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  • C'est lundi que lisez-vous? #118

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog de Galleane.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Et vous, que lisez-vous?

     

    Petite nouveauté sur le blog: la notation des livres

    A partir de demain, je rajoute un système de notation sur mes chroniques. Cette notation sera présente à la fin de chaque chronique.
    Je vous met si dessous les différentes images qui vont me servir

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  • [Livre] Sois belle-mère et tais-toi

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    Résumé : « Savez-vous ce qu’est une belle-mère ? »

    Réponse de Raphaëlle, 5 ans :

    « Oui, c’est une méchante femme qui veut tuer la fille de son nouveau mari ou qui la prend pour une bonniche ! »...

    Dix ans de vie conjugale, un mariage, un bébé et un divorce plus tard, Lola, la trentaine flamboyante, savoure enfin une liberté qu’elle est fermement résolue à ne plus jamais abandonner.

    Mais c’est sans compter sur les hasards de l’amour… Amour qui va la projeter, bien malgré elle, dans l’univers de près d’un million de ses congénères : celui de la famille recomposée !

    Prise dans le tourbillon de ce nouveau schéma parental sans mode d’emploi, Lola va alors tenter de trouver sa place, entre crises de rire avec ses copines et crises de nerfs à la maison.

     

    Auteur : Sarah Farri

     

    Edition : Createspace

     

    Genre : Chick Lit

     

    Date de parution : 2010

     

    Prix moyen : 13€

     

    Mon avis : Le moins qu’on puisse dire c’est que ce livre ne donne pas envie de se caser avec un type qui a déjà des enfants !
    Alors certes, être belle-mère n’est pas une chose facile, mais là, en plus d’une situation assez compliquée à gérer s’ajoute un père « branleur », laxiste, je-m’en-foutiste et qui a plus envie d’avoir une nounou chargée de veiller sur ses enfants, mais sans jamais lever la voix, que d’avoir une compagne à qui il faut faire une place dans la famille. Ajoutez à ça un meilleur ami à qui on peut décerner le titre de « pourriture 1er », une première ex hystérique et lamentable dans son rôle de mère, une seconde ex vraiment très désolée pour nous (ce qui ne donne pas franchement confiance), une armée de gosses plus mal élevés les uns que les autres, et vous obtenez la situation dans laquelle se retrouve Lola.
    Franchement, « Pourriture 1er » aurait essayé de me faire les coups qu’il fait à Lola, je pense que tout le quartier m’aurait entendu lui dire ses quatre vérités. Quant au coup du « j’ai une urgence » toutes les cinq minutes, j’aurais manu militari déposé les charmantes têtes blondes au boulot du père démissionnaire et je me serais barrée avec ma tête blonde à moi à la campagne en tête à tête !
    Non mais sérieux, un mec comme ça, ça ne se garde pas. C’est une vraie larve qui joue au chevalier ! Un m’as-tu-vu incapable de prendre ses responsabilités.
    Entre lui (Lucas), Samuel et Philippe (dont on entend parler plus qu’on ne le voit), on a une belle brochette de vainqueur !

    Malgré des situations un peu (beaucoup) caricaturées (non parce que si vraiment on tombe sur tout ça, en même temps… ben faut aller se faire démarabouter… franchement !) le texte est facile à lire, avec une écriture entraînante et beaucoup d’humour.
    J’ai un peu regretté que le papa et ses enfants ne fassent leur entrée que vers la moitié du livre, parce que bon, le livre s’intitule : « sois belle (mère) et tais-toi », pas « les folles parties de jambes en l’air de Lola ». Toute la partie « avant Lucas » aurait pu être réduite de moitié.

    Au final je dirais que ce livre était une lecture détente : sympa mais sans plus, drôle mais qui ne restera pas dans ma mémoire.

     

    Un extrait : « On n’échappe pas à son destin ». Peut-être, mais on n’échappe pas non plus aux statistiques ! Un mariage sur deux est voué à se dissoudre un jour... Pour ma part, j’ai tenu dix ans.

    D’une nature un peu rebelle, j’ai quitté le cocon familial dès l’âge de vingt ans. Pour suivre « l’homme de ma vie » ! Le dixième depuis ma majorité... ceci pouvant peut-être expliquer la réaction un brin sanguine de mon père à l’annonce de mon envol :

    — T’es tombée sur la tête ?! Et ton année de Prépa ? Lola, je te préviens, si tu franchis cette porte, je te coupe les vivres !

    — Ce garçon n’est pas pour toi. Je ne le sens pas du tout. Et tu sais que mon instinct ne me trompe jamais ! Tu vas le regretter, tu peux me croire ! avait alors cru bon d’ajouter ma mère.

    Mais la perspective d’une vie dépourvue de contraintes, ainsi que la promesse de mon bien-aimé de me prendre sous son aile, avaient balayé jusqu’à ma plus petite hésitation.

    Et même si au bout de quelques mois, je m’étais retrouvée étudiante la semaine et serveuse le week-end pour subvenir aux frais inattendus d’un quotidien à deux, j’avais eu la conviction de savourer pleinement ma liberté, sans soupçonner un instant que ce n’était qu’un leurre.

    — C’est qui la chérie de son doudou ? aimait à me demander, chaque matin, mon homme adoré.

    — C’est moiii ! Mi Amorrr ! répondais-je en roucoulant, les yeux brillants d’amour.

