédent et on ne peut pas dire que les choses se passent bien entre Helen et elle.
    Au début, Helen semble être la seule responsable de leur animosité car elle se montre extrêmement hostile, ne semblant pas supporter de devoir rendre des comptes à qui que ce soit. Mais au fil de la lecture, on se rend compte que Ceri n’est franchement pas un cadeau. Cependant, on se demande quand même si un supérieur hiérarchique trouvera un jour grâce aux yeux d’Helen.

    J’avoue que j’ai du mal à apprécier Helen. Je lui préfère nettement Charlie et j’espère que cette dernière ne va pas céder à l’odieux chantage affectif qu’elle subit dans sa vie privée.
    On retrouve également cette garce de journaliste, Emilia Garanita, qui dépasse toutes les bornes. J’attends avec impatience le moment où cette punaise va recevoir ce qu’elle mérite et ainsi réaliser qu’avoir été victime d’une agression dans sa jeunesse, aussi odieuse soit-elle, ne lui donne pas tous les droits.

    Comme dans « Am Stram Gram », l’auteur nous accroche rapidement avec ses chapitres très courts, alternant entre différents points de vue et évidemment, se terminant toujours de telle manière qu’il ne serait pas bon pour notre santé mentale d’interrompre la lecture.
    L’auteur utilise un vocabulaire percutant et un style concis : s’il peut décrire une scène en dix mots, il ne le fera pas en onze. Pour le coup, c’est efficace car on imagine très bien ce qu’il se passe sans être noyés dans des descriptions sans fin.
    Le petit côté psychologique est aussi appréciable. Comme dans Am, Stram, Gram, on n’a pas une personne qui s’est levée un matin en se disant : « tient, aujourd’hui, je m’en vais massacrer des gens ». Non. Il y a tout un engrenage qui a conduit à cette réaction, un engrenage que l’on va découvrir en même temps que les enquêteurs.
    La fin de l’enquête est bien menée, mais j’ai regretté que certaines personnes tirent leur épingle du jeu alors qu’elles ne le méritaient clairement pas.

     

    Un extrait : — Je ne veux pas d’elle.

    — On a déjà eu cette discussion, Helen. La décision est prise.

    — Il n’y a plus qu’à revenir dessus. Je ne veux pas la voir réintégrer le service, c’est facile à comprendre.

    Helen s’était exprimée sur un ton sans appel. D’ordinaire elle ne se montrait pas aussi agressive envers sa supérieure directe, mais elle prenait cette histoire trop à cœur pour céder.

    — Il y a quantité de bons lieutenants, choisissez-en un autre. Je disposerai ainsi d’une équipe au complet, et Charlie pourra aller à Portsmouth, à Bornemouth, n’importe où. Ça lui fera sans doute du bien de changer d’air.

    — Je comprends que vous ayez du mal à l’accepter, mais Charlie a autant le droit que vous d’être affectée ici. Collaborez avec elle, c’est un bon flic.

    Helen tiqua mais réussit à se dominer – il fallait bien reconnaître que Charlie n’avait pas vécu ses plus belles heures quand Marianne l’avait enlevée –, puis se demanda ce qu’elle allait faire. Ceri Harwood avait remplacé Whittaker, qui s’était grillé, et déjà elle prenait ses marques. C’était un autre genre de commissaire que son prédécesseur ; alors que celui-ci avait un côté agressif et irascible, tout en se montrant souvent jovial, elle ne faisait pas de vagues, était une communicante hors pair, même si elle n’avait guère le sens de l’humour. Cette grande et belle femme élégante avait la réputation d’être fiable et d’avoir réalisé un excellent boulot partout où elle avait été affectée. Si elle donnait l’impression d’être appréciée par ses collègues, Helen avait du mal à la cerner ; car non seulement elles avaient peu de points communs – Harwood était mariée et mère de famille –, mais surtout elles n’avaient aucune histoire commune. Whittaker était resté longtemps en poste à Southampton, et il avait toujours pris Helen sous son aile, l’aidant notamment à monter en grade. Harwood ne risquait pas de se montrer aussi généreuse.

