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Selene raconte... - Page 78

  • [Livre] La fugitive

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    Résumé : Nome, 1900 : la plus importante ruée vers l'or de l'histoire. Près de cent mille hommes et femmes de tous les continents, enfiévrés par l'espoir de faire fortune, convergent vers les étendues glacées de l'Alaska. Dans leur quête effrénée du métal jaune, les prospecteurs, les aventuriers, les commerçants et les pionniers n'obéissent qu'à une seule loi : celle du plus fort. Laissant derrière elle les prairies du Minnesota, sa maison et son mariage malheureux, la jeune Esther tente de survivre dans cet environnement cruel. Pleine de ressources, elle s'acclimate rapidement à sa nouvelle existence et gagne sa vie en distribuant le courrier des mineurs. Mais quand son époux traverse l'océan pour la traquer, elle se retrouve confrontée au secret terrible qu'elle fuyait de toutes ses forces.


    Auteur : Peter C. Brown

     

    Edition : Michel Lafon

     

    Genre : Romance historique

     

    Date de parution : 2007

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire. Toute la première partie, pendant laquelle on ne sait pas grand-chose du passé d’Esther et où les personnages principaux sont sur le bateau qui les conduit à Nome en Alaska, est très lente. Je l’ai trouvé sans beaucoup d’intérêt. Disons qu’une fois que les personnages étaient présentés, le reste de la traversée m’a paru être du remplissage et je me suis ennuyée. J’ai même failli abandonner le livre, mais j’ai décidé de m’accrocher et j’ai bien fait car dès la seconde partie, dans laquelle on raconte le passé d’Esther j’ai repris goût à l’histoire.
    Leonard, le mari d’Esther, est vraiment un type perturbé. Il ne sait vivre que de magouilles, d’arnaques. Il n’est pas intéressé par la vie d’agriculteur car c’est un travail sans cesse renouvelé et que lui, il veut de l’argent de manière rapide sans avoir à le réinvestir aussitôt. Alors qu’Esther et sa famille sont pieux et trouve leur bonheur dans le travail de la terre et une vie simple et laborieuse, lui veut vivre sans attaches et surtout sans responsabilités.
    Ses manigances pour se faire bien voir d’Esther me l’ont vraiment rendu antipathique.
    J’ai trouvé que le résumé du livre ne rendait pas justice au livre car il laisse présumer des faits, des secrets, qui n’existent pas dans le récit.
    Au début du livre et pendant la quasi-totalité de l’histoire, j’ai beaucoup aimé Esther que je trouvais courageuse, forte, indépendante, malgré les épreuves qu’elle a traversées. Mais son attitude dans la dernière partie du roman a fait retomber toute l’admiration que j’avais pour elle. Je n’ai pas compris son attitude. Je n’arrivais pas à savoir si elle voulait se poser en martyre ou si elle était finalement faible et sans constance.
    Nolan est un homme bien, mais il a pas mal d’idées reçues. C’est aussi le genre d’homme qui pense qu’il suffit de vouloir pour obtenir ce que l’on souhaite. Nul doute que son séjour à Nome va le faire grandir et murir. Mais il a bon fond et malgré certaines petites erreurs, on voit que c’est un homme fiable.
    Dans l’ensemble l’histoire était sympathique, même si je m’attendais à autre chose étant donné les sous-entendus du résumé.

     

    Un extrait : La cabine intérieure sans hublot qu’Esther partageait avec Léna Watson en deuxième classe, dans les profondeurs du bâtiment, était éclairée par une méchante ampoule nue qui n’arrêtait pas de clignoter. L’espace entre leurs couchettes superposées et le mur leur laissait à peine la place de se tenir debout toutes les deux en même temps. Une épaisse couche de crasse duvetait toutes les surfaces. Dans un coin, un caleçon sale gisait roulé en boule. La toile à matelas était maculée de tâches et les couvertures en laine puaient la transpiration.

    - Du moment qu’il n’y a pas de rat, fit observer Léna, philosophe, avant de ranger ses affaires sur l’étagère au pied de la couchette supérieure.

