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  • Premières lignes #91

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.

    Cette semaine, je vous présente Toute la vérité sur Ella Black de Emily Barr

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    Quarante jours avant sa mort

    Recroquevillée sur un banc, je frissonne, mais je suis occupée alors je me fiche d’avoir un peu froid. J’ai un crayon et un carnet à dessin en équilibre sur les genoux et je suis assise dans un parc, adossée à Jack qui lit un livre. Je fais face au palais de Westminster, très concentrée sur mon dessin. Pourtant, ce n’est pas la vue que je dessine – j’ai déjà quelques pages de Big Ben dans mon carnet. Aujourd’hui, c’est autre chose qui semble vouloir apparaître sur la page.
    — Tu as bientôt fini ? demande Jack. Prends tout le temps qu’il te faut, bien sûr, mais il va pleuvoir et…
    Il se retourne pour regarder mon dessin.
    — Ah, fait-il. Ah ouais, une interprétation métaphorique du paysage ?
    — C’est ça.
    — Ella Black m’a fait grelotter sur un banc pendant une heure pour dessiner… Ella Black.
    — Ce n’est pas Ella Black.
    — Désolé de te l’apprendre, ma belle, mais je crois bien que si.
    Je baisse les yeux vers le papier. Elle me ressemble, mais ce n’est pas moi. J’aimerais que Jack s’en rende compte, même si je ne vois pas comment faire. Si je lui expliquais, il finirait sans doute par comprendre, mais ça n’arrivera pas. Je laisse échapper un petit rire nerveux et lui aussi.
    — Et ton livre, il est comment ? je demande.
    — Génial, en fait. On est en plein dans l’apocalypse. Et tu sais quoi ? Tu as raison. Ce dessin, ce n’est pas tout à fait toi. C’est toi avec un regard de folle. Toi en train de penser à quelque chose que tu hais, pas vrai ?
    Je lève les yeux vers lui et respire un bon coup.
    — Oui, je dis. Oui, voilà. C’est exactement ça.
    — Ce n’est pas à moi que tu penses, au moins ?
    Je le regarde. Blond, quelconque, il est l’un de mes deux meilleurs amis. L’un des deux seuls amis que j’ai au monde. J’adore sa bouille. J’adore tous les secrets qu’on partage. Sauf que moi, je connais son grand secret, mais lui ne connaît pas tous les miens. Cela dit, il est possible qu’il me cache aussi des choses.
    C’est même sûrement le cas.
    — Évidemment que non, idiot, je lui réponds.
    Au même instant, une goutte de pluie s’écrase sur mon dessin et efface en partie le visage. Je ferme le carnet, Jack range son thriller apocalyptique, et nous courons nous abriter sous un arbre. Nous restons là, sous l’averse, à regarder les gens qui pressent le pas vers des destinations mystérieuses. Quand la pluie se sera un peu calmée, nous marcherons jusqu’à Trafalgar Square pour aller prendre un train qui nous ramènera dans le Kent.
    Nous avons profité des vacances de mi-trimestre pour aller faire un tour à Londres. Nous avons passé la matinée à visiter les galeries d’art, avant d’acheter des livres et de nous asseoir dans ce parc. J’ai d’abord essayé de dessiner la jolie vue, mais à la place je me suis dessinée avec des yeux de folle. Je sais pourquoi. Et je suis contente de l’avoir fait.
    À la gare de Charing Cross, c’est déjà l’heure de pointe. Il est plus tard que ce qu’on croyait. C’était bien la peine de passer la majeure partie de l’après-midi les yeux rivés sur l’une des pendules les plus célèbres du monde.
    — On s’est bien plantés, commente Jack.
    — Tu m’étonnes.
    Le hall de la gare grouille de monde, pas seulement des banlieusards qui rentrent chez eux après une journée de boulot (même s’ils sont les plus nombreux), mais aussi des jeunes comme Jack et moi qui ont profité de leur première journée de vacances pour faire un peu de tourisme à Londres et ont oublié de rentrer avant ou après le pic d’affluence. Si nous prenons le bon train, le trajet ne devrait pas durer plus d’une quarantaine de minutes, mais sans doute pas dans les meilleures conditions. Nous venons d’une banlieue-dortoir, comme des milliers d’autres gens.


    Alors, tentés?

  • [Livre] Horizons – T01 – Sombre balade

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    Résumé : 2107. Deux ans plus tôt, le monde est dévasté de façon brutale et soudaine. Aujourd’hui, il n’en reste que des ruines, de la poussière et des cadavres. Les rares rescapés tentent de subsister, tiraillés entre les milices locales et les grandes organisations qui se disputent les territoires épargnés tels des vautours. C’est à travers une France hostile et ravagée par la folie des Hommes que Xalyah, une jeune femme solitaire et endurcie, brave tous les dangers pour accomplir son seul et unique objectif : retrouver les siens. Le reste n’a pas d’importance, les autres non plus. Sauf qu’elle réalisera bientôt que pour parvenir à ses fins et survivre, il lui faudra accepter de baisser la garde et faire les bons choix...


    Auteur : Lysiah Maro

     

    Edition : Inceptio

     

    Genre : Science-Fiction

     