     

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  • [Livre] Sadie

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    Résumé : Sadie, 19 ans, s'est volatilisée. Pour West McCray, journaliste à New York, il s'agit d'une banale disparition. Mais quand il découvre que sa petite soeur, Mattie, a été tuée un an auparavant et que sa mère a elle aussi disparu, sa curiosité est éveillée. West se lance alors à la recherche de Sadie et les témoignages qu'il recueille vont alimenter sa série de podcasts...

    Sadie, elle, n'a jamais pensé que son histoire deviendrait le sujet d'une chronique à succès. Elle ne désire qu'une chose : trouver l'homme qui a tué sa soeur.

    Qui est réellement cet homme ? Comment est-il entré dans la vie de Mattie ? Tandis que Sadie remonte la piste du tueur, West remonte celle de Sadie. Et se dessine, progressivement, la figure d'un homme – d'un monstre ! – qui pourrait bien frapper à nouveau...

    West retrouvera-t-il Sadie à temps ?


    Auteur : Courtney Summers

     

    Edition : La Martinière

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 02 mai 2019

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Sadie est un roman que j'ai vraiment beaucoup aimé. Sa construction est assez particulière et cela a grandement contribué à mon sentiment général sur ce livre.

    En effet, il alterne entre des chapitres classiques, qui suivent Sadie dans sa quête, et des chapitres plus originaux, qui sont les transcriptions d'un podcast.

    Il faut un petit moment pour s'habituer aux transcriptions du podcast. Si on a l'habitude, quand on les écoute, d'entendre des conversations téléphoniques entrecoupés de commentaires, voire de fichiers audio d'archives, à l'écrit, c'est un peu déroutant.

    Mais une fois habituée, j'ai trouvé le format génial.

    La partie podcast s'étend sur une durée beaucoup plus longue que la partie Sadie.

    Dans chacune des parties, on apprend des choses qu'on ignore dans l'autre, ce qui permet au lecteur d'en savoir plus que chacun des personnages.

    Comme les découvertes de West, le journaliste qui présente le podcast, ont forcément lieu après les actions de Sadie, on a toujours un petit temps d'avance sur lui. Mais comme on ne peut connaître les réactions de l'entourage de Sadie, ainsi que son passé, et notamment tout ce qui entoure la mort de sa petite sœur, qu'à travers le programme de West, les deux parties s'équilibre.

    J'ai beaucoup aimé Sadie, qui est déterminée à venger la mort de sa sœur. Toutefois certaines de ses réactions m'ont parues puériles, comme le fait de répéter sans cesse « je suis dangereuse » dans son for antérieur ou encore de décréter que si elle ne peut pas avoir quelque chose, elle veut que ce soit détruit.

    La mère des filles, Claire, qu'on voit finalement peu, m'a fait de la peine. Même si elle a été une mère désastreuse, elle se bat contre les démons de l'alcoolisme et de la toxicomanie et j'ai eu l'impression qu'elle n'était pas aidée par Maybeth qui a l'air de se poser en parangon de vertu.

    Le dévouement de la vieille dame envers Sadie et sa sœur est certain, mais j'ai eu l'impression qu'elle n'a jamais laissé à Claire la chance de se comporter en mère avec Sadie, et que le rejet que cela a provoqué chez la fillette a conditionné les rapports De Claire à la maternité. Elle a l'air de s'être servie de Maddie, la plus jeune, comme d'un bouclier et une revanche sur la vieille dame.

    Le roman soulève des thèmes aussi durs que variés avec la toxicomanie, l'alcoolisme, la pédophilie, le viol, le meurtre, l'abandon de famille…

    Pendant tout le livre, on a le même sentiment d'urgence que West, l'impression qu'il faut à tout prix qu'il retrouve Sadie avant qu'il ne soit trop tard.

    Pour autant, si la fin du livre nous apporte certaines réponses, dont quelques-unes particulièrement satisfaisantes à mes yeux, d'autres restent irrésolues.

    Cela peut être frustrant, mais c'est surtout très réaliste et à chacun de se faire son idée sur ce qu'il en est.

    Pour ma part, j'ai fait mon choix.

