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Policiers/Thrillers - Page 6

  • [Livre] La neuvième tombe

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    Résumé : Une glaciale nuit d'hiver, à Stockholm, le ministre de la Justice disparaît sur le court chemin entre le Parlement et sa voiture. La même nuit, au Danemark, la femme d'un célèbre présentateur est violée et assassinée chez elle. Les jours suivants, d'autres corps mutilés sont retrouvés de part et d'autre de l'Oresund. Fabien Risk et son homologue danoise Dunja Hougaard sont chargés de l'enquête.


    Auteur : Stefan Ahnhem

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 04 Septembre 2019

     

    Prix moyen : 23€

     

    Mon avis : Un bon mois avant sa sortie officielle, Babelio et Albin Michel m’ont permis de lire les épreuves non corrigées (bien que je cherche encore ce qu’il y a à corriger).
    Contrairement à ce que laisse entendre le quatrième de couverture, Fabian Risk, l’enquêteur suédois et Dunja, l’enquêtrice danoise, ont beau travailler sur la même enquête, ils n’en ont pas conscience et travaillent totalement indépendamment l’un de l’autre, ce qui est vraiment frustrant pour le lecteur qui voit bien qu’il y a un lien.
    J’ai d’ailleurs trouvé que la partie danoise de l’enquête était presque anecdotique dans le sens où ce qu’elle découvre nous, sert à nous, lecteur, pour avancer dans la compréhension, mais n’aide pas la police suédoise qui se débrouille très bien sans elle.
    Même si j’ai vraiment apprécié Dunja, qui ne se laisse pas abattre malgré ses déboires personnels comme professionnels, j’ai nettement préféré l’enquête suédoise.
    Pourtant je n’ai pas vraiment apprécié Fabian Risk, que j’ai trouvé d’une faiblesse coupable, aussi bien en ce qui concerne sa femme et ses enfants, que dans sa vie professionnelle.
    Malgré son intelligence et son flair, je n’ai pas réussi à passer au-dessus de ses défauts.
    En revanche, j’ai beaucoup aimé sa collègue, Malin, qui, malgré sa grossesse très avancée, est d’une efficacité redoutable.
    Le livre s’ouvre sur une simple lettre et j’ai mis pas mal de temps à comprendre le lien qu’il pouvait y avoir avec tous ces meurtres mais j’ai fini par comprendre et je dois dire que je n’ai ressenti aucune empathie pour l’auteur de ces meurtres.
    Le livre est très long (je ne m’en plains pas, remarquez) mais ses chapitres courts, les changements de point de vue, font qu’il se lit assez vite avec un rythme soutenu.
    On succombe vite au « encore un chapitre et je dors ». Heureusement pour moi, je l’ai commencé au début du week-end.
    L’histoire est dense, avec beaucoup de personnages, mais franchement, avec un minimum de concentration, on s’y retrouve parfaitement.

    Ce livre est le second des enquêtes de Fabian Risk et il va falloir que je lise le premier tome pour voir si ce côté faible qui m’a tant énervée chez lui résulte d’un événement particulier ou si c’est un trait de son caractère.
    Vers la fin, il y a un événement que je n’avais pas vu venir et c’est sans doute là que Fabian m’a le plus déçue.
    La fin m’a frustrée et si l’épilogue semble apporter un semblant de justice, j’ai trouvé que c’était trop peu. Mais sans doute bien plus réaliste que celle que j’aurais aimé lire.

     

    Un extrait : Ce n’était pas non plus la première fois que Fabian entrait dans les locaux de la Säpo, mais jamais il n’avait passé autant de point de contrôle. Il avait pénétré si loin dans le bâtiment qu’il en avait perdu le sens de l’orientation. Après avoir pris d’innombrables ascenseurs et traversé une longue série de couloirs sans fenêtres en compagnie d’un Herman Edelman qui, contrairement à son habitude, n’avait pas ouvert la bouche une seule fois, ils entrèrent dans une grande pièce à l’éclairage spartiate.
    Peu de temps avant l’heure où Fabian avait dû ressortir, Theodor était rentré du hockey. Après une courte négociation, il avait accepté de s’occuper de Mathilda et de la mettre au lit. Bien qu’on ne soit qu’un simple jeudi soir, Fabian avait dit oui aux chips, au Sprite et au DVD dans la chambre conjugale. Sa seule condition étant qu’ils ne caftent pas à Sonja et que Mathilda ne fasse pas de dessin à l’école sur le sujet.

    « Vous devez être Herman Edelman et Fabian Risk. » Une femme sortit de la pénombre et vont leur serrer la main. « Je vous souhaite la bienvenue. Anders Furhage et les autres sont déjà là. »

    La femme les précéda dans la salle. Quand les yeux de Fabian se furent accoutumés à l’obscurité, il vit plusieurs cubes sombres qui semblaient flotter librement à plusieurs mètres au-dessus du sol. Il avait entendu parler de ces pièces d’isolement acoustique qui, selon la rumeur, avaient fait exploser le budget de la Sécurité à hauteur de plusieurs dizaines de millions de couronnes, mais c’était la première fois qu’il avait l’occasion de les voir de ses propres yeux. Edelman ne haussa même pas un sourcil. Il se contenta de frotter ses petites lunettes rondes avec un chiffon en continuant d’avancer. Fabian ne l’avait pas vu aussi sérieux et sinistre depuis l’époque où sa femme était morte d’un cancer, il y avait bientôt dix ans.

     

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  • [Livre] Quand la neige danse

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    Résumé : 2014. L'hiver est le plus froid que Crystal Lake ait jamais connu. Cette petite ville paisible proche de Chicago semble pétrifiée, mais la neige et le blizzard ne sont pas les seuls coupables. Depuis un mois, quatre fillettes se sont volatilisées. Les habitants sont sous le choc. Ce matin-là, Joe Lasko s'équipe pour une énième battue dans les bois gelés lorsqu'on lui dépose un paquet. Dedans repose une poupée, une magnifique poupée aux cheveux longs et roux, comme sa fille Lieserl disparue. Comble de l'horreur : la poupée est vêtue exactement comme Lieserl le jour où elle s'est volatilisée. Ce matin de février 2014, toutes les familles des fillettes vont recevoir une poupée. C'en est trop pour Joe. Ce jeune divorcé n'a plus que Lieserl dans sa vie. Il décide de mener sa propre enquête, aidé par Eva Sportis, une détective privée dont il était secrètement amoureux des années plus tôt. Eva comprend très vite que l'affaire la dépasse et appelle à l'aide Hanah Baxter, son ancienne prof de fac, la célèbre et charismatique profileuse et son inséparable pendule. Hanah réalise au fil de l'enquête que quelque part, dans Crystal Lake, quelqu'un s'en prend aux enfants depuis très longtemps. Les détient-il prisonniers ? Sont-ils encore en vie ? Un criminel maintes fois condamné semble être le coupable tout indiqué, pourtant Hanah, Eva et Joe sont persuadés que la police se trompe de coupable. Dans un décor impressionnant de froid et de glace, Sonja Delzongle mène de main de maître une histoire trépidante dont les rebondissements et les fausses pistes trouvent leur sens dans le passé et nous mènent inexorablement vers un final terrifiant.