    Vingt-cinq ans, même homme, même vie. J’avais brillamment terminé mes études de marketing et étais entrée dans l’une des meilleures agences de publicité de Paris. Malheureusement, l’apparition de ce nouveau salaire n’avait en rien modifié mon rythme effréné. Mon amoureux croquant chaque centime de notre patrimoine pour ses propres aspirations, à l’image de cet intérieur Starck, si froid et si inconfortable, de cet écran de télé dont la platitude était inversement proportionnelle à son prix, je devais fournir de plus en plus d’efforts pour assurer notre minimum vital... et faire une croix sur mes rêves de voyages !

    — C’est qui la chérie de son doudou ?

    — C’est moi ! Mi Amor !

    Vingt-cinq ans, même homme, même vie, plus aucun roucoulement et des questionnements de plus en plus fréquents sur cette notion de liberté qui m’avait été si chère.

    Étais-je en train de faire fausse route ? À l’époque, je n’aurais su le dire. Lorsque je regardais les autres couples autour de moi, aucun d’eux ne m’apportait la preuve d’un éventuel modèle « idéal ». Entre Virginie et son époux volage, Agnès et son mari alcoolique, je ne me trouvais finalement pas si mal lotie !

    Sept ans de vie commune : le mariage s’était présenté à nous comme une évidence... Et mon époux commença enfin à agréer l’idée de fonder une famille. Mais au préalable, il souhaitait remplacer notre voiture, pourtant suffisamment récente et spacieuse, faire le plein de sorties, trouver un autre job, gagner plus d’argent, perdre 15 kilos, acheter une plus grande maison... et pourquoi pas remporter un Nobel de Physique et me faire refaire de la tête aux pieds ?!

    — C’est qui la chérie de son doudou ?

    — Hein ? Heu, c’est moi...

    Évènement inattendu, je tombai enceinte plus tôt que prévu, et « doudou » dut se résoudre à abandonner, momentanément, ses grands projets !

    À quelques jours de mes vingt-huit ans, je donnai naissance à une petite princesse, prénommée Aliénor, qui combla vite nos cœurs et... mon emploi du temps.

    Il y eut des jours où « si j’aurais su, j’aurais pas venu ! » et des jours où « quand je te prends dans mes bras... je vois la vie en rose... ». Mélange subtil de bonheur et de prise de conscience qu’on ne pouvait plus penser qu’à nous. Finie « la liberté » de nos vingt ans ! Là, c’était bébé qui réglait le tempo des sorties... à savoir plus aucune depuis son arrivée. Ma vie devint aussi rythmée qu’une musique techno : tétée-couche-ménage, tétée-couche-déjeuner, tétée-couche-paperasse, tétée-couche-dîner... pendant que mon cher et tendre, « super papa » en société, mais « homme invisible » à la maison, se délectait dans un programme de loin plus divertissant : boulot-apéro-tripot la semaine et connexion no limit sur jen_fous_pas_une.com le week-end.

    Je n’avais pas imaginé une telle vie de famille. Abandonnée par mon mari et reléguée au rang de meuble, je m’étais mise à mener la barque en mode monoparental avec mon alliance pour seul vestige de nos vœux sacrés.

    Le temps des désillusions démarra alors, comme si devenir maman m’avait greffé d’autres yeux. Tout me sembla soudain différent, à commencer par l’homme qui partageait ma vie depuis tant d’années. Je le trouvais moins attirant. Je scrutais chacun de ses faux pas. Je ne souriais plus à ses blagues. Je le voyais comme un étranger, avec lequel je n’avais plus rien à partager.

    — C’est qui la chérie de son doudou ?

    — Ta mère !!!

  • Le tiercé du samedi #117

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    Rappel du principe: Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Ce Rendez-Vous Livresque a été inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots, et qui n'existe plus aujourd'hui.

    Comme annoncé la semaine dernière, le thème d'aujourd'hui est:

    Les trois livres qui vous ont fait pousser un « nooooon » déchirant qui a fait sursauter la moitié de votre quartier, tout ça à cause de la mort inopinée d’un personnage (et si vous aviez été l’auteur, ce n’est sûrement pas celui-là que vous auriez supprimé)

     

    Alors pour ma part, le trio gagnant est (surligner pour lire la réponse si vous avez lu le livre, ne comptez pas le lire ou vous fichez éperdument des spoils)

     

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    Harry Potter et la coupe de feu

     

     

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    Réponse: Cédric Diggory... Non mais sérieux, ce gosse avait tout pour lui: sérieux, doué, intègre (n'oublions pas que dans le tome précédent il a voulu faire annuler le match qu'il venait de gagner quand il a apprit que Harry était tombé à cause des détraqueurs). Sa mort ne sert à rien, il n'a même pas eu l'occasion de se défendre!

     

     

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    Retour à Charleston

     

     

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    Réponse: A la fin du premier tome, j'avais l'espoir que Joe "Shad" Simmons allait enfin épouser Elizabeth et voilà que dès les premières pages de ce second opus il se fait descendre. Alors ok, sa mort est la base de toute l'intrigue, mais quand même... Il ne méritait pas ça!

     

     

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    Diabolic

     

     

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    Réponse: Sidonia! Deux fois!! Déjà quand on apprend sa mort on a un profond sentiment d'injustice. Puis un soulagement en constatant qu'elle s'en est sorti. Et on a à peine le temps d'éprouver ce soulagement que BAM! On se prend sa mort, la vraie cette fois, en pleine face! Ça a été dur de m'en remettre!