    Date de parution : 22 novembre 2018

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : J’ai toujours aimé les romans post apocalyptique (mais je ne suis pas une grande fan des zombies), alors, pour une fois que l’un d’eux se passe en France, je n’allais certainement pas le laisser passer.
    J’ai beaucoup aimé Xalyah. Si elle a des capacités étonnantes chez une personne si jeune, probablement dues à un entrainement intensif, cela ne l’empêche pas de commettre des erreurs : erreurs d’appréciation, erreurs dues à son impulsivité, parfois à sa méfiance envers les autres.
    Je partage son exaspération envers les gens qui s'entre-tuent pour une boite de conserve plutôt que de s’unir face aux organisations qui ont (et continuent d’ailleurs) détruit le pays.
    L’univers est expliqué de manière assez succincte et on a plus de questions que de réponses. Mais les raisons qui ont conduit le pays, et le monde, ainsi que leurs conséquences, se dévoilent peu à peu, et je ne doute pas que l’on finira par avoir les réponses à toutes nos questions.
    De la même manière, le passé des personnages n’est dévoilé que très progressivement.
    Au niveau de l’écriture, on ne croirait pas avoir affaire à un premier roman. Je n’ai repéré que deux coquilles (un inversion de prénom page 165 et « dur à cuir » au lieu de « dur à cuire » page 211), ce qui est exceptionnellement peu.
    Le rythme est entrainant et ne faiblit pas, le ton et le vocabulaire sont parfaitement adaptés au style de l’histoire. C’est un vrai plaisir à lire.
    L’auteur nous offre un univers violent, où le simple fait de trouver de l’eau peut vous conduire à la mort.
    Si le scénario semble banal à première vue (très schématiquement, il s’agit pour Xalyah de rejoindre sa famille), le trajet que fait Xalyah ne va pas être un long fleuve tranquille, mais plutôt une descente de rafting en étant cernés par des crocodiles sous amphétamines.
    Les rebondissements succèdent aux coups tordus et on sent bien que l’auteur n’a pas le cœur tendre avec ses personnages et qu’elle n’a pas l’intention de les épargner (une sadique sans cœur capable de tout ! Vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas prévenus !).
    Cette impression a été renforcée par la fin de ce tome.
    Dire que c’est une fin à laquelle je ne m’attendais pas est un euphémisme. Je ne pouvais pas imaginer une fin pareille et j’en ai beaucoup voulu à l’auteur d’infliger ça à ses personnages.
    Bon, pas au point de bouder et de ne pas lire la suite parce que je meurs d’envie de découvrir ce qui attend encore Xalyah !
    Heureusement pour moi, le tome 2 est déjà sorti et si j’ai bien compris, le tome 3 ne devrait pas tarder non plus !

     

    Un extrait : Je me souviens du 15 juillet 2105 comme si c’était hier.

    Cette journée s’annonçait aussi chaude que les précédentes et rien ne laissait présager qu’elle resterait gravée dans l’histoire de l’Humanité comme la plus sanglante de toutes. Et pourtant…

    Au petit matin, les médias relayèrent une terrible information. L’Hexagone, touché de plein fouet dans sa plus haute fonction, venait de perdre son Président. Assassiné. Voilà ce qu’ils disaient. Et ce n’était que le début. En quelques heures, des communiqués officiels similaires nous parvinrent de l’ensemble des pays du G50.

    Commença alors notre descente aux enfers. Qui ? Comment ? Pourquoi ? Autant de questions qui ne trouvaient aucune réponse auprès des administrations dépassées par les évènements. Cette situation sans précédent plongea la civilisation dans la confusion la plus totale. Le monde s’embrasa, la folie et le chaos se propagèrent, mais ce n’était qu’un avant-goût de ce qui nous attendait.

    Au crépuscule, l’impensable arriva. Ce que nous avions pris pour un violent orage au départ se révéla être notre pire cauchemar : La Rupture.

    Le lendemain, le soleil caressa la Terre rouge sang, ravagée par des crevasses pleines de cadavres.

    Le monde tel que nous le connaissions jusqu’ici n’existait plus.

     

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  • [Livre] Sorceline – T02 – La fille qui aimait les animonstres

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    Résumé : Les élèves poursuivent leur stage de fantasticologie chez le professeur Archibald Balzar. Mais Sorceline est rongée par la culpabilité. En effet, comme elle pense être responsable des disparitions de ses camarades, elle peine à se concentrer en classe et perd toutes ses capacités. Il lui est alors de plus en plus difficile de cacher ses états d’âme surtout face à Alcide qui est un peu trop prévenant, Willa, trop curieuse, ou Mérode... décidément très étrange. Pourtant Sorceline n’est pas la seule à faire des cachotteries. Et d’ailleurs quand sonnera l’heure des révélations, personne ne sera épargné par la stupéfaction !


    Auteur : Sylvia Douyé et Paola Antista

     

    Edition : Vent d’ouest

     

    Genre : Bande dessinée

     

    Date de parution : 24 Avril 2019

     

    Prix moyen : 11€

     

    Mon avis : Dans ce second tome, on en découvre un peu plus sur le métier qui intéresse tant Sorceline.
    On avance aussi dans l’intrigue du 1er tome puisqu’on va enfin découvrir le coupable. Comme je le soupçonnais, si Sorceline a bien quelque chose à voir là-dedans, c’est bien malgré elle.
    La meilleure amie de notre héroïne m’a vraiment gonflée. Elle est puérile, agressive et sans gêne. Mais son attitude, si elle est extrêmement agaçante, permet néanmoins de faire avancer le schmilblick.
    Mérope est toujours aussi étrange et il en devient même plutôt pénible.
    Du côté des origines de Sorceline, on en est au point mort, si ce n’est un message de sa mère évoquant un père qu’elle n’a jamais connu, ce qui ne manquera pas de renforcer la curiosité de la jeune fille.
    Les dessins de Paola Antista sont toujours aussi beaux et nous plongent dans cet univers fantastique.
    Et quand une intrigue se ferme, une autre s’ouvre, puisque les dernières images nous révèlent une autre particularité de Sorceline qu’il va sans doute être passionnant d’explorer.

     

    Un extrait :

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  • [Livre] Sadie

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    Résumé : Sadie, 19 ans, s'est volatilisée. Pour West McCray, journaliste à New York, il s'agit d'une banale disparition. Mais quand il découvre que sa petite soeur, Mattie, a été tuée un an auparavant et que sa mère a elle aussi disparu, sa curiosité est éveillée. West se lance alors à la recherche de Sadie et les témoignages qu'il recueille vont alimenter sa série de podcasts...

