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  • [Livre] J'irai revivre sous d'autres étoiles

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    Lecture terminée le : 04 août 2019

     

    Résumé : A 40 ans, la vie de Mathilde vole en éclats : elle découvre que son mari est infidèle et décide de le quitter. Mais comment se reconstruire ? Pour trouver des réponses, elle décide de réaliser un rêve : partir pour un long périple dans le désert.
    Au cœur de cette nature sauvage et grandiose, Mathilde rencontre des êtres qui, comme elle, ont été cabossés par la vie et sont à la croisée des chemins. Entre fous-rires et larmes, chacun se livre et retrouve un certain goût de vivre.
    Loin de ruminer sa peine au fin fond d’une contrée sauvage, Mathilde se rend compte qu’à quarante ans, son avenir lui appartient toujours. Et qu’il n’est jamais trop tard pour tout recommencer.
    Vivre ses rêves, enfin.


    Auteur : Francia Place

     

    Edition : France loisirs

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 2019

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Quand Mathilde découvre que son mari la trompe, sa petite vie bien rangée vole en éclat. Le mari volage en rajoute une couche en rejetant la faute sur elle par cette faute : « Pense à la jeune fille que tu étais et regarde la femme que tu es devenue ».
    Tiens donc, ben qu’à cela ne tienne : depuis 20 ans, Mathilde part chaque année en vacances au même endroit parce que son crétin de mari refuse de découvrir quelque autre lieu que ce soit.
    Et bien là, c’est fini ! Voilà Mathilde qui assouvit un rêve de jeunesse en réservant un trek dans le désert marocain. Que son imbécile de mari se débrouille avec la maison et leur ado de fils, elle, elle prend le large !
    Durant son voyage, elle va rencontrer 4 personnes qui sont, elle aussi, venu essayer d’oublier leurs problèmes dans le désert.
    Aline a passé 15 ans à lutter pour élever ses enfants, pour joindre les deux bouts après la disparition de son mari. Et voilà-t-il pas que le bonhomme est revenu comme une fleur, des explications oiseuses plein la bouche.
    Frédérique, elle, est venue dans le désert pour tenter de se débarrasser de ses peurs. Et les peurs, ce n’est pas ce qui manque, chez Frédérique.
    Patrick, lui, souffre de dépression mais les origines de son mal être sont complexes.
    Enfin, Henry, qui ne dit pas pourquoi il fait ce voyage. Mais au vu de son attitude hautaine, méprisante et agressive, on se dit que ça doit être du lourd. Et en effet, c’est du très lourd !
    Au fil de leur voyage, ils se découvrent, voient au-delà de la raison qu’ils ont invoquée lors de leurs présentations.
    Chacun va apporter aux autres et apprendre des autres, non seulement de leurs compagnons de voyages mais aussi des autochtones qu’ils vont croiser.
    Dans le désert, Mathilde va réfléchir à sa vie à ce qu’elle veut en faire à présent. Elle revient sur les rêves qu’elle a abandonnés pour se consacrer à sa famille.
    Le moins qu’on puisse dire, c’est que le voyage va être profitable à Mathilde.
    La fin ne nous dit pas ce qu’elle va décider concernant son mari, mais j’espère qu’elle va le virer à coup de pompes bien placés !

    J’ai beaucoup aimé ce petit livre qui perle de sujets difficiles sans jamais tomber dans le mélodrame et sur un ton résolument optimiste.
    Pas un coup de cœur, mais presque !

     

    Un extrait : Le briquet, à ce moment-là, ne sait pas à quel point il va être utile. Et changer la vie de la personne qui le triturait compulsivement. Le briquet, si pratique et si banal, atterrit sur le clavier de l’ordinateur de Vincent, rallume l’écran auparavant en veille.
    De nouveau, un diaporama des images de l’Afrique qui défile : des hommes, des paysages, le soleil, un désert. Mathilde tique sur la dernière photo. Celle du désert. La photo d’un rêve enfoui, oublié, écrasé par des années de routine et de certitudes. D’abnégation de soi aussi.
    Elle regarde l’écran, son amie, de nouveau l’écran. Une idée germe en elle, comme une corde lancée par l’univers pour la raccrocher à la réalité. A l’espoir.
    L’état provoqué par la consommation de cannabis s’envole instantanément. Jamais elle ne s’est sentie aussi lucide. Et aussi sûre d’elle.

    - Je vais partir ! s’écrit-elle, Léa, je vais aller dans le désert.

    - Quoi ?

    - Oui, je vais partir dans le désert ! De toute façon, je ne peux pas rester là et croiser Antoine tous les jours, ce n’est pas possible. Soit je m’en prends à lui, soit je me fais du mal.

    - Ah non, Mathilde, t’es pas sérieuse, tu ne vas pas faire une connerie, quand même ! Hé !

    - Mais non, rassure-toi ! fait Mathilde en balayant les craintes de son amie d’un geste de la main. Je ne parlais pas de ça. Mais ça va me bouffer, de rester là, je ne peux pas.

    Léa hausse les sourcils, les yeux interrogateurs.

    - T’es sérieuse ? Tu ne devrais pas plutôt réfléchir ? T’es pas vraiment dans ton état normal, là.

    Mathilde se redresse, comme illuminée. Cette idée improbable qui vient de lui traverser l’esprit, qui vient de lui apparaître comme la meilleure des solutions possibles, lui donne une énergie incroyable, la remplit d’une force nouvelle, terriblement tentante.

    - Mais oui, bien sûr que je suis sérieuse ! Je vais partir dans le désert ! J’en rêve depuis que je suis adolescente. Antoine n’a jamais voulu y aller. Je vais réaliser mon rêve, Léa, je vais aller dans le désert !

     

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  • C'est lundi que lisez-vous? #261

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog I believe in Pixie Dust.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Et vous, que lisez-vous?

  • Premières lignes #102

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.

    Cette semaine, je vous présente Pretty Dead Girls de Monica Murphy

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    – Tu me rappelles pourquoi je suis là ?