    Auteur : Sonja Delzongle

     

    Edition : Denoël

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 01 Avril 2016

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : J’ai mis très longtemps à commencer ce livre et c’est dommage parce que je l’ai dévoré.
    Dès les premières lignes, on fait la connaissance de Jo Lasko, un médecin dont la vie a basculé un mois plus tôt quand sa fille a été enlevée. Depuis, trois autres fillettes ont connu le même sort. Aucune demande de rançon, aucun cadavre.
    Il y a de nombreux personnages, donc de nombreuses pistes.
    J’ai beaucoup aimé Jo, même si on ne le voit pas énormément et quand on le voit, il est souvent en position de suspect (même si le chef de la police semble ne le considérer comme suspect pour respecter la procédure plus que par réelle conviction).
    J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié le chef Stevens. Il est méticuleux, ne laisse rien au hasard mais il a aussi l’esprit ouvert. Il ne monte pas sur ses grands chevaux quand il apprend que Jo a fait appel à une aide extérieure. On peut même dire qu’il est plutôt content d’avoir un coup de main. Sa phobie des microbes et sa vocation philosophique contrariée le rendent plus humain et sympathique.
    L’aide extérieure, c’est la criminologue Hannah Baxter.
    Celle-ci a une histoire personnelle difficile (histoire personnelle qui va d’ailleurs lui revenir en pleine poire dans le prochain tome) et des méthodes peu conventionnelles mais efficaces (elle se sert d’un pendule).
    Au milieu de l’enquête actuelle, on trouve des chapitres concernant une certaine Puppa, qui parle à une poupée inquiétante, et également une fillette qui semble avoir elle aussi été victime d’un enlèvement.
    Chaque personnage est vraiment bien travaillé sans pour autant en faire trop sur leurs caractéristiques.
    Par exemple, si Hannah est homosexuelle, l’auteur n’a pas ressenti le besoin de mettre ce fait en avant à chaque page, si le chef Stevens a des phobies, cela n’a pas d’incidence sur son professionnalisme.

    Le récit est à la troisième personne, et, puisqu’on suit tour à tour plusieurs personnages, on finit par avoir une vision de la situation plein plus globale que chacun d’entre eux.
    Pour autant l’enquête est complexe et certains éléments qui la composent se révèlent être de fausses pistes. Celles-ci sont nombreuses, plusieurs affaires semblent s’entremêler dans que de liens les reliant ne sautent aux yeux.
    J’avoue que j’ai dû attendre que les enquêteurs, et Eva, une jeune privée, amie de Lasko, qui travaille avec Hannah, découvrent la vérité pour que moi-même je comprenne enfin de quoi il retournait.
    J’ai vraiment adoré ce thriller et j’ai vraiment hâte de lire d’autres écrits de l’auteur.

     

    Un extrait : Son corps fit un bruit sourd en tombant dans l’eau. Elle était glaciale, le froid lui saisit les membres. La bouche serrée, laissant échapper quelques bulles sporadiques, il battit des jambes pour remonter à la surface. En vain. Son poids l’entraînait vers le fond. En haut, juste au-dessus de lui, la couche gelée du lac, particulièrement épaisse cet hiver. D’un bleu translucide où ondulaient des reflets lumineux, alternant avec des ombres furtives. C’était le dernier spectacle que lui offrait la nature.

    Alors qu’il disparaissait dans les ondes glacées, il revit son visage. Son expression figée. Ses yeux du même bleu que l’eau, sa bouche entrouverte, sa peau si pâle, presque transparente, sous laquelle couraient les veines du front, des tempes. Lieserl. Sa fille unique, adorée.

    « Lieserl ! Lieserl ! » C’était le seul mot que ses lèvres devenues exsangues formaient alors que Joe Lasko touchait le fond. Soudain, il se sentit agrippé par le poignet. Tournant la tête, il la vit. Les yeux exorbités, les iris bleus baignant dans un faisceau écarlate, le visage congestionné autour duquel ondulaient, comme des algues, ses cheveux roux, la bouche déformée en un rictus.

    Lieserl ? Liese ! C’est papa ! criait-il sans qu’un son ne sorte de sa gorge. Mais, les doigts crispés sur le poignet de Joe, telles de petites serres acérées, Lieserl demeurait immobile, pétrifiée.

    Il tenta de l’attirer à lui. Viens, Liese ! Viens ! l’encourageait-il du regard. Il comprit alors qu’elle le retenait délibérément, avec une force inouïe - ou bien étaient-ce les siennes qui l’avaient définitivement quitté ? Il se rendit compte que cette créature au visage de succube n’était pas sa fille et qu’il allait se noyer sans parvenir à se libérer de l’étreinte mortelle.

    Dans un ultime instinct de survie, les poumons comprimés, il commença à se débattre, à secouer le bras qui l’empêchait de remonter. Si violemment qu’il l’arracha du tronc, dont les chairs se décomposèrent aussitôt, s’éparpillant dans les eaux assombries du lac.

       C’est à cet instant que Joe Lasko se réveilla, en sueur, récupérant son souffle dans un râle.

    La sueur… Il n’était plus que cette eau salée sortant par ses pores depuis le 7 janvier. La sueur, qui plaque les cheveux sur les tempes et la nuque, qui colle les vêtements à la peau, qui trempe les draps comme en pleine fièvre, coule sous les aisselles et se répand le long des côtes ou auréole le dos. Sueur nocturne, parfois annonciatrice de maladie. Il avait prescrit des examens à quelques-uns de ses patients qui lui rapportaient ces symptômes. Les résultats les avaient parfois condamnés. Dans le cas de Joe, la sueur était différente. Son odeur aussi. Stigmate de la peur. Une peur intense, folle, désespérée.

    Il mit quelques minutes à retrouver une respiration normale. Puis fondit en larmes. C’était le même cauchemar depuis un mois… depuis que sa fille avait disparu sur le lac gelé où sa baby-sitter l’avait emmenée patiner. Le chagrin l’étouffait un peu plus chaque jour, comme un poison à diffusion lente. Survivrait-il à ce vide ?

     

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  • [Livre] Marquée à vie

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    Résumé
     : Nörrkoping, l’hiver.

    La procureure Jana Berzelius arrive sur la scène du meurtre d’un haut responsable de l’Immigration en Suède, assassiné dans sa maison, au bord de la mer Baltique. Le tueur n’a laissé aucune trace. Etrangement, les seules empreintes que l’on retrouve sont celles d’un enfant – or, la victime n’en a pas… Quelques jours plus tard, le meurtrier est identifié. Mais il est mort. On retrouve son corps sur un rivage désolé, l’arme tout près de lui. Il s’agit bien d’un enfant. Signe particulier, il présente sur la nuque une scarification énigmatique.

    Ce nom, gravé grossièrement à même la chair, provoque brutalement chez l’impénétrable Jana, pourtant réputée insensible et glaciale, un véritable séisme intérieur. Car elle porte la même scarification à la base du cou. La marque d’un passé qui ne lui revient que par flashes incontrôlables...


    Auteur : Emelie Schepp

     

    Edition : Harper Collins

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 10 Janvier 2018

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Le résumé de ce livre était vraiment alléchant.
    Comment résister à un meurtre, semblant avoir été commis par un enfant, lequel est retrouvé lui-même assassiné et porteur, sur la nuque, d’une étrange scarification, étonnamment semblable à celle que porte Jana Berzelius, le procureur en charge de l’affaire ?
    Très vite, Jana va mener une enquête parallèle, une enquête destinée plus à lever le voile sur les mystères de son enfance et de ses cauchemars qu’à élucider les meurtres.
    Au fil de l’enquête, celle-ci se révèle bien plus complexe qu’au premier abord et prend une ampleur insoupçonnée.
    Une partie des personnages m’a vraiment été antipathique.
    En marge de l’enquête, parmi l’entourage privé des enquêteurs et du procureur, j’ai été profondément rebutée par le père de Jana et la femme d’Henrik.
    Si l’attitude hautaine, orgueilleuse et égocentrique de Mr Berzelius renforce la sympathie et la compassion que l’on peut ressentir pour Jana, il n’en va pas de même pour Henrik. Sa femme est absolument insupportable et semble refuser les inconvénients auxquels est confrontée toute femme de flic. Voir Henrik mendier les permissions, comme d’aller courir 2 fois par semaine pour se maintenir en forme, et se les voir sèchement refusé comme à un ado ayant demandé à sortir au cinéma une veille d’école, le rend un peu pathétique et lui fait perdre sa crédibilité.
    Parmi les enquêteurs, ce n’est guère mieux.
    Gunnar, le chef, entretient une relation ambiguë avec une collègue. Une attitude à la « je t’aime quand ça m’arrange ».
    Mais la palme revient à Mia, la coéquipière d’Henrik. Elle a une haine tenace envers quiconque a plus d’argent qu’elle, ce qui représente à peu près 90% de la population puisqu’elle sort, dépense des sommes folles alors qu’elle est dans le rouge, n’hésite pas à voler Henrik pour se renflouer… une vrai perle. En prime, sa haine des « riches », la pousse à se montrer très peu professionnelle dans l’enquête. Elle est en prime violente et agressive.
    Son attitude ne lui attire pas d’ennuis, mais, comme ce roman est supposé être le 1er tome d’une trilogie, je ne désespère pas de la voir recevoir ce qu’elle mérite.
    Si on comprend très vite quelle est l’histoire et le parcours de Jana, en recoupant ses cauchemars avec les découvertes faites pendant l’enquête, j’ai quand même été surprise à la fin, et ce à plus d’un titre.
    L’écriture est plaisante et la structure du roman, constitué de chapitres courts et d’un rythme soutenu rend le livre difficile à lâcher.
    Vu la fin, j’ai hâte de lire les prochains tomes, ne serait-ce que pour voir comment vont être exploité les personnages secondaires dont on nous a dressé un portrait si négatif.