    Sadie, elle, n'a jamais pensé que son histoire deviendrait le sujet d'une chronique à succès. Elle ne désire qu'une chose : trouver l'homme qui a tué sa soeur.

    Qui est réellement cet homme ? Comment est-il entré dans la vie de Mattie ? Tandis que Sadie remonte la piste du tueur, West remonte celle de Sadie. Et se dessine, progressivement, la figure d'un homme – d'un monstre ! – qui pourrait bien frapper à nouveau...

    West retrouvera-t-il Sadie à temps ?


    Auteur : Courtney Summers

     

    Edition : La Martinière

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 02 mai 2019

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Sadie est un roman que j'ai vraiment beaucoup aimé. Sa construction est assez particulière et cela a grandement contribué à mon sentiment général sur ce livre.

    En effet, il alterne entre des chapitres classiques, qui suivent Sadie dans sa quête, et des chapitres plus originaux, qui sont les transcriptions d'un podcast.

    Il faut un petit moment pour s'habituer aux transcriptions du podcast. Si on a l'habitude, quand on les écoute, d'entendre des conversations téléphoniques entrecoupés de commentaires, voire de fichiers audio d'archives, à l'écrit, c'est un peu déroutant.

    Mais une fois habituée, j'ai trouvé le format génial.

    La partie podcast s'étend sur une durée beaucoup plus longue que la partie Sadie.

    Dans chacune des parties, on apprend des choses qu'on ignore dans l'autre, ce qui permet au lecteur d'en savoir plus que chacun des personnages.

    Comme les découvertes de West, le journaliste qui présente le podcast, ont forcément lieu après les actions de Sadie, on a toujours un petit temps d'avance sur lui. Mais comme on ne peut connaître les réactions de l'entourage de Sadie, ainsi que son passé, et notamment tout ce qui entoure la mort de sa petite sœur, qu'à travers le programme de West, les deux parties s'équilibre.

    J'ai beaucoup aimé Sadie, qui est déterminée à venger la mort de sa sœur. Toutefois certaines de ses réactions m'ont parues puériles, comme le fait de répéter sans cesse « je suis dangereuse » dans son for antérieur ou encore de décréter que si elle ne peut pas avoir quelque chose, elle veut que ce soit détruit.

    La mère des filles, Claire, qu'on voit finalement peu, m'a fait de la peine. Même si elle a été une mère désastreuse, elle se bat contre les démons de l'alcoolisme et de la toxicomanie et j'ai eu l'impression qu'elle n'était pas aidée par Maybeth qui a l'air de se poser en parangon de vertu.

    Le dévouement de la vieille dame envers Sadie et sa sœur est certain, mais j'ai eu l'impression qu'elle n'a jamais laissé à Claire la chance de se comporter en mère avec Sadie, et que le rejet que cela a provoqué chez la fillette a conditionné les rapports De Claire à la maternité. Elle a l'air de s'être servie de Maddie, la plus jeune, comme d'un bouclier et une revanche sur la vieille dame.

    Le roman soulève des thèmes aussi durs que variés avec la toxicomanie, l'alcoolisme, la pédophilie, le viol, le meurtre, l'abandon de famille…

    Pendant tout le livre, on a le même sentiment d'urgence que West, l'impression qu'il faut à tout prix qu'il retrouve Sadie avant qu'il ne soit trop tard.

    Pour autant, si la fin du livre nous apporte certaines réponses, dont quelques-unes particulièrement satisfaisantes à mes yeux, d'autres restent irrésolues.

    Cela peut être frustrant, mais c'est surtout très réaliste et à chacun de se faire son idée sur ce qu'il en est.

    Pour ma part, j'ai fait mon choix.

     

    Un extrait : J’ai trouvé la voiture à Craiglist.
    La marque est sans importance, d’après moi, mais si vous tenez à le savoir elle est noire, avec lignes plutôt carrées. Le genre qui passe inaperçu. La banquette arrière est assez grande pour qu’on puisse y dormir. Il s’agit d’une annonce rédigée à la hâte parmi des tas d’autres annonces rédigées à la hâte, mais celle-ci fourmille de fautes d’orthographe qui traduisent un désespoir particulier. « Faire une ofre svp ». C’est ce qui m’a décidée. Ça signifie « j’ai besoin d’argent tout de suite », autrement dit, que le vendeur a des ennuis, ou qu’il a faim, ou qu’il ressent un quelconque manque chimique. Ça veut dire que j’ai l’avantage, alors pourquoi ne pas en profiter ?
    Il ne me vient pas à l’esprit que rencontrer un inconnu sur une route secondaire en vue d’acheter une voiture pour le montant d’argent que je suis prête à payer n’est sans doute pas très prudent, mais c’est seulement parce que ce que je vais faire quand j’aurai cette voiture est encore plus dangereux.

    - Tu pourrais mourir, dis-je pour voir si le poids de ces mots sur ma langue me frappera assez pour que je prenne conscience de leur réalité.

    Il n’en est rien.
    Je pourrai mourir.
    J’attrape mon sac à dos en toile verte, j’y enfile les bras d’une torsion des épaules et je passe mon doigt sur ma lèvre inférieure.
    May Beth m’a donné des myrtilles hier soir et je les ai mangées au petit déjeuner. Je me demande si elles ont tâché ma bouche ; j’ai déjà assez de mal à faire bonne impression.
    La porte moustiquaire rouillée de la caravane lance un gémissement dans Ce-Trou-Perdu, mais s’il vous faut un indice visuel, imaginez un lieu très inférieur à la banlieue, puis imaginez-moi encore plus bas sur cette échelle, dans une caravane louée depuis ma naissance à May Beth la Donneuse-de-Myrtilles. Je vis dans un endroit qui n’est bon qu’à quitter, il n’y a rien d’autre à en dire, et je refuse de regarder en arrière. Peu importe que j’en aie envie ou pas, c’est mieux comme ça.