     

    Un extrait : J’ai trouvé la voiture à Craiglist.
    La marque est sans importance, d’après moi, mais si vous tenez à le savoir elle est noire, avec lignes plutôt carrées. Le genre qui passe inaperçu. La banquette arrière est assez grande pour qu’on puisse y dormir. Il s’agit d’une annonce rédigée à la hâte parmi des tas d’autres annonces rédigées à la hâte, mais celle-ci fourmille de fautes d’orthographe qui traduisent un désespoir particulier. « Faire une ofre svp ». C’est ce qui m’a décidée. Ça signifie « j’ai besoin d’argent tout de suite », autrement dit, que le vendeur a des ennuis, ou qu’il a faim, ou qu’il ressent un quelconque manque chimique. Ça veut dire que j’ai l’avantage, alors pourquoi ne pas en profiter ?
    Il ne me vient pas à l’esprit que rencontrer un inconnu sur une route secondaire en vue d’acheter une voiture pour le montant d’argent que je suis prête à payer n’est sans doute pas très prudent, mais c’est seulement parce que ce que je vais faire quand j’aurai cette voiture est encore plus dangereux.

    - Tu pourrais mourir, dis-je pour voir si le poids de ces mots sur ma langue me frappera assez pour que je prenne conscience de leur réalité.

    Il n’en est rien.
    Je pourrai mourir.
    J’attrape mon sac à dos en toile verte, j’y enfile les bras d’une torsion des épaules et je passe mon doigt sur ma lèvre inférieure.
    May Beth m’a donné des myrtilles hier soir et je les ai mangées au petit déjeuner. Je me demande si elles ont tâché ma bouche ; j’ai déjà assez de mal à faire bonne impression.
    La porte moustiquaire rouillée de la caravane lance un gémissement dans Ce-Trou-Perdu, mais s’il vous faut un indice visuel, imaginez un lieu très inférieur à la banlieue, puis imaginez-moi encore plus bas sur cette échelle, dans une caravane louée depuis ma naissance à May Beth la Donneuse-de-Myrtilles. Je vis dans un endroit qui n’est bon qu’à quitter, il n’y a rien d’autre à en dire, et je refuse de regarder en arrière. Peu importe que j’en aie envie ou pas, c’est mieux comme ça.

     

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  • [Livre] Piège conjugal

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    Résumé : Le jour de leur mariage, Alice et Jake reçoivent un cadeau hors normes : une adhésion au Pacte. Le rôle de ce club étant de veiller au bon fonctionnement de l'union à travers le respect de règles précises, le couple accepte avec plaisir. Mais lorsque l'un des deux contrevient au règlement, le rêve vire au cauchemar.


    Auteur : Michelle Richmond

     

    Edition : Presse de la cité

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 03 Mai 2018

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : J’ai rarement lu un livre qui m’ait autant mis en colère.
    Alice et Jake se voient offrir un cadeau étrange par un client d’Alice lors de leur mariage : Le Pacte.

    Le Pacte est un contrat censé garantir un mariage heureux.
    Il énonce certaines règles telles que se faire des cadeaux chaque mois, organiser un week-end chaque trimestre.
    Au début, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes : suivre les indications du Pacte leur permet de se montrer plus attentionnés.
    Puis Alice est « signalée » parce qu’elle passe trop de temps au travail. Et une première sanction tombe.
    A partir de là, c’est une véritable descente aux enfers qui attend Jack et Alice.
    Car le Pacte est omniscient, intrusif, les centaines de règles qu’il édicte contrôle jusqu’à la moindre parcelle de la vie de ses membres.
    Et les enfreindre a des conséquences de plus en plus cruelles.
    Le Pacte n’est rien de moins qu’une secte. Une secte dont le but n’est pas de l’argent mais le pouvoir.
    Jack et Alice découvrent très vite qu’il est impossible de quitter le pacte.
    Ils sont surveillés constamment, espionnés, certains, certains membres ne sont rien d’autre que des mercenaires qui ne reculent devant rien pour mener leur mission à leur terme.
    Au fur et à mesure de l’avancée du roman, la tension monte, le danger se fait plus présent, et la colère que j’ai ressentie envers les membres du pacte augmente proportionnellement à cette tension.
    La dernière partie m’a un peu plus déçue. Par dans  tous ses aspects, mais essentiellement sur 2 points.
    D’abord, quelqu’un, dans le but de montrer à Jake l’étendue de la puissance du pacte, révèle le nombre de membres qu’il compte dans le monde entier. Et le chiffre est ridicule !