     

    Un extrait : L’inspecteur en chef Henrik Levin et le lieutenant Maria Bolander garèrent leur Volvo à Lindö. L’air froid de la Baltique fit frissonner Henrik qui ne portait qu’un léger blouson d’été. Il remonta sa fermeture Eclair et enfonça les mains dans ses poches.

    Une Mercedes noire, deux voitures de police et une ambulance stationnaient déjà dans l’allée pavée. Deux autres voitures étaient garées non loin du ruban de police. A en juger par leur logo publicitaire, elles appartenaient aux deux journaux concurrents de la ville.

    Deux journalistes, probablement concurrents donc, se pressaient contre le ruban, leurs vestes molletonnées poussant contre le plastique tendu à se rompre.

    — Qu’est-ce que c’est chic ici !

    Maria Bolander, Mia pour les intimes, secoua la tête, visiblement agacée.

    — Ils ont même des statues, ajouta-t-elle en fixant les lions de granit.

    Puis elle aperçut les pots de fleurs d’un mètre de haut qui trônaient à côté d’eux, et son visage se ferma un peu plus.

    Henrik Levin ne releva pas le commentaire et remonta en silence le chemin éclairé qui menait au numéro 204. De petits tas de neige subsistaient sur les pierres grises qui bordaient l’allée, signe que l’hiver était encore là. Il salua d’un hochement de tête Gabriel Mellqvist, l’agent en uniforme de faction à l’entrée, piétina pour faire tomber la neige de ses chaussures, poussa la lourde porte qu’il tint pour Mia, et entra derrière elle.

     

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  • [Livre] Je sais qui tu es

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    Résumé : Trois amis s'embarquent dans une drôle d'aventure : retaper en plein hiver une maison abandonnée dans un village desert de la région des fjords, à l'ouest de l'Islande, pour la transformer en gîte estival. Chacun a des motivations très différentes pour s'imposer ce défi : Gardar y voit une chance de s'extraire de la spirale des dettes et de regagner l'admiration de sa femme, Katrin, qui l'accompagne par pure solidarité conjugale. Leur amie Lif les suit parce qu'elle y voit une chance de faire le deuil de son propre mari, récemment décédé. Tous trois ont une chose en commun : ils s'attendaient à être seuls.
    De l'autre côté du fjord, la police fait appel à Freyr, un psychiatre brisé par la disparition mystérieuse de son fils, trois ans auparavant, pour éclaircir les circonstances troubles du suicide d'une vieille femme. Il ne s'attendait pas à ce que cette enquête le ramène à son drame personnel.


    Auteur : Yrsa Sigurdardottir

     

    Edition : Points

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 03 octobre 2013

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Je vous le dis tout net, je suis une flipette. Je classe greemlins dans les films d’horreur, fais de la spéléologie sous ma couette à la première note de musique un tant soit peu inquiétante, et suis absolument incapable de regarder la bande annonce de Hostel, Saw ou Beetlejuice jusqu’au bout.
    Donc je veux bien admettre que je ne suis pas d’une fiabilité absolue quand je dis que ce livre est flippant !
    Je me doute que vous croirez sans mal que MOI, j’ai flippé, mais je vous imagine déjà en train de ricaner que le plus effrayant doit être une branche tapant contre une fenêtre une nuit sans lune.
    Et bien QUE NENNI !! Parce que je ne suis pas la seule à avoir flippé (mais je l’admets, peut-être la seule à avoir refusé de lire après 18h) ! Lisez les différentes critiques et vous verrez que c’est un cri quasi-unanime (que voulez-vous, il y a des guerriers partout) : Ce bouquin file les jetons !
    Et pourtant… Il ne se passe rien de très clair. On est loin du tueur à la hache qui découpe allégrement ses victimes dans de grandes éclaboussures de sang.
    Non… rien de tout cela !
    Juste une atmosphère pesante, glaciale, sans la moindre romance ou touche d’humour pour faire redescendre la tension.
    L’histoire alterne entre Freyr, un psychiatre sollicité par la police pour donner son avis sur deux affaires : le saccage d’une école maternelle et le suicide d’une sexagénaire, et Gardar, Katrin et Liff, partis sur une ile désertée pour retaper une maison qu’ils comptent reconvertir en maison d’hôtes.
    A priori, les différentes situations n’ont absolument rien à voir les unes avec les autres.
    Et pourtant… au fil de la lecture, des liens subtils apparaissent.
    L’auteur réussi ainsi à réunir, dans un certain sens, tout un tas de personnages dont l’existence semblaient pour certains anecdotiques.
    Et bien non, le plus petit des personnages a un rôle à jouer, aussi ténu soit-il, dans l’élaboration du dessin complexe qui se dessine sous nos yeux.
    Aucun des personnages n’est vraiment sympathique, certains sont même franchement antipathiques, mais cela n’empêche pas d’accrocher à l’histoire (ce qui n’est pas évident à obtenir pour un auteur en l’absence de personnages ralliant les lecteurs à sa cause).
    L’enquête policière est complexe et tout ne tombe pas tout cuit dans le bec des flics. J’ai beaucoup aimé suivre les recherches et interrogations qui la jalonnent.
    Mais ce qui fait le plus peur, c’est l’atmosphère présente sur l’île, une atmosphère glaçante, oppressante et surnaturelle.
    Il y a une présence dans ce village abandonné dont on ne sait pas vraiment si elle est humaine, surnaturelle ou encore produite par l’imagination des 3 occupants, seuls, isolés, en un lieu prétendument maudit.
    Au final, les passages consacrés à Freyr, bien loin de faire baisser la tension ressentie lors des huis-clos de l’île, ne font que renforcer celle-ci.
    Il n’y a pas à dire, les auteurs nordiques ont vraiment le chic pour les thrillers et celui-ci ne fait pas exception : Il est prenant, flippant, addictif…
    bref, je n’ai qu’une chose à dire : Lisez !
    Et flippez ! (Et ce sera bien fait si vous avez ricané !)

