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  • Premières lignes #104

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.

    Cette semaine, je vous présente Everless de Sara Holland

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    Presque tous les habitants de Sempéra trouvent la forêt effrayante, à cause des vieilles histoires de fées capables de figer le temps contenu dans leur sang ou de sorcières pouvant les vider de leurs années d’un simple chuchotis. On raconte même que l’esprit de l’Alchimiste hante ces bois, et qu’il est assez puissant pour emprisonner des éternités entières dans un souffle.

    Moi, ce ne sont pas les fées qui m’effraient. La forêt recèle des dangers bien réels – des voleurs en embuscade, portant poignard acéré et poudre alchimique à la ceinture, prêts à saigner du temps à quiconque ose s’aventurer loin de son village. On les nomme les saigneurs. C’est à cause d’eux que papa n’aime pas que j’aille chasser, mais nous n’avons pas le choix. En hiver, de toute façon, les sous-bois ne sont pas assez denses pour offrir une cachette aux brigands, et aucun chant d’oiseau ne couvre les bruits de leurs pas.

    De plus, je connais ces bois mieux que personne. J’ai toujours adoré m’y promener, flâner sous les branches enchevêtrées qui masquent le soleil et forment un rempart contre le vent cinglant. Je pourrais y passer mes journées, ou marcher sans plus m’arrêter parmi les arbres miroitants de givre et de glace, sous les rais de soleil effilés comme des dagues. Et disparaître.

    Tu parles ! Jamais je n’abandonnerai mon père, surtout s’il est…

    – Ne dis pas de bêtises, m’interromps-je.

    Ce mensonge gèle dans l’air glacial et retombe comme de la neige. Je le chasse d’un coup de pied.

    Papa raconte que certains arbres sont vieux de mille ans, qu’ils étaient déjà là bien avant la naissance de tous les habitants peuplant le royaume aujourd’hui, avant même que la reine accède au trône, ou que l’Alchimiste et l’Envoûteuse transforment le temps en sang et en métal – si tant est qu’une telle époque ait jamais existé. Ces arbres seront encore debout quand nous aurons tous quitté ce monde. Pourtant, ce ne sont pas des prédateurs comme les loups ou les hommes. Les racines qui s’étendent sous mes pieds ne vivent pas depuis des siècles en aspirant les forces des autres plantes jusqu’à ce qu’elles se flétrissent et deviennent grises. Et l’on ne peut pas les saigner pour en extraire leur temps.

    Si seulement nous ressemblions davantage aux arbres.

    Le vieux mousquet de papa pèse sur mon dos, lourd et inutile. J’ai eu beau marcher des lieues, je n’ai pas croisé de gibier. Dans quelques heures, il fera nuit, et les marchands baisseront l’un après l’autre la toile de leur étal. Bientôt, je serai obligée de rentrer au bourg et de me rendre chez l’extracteur de temps. J’avais espéré que la chasse me calmerait, me donnerait du courage pour ce qui m’attend, mais j’ai encore plus peur qu’avant de partir.

    Demain, nous devrons régler le loyer de notre chaumière de Crofton. Comme tous les mois, la famille Gerling renflouera ses coffres avec notre fer-de-sang, au prétexte que nous lui sommes redevables pour la protection qu’elle nous apporte. Pour les terres qu’elle nous prête. Le mois dernier, nous n’avons pas pu payer, mais nous nous en sommes tirés avec un avertissement du percepteur – parce que papa semblait trop mal en point, et moi trop jeune –, mais ce n’était pas un geste de charité de sa part. Ce mois-ci, il exigera le double, peut-être même plus. Maintenant que j’ai dix-sept ans, l’âge légal pour donner ses années à saigner, je sais que je n’ai plus le choix.

    S’il a toute sa tête, papa sera très en colère.

    J’essaie une dernière fois, me dis-je, alors que j’atteins un ruisseau qui serpente entre les arbres. Le cours d’eau gelé ne gazouille pas, mais, sous la surface, j’aperçois un frétillement vert, brun et doré – une truite, qui remonte quelque courant invisible. Bien vivante sous la couche de glace.

    Je m’agenouille en vitesse et brise la pellicule dure d’un coup de crosse. J’attends que les ondulations de l’eau se calment et qu’un scintillement d’écailles apparaisse, assez désespérée pour implorer l’Envoûteuse en silence. Le fer-de-sang que cette truite me rapportera entamera à peine les dettes de papa, mais je ne veux pas rentrer bredouille au marché. C’est hors de question.

    Je me concentre, j’adjure mon cœur de s’apaiser.

    Et là, comme cela se produit souvent, tout semble ralentir. Non, ce n’est pas qu’une impression. Les branches cessent bel et bien de bruisser au vent. Même les plus discrets des crépitements de la neige en train de fondre s’arrêtent, comme si la forêt retenait sa respiration. Je baisse les yeux vers l’eau trouble, où je distingue un miroitement blafard – emprisonné lui aussi dans le souffle du temps. Avant que ce moment ait pu s’interrompre, je plonge les mains dans le ruisseau.

    Le froid glacial me fait l’effet d’un coup de fouet, se répand dans mes bras et engourdit mes doigts. Le poisson se fige, frappé de stupeur, comme s’il voulait que je l’attrape.

    Quand je referme les doigts sur ses écailles glissantes, le temps reprend son cours normal. Le poisson tout en muscles s’agite avec tant d’énergie que je manque de le lâcher. Avant qu’il ait pu s’échapper, je le sors de l’eau et le fourre dans ma musette d’un geste expert. Pendant quelques instants, un peu écœurée, je l’observe qui se débat dans la toile de jute.

    Puis le sac redevient immobile.