    Incroyable ! Je me débrouille enfin pour me retrouver en tête à tête avec Gretchen et, au bout de quelques secondes à peine, voilà qu’elle commence déjà à me prendre de haut.

    Elle m’arrache des mains le joint que je viens d’allumer, le porte nonchalamment à ses lèvres et en tire une longue bouffée. Puis elle retient la fumée dans ses poumons quelques instants, son regard d’un vert étincelant plissé dans une expression presque douloureuse…

    Avant de tout me recracher à la figure.

    Je vous jure, quelle peau de vache elle fait, parfois ! Pourtant, j’envie son audace. Elle n’a peur de rien. Elle est mal élevée, méchante comme la gale mais, surtout, elle se fiche royalement de ce que pensent les autres.

    Je finis par m’apercevoir qu’elle attend toujours ma réponse, et je me racle la gorge.

    — Écoute, je sais que ça peut paraître étrange, vu qu’on ne se parle presque jamais. Mais ça fait un bail qu’on est dans le même lycée, et je… j’avais juste envie qu’on… qu’on apprenne à mieux se connaître.

    Tss… Je bute sur les mots, ça m’énerve ! Des heures et des heures à préparer ce moment, à répéter mon petit discours, à réciter ces paroles à mon reflet dans le miroir. Jusque tard le soir, dans mon lit, le regard rivé sur le tournoiement hypnotique du ventilateur au plafond.

    Et maintenant que l’instant tant attendu arrive enfin, voilà que je bégaie, que je me débrouille quand même pour tout gâcher. Je me donnerais des claques, tiens ! Et tout ça, juste parce qu’elle se retrouve en face de moi pour de vrai… Elle, c’est Gretchen Nelson, une des filles les plus belles et les plus en vue du lycée. Elle a tout pour elle.

    Et moi, rien.

    Je ne demande pas grand-chose… Juste un petit avant-goût des privilèges dont elle jouit. Un minuscule fragment de ce qu’elle est. Je voudrais pouvoir toucher du doigt la vie dorée qu’elle mène, et que je pourrais avoir, moi aussi. Oui, pourquoi pas ?

    — Et donc… quoi ? Tu m’as juste attirée ici pour me parler ? grince-t-elle, cinglante. Tu veux quoi ? Qu’on sorte ensemble ?

    — Non, rien de tout ça !

    — Alors qu’est-ce que tu entends par « apprendre à mieux se connaître » ? Qu’est-ce que tu veux de moi ?

    Elle tire une nouvelle bouffée sur le pétard, brève et rapide cette fois, se met à tousser et manque de s’étouffer. L’espace d’un instant, le masque de la sublime lycéenne, belle à mourir et parfaite en tout point, se craquelle pour me laisser entrevoir un furtif aperçu de la véritable Gretchen : juste une gamine au tempérament agressif qui aime s’en rouler un de temps en temps et piétiner son entourage à la première occasion. Enfin, pas que ce soit une grande découverte pour moi…

    — Attends… Ne me dis pas que c’est ça que tu appelles un rancard ? conclut-elle, méprisante.

    — Quoi ? Tu rigoles ! m’exclamé-je aussitôt, beaucoup trop sur la défensive, avant de m’interrompre le temps de reprendre contenance. Ce n’était pas du tout ce que j’avais en tête. C’est juste que ça fait longtemps que j’ai envie de… de faire partie de tes amis.

    Confortablement adossée au siège passager de ma voiture, ses lèvres ourlées de dédain et ses délicats sourcils haussés bien haut, elle me gratifie d’un coup d’œil narquois. Les vitres du véhicule sont baissées. Gretchen ne s’est pas changée après son entraînement de volley : avec pour seuls vêtements son short et son T-shirt, elle ne doit pas avoir très chaud. Dans la région, une fois le soleil couché, la température chute à la vitesse de l’éclair.

    Mon regard soudain hypnotisé se pose sur ses jambes musclées. Ses cuisses fuselées, mais robustes, sont plus massives que celles des autres cheerleaders, ce qui faisait d’elle une excellente base pour les portés, il y a quelques années. Personne ne parvenait à propulser les voltigeuses aussi haut qu’elle. Je me rappelle l’avoir observée pendant des heures, elle et toutes les autres filles de sa bande…

    Enfin, de toute façon, Gretchen a raccroché les gants. Elle a quitté l’équipe à la fin de la seconde pour se consacrer à fond au volley. C’est une excellente joueuse. Solide, elle n’a pas froid aux yeux. Sur le terrain, elle est impitoyable. Mais sans jamais rien perdre de son assurance, de son intelligence tactique, ni de sa beauté.

    — Tu veux vraiment faire partie de mes amis ? Toi ?

    Dans sa bouche, ça sonne comme une prouesse inaccessible. Je hoche malgré tout la tête.

    — Mais… on n’a rien en commun ! déclare-t-elle.

    — En fait si, plein de choses.

    — O.K., je t’écoute. Cite-moi dix exemples.

    Elle coince le pétard entre ses lèvres et hoche lentement la tête. Pendu à sa bouche, il lui donne un air intraitable, rebelle, et l’admiration que j’éprouve pour elle revient en force. Au lycée, cette fille, c’est la perfection incarnée. Pourtant, là, renversée sur le dossier de son siège, avec sa crinière cuivrée, sauvagement indisciplinée, qui retombe en vagues autour de son visage, et des traces d’eye-liner sur ses joues rougies par l’air froid de la nuit, elle ne me semble plus si infaillible que ça.

    En revanche, pour une fois, elle est vraiment elle-même.

    Je m’insurge aussitôt :

    — N’importe quoi, comment veux-tu que j’en trouve autant ! C’est complètement débile !

    Elle se redresse d’un seul coup et arrache le joint de ses lèvres peintes pour me dévisager, bouche bée.

    — Je rêve ou tu viens de me traiter de débile ?

    Sa voix pleine de venin me fait esquisser un mouvement de recul.

    — M… Mais non ! C’est le pétard qui me donne le tournis. Comment veux-tu que je trouve dix points communs entre nous, comme ça, de but en blanc ? dis-je en claquant des doigts pour illustrer mon propos.