     

    Un extrait : Les vagues faisaient tanguer l’embarcation dans un incessant va-et-vient. La proue se soulevait doucement au rythme des secousses plus brusques qui malmenaient la coque, violemment projetée de gauche à droite. Le capitaine se débattit pour amarrer le petit bateau à un fin poteau métallique, mais le ponton flottant, tout érodé, ne cessait de se dérober, comme s’il s’agissait d’un jeu de cache-cache. Il répéta patiemment les mêmes mouvements, encore et encore – il lançait le cordage effiloché en direction du poteau, et chaque fois la corde manquait sa cible, comme repoussée. La mer semblait se jouer d’eux, pour leur rappeler qui commandait. L’homme réussit finalement à arrimer son embarcation, mais il n’aurait su dire si c’était parce que les vagues s’étaient lassées de le provoquer, ou bien si sa patience et son expérience de capitaine avaient eu raison des caprices des éléments. L’air grave, il se tourna vers les trois passagers et annonça :

    « Vous pouvez y aller. Mais attention en descendant. » Puis, d’un mouvement du menton, il désigna les cartons, les sacs et les autres affaires qu’ils avaient emportés. « Je vais vous aider à débarquer tout ça, ajouta-t-il, mais malheureusement je ne peux pas vous accompagner jusqu’à la maison. » Il contempla le large en plissant les paupières. « On dirait que je ferais bien de rentrer aussi vite que possible. Vous aurez le temps de faire le tri quand je serai reparti. Il doit y avoir une brouette qui traîne quelque part.

    — Pas de problème. »

    Garðar adressa un vague sourire à l’homme, sans pour autant se mettre à décharger. Il expira bruyamment en bougeant nerveusement les pieds, puis dirigea son regard vers l’intérieur des terres, où plusieurs maisons se détachaient le long de la plage. Un peu plus loin, des toits scintillaient. On n’était qu’au début de l’après-midi, pourtant la pâle lumière hivernale déclinait déjà. Bientôt, il ferait complètement noir.

     

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  • [Livre] La disparue de la cabine n°10

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    Résumé : Être témoin d'un meurtre ? Angoissant. Que personne ne vous croie ? Terrifiant.

    Une semaine à bord d'un yacht luxueux, à sillonner les eaux de Grand Nord avec seulement une poignée de passagers. Pour Laura Blacklock, journaliste pour un magazine de voyage, difficile de rêver d'une meilleure occasion de s'éloigner au plus vite de la capitale anglaise. D'ailleurs, le départ tient toutes ses promesses : le ciel est clair, la mer est calme et les invités très sélects de l'Aurora rivalisent de jovialité. Le champagne coule à flot, les conversations ne manquent pas de piquant et la cabine est un véritable paradis sur l'eau.

    Mais dès le premier soir, le vent tourne. Laura, réveillée en pleine nuit, voit la passagère de la cabine adjacente être passée par-dessus bord.

    Le problème ? Aucun voyageur, aucun membre de l'équipage ne manque à l'appel. L'Aurora poursuit sa route comme si de rien n'était.

    Le drame ? Laura sait qu'elle ne s'est pas trompée. Ce qui fait d'elle l'unique témoin d'un meurtre, dont l'auteur se trouve toujours à bord...


    Auteur : Ruth Ware

     

    Edition : Fleuve noir

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 11 Janvier 2018

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : On fait la connaissance de Lo (Laura) alors qu’elle se réveille en pleine nuit au beau milieu du cambriolage de son deux pièces.
    Traumatisée – on le serait à moins – elle se dispute avec son petit ami avant d’embarquer pour une croisière de luxe sur laquelle elle doit écrire un article pour le magazine spécialisé dans les voyages qui l’emploie.
    ces premières scènes peuvent paraître sans intérêt, mais elles ont leur importance.

    Dès son arrivée sur le bateau (Dans les premières pages), on peut constater que Lo lève le coude plus que de raison. Dès qu’une contrariété se présente, elle se sert un verre. Alors qu’elle n’arrête pas de dire qu’elle veut grimper les échelons dans son magazine, elle traite son travail par-dessus la jambe, ne prenant même pas la peine de lire le dossier de presse. Bref, la première impression que j’ai eu de Lo a été celle d’une jeune femme peu fiable, peu digne de la confiance que lui témoigne le magazine.

    L’auteur prend le temps de mettre en place le décor et les différents personnages avant d’entrer dans le vif du sujet.

    Quand Lo croit avoir assisté à un meurtre, sa crédibilité est vite mise à mal. Elle est clairement traumatisée par le cambriolage dont elle a été victime, sursaute au moindre bruit, a tendance à tirer des conclusion hâtive… On sait déjà qu’elle boit trop…
    On ne peut que douter de son témoignage.

    Pourtant, je n’ai jamais douté d’elle. Par contre, savoir qui, sur le bateau, a une responsabilité dans l’histoire, ça, c’était une autre paire de manches.

    Les suspects sont pourtant limités : Le personnel du bateau, et les passagers. Le bateau ne comportant que 10 cabines, dont celle de Lo et la N°10 supposée être vide. Il reste donc 8 cabines dont deux seulement sont occupées par un couple.

    On se trouve dans un huis-clos, d’autant plus angoissant qu’au milieu de la mer du nord, il n’y a aucun endroit où fuir.

    J’avais plusieurs suspects possibles, plusieurs personnes n’étant pas des plus claires et ayant, à mon sens un comportement étrange.

    Intercalés entre les chapitres, on peut voir des échanges inquiétant entre les personnes restés à terre, ainsi que des articles de journaux.
    Pour moi, ces passages sont la preuve que Lo n’a rien inventé. En revanche, ça ne nous aide pas à trouver le fin mot de l’histoire.

    J’ai quand même fini par comprendre ce qui se tramait, mais pratiquement au moment où c’était révélé !

    Cela dit, on a le fin mot de l’histoire, concernant ce qui s’est passé dans la cabine n°10 bien avant la fin, car ces révélations ne sonnent pas la fin des investigations de Lo, car, comme je le disais au début de cette chronique : au milieu de la mer, il n’y a pas d’échappatoire !

    Et alors croyez-moi, à partir de là, je n’avais plus rien prévu du tout et je ne m’attendais pas du tout à la fin !

    C’était mon premier roman de cet auteur, et je sens que ce ne sera pas le seul !

     

    Un extrait : Dans mon rêve, la fille dérivait, bien au-dessous des vagues et du cri des mouettes, dans les profondeurs froides et ténébreuses de la mer du Nord. Ses yeux rieurs étaient blancs et gorgés d’eau salée, sa peau pâle était ridée, ses vêtements réduits à l’état de haillons par des rochers coupants.

    Seuls restaient ses longs cheveux noirs qui flottaient dans l’eau comme des algues, s’emmêlaient dans les coquillages et les filets de pêche, pour s’échouer finalement tels des écheveaux de corde effilochée, tandis que le mugissement des vagues qui s’écrasaient sur la rive résonnait dans mes oreilles, assourdissant.

    Je me suis réveillée, pleine d’effroi. Il m’a fallu un petit moment pour me rappeler où je me trouvais, et plus longtemps encore pour réaliser que le grondement que j’entendais n’était pas le fruit de mon imagination.

    La pièce était plongée dans la pénombre, et l’humidité y suintait comme dans mon rêve. En me redressant, j’ai senti un courant d’air frais contre ma joue. Le bruit semblait venir de la douche.

    Je suis descendue du lit en frissonnant légèrement. La salle de bains était fermée, mais en m’approchant j’ai entendu le grondement enfler, tandis que mon cœur s’emballait. Prenant mon courage à deux mains, j’ai ouvert brusquement la porte. Le bruit de l’eau emplissait l’espace confiné. J’ai cherché l’interrupteur à tâtons. La lumière a inondé la pièce – et c’est là que je l’ai vu.

    En travers du miroir couvert de buée, en lettres d’une vingtaine de centimètres de haut, on avait écrit les mots : « ARRÊTE DE FOUINER ».

