Résumé : Depuis la mort de son mari, Rachel Stone mène une existence désastreuse mais, pour Edward, son fils de cinq ans, elle est prête à tout, jusqu’à retourner à Salvation dans l’espoir de récupérer un trésor. Lorsqu’elle découvre qu’un poste est à pourvoir dans le drive-in de Gabriel Bonner, c’est pour Rachel une joie inespérée et, malgré la rudesse de Gabriel, elle se sent irrépressiblement attirée. Mais son frère, Ethan Bonner, ne l’entend pas de cette oreille et d’étranges incidents lui confirment qu’elle n’est pas la bienvenue à Salvation.
Auteur : Susan Elizabeth Phillips
Edition : J’ai lu
Genre : Chick lit
Date de parution : 21 septembre 2011
Prix moyen : 7€
Mon avis : Ce livre fait partie d’une saga qui semble se concentrer sur les joueurs de football. Il se démarque donc un peu du reste de la saga puisque le personnage masculin principal n’est pas footballeur. En revanche, son frère aîné l’est, et il était le héros du tome précédent.
A priori, il y a d’ailleurs un gros problème de traduction, puisque ce frère qui s’appelait Cal dans son propre tome (diminutif de Calvin) est devenu Charles dans celui-ci.
Ça ne me pose personnellement pas de problème, puisque je n’ai lu que ce tome là, mais je me doute que pour ceux qui ont lu toute la saga, ce doit être un peu énervant.
Gabriel est un vrai ours des cavernes. Il n’arrive pas à se remettre de la mort de sa femme et de son fils, survenue deux ans plus tôt, et il se montre odieux avec presque tout le monde, à l’exception de ses frères qui le dorlotent comme un invalide et ne l’aident, du coup, pas à faire son deuil.
En revanche, comme il n’était pas à Salvation quand les choses ont mal tourné pour Rachel, il n’a aucun a priori sur elle et du coup, va la voir telle qu’elle est.
La seule chose que je n’ai vraiment pas supporté chez lui, c’est son attitude envers Edward. Il y a un passage qui m’a profondément choquée :
« Gabriel avait beau se répéter que l’enfant n’y était pour rien, quand il voyait Edward, il songeait à Jamie et se disait que le plus valeureux des deux était mort. » Tout ça parce que Edward est de nature plus calme, plus réservé (et quand on voit la vie qu’il mène depuis 3 ans, on le comprend).
Il a parfois certaines réaction, ou réflexions qui font que, à la place de Rachel, je lui aurais sauté à la gorge.
Rachel, elle, est en butte à l’hostilité de la petite ville qui la tient pour responsable des escroqueries de son défunt mari. D’ailleurs, ça m’a tué : les gens déjà, sont crédules qu’ils en peuvent plus, filent tout leur pognon à un escroc, mais en plus, quand il se fait arrêter, sa seule excuse est : c’est ma femme qui m’a entraîné et tout le monde décrète que ce pauvre homme, qui a été reconnu coupable des escroqueries quand même, est un pauvre homme manipulé par une vraie harpie.
Et puis comme le bonhomme a eu la bonne idée de ne pas sortir vivant de sa tentative de fuite, c’est bien pratique d’avoir sa veuve sous la main pour servir de bouc-émissaire.
Rien à redire sur l’écriture qui est exactement telle qu’on l’attend de ce genre de roman. On a de la romance, un poil d’intrigue (mais qui fait tout pour que Rachel s’en aille ?) et beaucoup d’humour, surtout dans les joutes verbales entre Rachel qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et Gabriel qui ne semble pas avoir l’habitude d’être contrarié.
C’est un livre parfait à lire après une lecture difficile, pour faire redescendre la pression, ou simplement pour se détendre.
Un extrait : Les derniers espoirs de Rachel Stone s’envolèrent dans un nuage de fumée noire jaillissant du capot de sa voiture. Elle eut à peine le temps de se garer sur le bas-côté de la route, en face d’un drive-in, juste en dessous d’un énorme panneau jaune et violet représentant un feu d’artifice.
Ce fut là que, sous un soleil étincelant, sa vieille Impala brinquebalante rendit son ultime soupir.
Bras croisés sur le volant, Rachel laissa retomber sa tête entre ses mains et succomba au désespoir. C’est sur cette route à deux voies, à la lisière de la ville de Salvation, en Caroline du Nord, que prenait fin un interminable parcours en enfer.