    J’ignore pourquoi le temps ralentit ainsi, de façon tout à fait imprévisible. J’applique les conseils de papa et n’en parle à personne – un jour, il a vu un homme être saigné de vingt ans pour la seule raison qu’il avait prétendu être capable de faire s’écouler une heure à l’envers d’un simple revers de la main. Les divinatrices, comme Calla au village, qui divertissent les gens superstitieux, sont tolérées – tant qu’elles paient leur loyer. Avant, j’allais chez elle écouter ses histoires de temps qui se déforme, reste suspendu, et parfois même provoque des failles dans le sol ou des tremblements de terre, mais un jour papa m’a interdit d’entrer dans son échoppe, de peur que j’attire l’attention sur nous. Je me rappelle encore le parfum de sa boutique – une odeur d’épices mêlées au sang versé pour la pratique de rites ancestraux. Mais papa m’a appris une chose : pour être en sécurité, il ne faut pas se faire remarquer.

    Je glisse mes mains sous les bras pour les réchauffer, puis je m’accroupis de nouveau au bord de la rivière, et m’efforce de me reconcentrer. Malheureusement, aucun autre poisson ne se montre et, petit à petit, les rayons du soleil passent sous la cime des arbres.

    La nervosité me noue l’estomac.

    Je ne peux pas reculer plus longtemps ; je dois me rendre au marché.

     

    Alors, tentés?

  • [Livre] Grace and Fury

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    Lecture terminée le : 18 août 2019

     

    Résumé : « À Viridia, les femmes n'ont pas le droit de lire. Pas non plus le droit de choisir leur mari, leur métier, leur avenir. Ni d'avoir des idées. »
    Depuis toujours, Serina a été formée pour devenir une Grâce et satisfaire le prince héritier, s'il la choisit. Sa sœur Nomi, elle, a été entraînée pour servir Serina et l'aider à séduire le prince.
    Quand le jour de la sélection des Grâces arrive enfin, rien ne se passe comme prévu. Nomi est retenue à la place de sa sœur, et Serina envoyée en prison pour un crime qu'elle n'a pas commis.
    Aucune n'est prête à accepter ce destin qu'on leur impose.

    Pour survivre, les deux sœurs vont devoir s'adapter.

    Pour se retrouver, elles prendront tous les risques.

    La révolte ne fait que commencer...


    Auteur : Tracy Banghart

     

    Edition : Hachette

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 26 septembre 2018

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé ma lecture mais j’ai eu de telles impressions de déjà-vu que je me suis demandée si l’auteur avait eu ne serait-ce qu’une idée par elle-même.
    Le début m’a fait penser à La sélection. Nomi, comme America, n’a aucune envie de se trouver là et d’ailleurs elle n’est même pas là en tant que candidate. C’est sa sœur, Serina, qui est destiné à cette tâche.

    Quand sa petite sœur, Nomi, est choisi pour être une des Grâce de l’héritier du royaume, c’est un choc pour Serina.
    Après tout, c’est elle qui s’est entrainée toute sa vie pour tenir ce rôle.
    Le lendemain de ce choix improbable de l’héritier, Serina est surprise avec un livre dans les mains. Or les femmes n’ont pas le droit de lire.
    Un pays où les femmes n’ont aucun droit, pas même celui de lire ? Oui, oui, on est en plein La servante écarlate.
    Serina va être envoyée sur une île-prison et rien dans son éducation ne l’a préparée à ce qui l’attend.
    Les chapitres alternent entre Nomi, au palais, et Serina, sur l’ile.
    du côté de Serine, on se retrouve plus ou moins dans Hunger games et je n’en dirai pas plus.
    Du côté de Nomi, la jeune fille doit contrôler son comportement explosif pour s’adapter à la vie au palais. Elle se lie d’amitié avec Asa, le frère cadet de l’héritier sans lequel elle aurait bien du mal à supporter sa vie de Grâce.
    Et là, on a peu ou prou le scénario de Red Queen.
    J’ai vraiment eu l’impression que l’auteur avait pris ses 4 livres préférés, en avait sorti les meilleurs éléments, et avait bricolé un univers autour de ces points pour donner l’impression d’avoir eu une idée originale.
    Après, comme ces quatre livres sont des livres que j’ai beaucoup aimés, je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé ma lecture.
    Normal, vu que tous les éléments qui ont fait que Hunger games, la servante écarlate, Red Queen et La sélection m’ont plus sont réunis ici !

    J’ai beaucoup aimé les deux sœurs, Serina et Nomi, même si Nomi m’est apparu vraiment très naïve. Son désir de voir les femmes être libérées de l’oppression masculine est puissant et totalement légitime, mais elle semble croire qu’elle va changer des siècles d’oppression en boudant et en tapant du pied.

    En revanche, j’ai vraiment aimé l’évolution de Serina qui est vraiment spectaculaire. De soumise et effacée, elle jette aux orties son éducation en un temps record pour s’élever contre le système et avec beaucoup plus de réalisme que sa sœur.

    Il y a trois autres personnages que j’ai beaucoup aimés :

    D’abord, Renzo, le frère des deux sœurs, qu’on voit peu mais qui semble trouver anormal le sort des femmes dans son pays. J’espère qu’on le verra un peu plus dans les prochains tomes.

    Ensuite, il y a Maris, une autre Grâce de l’héritier qui, comme Nomi, n’est pas ravie de se trouver là, mais pour d’autres raisons que la jeune fille.
    Et enfin Val, l’un des gardiens de l’ile-prison, qui, lui aussi, trouve le sort des femmes inacceptable.
    Malgré la prévisibilité de la fin, qui colle un peu trop à celle d’une autre roman, j’ai quand même très envie de voir ce que l’auteur va faire de la suite et si elle va s’affranchir des autres romans du genre pour suivre sa propre voie.