    — Incroyable, vous êtes vraiment tous pareils… Vous vous imaginez qu’on peut m’acheter à coup d’alcool, de fumette ou de propositions déplacées. (J’évite de peu le joint qu’elle me balance à la figure et qui passe par la fenêtre côté conducteur pour aller s’écraser sur le bitume.) Un rencard sur le parking d’une église, en plus, la grande classe !

    Sur ces mots, elle bondit hors de son siège et claque la portière derrière elle, si fort que le véhicule tangue. Dans ma panique, je m’extirpe de la voiture pour me lancer à sa poursuite à travers le parc de stationnement. Gretchen se dirige à longues enjambées, presque au pas de course, vers l’église Notre-Dame du Mont-Carmel. Mais, l’affolement aidant, je la rattrape en un rien de temps. Lorsque je l’agrippe par le bras, elle se dégage sur-le-champ et fait volte-face, le regard fou.

    — Ne t’approche pas de moi !

    Quand je cherche encore à l’empoigner, elle me repousse plus fort, une expression de pur dégoût sur le visage.

    — Mais t’es complètement dingue ! Fous-moi la paix !

    Aussitôt, je vois rouge. Ce mot, « dingue »… Toujours le même, qui me frappe en plein cœur à chaque fois. Il faut toujours que je récolte ce genre de réaction… Les autres me mettent à part, me montrent du doigt en riant. À chaque pas en avant que je fais, à chaque fois que je m’approche un peu plus de la normalité, un incident comme celui-là se produit et m’envoie valdinguer quatre pas en arrière.

     

    Alors, tentés?

  • [Livre] Frangine

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    Lecture terminée le : 03 août 2019

     

    Résumé : "Il faut que je vous dise... J'aimerai annoncer que je suis le héros de cette histoire, mais ce serait faux. Je ne suis qu'un morceau du gâteau, même pas la cerise. Je suis un bout du tout, un quart de la famille. Laquelle est mon nid, mon univers depuis l'enfance, et mes racines, même coupées. Tandis que ma frangine découvrait le monde le cruel le normal et la guerre, ma mère et ma mère, chacune pour soi mais ensemble, vivaient de leur côté des heures délicates. C'est à moi que revient de conter nos quatre chemins. Comment comprendre, sinon ?"


    Auteur : Marion Brunet

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 2013

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Ce livre c’est avant tout l’histoire d’une famille.
    Joachim, l’aîné, nous raconte l’histoire de sa vie, celle de sa sœur surtout, mais aussi celle de ses mères.
    Premier né dans cette famille homoparentale, Joachim a toujours été très préparé par ses mères à affronter le regard des autres, leurs commentaires pas toujours intelligents, parfois méchants, en un mot, à affronter la bêtise et l’intolérance.
    Peut-être un peu trop rassurées par le fait que tout s’est bien passé pour leur fils, et prises chacune par de profonds problèmes personnels, Julie et Maryline n’ont pas préparé leur fille, Pauline, avec autant de soin.
    Le problème est que l’entrée au lycée de Pauline ne se passe pas aussi bien que celle de son frère.
    Elle refuse de parler de ses problèmes à ses mères pour ne pas faire peser davantage de pression sur leurs épaules.
    En effet, un événement soudain fait que Julie pense beaucoup à sa mère, laquelle refuse de la voir depuis 20 ans à cause de son homosexualité.
    Maryline, elle, éducatrice dans un foyer pour ado en difficulté, vit de plus en plus mal son travail, entre violence et coupes budgétaires incessantes.
    Joachim raconte un peu tout ça, se fustigeant un peu de ne pas avoir vu plus vite les problèmes de sa sœur.
    Au fil de l’histoire, Joachim nous révèle certains événements marquant de son enfance vis-à-vis de sa situation familiale.
    Mais il faut dire que ce n’est rien à côté de ce que subit Pauline. Ce livre parle d’homoparentalité, d’homophobie, de harcèlement scolaire, de dépression un peu, effleure le burn out, de tolérance et d’intolérance… Mais surtout, il parle d’amour. De l’amour inconditionnel que se porte les quatre membres de cette famille, des amours naissantes de Joachim puis de Pauline.
    Le roman démontre que l’homophobie a lieu de plus en plus tôt. Joachim n’avait affaire quasiment qu’à des adultes qui avaient ce genre de comportement, Pauline, elle, est confrontée à des ados de 14/15 ans qui ne connaissent rien de la vie, de l’amour mais qui ont déjà ce jugement négatif de ce qu’ils perçoivent comme une différence.
    Parmi les professeurs, tout sont témoins de ce qu’il se passe, mais n’interviennent pas de peur de « se mettre les parents à dos ». Le seul à bouger est le prof de sport, qui va du coup s’attirer les foudres de ses collègues, l’accusant de tenir un discours pro-gay alors qu’il n’exige que le respect de l’autre de la part de ses élèves.
    Marion Brunet arrive à donner un langage oral naturel à ses personnages (Il y a d’ailleurs des passages assez drôles dans les discussions entre potes). Sa plume est vraiment prenante. Je serais curieuse de la lire dans un autre registre que la jeunesse.
    J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre, un vrai coup de cœur.
    Il est d’une richesse incroyable pour un livre de moins de 300 pages.
    Une chose est sûre, je relirai cet auteur avec plaisir.

     

    Un extrait : Il m’a regardé très sérieusement, a posé une main compatissante sur mon épaule.

    - Désolé pour toi, Joachim

    - Pourquoi, exactement ?

    Il a éclaté de rire comme un dément en tournant sur lui-même et s’est mis à danser sur un reggae imaginaire en chantant :

    - Joachim va encore pas niquer c’t’année, oh, Jah ! C’est bien dommage mais c’est comme ça !

    - Toi non plus, mon pote. T’as même pas de meuf.

    - Justement ! Moi, je suis seul, disponible, libre comme le vent, chaud comme la braise. Si une petite coquine veut s’occuper de moi, je suis totalement open. Alors que toi, avec une Vraie chérie-doudou-mon-amour, t’es obligé de passer par tout un tas de trucs super chiants pour… que dalle, nada, nib. Je me trompe ?