    Pour la semaine prochaine, le thème sera: Les trois livres dont vous attendez la sortie avec impatience malgré votre PAL déjà vertigineuse

    Et n'hésitez pas à laisser en commentaire le lien vers votre propre tiercé du samedi!

  • [Film] La Belle et la Bête

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    Titre original : Beauty And The Beast

     

    Réalisé par : Bill Condon

     

    Date de sortie : 22 mars 2017

     

    Genre : Aventure

     

    Pays d’origine : USA

     

    Durée : 2h09

     

    Casting : Emma Watson, Dan Stevens, Luke Evans, Josh Gad, Ewan McGregor, Emma Thompson, …

     

    Résumé : Fin du XVIIIè siècle, dans un petit village français. Belle, jeune fille rêveuse et passionnée de littérature, vit avec son père, un vieil inventeur farfelu. S'étant perdu une nuit dans la fôret, ce dernier se réfugie au château de la Bête, qui le jette au cachot. Ne pouvant supporter de voir son père emprisonné, Belle accepte alors de prendre sa place, ignorant que sous le masque du monstre se cache un Prince Charmant tremblant d'amour pour elle, mais victime d'une terrible malédiction.

     

    Mon avis : Je suis une grande fan du dessin animé de Disney, alors, quand j’ai vu que, dans la lignée de l’adaptation en images réelles de leurs classiques, ils allaient nous faire la Belle et la Bête, j’ai su que j’allais beaucoup en attendre.
    Je n’ai pas été déçue. J’ai retrouvé tout ce que j’aimais dans le dessin animé avec quelques points en plus qui étoffent certains personnages comme le fou qui se retrouve avec une vraie personnalité

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    ou qui nous éclairent sur certains mystères comme le fait que le père de Belle soit père célibataire.
    Dans Disney, on a pu remarquer que les héros et héroïnes étaient souvent orphelins d’un ou deux parents. Si dans certains cas on sait comment ils ont perdu leurs êtres chers (comme les décès de maladie des parents de Cendrillon, la mort de Mufasa, celle des parents d’Elsa et Anna…) dans d’autres cas, on ne sait rien. Ainsi on peut se demander comment sont morts la mère de Jasmine, le père de Blanche Neige, les parents de Kuzco ou encore la mère de Pocahontas et on s’est longtemps demandé comment avait disparu la mère d’Ariel avant d’avoir la réponse dans le troisième volet de la petite sirène.
    Dans le dessin animé de la Belle et la Bête, on sait que Belle vit seule avec son père mais on n’en savait pas plus.

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    Le mystère sera résolu dans le film (et Belle apprendra les choses en même temps que nous, son père n’ayant jamais eu le courage de lui parler de ce qui est arrivé à sa mère avant).
    La seule chose qui m’a « dérangée », c’est le fait que les paroles des chansons aient été un peu modifiées. Je savais déjà que la traduction des chansons dans le film allait se rapprocher du sens des paroles originales et que, dans le cadre d’un film, la traduction doit également se préoccuper des mouvements des lèvres des acteurs et pas seulement de la traduction, mais sur le moment, ça m’a un peu fait comme un crissement de craie sur un tableau noir.
    Mais on s’y fait vite et en film comme en DA, il ne reste qu’à se laisser porter par la magie (et sans tout analyser comme se demander pourquoi tout le monde a le même âge après 10 ans passés… PARCE QUE C’EST MAGIQUE !!!!!).

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  • [Livre] Et soudain tout change

     

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    Résumé : Pour sa dernière année de lycée, Camille a enfin la chance d'avoir ses meilleurs amis dans sa classe. Avec sa complice de toujours, Léa, avec Axel, Léo, Marie et leur joyeuse bande, la jeune fille découvre ce qui fait la vie. À quelques mois du bac, tous se demandent encore quel chemin ils vont prendre. Ils ignorent qu'avant l'été, le destin va leur en faire vivre plus que dans toute une vie... Du meilleur au pire, avec l'énergie délirante et l'intensité de leur âge, entre espoirs démesurés, convictions et doutes, ils vont expérimenter, partager et se battre.

     

