Résumé : Adrian, professeur de psychologie, apprend qu'il est atteint d'une maladie dégénérative du cerveau provoquant, entre autres symptômes, des hallucinations.
Un soir, il voit une jeune fille se faire embarquer de force dans une camionnette. Il est le seul à croire à un enlèvement. Sans l'aide de la police, Adrian doit, pour la sauver, recourir à un spécialiste des réseaux souterrains et illégaux : un pervers sexuel en liberté surveillée. Adrian la retrouvera-t-il avant de sombrer dans la folie ?
Auteur : John Katzenbach
Edition : France Loisirs
Genre : Thriller
Date de parution : 2013
Prix moyen : 15€
Mon avis : Dans ce livre, comme le protagoniste principal, on sait dès le début qu’un crime a été commis. On en sait même plus que lui car dès le début, on connait le nom et les intentions des ravisseurs de Jennifer.
J’ai été choquée par l’inertie de la police qui part forcément du principe qu’une ado qui disparait ne peut qu’être fugueuse (et limite que si c’est plus que ça, elle l’aurait bien cherché en fuguant) et qui refuse de faire des recherches parce que c’est « compliqué ».
Je n’ai pas trouvé d’intérêt au passé de la policière car ça n’apporte rien à l’histoire. On nous le raconte comme une anecdote sans que cela change l’attitude de la policière face à l’affaire de Jennifer.
Les deux criminels qui ont enlevé la jeune fille ne semblent pas se considérer comme tels. Ils se voient comme des artistes incompris et, puisqu’il y a un marché pour le genre de « télé-réalité » qu’ils proposent, ils ne voient pas pourquoi ils s’abstiendraient ni qui aurait le droit de les en empêcher. Leur attitude fait vraiment froid dans le dos !
Adrian, le protagoniste principal, est un homme brisé. Il a successivement vu mourir son frère, son fils, et sa femme et se retrouve seul face au diagnostic d’une force de démence foudroyante. Professeur et chercheur à l’université, cet homme brillant sait qu’il va décliner et se retrouver complètement dépendant. Quand il assiste, impuissant, à l’enlèvement de Jennifer il ne sait pas comment réagir dans un premier temps car un des symptômes de son mal est les hallucinations, qu’elles soient visuelles ou auditives. Adrian va être épaulé et aidé dans ses recherches par trois assistants de choix : son frère, sa femme et son fils. S’il sait que ce ne sont que des hallucinations et qu’ils ne font que lui révéler que ce que son cerveau a remarqué sans qu’il en ait conscience immédiatement, ces « apparitions » sont pour lui un soulagement.
Il va être le meilleur allié de Jennifer car il n’a pas l’intention de laisser tomber et a bien l’intention d’aller jusqu’au bout de ses forces pour aider la jeune fille.
Devant le refus de la police de faire le nécessaire, il va se risquer à la limite de la légalité pour embarquer dans l’affaire Mark Wolf, un pédophile en liberté surveillée.
Mark Wolf est un personnage intéressant. D’un côté c’est un être ignoble, dont le nom même évoque le prédateur qu’il est, qui revendique sa pédophilie et qui n’a aucune intention de se soigner, juste de faire attention à rester sous les radars, de l’autre, il prend soin de sa mère malade avec beaucoup d’attention. Même si ses motivations ne sont guère altruistes, il est la meilleure chance d’Adrian pour trouver Jennifer.
Parallèlement aux recherches que mènent Adrian et Wolf, on suit également Jennifer, dans le lieu où elle est retenue prisonnière. Cette adolescente de 16 ans seulement force l’admiration. Elle se résigne et obéit juste ce qu’il faut pour ne pas s’attirer les foudres de ses ravisseurs tout en faisant tout ce qui est en son pouvoir pour conserver son identité et ne pas être réduite à « numéro 4 ».
Régulièrement, on peut également voir les réactions de ceux qui regardent « l’émission ». Leur comportement fait froid dans le dos. D’autant plus qu’on trouve là toute sorte de personnes et pas seulement des pédophiles lubriques enfermés dans leur sous-sol. A aucun moment l’un d’eux ne semble prendre conscience que Jennifer est une adolescente, avec une famille qui doit être morte d’inquiétude, aucun d’entre eux ne semble avoir l’intention de prévenir les autorités.
J’ai une petite réserve sur la fin parce que je trouve que trop souvent les auteurs de thriller font se terminer leur histoire de la même façon qui semble être la solution de facilité. Mais en dehors de ce petit bémol, j’ai bien aimé ce thriller avec une trame originale.
Un extrait : Jennifer Riggins ne se retourna pas tout de suite quand la camionnette s’approcha d’elle. Elle ne pensait qu’à une chose : rejoindre au plus vite l’arrêt de bus, à un kilomètre de là, sur l’avenue la plus proche. D’après le plan de fuite qu’elle avait soigneusement préparé, le bus la conduirait au centre-ville. Elle y prendrait un autocar pour une gare plus importante, à Springfield, à une trentaine de kilomètres. De là, elle pourrait aller n’importe où. Dans la poche de son jean, elle avait plus de trois cents dollars qu’elle avait volé peu à peu - dix par ci, cinq par là – dans le sac de sa mère ou le portefeuille de l’amant de cette dernière. Elle avait pris son temps plus d’un mois, pour rassembler l’argent qu’elle cachait dans une boîte au fond d’un tiroir, sous son linge. Elle avait veillé à ne jamais en prendre trop pour qu’ils ne s’en rendent pas compte. Des petites sommes, dont la disparition passait inaperçue.
Le montant qu’elle s’était fixé devait lui suffire pour aller à New York ou Nashville, voire à Miami ou Los Angeles. Pour son dernier larcin, tôt ce matin-là, elle n’avait pris qu’un billet de vingt et trois d’un dollar, et elle avait dérobé la carte visa de sa mère. Elle n’était pas sûre de savoir où elle allait. Là où il faisait chaud, espérait-elle. Mais n’importe quel endroit lui conviendrait, du moment qu’il était éloigné et différent. C’est exactement ce à quoi elle pensait quand la camionnette s’était arrêtée non loin d’elle. Je peux aller où je veux…
- Hé, mademoiselle ! cria l’homme assis à côté du chauffeur. Vous avez une seconde, j’ai besoin d’un renseignement.
Elle s’arrêta et fit face au passager de la camionnette. Sa première impression fut qu’il ne s’était pas rasé. Elle se dit qu’il avait une vois bizarrement aigüe et qu’il était plus excité que sa question banale ne le justifiait.