    Esther, moins conciliante ou moins résignée, se campa sur le seuil de leur cabine, le regard perdu dans le flot humain qui s’écoulait dans le couloir et réfléchit au moyen d’améliorer leur confort, tout ayant conscience que ses chances de réussite étaient fort minces. Lorsque surgirent deux officiers de l’équipage, elle les interpela aussitôt :

    - Nous avons besoin de draps ! Il n’y en a pas dans notre cabine !

    Les deux officiers ne firent même pas mine de ralentir, mais l’un d’eux tourna la tête vers elle et lui lança d’un ton impertinent :

    - Si c’est une question de literie, vous devriez plutôt sonner le steward, madame.

    Son compagnon ricana, et les deux hommes disparurent au tournant du corridor avec les autres.

     

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  • C'est lundi que lisez-vous? #184

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog I believe in Pixie Dust.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Les intrus.jpg Les hauts de hurlevent.jpg qui es tu Alaska.jpg

    Maybe someday.jpg Le journal intime d'un arbre.jpg

     

    Mes pages lues:

    Dimanche: 90p

    Lundi: 201p

    Mardi: 155p

    Mercredi: 261p

    Jeudi: 142p

    Vendredi: 332p

    Samedi: 258p

     

    Total lu sur la semaine: 1439p

    lecture en cours.jpg

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    mes prochaines lectures.jpg

    Ce qu'il reste de ma PAL du Pumpkin

    Le journal intime d'un arbre.jpg Les intrus.jpg Maybe someday.jpg

    qui es tu Alaska.jpg rouge toxic.jpg

     

    Voilà ma PAL pour le challenge Christmas time (15 novembre - 31 décembre)

    La danse hésitante des flocons de neige.jpg L'exquise clarté d'un rayon de lune.jpg La douce caresse d'un vent d'hiver.jpg

    Aux délices des anges.jpg chevaux de foudre.jpg Devine qui vient pour noel.jpg

    Le magicien d'oz.jpg Shade of magic.jpg Un palais de colère et de brume.jpg

    y aura-t-il trop de neige à noel.jpg

     

    Voici ma PAL pour le Cold Winter Challenge (1er décembre - 31 janvier)
    Comme vous pouvez le constater, il y a 2 livres en commun avec le christmas time

    Belle de glace.jpg Blanche neige et le chasseur.jpg coup de foudre sous la neige.jpg

    flocons d'amour.jpg Je sais qui tu es.jpg La danse hésitante des flocons de neige.jpg

     La disparue de la cabine n°10.jpg La douce caresse d'un vent d'hiver.jpg Les orphelins du grand nord.jpg

    marquée à vie.jpg Quand la neige danse.jpg snowblind.jpg

    Tout ce que je veux pour noel.jpg

     

    Enfin, Corn8lius organise une nouvelle LC qui durera 6 mois à raison d'un tome à lire tous les 2 mois. Vont donc m'accompagner un bout de temps:

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    Et vous, que lisez-vous?

  • Premières lignes #26

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.
    Pour ma part, j’ai décidé de vous faire découvrir mes coups de cœurs !

     

    Cette semaine, je vous présente La fille du faiseur de rois de Philippa Gregory dont vous pouvez lire ma chronique ICI.

     