     

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  • [Livre] Ne la réveillez pas

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    Résumé : Maxime, jeune étudiant de 25 ans, se rend sur la tombe de sa mère. C’est lui qui, il y a un an, l’a retrouvée, égorgée. Un meurtre horrible, resté irrésolu, dont il ne réussit pas à se remettre. Cauchemars et flashbacks le hantent quotidiennement. Christelle, une amie venue le soutenir, remarque sur le côté de la plaque commémorative une étrange inscription : 00F14 - DEBUT DU JEU.
    Le même jour, un étudiant est retrouvé mort. Gravé sur sa cheville, un autre code : 02F01. Puis, c’est l’une des policières chargées de l’enquête qui reçoit glissé dans son courrier ce message : « 02F01 : Le deux cherche les uns à travers l’origine. Affaibli. Disparu. Mort ?  Le jeu a commencé, que le meilleur gagne, Joy ! »
    Qui se cache derrière ce jeu ? Quelles en sont les règles ? Et surtout, qui en réchappera ?


    Auteur : Angélina Delcroix

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 01 octobre 2017

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Avec « Ne la réveillez pas », Angelina Delcroix signe un thriller qu’on a du mal à lâcher.
    Le jeu est mené par un meurtrier psychopathe aux méthodes aussi sadiques qu’effrayantes doté d’une motivation sans faille.
    Les enquêteurs, des gendarmes, sont entraînés dans une spirale sanglante qui ne leur laisse pas le temps d’analyser et d’anticiper les actions de celui qu’ils poursuivent ce qui rend l’enquête d’autant plus difficile.
    Chaque personnage est approfondi de manière à ce que l’on s’attache (ou non) à eux et les liens qui se dessinent entre eux au fil du texte semblent évidents une fois posés noir sur blanc tant chaque indice menait vers ces conclusions, qu’elles soient personnelles ou liées à l’enquête.
    Cette enquête d’ailleurs, est un vrai casse tête et j’ai été à deux doigts de me faire mon propre tableau pour essayer de démêler tout ça.
    Si j’avais compris ce qui animait N°10 et que je me suis doutée assez vite de l’identité du coupable, j’étais par contre complètement à côté de la plaque pour tout le reste : ses motivations notamment.
    Si on suit la plupart du temps le point de vue de Joy, plusieurs chapitre sont du point de vue des victimes, voire du tueur, ce qui nous permet d’avoir toujours un pas d’avance sur les enquêteurs, mais bien évidement, ça ne m’a pas servi à grand-chose, je dois bien l’avouer.
    Il n’y a quasiment pas de longueur, même dans les parties faites pour faire avancer les relations personnelles entre les personnages et donc, hors enquête.
    Côté personnages, j’ai bien aimé Joy, même si elle a tendance à encaisser longtemps avant de finir par exploser plutôt que de percer les abcès rapidement. Son patron, Olivier Barrère, est certes compétent, mais il faut vraiment qu’il fasse un stage de gestion de la colère. Il ne peut pas continuer à sauter à la gorge de tout le monde dès que les choses ne se passent pas comme il veut et surtout, il faut qu’il arrête de ne jamais reconnaître ses responsabilités dans le déroulé des enquêtes. Némo est sans nul doute celui que j’ai préféré, avec la légiste qui parsème son discours d’expressions espagnoles dès qu’elle s’enflamme. Enfin, si au début, Florac m’énervait profondément, j’ai aimé le voir évoluer comme il le fait au cours de cette enquête.
    Un petit bémol, pourtant, même maintenant que j’ai fini le livre, je ne comprends toujours pas le titre. Ne LA réveillez pas… qui est ce LA ? La colère ? La vengeance ? Un personnage ? Je ne trouve pas de lien clair.
    Mais à part ce souci de titre, j’ai vraiment beaucoup aimé ma lecture que j’ai été quasiment incapable de lâcher avant d’en connaître la fin et surtout toutes les réponses à mes questions.
    J’ai d’ailleurs déjà commandé le prochain livre d’Angelina Delcroix, qui va mettre une fois de plus l’adjudant Joy Morel en scène avec une enquête qui semble aussi difficile que celle là, plus peut être car la jeune femme va être dans une « situation intéressante » comme on dit.

     

    Un extrait : Joy courait depuis une demi-heure. Elle savourait ce début de week-end et l’idée qu’elle se faisait de la suite. Direction la Bretagne, chez ses parents, qu’elle n’avait pas vus depuis Noël. Elle avait aussi prévu de passer du temps avec ses amis. Restos, boîtes et fous rires: le cocktail idéal pour décompresser et laisser au fond d’un tiroir les tensions du boulot. Elle accéléra ses foulées en pensant à tout ça, pressée de boucler sa valise et de sauter dans sa voiture. La musique entraînante crachée par ses écouteurs se mua en un bref silence, et Joy grimaça quand la sonnerie de son téléphone prit le relais. Elle stoppa net sa course et amplifia sa moue en voyant le nom inscrit sur l’écran.

    - Oui, lieutenant, répondit-elle, essoufflée, en posant les mains sur ses genoux.

    - Mauvaise nouvelle, Joy !

    Elle eut ce désagréable sentiment d’un château de cartes qui s’écroule. Dans son esprit, le film de son week-end était en train de se rembobiner.

    - Je ne m’en serais pas doutée ! Vas-y, je t’écoute, lâcha-t-elle sans parvenir à cacher sa déception.

    - Un corps a été retrouvé dans la forêt des Vallières. Homicide, apparemment. Je te veux avec moi sur cette affaire, Joy.

    - OK, je te retrouve sur place. Ça tombe bien, tu commençais déjà à me manquer!

    L’ironie de Joy arracha un sourire au lieutenant Olivier Barrère quand il raccrocha. Cette adjudante de trente-six ans travaillait depuis cinq ans à ses côtés, à la brigade de recherches de Meaux. Ses connaissances en psychologie, sa finesse d’analyse et sa ténacité faisaient d’elle l’un des meilleurs éléments de son équipe. C’était pour cette raison qu’il l’avait appelée sur cette affaire.

     

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  • [Livre] Une journée exceptionnelle

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    Résumé : Paul Strom a une vie parfaite. Et il est lui-même un mari parfait. C'est pour cette raison qu'il planifie un week-end romantique pour sa femme, Mia, dans leur maison de campagne, juste tous les deux. Et il promet que cette journée sera exceptionnelle. Mais alors qu'ils sont en voiture, en train de rallier leur lieu de villégiature, la tension commence à monter et minute après minute, le doute s'installe. Leur mariage est-il aussi parfait que Paul le dit ? Se font-ils réellement entièrement confiance ? Paul est-il vraiment la personne qu'il semble être ? Et quels sont ses projets pour ce week-end ? Une journée exceptionnelle nous force à nous demander à quel point nous connaissons ou non nos proches... Méfiez-vous des mariages trop parfaits...


    Auteur : Kaira Rouda

     

    Edition : Charleston Noir

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 10 Avril 2018

     

    Prix moyen : 22,50€

     

