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  • C'est lundi que lisez-vous? #183

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog I believe in Pixie Dust.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Sleepy hollow.jpg suzon.jpg Une robe couleur du temps T03.jpg


    Comme j'ai rarement le temps de me remettre sur le blog le matin et que je lis toujours le soir avant de dormir, je vais vous donner mes pages lues du dimanche au samedi.

    Dimanche: 312p

    Lundi: 104p

    Mardi: 100p

    Mercredi: 149p

    Jeudi: 270p

    Vendredi: 177p

    Samedi: 100p

     

    Total lu sur la semaine: 1212p

     

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    Les intrus.jpg Les hauts de hurlevent.jpg

     

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    elisabeta.jpg fangirl.jpg La meute du phenix T03.jpg

    Le journal intime d'un arbre.jpg Les intrus.jpg Maybe someday.jpg

    qui es tu Alaska.jpg rouge toxic.jpg Sleepy hollow.jpg

    suzon.jpg Une robe couleur du temps T03.jpg

     

    Et vous, que lisez-vous?

  • Premières lignes #25

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.
    Pour ma part, j’ai décidé de vous faire découvrir mes coups de cœurs !

     

    Cette semaine, je vous présente Diabolic de S.J. Kincaid dont vous pouvez lire ma chronique ICI.

    diabolic.jpg

    Tout le monde croit qu’un Diabolic n’éprouve pas la peur. Pendant les premières années de ma vie, pourtant, je n’ai rien connu d’autre. Cette terreur redoubla ce matin-là, lorsque les Empyreé vinrent m’inspecter dans les corrals.

    Je ne savais pas encore parler, mais je comprenais presque tout. Le maître d’élevage était dans tous ses états lorsqu’il avertit ses assistants : le sénateur von Empyreé et sa femme, la matriarche Empyreé, allaient arriver d’un moment à l’autre. Les gardiens arpentèrent mon enclos en m’examinant de la tête aux pieds, à l’affût du moindre défaut.

    Le cœur affolé, prête au combat, j’attendis le sénateur et la matriarche.

    Puis ils entrèrent.

    Dresseurs et gardiens s’agenouillèrent aussitôt devant eux. Le maître d’élevage prit leurs mains d’un geste révérencieux et les porta à ses joues.

    – C’est un immense honneur pour nous de recevoir votre visite.

    La peur m’envahit. Quel genre de créatures était-ce là pour que le redoutable maître des corrals lui-même se prosterne devant eux ? Le champ de force luminescent qui entourait ma cage me parut plus oppressant que jamais. Je me recroquevillai le plus loin possible. Le sénateur von Empyreé et sa femme s’approchèrent d’un pas tranquille et m’observèrent en silence à travers la barrière invisible.

    – Comme vous pouvez le constater, déclara le maître d’élevage, Némésis a presque le même âge que votre fille, et nous avons modelé son apparence physique selon vos instructions. Au cours des prochaines années, elle deviendra seulement plus robuste et plus puissante.

    – Êtes-vous certain que cette fille est dangereuse ? s’enquit le sénateur d’une voix traînante. On dirait un enfant effrayé.

    Ses mots me glacèrent.
    Il m’était interdit d’être effrayée. La peur me valait des décharges électriques, des réductions de rations, des mauvais traitements ; je ne devais jamais me montrer apeurée, devant personne. Je fixai le sénateur d’un regard féroce.
    Il sembla sur le point d’ajouter quelque chose, mais il se ravisa et tourna la tête.

    – Vous avez peut-être raison, grommela-t-il. Ses yeux ne trompent pas. On y décèle toute sa bestialité. Très chère, êtes-vous certaine de vouloir une chose aussi monstrueuse sous notre toit ?

    – Toutes les grandes familles possèdent un Diabolic, maintenant. Je refuse que notre fille soit la seule à ne pas bénéficier de protection rapprochée, déclara la matriarche, avant de s’adresser au maître d’élevage : Je tiens à être sûre que nous en aurons pour notre argent.

    – Bien entendu, répondit le responsable, qui fit signe à un assistant. Nous allons lui donner un leurre en pâture, et elle…

    – Non, pas de leurre, le coupa la femme, d’une voix cinglante. Nous ne voulons rien laisser au hasard. Nous avons amené trois détenus. Affronter ces criminels endurcis sera une épreuve suffisante.

    Le maître sourit.

    – Bien sûr, Grandeé von Empyreé. On n’est jamais trop prudent. Il existe tellement d’éleveurs incompétents… Némésis ne vous décevra pas.

    La matriarche adressa un hochement de tête à quelqu’un que je ne voyais pas. Le danger que je flairais depuis le début se matérialisa devant moi : on fit venir trois hommes aux mains entravées par des chaînes. Je me plaquai davantage contre le champ de force, dont je sentis les vibrations magnétiques dans mon dos. Une boule glaciale se forma dans mon ventre. Je savais ce qui allait se passer, ces hommes n’étaient pas les premiers qu’on me présentait.

     

    Alors, tentés?

  • [Livre] Too late

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    Résumé : Sloan n'a jamais eu une vie facile et elle a toujours dû se battre pour obtenir ce dont elle avait besoin. C'est justement pour échapper à une situation sans issue qu'elle a accepté de partager la vie de son petit ami, Asa. Depuis, elle étouffe dans cette relation toxique. De plus, c'est un homme à la morale douteuse qui se livre à de multiples trafics. Elle n'a pas le choix de partir et décide de supporter ce qu'il lui fait subir jusqu'à ce qu'elle puisse lui échapper. Seule. Personne ne peut l'aider à sortir de cette situation. Sauf peut-être Carter, cet étudiant aux multiples secrets qu'elle vient de rencontrer. Asa est prêt à tout pour garder Sloan. Il a besoin d'elle et il fait tout pour la persuader qu'elle ne peut pas se passer de lui. Personne ne s'interposera entre Sloan et lui. Sauf peut-être Carter.