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    Héritière légitime, épouse du plus grand sujet du royaume, Mère entre la première. Ensuite vient Isabelle, car elle est l’aînée. Et enfin moi, la dernière, comme toujours. De ma place, je ne vois pas grand-chose lorsque nous pénétrons dans la grande salle du trône, dans la tour de Londres. Ma mère fait une révérence puis s’écarte. Isabelle s’incline bien bas, comme nous l’avons appris, car un roi reste un roi même s’il n’est qu’un jeune homme installé sur le trône par mon père, et quoi que l’on pense d’elle, son épouse sera sacrée reine. Alors que je m’avance pour faire ma révérence, je vois enfin, pour la première fois, la femme que nous sommes venues honorer à la cour.
    Elle est impressionnante, la plus belle femme que j’ai jamais vue de toute ma vie. Aussitôt, je comprends pourquoi le roi a arrêté son armée à sa vue, pour ensuite l’épouser quelques semaines plus tard. Elle a un sourire qui s’épanouit lentement, puis brille d’un éclat angélique. Je connais des statues qui paraîtraient fades à côté d’elle, des madones peintes dont les traits seraient grossiers en comparaison de sa beauté lumineuse. Après ma révérence, je me relève pour la fixer telle une icône raffinée, incapable de détourner les yeux. Sous mon regard insistant, elle me sourit en rougissant, et je ne peux m’empêcher de lui rendre son sourire. Elle rit, comme si ma franche adoration l’amusait, mais j’aperçois alors le coup d’œil furieux de ma mère et me précipite à ses côtés, où ma sœur Isabelle fait la grimace.
    — Tu la fixais comme une idiote, siffle-t-elle. C’est embarrassant pour nous. Que dirait Père ?
    Le roi s’avance et embrasse chaleureusement ma mère sur les deux joues.
    — Avez-vous reçu des nouvelles de mon cher ami, votre époux ?
    — Il travaille à votre service, répond-elle promptement.
    Père manque le banquet de ce soir et toutes les autres fêtes, car il s’entretient avec le roi de France en personne et le duc de Bourgogne, d’égal à égal, afin de se réconcilier avec ces puissants hommes de la chrétienté maintenant que le roi endormi a été vaincu et que nous sommes les nouveaux souverains d’Angleterre. Mon père est un grand homme, le représentant du nouveau roi et de toute l’Angleterre.
    Ce nouveau roi — le nôtre — esquisse une petite révérence devant Isabelle et me tapote la joue. Il nous connaît depuis que nous sommes toutes petites, trop petites pour assister à de tels banquets, et que lui était un garçon sous la garde de notre père. Pendant ce temps, ma mère regarde autour d’elle comme si nous étions chez nous au château de Calais, à la recherche d’une erreur commise par les serviteurs. Je sais qu’elle souhaite ardemment découvrir quelque chose qu’elle pourra rapporter plus tard à mon père, une preuve que cette magnifique reine n’est pas faite pour tenir ce rang. À son expression hargneuse, je devine qu’elle n’a rien trouvé.
    Personne n’aime cette reine, je ne devrais donc pas l’admirer. Nous devrions nous moquer qu’elle nous adresse un sourire chaleureux, à Isabelle et moi, qu’elle se lève de son grand fauteuil pour venir serrer les mains de ma mère. Nous sommes tous résolus à ne pas l’aimer. Mon père avait prévu un excellent mariage pour ce roi, avec une princesse de France. Il avait préparé le terrain, rédigé le contrat, convaincu ceux qui détestent les Français que cette union serait bénéfique pour le pays, protégerait Calais, et pourrait même faire revenir Bordeaux dans notre giron. Cependant, le nouveau roi, d’une éblouissante beauté, notre adorable Édouard — comme un petit frère pour mon père et un oncle illustre pour nous — a déclaré, aussi simplement que s’il commandait son dîner, qu’il était déjà marié et que l’on ne pouvait rien y faire. Déjà marié ? Oui, à Elle.
    Il a eu tort d’agir sans le conseil de mon père, tout le monde le sait. C’est la première fois depuis la longue campagne triomphante qui a fait passer la maison d’York du déshonneur — devoir demander pardon au roi endormi et à la méchante reine — à la victoire, puis au trône d’Angleterre. Aux côtés d’Édouard, mon père le conseillait, le guidait, lui dictait ses moindres gestes, car il a toujours su ce qui était le mieux pour lui. Le roi reste un jeune homme qui doit tout à mon père. Il ne serait pas monté sur le trône si celui-ci n’avait pas embrassé sa cause, ne lui avait pas appris à mener une armée, n’avait pas combattu à sa place. Mon père a risqué sa vie, d’abord pour le père d’Édouard, ensuite pour Édouard lui-même. Or, juste après la fuite du roi endormi et de la méchante reine, et son propre couronnement, alors que l’avenir semblait merveilleux, Édouard est parti l’épouser en secret.