    - Des « trucs chiants », franchement je vois pas…

    - Ohhh ! C’est mal de mentir ! L’an dernier, t’as jamais passé une plombe à l’écouter te parler de pourquoi elle est fâchée avec sa meilleure copine, genre parce qu’elle lui a dit ceci, ou bien cela, ou bien les deux, ou c’est autre chose ou gnagnagna ? Dis la vérité !

    J’ai pas pu m’empêcher de rire.

    - Alors ? Alors ? Jamais ? T’as jamais passé une plombe à la regarder essayer l’intégralité de ses fringues pour qu’elle trouve la tenue parfait pour aller, euh…manger une pizza ? Et aussi, et surtout…

    Là, il a pris une pause de nana, une main sur la hanche et l’autre coinçant derrière l’oreille une mèche de cheveux imaginaire. D’une voix traînante et sexy (enfin, c’était le but recherché), il m’a demandé :

    - Est-ce que tu m’aimes, Joaquim ? Est-ce que tu m’aime vraiment ?

    Il a encore accentué son regard minaudant.

    - Mais vraiment-vraiment ? Fort comme ça ? Tu ferais quoi pour moi ?

    Et il s’est avachi d’un coup, comme effondré.

    - Joachim, mon ami, mon frère, je ne sais pas comment tu fais.

    - T’es pourri de dire ça, quand même… C’est ta pote, Blandine.

    - Oui, mais ça n’a rien à voir justement. Les filles, quand c’est tes potes, elles sont normales, tu peux parler de trucs normaux avec elles. C’est après que ça fait flipper.

     

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  • [Livre] L'épicerie Sansoucy - L'intégrale

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    Lecture terminée le : 02 août 2019

     

    Résumé : Montréal, 1935. Dans le quartier ouvrier de Maisonneuve, la pauvreté règne et le chômage est le pain quotidien des miséreux. La famille nombreuse de Théodore Sansoucy s'entasse dans un logement au-dessus de son épicerie-boucherie avec les sœurs de sa femme Emilienne.

    Irène, l'aînée, est la vieille fille sage de la maisonnée. Léandre, forte tête, et Marcel, étudiant peu talentueux, entretiennent des relations tendues avec leur patron de père. Edouard, qui rêve de se marier avec la fille du notaire, Simone, amoureuse d'un Irlandais, ainsi que l'impénétrable Placide complètent le portrait de cette fratrie pour le moins hétéroclite.

    Derrière le comptoir, l'épicier reçoit des confidences, les dames venant colporter les ragots parfois cocasses du voisinage. Cependant, les commentaires sont bien moins drôles à entendre lorsqu'ils concernent sa vie familiale. Surtout s'il s'agit des frasques de ses enfants…


    Auteur : Richard Gougeon

     

    Edition : France loisirs

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : août 2018

     

    Prix moyen : 25€

     

    Mon avis : Autant je déteste tomber sur du patois québécois au détour d’un thriller, d’une romance ou autre roman, autant là, ça ne m’a pas dérangée.
    Mais bon une histoire familiale dans la classe moyenne du Québec de 1935, il fallait un peu s’attendre à y voir du patois québécois.
    On suit l’histoire de l’épicier Théodore Sansoucy et de sa très (trop) nombreuse famille. L’homme n’est pas agréable : gueulard et autoritaire, il exploite les membres de sa famille sans scrupule, furieux de devoir leur verser un salaire misérable mais n’hésitant pas à leur demander de payer leur pension.
    Son épouse, Emilienne, lui donne un coup de main.
    Du côté de ses enfants, l'aînée, Irène, travaille à l’usine, la plus jeune Simone, dans un restaurant.
    En ce qui concerne les fils, Léandre, le plus âgé, et Marcel, le plus jeune, travaillent à l’épicerie à plus ou moins plein temps. Le second fils, Edouard, est notaire et le 3ème fils, Placide, est placé chez les religieux.
    A tout ce petit monde s’ajoute les 3 sœurs d’Emilienne, Héloïse, Alida et Alphonsine, dont une seule occupe un emploi.
    Autour de ce petit noyau, se rajoute un gendre, deux belles-filles, le frère d’Emilienne, celui de Théodore, les amis des uns et des autres et bien sûr les clientes.
    L’impression générale qui me vient après ma lecture c’est : Mais quelle bande de minables !
    Ils sont tous plus pathétique les uns que les autres. Entre ceux qui se complaisent à médire, les magouilleurs, ceux qui méprisent leurs origines, ceux qui jugent… Ils sont détestables.
    Heureusement, il y en a quelques-uns qui relèvent le niveau.
    Pour commencer, et surtout, Irène, l'aînée des filles. Elle est douce, attentive, sait apaiser les conflits et aide sa mère à tenir la maison en plus de son emploi à l’usine. S’il y a un reproche à lui faire, c’est peut-être de ne jamais penser à elle.
    La plus jeune des filles, Simone, et la femme de l'aîné des fils, Paulette, ont bon fond mais ne sont pas des lumières (mais bon, elles sont aimables).
    Placide, le 3ème fils, met un peu de temps à se détendre et à trouver sa voie, mais il est dépourvu de méchanceté, tout comme son frère Marcel, le plus jeune de la fratrie qui est bosseur et qui ne délaisse pas son travail malgré les critiques incessantes de son père qui en a fait son souffre-douleur.
    Comme c’est une histoire familiale, il n’y a pas vraiment de but, d’objectif.
    Pour autant, j’ai trouvé que le livre se terminait de manière un peu abrupte.
    J’aurais aimé une fin peut-être plus tranchée, qui ne donne pas l’impression de finir au milieu d’une phrase.
    Même si les personnages sont dans l’ensemble peu sympathiques, avec leurs magouilles, une chose est sûre, c’est qu’on ne s’ennuie pas une seconde.
    On quitte la famille Sansoucy en se disant que, puisqu’ils se sont sorti de toutes leurs embrouilles, il n’y a vraiment de chance que pour la canaille !