    Auteur : Colleen Hoover

     

    Edition : Hugo Roman

     

    Genre : Drame

     

    Date de parution : 03 mai 2018

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Après avoir lu « Jamais plus » j’ai été très réticente à lire un autre roman de Colleen Hoover de crainte de la déception. Ce sentiment a été renforcé par le fait que l’auteur disait que ce livre était différent de ses autres livres. Et justement, ce livre a été pour moi un coup de cœur, donc si ses livres habituels sont différents, est ce qu’ils vont me plaire ou est ce que tout ça va être trop romance pour moi ?
    Et puis est sorti Too late. Et Colleen Hoover de dire que ce livre est différent de ses autres livres. Tiens donc ? Cette information m’a fait me radiner dans ma librairie comme ma chatte quand on ouvre une boîte de thon !
    Et je ne l’ai pas regretté. Si ce livre a failli ne pas entrer dans la catégorie « coup de cœur », j’expliquerais pourquoi, il reste qu’il en est un, et un gros.
    Sloan n’a jamais eu la vie facile et sa relation avec Asa n’est pas pour arranger les choses. Pourtant la jeune fille n’a guère le choix : Asa est la seule chance pour son petit frère handicapé de recevoir les soins dont il a besoin. Et pour son frère, Sloan est prête à tout accepter, à tout subir. Malgré tout la situation commence à lui peser de plus en plus et Asa se montre de plus en plus difficile à vivre.
    Pendant toute la durée du roman, je me suis demandée sui Asa est sociopathe ou schizophrène. Après la fin du roman, je ne suis toujours pas sûre de ce qu’il en est, même si je penche plus pour une option que pour l’autre.
    Le roman alterne entre les points de vue de Sloan, Asa et Carter ce qui nous permet de nous attacher aux personnages (enfin, nettement moins à Asa qu’aux deux autres).
    Asa est vraiment horrible, non content d’être un dealer, il est d’une jalousie maladive, violent (même s’il se contrôle avec Sloan la plupart du temps), infidèle, sans aucun respect pour qui que ce soit. Pour couronner le tout, il impose à plusieurs reprises des relations sexuelles non consenties à Sloan. Et c’est justement ce point qui a failli m’empêcher d’avoir un coup de cœur pour ce livre. Certes, les relations imposées à Sloan font parties du personnage d’Asa, cela participe à nous montrer sa psychologie et a donner du corps au personnage. Mais le problème que j’ai eu avec ses scènes est leur description un peu trop minutieuse. A chaque fois. Je veux bien que la première scène relatée soit décrite de manière assez détaillée, encore que certains détails n’apportent rien à l’histoire, mais je ne vois pas l’intérêt de décrire par le menu chacun de ces rapports, tout comme je ne vois pas l’intérêt de décrire minutieusement les rapports d’Asa avec ses conquêtes. Pour moi, dans ces moments là, on s’est rapproché des romances new adult, toutes conçues sur le même modèle, à savoir flirter avec le porno pour émoustiller les ados pré pubères. Ce n’est pas digne de ce livre qui aborde des sujets difficiles et qui, par ailleurs, le fait avec beaucoup de justesse.
    En plus d’Asa, qui est déjà assez dangereux à lui tout seul, Sloan est aux prises avec la concupiscence des acolytes de ce dernier. Si Asa fait en général assez peur pour que personne n’ose toucher sa copine, on sent que la peur qu’il inspire ne va plus faire le poids longtemps face à la rancœur que ressentent ses hommes en le voyant faire main basse sur leurs propres compagnes.
    Carter est mignon. Il veut sincèrement aider Sloan mais c’est un idéaliste qui veut tout réussir : sa mission, sauver Sloan… Il est assez naïf par certains aspects et ça se retourne à la fois contre lui et contre Sloan.
    Je sais que c’est une chose qui a dérouté beaucoup de lecteurs, mais personnellement, j’ai tout simplement adoré qu’il y ait une sorte de prologue à la fin du livre, ainsi que plusieurs épilogues. Ces aller-retour dans le temps sont vraiment un plus qui rendent la fin de ce roman explosive. A chaque fois qu’on se dit : on peut souffler… Et bien non.
    A tel point que quand c’est vraiment fini, on tourne la page avec une certaine méfiance, se demandant si l’auteur ne nous réserve pas un dernier rebondissement.
    Sérieusement, vraiment un coup de cœur.

     

    Un extrait : Des doigts tièdes entrelacent les miens, enfonçant davantage mes mains dans le matelas. J’ai les paupières trop lourdes pour les rouvrir tellement je manque de sommeil, cette semaine. Ce mois-ci, devrais-je dire.
    Ou plutôt toute cette putain d’année !
    Dans un gémissement, j’essaie de resserrer les jambes mis je n’y arrive pas. Je sens trop de pression partout. Sur ma poitrine, contre ma joue, entre mes cuisses. Il me faut plusieurs secondes pour dégager ma conscience de sa brume de sommeil, mais je suis assez consciente pour savoir ce qu’il est en train de faire. Je murmure d’un ton irrité :
    - Asa. Lâche-moi.
    Il pousse à plusieurs reprises de tout le poids de son corps sur le mien, geignant contre mon oreille, me griffant la joue de sa barbe matinale.
    - J’ai presque fini, chérie, souffle-t-il.
    J’essaie de dégager mes mains mais il les serre trop fort, me rappelant que je ne suis qu’une prisonnière dans mon propre lit, qu’il est le gardien de la chambre.
    Asa m’a toujours fait sentir que mon corps était à sa disposition. Il n’est pas méchant pour autant, il n’utilise jamais la force, mais il a continuellement envie de moi, et ça commence à m’exaspérer.
    Comme en ce moment.
    A six heures du matin.
    Le soleil vient de se lever, un rayon passe sous la porte ; Asa vient à peine de se coucher après la fête d’hier soir. Seulement moi, j’ai cours dans moins de deux heures. J’aurais préféré ne pas être réveillée de cette façon, après tout juste trois heures de sommeil.
    J’enroule les jambes autour de sa taille, en espérant lui donner l’impression que je prends du plaisir aussi. Dès que je me montre un peu intéressée, il termine plus vite.
    Il empaume mon sein droit et je laisse échapper le gémissement qu’il attend, à l’instant où il se met à trembler contre moi.
    - Merde ! grogne-t-il en enfouissant le visage dans mes cheveux.
    Maintenant, il oscille légèrement sur moi. Au bout de quelques secondes, il s’effondre dans un profond soupir, puis m’embrasse sur la joue et roule vers sa place sur le lit. Il se lève, ôte le préservatif, qu’il jette dans la poubelle, puis attrape une bouteille d’eau sur la table de nuit, la porte à sa bouche tout en promenant ses yeux sur mon corps dénudé. Ses lèvres s’étirent en un sourire indolent.
    - Ca me plait de penser que je suis le seul à pénétrer là-dedans.
    Il avale les dernières gorgées, debout, nu, à côté du lit.
    Difficile d’accepter ses compliments quand il surnomme mon corps « là-dedans ».
    Il est séduisant mais est loin d’être parfait. En fait, il n’a que des défauts, il est juste beau mec. Et aussi frimeur, susceptible, parfois difficile à gérer. Sauf qu’il m’aime. Il m’adore. Et je mentirais si je disais que je ne l’aime pas. Il y a tant de choses en lui que je voudrais changer si je le pouvais mais, pour le moment, je n’ai que lui, alors je m’en accommode. Il m’a accueillie quand je n’avais nulle part où aller, personne auprès de qui me tourner. Pour cette seule raison, je le supporte. Je n’ai pas le choix.