    Avec un tel nombre, il est totalement impossible que le Pacte soit aussi puissant que l’auteur la présente, puissant au point qu’il est inutile d’espérer un quelconque secours des autorités. Je ne sais pas si ça a été mal traduit, ou si l’auteur n’a pas conscience du nombre de personnes qu’il faudrait pour que ça tienne la route, mais la crédibilité de son histoire en prend un coup.
    J’ai aussi trouvé dommage que la fin soit aussi…simple.

    C’était comme si, à la fin de Taken, on avait eu une poignée de main avec un « Bon ok, on fait la paix, sans rancune mec ? »

    On est un peu comme une flamme de bougie qu’on éteint. On s’attend à de l’explosif et on a un peu un pétard mouillé.

    Je ne dis pas que la fin est mauvaise, ou que je m’y attendais, mais il y a une telle tension au fil des pages que je ne peux pas être pleinement satisfaite d’une fin qui est si peu développée et tellement pas dans la lignée de ce que nous a offert l’auteur.
    Avec une fin plus intense, ce livre aurait sans nul doute été un coup de cœur, tel quel, il reste néanmoins une très bonne lecture.

     

    Un extrait : J’ai placé le cadeau sur la table. Une boîte à la fois massive et élégante.

    L’inscription gravée, cependant, ne cadrait pas avec ma théorie.

    LE PACTE.

    Pas vraiment un nom de whisky irlandais.

    Je l’ai ouverte. À l’intérieur se trouvait un second coffret posé sur une doublure de velours bleu, encadré de deux stylos coûteux nichés dans les replis du tissu : de l’argent, de l’or blanc, voire du platine. J’en ai soupesé un, admiratif. Un présent comme on en offre à ceux qui ont déjà tout, ce qui était un peu bizarre. Nous travaillions dur, Alice et moi, et nous nous débrouillions pas mal, mais nous étions loin d’avoir tout ! Lorsqu’elle avait obtenu son diplôme, en fait, je lui avais offert un stylo. Un bel objet que j’avais acheté à un artisan en Suisse, après des mois de recherches dans le secteur étonnamment florissant du stylo de luxe. C’était comme si j’avais poussé une porte, m’attendant à trouver un petit placard, et que je découvrais tout un univers. J’avais dû déployer des ruses de Sioux pour le payer sans qu’elle se doute de son prix exorbitant. Si elle devait le perdre un jour, je ne voulais pas que la valeur de l’objet ajoute à ses regrets.

    J’ai tracé quelques cercles sur le papier cadeau avant d’écrire : Merci, Liam Finnegan ! Le débit d’encre était régulier et la pointe glissait toute seule sur le papier.

    C’est alors que j’ai remarqué l’inscription gravée sur le stylo.

    Les caractères étaient si petits qu’ils étaient illisibles, mais je me suis souvenu d’une loupe qui faisait partie d’un jeu de société qu’Alice m’avait offert à Noël. J’ai fouillé dans le placard du couloir. Derrière le Risk, le Monopoly et le Boggle, j’ai trouvé la boîte que je cherchais, la loupe toujours dans sa Cellophane. J’ai levé le stylo à la lumière pour l’examiner.

    ALICE & JACK, suivi de la date du mariage, et simplement DUNCAN MILLS, CALIFORNIE. Je l’avoue, j’étais un peu déçu. J’attendais mieux de l’un des plus grands chanteurs de folk vivants. Si l’inscription avait recelé le sens de la vie, je n’aurais pas été autrement surpris.

    J’ai pris le second stylo et je l’ai posé sur la table. Puis j’ai soulevé le coffret. Même bois recyclé, même style, même nom que la grande boîte : LE PACTE. Il était étonnamment lourd.

    Lorsque j’ai tenté de l’ouvrir, j’ai constaté qu’il était verrouillé. J’ai cherché une clé dans la boîte, mais je n’ai trouvé qu’un billet manuscrit.

    Alice et Jack, sachez-le : Le Pacte ne vous abandonnera jamais.

     

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  • [Livre] Pour le pire

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    Résumé : Le couple que forment Paul et Rebecca ne reposerait-il que sur des illusions ? Lorsque deux policiers sonnent à leur porte un matin, à la recherche d'une femme disparue, Rebecca est loin de se douter que ce sera l'événement le moins dramatique de sa journée. Car son mari cache quelque chose. Et plus elle creuse, pire semble être l'objectif de celui qui partage sa vie depuis vingt ans. Alors que les mensonges de Paul se multiplient, confiance et fidélité semblent ne plus être que de lointains souvenirs et sa femme sombre dans la paranoïa.