— Maman ?
Elle s’essuya les yeux et se redressa.
— Je te croyais endormi, mon chéri.
— C’est ce drôle de bruit qui m’a réveillé.
Elle se tourna pour contempler son fils, qui venait de fêter son cinquième anniversaire. Sur la banquette arrière, il paraissait perdu parmi les paquets minables qui constituaient leurs maigres possessions. Rachel les avait entassés à l’intérieur de la voiture, la serrure du coffre étant coincée depuis des années à la suite d’un accident.
La joue d’Edward était plissée là où il avait dormi, et ses cheveux étaient ébouriffés. Il était petit pour son âge, trop mince, encore pâle après la pneumonie qui avait menacé de l’emporter. Rachel sentit un élan d’amour l’envahir.
Il la dévisageait solennellement par-dessus la tête de Jeannot, le lapin en peluche qu’il traînait partout depuis son plus jeune âge.
— Tu as encore un problème ?
Elle s’efforça de sourire.
— Un petit souci avec la voiture, c’est tout.
— On va mourir ?
— Mais non, mon trésor, ne t’inquiète pas. Si tu marchais un peu, pendant que je jette un coup d’œil sous le capot ? Fais attention à la route.
Il prit entre ses dents ce qui restait de l’unique oreille de Jeannot et, de ses jambes maigres, essaya de franchir l’obstacle que constituait un panier à linge rempli de vêtements usés et de serviettes de bain. Rachel se pencha par-dessus le dossier de son siège pour l’aider à ouvrir la portière, qui fonctionnait à peine mieux que le coffre.
On va mourir ? Combien de fois lui avait-il posé cette question ? Son dernier repas à peu près correct remontait à plusieurs heures : une orange, un peu de lait et un sandwich à la confiture. Quelle sorte de maman était-elle, pour le nourrir aussi mal ?
Une mère démunie, à qui il ne restait plus que neuf dollars et un peu de monnaie.
Apercevant son image dans le rétroviseur, elle songea que, autrefois, on la trouvait jolie. Aujourd’hui, des ridules d’angoisse encadraient sa bouche, et ses grands yeux verts semblaient lui manger la figure. Sous les taches de rousseur, sa peau était blanche comme de la porcelaine. Elle n’avait pas de quoi s’offrir une visite chez le coiffeur, et ses cheveux auburn étaient en désordre. En guise de maquillage, il ne lui restait qu’un morceau de bâton de rouge à lèvres. Elle ne s’en était pas servie depuis des semaines. À quoi bon ? À vingt-sept ans, elle avait l’impression d’en avoir cent.
Sa robe en toile bleue lui tombait sur les épaules. Le tissu était délavé, la coupe informe, et elle avait dû remplacer l’un des six boutons rouges par un bouton marron, faute de pouvoir en racheter une série. Elle avait expliqué à Edward que c’était « la nouvelle mode ».
La portière grinça. Le goudron était brûlant sous les fines semelles de ses sandales. L’une des brides était cassée. Rachel l’avait raccommodée, et depuis, à l’endroit de la réparation, elle avait une ampoule. Tant pis. C’était peu de chose. L’essentiel était de survivre.
Une camionnette passa à toute allure, sans s’arrêter. Rachel leva le bras pour se protéger le visage du vent et de la poussière. Elle jeta un coup d’œil vers Edward. Il se tenait près d’un buisson, Jeannot sous le coude, la tête renversée en arrière pour lire le gigantesque panneau au-dessus de lui : Drive-in L’Orgueil de la Caroline.
Résignée, elle souleva le capot, puis recula précipitamment pour éviter les projections de vapeur. A Norfolk, le garagiste l’avait prévenue que le moteur était à bout. Cette fois, c’était grave.
Elle s’assit par terre, dépitée. Non seulement elle n’avait plus de voiture, mais elle n’avait plus de maison, puisque, depuis une semaine, l’impala leur servait de toit. Elle avait expliqué à Edward qu’ils allaient faire « comme les tortues ».
Elle soupira, accablée par cette nouvelle catastrophe, dernière d’une longue série de calamités qui l’avaient ramenée dans cette ville où, pourtant, elle s’était promis de ne jamais remettre les pieds.