     

    Alors, tentés?

  • [Film] Downsizing

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    Titre original : Downsizing

     

    Réalisé par : Alexander Payne

     

    Date de sortie : 10 janvier 2018

     

    Genre : Comédie dramatique

     

    Pays d’origine : USA

     

    Durée : 2h16

     

    Casting : Matt Damon, Christoph Waltz, Hong Chau, Udo Kier…

     

    Résumé : Pour lutter contre la surpopulation, des scientifiques mettent au point un processus permettant de réduire les humains à une taille d’environ 12 cm : le "downsizing". Chacun réalise que réduire sa taille est surtout une bonne occasion d’augmenter de façon considérable son niveau de vie. Cette promesse d’un avenir meilleur décide Paul Safranek  et sa femme à abandonner le stress de leur quotidien à Omaha (Nebraska), pour se lancer dans une aventure qui changera leur vie pour toujours.

     

    Mon avis : Que ceux qui, après avoir vu la bande annonce, attendent une comédie à la « chéri j’ai rétrécie les gosses » ou une superproduction pleine d’effet spéciaux avec insectes géants ou pluies torrentielles menaçant la vie des « petits » et qui ne veulent rien voir d’autre, passent leur chemin.
    Ici, la miniaturisation n’est pas tant le point de départ d’une histoire extraordinaire que celui d’une histoire douloureusement ordinaire. La preuve que l’être humain, quel que soit sa taille, reproduit sans cesse les mêmes schémas.
    Paul, interprété par Matt Damon, est un gentil garçon. Il s’est occupé de sa mère malade, il est un époux attentionné et fidèle et un ergothérapeute d’entreprise à l’écoute. Quand les scientifiques présentent la miniaturisation, le downsizing, comme LA solution contre la surpopulation et la destruction future de notre planète, il n’a qu’une envie, participer au Grand Œuvre.

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    Matt est influençable et un peu naïf. Dans sa tête, il n’y a pas d’autres raisons d’accepter le downsizing que le bien être de la planète, et si le train de vie des « petits » est fastueux, c’est un heureux effet secondaire.
    Car en effet, dans le monde des petits, peu d’argent suffit à vivre comme un pacha. Personne n’est d’ailleurs censé travailler dans ce monde-là et les maisons présentées sont plus magnifiques les unes que les autres.
    Cela c’est ce que l’on vend. C’est l’utopie.
    La réalité est toute autre et Paul va l’apprendre, grâce à deux personnages aussi différents qu’intéressants : Dusan, son voisin (interprété par une Christoph Waltz toujours aussi génial et, pour une fois, dans le rôle d’un gars sympa)

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    et Lan, une activiste vietnamienne, miniaturisée contre sa volonté par son gouvernement et arrivée dans leur paradis après des épreuves à l’issue tragique.

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    La réalisation est parfois brouillonne et certaines idées auraient méritées plus de développement, mais on est ici face à une réalité : ce n’est pas tant la taille ou le nombre de personnes qui posent problèmes, mais l’attitude de chacun.
    Paul, dans son côté jusqu’auboutiste, n’a qu’une envie : faire de grandes choses pour sauver la planète. Il se rêve un peu héro, un peu martyre peut-être, mais il est incapable de penser par lui-même à quelque chose d’aussi simple qu’apporter à manger à une personne sans ressources. Lan, qui fait partie de la couche la plus pauvre des « petits » lui donne un exemple qu’il a du mal à suivre.
    Ou oublierait presque que les personnages principaux font 13 cm de haut car ils ont modelé leur monde à leur image, avec la même course à la consommation, les mêmes dérives, les mêmes excès, les mêmes inégalités sociales…
    Là où Paul ne rêve que d’idéal sans jamais, finalement, vraiment agir, Lan lui montre le terre à terre, le pragmatique, l’aide immédiate…
    Le film donne à réfléchir, sans pour autant perdre de son côté ludique. Un parfait mélange entre plaisir et réflexion.