    Progressivement, le couple se retrouve piégé dans une spirale infernale... au risque de tout détruire.


    Auteur : E. G. Scott

     

    Edition : Pygmalion

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 01 Février 2020

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : Paul et Rebecca, on ne peut pas dire que je les ai vraiment appréciés.
    D’un côté, il y a Paul, qui semble avoir constamment besoin de se prouver qu’il peut séduire. Dès qu’il a une femme dans sa vie, il semble chercher avec qui la tromper.
    Et Rebecca, accro aux médicaments qu’elle détourne allégrement de son travail de représentante en produit pharmaceutique, qui ne cache pas son mépris pour son mari pour la seule raison que sa société a fait faillite et qu’il se retrouve donc au chômage.
    Quel genre d’amour unit ces deux-là ?
    Ils ne semblent motivés que par la compétition de savoir qui de lui ou de elle mettra le plus d’argent sur leur compte commun.
    Le roman présente plusieurs narrateurs.
    Rebecca et Paul se partagent l’essentiel des chapitres mais on peut voir aussi les points de vue d’autres personnages tels que les deux policiers qui enquêtent sur la disparition de deux femmes de l’entourage du couple : Sheila, la maitresse de Paul et Sasha, l’épouse du patron de Rebecca.
    Depuis que la police est passée pour son enquête, Rebecca semble perdre les pédales en même temps qu’elle augmente sensiblement ses prises de médicaments.
    Le rythme ne faibli jamais et, même si je n’ai pas pu m’attacher à Rebecca, j’avais envie qu’elle retrouve un semblant de normalité.
    Mais les deux auteurs sont diaboliquement efficaces et rien ne filtre avant plus de la moitié du livre où là, on commence à en savoir plus que les personnages car, contrairement à eux, on a une vraie vue d’ensemble.
    Jusqu’à ce que les auteurs nous en dévoilent assez pour que l’on comprenne ce qu’il se passe, j’étais complètement perdue et totalement prise au piège de la toile d’araignée tissée par les deux auteurs.
    Je ne savais ni qui, ni quoi croire.
    J’ai également beaucoup aimé l’écriture, le rythme, l’alternance des personnages et leurs tourments intérieurs respectifs.
    J’ai plongé, tête baissée dans cette histoire, je me suis laissée embarquée dans ses nombreuses ramifications jusqu’à la fin, aussi sombre qu’inattendue.
    Car si je me suis laissée aller à échafauder divers scénarios pour cette fin, celle que nous offrent les auteurs, je ne l’avais même pas envisagée.
    Bluffant ! C’est le moins qu’on puisse dire !

     

    Un extrait : Duff nous prévient de leur présence avant que la sonnette retentisse.
    Paul quitte brusquement l’embrouillamini de nous deux corps nus pour enfiler un short de gym et un t-shirt ; je reste sous les draps frais, dos à lui. Malgré notre déception et notre insatisfaction communes, il me pique un baiser rapide avant de descendre accueillir les intrus qui interrompent nos ébats malheureux.
    Le cœur qui cogne, j’enfile une robe de chambre puis j’attends que les visiteurs se dirigent vers la cuisine, suivis pas Duff, notre terre-neuve tout excité, les griffes cliquetant sur le parquet puis sur le carrelage, pour me rendre sur le palier en haut de l’escalier. Invisible du rez-de-chaussée, j’entends les questions des nouveaux venus et les réponses calmes de Paul.
    J’attends le signal pour le rejoindre, puis me répète un mantra à chaque marche : On ne nous surprendra pas. On ne nous surprendra pas. On ne nous surprendra pas. Nous nous en tirerons.
    Mais j’ignore que l’arrivée de deux inspecteurs de police sera l’épisode le moins dramatique de la journée.

     

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  • [Livre] L’île des absents

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    Résumé : Quelque part en Suède, Alex et sa fille Smilla se promènent sur un îlot situé au milieu du lac Cauchemar. Son épouse Greta les attend dans la barque amarrée au rivage. Mais la jeune femme s'endort et à son réveil, elle ne les trouve pas. De retour au village, elle décide de se rendre au commissariat. Pourtant, le policier prétend qu'elle n'est pas mariée et n'a jamais eu d'enfant.