    Mon avis : Une journée exceptionnelle est un récit à la première personne. L’originalité tient dans la nature du narrateur.
    Paul Strom se décrit lui-même comme le mari parfait.
    Il a organisé un week-end en amoureux avec sa femme dans leur maison de vacances au bord du lac Erié. Il tient à ce que tout soit absolument parfait. Parfait comme ses deux enfants, parfait comme sa femme, comme lui-même, en un mot comme en cent, parfait comme son mariage.
    Mais comme l’histoire est écrite à la première personne, on se trouve donc dans la tête de Paul qui partage ses sentiments et ses pensées avec nous, comme s’il était conscient de notre présence.
    Seulement, dès les toutes premières lignes, on peut constater que Paul n’est pas si parfait que cela. Déjà, il est d’une arrogance incroyable. Par exemple, il explique qu’il pourrait se montrer serviable avec sa femme mais qu’il ne tient pas à ce qu’elle s’y habitue, il explique de manière très claire à quel point sans lui sa boîte est vouée à couler car il est le meilleur élément, le seul à savoir y faire, meilleur encore, bien sûr que les fondateurs. Il explique d’ailleurs sans honte qu’il trouve normal d’écraser tous ceux qui pourraient se poser en obstacle entre lui et son objectif, qu’il soit professionnel ou personnel.
    Paul apparaît comme un mégalomane qui se croit au-dessus des hommes et des lois. Plusieurs fois, je me suis demandé s’il n’était pas psychopathe ou sociopathe, je ne me rappelle jamais la différence entre les deux.
    En tout cas, il n’inspire aucune sympathie, bien au contraire, je n’ai jamais détesté autant un personnage. Jamais je n’ai autant espéré voir quelqu’un tomber de son piédestal, de préférence en se faisant très, très, mal (Et de se faire rouler dessus par un 30 tonnes pour faire bonne mesure… plusieurs fois…).
    Je l’aurais trouvé ridicules si ces actes n’étaient pas si effrayants.
    On cerne donc assez rapidement le caractère de Paul, mais ce n’est pas pour autant qu’on anticipe toutes ses actions. J’ai passé autant de temps à me dire : « pff, tu vas voir que ce cinglé va faire ça… » qu’à m’exclamer : « Non, mais pour de bon, mais il est malade !!! ».
    L’autre inconnue, dans cette histoire, c’est sa femme, Mia.
    Selon la description qu’en fait Paul, Mia serait en adoration devant son mari. Femme au foyer, privée d’un troisième enfant sur décision du « maître », elle ne se plains pas, ne demande rien, est docile, avenante, conciliante…
    Mais on va très vite se rendre compte que Mia n’est pas aussi prévisible que Paul le prétend et on passe la quasi-totalité du roman à se demander ce qu’elle sait de la situation et de son mari.
    Au fur et à mesure que Paul nous dévoile ses pensées et ses intentions, on peut voir la tension monter entre les époux. Pourtant, les trois quart du roman se passent sans violence, avec le sourire, dans une discussion à bâtons rompus. Tout passe vraiment au travers de cette tension psychologique dont on ne connait pas vraiment la source.
    Ce roman ne fait pas peur, il est dérangeant. Et très difficile à lâcher.
    Les droits du roman ont été achetés pour le grand écran.
    Je suis vraiment très curieuse de voir ce que cela va donner et si le rendu à l’écran sera aussi prenant qu’à l’écrit.

     

    Un extrait : Je regarde ma femme s’installer sur le siège passager. Le soleil se reflète dans sa chevelure d’un blond clair et elle lance des étincelles, comme ces cierges magiques qu’on allume pendant les célébrations du quatre juillet. Je suis confiant. Les choses se passent exactement comme prévu.
    Nous sommes ensemble, juste tous les deux, prêts à partir passer le week-end dans notre maison, au bord du lac. Cette journée symbolise tout ce pour quoi j’ai travaillé, tout ce que nous avons bâti. Côté conducteur, où je suis assis, le soleil transperce la vitre avec une telle intensité que je ressens le besoin de porter la main à ma tempe. Les verres sombres de mes lunettes devraient pourtant suffire à protéger mes yeux. Ils l’auraient fait dans d’autres circonstances, j’en suis sûr. Un autre jour. Aujourd’hui, quelque chose a changé entre ma femme et moi. Une étrange tension pulse dans l’air stagnant de l’habitacle. Elle n’est pas visible mais je sens bien qu’elle est là. J’aimerais pouvoir lui donner un nom, trouver sa source. L’éliminer.
    La matinée a été stressante, c’est certain. On est vendredi et, quand on a des enfants, le dernier jour de la semaine semble voué à la frénésie. Réveiller les garçons, faire en sorte qu’ils s’habillent et enfin les déposer dans leur école élémentaire, une bâtisse de brique rouge entourée de pelouses impeccables, qui affiche des résultats exemplaires et où ils excelleront sans aucun doute, l’un en CP, l’autre en CE2. Pour dire la vérité, mon rôle dans l’emploi du temps que je viens de décrire est assez limité. Le matin, c’est à Mia, ma femme, qu’incombent toutes les tâches liées aux garçons. De ce point de vue, nous sommes un foyer de banlieue des plus traditionnels. Quand je me réveille, je prépare du café, je prends ma douche, je m’habille et je pars au bureau avant le lever des enfants. Je dois bien avouer que, la plupart du temps, mes préoccupations sont assez égoïstes, voire égocentriques.
    Voilà pourquoi cette journée est si particulière. Ce matin, c’est moi qui ai accompagné les garçons à l’école, qui leur ai expliqué qu’au lieu de leur maman, ce serait la baby-sitter qui viendrait les chercher à la sortie des classes. Une fois rentré à la maison, j'ai rangé nos couverts sales dans le lave-vaisselle. Je peux être serviable, quand je le veux, mais je préfère éviter car Mia risquerait de s’y habituer. Une fois la table du petit déjeuner débarrassée, j’ai appelé Mia, à l’étage, pour qu’elle se dépêche. Cela fait plus d’un an que nous n’avons pas passé de week-end tous les deux, en amoureux. Cette journée nous appartenait toute entière et il était temps de se mettre en route.

     

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  • [Livre] Au-dessus de tout soupçon

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    Résumé : Et si un jour toute votre vie disparaissait ? Plus un meuble. Aucune trace de ses filles. Pas le moindre message de son mari. C'est la vision cauchemardesque qui attend Claire à son retour de voyage. Où est sa famille ? Il y a 35 ans, un soir d'Halloween, quatre petits garçons jouent avec le feu. Une famille est décimée, les coupables jamais arrêtés. Et quelqu'un a décidé de déterrer le passé... Une famille en danger, des secrets et quelques cadavres...


    Auteur : Declan Hughes

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 13 Juillet 2017

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : J’ai eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire. Je trouvais que les choses traînaient en longueur, qu’on tournait un peu en rond. J’avais l’impression de ne pas décolle du quart du livre. Et d’un coup, tout s’est débloqué et j’ai terminé les ¾ restants en autant de temps qu’il m’avait fallu pour lire le 1er quart.
    C’est vraiment à partir du moment où claire rentre et trouve la maison vide que j’ai plongée dans l’histoire. Je trouve juste dommage qu’il ait fallu tant de blabla pour atteindre l’intrigue principale de l’histoire.
    Si l’intrigue est bien menée, chaque détail ayant son importance et les fausses pistes, toutes plus crédibles les unes que les autres, nous entraînant joyeusement à leur suite, j’ai trouvé que les personnages ne suscitaient guère d’empathie.
    L’histoire oscille entre différents points de vue, essentiellement ceux de Danny et Claire mais aussi de bon nombre de personnages secondaires. L’avantage, c’est qu’on en sait toujours un peu plus que chacun des personnages puisqu’on a l’ensemble des informations détenus par les protagonistes. L’inconvénient, c’est que comme le récit est à la troisième personne, on se perd un peu entre les différentes voix, justement parce qu’elles n’ont, a priori, rien de différents.
    Tout le long, on se dit que les réactions des uns et des autres ne sont absolument pas crédibles.
    Et puis, finalement, c’est tellement gros, tout prend une telle ampleur, que je n’avais qu’une envie : savoir comment l’auteur allait terminer tout cela.
    Et je n’ai pas été déçue.
    Certes, j’avais découvert la vérité avant la révélation mais malgré ça, il y a plein de détails que je n’avais pas vu venir.
    Au final, malgré un début laborieux, j’ai bien aimé ce roman.

     

    Un extrait : Danny Brogan, à l’âge de onze ans, fut à l’origine de l’incendie qui décima la famille de sa future femme. Le geste avait-il été accidentel ou intentionnel ? Danny ne pouvait le dire avec certitude, c’est du moins ce dont il s’était persuadé. Quoi qu’il en soit, il n’était pas étonnant qu’il en ait gardé des séquelles : une terreur morbide du feu qui, de toute sa vie, ne le quitta plus. La peur est le meilleur ami de l’homme, dit le dicton, et Danny portait en lui celle des flammes, mais aussi celle des amis qui l’accompagnaient cette nuit-là, au point qu’il avait parfois l’impression que ce double fardeau risquait d’avoir raison de lui.

