Lecture terminée le : 04 août 2019
Résumé : A 40 ans, la vie de Mathilde vole en éclats : elle découvre que son mari est infidèle et décide de le quitter. Mais comment se reconstruire ? Pour trouver des réponses, elle décide de réaliser un rêve : partir pour un long périple dans le désert.
Au cœur de cette nature sauvage et grandiose, Mathilde rencontre des êtres qui, comme elle, ont été cabossés par la vie et sont à la croisée des chemins. Entre fous-rires et larmes, chacun se livre et retrouve un certain goût de vivre.
Loin de ruminer sa peine au fin fond d’une contrée sauvage, Mathilde se rend compte qu’à quarante ans, son avenir lui appartient toujours. Et qu’il n’est jamais trop tard pour tout recommencer.
Vivre ses rêves, enfin.
Auteur : Francia Place
Edition : France loisirs
Genre : Roman contemporain
Date de parution : 2019
Prix moyen : 8€
Mon avis : Quand Mathilde découvre que son mari la trompe, sa petite vie bien rangée vole en éclat. Le mari volage en rajoute une couche en rejetant la faute sur elle par cette faute : « Pense à la jeune fille que tu étais et regarde la femme que tu es devenue ».
Tiens donc, ben qu’à cela ne tienne : depuis 20 ans, Mathilde part chaque année en vacances au même endroit parce que son crétin de mari refuse de découvrir quelque autre lieu que ce soit.
Et bien là, c’est fini ! Voilà Mathilde qui assouvit un rêve de jeunesse en réservant un trek dans le désert marocain. Que son imbécile de mari se débrouille avec la maison et leur ado de fils, elle, elle prend le large !
Durant son voyage, elle va rencontrer 4 personnes qui sont, elle aussi, venu essayer d’oublier leurs problèmes dans le désert.
Aline a passé 15 ans à lutter pour élever ses enfants, pour joindre les deux bouts après la disparition de son mari. Et voilà-t-il pas que le bonhomme est revenu comme une fleur, des explications oiseuses plein la bouche.
Frédérique, elle, est venue dans le désert pour tenter de se débarrasser de ses peurs. Et les peurs, ce n’est pas ce qui manque, chez Frédérique.
Patrick, lui, souffre de dépression mais les origines de son mal être sont complexes.
Enfin, Henry, qui ne dit pas pourquoi il fait ce voyage. Mais au vu de son attitude hautaine, méprisante et agressive, on se dit que ça doit être du lourd. Et en effet, c’est du très lourd !
Au fil de leur voyage, ils se découvrent, voient au-delà de la raison qu’ils ont invoquée lors de leurs présentations.
Chacun va apporter aux autres et apprendre des autres, non seulement de leurs compagnons de voyages mais aussi des autochtones qu’ils vont croiser.
Dans le désert, Mathilde va réfléchir à sa vie à ce qu’elle veut en faire à présent. Elle revient sur les rêves qu’elle a abandonnés pour se consacrer à sa famille.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le voyage va être profitable à Mathilde.
La fin ne nous dit pas ce qu’elle va décider concernant son mari, mais j’espère qu’elle va le virer à coup de pompes bien placés !
J’ai beaucoup aimé ce petit livre qui perle de sujets difficiles sans jamais tomber dans le mélodrame et sur un ton résolument optimiste.
Pas un coup de cœur, mais presque !
Un extrait : Le briquet, à ce moment-là, ne sait pas à quel point il va être utile. Et changer la vie de la personne qui le triturait compulsivement. Le briquet, si pratique et si banal, atterrit sur le clavier de l’ordinateur de Vincent, rallume l’écran auparavant en veille.
De nouveau, un diaporama des images de l’Afrique qui défile : des hommes, des paysages, le soleil, un désert. Mathilde tique sur la dernière photo. Celle du désert. La photo d’un rêve enfoui, oublié, écrasé par des années de routine et de certitudes. D’abnégation de soi aussi.
Elle regarde l’écran, son amie, de nouveau l’écran. Une idée germe en elle, comme une corde lancée par l’univers pour la raccrocher à la réalité. A l’espoir.
L’état provoqué par la consommation de cannabis s’envole instantanément. Jamais elle ne s’est sentie aussi lucide. Et aussi sûre d’elle.
- Je vais partir ! s’écrit-elle, Léa, je vais aller dans le désert.
- Quoi ?
- Oui, je vais partir dans le désert ! De toute façon, je ne peux pas rester là et croiser Antoine tous les jours, ce n’est pas possible. Soit je m’en prends à lui, soit je me fais du mal.
- Ah non, Mathilde, t’es pas sérieuse, tu ne vas pas faire une connerie, quand même ! Hé !
- Mais non, rassure-toi ! fait Mathilde en balayant les craintes de son amie d’un geste de la main. Je ne parlais pas de ça. Mais ça va me bouffer, de rester là, je ne peux pas.
Léa hausse les sourcils, les yeux interrogateurs.
- T’es sérieuse ? Tu ne devrais pas plutôt réfléchir ? T’es pas vraiment dans ton état normal, là.
Mathilde se redresse, comme illuminée. Cette idée improbable qui vient de lui traverser l’esprit, qui vient de lui apparaître comme la meilleure des solutions possibles, lui donne une énergie incroyable, la remplit d’une force nouvelle, terriblement tentante.
- Mais oui, bien sûr que je suis sérieuse ! Je vais partir dans le désert ! J’en rêve depuis que je suis adolescente. Antoine n’a jamais voulu y aller. Je vais réaliser mon rêve, Léa, je vais aller dans le désert !