     

    Un extrait : Une jeune fille écorchée entra en catastrophe, laissa la porte entrouverte et se précipita à l’étalage des paquets de gommes à bulles, en prit un qu’elle déballa rapidement, engouffrant quatre bonnes mâchées.

    — Dépêche-toi, ma Simone, tu vas être en retard au restaurant ! proféra son père.

    Simone rumina sa chique en bavardant deux minutes avec son frère et frôla l’épicier en lui donnant une bise sonore avant de faire éclater une immense bulle et de sortir en faisant claquer la porte.

    Madame Robidoux se pencha vers sa compagne en empruntant un petit air mesquin. La minijupe grise à plis pressés surmontée d’un chandail d’un rouge flamboyant qui retombait mollement sur les hanches de l’adolescente de seize ans l’avait scandalisée.

    — Lui avez-vous vu le rase-trou, mademoiselle Lamouche ? mentionna-t-elle.

    — Qu’est-ce que vous dites, madame Robidoux ? réagit l’épicier, subodorant une remarque offensante à l’égard de sa fille.

    — Je dis que c’est pas une heure pour commencer son épicerie, commenta la dame. Il y a du monde comme la Bazinet qui sait pas vivre.

    — À part de ça, elle reste dans un troisième sur Orléans, au nord de Rouen, renchérit Léandre.

    — Un beau jeune homme comme vous a sûrement autre chose à faire le samedi soir que d’attendre que la dernière cliente de la semaine passe la porte, ajouta madame Robidoux, en donnant un coup de coude à sa compagne.

    — Justement, j’ai hâte d’en finir, répondit le commis, esquissant un sourire poli.

    Madame Robidoux et mademoiselle Lamouche quittèrent le magasin. L’angélus du soir sonna. Et Marcel n’avait pas terminé les livraisons. Léandre acheva de balayer le petit coin qui lui restait. D’autres traînards pourraient surgir à l’épicerie. L’idée d’éteindre quelques ampoules lui traversa l’esprit, mais cela s’avérait inconvenant : madame Bazinet était encore à la boucherie. Papier à la main, il entreprit de remplir la commande en rêvassant aux petits plaisirs que lui et Paulette se permettaient le samedi soir.

     

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  • [Livre] La passe-miroir – T03 – La mémoire de Babel

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    Lecture terminée le : 29 juillet 2019

     

    Résumé : Après deux ans et sept mois à se morfondre sur l'arche d'Anima, Ophélie a décidé d'agir. Sous une fausse identité, Ophélie rejoint Babel, arche cosmopolite et joyau de modernité. Ses talents de liseuse suffiront-ils à déjouer les pièges d'adversaires toujours plus redoutables ? A-t-elle la moindre chance de retrouver la trace de Thorn ?


    Auteur : Christelle Dabos

     

    Edition : Gallimard

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 01 juin 2017

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : J’ai tenu le plus longtemps possible avant de craquer et de lire ce troisième tome.
    Il faut dire qu’avec l’annonce de la sortie du tome 4 pour novembre 2019, il était clair que je n’allais plus réussir à repousser cette lecture plus longtemps (en plus comme le 4, c’est le dernier tome, je pourrais me jeter dessus dès sa sortie dans scrupules ni remords).
    Dans ce 3ème tome, on se retrouve près de 3 ans (2 ans et 7 mois pour être précis) après l’évasion de Thorn de sa prison et le rapatriement forcé d’Ophélie sur son arche sous les doyennes.
    Ophélie s’ennuie et s’étiole. Après avoir vu son musée dépouillé de tout ce qui a trait à la guerre, elle refuse d’y remettre les pieds. Depuis, elle ne sort de chez elle que si on l’y force et est rongé d’inquiétude pour son ours de mari.
    Mais Ophélie ne va pas rester bien longtemps à se morfondre sur son arche. Avec un petit coup de pouce extérieur, elle fausse compagnie à ces saletés de doyennes et décide de partir seule à la recherche de Thorn tandis que sa tante et marraine, elle, rejoint le pôle.
    La chose qui frappe chez Ophélie, c’est son désir de grandir, de sortir de sa coquille, malgré son manque de confiance en elle que sa maladresse et le mode de vie sur Babel ne va pas arranger.
    Si je devais résumer Babel en un mot, ce serait « hypocrisie ».
    Tout est extrêmement codifié, de la couleur des vêtements au langage à employer, les interdits sont nombreux, notamment tout ce qui parle de la guerre est interdit. Mais sous le vernis : égocentrisme, élitisme, menaces, voire violence cachée… franchement pas un endroit où on a envie de vivre.
    Les personnages secondaires sont moins présents que dans les autres tomes, ou plutôt, on est tellement en symbiose avec Ophélie que les personnages secondaires semblent moins importants.
    Les esprits de famille, les jumeaux Pollux et Hélène, sont aussi différent l’un de l’autre que Farouk l’est d’Artémis. Pour autant ils sont intéressants.
    J’ai bien aimé Ambroise, que j’aurais aimé voir plus, et j’ai fini par apprécier Octavio, qui pourtant m’agaçait beaucoup au départ.
    Dans ce tome, on en apprend un peu plus sur Dieu, mais on ne sait toujours pas s’il est une menace ou si ses intentions sont plus positives que ses méthodes.
    Parallèlement à l’histoire d’Ophélie sur Babel, on fait quelques incursions au pôle où, outre les manigances d’Archibald, on rencontre Victoire, la fille de Farouk et Bérénilde. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette petite est digne d’intérêt et j’ai hâte de voir son évolution dans le 4ème tome.
    Bien entendu, Thorn va être présent dans ce tome. Il réussit l’exploit de paraitre à la fois plus froid et distant et plus ouvert.
    Avec lui, Mme Thorn ne va pas s’ennuyer tous les jours, c’est moi qui vous le dit (mais qu’est-ce que j’aime les voir ensemble ces deux-là).
    Ce tome fait vraiment avancer l’histoire. Il répond à certaines questions mais en pose d’autres et l’auteur va avoir fort à faire pour répondre à tout ça et dépatouiller Ophélie et Thorn de l’océan de galères dans lequel elle les a allégrement plongés.
    Autant vous dire que je vais compter les jours jusqu’à la sortie du 4ème et dernier tome.