    Personne ne savait réellement ce qu’il avait fait, à l’exception de ses amis Dave, Gene et Ralph, et même eux divergeaient quant aux détails. S’ils avaient tous juré de se taire, la crainte qu’ils parlent demeurait. Pas au début, dans les jours qui avaient suivi, alors que la ville tout entière était sous le choc, que se succédaient les services religieux, les processions endeuillées, l’enterrement des victimes, les minuscules cercueils blancs. Pas dans les semaines ni les mois suivants non plus, alors que l’unique enfant rescapé se retrouvait d’abord confié à une famille d’accueil, puis adopté par une autre à des kilomètres de là, que la maison ravagée par les flammes était démolie puis reconstruite, de sorte que personne n’aurait pu deviner qu’un sinistre s’était un jour produit à cet endroit. Pas même dans les années d’après, tandis que le collège laissait place au lycée, avec son tourbillon de compétitions sportives, d’études, d’hormones, en rivalité permanente pour savoir ce qui de l’intelligence, des émotions ou du muscle l’emporterait. Personne n’a jamais rien lâché. C’était comme s’il ne s’était rien passé, comme si leur enfance même n’avait pas eu lieu, comme si la mémoire n’était plus nécessaire. L’avenir était tout ce qui comptait : le prochain examen, le prochain match, la prochaine jolie fille. Quelle importance, ce qui avait pu arriver lorsqu’ils étaient petits ?

    Ce ne fut que plus tard, quand ils se retrouvèrent eux-mêmes parents, que les choses changèrent. Devenir père, c’est aussi revivre sa propre enfance, comprenait peu à peu Danny.

     

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  • [Livre] Le ferry

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    Résumé : Ce soir, mille deux cents passagers se réjouissent de faire la traversée maritime entre la Suède et la Finlande, à bord du ferry luxueux qui les emporte sur la mer Baltique. L’espace de vingt-quatre heures, ils abandonnent derrière eux leur vie quotidienne et se laissent aller à être quelqu’un d’autre. Mais le mal rôde à bord. Et au cœur de la nuit, au milieu de la Baltique, il n’y a pas d’échappatoire possible. Surtout quand tout contact avec la terre ferme est mystérieusement coupé…Si face à l’adversité certains se comportent en héros, cette nuit fatidique fait parfois surgir le pire chez d’autres – et à mesure que les disparitions inexplicables s’enchaînent, il devient vital que le ferry n’arrive jamais à destination…
    Bienvenue à bord du Baltic Charisma.


    Auteur : Mats Strandberg

     

    Edition : Bragelonne

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 17 Mai 2017

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Le ferry est un huis-clos présentant les points de vue de multiples personnages, ce qui fait que le lecteur en sait toujours juste un peu plus que les protagonistes. C’est parfois très frustrant de les voir faire quelque chose en espérant se sortir de la galère dans laquelle ils sont et de savoir qu’ils vont se jeter directement dans la gueule du loup.
    Très vite, j’ai aussi constaté que c’était une très mauvaise idée de s’attacher aux personnages, parce que personne n’est à l’abri. Le nombre de morts est hallucinant et l’auteur ne lamine pas seulement la masse anonyme mais aussi les personnages dont on suit/suivait le point de vue. Pire que dans Game of thrones… Si si, c’est possible !
    L’histoire est très dense, il se passe beaucoup de choses. Pour autant l’action a lieu dans un délai très court (quelques heures, la traversée durant 24h) et si on a cette impression de longueur de l’action dans le temps c’est parce que la plupart des actions relatées se déroulent en fait en même temps.
    L’auteur prend bien le temps de mettre en place le théâtre des événements, de nous présenter les personnages, voire même de nous laisser nous attacher à certains (C’était pas fairplay ça !). La tension monte petit à petit parce qu’on sait qu’il va se passer quelque chose et qu’on essaie de deviner quoi. Jusqu’à ce que ça arrive. Et là, tout s’enchaîne très vite, il n’y a aucun ralentissement dans l’histoire. Tout comme les personnages qui essaient de sauver leurs vies, on n’a pas le temps de s’arrêter pour respirer, pour réfléchir. On est happé par l’action sans rien pouvoir y faire.
    Certaines personnes, une en particulier, m’a vraiment impressionnée. Malgré les circonstances (même si je ne peux pas en dire plus sans spoiler), elle réussit à rester elle-même et à continuer à tenter de sauver des vies.
    D’autres, en revanche, révèle leur lâcheté pour certain, carrément leur psychopathie pour d’autres.
    Régulièrement, on peut lire un point de vue omniscient : celui du bateau, qui, comme un personnage à part entière, voit tout.
    Très honnêtement, j’avais tout imaginé sur ce qui allait se passer sur ce bateau : un psychopathe à bord, une catastrophe naturelle révélant la nature profonde des passagers, des terroristes… Mais je n’avais vraiment pas pensé à ça !
    La multitude de personnage peut faire peur au début, mais on s’y fait très vite, d’autant plus que chaque action des uns se répercute sur les autres. Les récits sont ainsi imbriqués et cela nous permet d’avoir une vraie vision d’ensemble de ce qu’il se passe.
    La fin est effrayante mais franchement, je ne vois pas comment ce roman aurait pu finir autrement. Je m’attendais à l’un de ses éléments, pas à l’autre.
    Après une lecture un peu laborieuse sur le livre précédent, j’ai littéralement dévoré celui-ci.

     

    Un extrait : Le Charisma en a vu de toutes les couleurs. Dans ce no man’s land de la mer Baltique, ce n’est pas uniquement à cause de l’alcool bon marché que les inhibitions disparaissent. C’est comme si le temps et l’espace se modifiaient. Comme si les codes de bienséance et les règles de bonne conduite n’avaient plus cours ici. Quatre vigiles censés surveiller les dérapages se préparent, chacun à sa manière, pour la soirée. Quatre personnes seulement pour gérer le chaos qui peut survenir à tout instant quand mille deux cents passagers, la plupart en état d’ivresse manifeste, s’entassent dans un endroit dont ils ne peuvent s’échapper.

    Tout est réglé comme du papier à musique. Le Baltic Charisma fait la même route, jour après jour, tout au long de l’année. Le navire s’arrête à Åland juste avant minuit. Il débarque à Åbo en Finlande vers 7 heures du matin alors que la plupart des passagers suédois dorment encore. Vingt-trois heures plus tard, le Charisma sera de retour à quai, à Stockholm. Mais aujourd’hui, deux passagers comme il n’en est encore jamais monté à bord sont présents.

    De l’autre côté de la salle des machines, sur le pont des voitures, le personnel donne des instructions en suédois, finnois et anglais. Il guide jusqu’à leurs emplacements respectifs des semi-remorques, des voitures, des camping-cars et deux autobus venant de loin. Là, en bas où le soleil ne pénètre jamais, il fait froid et l’air est saturé d’odeurs de carburant et de gaz d’échappement. Des camionneurs éreintés et des familles en vacances refluent vers les ascenseurs et les escaliers. Bientôt, le pont des voitures sera interdit d’accès aux passagers et ne rouvrira que juste avant l’arrivée à Åland. Les grandes semi-remorques oscillent imperceptiblement dans la pénombre à l’instar de gros animaux endormis, enchaînés au sol métallique. Un garçon blond d’environ cinq ans et une femme brune, fortement maquillée, viennent de quitter leur camping-car. Ils semblent fatigués. Contemplent avec envie l’ascenseur vivement éclairé, mais empruntent l’étroit escalier. Tous deux fixent le sol des yeux, ne regardent pas les autres. Le garçon a remonté la capuche de son sweat et s’agrippe aux bretelles de son sac à dos à l’effigie de Winnie l’Ourson. L’épaisseur du maquillage n’arrive pas à cacher ce qu’il y a d’insolite dans le visage raviné de la femme. Elle sent le lilas et la menthe, mais autre chose aussi, une odeur familière pour certains qui, en passant, lui jettent un coup d’œil furtif. La femme joue avec le médaillon d’or au bout d’une fine chaîne autour de son cou. À part celui-ci et un anneau en or à l’annulaire gauche, elle ne porte pas de bijoux. Sa main droite est enfouie dans la poche de son manteau. Elle regarde le jeune garçon à côté d’elle. Les semelles de ses petites chaussures claquent sur le tapis en plastique. L’escalier est raide pour ses courtes jambes. Son regard est empreint d’amour. De chagrin aussi. Elle a également peur pour lui. Peur de le perdre. Peur qu’il s’approche trop près du point de non-retour, et peur de ce qu’il adviendra s’il le dépasse.