  • [Livre] Emma dans la nuit

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    Résumé : Les sœurs Tanner, Emma, 17 ans, et Cass, 15 ans, sont devenues tragiquement célèbres depuis leur inexplicable disparition de la communauté calme et aisée où elles ont grandi. Trois ans après les faits, Cass frappe à la porte de chez ses parents. Interrogée par le FBI, elle raconte l’enlèvement dont sa sœur et elle ont été victimes et décrit une mystérieuse île où elles auraient été retenues captives. Emma y serait toujours. Mais la psychiatre qui suit cette affaire, le Dr Abigail Winter, doute de sa version des faits. En étudiant sa personnalité, elle découvre, sous le vernis des apparences, une famille dysfonctionnelle. Que s’est-il réellement passé trois ans auparavant ? Cass dit-elle toute la vérité ?


    Auteur : Wendy Walker

     

    Edition : Sonatine

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 15 Février 2018

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : J’avais beaucoup aimé « Tout n’est pas perdu » qui explore les mécanismes de la mémoire et la possibilité pour un psychiatre d’orienter les souvenirs qui remontent à la surface après un traumatisme.
    Quand le second livre de l’auteur est sorti, avec un résumé des plus alléchants, je n’ai pas hésité une seconde. Et j’ai bien fait !
    Dès le début, j’étais « du côté » d’Abigail Winter. Savoir que, 3 ans auparavant, quand les filles ont disparu, elle avait des doutes sur la famille et que ses supérieurs non content de ne pas la soutenir, l’on obligée à voir elle-même un psychiatre, ça m’a rendu dingue. J’avais envie que Cass, quand elle réapparait, coupe court aux interrogatoires de police et leur dise de faite leur putain de job au lieu de toujours chercher à couvrir leurs arrières.
    J’ai eu le même sentiment quand j’ai lu que le témoignage de leur frère a été écarté avec des excuses telles que : « il dit ça parce qu’il est en colère ». Ne pas prendre en compte des accusations somme toutes graves sous prétexte que ça va contrarier la famille, qu’on n’a pas envie de déranger… ça me parait totalement aberrant quand la vie de deux jeunes filles sont en jeu. Car quand Emma et Cass ont disparu, personne ne sachant si elles avaient fugué, avaient eu un accident ou avaient été enlevées, le mieux est de partir du principe qu’elles sont en danger, non ?
    Le récit alterne entre le point de vue de Cass, à la 1ère personne et celui d’Abigail Winter qui est lui à la 3ème personne.
    L’attitude de Cass est étrange mais j’ai quand même eu le sentiment qu’au moins une partie de ce qu’elle racontait était la vérité. En effet, ses pensées et sentiments, qu’elle ne partage qu’avec le lecteur, vont dans le sens de ce qu’elle raconte aux enquêteurs et ce n’est qu’à la fin que l’on voit que certains passages pouvaient donner lieu à plusieurs interprétations. Même si dès le début, elle est claire dans le fait que le récit qu’elle va offrir au monde, que ce soit les enquêteurs ou sa famille, est construit avec précision pour atteindre un certain but, on se dit que s’il y a mensonge, ils doivent être suffisamment proches de la vérité pour être crédibles et résister à des vérifications de la part de la police.
    Avec en tête les doutes d’Abigail, il est difficile de se faire une idée sur Cass et si j’avais un petit doute sur la vérité, je ne savais pas du tout comment les choses s’étaient passées pour arriver à cette vérité.
    Ca a dépassé tout ce à quoi je m’attendais.
    Je me suis attachée à Cass malgré son attitude détachée parce qu’on sent que ce qu’elle fait a une importance capitale pour elle, que ce n’est pas juste une jeune femme qui refuse de tout dire. En revanche, j’ai détesté sa mère et je n’attendais qu’une chose c’est que son comportement éclate aux yeux de tous, qu’elle soit ridiculisée devant les voisins, dans les médias, bref que sa vie soit irrémédiablement détruite. Sur ce point-là, j’ai trouvé que cette garce s’en tirait à bon compte. Mais ce ne sera peut-être pas l’avis de tout le monde.
    J’ai été complètement emportée par ce thriller et par la plume de l’auteur. Sans aucune hésitation, je lirai son prochain roman !