    Auteur : Gilles Legardinier

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 5 mars 2015

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : J’ai bien aimé ce livre, mais je crois que je préfère quand l’auteur s’en tient au registre de l’humour.
    Ici, il mêle humour et émotions et, s’il est vrai que le texte est bien écrit, j’ai eu l’impression de relire une histoire mainte et mainte fois racontée.
    Sans dévoiler le bouleversement qui va toucher la bande (il y en a peut-être encore pour être surpris), on retrouve ce schéma dans un nombre incalculable de livre jeunesse (là encore, je ne vais pas en citer, sinon je vous dévoile tout ou presque).
    L’histoire se lit facilement, les émotions sont présentes, mais voilà, c’est un peu toujours la même chose.
    Après, le pauvre Legardinier n’y est pour rien, il a peut-être écrit son histoire avant les quelques livres faits sur le même schéma, mais comme je le lis après les autres, c’est lui qui trinque !
    J’ai aussi plusieurs fois regretté que des scènes commencée dans un chapitre ne soient jamais terminée (ainsi on ne sait pas comment la prof de dessin réagit à la disparition du dossier d’inscription, comment les filles sont finalement descendues du toit…). Ce ne sont presque que des anecdotes, mais on a l’impression d’avoir eu des commencements d’idées de scènes jetées sur le papier sans être menée jusqu’au bout.
    Au niveau des personnages, j’ai bien aimé la manière dont l’auteur décrit les adolescents. A la fois immature et parfois tellement conscient de ce qu’ils ont à faire et des décisions qu’ils doivent prendre. Jamais noir ou blanc. Par exemple, Camille a honte du nouveau métier de son père qu’elle trouve dégradant par rapport au métier qu’il exerçait avant mais leur conflit ne tourne qu’autour des gâteaux que celui-ci achète.
    Ici, je trouve qu’ils sont tous les deux en tort : Camille est un peu orgueilleuse et méprisante envers le métier de son père, métier qui les fait pourtant vivre sa famille et elle. D’un autre côté, son père traite un peu trop par-dessus la jambe les menaces dont elle est victime à cause de son métier.
    Pour les gâteaux, c’est pareil : Camille sait où est l’argent, à l’autorisation de sa mère pour en prendre et peut donc aller s’acheter ses gâteaux bio et allégés ; d’un autre côté, son père, qui ne fait que ces courses-là, pourrait faire l’effort de glisser un ou deux paquets des gâteaux qui plaisent à sa fille au lieu de n’acheter que pour lui et son fils.
    Dans tout le roman on est dans cette optique : les ados n’ont pas forcément raisons, mais les adultes non plus.
    Comme je l’ai déjà dit, j’ai bien aimé ce livre qui est bien écris et dans lequel les émotions sont présentes et justes (Il a réussi à me faire pleurer) mais de cet auteur, je préfère les titres comme « ça peut pas rater ».

     

    Un extrait : Quand on s’est installés en salle de maths pour le contrôle, Tibor n’était pas là, et je n’étais pas la seule à me demander ce qu’il mijotait.

    — Quelqu’un a vu mon imper ? a demandé Axel.

    Ceux qui, dans le brouhaha ambiant, ont entendu la question ont secoué la tête négativement.

    Mme Serben, la prof, sort les sujets de son sac. Je ne vois pas bien ce qui pourrait nous éviter le contrôle, d’autant que l’établissement ne prend plus en compte les alertes à la bombe parce qu’on en a eu jusqu’à trois par jour… Léo a vu Tibor juste avant de monter, et ses derniers mots ont été : « Je vais vous sauver. » J’ai peur. Les garçons attendent le feu d’artifice avec impatience, Mélissa dessine des cœurs, Maeva pleure toujours sur son sort, Sabrina se remet de la crème sur les mains et la prof distribue les feuilles. Au premier coup d’œil, ça a l’air coton.

    Tout à coup, la porte s’ouvre brutalement. Un homme apparaît. Il porte un turban qui lui cache le visage, fait avec une écharpe rose et jaune, et un imperméable trop grand dans les poches duquel il semble pointer deux armes.

    — C’est une prise d’otages !

    L’accent pseudo sud-américain est pathétique. Un mélange de stupeur et de joie incrédule se répand dans la classe. Il reprend :
    — J’exige la libération immédiate de tous les prisonniers politiques du monde, et j’exige aussi que vous reportiez cette interro, disons à jeudi prochain. Sinon, je tue une fille ! Tiens, celle-là, avec les gros nénés.

    Il désigne Clara qui, du coup, se regarde la poitrine, contente. Pas facile d’être un preneur d’otages crédible en étant camouflé dans une écharpe rose et jaune. Ça fait plus gay pride que héros libérateur. Évidemment, cette quiche d’Inès a quand même pris ça au premier degré et s’est à moitié évanouie. Mme Serben sourit et répond :

    — Lanski, vous faites perdre du temps à vos camarades. Retirez-moi ce déguisement ridicule et dépêchez-vous de vous installer.

    — Mais madame, je suis un combattant de la liberté !

    — Tibor, ne m’obligez pas à hausser la voix. Vous avez du travail. Si vous continuez, je vous retire cinq points.

    Si elle fait ça, il aura 15. C’est sûr, il va s’immoler près de la cuve à fioul et tout le bahut partira en fumée.

  • [Livre] Si tu me voyais maintenant

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    Résumé
     : Une existence réglée comme du papier à musique : de son emploi du temps à ses émotions, Elizabeth a tout planifié pour ne plus souffrir.

    Mais lorsqu'un inconnu fait irruption dans sa vie cette mécanique si bien huilée se dérègle.

    Insouciant, spontané, en quête perpétuelle d'aventures, le mystérieux Ivan semble touché par la grâce.

    Peu à peu, la jeune femme baisse le bouclier qui protégeait son coeur et sort de sa carapace.

    Mais que sait-elle d'Ivan ? D'où vient-il ? Est-il vraiment celui qu'il prétend être ou n'est-il qu'une illusion ?