    Auteur : Caroline Eriksson

     

    Edition : Presse de la cité

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 07 juin 2018

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Dès le départ, on sent que quelque chose ne va pas chez Greta.
    L’histoire s’ouvre sur la disparition de son mari, Alex, et de sa fille, Smilla.
    Pour autant, malgré la disparition qui implique une filette de ‘ ans, Greta ne se précipite pas chez la police.
    Elle cherche un peu par elle-même, tourne beaucoup en rond et ne fini par se rendre à la police qu’après plusieurs dizaines d’heures (plus de 24h).
    Mais là-bas, on lui répond qu’elle n’est pas mariée et n’a jamais eu d’enfants.
    L’histoire étant racontée du point de vue de Greta, on a comme un accès direct aux pensées de Greta et, le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est le fouillis là-dedans.
    Pendant un moment, je me suis demandée si elle n’était pas schizophrène, mais au fil de ma lecture, je me suis dit qu’elle n’était pas si délirante que ça, que c’était son cheminement de pensée qui l’était.
    Elle semble avoir un passé difficile qui tourne autour de la disparition de son père, ce qui fait échec à la disparition d’Alex.
    On comprend très vite que le père de Greta est mort dans des circonstances suspectes et dès lors, on se demande si Alex, dont le portrait se révèle peu flatteur, a réellement disparu.

    Là où réside la difficulté pour le lecteur, c’est que Greta a parfaitement conscience de ses mensonges et de son déni et que du coup, elle mélange élucubration et vérité sans que le lecteur ne puisse facilement faire la distinction entre les deux.
    J’ai trouvé la police bien peu présente. Une femme vient déclarer une disparition, impliquant un enfant, et, comme la personne n’a pas d’enfants, ça s’arrête là ? Ils ne la recherchent pas activement, ils n’enquêtent pas… ça m’a semblé très étrange.
    Mis à part la présence d’un groupe d’ados violents et arrogants, qui ne sont guère exploités et qui ne semblent être là que pour apporter un élément de danger, le thriller est essentiellement psychologique.
    La vérité qui fini par apparaître par bribes est encore plus inconcevable que les délires de Greta.
    Comme quoi, la perversité humaine ne connaît aucune limite et l’auteur ne nous ménage pas, nous laissant lessivés, nous demandant comment une simple disparition a pu nous entraîner jusque là.
    Un thriller déroutant, mais il faut s’accrocher car il vaut vraiment le coup.

     

    Un extrait : L’îlot au centre du Cauchemar n’est plus qu’à une dizaine de mètres. C’est notre destination. Baissant les yeux, j’essaie de voir au-delà de la surface. Je devine le fond. Brouillé par les remous, il se rapproche à mesure que nous progressons vers la rive. Les algues qui le tapissent se tendent vers notre embarcation tels de longs doigts verts et gluants. De part et d’autre, de hauts roseaux s’inclinent sur nous. Pour accoster, Alex se met debout, faisant osciller le canot. Fermant les yeux, je me cramponne au bord jusqu’à ce que le roulis se calme. Alex amarre solidement le bateau au tronc de l’arbre le plus proche. Smilla retire son gilet de sauvetage en se préparant à sauter à terre. Au passage, elle m’écrase le pied et me donne un coup de coude involontaire dans le sein. Je gémis de douleur, de façon sonore, mais elle a tellement hâte de rejoindre son papa que rien d’autre ne compte. En les voyant ensemble, nul ne peut douter qu’Alex soit le grand amour de Smilla. Quand nous sommes descendus vers le ponton, c’est à son côté qu’elle marchait, ou plutôt gambadait. Les rayons bas du soleil qui filtraient à travers les branches des arbres bordant l’étroit sentier forestier s’ajoutaient à son babillage enthousiaste : elle et papa allaient bientôt débarquer sur une île déserte, comme de vrais aventuriers. Smilla serait la princesse des pirates et papa serait… pourquoi pas le roi des pirates, tiens ? Smilla riait en tirant Alex par la main, impatiente d’arriver au lac. Je les suivais à quelques pas en arrière.