     

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  • [Livre] Après la fin

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    Résumé : Tiphaine et Sylvain vivent ensemble depuis presque 20 ans. Ils ont connu des moments merveilleux et ont surmonté main dans la main des épreuves difficiles. Comme tant d’autres époux… Aujourd’hui leur couple bat de l’aile et élever Milo, leur fils de 15 ans, n’est pas une partie de plaisir. Une situation qui pourrait être très classique… Si Milo n’était pas leur fils adoptif. Si Milo n’était pas le fils de leur ancien voisin David qui s’est suicidé dans sa propre maison. Si Milo n’était pas le meilleur ami de Maxime, leur fils, décédé brutalement à l’âge de 7 ans. Si Milo n’avait pas hérité de la maison de son père dans laquelle vit désormais la nouvelle famille recomposée. Et si une nouvelle voisine n’était pas venue s’installer précisément dans leur ancienne maison, de l’autre côté de la haie, avec un petit garçon de 7 ans…


    Auteur : Barbara Abel

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 09 Avril 2015

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : L’histoire prend place 8 ans après les événements de « derrière la haine ». Tiphaine et Sylvain, tuteurs légaux de Milo, aujourd’hui âgé de 15 ans, se sont installés dans la maison dont a hérité ce dernier, puisque eux-mêmes n’étaient que locataires de la maison voisine. Aujourd’hui, leur ancienne maison va de nouveau être occupée. C’est Nora, jeune quadra récemment séparée de son avocat de mari, qui s’installe avec ses deux enfants, parmi lesquels Nassim, petit garçon de 7 ans, exactement l’âge de l’enfant qu’on perdu Laetitia et Sylvain et qui, par un hasard cruel, va s’installer dans la même chambre.
    Comme souvent dans les romans de Barbara Abel, je n’ai trouvé quasiment aucun personnage attachant. Ines et Nassim sont mignons mais m’ont laissé plutôt indifférente, Tiphaine est horrible à tout point de vue, Sylvain est un faible, le mari ne Nora est un pervers narcissique, Nora, je l’aimais bien jusqu’à une décision qui est juste inadmissible. Milo est finalement celui qui est le plus attachant. Le jeune homme est hostile envers tous, mais on finit par en connaitre la raison et on ne peut qu’avoir de l’empathie pour lui.
    Le livre a été un coup de cœur à la hauteur de celui ressenti pour le premier volet. Il peut éventuellement être lu seul, car l’auteur dispense régulièrement des rappels des précédents évènements, mais honnêtement, ce serait bête de passer à côté du premier livre.
    Le côté malsain de Tiphaine est encore plus développé que dans « derrière la haine », peut-être parce que, suite à ses actes laissés sans conséquences, elle se sent toute puissante est n’a donc plus aucune barrière à sa folie.
    Comme toujours dans les livres de Barbara Abel, on se demande jusqu’où la perversité des personnages peut aller sans qu’aucune conséquence ne vienne les foudroyer en plein vol. Clairement, pour Tiphaine, j’ai eu l’impression d’un monstre mythologique que rien ni personne ne peut arrêter.
    A chaque page, je me disais, là c’est la bonne, elle va commettre une erreur et elle va devoir rendre des comptes. Mais à chaque fois, d’une pirouette, elle semblait réussir à se poser en victime.
    Plus on avance dans le livre, plus la tension devient insoutenable et l’auteur ne nous fait pas l’aumône d’un trait d’humour pour détendre l’atmosphère. On tourne les pages de plus en plus vite, tant pour savoir ce qu’il va se passer, que dans l’espoir de voir cette tension enfin s’apaiser.
    Au final, si cette suite est aussi bien tournée que le premier tome, je l’ai trouvé aussi plus sombre, plus pesante.
    Dans tous les cas, je continue à être une grande fan de Barbara Abel et j’ai déjà un autre de ses livres en ligne de mire !

     

    Un extrait : Un lundi soir comme tant d’autres. Au commissariat central d’une petite ville de banlieue, pas loin de Paris, Didier Parmentier, l’agent de permanence, feuillette son journal. La soirée est calme, à peine une plainte pour tapage nocturne – alors qu’il n’est même pas 22 heures –, une déclaration de perte de portefeuille et un début de bagarre dans un bistrot des environs. Encore une longue nuit qui se profile, avec pour seuls compagnons le crépitement de la centrale radio et les quelques allées et venues des collègues en patrouille… Pas grave, Didier a prévu le coup. Il referme le journal et allume son iPad sur lequel il entame une partie de solitaire. Histoire de se mettre en forme. Ensuite, il passera aux choses sérieuses : Tetris, Max Awesome et Angry Birds Friends. Se connectera sûrement sur Facebook pour voir les news et bavarder en discussion instantanée avec un contact virtuel ou un ami réel.

    La sonnerie du téléphone le fait sursauter. Il détourne aussitôt les yeux de la tablette et s’empare du combiné.

    — Commissariat de police, j’écoute !

    À l’autre bout de la ligne, une voix de femme, ou plutôt un souffle, entre anhélation et chuchotement. Ton oppressé, débit saccadé.

    — S’il vous plaît, venez vite ! J’ai entendu du bruit en bas et…, commence-t-elle à la seconde où Didier achève sa formule d’introduction.

    Elle s’interrompt, le tourment aux aguets, comme à l’écoute d’une menace. La voix paraît réellement paniquée. Un murmure asphyxié par l’angoisse. Un hoquet de terreur. Semble vouloir se faire aussi discrète que possible, craignant d’être repérée. Et derrière le timbre glacé de la frayeur, il y a la respiration : courte, serrée, affolée.

    Didier perçoit l’urgence du besoin, celui d’être entendue d’abord, comprise ensuite, rassurée enfin.

    — Je vous écoute, madame. De quoi s’agit-il ?

    — Il faut venir, maintenant, tout de suite ! Il y a du bruit au rez-de-chaussée, quelqu’un est entré chez moi et… je suis presque certaine que c’est ma voisine…

    — Votre voisine ? Vous avez des problèmes de voisinage ?

    — S’il vous plaît, ne me laissez pas seule ! Elle… Elle est entrée par le jardin, je crois… Par la porte-fenêtre… Elle me déteste ! Elle m’a déjà menacée plusieurs fois… Je pense qu’elle veut se débarrasser de moi !

    — Restez calme, madame, nous arrivons tout de suite. Donnez-moi votre nom et votre adresse.

    La voix énonce ses coordonnées complètes, manquant céder à la panique lorsque Didier lui demande d’épeler son nom de famille. Le policier l’exhorte au calme, tente de la rassurer, lui promet qu’une patrouille sera rapidement sur les lieux.

    — Dépêchez-vous, je vous en supplie ! Et si je ne vous ouvre pas, défoncez la porte ! ajoute-t-elle dans un souffle.

    Didier s’apprête à lui proposer de rester en ligne jusqu’à l’arrivée de ses confrères, quand la communication est brutalement interrompue. Alors, sans perdre un instant, il communique par radio toutes les informations nécessaires pour agir au plus vite.

    — Motif de l’appel ? lui demande son collègue en ligne.

    — Problème de voisinage. Ça a l’air sérieux.

     

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