     

    Auteur : Cecelia Ahern

     

    Edition : J’ai lu

     

    Genre : Chick lit

     

    Date de parution : 26 mai 2008

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : De Cecilia Ahern je ne connais que P.S I love you, et encore je n’en est vu que l’adaptation ciné. J’avais ce livre dans ma PAL depuis des lustres mais je n’étais pas vraiment dans l’état d’esprit pour l’en sortir, d’autant plus qu’entre le titre et la couverture, je pensais avoir affaire à une autre histoire de deuil.
    En fait, pas du tout, comme j’ai pu m’en rendre compte quand j’ai tiré cette lecture au sort.
    Dès les premières pages, on fait la connaissance d’Ivan. Ivan est un meilleur ami professionnel. Il apparait aux enfants qui ont besoin de lui. Les adultes, qui ne le voient pas, le nomme « ami imaginaire », ce qui ne lui plait pas du tout.
    Mais un grain de sable va venir enrayer la machine. Elizabeth, la tante du nouveau « meilleur copain » d’Ivan, se met à le voir…

    Je n’ai pas du tout aimé Elizabeth. Si je comprends qu’elle soit perturbée, échaudée, qu’elle veuille contrôler chaque aspect de sa vie, je ne peux ni comprendre, ni pardonner l’attitude qu’elle a envers son neveu. Luke n’a que 6 ans, c’est un tout petit garçon flanqué d’une mère absente et alcoolique, d’un grand père bourru et démissionnaire et qui aurait mérité que celle qui vit avec lui se montre un minimum maternelle.
    Hors non seulement Elizabeth n’est pas maternelle, mais elle ne fait aucun effort dans ce sens. Luke est confiné dans sa chambre et sa salle de jeu, il n’a pas le droit de trainer ou d’apporter ses affaires dans le reste de la maison. Il doit se montrer silencieux en permanence, n’ouvrant la bouche que pour demander des permissions. Sa tante ne lui lit pas d’histoire, ne joue pas avec lui, mais ce qui a été de pire à mes yeux, elle refuse de lui laisser une part de rêve : pas de père noël, pas de petite souris, et certainement pas d’ami imaginaire…
    Je crois que c’est ce qui m’a le plus choquée dans l’attitude d’Elizabeth, cette obstination à empêcher Luke d’être un enfant.

    Même dans son travail, je me suis demandé comment elle pouvait s’en sortir. Une décoratrice d’intérieur qui ne présente jamais la moindre couleur, ce n’est pas très engageant.
    Voilà le travail difficile que va devoir faire Ivan : Décoincée un peu la reine des glaces.

    L’histoire, le passé d’Elizabeth n’est dévoilé que par petite touche, et on comprend pourquoi elle est devenue comme elle est.
    Du côté d’Ivan, on va en apprendre un peu plus sur son monde, sur les « amis imaginaires » et les difficultés de leur métier.
    La relation entre Ivan et Elizabeth est assez ambigüe : c’est une romance, mais pas une de celle que l’on a l’habitude de voir. Certain trouveront que la fin n’a rien d’un happy end, moi je l’ai trouvée parfaite.

     

    Un extrait : Elizabeth se mit debout et pénétra dans la cuisine baignée de lumière. Ses talons claquaient sur le carrelage en marbre, les éclats se répercutaient dans la pièce déserte et haute de plafond. Le soleil, qui tapait fort à travers les vitres de la véranda, réchauffait l’air ambiant. Aveuglée par ses rayons, Elizabeth plissa les yeux. Les meubles immaculés rutilaient, les plans de travail en granit noir étincelaient, les accessoires chromés reflétaient la lumière… un paradis revêtu de noyer et d’acier inoxydable. Elizabeth fonça droit vers la machine à espresso salvatrice et se prépara le remontant que réclamait son organisme roué de fatigue. Elle ouvrit un placard, en extirpa une tasse beige – avant de le refermer elle fit pivoter une autre tasse de façon à présenter son anse à droite, comme ses voisines –, fit glisser le long tiroir en acier où étaient rangés les couverts, remarqua un couteau égaré dans le compartiment à fourchettes, le rangea à l’endroit qui lui était dévolu, pêcha une petite cuillère et repoussa le tiroir.

    Du coin de l’œil, elle avisa un essuie-main jeté sans façon sur la poignée de la cuisinière. Elle le balança dans la remise, récupéra une serviette propre dans l’armoire, la plia soigneusement en deux et en drapa la poignée. Parfait. Chaque chose à sa place.

    Puis elle posa la tasse fumante sur un plateau en marbre destiné à protéger la table en verre, lissa son pantalon, épousseta sa veste. Elle alla ensuite s’installer dans la véranda pour y contempler son vaste jardin et le paysage vallonné qui s’étendait à perte de vue. Une symphonie de teintes émeraude, or et terre de Sienne.

    Elizabeth respira l’arôme puissant de son espresso et se sentit revivre. Elle se représenta sa sœur qui fonçait par-delà les collines au volant de son cabriolet, les bras en l’air, les yeux fermés, cheveux au vent, savourant son insouciance. En irlandais, Saoirse signifie liberté – un nom symbolique, choisi par sa mère dans une tentative désespérée pour rendre plus légères les obligations de la maternité, obligations qu’elle méprisait tant qu’elle pouvait. Elle avait souhaité que sa seconde fille l’aide à briser les chaînes de son mariage, à fuir ses responsabilités… bref, à la consoler de la dure réalité.

  • [Livre] Prodigieuses créatures

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    Résumé : Dans les années 1810, à Lyme Regis, sur la côte du Dorset battue par les vents, Mary Anning découvre ses premiers fossiles et se passionne pour ces « prodigieuses créatures » dont l’existence remet en question toutes les théories sur la création du monde. Très vite, la jeune fille issue d’un milieu modeste se heurte aux préjugés de la communauté scientifique. Celle-ci, exclusivement composée d’hommes, la cantonne dans un rôle de figuration.