     

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  • [Livre] Cendrillon et moi

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    Résumé : C’est la marâtre la plus détestée de l’Histoire, celle dont on parle pour faire peur aux enfants désobéissants. Mais qui savait que la belle-mère de Cendrillon s’appelle en réalité Agnès, qu’elle a passé sa jeunesse à trimer comme bonne à tout faire, qu’elle a dû se battre comme une lionne pour accéder à un monde qui n’est pas le sien, que son époux est alcoolique et que sa belle-fille, petite princesse aux petons si délicats, est en réalité fort capricieuse? Agnès n’en peut plus des sornettes autour des pantoufles, des princes charmants et des citrouilles. Elle est bien décidée à rétablir la vérité, quitte à égratigner quelque peu la version officielle.


    Auteur : Danielle Teller

     

    Edition : Denoël

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 11 Avril 2019

     

    Prix moyen : 23€

     

    Mon avis : Même si ce roman est classé dans fantasy, surement parce que c’est une réécriture de conte, il est ancré strictement dans le monde réel.
    La belle-mère de Cendrillon, Agnès, va nous raconter comment elle en est arrivée à ce point-là : Belle-mère la plus détestée au monde.
    Fille de serf, rien ne la destinait à approcher la noblesse autrement que pour la servir. Mais c’était sans compter sa capacité hors du commun à survivre.
    Toute sa vie, Agnès a été dépossédée de ce qu’elle avait pu obtenir, de ses espoirs également. Et force est de constater que c’est bien souvent à cause de l’abbesse Elfida, marraine de Cendrillon, qu’Agnès est malmenée.
    J’ai vraiment eu du mal à supporter l’abbesse. Sous ses dehors sages, éthérés, doux ou encore bienveillant, elle se révèle sèche, arrogante, avide de pouvoir et dépourvue de toute charité chrétienne. Elle entend bien que chacun reste à sa place, que les domestiques ne cherchent surtout pas à avoir une vie meilleure et se sert de sa position pour contraindre tous ceux qu’elle peut atteindre à se plier à ses ordres.
    Agnès, elle, n’est pas du genre à se laisser faire. Elle a osé court-circuiter son supérieur pour être envoyée comme domestique à l’abbaye, et là, a profité de quelques leçons de la mère de l’abbesse Elfida, qui ne ressemble guère à sa fille. De ses leçons elle a tiré le maximum de bénéfices puis a su tirer son épingle du jeu quand elle se retrouve dans une situation embarrassante.
    Elle apprend à lire quasiment toute seule et connait une évolution qui est impensable à l’époque : d’assistante lingère à servante, puis tavernière et enfin nourrice, ce qui va finalement la conduire à assumer les fonctions d’intendantes puis d’épouse.
    Cendrillon est la fille de Emont, un fils cadet à qui l’abbesse a confié la gestion du manoir d’Aviceford et de ses terres, et de lady alba, la propre sœur de l’abbesse, réputée folle.
    La fillette, prénommée Elfida comme sa marraine, est plus couramment appelée Ella.
    Agnès, en tant que nourrice, a une certaine autorité sur la fillette, autorité qu’elle va quasiment perdre en épousant Emont après la mort d’Alba.
    Depuis aussi longtemps qu’elle le connait, Emont est un alcoolique qui dédaigne les affaires et la gestion du manoir, qu’il laisse à des intendants plus ou moins compétents et fiables. Agnès va finir par prendre peu à peu les rênes du manoir, ce qui va « autoriser » Emont à se désintéresser encore plus de ses obligations qu’il sait à présent entre de bonnes mains.
    Ella est une fillette difficile, capricieuse, bien trop gâtée par son père qui lui passe absolument tout et souffrant probablement de la même pathologie que sa mère que je soupçonne d’avoir été maniaco-dépressive.
    Au fil de l’histoire, on peut voir que ce qui est reproché à la belle-mère de Cendrillon (l’avoir reléguée au grenier, l’avoir obligée à effectuer les tâches ménagères, lui avoir fait porter des haillons, lui avoir interdit d’aller au bal…) n’est pas complétement faux, mais a été amplifié jusqu’à devenir un comportement cruel alors qu’il ne s’agissait que de sanctions bien méritée qui n’ont pas eu la dureté ou la durée qu’on leur prête, ou encore tout simplement de bon sens.

    Les relations entre Ella et Agnès sont parfois conflictuelles, mais cela ne dépasse pas ce qu’il est habituel de voir entre une mère et sa fille en pleine crise d’adolescence.
    Au travers de la réécriture du conte, l’auteur nous dépeint une réalité historique révoltante où, quand on n’était pas « bien né », on n’avait aucune chance de sortir de sa condition car les portes étaient tout simplement fermées.

    Le destin d’Agnès fait figure d’exception et a sûrement contribué aux rumeurs, comme si celles-ci était une façon de la remettre à sa juste place : au pied de l’échelle.
    L’histoire est finalement celles de simples humains : pas de belle-mère diaboliques, pas de jeune fille à la perfection absolue.
    Juste une mère et sa fille qui ont eu du mal à se comprendre.

     

    Un extrait : La princesse Elfida tient sa grande popularité de sa beauté saisissante, mais il y a autre chose, dans sa nature même, qui fascine les masses. Son mutisme habituel et une douce hésitation quand quelques mots s’échappent de ses lèvres lui donnent l’air pudique, tout comme sa façon de baisser la tête et de vous regarder par en dessous, derrière ses longs cils. Si l’on exclut sa collection de babioles et ses chiens, elle semble n’avoir ni passion ni vice, et lorsqu’elle prend part aux réceptions royales, son regard s’égare vers des spectacles invisibles qu’elle est la seule à voir. Son caractère insaisissable offre un parchemin vierge à n’importe quelle histoire, et toutes les filles rêvant de devenir un jour princesses peuvent s’imaginer à la place de la célèbre Elfida.

