Résumé : La vie de Léa, avocate française, bascule dans le cauchemar le jour où son ex-mari, en proie au démon du fanatisme religieux et soupçonné d'appartenir à une cellule terroriste, enlève leur fils de 12 ans et disparaît.
Devant l'échec des démarches officielles, Léa n'a plus le choix : il lui faut retrouver la trace de son ex-mari et découvrir ce que son fils est devenu.
Auteur : John La Galite
Edition : KS éditions
Genre : Témoignage/ document
Date de parution : 08 février 2014
Prix moyen : 8€
Mon avis : Tiré d’une histoire vraie, ce livre diffère des autres de différentes manières :
D’abord rien n’est édulcoré. L’écriture est brute, voire brutale. L’auteur ne nous épargne rien. Il n’adoucie pas l’histoire par des pensées positives comme on a tendance à le voir dans ce genre de livre, ou en survolant les passages violents. Ici tout est minutieusement détaillé.
Ensuite, et c’est cela qui justifie le « tiré d’une histoire vraie », plutôt que « histoire vraie » tout court, l’auteur extrapole certains passages que la femme qui lui a raconté l’histoire ne peut pas connaitre : les motivations des djihadistes, leurs pensées, leurs actions quand ils sont entre eux, à l’abri des regards… ces passages relèvent de la fictions, même si l’auteur s’est suffisamment renseigné sur ce genre de personnages pour qu’on puisse se douter qu’il est proche de la vérité.
J’ai lu ce livre sous le titre « Vous n’aurez pas mon fils ». J’ai trouvé ce titre parlant et collant bien avec l’histoire. En revanche, je n’aime pas l’autre titre (A-t-il été utilisé avant, ou lors d’une réédition, je ne sais pas) « Je vous salue imams ». Ce second titre me parait moins adéquat car il sous-entend que tous les imams sont à l’image de ceux présentés dans ce livre. Or il ne faut pas oublier que dans cette histoire, on a affaire à des extrémistes, des terroristes (enfin, qui préfèrent quand même que les risques soient pris par d’autres). Considérer que tous les imams sont ainsi revient à dire que tous les prêtres catholiques sont pédophiles sous prétexte qu’il y a eu des pommes pourris dans le verger.
J’ai beaucoup aimé les personnages qui entourent Léa et tentent de lui venir en aide. Même quand Léa manque de tout faire rater par impatience, elle ne m’a pas agacé car on sent son désespoir et sa terreur de ne pas retrouver son fils à temps.
Pas de conte de fée ici. Je ne vous dirai pas si l’histoire fini bien ou mal, mais sachez qu’elle finit mal pour certains et que cet aspect des choses non plus ne nous est pas épargné.
C’était un livre court, mais très dur et il a me falloir des lectures toutes légère pour m’en remettre !
Un extrait : Léa déboucla sa ceinture, attrapa son sac et se fraya un chemin dans l’allée étroite, jusqu’au fond du jet d’Etihad Airlines. Depuis l’escale d’Abu Dhabi, elle était la seule femme, la seule Occidentale à bord de cet avion, et les autres passagers la dévisageaient avec un air de surprise, comme si quelque part sa présence choquait. Elle atteignait la seconde et dernière étape du voyage qui la menait de Paris à Islamabad, « la demeure de l’Islam », la capitale du Pakistan.
C’est dans ce pays survolté, dont la presse américaine disait qu’il était à la fois l’antre du diable et un laboratoire de la terreur, que commençait son enquête.
Dans moins d’une heure, Léa s’enfoncerait en territoire inconnu, hostile. Elle ne connaissait rien de l’islamisme radical, de ses codes et de sa hiérarchie. Ces nouveaux possédés de Dieu, ces mollahs de cauchemar dopés au fanatisme qui prêchaient la haine et le jihad, elle ne les avait vus qu’à la télévision. Mais elle savait que près de 4000 personnes avaient été tuées depuis l’été 2007 dans une vague de plus de 400 attentats. Des attaques revendiquées par les talibans pakistanais, qui faisaient allégeance à Al Qaïda, et par des groupes alliés. Les kamikazes visaient les bâtiments officiels et les forces de sécurité. Mais ces derniers mois, ils s’en prenaient de plus en plus aux civils et aux édifices religieux des chiites, des soufis et des ahmadis, des confessions minoritaires de l’islam qu’ils considéraient comme hérétiques.
Léa s’enferma dans les toilettes de l’avion. Le miroir lui renvoya l’image d’une femme au dernier stade de la panique. Celle de ne pas réussir ou d’arriver trop tard.
Cette éventualité la terrorisa. Alors, elle essaya d’occuper son esprit. Elle rafraîchit son maquillage, tenta de se donner la meilleure apparence possible. La peur, à cet instant précis, était un mauvais sentiment, pas un bon conseiller.
Rien n’avait encore commencé de ce périlleux voyage qui devait la conduire au coeur de l’inconnu et elle était déjà désemparée. Elle venait d’avoir trente-sept ans, à cet âge, une femme était censée avoir sa vie bien en main.
Comment avait-elle pu perdre le contrôle de la sienne ? Comment ne s’était-elle aperçue de rien ? Y avait-il eu des signes, des alertes auxquels elle n’avait pas pris garde ? Peut-être n’avait-elle pas fait attention, mais on ne vit pas en « faisant attention. »
Se plonger dans le passé ne l’aiderait pas. Et puis, la nécessité et l’urgence la privaient du moindre choix.
Combien cela prendrait-il ?
Des jours ? Des semaines ? Des mois ?
Combien de temps pourrait-elle tenir ?
Son compte épargne suffirait-il à couvrir les dépenses ?
Elle refusait de penser en termes d’argent ou d’années.
Dans les toilettes de l’avion le signal « Attachez vos ceintures » s’alluma. Léa fouilla dans son sac à la recherche des collants noirs qu’elle avait achetés. Elle les enfila et lissa la jupe de son tailleur vert foncé, classique. Elle noua sous son menton le foulard sombre qui complétait la panoplie qu’une femme portait au Pakistan quand elle se trouvait dans un lieu public.
Léa regagna sa place. Le personnel de cabine débarrassait les plateaux-repas, se préparait à la descente. L’atterrissage était prévu aux alentours de 20 h 30.