     

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  • [Livre] On achève bien les chevaux

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    Résumé : Gloria et moi avions été prévenus par de vieux routiers que la seule façon de tenir le coup jusqu'au bout dans un marathon de danse, c'était d'utiliser au mieux ces pauses de dix minutes grâce à une méthode précise : apprendre à manger son sandwich tout en se rasant et en se faisant soigner les pieds, apprendre à lire les journaux en dansant, apprendre à dormir sur l'épaule de son ou de sa partenaire ; mais tout cela, c'étaient des trucs de métier qui demandaient de l'entraînement. Au début, nous eûmes beaucoup de peine à nous y mettre, Gloria et moi.


    Auteur : Horace McCoy

     

    Edition : Folio

     

    Genre : Drame

     

    Date de parution : 1935 ; 1998 dans cette édition

     

    Prix moyen : 5€

     

    Mon avis : Dans ce livre, tout commence par la fin. Dès la première page, on sait que Robert est devant le juge pour le meurtre de Gloria. Chaque début de chapitre est un fragment de la sentence que le juge prononce à l’égard du jeune homme et, si on sait lire entre les lignes, on sait parfaitement quelle va être cette sentence.
    Mon soucis à ce sujet a été que lorsque j’arrivais au chapitre suivant, je ne me souvenais plus de ce que disait le fragment précédent et que du coup j’ai eu du mal à lire cette phrase comme ça par petit bout. J’ai d’ailleurs fini par la lire en une seule fois, en retournant au début de chaque chapitre pour relire chaque fragment les uns après les autres.
    Entre ces fragments de sentence, on reprend l’histoire de Robert et Gloria, de leur rencontre jusqu’au geste fatal du jeune homme. Leur histoire va tourner tout entière autour d’un marathon de danse. Il faut dire que le prix pour le gagnant est de 1000 dollars, une sacrée somme pour l’époque, de quoi appâter bon nombre de personnes. Même pour ceux qui ne vont pas gagner, la perspective de plusieurs repas par jour suffit à leur faire relever le défi. Et pourtant, les conditions du « jeu » relèvent plus de l’enfer que de la compétition. Les participants ne doivent jamais cesser de bouger, sauf pendant 10 minutes de pauses accordées toutes les deux heures. Autant dire que les repas chaud promis se prennent sur le pouce, que le sommeil n’est très vite plus qu’un vague souvenir et que l’épuisement, pour des personnes déjà à l’origine pas bien vaillantes, va très vite se révéler dangereux. Et comme si cela ne suffisait pas, les organisateurs mettent en place des « derby », des courses de vitesses au terme desquelles le couple arrivé en dernier sera éliminé. Autant vous dire que si les participants sont enthousiastes après quatre ou cinq heures de danse, ils le sont nettement moins après 700 heures. Car oui, les marathons durent des semaines entières, semaines pendant lesquelles les joueurs sont réduits à l’étant de loque, de zombies, qui ne bougent plus que mécaniquement parce que s’arrêter reviendrait à tout perdre.
    L’ouverture d’un bar va attirer la présence de gens peu recommandables et attirer l’œil désapprobateur groupes de moralité : des bourgeoises qui passent leur temps à donner des leçons aux autres et en particulier aux pauvres gens qui ont plus le souci de survivre que de se faire bien voir des rombières.
    J’ai bien aimé Robert. Il est enthousiaste et volontaire. Assez conscient de ses faibles chances de percer dans le cinéma mais voulant quand même se donner les moyens de se faire connaître.
    A l’inverse, j’ai eu énormément de mal avec Gloria. Ce n’est pas seulement qu’elle soit dépressive. Cela je pourrais le comprendre vu la vie qui est celle des pauvres à cette époque. Mais elle est négative, nocive, cherchant à entraîner quiconque lui parle dans le gouffre sans fond de morosité où elle semble se complaire.
    Je ne l’ai appréciée que dans une seule scène : celle où elle dit le fond de sa pensée aux bonnes femmes du groupe de moralité. C’était parfait, un peur instant de bonheur. Et tellement vrai en plus de ça !
    J’ai eu l’impression que Gloria arrivait à ses fins en entrainant Robert dans sa chute. Elle aurait pu mettre fin à ses jours seule dans un coin, mais non, insidieusement, elle le pousse à penser qu’il lui rend service.
    En à peine un peu plus de 200 pages, Horace McCoy démolit l’image du rêve américain (ce qui, était sûrement un choc pour tous en 1935, mais qui, pour nous lecteurs de 2018, ne fait que confirmer ce que l’on savait déjà sur le pseudo rêve américain, même s’il n’y a plus de marathon de danse).
    C’est un livre qui se lit très vite. Les chapitres sont courts et le rythme, à l’instar de la danse, ne ralentit jamais. On pourrait penser qu’il y aurait un goût de trop peu, mais non, l’histoire est parfaitement dosé et on en ressort en ayant l’impression que tout ce qu’il y avait à dire a été dit.