    J’en sais plus sur sa vie que quiconque sur cette terre, et la véritable histoire n’est pas aussi fantasque que celle chantée par les troubadours. Personne ne veut entendre parler d’une jeune noble de chair et de sang qui, comme toute enfant ordinaire, a mouillé son lit, cru mourir d’ennui, fait la fine bouche devant des légumes verts et s’est querellée avec sa famille. Par ailleurs, loin de moi l’idée de porter atteinte à l’adulation entourant la princesse, qui fait son bonheur et celui de ses admirateurs.

    L’histoire que je m’apprête à écrire n’est pas celle de la princesse, mais la mienne, la seule que je sois en droit de raconter. Ma plume ressuscitera peut-être des fantômes qui me tiendront compagnie durant les longues journées au palais, et si elle échoue, mon esprit tout du moins sera à autre chose. Quant aux fables sur le bien et le mal et aux chansons sur les pantoufles de vair, je les laisse aux ménestrels. Libre à eux de donner leurs propres versions de l’histoire de Cendrillon.

     

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  • C'est lundi que lisez-vous? #249

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog I believe in Pixie Dust.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Et vous, que lisez-vous?

  • Premières lignes #90

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.

    Cette semaine, je vous présente L’épicerie Sansoucy de Richard Gougeon

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    Samedi soir, six heures moins le quart. Postée derrière la caisse de l’épicerie-boucherie, Émilienne Sansoucy exhalait de grands soupirs d’affaissement ; elle avait la désagréable sensation de disparaître dans le plancher. Ses jambes lui arrachaient des grimaces qu’elle s’efforçait tant bien que mal de réprimer. Tout près, à côté d’un étalage de boîtes de tomates rondes Heinz en solde, son fils Léandre poussait avec ardeur sa large brosse en pensant à la soirée qui venait. Deux clientes devisant entre elles se présentèrent enfin au comptoir pour des achats de dernière minute.

    — Vous avez l’air ben fatiguée, madame Sansoucy ! commenta l’une, en déposant sa pinte de lait sur le comptoir.

    — C’est ben simple, mes jambes me rentrent dans le corps ! exprima l’épicière.

    Depuis des années, chaque vendredi et chaque samedi que le bon Dieu amenait, Émilienne Sansoucy assistait son mari au magasin. Lorsque Léandre était occupé dans les étalages et qu’elle avait une minute à la caisse, elle prenait les commandes au téléphone. Elle connaissait les prix par cœur. Et l’épicière avait l’œil. Pas un produit n’échappait à sa vigilance : tous les articles qui sortaient du commerce devaient passer devant elle. Lorsque le client ne payait pas sur-le-champ, elle agrippait un livret placé à côté de la caisse enregistreuse et là, appuyant sa poitrine tombante sur le comptoir, de sa main appliquée, elle rédigeait la facture avec tous les détails. Après, elle s’absorbait dans la colonne de chiffres et effectuait sans se tromper l’addition avant de vérifier le total avec sa grosse machine à calculer. Vaillante comme deux, elle était reconnue pour sa gaieté naturelle. Sans que son mari l’admette, son efficacité, son dévouement entier et son sourire bienveillant contribuaient sans l’ombre d’un doute au succès de l’entreprise familiale.

    La seconde cliente jeta sur le comptoir les pièces de monnaie pour son petit paquet de viande. Émilienne fit crépiter une dernière fois le tiroir-caisse, en retira tout l’argent qu’elle compta vitement. Puis elle engloutit la somme dans un sac en tissu qu’elle enfouit dans la poche de son tablier.

    — Je vas monter, Théo, s’écria-t-elle à son mari à l’arrière du magasin.

    L’épicière s’excusa auprès de ses deux clientes et remonta au logis pour voir aux derniers préparatifs du souper.

    Derrière son étal, comme s’il ressentait tout d’un coup le poids de sa semaine, le boucher ventripotent s’épongea le front avec son mouchoir, s’essuya les mains sur son tablier sale maculé de rouge et s’amena à l’avant du commerce. Une dame fit grelotter la clochette, une longue liste à la main. Léandre crispa les lèvres en consultant l’horloge de ses grands yeux charbonneux.

    — Nous fermons, madame Bazinet, regimba-t-il.

    — Tu ne devrais pas lever le nez sur la clientèle, c’est elle qui vous fait vivre, riposta la dame en s’avançant gaillardement.

    Sansoucy ajusta sa cravate en retrouvant soudainement une humeur plus joyeuse.

    — Vous avez cent fois raison, madame, acquiesça-t-il, prenez le temps de faire votre grocery. D’ailleurs, si Marcel n’est pas revenu de livrer les « ordres », Léandre se fera un plaisir d’apporter votre commande. N’est-ce pas, Léandre ?

    Affichant un petit air glorieux, ses yeux brillant de gratitude, Rolande Bazinet tendit son papier au fils du propriétaire qu’elle devança à la boucherie du magasin.

    — Taboire ! marmonna Léandre. On va finir tard à soir, le père…

     

    Alors, tentés?

  • [Livre] Le Dieu-Oiseau

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    Résumé : Une île. Dix clans. Tous les dix ans, une compétition détermine quel clan va dominer l'île pour la décennie à venir. Les perdants subiront la tradition du « banquet » : une journée d'orgie où les vainqueurs peuvent réduire en esclavage, tuer, violer, et même dévorer leurs adversaires. Il y a dix ans, Faolan, fils du chef de clan déchu, a assisté au massacre de sa famille. Sauvé par le fils du chef victorieux, Torok, il est depuis lors son esclave et doit subir ses fantaisies perverses. Sa seule perspective d'avenir est de participer à la compétition de « l'homme-oiseau », afin de renverser l'équilibre des pouvoirs en place et de se venger. Qui du maître ou de l'esclave va remporter la bataille ? Quel enjeu pour les habitants de l'île ? Quel est le prix à payer pour la victoire ?