     

    Un extrait : Les gens croient ce qu’ils ont envie de croire. Les gens croient ce qu’ils ont besoin de croire. Peut-être n’y a-t-il aucune différence entre les deux. Une chose est sûre, la vérité peut nous échapper, se dissimuler dans notre angle mort, être masquée par nos préjugés, ignorée par nos cœurs affamés qui aspirent à la paix. Pourtant, elle est là : il suffit d’ouvrir les yeux et de regarder. Encore faut-il faire l’effort de regarder.

    Il y a trois ans, lorsque nous avons disparu, ma sœur et moi, personne n’a rien vu.

    On a retrouvé la voiture d’Emma à la plage. Son sac à main était à l’intérieur, sur le siège côté conducteur. Ses clés étaient dans le sac. On a repêché ses chaussures dans l’eau, ballottées par le ressac. Certains ont cru qu’elle avait rendez-vous avec une ou plusieurs personnes qui n’étaient jamais venues. Elle était allée se baigner et s’était noyée. Peut-être était-ce un accident. Peut-être un suicide.

    En tout cas, pour eux, Emma était morte.

    Mais pour moi, ce n’était pas si simple.

    J’avais 15 ans au moment de notre disparition. Jamais Emma n’aurait accepté que je l’accompagne. Elle entrait en terminale et n’avait pas besoin d’un pot de colle. Mon sac à main était dans la cuisine. Rien n’indiquait que j’étais allée à la plage. Tous mes vêtements étaient à leur place dans mon armoire. C’était ma mère qui l’affirmait, et les mères savent ce genre de choses. Non ?

    Mais on a retrouvé des cheveux à moi dans la voiture et certaines personnes se sont raccrochées à ça, même si j’avais eu un tas d’occasions d’en laisser là. Ils s’y sont raccrochés parce que, si je n’étais pas avec Emma et si je ne m’étais pas noyée cette nuit-là, peut-être en essayant de la sauver, alors où étais-je ? Ces gens-là préféraient me croire morte, parce que c’était trop dur de se poser cette question.

    D’autres étaient moins catégoriques. Ceux-là ne rejetaient pas l’éventualité d’une étrange coïncidence : une sœur noyée à la plage, l’autre fugueuse ou enlevée. Mais… quand on fugue, on prend au moins un sac et quelques affaires. Ce qui signifiait que j’avais été enlevée. Mais… ce genre de drame n’arrive généralement pas aux gens comme nous.

    Il y avait eu une scène, ce soir-là, ce qui alimentait les théories privilégiant la coïncidence. Ma mère avait une façon de raconter l’histoire qui captivait son auditoire et inspirait suffisamment de compassion pour étancher sa soif d’attention. C’était là, dans son regard, lorsqu’elle passait sur les chaînes d’information et dans les talk-shows. Elle décrivait la dispute entre Emma et moi, nos cris perçants et nos pleurs d’adolescentes. Puis le silence. Puis la voiture quittant la maison après l’heure du coucher. Elle avait vu les phares de la fenêtre de sa chambre. Arrivée à ce point de son récit, elle était en larmes, et un soupir ému parcourait le studio.

    On décortiquait nos vies dans l’espoir de trouver une réponse. Les réseaux sociaux, les amis, les SMS, les journaux intimes. Rien n’était épargné. Nous nous étions disputées au sujet d’un pendentif, expliquait-elle. Je l’avais acheté à Emma pour la rentrée des classes. Sa dernière année de lycée ! Ce n’était pas rien. Cass était jalouse. Elle était toujours jalouse de sa grande sœur.

    Des larmes, encore.