    Mary Anning trouve heureusement en Elisabeth Philpot une alliée inattendue. Cette vieille fille intelligente et acerbe, fascinée par les fossiles, l’accompagne dans ses explorations. Si leur amitié se double peu à peu d’une rivalité, elle reste leur meilleure arme face à l’hostilité générale.

     

    Auteur : Tracy Chevalier

     

    Edition : Folio

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 04 octobre 2012

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : Je n’ai jamais lu de roman de cet auteur mais pour un coup d’essai c’est (presque) un coup de maître. Je n’ai pas eu de coup de cœur mais j’ai vraiment passé un excellent moment de lecture.
    Si on m’avait mis ce livre entre les mains sans rien m’en dire, je n’aurais jamais cru que l’auteur était une femme moderne. Bon, bien évidemment, au fil de la lecture, la critique à peine voilée de ces hommes qui tour à tour refusent d’imaginer que le monde ait pu être différent de ce qu’il est aujourd’hui, puis s’approprie les découvertes de Mary Anning car elle n’est qu’une femme, m’aurait fait me douter que ce n’était pas une contemporaine de Jane Austen qui avait écrit cette histoire.
    Pour autant, l’ambiance générale nous plonge vraiment en 1810, avec ses codes, et la séparation nette et quasiment infranchissable des différentes classes sociales.
    Avant d’arriver à la fin du livre et de lire la postface, j’ignorais totalement que Mary Anning et Elizabeth Philpot avaient réellement existé. Je pense que j’aurais lu avec une attention différente si j’avais su à l’avance que ce récit n’était pas purement fictif.
    Les hommes qui refusent l’idée même que les fossiles soient des créatures disparues, malgré les preuves de plus en plus évidentes, m’ont vraiment énervée. Leur argument est que Dieu a créé toutes les créatures peuplant la Terre et qu’il ne pouvait pas les avoir détruites. Au-delà des preuves scientifiques, j’ai envie de leur répondre sur leur propre terrain (bon ok, ça fait longtemps qu’ils ne sont plus là pour qu’on leur réponde mais quand même) : Puisqu’on dit que les Voies de Dieu sont impénétrables, de quel droit est ce que de simples mortels s’arrogent-ils le droit de dire ce que Dieu pourrait ou non décider de faire de Ses créatures ?
    J’ai beaucoup aimé que l’histoire se déroule sur plusieurs années ce qui permet de voir l’évolution des personnages, surtout de Mary qui n’est qu’une fillette au début de l’histoire et est une jeune femme à la fin.
    J’ai moins apprécié le changement de narrateur d’un chapitre sur l’autre. Ce n’est pas tellement ce changement en lui-même qui m’a dérangée, mais plutôt le fait que rien ne nous indique le changement de narrateur : c’est au changement de ton et à la manière dont les autres personnages sont nommés que l’on sait laquelle des deux femmes, d’Elizabeth ou Mary, est en train de s’exprimer.
    Quoi qu’il en soit, on plonge dans l’univers des fossiles, on tremble d’indignation devant l’attitude de certains messieurs, la mère de Mary nous énerve et force l’admiration en même temps.
    On referme le livre avec l’envie d’aller nous promener sur cette plage d’Angleterre (mais pas trop près des falaises) pour voir si, comme Mary, on a « l’œil ».

     

    Un extrait : Je ne me souviens pas d’un temps où je n’aurais pas été sur la plage. Maman disait toujours que la fenêtre était ouverte quand je suis née, et que la première chose que j’ai vue quand ils m’ont soulevée dans leurs bras c’était la mer. L’arrière de notre maison de Cockmoile Square donnait dessus, à côté de Gun Cliff, et dès que j’ai su marcher je partais là-bas sur les rochers, avec mon frère Joe qui était un peu plus grand pour me surveiller et m’empêcher de me noyer. À certaines époques de l’année, il y avait plein d’autres gens dans les parages, qui allaient vers le Cobb, regardaient les bateaux, ou partaient se baigner dans les cabanes de baigneurs, dont on aurait dit des cabinets d’aisance montés sur quatre roues. Il y en avait même qui se baignaient en novembre.

    Joe et moi on se moquait d’eux, ils ressortaient trempés, frigorifiés et malheureux, comme des chats qu’on a plongés dans l’eau, mais ils se persuadaient que ça leur faisait du bien. J’ai eu mon compte d’accrochages avec la mer au fil des années. Même moi, pour qui les heures des marées sont aussi naturelles que les battements de mon cœur, je me suis laissé prendre en cherchant des curios. Je me retrouvais cernée par la mer qui montait, et je devais marcher dans l’eau ou grimper sur les falaises pour rentrer. Pourtant je me suis jamais baignée volontairement, pas comme ces dames de Londres qui viennent à Lyme pour leur santé. Moi, j’ai toujours mieux aimé la terre ferme, les rochers, plutôt que la mer.

    La mer, je la remercie de me donner des poissons à manger, de libérer les fossiles des falaises, ou de les ramener depuis ses fonds sur la plage.