    Auteur : Aurélie Wellenstein

     

    Edition : Scrineo

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 15 mars 2018

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : L’univers qui entoure Faolan, le héros de cette histoire, est d’une violence incroyable.
    Toute l’existence des dix clans composant l’île tourne autour de la compétition du Dieu-Oiseau qui va déterminer le chef pour les dix années à venir.
    A l’issue de la compétition, le vainqueur mène le traditionnel banquet : pendant une nuit d’horreur il peut tout infliger aux vaincus = les violer, les torturer, les tuer ou même les dévorer.
    Car le cannibalisme est au cœur des traditions et croyances de l’île et revient sur le tapis à plusieurs occasions.
    Il y a dix ans, Faolan, après avoir vu les siens être massacrés, a été réduit en esclavage et offert au fils du chef.
    Ce dernier, Torok, est vu comme le favori de son clan pour les prochaines sélections et fait preuve d’un sadisme incroyable envers Faolan.
    Alors que la loi est très claire quant au fait que n’importe qui, qu’il soit maître ou esclave, a le droit de se présenter aux sélections, Torok fait tout pour empêcher Faolan de se présenter.
    A se demander si ce jeune homme ne craint pas secrètement d’affronter l’esclave qu’il torture depuis dix ans à la loyale.
    Avant même que la quête pour le pouvoir ne commence, les sélections qui désignent un champion par clan, sont dangereuses et mortelles.

    Au fil de l’histoire, Faolan semble sombre dans la folie, à moins qu’il ne fasse une sorte de dissociation de personnalité pour supporter les épreuves qu’il a à traverser (ce qui, à mon sens, reste du domaine de la folie).
    Il est difficile de s’attacher aux personnages quand on connait leurs intentions.
    Bien sûr, on s’attache à Faolan, le contraire serait étonnant quand on assiste à toutes les horreurs qu’il subit.
    L’esclave Kiara pourrait être attachante mais la voit si peu qu’elle ne nous touche que fugacement.

    Enfin, parmi les concurrents, il n’y a qu’Izel à laquelle on peut raisonnablement s’attacher, malgré son désir de vengeance.

    L’auteur ne nous épargne aucun détail des souffrances de Faolan, de ses souvenirs du banquet ou encore des épreuves et des traditions qui les entourent.

    Mieux vaut avoir le cœur bien accroché.

    On voit également toute l’hypocrisie des « officiels » : chef, juges, etc… qui tiennent à ce que les traditions les plus violentes aient bien lieu, mais freinent des quatre fers quand il s’agit à donner sa chance à un esclave, un « inférieur » qui pourrait, à l’issue des épreuves, devenir leur maitre.

    Le rythme ne faiblit pas, il n’y a quasiment aucun temps mort et on ne sait absolument pas comment les choses vont évoluer.

    D’ailleurs j’avais pensé à des tas de fins possibles, mais franchement, celle-là, je ne l’avais pas vu venir !

    Même si c’était une bonne fin, je crois que c’est à cause d’elle que le Dieu-Oiseau est une très bonne lecture mais n’a pas atteint le coup de cœur.

     

    Un extrait : Resté sur la plage, Faolan avait la tête pleine du grondement des vagues. Le vent sifflait contre ses oreilles, jouait dans ses cheveux noirs emmêlés. Sous ses pieds nus, le sable volcanique se dérobait en glissant, aspiré par le ressac, avant de rouler avec les algues et les coquillages dans l’écume. Le fracas des rouleaux dominait tout, même le piaillement des mouettes. À sentir l’électricité flotter dans l’air, un gros orage se préparait.

    Faolan ne quittait pas Torok des yeux. Sans s’en rendre compte, il avait calqué son souffle sur la respiration profonde et rauque de la mer.

    Torok s’était élancé un instant plus tôt et déjà, sa silhouette s’amenuisait, devenait toute petite et blanche dans ce déchaînement liquide. Une seconde, il disparut dans le creux d’une vague, avant de remonter le flanc de la suivante en un crawl énergique.

    Si seulement les profondeurs pouvaient t’aspirer, songea Faolan avec rancœur.

    L’eau froide lui mordit les chevilles. Le jeune esclave recula avec un frisson. Il était vêtu trop légèrement ; la chair de poule hérissait sa peau. Le vent qui gonflait les pans de sa tunique sans manches dévoilait par moments son ventre creusé par la famine, ainsi que les boursouflures rosées d’anciennes cicatrices sur ses reins.

    Tout en surveillant la lutte de Torok contre les vagues, Faolan se mit à marcher le long de la grève. Leurs montures, deux grands bouquetins laissés libres au pied de la falaise, le regardaient avec curiosité. Ils avaient pourtant l’habitude : quand Torok allait nager, Faolan en profitait pour s’exercer à la course. Il n’allait jamais loin, car il fallait qu’il soit à son poste dès l’instant où Torok ferait mine de rejoindre la plage, mais le peu de distance qu’il couvrait était déjà une victoire en soi.

    Le jeune homme partit à petites foulées sur le sable noir. Malgré les mauvais traitements, son corps soutenait l’effort. Il était certes maigre, mais de grande taille et ses enjambées avalaient l’espace.

    Il parcourut cent mètres dans un sens, jeta un œil vers la mer pour vérifier que Torok était toujours occupé, et pivota pour revenir en courant sur ses pas.

    Dans ces moments, loin de son maître, le garçon pouvait presque s’imaginer libre. Il n’avait pas toujours été esclave. Dix ans auparavant, il n’était encore qu’un enfant, avec une sœur, un père, une mère. Une famille et un clan.

    N’y pense pas !