     

    Un extrait : C’est bizarre la façon ont j’ai connu Gloria. Elle aussi essayait de faire du cinéma, mais je ne l’ai su que plus tard. Je suivais l’avenue Melrose un jour en revenant des studios Paramount, quand j’entendis derrière moi quelqu’un brailler :

    « Eh ! Eh ! » Alors je me retournai et c’était elle qui accourait dans ma direction en me faisant de grands signes. Je m’arrêtai et, moi aussi, j’agitai la main. Lorsqu’elle parvint à ma hauteur, elle était hors d’haleine et tout animée, et je me rendis compte que je ne la connaissais pas.
    - Vacherie d’autobus ! fit-elle.
    Je tournai la tête et, en effet, à une cinquantaine de mètres plus loin, l’autobus descendait l’avenue vers les studios Western.
    - Oh ! Pardon ! dis-je. Je croyais que c’était à moi que vous faisiez signe…
    - Pourquoi vous aurais-je fait signe ?
    Je me mis à rire.
    - J’sais pas… Vous allez de mon côté ?
    - Tant qu’à faire, autant aller à pied chez Western, répondit-elle.
    Alors nous commençâmes à descendre l’avenue en direction de Western.
    C’est comme cela que tout a commencé et, à présent, cela me paraît tout à fait étrange. Je n’y comprends rien du tout. J’ai tourné et retourné tout ça dans ma tête et quand même je ne comprends pas.
    C’était pas un meurtre. Je veux rendre service à quelqu’un et, en fin de compte, je me fais tuer dans cette histoire.

     

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  • [Livre] Une famille trop parfaite

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    Résumé : Olivia Brookes et ses trois enfants se sont volatilisés.
    Pourtant, dans leur jolie maison des quartiers chic de Manchester, tout semble normal : la voiture de la jeune femme n'a pas bougé, aucune affaire ne semble manquer. Même le sac à main et le téléphone d'Olivia traînent encore dans la cuisine. Un mystère pour la police.
    Plus étrange encore : l'école assure ne pas avoir vu les enfants depuis plusieurs semaines ; Robert, le mari d'Olivia, semble plus furieux que désespéré ; et surtout, le nom de la jeune femme revient dans une ancienne affaire de disparition.
    Car, deux ans plus tôt, c'est Olivia qui lançait, affolée, un avis de recherche pour retrouver son mari et leurs enfants, dont elle était sans nouvelles...
    Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez les Brookes ? Quels sombres secrets cache cette famille que tout le voisinage pensait si tranquille ?


    Auteur : Rachel Abbott

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2017

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : Après avoir lu « la disparue de Noël », j’avais très envie de lire un autre livre de Rachel Abbott. Une famille trop parfaite se déroule quelques temps avant « la disparue de noël » et on retrouve le même duo de policier. Pour autant, ils ne prennent pas toute la place et restent un peu en retrait par rapport aux personnages qui composent l’intrigue.
    J’ai trouvé ce schéma très intéressant car l’enquête policière est un peu en filigrane de l’histoire. Elle fait avancer les choses sans qu’on ait l’impression d’être plongé dedans et de ne savoir que ce que la police nous révèle.
    Au niveau de l’histoire il a été assez déroutant pour moi de savoir plus ou moins dès le début ce qu’il se passait, de constater que mes  suppositions étaient les bonnes, mais de voir que le récit allait toujours un cran plus loin que ce que j’avais imaginé.
    Les personnages sont attachants, à l’exception de Robert, évidemment. Dès les premières lignes, j’ai été totalement du côté d’Olivia. Clairement Robert m’a déplu dès le premier instant et il m’aurait déplu ainsi même sans le prologue à cause de son attitude avec la police.
    L’auteur montre avec beaucoup de talent a quel point la manipulation psychologique est une forme de maltraitance même quand aucun coup n’est porté au conjoint ou aux enfants.
    Même quand parfois certains éléments paraissent n’avoir rien à voir avec l’histoire, on se rend compte quelque chapitres plus tard qu’ils sont des pièces indispensables au puzzle qui forme la vie de cette famille pas comme les autres.
    J’ai trouvé qu’Olivia avait un courage incroyable. Quand on pense à ce qu’elle a supporté et à ce qu’elle a mis en place pour protéger ses enfants, on se dit qu’elle est vraiment une dure à cuire, même si ce n’est pas perceptible au premier abord.
    J’ai beaucoup aimé que la police ne se cantonne pas à la première impression, qu’ils se méfient de tout et qu’ils remettent en question tout ce qu’on leur disait pour reconstruire ce puzzle. Ca change des livres où la police reste obtuse et braquée sur leurs premières constatations avant de réaliser, souvent suite à un drame, que, Ah, zut, ce n’était pas la bonne interprétation des faits.
    En bref, j’ai adoré ce livre et l’écriture de Rachel Abbott me plait toujours autant. J’ai deviné assez facilement les tenants et les aboutissants de l’histoire, mais ça ne m’a pas dérangé car l’auteur allait toujours plus loin que moi pour aller du point A au point B (Et puis, c’est comme dans Colombo, ce n’est pas parce qu’on connaît le coupable depuis le début que l’histoire n’est pas captivante).
    J’ai repéré deux autres titres de Rachel Abbott et j’ai hâte de me plonger dedans !

     

    Un extrait : Qui habite ici ?
    Cela pourrait être tout le monde et n’importe qui. Mais peut-être faut-il voir dans ce décor une réaction de Robert contre mon ancien appartement, où les murs orange et les tissus vert émeraude cohabitaient joyeusement. Ces couleurs rayonnaient de bonheur. Mais cette pièce, qu’est-ce qu’elle a à dire ?
    Rien.
    J’ai répondu à toutes les questions que le flic m’a posées. Je lui ai expliqué qu’il était impossible que Robert emmène les enfants voir de la famille ou des amis après le repas. Robert et moi n’avons plus de famille. Mes parents sont morts à l’époque où Jaz était bébé, et Robert n’a jamais connu son père. Sa mère est décédée quand il était petit, et ni lui ni moi n’avons de frère ou sœur. Ce sont là les tristes conséquences d’évènements que nous n’avons pas choisis.
    Mais comment expliquer le fait que je ne puisse pas citer un seul nom d’ami qu’il aurait pu aller voir avec les enfants ? Comment avons-nous pu devenir si isolés ? Si seuls ?
    Comment ? Je l’ignore. Je sais pourquoi, en revanche. Robert me veut pour lui toute seule. Il ne peut pas supporter l’idée de me partager avec qui que ce soit.
    J’aurais du me douter que quelque chose n’allait pas quand il m’a dit qu’il voulait sortir sans moi. Il n’avait jamais fait ça auparavant. Si seulement j’avais écouté, vraiment écouté ce qu’il me disait, j’aurais pu arrêter cela avant qu’il ne soit trop tard.
    « Olivia, m’a-t-il dit, il n’y a rien d’étrange à ce qu’un père emmène ses enfants manger des pizzas. D’ailleurs, il y a des pères qui sont toujours seuls avec leurs enfants. »
    Essayait-il de me dire quelque chose ? Avait-il percé à jour mes intentions ? Si mon mari avait été quelqu’un d’autre, n’importe qui, je me serais dit qu’il avait peut-être – peut-être – accepté l’idée que j’envisage de le quitter et qu’il essayait de prouver qu’il pouvait se débrouiller seul. Mais Robert n’est pas n’importe qui. Robert est Robert, et rien n’est jamais simple avec lui.
    Dans ma tête, j’ai passé en revue tous les scénarios possibles, et tous me glacent le sang. J’ignore ce qui est le pire : les images de mes bébés gisant quelque part à moitié morts ou mon autre crainte.
    Celle que je n’ose pas formuler avec des mots.