     

    Un extrait : L’horloge fonçait à toute allure. C’était une immense comtoise montée sur roulettes avec un balancier qui battait puissamment les secondes. Ce n’était pas tous les jours qu’Ophélie voyait un meuble de cette stature se précipiter sur elle.

    – Veuillez l’excuser, chère cousine ! s’exclama une jeune fille en tirant de toutes ses forces sur la laisse de l’horloge. Elle n’est pas si familière d’habitude. À sa décharge, maman ne la sort pas souvent. Puis-je avoir une gaufre ?

    Ophélie observa prudemment l’horloge dont les roulettes continuaient de crisser sur le dallage.

    – Je vous mets du sirop d’érable ? demanda-t-elle en piochant une gaufre croustillante sur le présentoir.

    – Sans façon, cousine. Joyeuses Tocantes !

    – Joyeuses Tocantes.

    Ophélie avait répondu sans conviction en regardant la jeune fille et sa grande horloge se perdre dans la foule. S’il y avait un événement qu’elle n’avait pas le cœur à fêter, c’était bien celui-là. Assignée au stand de gaufres, au beau milieu du marché artisanal d’Anima, elle n’en finissait pas de voir défiler des pendules à coucou et des réveille-matin. La cacophonie ininterrompue des tic-tac et des « Joyeuses Tocantes ! » se répercutait sur les grandes vitres de la halle. Ophélie avait l’impression que toutes ces aiguilles tournaient uniquement pour lui rappeler ce qu’elle n’avait pas envie de se rappeler.

    – Deux ans et sept mois.

    Ophélie observa la tante Roseline qui avait jeté ces mots en même temps que des gaufres fumantes sur le présentoir. À elle aussi, les Tocantes donnaient des idées noires.

    – Crois-tu que madame répondrait à nos lettres ? siffla la tante Roseline en agitant sa spatule. Ah, ça, je suppose que madame a mieux à faire de ses journées.

    – Vous êtes injuste, dit Ophélie. Berenilde a probablement essayé de nous contacter.

    La tante Roseline reposa sa spatule sur le moule à gaufres et s’essuya les mains dans son tablier de cuisine.

    – Bien sûr que je suis injuste. Après ce qui s’est passé au Pôle, ça ne m’étonnerait pas que les Doyennes sabotent notre correspondance. Je ne devrais pas me plaindre en ta présence. Ces deux ans et sept mois ont été encore plus silencieux pour toi que pour moi.

    Ophélie n’avait pas envie d’en parler. Le simple fait d’y penser lui donnait l’impression d’avoir avalé les aiguilles d’une horloge. Elle s’empressa de servir un bijoutier, paré de ses plus belles montres.

    – Eh bien, eh bien ! s’agaça-t-il lorsque ses montres se mirent toutes à claquer frénétiquement du couvercle. Où sont passées vos bonnes manières, mesdemoiselles ? Vous voulez donc que je vous ramène à la boutique ?

    – Ne les grondez pas, dit Ophélie, c’est moi qui leur fais cet effet. Du sirop ?

    – La gaufre suffira. Joyeuses Tocantes !

    Ophélie regarda le bijoutier s’éloigner et reposa sur la table la bouteille de sirop qu’elle avait failli renverser.

     

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  • C'est lundi que lisez-vous? #260

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog I believe in Pixie Dust.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    La traque des anciens dieux T02 le magicien, la sorcière et la fée.jpg la bible des fées.jpg

     

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    Et vous, que lisez-vous?

  • Premières lignes #101

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.

    Cette semaine, je vous présente Piège conjugal de Michelle Richmond

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    Je me réveille à bord d’un Cessna au vol cahoteux. J’ai la tête qui me lance et la chemise tachée de sang. J’ignore combien de temps s’est écoulé. Je regarde mes mains, m’attendant à les trouver menottées, mais non. Je n’ai qu’une ceinture de sécurité classique autour de la taille. Qui m’a attaché ? Je ne me rappelle même pas être monté dans l’avion.

    J’aperçois la tête du pilote par la porte ouverte du cockpit. Il n’y a personne d’autre à bord. Nous survolons des pics enneigés. De violentes rafales secouent l’appareil. Les épaules tendues, l’homme semble totalement concentré sur les commandes.

    Je porte la main à mon crâne. Le sang a séché, laissant un magma poisseux. Mon estomac gargouille. La dernière fois que j’ai mangé, c’est au petit déjeuner. Mais combien de temps s’est-il écoulé depuis ? Sur le siège à côté de moi, il y a une bouteille d’eau et un sandwich enveloppé dans du papier. Je bois à grandes goulées.

    Je déballe le sandwich – jambon-gruyère – et je mords dedans. Aïe. J’ai trop mal pour mastiquer. Quelqu’un a dû me frapper au visage lorsque j’étais à terre.

    J’interpelle le pilote.

    — Est-ce qu’on rentre à la maison ?

    — Ça dépend de ce que vous appelez la maison. On va à Half Moon Bay.

    — On ne vous a rien dit à mon sujet ?

    — Prénom, destination, c’est à peu près tout. Je ne suis que le taxi, Jake.

    — Mais vous êtes membre, non ?

    — Bien sûr, répond-il d’une voix neutre. Fidèle au conjoint, loyal au Pacte. Jusqu’à ce que la mort nous sépare.

    Il se retourne et me jette un regard éloquent : j’ai assez posé de questions.

    L’avion est happé par un trou d’air. Le choc est si brutal que mon sandwich s’envole. Un bip menaçant retentit. Le pilote jure et appuie frénétiquement sur des boutons. Il crie quelque chose au contrôle aérien. Nous perdons rapidement de l’altitude et je m’agrippe aux accoudoirs, songeant à Alice, à notre dernière conversation, à tout ce que je ne lui ai pas dit.

    Soudain, l’avion se redresse. Je ramasse les morceaux épars de mon sandwich, remets le tout dans l’emballage et le pose sur le fauteuil voisin.

    — Désolé pour les turbulences.