     

    Un extrait : Serina Tessaro se trouvait sur les marches de la fontaine au centre de la grand-place de Lanos, parmi neuf autres jeunes filles de son âge toutes vêtues de leur plus belle robe. Son sourire éclatant semblait inaltérable, alors même que le crépuscule étouffant, accompagné d’une brume charbonneuse, pesait sur elle.

    Signor Pietro jaugea chacune des candidates, les yeux mi-clos. Il les connaissait toutes depuis leur naissance, les observait, les évaluait, jugeait leur potentiel. Sa moustache poivre et sel frémit lorsqu’il pinça les lèvres.

    La silhouette sombre et imposante des montagnes dominait la ville couverte de suie, ne laissant passer que les ultimes lueurs du jour. La famille de Serina se tenait un peu en retrait de la foule, dans l’ombre. Seules les joues rougies de Nomi étaient visibles. Même à cette distance, Serina percevait la fureur dans le regard de sa sœur. Leur frère, Renzo, laissait une main sur le bras de celle-ci, comme pour la retenir. Serina ne pouvait pas déchiffrer son expression, cependant elle était convaincue qu’il ne partageait pas l’excitation qu’affichaient leurs parents.

    Signor Pietro se détourna des jeunes filles sur les marches de la fontaine pour s’adresser à l’assemblée réunie pour l’occasion. Il allait rendre son verdict. Serina sentait son cœur battre dans sa gorge, mais elle dissimulait son impatience derrière une apparente sérénité. Sa mère lui avait appris l’importance des masques.

    — Cette année, pour la première fois, l’Héritier reprendra la tradition et se choisira trois Grâces. Chaque province est autorisée à envoyer une concurrente dans l’espoir d’accéder à cet honneur. En tant que gouverneur de Lanos, il m’incombe de choisir celle de nos filles qui entreprendra le voyage jusqu’à Bellaqua.

    Peut-être marqua-t-il un silence. Peut-être chercha-t-il à faire durer le suspense. Et pourtant, contrairement à ce que Serina s’était imaginé, le temps ne ralentit pas. Le gouverneur continuait à égrener les mots de sa voix égale et dépassionnée, et ces mots étaient :

    — J’ai choisi Serina Tessaro.

    La foule applaudit. Une lueur d’espoir éclaira le regard de Mamma Tessaro. Nomi se décomposa.

    Hébétée, Serina fit un pas en avant puis exécuta une révérence. Elle n’en revenait pas. Elle irait à Bellaqua. Elle quitterait la ville sale et étouffante de Lanos.

    Elle en avait si souvent rêvé. Elle prendrait le train pour la première fois et traverserait les paysages luxuriants de Viridia. Elle découvrirait la ville du Supérieur, avec ses canaux et son immense palais de marbre. Elle rencontrerait l’Héritier. Il serait aussi beau qu’un prince de conte de fées.



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  • [Livre] Dix millions d'étoiles

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    Lecture terminée le
    : 16 août 2019

     

    Résumé : Adam est hyperactif : il a des tas d'amis et ne s'arrête jamais de courir. Quand on lui demande de prendre sous son aile un petit nouveau très introverti, il accepte sans hésiter. Très vite, il comprend que ce garçon n'est autre que Julian, un orphelin qui a vécu chez lui autrefois et dont il avait perdu toute trace. Adam est heureux de ces retrouvailles, alors que Julian est l'ombre de lui-même. Déterminé à l'aider et à comprendre ce qui s'est passé, Adam va découvrir des secrets qui pourraient coûter cher aux deux garçons...


    Auteur : Robin Roe

     

    Edition : PKJ

     

    Genre : Roman Contemporain

     

    Date de parution : 2018

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Je ne lis jamais un livre sans avoir lu le 4ème de couverture car c’est cette lecture qui me décide à acheter ou non un livre.
    Mais là, je l’ai depuis un bail et j’ai décidé de me lancer sans le relire.
    Dès le début de ma lecture, j’ai ressenti un malaise concernant Julian.
    Julian a 14 ans mais il a le comportement d’un enfant de 10 ans. Très vite, on apprend que ses parents sont morts et en fait on dirait qu’il a cessé d’évoluer depuis ce moment.

    Mais au-delà de ses problèmes d’expression orale, de timidité, etc…, Julian semble avoir de bien plus gros problèmes.
    On sait assez vite ce qu’il en est de manière générale, mais jamais je n’aurais pu soupçonner l’ampleur de ce qu’il va se passer.
    Adam, lui, a presque 18 ans. Bon élève, apprécié de tous ses profs passés et présents, il est, depuis sa petite enfance, atteint d’hyperactivité et, même s’il me fatiguait à sauter partout, il a l’air de plutôt bien gérer son problème.