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  • [Livre] Mort-en-direct.com

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    Résumé : Adrian, professeur de psychologie, apprend qu'il est atteint d'une maladie dégénérative du cerveau provoquant, entre autres symptômes, des hallucinations.

    Un soir, il voit une jeune fille se faire embarquer de force dans une camionnette. Il est le seul à croire à un enlèvement. Sans l'aide de la police, Adrian doit, pour la sauver, recourir à un spécialiste des réseaux souterrains et illégaux : un pervers sexuel en liberté surveillée. Adrian la retrouvera-t-il avant de sombrer dans la folie ?


    Auteur : John Katzenbach

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 2013

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Dans ce livre, comme le protagoniste principal, on sait dès le début qu’un crime a été commis. On en sait même plus que lui car dès le début, on connait le nom et les intentions des ravisseurs de Jennifer.
    J’ai été choquée par l’inertie de la police qui part forcément du principe qu’une ado qui disparait ne peut qu’être fugueuse (et limite que si c’est plus que ça, elle l’aurait bien cherché en fuguant) et qui refuse de faire des recherches parce que c’est « compliqué ».
    Je n’ai pas trouvé d’intérêt au passé de la policière car ça n’apporte rien à l’histoire. On nous le raconte comme une anecdote sans que cela change l’attitude de la policière face à l’affaire de Jennifer.
    Les deux criminels qui ont enlevé la jeune fille ne semblent pas se considérer comme tels. Ils se voient comme des artistes incompris et, puisqu’il y a un marché pour le genre de « télé-réalité » qu’ils proposent, ils ne voient pas pourquoi ils s’abstiendraient ni qui aurait le droit de les en empêcher. Leur attitude fait vraiment froid dans le dos !
    Adrian, le protagoniste principal, est un homme brisé. Il a successivement vu mourir son frère, son fils, et sa femme et se retrouve seul face au diagnostic d’une force de démence foudroyante. Professeur et chercheur à l’université, cet homme brillant sait qu’il va décliner et se retrouver complètement dépendant. Quand il assiste, impuissant, à l’enlèvement de Jennifer il ne sait pas comment réagir dans un premier temps car un des symptômes de son mal est les hallucinations, qu’elles soient visuelles ou auditives. Adrian va être épaulé et aidé dans ses recherches par trois assistants de choix : son frère, sa femme et son fils. S’il sait que ce ne sont que des hallucinations et qu’ils ne font que lui révéler que ce que son cerveau a remarqué sans qu’il en ait conscience immédiatement, ces « apparitions » sont pour lui un soulagement.
    Il va être le meilleur allié de Jennifer car il n’a pas l’intention de laisser tomber et a bien l’intention d’aller jusqu’au bout de ses forces pour aider la jeune fille.
    Devant le refus de la police de faire le nécessaire, il va se risquer à la limite de la légalité pour embarquer dans l’affaire Mark Wolf, un pédophile en liberté surveillée.
    Mark Wolf est un personnage intéressant. D’un côté c’est un être ignoble, dont le nom même évoque le prédateur qu’il est, qui revendique sa pédophilie et qui n’a aucune intention de se soigner, juste de faire attention à rester sous les radars, de l’autre, il prend soin de sa mère malade avec beaucoup d’attention. Même si ses motivations ne sont guère altruistes, il est la meilleure chance d’Adrian pour trouver Jennifer.
    Parallèlement aux recherches que mènent Adrian et Wolf, on suit également Jennifer, dans le lieu où elle est retenue prisonnière. Cette adolescente de 16 ans seulement force l’admiration. Elle se résigne et obéit juste ce qu’il faut pour ne pas s’attirer les foudres de ses ravisseurs tout en faisant tout ce qui est en son pouvoir pour conserver son identité et ne pas être réduite à « numéro 4 ».
    Régulièrement, on peut également voir les réactions de ceux qui regardent « l’émission ». Leur comportement fait froid dans le dos. D’autant plus qu’on trouve là toute sorte de personnes et pas seulement des pédophiles lubriques enfermés dans leur sous-sol. A aucun moment l’un d’eux ne semble prendre conscience que Jennifer est une adolescente, avec une famille qui doit être morte d’inquiétude, aucun d’entre eux ne semble avoir l’intention de prévenir les autorités.
    J’ai une petite réserve sur la fin parce que je trouve que trop souvent les auteurs de thriller font se terminer leur histoire de la même façon qui semble être la solution de facilité. Mais en dehors de ce petit bémol, j’ai bien aimé ce thriller avec une trame originale.