    Sans la mer, les os resteraient enfermés dans leurs tombes rocheuses pour toujours, et on n’aurait pas d’argent pour se nourrir et se loger. Des curios, j’en ai cherché depuis aussi longtemps que je me souviens. Pa m’emmenait sur la plage et il me montrait où regarder, il m’expliquait ce qu’étaient les différents fossiles : des vertèbres, des griffes du diable, des serpents de Ste Hilda, des bézoards, des éclairs, des lys de mer…

    Très vite j’ai pu chasser toute seule. Même quand on part chasser avec des gens, on n’est pas à côté d’eux à chaque pas. On peut pas être dans leurs yeux à eux, on doit se servir de ses propres yeux, regarder à sa propre façon. Deux personnes peuvent examiner les mêmes rochers et voir des choses différentes. L’un verra un morceau de silice, l’autre un oursin. Quand j’étais petite et que j’allais chasser avec Pa, il lui arrivait de trouver des vertèbres à un endroit que j’avais déjà inspecté. « Regarde », il disait, et il tendait le bras pour en ramasser une qui se trouvait juste à mes pieds. Alors il se moquait de moi : « Va falloir que tu cherches mieux que ça, ma p’tite ! » Ça ne m’a jamais dérangée : après tout, c’était mon

    père et c’était normal qu’il en trouve plus que moi, et qu’il m’apprenne le métier. J’aurais pas voulu être plus douée que lui. Pour moi, chercher des curios c’est comme chercher un trèfle à quatre feuilles : c’est pas l’intensité avec laquelle on cherche, mais la façon dont une chose peut tout à coup vous paraître différente. Mon regard parcourt un carré de trèfles, et je vois 3, 3, 3, 3, 4, 3, 3. Les quatre feuilles me sautent tout simplement aux yeux. Pareil avec les curios : je déambule sur la plage, mes yeux se promènent sur les galets sans réfléchir, et hop là, je repère la forme allongée d’une bélem, la courbe et les stries d’une ammo, ou encore le grenu d’un os par rapport au poli du silex… Leur aspect les fait ressortir du fouillis autour. Chacun chasse de manière différente. Miss Elizabeth étudie la paroi de la falaise, les rochers plats et les pierres avec une telle concentration qu’on croirait que sa tête va éclater. Elle en trouve, des choses, mais ça lui coûte un effort énorme.

    Elle a pas l’œil comme moi.

  • C'est lundi que lisez-vous? #117

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog de Galleane.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    les femmes au quotidien de 1750 à nos jours.jpg

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    J'ai tiré ces titres de ma book jar et mon application roulette me désignera l'ordre dans lequel je les lirai

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    Et vous, que lisez-vous?

  • [Livre] Le testament de Marie

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    Résumé : Ils sont deux à la surveiller, à l'interroger pour lui faire dire ce qu'elle n'a pas vu. Ils dressent de son fils un portrait dans lequel elle ne le reconnaît pas, et veulent bâtir autour de sa crucifixion une légende qu'elle refuse. Seule, elle tente de s'opposer au mythe que les anciens compagnons de son fils sont en train de forger.

     

    Auteur : Colm Toibin

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 20 août 2015

     

    Prix moyen : 14€

     

    Mon avis : Marie, mère de Jésus, un nom qu’elle refuse désormais de prononcer, est enfermée dans une petite maison, interrogée et harcelée par deux hommes qui veulent lui faire raconter une version de l’histoire qui n’est pas la sienne.
    Inlassablement, elle refuse de raconter leur vérité, et nous livre ce qu’elle a réellement vu. Comment ces hommes ; qu’elle nomme « la horde », ont manipulé le peuple, combien son fils a changé, à quel point elle ne le reconnait plus, combien elle l’a vu s’éloigner d’elle, méprisant ses avertissements, se montrant plein d’arrogance et de morgue.
    Marie refuse le mythe que les « apôtres » veulent créer autour de la crucifixion, elle est blessée, traumatisée par la mort de son fils, par le souvenir de ses hurlements, de la façon dont il s’est débattu pour échapper au sort auquel on l’a destiné.
    Elle est aussi folle d’une rage contenue de voir que l’on continue à essayer de lui faire raconter une version arrangée de l’histoire alors qu’elle-même est proche de la mort et n’aspire qu’à un peu de calme et de tranquillité.
    Elle refuse cette nouvelle doctrine que l’on tente d’imposer en se servant de son fils comme symbole. Elle a toujours été profondément croyante, juive, et n’a jamais été l’une des fidèles de Jésus.
    Au final, Marie est une mère, une femme ordinaire, pas une sainte, une femme à laquelle le besoin de reconnaissance d’une bande de fauteur de troubles a arraché son fils.

    Ce texte est écrit à la première personne. Colm Toibin donne une voix à la mère de Jésus, l’éloignant de l’image figée qu’ont donné d’elle les tableaux et les écritures. Les paroles sont simples mais ont une force incroyable, faisant ressortir toute la peine de Marie, sa culpabilité aussi de n’avoir pas pu sauver son fils, de n’avoir pas essayé davantage. Il y a peu de dialogues, on assiste à un long monologue mais à aucun moment on ne ressent de longueur ou de fatigue de lire ce texte si dense.
    Le roman n’est pas très long : à peine 126 pages, mais ce sont 126 pages d’une intensité à couper le souffle.
    Un coup de cœur, vraiment, et un roman à côté duquel il serait dommage de passer !