    Adam a rencontré Julian quand lui-même était en CM2 et avait participé avec sa classe à une sorte de tutorat de lecture d’élèves plus jeune.
    Puis, après la mort des parents de Julian, celui-ci avait été placé chez Adam et sa mère, jusqu’à ce que son oncle n’en réclame la garde.
    Russel, l’oncle en question, impose des règles qui semblent assez simples au premier abord mais qui se révèlent de plus en plus étouffantes, strictes et absurdes au fil des pages.
    Mais l’auteur ne se contente pas de suggérer ce que subi Julian, non, elle ne nous épargne aucun détails et j’ai eu à plusieurs reprise envie de pouvoir entrer dans le livre pour sortir Julian de là.
    J’ai beaucoup aimé la mère d’Adam. C’est une mère attentive sans être étouffante et elle devient un vrai tigre à dents de sabre quand on s’en prend à son fils.
    Du côté des amis d’Adam, les filles deviennent très vite très protectrices envers Julian, mais le plus intéressant de tous est Charlie. Il a un sale caractère, il est explosif, susceptible… Il n’y a guère que sa petite amie « en pointillé », Allison, pour le calmer et Adam qui lui, a pour technique de l’exaspérer.
    On pourrait croire que Charlie déteste tout le monde, et en particulier Julian, mais il est bien plus complexe qu’il n’y parait.
    Même si on la voit très peu, j’ai beaucoup aimé Dolores, l’assistante sociale.
    J’aurais vraiment aimé qu’on la voit davantage avec ses explosions de couleur bienveillantes.
    Ce livre est un coup de cœur mais bon sang qu’est-ce que certains passages ont été durs à lire ! J’aurais aussi aimé en savoir plus sur la psychologie de Russel. J4ai trouvé qu’il aurait pu être plus approfondi.

    Malgré le fait qu’Adam ne prenne pas toujours les bonnes décisions, il reste la meilleure chance de Julian, un vrai roc, un véritable ami.

     

    Un extrait : Lorsque la dernière sonnerie de la journée retentit, on dirait que quelqu’un a donné un coup de pied dans une fourmilière. Ça grouille de partout et ça s’agite dans tous les sens. Soudain, il y a une explosion sonore – des gens qui parlent, des téléphones portables qui bipent. Mais moi, je reste pétrifié en haut des marches devant le lycée.

    Mon père est appuyé contre un grand arbre de l’autre côté de la rue.

    Quand j’étais petit, c’était généralement ma mère qui passait me chercher après l’école, mais de temps à autre, mon père terminait plus tôt et me faisait la surprise de m’attendre à la sortie. Au lieu de se joindre à la file des voitures, il venait à pied. Ses mains étaient toujours tachées d’encre, comme celles d’un enfant qui a peint avec ses doigts, et il me disait : Comment ne pas marcher par une si belle journée ? Il me disait pareil même lorsqu’il pleuvait.

    Bien sûr, l’homme de l’autre côté de la rue n’est pas mon père. Ce n’est qu’une illusion produite par la lumière du soleil filtrant à travers les branches sur un joggeur qui s’est arrêté pour reprendre son souffle.

    Je reste planté là et je me sens lourd.

    Tellement lourd que les grandes marches me font l’effet d’une montagne qu’il faut que je descende. Tellement lourd que je ne parviens pas tout de suite à rassembler l’énergie nécessaire pour entamer le long trajet à pied jusqu’à chez moi.

    Alors que je suis à un peu moins d’un kilomètre du lycée, je me mets à frissonner. L’automne est là, mais trop tôt, j’ai l’impression. Un peu comme si je n’avais pas vu passer les trois derniers mois parce que certaines choses sont censées arriver chaque été.

    Je suis censé aller à la plage avec mes parents. Nous sommes censés voir des feux d’artifice, acheter des cierges magiques et chercher des coquillages. Je suis censé me coucher tard, manger des glaces à l’eau assis sous le porche à l’avant de la maison pendant que ma mère joue de la guitare et que mon père dessine. Et puis, alors qu’il me borde dans mon lit, papa est censé me demander : Combien d’étoiles ?

    Les très bons jours, je suis censé dire neuf ou dix, mais quand j’ai passé une journée extraordinaire, la meilleure de ma vie, je suis censé tricher et dire genre dix mille étoiles.

    Sauf que nous n’avons pas pu voir de feux d’artifice, ni manger de glaces à l’eau, ni faire aucune des activités de l’été, et j’ai cette douleur en moi, comme si je ne m’étais pas réveillé le matin de Noël.

     

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  • [Livre] Bride stories - T07

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    Lecture terminée le : 16 août 2019

     

    Résumé : Smith et son guide s'offrent une petite pause chez un riche Persan. Pendant que ce dernier leur fait les honneurs de la ville, sa femme Anis mène une vie paisible empreinte de solitude. Elle décide alors de bouleverser son quotidien en allant au hammam des femmes, où elle fait la connaissance de Shirin, qui accepte de devenir sa soeur conjointe !


    Auteur : Kaoru Mori

     

    Edition : Ki-oon

     

    Genre : Manga

     

    Date de parution :

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Après un tome 6 plein d’action et de castagne, on s’éloigne d’Amir et Karluk, pour retrouver Smith et son guide qui sont accueillis par un ami d’une connaissance de Smith.
    Smith est maintenant en Perse et il apprend que là-bas, les femmes ne peuvent montrer leur visage qu’aux hommes de leurs familles.