    Un extrait : Jennifer Riggins ne se retourna pas tout de suite quand la camionnette s’approcha d’elle. Elle ne pensait qu’à une chose : rejoindre au plus vite l’arrêt de bus, à un kilomètre de là, sur l’avenue la plus proche. D’après le plan de fuite qu’elle avait soigneusement préparé, le bus la conduirait au centre-ville. Elle y prendrait un autocar pour une gare plus importante, à Springfield, à une trentaine de kilomètres. De là, elle pourrait aller n’importe où. Dans la poche de son jean, elle avait plus de trois cents dollars qu’elle avait volé peu à peu - dix par ci, cinq par là – dans le sac de sa mère ou le portefeuille de l’amant de cette dernière. Elle avait pris son temps plus d’un mois, pour rassembler l’argent qu’elle cachait dans une boîte au fond d’un tiroir, sous son linge. Elle avait veillé à ne jamais en prendre trop pour qu’ils ne s’en rendent pas compte. Des petites sommes, dont la disparition passait inaperçue.
    Le montant qu’elle s’était fixé devait lui suffire pour aller à New York ou Nashville, voire à Miami ou Los Angeles. Pour son dernier larcin, tôt ce matin-là, elle n’avait pris qu’un billet de vingt et trois d’un dollar, et elle avait dérobé la carte visa de sa mère. Elle n’était pas sûre de savoir où elle allait. Là où il faisait chaud, espérait-elle. Mais n’importe quel endroit lui conviendrait, du moment qu’il était éloigné et différent. C’est exactement ce à quoi elle pensait quand la camionnette s’était arrêtée non loin d’elle. Je peux aller où je veux…

    - Hé, mademoiselle ! cria l’homme assis à côté du chauffeur. Vous avez une seconde, j’ai besoin d’un renseignement.

    Elle s’arrêta et fit face au passager de la camionnette. Sa première impression fut qu’il ne s’était pas rasé. Elle se dit qu’il avait une vois bizarrement aigüe et qu’il était plus excité que sa question banale ne le justifiait.

     

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  • C'est lundi que lisez-vous? #182

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog de Galleane.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

    lectures de la semaine passée.jpg

    fangirl.jpg La meute du phenix T03.jpg elisabeta.jpg

     

    2ème semaine de mon challenge "compte tes pages"

    Lundi: 79p

    Mardi: 137p

    Mercredi: 162p

    Jeudi: 00p (en fait j'ai oublié de compter, c'est donc reporté sur vendredi)

    Vendredi: 224p

    Samedi: 511p

    Dimanche: 312p

     

    Total lu sur la semaine: 1425p

     

    lecture en cours.jpg

    suzon.jpg Les hauts de hurlevent.jpg

     

    mes prochaines lectures.jpg

    elisabeta.jpg fangirl.jpg La meute du phenix T03.jpg

    Le journal intime d'un arbre.jpg Les intrus.jpg Maybe someday.jpg

    qui es tu Alaska.jpg rouge toxic.jpg Sleepy hollow.jpg

    suzon.jpg Une robe couleur du temps T03.jpg

     

    Et vous, que lisez vous?

  • Premières lignes #24

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.
    Pour ma part, j’ai décidé de vous faire découvrir mes coups de cœurs !

     

    Cette semaine, je vous présente La perle et la coquille de Nadia Hashimi dont vous pouvez lire ma chronique ICI.

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    SHAHLA NOUS ATTENDAIT, POSTÉE DEVANT LA PORTE DE notre maison, dont le métal vert vif rouillait sur les bords. Elle tendait le cou. Au tournant, Parwin et moi décelâmes le soulagement dans ses yeux. Nous n’avions pas intérêt à être en retard une fois de plus.
    Parwin me lança un regard et nous pressâmes le pas. Nous fîmes de notre mieux pour ne pas courir. Nos semelles de caoutchouc claquaient contre la route et soulevaient des nuages de poussière. L’ourlet de nos jupes battait contre nos chevilles. Mon foulard collait à mon front où perlait la sueur. Il en était sûrement de même pour celui de Parwin, vu qu’il ne s’était pas encore envolé.
    Maudits garçons. C’était leur faute ! Avec leurs sourires effrontés et leurs pantalons déchirés ! Ce n’était pas la première fois qu’ils nous mettaient en retard.
    Nous dépassâmes à toute vitesse les portes des maisons : bleue, violet, bordeaux. Des taches de couleur sur une toile d’argile.
    Shahla nous fit signe de la rejoindre.
    — Dépêchez-vous ! chuchota-t-elle fiévreusement.
    Haletantes, nous la suivîmes à l’intérieur. La porte se referma dans un fracas métallique.
    — Parwin ! Pourquoi as-tu fait ça ?
    — Désolée, désolée ! Je ne savais pas que ça ferait autant de bruit.
    Shahla leva les yeux au ciel, tout comme moi. Parwin laissait toujours la porte se claquer derrière elle.
    — Que faisiez-vous, tout ce temps ? Vous n’avez pas pris le raccourci derrière la boulangerie ?
    — On ne pouvait pas, Shahla ! Il était là-bas !
    Nous avions contourné la place du marché, évitant la boulangerie autour de laquelle traînaient les garçons, épaules voûtées, regards scrutateurs balayant la jungle kaki qu’était notre village.
    Après les matchs de football improvisés dans la rue, c’était le sport préféré des garçons en âge d’aller à l’école – regarder les filles. Ils rôdaient, attendaient que nous sortions de nos salles de classe. Dès qu’on s’éloignait de l’établissement, il arrivait qu’un garçon se faufile entre voitures et piétons pour suivre la fille innocente qui lui avait tapé dans l’œil. En la pistant, il revendiquait son droit sur elle. C’est ma copine, se vantait-il alors auprès de ses camarades, la place est prise. Ce jour-là, ma sœur de douze ans, Shahla, s’était trouvée malgré elle dans la ligne de mire.
    Pour le garçon, ce petit jeu était censé flatter la fille. Mais celle-ci prenait peur avant tout, car les gens préféraient croire qu’elle avait volontairement attiré les regards sur elle. En fait, les garçons n’avaient que peu de distractions.
    — Shahla, où est Rohila ? murmurai-je, le cœur battant la chamade tandis que nous traversions la maison sur la pointe des pieds.
    — Elle est allée porter de la nourriture aux voisins. Madar-jan leur a préparé des aubergines. Je crois que quelqu’un est mort là-bas.
    Mort ? Mon estomac se noua et j’emboîtai le pas à Shahla.
    — Où est Madar-jan ? chuchota nerveusement Parwin.
    — Elle est allée coucher le bébé, répondit Shahla en se tournant vers nous. Alors vous avez intérêt à ne pas faire trop de bruit, sinon elle saura que vous venez à peine de rentrer.
    Parwin et moi nous figeâmes soudain. En voyant nos yeux écarquillés, Shahla se décomposa. Elle se retourna brusquement et tomba nez à nez avec Madar-jan. Celle-ci venait d’ouvrir la porte de service et se tenait dans la petite cour pavée située à l’arrière de la maison.
    — Votre mère a parfaitement conscience de l’heure à laquelle vous êtes rentrées et aussi du genre d’exemple que votre grande sœur vous donne.
    Ses bras croisés étaient aussi crispés que le ton de sa voix.
    Shahla, honteuse, baissa la tête. Parwin et moi essayâmes d’éviter le regard foudroyant de Madar-jan.
    — Où étiez-vous passées ?
    Comme j’aurais aimé lui dire la vérité !
    Un garçon, qui avait la chance de posséder une bicyclette, avait suivi Shahla, nous avait doublées avant de décrire des cercles devant nous. Shahla ne lui prêtait pas attention. Quand je murmurai à son oreille qu’il la regardait, elle me fit taire, comme si le seul fait d’en parler rendait cela plus réel. À la troisième boucle, il s’approcha dangereusement.
    Il fit demi-tour puis revint vers nous. Il descendit la rue à toute allure, avant de ralentir en nous rejoignant. Shahla détournait le regard en prenant un air énervé.
    — Parwin, attention !
    Avant que je puisse écarter ma sœur, la roue avant du cycliste harceleur roula sur une boîte de conserve, vacilla de gauche à droite, puis fit une embardée pour éviter un chien errant. La bicyclette fonça alors sur nous. Sourcils dressés, bouche bée, le garçon luttait pour ne pas perdre l’équilibre. Il effleura Parwin avant de dégringoler sur le perron d’un marchand d’épices.
    — Oh, mon Dieu ! s’exclama Parwin tout étourdie. Regarde-le ! Les quatre fers en l’air !
    — Tu crois qu’il est blessé ? demanda Shahla la main sur la bouche, à croire qu’elle n’avait jamais rien vu d’aussi tragique.
    — Parwin, ta jupe !
    Mes yeux étaient passés du visage inquiet de Shahla à l’ourlet déchiré de la jupe de Parwin. Les câbles dentelés reliant les rayons du vélo s’y étaient accrochés.
    C’était son uniforme d’école tout neuf et Parwin se mit instantanément à pleurer. Nous savions que si Madar-jan le répétait à notre père, il nous confinerait à la maison et nous priverait d’école. C’était déjà arrivé par le passé.