    Penser à ces années était trop dur. Pire, c’était dangereux. Il faisait donc comme s’il était né lors du banquet, alors que les hommes mangeaient d’autres hommes, et que le jeune Torok, onze ans à cette époque, l’avait pointé du doigt en disant : « Je veux celui-là, avec ses yeux bizarres. »

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  • [Livre] Engrenages et sortilèges

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    Résumé
     : Grise et Cyrus sont élèves à la prestigieuse Académie des Sciences Occultes et Mécaniques de Celumbre. Une nuit, l’apprentie mécanicienne et le jeune mage échappent de justesse à un enlèvement. Alors qu’ils se détestent, ils doivent fuir ensemble et chercher refuge dans les Rets, sinistre quartier aux mains des voleurs et des assassins. S’ils veulent survivre, les deux adolescents n’ont d’autre choix que de faire alliance…


    Auteur : Adrien Thomas

     

    Edition : Rageot

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 23 Janvier 2019

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Puisque mai est le mois de la fantasy, le club de lecture de Vibration littéraire a voté pour Engrenages et Sortilèges (et comme je n’avais pas voté pour lui, j’ai pu le coller dans la catégorie « un roman choisi par quelqu’un d’autre »).
    Magie et mécanique, voilà autour de quoi tourne cet univers.

    Les mécaniciens et les magiciens se méprisent souverainement les uns les autres.

    Grise, mécanicienne, et Cyrus, magicien, se déteste cordialement mais le règlement de leur école interdit aux mécaniciens de riposter aux piques des magiciens, leur estime de soi étant essentielle à la pratique de la magie.
    Pourtant quand les deux jeunes gens sont victime d’une tentative d’enlèvement au sein même de leur école, ils sont bien obligés de mettre leurs différents de côté.
    L’école, avec sa réputation de lieu le plus sécurisé du pays m’a fait penser à Poudlard et au début où on le rencontre, le primarque Ioséphir fait indéniablement penser à Dumbledore. Mais les ressemblances s’arrêtent là et le roman trouve son propre univers.
    Cyrus étant un magicien, il dispose d’un familier, un réceptacle d’énergie magique, ici un chat nommé Quint, doté d’un sacré sens de l’humour et d’une fidélité à toute épreuve.
    C’est Quint qui fait tampon entre les deux ados quand ils se crêpent le chignon. De toute évidence, le félin, si reste très attaché à son maitre, a eu un vrai coup de cœur pour Grise.
    Si Grise est attachante d’emblée, j’ai trouvé que Cyrus l’était tout autant dès lors qu’on sait lire entre les lignes. Son arrogance n’est qu’un vernis destiné à le protéger.
    On se rend très vite compte qu’il y a un complot (il aurait été compliqué de ne pas le voir) mais on n’en découvre l’ampleur qu’au fil de la lecture.
    Les aspects politiques sont très actuels avec une classe dirigeante qui écrase les plus pauvres et déclare des guerres pour s’approprier des ressources sans avoir à les payer.
    On peut également voir des luttes pour le pouvoir au sein même du gouvernement.
    A travers leur aventure qui les pousse à se réfugier auprès de la lie de la société (voleurs, espions…), Grise et Cyrus vont remettre en question les lois de la nation comme l’interdiction de la nécromancie ou de donner une personnalité indépendante à un robot.
    Si on comprend vite les grandes lignes (complot, politique), pour ce qui est des détails (quel est le but de chaque personnage, leur position dans l’histoire…), c’est plus compliqué. L’auteur nous mène en bateau sans scrupules, nous entraîne sur des chemins qui s’avèrent plus tortueux qu’ils n’y paraissaient au premier abord.
    Si j’ai rapidement découvert la vérité sur l’arachnide ainsi que le degré d’implication d’un des personnages, en revanche, je ne m’attendais pas du tout à la manière dont Grise et Cyrus allait gérer les choses.
    Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces deux-là savent mettre l’ambiance !

    L’histoire présente autant d’action que de réflexion avec de nombreux retournement de situation.
    Si l’histoire tourne beaucoup autour de Grise, Cyrus et Quint, les personnages secondaires ne sont pas en reste et sont tous parfaitement décrits, même quand leur rôle est minime.
    J’ai particulièrement apprécié le chevalier Albrecht de Mongre.
    Vu l’avancée du livre, j’avais peur que la fin soit bâclée, expédiée en quelques pages, mais non, l’auteur à parfaitement maîtrisé l’intensification de l’action pour nous offrir un final excellent, suivi d’un épilogue qui répond aux quelques questions qui demeuraient encore.
    S’il y a une vraie fin, permettant d’avoir une one-shot, si jamais l’auteur voulait écrire un jour une suite, il a laissé tout juste ce qu’il fallait d’ouverture pour que ce soit possible.
    Qui sait, peut-être reverra-t-on Grise et Cyrus un de ces jours ?

     

    Un extrait : Grise essuya d’un revers de manche la sueur qui lui dégoulinait sur le front, ce qui eut pour principal effet d’y ajouter une grosse trace d’huile de moteur. Elle ne s’en aperçut pas et plongea la tête la première dans l’ouverture béante de la machine. Si seulement elle pouvait réussir à placer sa clef correctement sur cet écrou…

    À peine une semaine que les cours avaient repris, et déjà maître Agathan lui avait confié – à elle seule ! – l’entretien d’une machine de précision, apparemment très importante pour les recherches de certains professeurs d’ésotérisme.

    Elle se contorsionna comme une anguille, tenta mille et une positions et manqua se déboîter le coude, mais rien n’y fit : le joint défectueux était inaccessible de ce côté. Poussant un soupir funèbre, elle s’extirpa des entrailles de la machine et se laissa tomber sur le sol pavé. Cette fois, c’était certain : elle avait démonté la mauvaise partie de l’engin. Il y avait trois autres capots sur ce satané bidule, et il avait fallu qu’elle déboulonne le seul qui ne lui permettait pas d’atteindre la source du problème.

    Elle s’était pourtant sentie si fière quand, deux heures plus tôt, elle avait identifié l’origine de la panne simplement en posant son oreille contre le ventre de métal de la machine. Le craquement de l’oscillateur latéral, pourtant à peine audible, lui avait sauté aux tympans. Mais le mécanisme était recouvert d’une coque deux fois trop grande pour lui, et l’écho l’avait induite en erreur.