    Ils ne rencontrent donc pas Anis, la jeune épouse de leur hôte.
    Anis est une toute jeune épouse, très éprise de son mari. Elle a un fils en bas-âge confié aux bons soins d’une nourrice qui semble très attachée à sa maîtresse.
    Anis est très mince, androgyne même, ce qui n’est pas une habitude dans les pays persans. D’ailleurs, lorsqu’Anis se rend au hammam sur les conseils de la nourrice, afin de rompre sa solitude, les autres femmes ont toutes des formes plus pulpeuses.
    Toujours sur les conseils de sa servante, anis se cherche une « sœur-conjointe » pour rompre sa solitude, c’est-à-dire une amie proche qui présente une vie similaire à la sienne (âge similaire, mariée, avec un enfant en bas-âge).
    La relation de sœurs conjointes est comme un mariage platonique qui me fait penser à la relation d’âme sœur, de Laotong, qui existe au japon entre deux fillettes que leurs parents « unissent » par contrat.
    Le mari d’Anis semble aussi amoureux de sa femme qu’elle l’est de lui.
    Malgré son aisance financière, il n’a pas pris d’autre épouse (la loi l’autorise à en avoir quatre), essentiellement pour ne pas faire de la peine à Anis.
    Il donne l’impression de ne jamais refuser quoi que ce soit à sa femme et de beaucoup s’inquiéter pour elle.
    Quand un malheur frappe Shirin, la sœur conjointe d’Anis, j’ai immédiatement deviné ce qu’Anis allait faire.
    J’aurais sans doute fait pareil dans les mêmes circonstances.
    Dans la postface, l’auteur avoue s’être un peu emballée sur cette histoire, et du coup, elle nous prévient que le 1er chapitre du prochain tome leur sera consacré, ce qui laisse entendre que nous pourrions retrouver Amir et Karluk dans le reste du tome 8.
    Mais du coup, dans ce tome, on voit très peu Smith, même s’il y a une scène très drôle dans laquelle Smith se prête à un massage pour le moins énergique au hammam des hommes.

    Du jardin d’Anis au hammam des femmes en passant par sa splendide demeure, ce tome est une oasis de douceur avant de replonger dans la vie mouvementée de Karluk et Amir.

     

    Un extrait :

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  • [Livre] Le mari de mon frère

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    Lecture terminée le : 15 août 2019

     

    Résumé : Yaichi élève seul sa fille. Mais un jour, son quotidien va être perturbé… Perturbé par l'arrivée de Mike Flanagan dans sa vie. Ce Canadien n'est autre que le mari de son frère jumeau… Suite au décès de ce dernier, Mike est venu au Japon, pour réaliser un voyage identitaire dans la patrie de l'homme qu'il aimait. Yaichi n'a pas alors d'autre choix que d'accueillir chez lui ce beau-frère homosexuel, vis-à-vis de qui il ne sait pas comment il doit se comporter. Mais ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? Peut-être que Kana, avec son regard de petite fille, saura lui donner les bonnes réponses…


    Auteur : Gengoroh Tagame

     

    Edition : Akata

     

    Genre : Manga

     

    Date de parution : 2016 - 2017

     

    Prix moyen : 8€ pièce

     

    Mon avis : Pour une fois, voici un manga dans lequel je n’ai pas confondu les personnages.

    Comme c’est une petite série en 4 tomes, je me suis lancée sans trop d’appréhension et j’ai adoré.
    Au début, on peut penser que Yaichi, le personnage principal, est homophobe, mais il apparait très vite comme plus ouvert d’esprit qu’on pouvait le croire. Son attitude un brin hostile semble plus due au fait qu’il a beaucoup de regrets concernant son frère.
    Ce géant canadien, expansif et poilu comme un ours, est un vrai choc culturel pour ce japonais discret qui élève seul sa fillette.
    La fillette, elle, ne se pose pas tellement de questions. Elle adopte immédiatement ce nouveau tonton et pour elle, le mariage entre personnes de même sexe coule de source car quand on s’aime, on se marie voilà tout (certains adultes devraient vraiment prendre exemple sur les jeunes enfants).
    Au fur et à mesure qu’il apprend à connaitre Mike, son beau-frère, Yaichi se pose des questions sur le rapport des japonais à l’homosexualité.
    Il est choqué d’apprendre que des parents jettent leurs enfants à la rue sous prétexte qu’ils sont homosexuels et ne se rappelle pas avoir entendu qu’une chose pareille se soit produite au Japon.
    Cela veut-il dire que les japonais sont plus ouverts d’esprit ?
    Ou que les réactions violentes sont tenues plus secrètes, le fait de jeter dehors étant une action trop publique ? Ou encore que les jeunes homosexuels japonais osent moins qu’ailleurs faire leur coming out ?
    La réaction de la maman d’une amie de sa fille, celle de son professeur principal… Autant de réactions qui interpellent Yaichi et qui font pencher pour les deux dernières explications plutôt que pour la première.
    J’ai bien aimé que Yaichi soit choqué par l’ensemble de ces réactions, qu’il en soit témoin direct ou qu’il en entende juste parler.
    Yaichi est un homme qui garde beaucoup ses sentiments pour lui, il évite de dire le fond de sa pensée (que l’on peut voir dans des cases montrant ce qu’il aimerait dire) et c’est pour ça que j’ai tellement aimé le voir agir avec le prof de sa fille. Certes, il ne lui assène pas ce qui lui est venu en tête en premier lieu, mais je crois que ce qu’il lui dit fait encore plus d’effets.
    Au fil des chapitre, un point de « culture gay » est régulièrement apporté.. On y parle du triangle rose, de son origine funeste et de comment les homosexuels s’en sont emparés pour en faire un symbole positif, on parle également des différents drapeaux, des différentes marches et parades, de la différence entre coming out et outing…
    C’était des petits points très instructifs disséminés dans une histoire pleine de douceur et d’amour.

     

    Un extrait :

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  • C'est lundi que lisez-vous? #262

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog I believe in Pixie Dust.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    mortelle adelle aux pays des contes défaits.jpg Les nouvelles aventures de Sabrina.jpg danse avec les lutins.jpg

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    le dernier magicien T02.jpg La passe-miroir - T04 - La tempête des échos.jpg

     

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    Et vous, que lisez-vous?

  • Premières lignes #103

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.

    Cette semaine, je vous présente Petites recettes de bonheur pour les temps difficiles de Suzanne Hayes et Loretta Nyhan

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    19 janvier 1943

    ROCKPORT, MASSACHUSETTS

    Chère « Sorcière aux mains vertes »,

    À trop vouloir m’appliquer, j’ai de l’encre bleue plein les doigts.