     

    Alors, tentés?

  • [Film] Cinquante nuances plus claires

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    Titre original
     : Fifty Shades Freed

     

    Réalisé par : James Foley

     

    Date de sortie : 07 février 2018

     

    Genre : Romance

     

    Pays d’origine : USA

     

    Durée : 1h46

     

    Casting : Dakota Johnson, Jamie Dornan,

     

    Résumé : Pensant avoir laissé derrière eux les ombres du passé, les jeunes mariés Christian et Ana profitent pleinement de leur relation tortueuse et partagent une vie de luxe. Mais alors qu’Anastasia commence tout juste à s’adapter à son nouveau rôle de Madame Grey et que Christian s’ouvre finalement à elle, de nouvelles menaces viennent mettre en péril leur vie commune avant même qu’elle n’ait débuté. 

     

    Mon avis : Alors que le livre est certainement le plus riche en événements de la trilogie, paradoxalement ce film est le plus court des trois.
    De nombreuses scènes ont ainsi été raccourcies ou carrément supprimées. Ce qui parfois rend plus superficiels les personnages car les raisons profondes de leurs réactions ne sont pas traitées.
    La trame du livre est plutôt bien respectée. Contrairement à certaines adaptations où on se dit que des scènes ont été inventées pour remplacer d’autres qui ont été supprimées, ici, les scènes présentes dans le film le sont dans le livre. Mais parfois, elles sont comme survolées.
    Ana s’affirme encore un peu plus dans ce volet, n’hésitant pas à remettre vertement Christian à sa place quand il va trop loin dans son besoin de contrôle.
    D’ailleurs, s’il y a une chose qui m’a énervée dans le livre comme dans le film, c’est le fait que les gardes du corps que Christian impose à Ana (suite à diverses menaces) la traitent parfois comme une enfant qu’ils doivent surveiller. Quand elle veut se déplacer, aller voir une amie, ils commencent par refuser systématiquement au prétexte que Mr Grey leur a donner des instructions, puis, quand Ana ne leur laisse pas le choix, ils s’empressent de prévenir Christian des faits et gestes de sa femme. Je n’ai pas réussi à comprendre comment Ana, qui le remet à sa place, déserte le lit conjugal pour lui donner une leçon, n’en fait qu’à sa tête la plupart du temps, peut supporter d’être ainsi placer sous surveillance.

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    Dans ce tome, les scènes sexuelles sont mises en arrière-plan au profit de scènes plus familiales, du quotidien

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    et surtout aux problèmes que Jack Hyde continue à causer, passant à la vitesse supérieure dans la haine qu’il voue à Christian et Ana. J’ai d’ailleurs trouvé que le scénario montraient bien l’étendu des problèmes psychologiques de Jack en quelques phrases bien placées.

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    Petit reproche sur le scénario, quand le docteur appelle Ana pour lui dire qu’elle a raté son RDV pour faire sa piqûre contraceptive, j’ai trouvé dommage que cette info tombe comme un cheveu sur la soupe quand, dans le film précédent, ils ne parlaient que de pilule. Il aurait été de laisser en place la scène ou Ana se décide pour cette contraception, histoire que les gens qui n’ont pas lu le livre ne se demandent pas de quoi il s’agit !
    Comme dans le second tome, j’ai regretté que la dimension psychologique de Christian ne soit pas mieux exploité, mais de toute évidence, le réalisateur ne voulait surtout pas donner matière à réfléchir.
    Mais il réussit quand même à atteindre son but : divertir et clôturer cette trilogie de manière satisfaisante.
    Bien sûr, en ayant lu les livres, on trouvera toujours que le film n’est pas assez complet, mais au final, on a quand même là une belle conclusion.