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  • [Livre] Le bois sans songe

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    Résumé : Comment survivre quand on est la seule personne éveillée parmi des êtres en proie à des cauchemars éternels ?
    Princesse héritière de Modighjem, Liv se retrouve isolée, prisonnière de son pays désormais morne, séparée du reste du monde par un bois infranchissable, né le soir de la malédiction. Jusqu’au jour où son destin erratique croise celui de ce personnage entouré de ténèbres, avec son parapluie pagode et ses airs de prince maudit…

    Pourquoi continuer à vivre quand les personnes qui nous étaient chères ont été massacrées, quand une principauté entière a sombré face à la rage des hommes et que l’on est seul, le dernier représentant de son peuple ?
    Lennart Leifsen a choisi la vengeance comme raison d’exister. Retranché dans son lugubre manoir, penché sur son rouet, il tisse chaque soir, à partir de ses larmes, le sort qui maintient les Modigs sous le joug de ses tourments. Jusqu’à ce que survienne cette jeune fille dépenaillée, aussi agaçante qu’inconsciente, et que les larmes providentielles se refusent à lui…


    Auteur : Laetitia Arnould

     

    Edition : Magic Mirror

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 22 Octobre 2018

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Après une réécriture de Blanche-rose et Rose-Rouge, Laetitia Arnould revient avec cette fois une réécriture de la Belle au bois dormant.
    Une belle histoire, pleine de potentiel, mais qui présente des défauts qui font que je ressors de ma lecture assez mitigée.
    D’abord, j’ai eu énormément de mal à entrer dans l’histoire à cause d’une écriture trop souvent pompeuse, au point d’en être parfois indigeste.
    On a souvent l’impression que l’auteur veut montrer l’étendue de son vocabulaire au détriment de la clarté du récit. De plus, paradoxalement, elle semble incapable d’utiliser correctement les expressions les plus simples ou d’utiliser le présent du subjonctif lorsque cela s’avère nécessaire.
    La compréhension est desservie par des phrases à rallonge là où des phrases simples et courtes auraient été plus percutantes.

    Si un terme peut-être dit avec un mot alambiqué et un mot simple, vous pouvez être sûr que c’est le premier qui sera utilisé et que l’auteur préférera toujours parler de Feliw silvestris catus plutôt que de chat.
    J’ai cependant trouvé la réécriture plutôt bonne même si j’ai regretté que trop de choses soient révélées trop tôt.
    Ça m’a un peu gâché le plaisir de la découverte qu’une partie soit déjà dévoilée par le 4ème de couverture et que l’autre le soit par l’auteur dans des inter chapitres.
    J’ai trouvé qu’il y avait trop de longueurs et pas assez de développement des personnages.
    Liv est exaspérante, elle change d’avis comme de chemise et semble prête à taper du pied par terre à la moindre contrariété.
    J’ai bien apprécié les clins d’œil à la seconde partie du conte, après le réveil de la princesse Aurore, partie qui est trop souvent mise de côté.
    Je crois que ce qui m’a le plus dérangée, c’est que j’ai eu l’impression que l’auteur essayait de copier le style des contes d’autrefois sans toutefois y parvenir.
    Pour moi, une réécriture ne doit pas forcément coller au style original mais peut explorer d’autres styles, d’autres époques. Pour faire référence à un autre appel à texte de la maison d’édition, intervertir le sexe des personnages principaux ou mélanger plusieurs contes ne suffit pas à faire une bonne réécriture.

    Il m’a clairement manqué quelque chose, pas tant au niveau de l’histoire mais au niveau de l’écriture.
    C’est la seconde fois que je suis déçue par une publication de cette maison d’édition. Il me reste un titre à lire en ma possession mais si je ne suis pas plus transportée par son histoire, je cesserais de les suivre.
    Il y a bien trop de livres à lire !

     

    Un extrait : Liv sortit sur le balcon pour prendre l’air. Tout en inspirant profondément, elle offrit un visage pâle à la légèreté automnale de la brise qui souleva sa chevelure couleur de terre et de cuivre. La jeune héritière du trône de Modighjem était la dernière à se trouver jolie, pourtant le contraste entre la blancheur de sa peau, sa chevelure sombre et ses nombreuses taches de son, était saisissant. D’ailleurs, sa mère, la grande-duchesse Anna, lui murmurait toujours à l’oreille qu’elle était aussi mystérieuse et pleine de charmes qu’une aurore boréale.
    Avec une lenteur volontaire, Liv prit le temps de promener son regard au-dessus de l’horizon, quelque part entre les nuages endormis et des bandeaux de lumière vespérale. La jeune fille aimait ces rubans chaleureux que le ciel et les arbres déploient si souvent à l’automne. Aussi se concentra-t-elle sur cette vision, lointaine et apaisante.
    Pendant plusieurs minutes, elle demeura ainsi, presque immobile. Elle soupira, consciente que les maniaques de l’étiquette n’allaient pas tarder à la rappeler à l’ordre, pour qu’elle vienne honorer les festivités de sa présence.
    A la cour comme dans tout le royaume, entre les danses, les chats, les rires et les festins qui s’offraient sur des tables exubérantes comme une orgie de mets divers, on célébrait la mort du peuple de Skovhjem et la fin de la guerre. Pour l’occasion, on avait sorti les plus beaux services en or, versé le meilleur vin, convié les meilleurs musiciens.
    Néanmoins, Liv ne se sentait pas disposée à retrouver la compagnie des nobles de la cour et des officiers rescapés, si élégants soient-ils dans leurs beaux uniformes de parade. Elle n’avait aucune envie de replonger dans cette ambiance de liesse qu’elle jugeait irrespectueuse, presque indécente.
    Liv expulsa un soupir plus profond encore.
    Elle n’était revenue à Modighjem que le matin même, en réponse au billet que son souverain de père avait fait porter par un petit télégraphiste en uniforme de serge bleu et marron. Le grand-duc confirmait la victoire dont Liv avait eu vent en entendant les vibrations musicales des cromornes, sept jours plus tôt.

     

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