    Mais ce soir, j’avais le cœur lourd… Alors j’ai décidé de faire fi du reste et de prendre ma plus belle plume pour écrire à une parfaite inconnue qui n’aura peut-être ni le temps ni l’envie de me répondre.

    Et si je commençais par le commencement ?

    Notre Club des femmes se réunit au presbytère chaque mercredi après-midi. Ce n’est pas vraiment ma tasse de thé, mais il faut bien que je m’occupe. On ne nous a pas donné de vrais noms, juste fait passer une liste d’adresses en nous disant que si nous nous sentions seules (c’est mon cas) ou désespérées (pas encore, mais j’avoue que ça devient de plus en plus pesant), nous pourrions ainsi correspondre avec une autre jeune femme dans la même situation. La « situation ». J’ai particulièrement aimé la manière dont notre vieille Mme Je-sais-tout (Mme Moldenhauer) a prononcé ce mot. Que sait-elle, au juste, de notre « situation » ?

    Un chapeau passait de main en main avec de petits papiers comportant de faux noms et de vraies adresses. Histoire de préserver l’anonymat, je suppose. Mais après tout, pour s’écrire, ne vaut-il pas mieux se connaître ? Les morceaux de papier n’étaient pas pliés et les autres filles fouillaient dans le chapeau pour choisir leur préféré. Tout ce rituel me semblait un peu ridicule et confus, à vrai dire. Je ne voulais pas participer, mais Mme Moldenhauer m’a pincé l’avant-bras si fort que je dois encore avoir une marque. Du coup, j’ai fait exprès de choisir en dernier. Toutes les autres avaient rejeté votre pseudonyme à cause du mot « Sorcière », j’imagine. J’ai de la chance d’être tombée sur vous. En ce moment, j’aurais bien besoin d’un coup de baguette magique. J’en suis à mon septième mois et Robbie Jr. vient d’avoir deux ans. C’est une vraie terreur.

    Voilà… J’espère que ces quelques lignes vous parviendront et vous donneront l’envie de me répondre. Je me réjouis à l’idée de courir jusqu’à la boîte aux lettres pour y trouver une enveloppe sans le cachet de l’armée dessus.

    Mon nom est Gloria Whitehall. J’ai vingt-trois ans. Mon mari, Robert Whitehall, est premier sergent dans la 2e division d’infanterie.

    Ravie de faire votre connaissance.

    Sincères salutations,
    Glory

     

    Alors, tentés?

  • [Livre] Bride stories - T06

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    Lecture terminée le : 15 août 2019

     

    Résumé : Tandis que Smith reprend la route, la vie poursuit son cours tranquille pour Amir et Karluk, au gré de petites tâches du quotidien.
    Mais cette existence paisible est sur le point de voler en éclats... Les terres fertiles des villageois ont fait des envieux, et certains semblent déterminés à s'en emparer !


    Auteur : Kaoru Mori

     

    Edition : Ki-oon

     

    Genre : Manga

     

    Date de parution : 20 Mars 2014

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Dans ce tome, on oublie un Smith pour revenir du côté de Karluk et Amir.
    Amir se montre réticente à fabriquer à son mari des vêtements dépourvus  des broderies traditionnelles de protection mais Karluk est bien déterminé à ne plus être traité en enfant.
    Amir va devoir se faire violence pour ne plus montrer son inquiétude démesurée pour son jeune époux.
    Mais la famille de la jeune femme ne va pas laisser le couple en paix.

    Après la mort des deux sœurs ou cousines d’Amir, et l’échec de la récupération de la jeune fille pour la marier à la place des défuntes, ce clan a rompu son alliance avec la famille d’Amir qui se retrouve donc démunie.

    Ils s’allient donc avec un clan qui pactise avec les russes.
    Le frère d’Amir semble se méfier de ces nouveaux alliés, mais hélas, il n’a pas voix au chapitre.
    Dans ce tome, dans lequel il y a beaucoup d’action, on s’attache surtout à l’aspect politique de la région avec les alliances entre clans qui se font et se défont, la présence des russes et son impact sur la vie des clans.
    Le frère d’Amir est un personnage très intéressant et j’espère qu’on va un peu plus le voir.
    J’ai été un peu perdue à un moment car je pensais que le père de Karluk était le chef de son clan, mais un autre homme semble en fait l’être.
    De même, au début, les cousins d’Amir disent du frère de la jeune fille qu’il va succéder à son oncle à la tête du clan, mais c’est son père qui donne ensuite tous les ordres et mène les négociations (à moins que ce soit une erreur d’impression et qu’ils disent : Il doit succéder à « notre » oncle et non à « son » oncle).
    Dans le prochain tome, je me demande si nous allons rester en compagnie d’Amir et Karluk, si on va s’intéresser un peu au sort de Pariya, l’amie d’Amir ou si on va retrouver Smith et son guide.
    Vu que le tome 7 est posé sur ma table de nuit, je vais vite le savoir.

     

    Un extrait :

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  • [Livre] Dry

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    Lecture terminée le : 15 août 2019

     

    Résumé : Avez-vous déjà eu vraiment soif ?

    La sécheresse s'éternise en Californie et le quotidien de chacun s'est transformé en une longue liste d'interdictions : ne pas arroser la pelouse, ne pas remplir sa piscine, limiter les douches...

    Jusqu'à ce que les robinets se tarissent pour de bon. La paisible banlieue où vivent Alyssa et sa famille vire alors à la zone de guerre.

