Résumé : En cette veille de Noël, le superintendant Runcorn de Scotland Yard aspire à un peu de solitude, loin du vacarme de la ville. Malheureusement, sa paisible retraite sur l'île sauvage d'Anglesey sera de courte durée. Olivia Costain, la jeune soeur du pasteur local, est retrouvée assassinée au coeur du cimetière. De l'avis général, ce crime odieux ne peut être l'œuvre d'un insulaire. Mais les preuves semblent indiquer tout le contraire... Pressé par la belle Melisande Ewart qui lui ouvre les portes de la gentry locale, Runcorn accepte de mener l'enquête.
Auteur : Anne Perry
Edition : 10/18
Genre : Thriller
Date de parution : 05 novembre 2009
Prix moyen : 8€
Mon avis : Si au niveau de l’enquête on reste un peu sur sa faim, notamment à cause de l’impossibilité de découvrir le coupable, avec les indices l’incriminant tombant comme un cheveu sur le soupe (en mode : voilà le coupable parce que qu’on a trouvé ça, ça et ça… croyez-moi sur parole), j’ai beaucoup apprécié le côté humain avec un Runcorn qui remet beaucoup en question son attitude passée et un côté haute bourgeoisie qui freine l’enquête, le commissaire en étant chargé semblant plus soucieux d’épargner l’égo des habitants de l’ile que de trouver le coupable.
La manière dont il se décharge du problème sur Runcorn, afin que celui-ci passe pour le rustre sans éducation, tout en gardant pour lui les honneurs en cas d’aboutissement de l’enquête est révélatrice de son personnage. D’ailleurs j’ai plus passé de temps à espérer que Melisandre, la jeune femme dont est amoureux Runcorn, refuse de l’épouser qu’à espérer démasquer le meurtrier.
D’ailleurs les lecteurs de la saga Monk seront sans doute ravis de retrouver cette jeune femme, rencontrée lors d’une enquête. C’est là le plus gros intérêt de cette nouvelle : Runcorn va-t-il séduire sa belle malgré leur différence de statut ?
Une nouvelle sympathique, mais définitivement, ce format-là ne se prête pas au polar, qui ne peut être que bâclé par manque de temps.
L’écriture, en revanche, est toujours agréable et me conforte dans l’idée de lire un vrai roman de l’auteur.
Un extrait : Monk, qui avait été son collègue de nombreuses années auparavant, et l’un de ses rares amis, n’était pas né gentleman lui non plus, même s’il avait toujours réussi à passer pour tel. Et si Runcorn en avait été blessé, ce n’était plus le cas à présent. Il savait que Monk était humain lui aussi, vulnérable, et qu’il lui arrivait de commettre des erreurs. Mais peut-être Runcorn lui-même était-il devenu plus sage…
La dernière affaire sur laquelle ils avaient enquêté ensemble s’était révélée difficile et, pour finir, abominable. Runcorn était las de la ville et avait plusieurs semaines de congés à prendre. Pourquoi ne pas aller les passer dans un endroit aussi différent de Londres que possible ? Loin de la routine et du prévisible, il se rafraîchirait l’esprit, s’autoriserait de longues promenades au grand air et aurait pour une fois tout loisir de s’abandonner à la réflexion.
Au sud-ouest, le soleil déclinait, projetant ses feux éclatants sur l’eau. La terre s’assombrissait à mesure que les couleurs s’estompaient tandis que le promontoire s’avançait en mauve et noir sur la mer. Seuls les sommets, dont les nervures pâles évoquaient le velours froissé, captaient les dernières lueurs du couchant.
Combien de temps le crépuscule durait-il sur l’île en hiver ? Allait-il bientôt se retrouver perdu, incapable de reconnaître son chemin pour rentrer chez sa logeuse ? Le froid était déjà mordant, et Runcorn avait les pieds engourdis à force de rester immobile. Il fit demi-tour, puis se remit en marche vers l’est et le ciel de plus en plus sombre. À quoi pouvait-il penser ? Dans son travail, il était efficace, patient, peut-être un tantinet terre à terre. Les brillantes intuitions n’étaient pas son style, mais il obtenait ce qu’il fallait. Il avait réussi bien mieux que les autres jeunes gens qui avaient commencé à la même époque que lui. À la vérité, son propre succès l’avait lui-même étonné.