     

    Un extrait : Il y a une chaise ici qui n’a jamais servi. Ailleurs, peut-être, oui, dans le passé, mais elle a franchi le seuil de cette pièce à une époque où j’avais désespérément besoin de penser aux années où j’avais connu l’amour. J’ai décidé qu’elle resterait vide. Elle appartient à la mémoire, elle appartient à un homme qui ne reviendra pas, dont le corps est poussière mais qui avait autrefois une puissance dans le monde. Il ne reviendra pas. La chaise est pour lui, car il ne reviendra pas. Je ne lui garde ni eau, ni nourriture, ni une place dans mon lit, ni bribes d’information susceptibles de l’intéresser. Je veille seulement à ce que cette chaise reste vide. Ce n’est pas une grande occupation. Parfois je la regarde en passant et c’est tout ce que je suis capable de faire. Peut-être est-ce assez, et peut-être y aura-t-il un temps où je n’aurai pas besoin d’avoir près de moi un objet qui me le rappelle. Tout à la fin de mes jours, le souvenir de lui se retirera peut-être plus profondément dans mon cœur et tout secours extérieur deviendra superflu.

    Je savais, par leur indélicatesse, leur façon d’entrer comme s’ils envahissaient l’espace de la pièce, qu’à un moment donné l’un des deux choisirait cette chaise. Il le ferait avec désinvolture, comme s’il n’y avait aucun enjeu, de manière à déjouer ma résistance. Mais j’étais prête.

    « Pas celle-là, ai-je dit, aussitôt qu’il a écarté la table et tiré la chaise, que j’avais pris soin de coincer contre le mur.

    — Quoi ?

    — L’autre oui, mais pas celle-là.

    — À quoi sert une chaise, sinon à s’asseoir ? Je n’ai pas le droit de m’asseoir sur une chaise ? »

    Le ton était plus insolent que menaçant, mais il contenait un élément de menace.

    « Personne ne s’assoit sur cette chaise, ai-je dit à voix basse.

    — Personne ? »

    J’ai encore baissé la voix.

    « Personne. »

    Mes visiteurs se sont entreregardés. J’ai attendu sans tourner la tête. J’essayais de paraître inoffensive, quelqu’un qu’il ne vaut pas la peine de défier, surtout sur un point tel que celui-là, un caprice, une toquade de bonne femme.

    « Et pourquoi donc ? » a-t-il repris avec une douceur ironique.

    « Pourquoi ? » a-t-il insisté, comme s’il s’adressait à une enfant.

    Je pouvais à peine respirer. J’ai posé les mains sur le dossier de la chaise la plus proche, mon cœur avait presque cessé de battre et j’ai senti qu’il ne faudrait pas longtemps pour que toute vie en moi, le peu qu’il en reste, s’en aille, tout simplement, comme une flamme s’éteint par un jour de grande chaleur – une brise légère, un tremblement soudain, et puis fini, plus rien, comme si elle n’avait jamais brûlé.

    « Pas cette chaise, ai-je dit.

    — Je veux une explication.

    — Cette chaise est là pour quelqu’un qui ne reviendra pas.

    — Mais il reviendra.

    — Non. Il ne reviendra pas.

    — Ton fils reviendra.

    — Cette chaise est pour mon mari. »

    J’ai répondu comme si l’imbécile, cette fois, c’était lui. J’étais contente en le disant, comme si le simple fait de prononcer le mot « mari » avait fait surgir dans la pièce quelque chose, ou l’ombre de quelque chose, qui était suffisant pour moi, mais pas pour eux. Et puis il s’est avancé, il a empoigné la chaise. Il me tournait le dos.

    J’étais prête. Sur la table, il y avait un couteau affuté. Je m’en suis emparée. La lame n’était pas dirigée vers eux, mais mon mouvement pour le saisir avait été si vif que j’ai capté leur attention. Je les ai regardés à tour de rôle.

    « J’en ai un autre caché, ai-je dit. Si vous touchez de nouveau à cette chaise, si vous la touchez, j’attendrai, et ensuite je viendrai la nuit, aussi silencieuse que l’air, vous n’aurez pas le temps de crier. Croyez-moi, je le ferai, n’en doutez pas un instant. »

    Je me suis détournée comme si j’avais du travail. J’ai lavé deux cruches qui n’avaient pas besoin d’être lavées, puis je leur ai demandé d’aller me chercher de l’eau. Je savais qu’ils avaient envie d’être seuls. Après leur départ, j’ai replacé la chaise contre le mur, et la table devant la chaise. Le temps était peut-être venu d’oublier l’homme que j’avais épousé, puisque je ne tarderais pas à le rejoindre, de toute façon. Peut-être fallait-il rendre cette chaise à son insignifiance, mais je le ferais un jour où ce ne serait plus un enjeu. Je romprais son pouvoir au moment que j’aurais moi-même choisi.

  • Le tiercé du samedi #116

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    Rappel du principe: Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Ce Rendez-Vous Livresque a été inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots, et qui n'existe plus aujourd'hui.

    Comme annoncé la semaine dernière, le thème d'aujourd'hui est:

    Les trois derniers livres qui vous ont fait faire une nuit blanche parce que leur auteur est un sadique qui a écrit un livre impossible à lâcher (y’a pas idée d’être si doué)

     

    Alors pour ma part, le trio gagnant est:

     

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    Joyland

     

     

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    Diabolic

     

     

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    La part des flammes

     

     

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    Pour la semaine prochaine, le thème sera: Les trois livres qui vous ont fait pousser un « nooooon » déchirant qui a fait sursauter la moitié de votre quartier, tout ça à cause de la mort inopinée d’un personnage (et si vous aviez été l’auteur, ce n’est sûrement pas celui-là que vous auriez supprimé)

    Et n'hésitez pas à laisser en commentaire le lien vers votre propre tiercé du samedi!