    À présent, Smilla enserre les jambes d’Alex entre ses petits bras. Le père et la fille, atome indivisible. Eux sur la terre ferme, moi dans le canot. Alex me tend la main en haussant les sourcils d’un air impérieux. J’hésite. Il s’en aperçoit.

    — Allez, viens ! C’est censé être une sortie en famille, chérie.

    Il sourit. Comme aimantée, je lance un coup d’œil à Smilla, et nos regards se croisent. Je ne peux m’empêcher de remarquer la manière qu’elle a de lever son menton. Ma voix est éraillée lorsque je décline l’invitation.

    — Allez-y tous les deux. Je vous attends ici.

    Alex tente encore, sans grand enthousiasme, de me convaincre, et quand je secoue la tête, il hausse les épaules et pivote vers Smilla. Roulant les yeux, il lui adresse une grimace qui fait briller les siens par anticipation.

    — Insulaires, prenez garde ! Voici Papa le pirate et Smilla la princesse pirate !

    À ce cri, Alex jette Smilla sur son épaule, déclenchant un hurlement de rire, et se met à courir vers le haut de la côte. La face de l’île où nous avons accosté est plus escarpée que l’autre. Alex se donne à fond, il ne laisse pas la montée ralentir son allure. Je sens presque la brûlure de ses muscles, la compression de l’estomac de Smilla au rythme des ballottements. Et c’est ainsi qu’ils atteignent le sommet et disparaissent de ma vue.

     

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  • [Livre] L’insigne du boiteux

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    Résumé : Un assassin, qui se fait appeler le Prince, exécute des mères de famille sous les yeux horrifiés de leurs jeunes fils âgés de 7 ans. Opérant à l’arme blanche avec une rare sauvagerie, le meurtrier taille ses victimes en lanières. Telle est la punition qu’il inflige. Mais qui punit-il ? Et de quoi ?
    Pour répondre à ces deux questions fondamentales, le commandant Falier s’adjoint les services du professeur Bareuil, spécialiste des crimes rituels, « retraité » de la Sorbonne, et de Jeanne Lumet, qui fut sa plus brillante élève. Or la jeune femme est mère d’un petit garçon de 7 ans. Détail qui n’échappera sans doute pas au Prince…


    Auteur : Thierry Berlanda

     

    Edition : De Borée

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 14 Février 2019

     

    Prix moyen : 7,5€

     

    Mon avis : Je sors vraiment mitigée de cette lecture.

    Si j’ai bien aimé l’histoire en elle-même - d’ailleurs c’est le résumé, plus que le titre, qui m’a convaincu de le lire - en revanche, j’ai eu plus de mal avec la forme du roman.

    L’auteur emploie un langage assez recherché, pas désagréable mais qui sonne faux dans un thriller, surtout quand au détour d’une page on tombe soudain sur des termes comme « gras-du-bide ». Si on met de côté ma répugnance pour ce genre de terme, on dirait que l’auteur hésite entre deux styles.

    Dès le début du livre, avant même d’être gênée par le style, j’ai remarqué un manque flagrant de rigueur dans l’édition.

    Alors, je sais bien qu’il ne s’agit « que » d’un poche, mais quand même, page 79, il manque carrément une phrase.

    L’auteur n’est pas en reste. On commence les ennuis page 84 avec une phrase qui laisse perplexe : « Je crois que tu ne peux pas m’occuper de lui ».

    A plusieurs reprises, on a de magnifiques incohérences, à se demander si l’auteur s’est seulement relu.
    Par exemple, un suspect s’identifie d’un nom et une date de naissance et, à peine une page plus loin, la police déclare ne pas avoir trouvé trace d’une personne de ce nom née… dix ans plus tard que la date annoncée par le suspect… et cela ne semble émouvoir personne.
    Plus loin, lors d’une discussion entre deux personnages, l’un dit à l’autre qu’il est au courant de l’enlèvement d’un troisième personnage, puis quelques lignes plus loin, le même personnage réclame d’être mis en contact avec la personne qu’il a dit savoir être enlevée.

    Ces incohérences, couplées au style employé, donne l’impression d’une enquête laborieuse, comme si l’auteur ne savait pas trop où il allait.