  • [Livre] Les dames blanches

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    Résumé : Une étrange bulle blanche d’une cinquantaine de mètres de diamètre est découverte un jour dans une bourgade de l’ouest de la France. Elle attire et capture Léo, trois ans, le fils d’Élodie. D’autres bulles apparaissent, grossissent, et l’humanité échoue à les détruire. Leur activité magnétique de plus en plus importante perturbe les réseaux électriques et numériques, entraînant une régression technologique sans précédent. Seule l’ « absorption » de jeunes enfants semble ralentir leur expansion…La peur de disparaître poussera-t-elle l’humanité à promulguer la loi d’Isaac ? Mais peut-on élever un enfant en sachant qu’il vous sera arraché à ses trois ans ? Camille, qui a elle-même perdu un fils, et son ami Basile, d’origine malienne – ufologue de son état – vont essayer de percer le mystère des dames blanches afin d’éviter le retour à la barbarie.


    Auteur : Pierre Bordage

     

    Edition : L’Atalante

     

    Genre : Science-Fiction

     

    Date de parution : 21 Mai 2015

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Ce livre ne fait pas de cadeau à l’humanité. De grosses bulles blanches, indestructibles, apparaissent un peu partout dans le monde. Quelques enfants sont absorbés à l’intérieur des bulles et il n’en faut pas plus à l’ensemble des gouvernements pour décréter qu’il s’agit là d’entités intelligentes et hostiles à l’homme.
    Pour autant, bien que grossissant régulièrement, les bulles ne montrent aucune agressivité et ne semblent ne rien faire d’autre que d’absorber les enfants de moins de 4 ans qui s’approchent un peu trop d’elles.
    Devant l’impossibilité de détruire les « intruses », devant le nombre grandissant d’enfants « capturés » par les bulles, les gouvernements, sur l’impulsion de l’ONU, décident de les combattre en se servant d’enfants de moins de 4 ans.
    C’est d’une logique : les bulles capturent des enfants, donc on leur en donne encore plus…normal.
    Au début, personne ou presque ne s’émeut vraiment de ces pratiques car les enfants sacrifiés sont des orphelins, mais, très vite, il n’y a plus d’orphelin dans la bonne tranche d’âge et l’ONU va voter la loi Isaac, recommandant aux pays membres de mettre en place des sanctions très sévères contre ceux qui refusent de s’y plier (clairement, ils incitent les pays à mettre en place la peine de mort).
    Qu’est-ce que la loi Isaac, me direz-vous ? C’est tout simplement le sacrifice organisé des enfants en obligeant chaque couple à donner un « Isaac » soit un enfant pour qu’il soit sacrifié. Vous vous doutez bien que cette loi ne va pas passer toute seule ! La population va être divisée entre ceux qui n’ont pas d’enfants et qui ne voient aucun problème à ce que des enfants soient sacrifiés, ceux qui ont des enfants et qui considèrent de « fabriquer un enfant sacrificiel » est un devoir, ceux qui sont haut placés et échappent à cette loi mais qui sont intransigeant sur son application (aux autres, bien sûr) et enfin ceux qui ont bien l’intention de se battre bec et ongles contre cette loi absolument inhumaine.
    Ce qui fait le plus peur dans ce livre et que je suis intimement persuadée que les choses se passeraient exactement comme cela. Du début à la fin !
    J’ai vraiment aimé ce livre mais il m’a manqué un petit quelque chose pour qu’il passe de « bonne lecture » à « j’ai beaucoup aimé ».
    Ce petit quelque chose, ce sont les personnages. Le livre se déroule sur quasiment le temps d’une vie humaine et pour cela, présente de nombreuses ellipses narratives. Il se passe parfois de nombreuses années entre deux chapitres et, personnellement, ça m’a empêchée de m’attacher aux personnages.
    Or, pour avoir un coup de cœur, j’ai besoin de m’attacher aux personnages (pas forcément de les aimer, cela dit).

     

    Un extrait : Le capitaine de gendarmerie observait la sphère blanche avec le même air réprobateur qu’il aurait considéré un homme ivre au volant : la chose était une anomalie dans l’ordre et l’harmonie censés régner dans ce paysage bucolique des Deux-Sèvres. Le petit peloton de trois hommes et une femme s’était déployé à une dizaine de mètres de ce qu’ils surnommaient avec emphase le phénomène.

    « Vous affirmez que cette… boule a avalé votre fils ? »

    La moue perplexe du capitaine exaspéra Élodie.

    « Vous avez vu comment ça s’est passé ? » insista l’officier.

    Le mouvement de tête de la jeune femme décrocha les larmes perlant à ses cils. Le pull irlandais qu’elle avait passé par-dessus son tee-shirt et son pantalon ne suffisait pas à la réchauffer.

    « Je suis tombée au moment où il a disparu. Mais, avant, j’ai pu voir cette bulle avaler des buissons et des rochers.

    — Pourquoi ne vous a-t-elle pas avalée en ce cas ? »

    Elle se fendit d’un long soupir ; elle était tombée sur l’officier de gendarmerie le plus borné de la région.

    « Comment voulez-vous que je le sache ? Qu’est-ce que vous attendez pour délivrer Léo ? »

    Le capitaine secoua la tête.

    « C’est que… on ne sait pas trop ce qu’elle renferme. Il s’agit peut-être d’une arme d’un genre nouveau. Possible qu’elle contienne un gaz toxique, ou une autre saloperie. Il nous faut prendre des précautions. Je dois en référer au préfet.

    — Nous perdons du temps, hurla Élodie. Mon fils est là-dedans, chaque seconde compte.

    — Elle n’a pas tort, intervint la femme gendarme.

    — On ne vous a pas demandé votre avis, Kagalri, rétorqua le capitaine. C’est encore moi qui prends les décisions. »

    Il tira son téléphone portable de la poche de sa veste et s’éloigna d’un pas saccadé. La femme gendarme, une brune au teint mat et aux yeux couleur d’ambre, s’approcha d’Élodie.

    « Désolée : mon chef est un trouillard, il ne prend aucune initiative sans être couvert par la hiérarchie. »

    Élodie hocha la tête. Les larmes, de nouveau, sillonnèrent ses joues.

    « J’ai frappé cette bulle avec un objet pointu, murmura-t-elle. Impossible de la percer. »

    La femme gendarme contempla la sphère pendant quelques secondes en se mordant la lèvre inférieure, la main droite enroulée autour de la crosse de son pistolet en partie dégainé.

    « Il y a forcément un moyen de déchirer cette espèce de champignon géant. »

     

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