    Soif et désespoir font se dresser les voisins les uns contre les autres. Le jour où ses parents ne donnent plus signe de vie et où son existence et celle de son petit frère sont menacées, Alyssa va devoir faire de terribles choix pour survivre au moins un jour de plus.


    Auteur : Neal & Jarod Shusterman

     

    Edition : Robert Laffont (R)

     

    Genre : Science-Fiction

     

    Date de parution : 22 Novembre 2018

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : J’ai la faucheuse depuis sa sortie, mais c’est finalement avec Dry que je découvre la plume de Neal Shusterman.

    Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce roman a un côté flippant non négligeable, sans doute parce que la réaction des uns et des autres face à une catastrophe de ce type est totalement crédible.

    Le côté « loi martiale » est également crédible quand on voit la tendance des USA à faire intervenir l’armée à tout bout de champs.
    Après le début et la fin m’ont paru un peu rapide. J’aurais aimé plus d’explication, plus de développement sur ces moments-là.
    J’ai beau savoir qu’on peut mourir après seulement 3 jours sans boire, j’ai trouvé que la situation dégénérait à grande échelle vraiment très vite et qu’à contrario, le gouvernement prenait vraiment beaucoup de temps pour intervenir.
    Quant au retour à la normale, je l’ai trouvé un peu abrupt.
    J’ai beaucoup aimé les personnages principaux (Alyssa, Garrett et Kelton) parce qu’ils ne sont pas des « guerriers » qui ont réponse à tout et qui ne sont pas « badass » comme on dit.
    Non, parce qu’il faut arrêter de déconner, les ados de 16 ans sont plus comme Alyssa que comme Tris dans Divergente ou Katniss dans Hunger Games, n’en déplaise aux dits ados.
    Alors oui, ils commettent des erreurs, et des belles, ils se découragent, ils se fourrent dans des situations pas possibles, et c’est tout à fait normal car ce ne sont que des enfants qui ont eu des vies plutôt protégées, même Kelton, malgré son survivaliste de père.
    Jacqui est un peu plus débrouillarde car plus âgée et surtout ayant vécu une vie nettement moins protégée. Pour autant, elle n’a pas autant de ressources qu’elle le prétend et elle exagère beaucoup ses capacités criminelles.

    Le roman porte beaucoup sur la consommation d’eau et l’avenir de la planète. Il est évidement que le réchauffement climatique est un problème sérieux qui pourrait bien conduire à ce genre de pénurie, mais dans ce cas précis, j’ai trouvé que le plus gros problème venait de l’attitude des gens face à la crise.
    Dans une moindre mesure cela me fait penser aux pénuries d’essence lors des grèves de routiers. Si les gens ne s’étaient pas rué sur les stations-services, parfois pour faire l’équivalent de plusieurs pleins grâce à des bidons, le réapprovisionnement, tout ralentit qu’il soit, aurait été suffisant. Là c’est la même chose. Les gens se ruent sur les magasins et raflent le plus de bouteilles d’eau possible, boivent sans précaution (quand ils ne se lavent pas avec), parfois plus qu’ils ne boivent en temps normal… si tout le monde avait gardé son calme, acheté le strict nécessaire et s’étaient rationnés un minimum, il y aurait sans doute eu moins de victimes.
    Bien entendu, si la pénurie est généralisée au niveau mondial, là, je suis bien d’accord, on est foutu !

    Ce roman était addictif, au point que je l’ai lu en seulement quelques heures.
    Mais j’avoue qu’il m’a donné très soif !

     

    Un extrait : Maman s’est déplacée. Elle se tient maintenant sur le seuil du salon, immobile, la gamelle du chien dans la main gauche. Un frisson me parcourt, et je ne saurais dire pourquoi.

    — Qu’est-ce qu’il y a de si important pour que tu me déranges en pleine séance de…

    — Chut ! l’interrompt maman.

    Ça lui arrive rarement de dire à papa de se taire. À Garrett et moi, oui, toute la journée. Mais mes parents ne font jamais ça entre eux. C’est une règle tacite.

    Elle regarde la télé, où la présentatrice du journal télévisé évoque la « crise de l’eau ». C’est ainsi que les médias en parlent depuis que les gens en ont eu assez d’entendre rabâcher le mot « sécheresse ». Un peu comme le « réchauffement climatique » devenu le « changement climatique », et le terme « guerre » remplacé par le mot « conflit ». Maintenant, ils ont trouvé une nouvelle formule. Une nouvelle étape dans le drame qui touche nos ressources en eau. On parle désormais de « Tap-Out », pour faire référence à l’eau qui ne coule plus des robinets.

    Oncle Basil émerge de son nuage de vapeur un instant.

    — Qu’est-ce qui se passe ?

    — L’Arizona et le Nevada viennent de se retirer de l’accord sur l’approvisionnement en eau, lui apprend maman. Ils ont fermé tous les barrages sous prétexte qu’ils ont eux-mêmes besoin de l’eau.

    Autrement dit, le fleuve Colorado n’atteindra plus la Californie.

    Oncle Basil s’imprègne de la nouvelle.

    — Ils ferment le fleuve comme s’il s’agissait d’un vulgaire robinet ! Ils ont le droit ?

    Mon père hausse un sourcil.

    — Ils viennent de le faire.