    — Ce n’est pas votre faute. Vous avez assuré.

    Au-dessus de Sacramento, le ciel est dégagé. Le pilote s’autorise enfin à se détendre. Nous parlons des Golden State Warriors, l’équipe de basket d’Oakland qui a remporté une incroyable série de victoires cette saison.

    — Quel jour on est ?

    — Mardi.

    Je regarde la côte familière avec soulagement et j’éprouve une gratitude disproportionnée à la vue du petit aérodrome de Half Moon Bay. L’avion atterrit en douceur. Le pilote se tourne vers moi.

    — Faites en sorte que ça ne devienne pas une habitude, OK ?

    — Je n’en ai pas l’intention.

    J’attrape mon sac et je descends. Sans couper le moteur, l’homme referme la porte, fait demi-tour et décolle.

    Au café de l’aérodrome, je commande un chocolat chaud et envoie un SMS. Il est 14 heures, en pleine semaine. Elle a sans doute dix mille rendez-vous importants, mais j’ai besoin de la voir.

    Sa réponse arrive presque aussitôt : Où es-tu ?

    HMB.

    Je pars dans 5 min.

    Il y a plus de trente kilomètres entre son bureau et Half Moon Bay. Peu après, elle m’écrit qu’elle est coincée dans les embouteillages, alors je commande du pain perdu et du bacon. La salle est vide. Une serveuse enjouée en uniforme impeccable tourne autour de ma table. Quand je paie l’addition, elle me lance : « Bonne journée, mon Ami. »

    Dehors, j’attends Alice sur un banc. Il fait froid et le brouillard arrive par vagues. Lorsque sa vieille Jaguar apparaît enfin, je suis frigorifié. Je me lève et, tandis que je m’assure n’avoir rien oublié, Alice me rejoint. Elle porte un tailleur, mais a troqué ses chaussures à talons contre des baskets pour conduire. Le brouillard dépose un voile humide sur ses cheveux noirs. Ses lèvres sont rouge sombre et je me demande si c’est pour moi qu’elle s’est maquillée. Je l’espère.

    Elle se hisse sur la pointe des pieds afin de m’embrasser. Je réalise tout à coup à quel point elle m’a manqué. Elle recule pour me regarder, puis me caresse la joue.

    — Au moins, tu es entier. Qu’est-ce qui s’est passé ?

    — Je me le demande encore, réponds-je en l’enlaçant.

    — Pourquoi est-ce qu’on t’a convoqué, alors ?

    Il y a tant de choses que je voudrais lui dire, mais j’ai peur. Plus elle en saura, plus ce sera dangereux pour elle. Et puis, inutile de se voiler la face, la vérité risque de ne pas lui plaire.

    Je donnerais n’importe quoi pour revenir en arrière, avant le mariage, avant Finnegan, avant que le Pacte ne bouleverse notre vie.

     

    Alors, tentés?

  • [Film] Gremlins

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    Titre original : Gremlins

     

    Réalisé par : Joe Dante

     

    Date de sortie : 05 décembre 1984

     

    Genre : Fantastique

     

    Pays d’origine : USA

     

    Durée : 1h45

     

    Casting : Zach Galligan, Phoebe Cates, Hoyt Axton…

     

    Résumé : Rand Peltzer offre à son fils Billy un étrange animal : un mogwai. Son ancien propriétaire l'a bien mis en garde : il ne faut pas l'exposer à la lumiere, lui éviter tout contact avec l'eau, et surtout, surtout ne jamais le nourrir apres minuit... Sinon...

     

    Mon avis : Cette semaine, poussée par un élan de bravoure inexpliqué, j’ai eu envie de voir un film d’horreur.
    Ça tombait bien, ils passaient Gremlins à la télé.
    Oui. Bon. Je sais…
    Mais j’ai été traumatisée par ces saletés de bestioles (notamment quand y’en a une qui surgit d’un placard).
    Et puis franchement, pour moi, les Gremlins, surtout au moment où ils s’extirpent de leurs chrysalides, c’est des Aliens. Miniatures, certes, mais des Aliens quand même.

    gremlins mini alien.jpg

    Oui, ils sont petits (mais si on va pas là, Chucky aussi) mais ils sont nombreux.
    Ok, ils sont pas toujours fut-fut.
    Mais j’ai précisé qu’ils étaient nombreux ?
    Alors oui, bien sûr, Guizmo est mignon comme tout. Il est gentil et tout…

    gremlins guizmo.jpg

    Mais ça, c’est la version peluche !
    Bon, il faut admettre qu’ils ont bon goût : quand ils vont au cinéma, ils choisissent de bons films. Mais ça ne suffit pas à en faire des animaux de compagnie.
    Franchement, pour un film qui a 35 ans, je trouve qu’il n’a pas si mal vieillit que ça. Surtout quand on pense qu’il n’y avait pas de numérique pour les effets spéciaux.
    (De toute façon, le numérique, c’est très surfait).
    Ces affreuses bestioles fichent un sacrée pagaille et elles ne font pas semblant ! Il y a des morts quand même ! (Même si chacune de ces morts a un élément comique pas très cool pour les victimes).
    D’ailleurs, si on regarde bien, on se rend compte que le but premier des Gremlins n’est pas tant de tuer que de faire la fête. C’est pas leur faute, s’ils ont un esprit festif un peu particulier et que leur humour étant aussi tordu qu’un bouclier après un duel, leurs délires finissent souvent mal pour autrui.
    Mais en ce qui les concerne : qu’est-ce qu’on s’amuse !


  • [Livre] Ash princess

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    Lecture terminée le
    : 27 juillet 2019

     

    Résumé : Theodosia avait six ans quand son pays a été attaqué, et quand sa mère, la reine du Feu, a été assassinée sous ses yeux.

    Dix ans ont passé. Dix ans à vivre sous le joug du Kaiser, ses tortures incessantes, son régime de terreur. Dix ans qu’elle n’a pas prononcé son véritable nom. Theodosia s’appelle maintenant Thora, princesse de Cendres.