    J’ai regretté le manque de profondeur des personnages. Par exemple, on sait que Jeanne souffre de phobies, mais on ne sait ni à quoi elles sont dues, ni leur ampleur. Pourquoi ? En quoi ce fait apporte un plus aux personnages si ce n’est que mentionné en passant ?
    Et c’est pareil pour tous les personnages, tueur compris.

    La fin va trop vite, elle tient plus du coup de chance que de l’habilité des enquêteurs.
    Ici, on a les élucubrations d’un pseudo historien dont on se demande comment il peut ainsi manipuler son monde tant son arrogance ne connaît aucune limite, mais on n’a pas cette sensation que chaque meurtre permet de faire un pas de plus vers la solution.

    Le meurtrier est le seul a avoir un certain développement. Entre ses crises mystiques et ses souvenirs, on comprend relativement vite ce qui le motive.

    L’insigne du boiteux semble être le 1er tome d’une trilogie, mais je n’ai pas été suffisamment convaincue pour lire la suite.

    C’est dommage que le style et le traitement de l’histoire ne m’aient pas convaincue parce que l’histoire était vraiment intéressante à lire.

    Il m’a juste manqué quelques éléments pour réellement apprécier ma lecture.

     

    Un extrait : Les lampadaires émergent du brouillard, accrochant des maques d’effroi aux cariatides du boulevard. Jeanne Lumet marche en évitant de justesse les flaques gelées, et maudit celui qui l’oblige à sortir de chez elle à une heure pareille.
    Un coup de téléphone l’a tirée de son sommeil au milieu d’un rêve qui l’a transportait des mois en arrière, à l’époque où Paul habitait encore avec elle et leur fils. Les roses de Villandry, la splendeur des jardins, Léo caracolant dans les escaliers avec son épée de bois confectionnée par Paul et qu’il préférait décidément aux pistolets laser, les poses qu’elle prenait pour la photo en retenant sur ses cheveux un chapeau de paille courtisé par le vent, voilà le refuge de douceur éboulé en deux secondes par la sonnerie.
    Une voix inconnue. Un grésillement plutôt.

    - Commandant Falier, police criminelle.

    Pour Jeanne, le pire est toujours l’éventualité la plus plausible ; par réflexe, elle s’est ruée dans la chambre de Léo. Elle y a simplement vu un gosse qui rêve à des dinosaures. Ressort distendu, elle est revenue s’asseoir sur le bord de son lit en baillant, puis elle a cherché à quatre pattes le téléphone qui avait rebondi dessous comme un poisson dans l’herbe.

    - On est en pleine nuit. Qu’est ce qu’il se passe ?

    - J’appelle sur les conseils du professeur Bareuil…

    Entendre ce nom a provoqué chez Jeanne un afflux de sérotonine suffisant pour lui maintenir les paupières grandes ouvertes jusqu’au soir.

    - J’ai un cas bizarre. Bareuil pense que vous pourriez m’aider. Vous pouvez venir maintenant ?

    - Quoi ? Mais je dors… Et puis c’est quoi « bizarre » ? Ce qui est bizarre, c’est plutôt que Bareuil vous ait filé mon nom !

    - Bareuil… C’est lui qui vous pose un problème ?

    Des images lui sont revenues malgré elle, d’un passé qu’elle croyait enterré. Bareuil avait été son professeur d’histoire médiévale pendant ses deux années de Master. Jeanne se précipitait toujours à ses cours, sous l’œil perplexe des autres étudiants qui, bien qu’inscrits dans le même cursus, tombaient moins facilement qu’elle amoureux d’une icône melkite ou d’un masque copte. Bareuil avait tout de suite remarqué cette graine de championne. Lui qui passait pour le pape du magister classique s’était mis, au bout de quelques semaines, à s’adresser à elle comme à un confrère ; il ne corrigeait plus ses travaux, il les discutait. La facilité de son élève, excusée d’avance par sa grâce, ne l’irritait pas. Jeanne savait que si elle avait été une étudiante au teint gris et aux cheveux gras, bien qu’ayant eu les mêmes dispositions intellectuelles, elle aurait trouvé en Bareuil son pire ennemi ; percevant le talent des autres comme une menace, il lui aurait sans fin asséné la sempiternelle vérité institutionnelle selon laquelle, sans le travail, une bonne prédisposition n’est qu’un défaut.

     

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