     

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  • [Livre] Tu tueras l'ange

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    Lecture terminée le : 08 août 2019

     

    Résumé : La mort rôde, aussi belle que fatale. Serez-vous sa prochaine victime ? Lorsque le TGV Milan-Rome arrive à quai, la police fait une macabre découverte : tous les passagers de la classe affaires sont retrouvés morts. Si les premiers indices orientent l'enquête vers un attentat, la commissaire adjointe Colomba Caselli, muscles d'acier et âme fragile, est persuadée du contraire. Pour elle, seul Dante Torre, l'« Homme du silo », est capable d'y voir clair dans ce brouillard de mensonges et de fausses pistes. Très vite, ils découvrent que ce massacre n'est que l'énième épisode d'une longue série de carnages, sur laquelle plane l'ombre d'une mystérieuse figure féminine. Elle ne laisse aucune trace, juste un nom : Giltiné, l'ange lituanien des morts.


    Auteur : Sandrone Dazieri

     

    Edition : Robert Laffont (La bête noire)

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 18 mai 2017

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis :Tu tueras le père avait été un coup de cœur, Tu tueras l’ange se hisse sans difficulté à sa hauteur.
    On retrouve l’enquêtrice Colomba Caselli qui, depuis les évènements du 1er tome, est regardée de travers aussi bien par ses chefs que par ses collègues.

    Dans cette nouvelle enquête, Colomba est confronté à la mort de tout un wagon de 1ère classe. Pour ses supérieurs, l’affaire est limpide : l’attentat a été revendiqué par deux hommes masqués, au nom de Daesh, on cherche donc deux arabes à buter et emballé c’est pesé, on est à la maison pour le diner.
    Sauf que Colomba a des doutes et va solliciter Dante Torre, qu’elle n’a pas revu depuis la fin de l’histoire du Père, pour qu’il lui donne son avis, lequel ne tarde pas à tomber : Les deux jeunes qui « revendiquent » l’attentat ne sont absolument pas des terroristes et semblent avoir été manipulés pour revendiquer un acte qu’ils n’ont pas commis et qui a lui-même autant de rapports avec Daesh que des lardons avec un couscous.
    Colomba et Dante sont un peu seuls contre tous, la hiérarchie de l’enquêtrice refuse d’envisager une autre théorie que celle déjà établie. Mais Colomba, même si elle a parfois du mal à accepter les théories de Dante, n’a pas l’intention d’en rester là. Elle ne veut pas UN coupable, elle veut LE coupable.
    Et les indices sont minces. Ils arrivent vraiment au compte-goutte et on ressent la même frustration que Colomba.
    Dante n’est pas en grande forme, ses TOC sont de plus en plus présents, sa consommation de café et de drogues a augmentée et pourtant, il est sans doute le plus lucide de tous.
    L’enquête officieuse de Colomba et Dante va les amener d’Italie en Allemagne, puis retour en Italie après un passage par la Suisse.
    J’ai compris les objectifs du coupable mais sa manière de l’atteindre est particulièrement ignoble.
    Comme pour le 1er, je l’ai lu en un temps record et, si j’ai un reproche, c’est que Colomba ne parle jamais du Père. Alors que, vu sa véritable identité, on pourrait penser que ça ait marqué la brigade, mais non, pas un mot, comme si le père avait été un criminel comme les autres.

    C’est un peu déroutant.
    Pour en revenir à Tu tueras l’ange, il y a trois éléments que je n’avais vraiment pas vu venir : Un en rapport avec le coupable, un concernant l’équipe de Colomba et enfin, la toute fin.
    Mais cette fin ! J’ai, pendant un instant, profondément détesté Sandrone Dazieri. Non mais c’est vrai : comment a-t-il pu oser nous faire un coup pareil ?
    Pour une fois, je suis bien contente d’avoir énormément de retard dans mes lectures, car au moins je n’aurais pas à attendre deux ans pour connaitre la suite, vu que j’ai acheté les deux derniers tomes en même temps.
    D’ici quelques semaines, je vais donc pouvoir découvrir la suite et fin de l’histoire de Dante et Colomba.
    Et s’il est aussi bien que les deux premiers, ça promet d’être explosif !

     

    Un extrait : Colomba avertit la centrale par radio qu'elle continuait l'inspection s'il lui donnait son feu vert, puis, tenant la torche allumée dans la main gauche et gardant la droite près de son holster, elle monta les trois marches métalliques de la voiture et s'arrêta près du corps du chef de train. Comme l'homme avant elle, elle tâta des doigts le cou de la victime et, comme l'homme avant elle, elle ne perçut aucune pulsation : la peau était visqueuse et froide. Soucieuse de ne rien déplacer, elle l'examina pour déterminer s'il avait été blessé, mais le sang semblait provenir uniquement de sa bouche et le corps ne présentait ni lésions ni contusions visibles. Si elle avait dû parier sur les causes du décès, elle aurait avancé que c'était une mort naturelle, mais c'était le médecin légiste qui trancherait. Pendant qu'elle demandait à la centrale où en étaient le médecin légiste et le magistrat de garde, Colomba perçut un étrange fond sonore. Retenant son souffle, elle comprit qu'il s'agissait d'une bonne demi-douzaine de portables qui se déclenchaient tous ensemble, dans une cacophonie de sonneries et de vibrations. Le bruit provenait de derrière la porte du compartiment de luxe, celui équipé de fauteuils en cuir véritable et où l'on servait des repas précuits signés par un chef médiatique.

    À travers le verre laiteux, Colomba aperçut les reflets verdâtres des écrans de portable qui clignotaient. Elle resta quelques instants à les observer, interdite. Il était tout bonnement impossible que tous ces téléphones aient été oubliés par leurs propriétaires, mais la seule explication qui lui venait à l'esprit était trop monstrueuse pour qu'elle puisse imaginer qu'elle soit vraie.

    Et pourtant elle l'était. Colomba le comprit en faisant coulisser la porte du compartiment : elle fut assaillie par l'odeur nauséabonde du sang et de la merde.

    Les passagers de la classe affaires étaient tous morts.

     

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