    Le jour où le Kaiser la force à exécuter son dernier allié, celui qu’elle voit comme son unique chance de survie, Theodosia ne peut plus ignorer sa rage vengeresse. Elle se lance dans une intrigue où la séduction cache des crimes de sang, où les amitiés ne servent plus qu’à une chose : regagner son pouvoir.

    Incapable de déterminer à qui elle peut vraiment se fier, Theodosia va apprendre jusqu’où elle est prête à aller pour venger sa mère, regagner son peuple et reprendre son titre de reine.


    Auteur : Laura Sebastian

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 05 Septembre 2018

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Quand elle avait 6 ans, Théodosia a vu son royaume envahit, sa mère assassinée sous ses yeux et sa vie détruite.
    Du jour au lendemain, son peuple est réduit en esclavage, sa langue interdite et la voilà rebaptisée Thora, la princesse de cendres, son prénom ayant également été interdit.
    Les envahisseurs,  les kalovaxiens, un peuple qui m’a fait penser pour partie à des vikings (blond, drakkars…) pour partie à des sauterelles (détruisent tout sur leur passage et passent au royaume suivant quand ils ont épuisé les ressources de celui qu’ils viennent de conquérir), se sont installés au palais dans lequel a grandi Thora.
    Thora vit prisonnière, sous la coupe du Kaiser, l’empereur Kalovaxien.
    Humiliation et torture, aussi bien physiques que psychologiques, sont son lot quotidien.
    Soumise, elle vit en se répétant le mantra « ne contrarie pas le Kaiser et il te laissera vivre ».
    Le Kaiser l’exhibe à chaque fête, couronnée d’une réplique en cendres de la couronne de sa défunte mère.
    Mais un jour, deux choses vont la pousser à réagir : Son dernier allié libre est capturé et tué ; et le fils du kaiser, le prince Soren, qui n’a pas grand-chose à voir avec son père, revient au palais, sa formation militaire finie.
    Après 10 ans de captivité, Thora doit se montrer prudente. Elle ne peut faire confiance à personne : son amie Cress, les esclaves astréens, sa servante… tous sont susceptibles de la trahir pour tenter de s’attirer les bonnes grâces du Kaiser.
    Le monde que nous présente l’auteur est très riche. On découvre le mode de vie et les traditions non seulement des kalovaxiens mais aussi des astréens que ce soit dans les souvenirs de Thora ou dans certains éléments repris par les nobles kalovaxiens.
    A chaque action de Thora, on tremble de la voir découverte, ou de la voir accorder sa confiance à la mauvaise personne.

    J’ai été extrêmement mitigée vis-à-vis de Cress. D’un côté, c’est une sorte de poupée Barbie, un peu évaporée, qui ne pense qu’à ses tenues et semble adorer Thora comme une sœur. D’un autre côté, son ambition transparaît parfois, elle est la fille du plus grand guerrier kalovaxien (ce qui doit laisser des traces dans l’éducation) et on a parfois le sentiment qu’elle voit Thora comme un jouet dont elle pourrait se lasser à tout moment.
    Pareil pour le prince Soren. D’un côté, il a l’air d’avoir bon fond, mais de l’autre, il ne me donne pas le sentiment de remettre en question le monde de vie des kalovaxiens, et accepte sans sourciller les attaques et colonisations des royaumes.
    du côté des astréens, Blaise et Art, notamment, sont assez souvent directif et même parfois agressifs envers Thora (qui est quand même supposée être leur reine) mais vu tout ce qu’ils ont subi pendant que Thora vivait au palais et donc dans le luxe du point de vue d’un observateur extérieur, on peut les comprendre, mais je réserve mon jugement tant que je ne les ai pas vu agir en dehors du palais.
    La fin présente plusieurs éléments de surprises et, franchement, je suis contente que le tome 2 soit déjà sorti parce que je meurs d’envie de connaitre la suite.

     

    Un extrait : – Thora !

    Je me retourne : de l’autre côté du vestibule du palais, tout en dorures, Crescentia se précipite vers moi, ses jupons de soie rose relevés à deux mains pour faciliter sa course, un grand sourire illuminant son ravissant visage.

    Ses deux femmes de chambre ont du mal à suivre, leurs formes émaciées noyées dans de simples tuniques.

    Évite soigneusement de regarder leurs visages, me dis-je. Cela ne m’a jamais fait plaisir de les voir, de scruter ces yeux ternes, ces lèvres affamées. Cela ne m’a jamais fait plaisir de constater à quel point elles me ressemblaient, avec leur peau basanée et leurs cheveux foncés. Cela ne fait que donner de la force à la voix qui résonne dans mon esprit. Et quand elle est assez sonore pour dépasser la frontière de mes lèvres, le Kaiser se fâche.

    Ne pas mécontenter le Kaiser. Ainsi, il te laissera la vie sauve. Telle est la règle que j’ai appris à suivre.

    Je concentre mon attention sur mon amie. Cress a le don de faciliter les choses. Elle porte son bonheur comme une couronne solaire ; elle s’en sert pour illuminer et réchauffer tous ceux qui l’entourent. Elle sait que j’en ai plus besoin que quiconque, raison pour laquelle elle n’hésite pas à m’emboîter le pas en se cramponnant à mon bras.

    Elle n’est pas avare de ses sentiments, qualité que possèdent les quelques élus qui n’ont jamais perdu un être cher. Sa beauté spontanée, enfantine, ne l’abandonnera jamais, pas même dans le grand âge — son visage est tout en traits délicats, en grands yeux limpides qui n’ont jamais contemplé l’horreur. Sa pâle chevelure blonde est coiffée en une longue tresse qui pend par-dessus son épaule, étoilée de dizaines de Spirigemmes. Le soleil qui transperce les vitraux du vestibule les fait scintiller.

    Je ne peux pas non plus regarder les gemmes, mais je ressens malgré tout leur présence. Une douce pression née sous ma peau me pousse vers eux, m’offrant leur pouvoir — je n’ai qu’à m’en emparer. Mais je ne le ferai pas. C’est impossible.

    Autrefois, les gemmes étaient sacrées. Autrefois : avant la conquête d’Astrée par les Kalovaxiens.

     

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