     

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  • [Livre] Personne n’a oublié

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    Résumé : Sam, huit ans, tombe du haut d’une grange et meurt le crâne fracassé. Pour Colette, sa mère, impossible de croire à un accident. Elle soupçonne François, son mari, un homme violent et secret, de ne pas être étranger au drame. Dix ans auparavant, Colette, enceinte d’un autre homme, a été contrainte de l’épouser. Dès lors, son mari a imposé la terreur et la tyrannie au sein de leur foyer. Bravant la violence de cet homme, Colette s’engage dans une dangereuse quête de vérité. Quel rôle a-t-il joué dans la mort de Sam ? Et quel est ce trouble passé que François semble vouloir cacher à tout prix ? Au cœur de ce petit village du Morvan, les esprits s’échauffent et les tensions remontant à la guerre atteignent leur paroxysme. Le village bruisse de rumeurs et de douloureux secrets ne tardent pas à resurgir… 


    Auteur : Stéphanie Exbrayat

     

    Edition : France loisirs

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : novembre 2017

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Ce roman commence par un drame : la mort d’un petit garçon de 8 ans qui a, semble-t-il, chuté du 2nd étage de la grange. Mais sa mère, Colette, ne croit pas à la thèse de l’accident. Mariée à un homme qu’elle déteste et qui n’est pas le père biologique de l’enfant, elle est persuadée qu’il est, d’une manière ou d’une autre, responsable de la mort de son enfant.
    Colette est une femme résignée et soumise qui va se découvrir un courage insoupçonné quand il va s’agir de découvrir ce qui est arrivé à son fils.
    Elle a peu de temps pour y parvenir car elle a décidé de se refuser à son mari et sait qu’il ne l’acceptera pas. Dans les années 60, le mari avait tout pouvoir, sa femme ne pouvait même pas avoir un emploi ou un compte en banque, alors quand on sait que le viol conjugal n’a été reconnu (et encore par jurisprudence) que dans les années 90. Il est clair pour Colette que son refus ne peut se solder que par un drame.
    Le compte à rebours qu’elle note soigneusement dans son carnet fait froid dans le dos.
    Colette, toujours à cause de la place de la femme dans la société des années 60, n’a jamais eu la possibilité de quitter son mari. C’est une éventualité qu’elle ne prend même pas la peine d’envisager : comment fuir quand on n’a pas d’argent, pas de compte en banque, pas le droit de travailler ? Quant à divorcer, c’était quasiment impossible. Le seul divorce autorisé était le divorce pour faute et il n’était sans doute pas facile à obtenir, d’autant plus s’il était demandé par la femme.
    En parallèle de la quête de Colette, on peut voir la vie d’un village qui est encore touché par l’après guerre. Et particulièrement par le sentiment que bon nombre de collabos ont échappé à la justice. Comme ceux-ci ne peuvent plus être traduits devant les tribunaux, les hommes sont bien décidés à faire justice eux-mêmes. Et François, le mari de Colette, qui vient de la ville, qui est renfermé, qui ne se mêle pas de la vie du village, qui fait peur par son attitude, est un suspect idéal et les commentaires vont bon train sur son compte.
    On pourrait penser que cette méfiance serait bénéfique à Colette, qui elle, est née au village, mais en fait cela lui mettrait plutôt des bâtons dans les roues.
    J’ai beaucoup aimé Madeleine, même si elle m’a agacée au début à remettre en question chaque chose que disait Colette et bien sûr le docteur Verdier, qui est toujours présent pour la jeune femme.
    François est détestable, mais a plusieurs reprises son attitude est en totale contradiction avec le comportement qu’il affiche à longueur de temps.
    La résolution du mystère de la mort de Sam ne m’a pas vraiment surprise, je m’attendais à ça. En revanche, je ne m’attendais pas à tout ce que l’enquête de Colette allait faire ressortir au grand jour. Tant de drames cachés qui ont tous, de manière plus ou moins importante, contribués à réunir les circonstances de la mort de cet enfant.

     

    Un extrait : Les premiers jours qui ont suivi les obsèques, Colette trimballait sa douleur autour de la tombe. Hébétée et incrédule, elle balayait les feuilles d’automne. Elle nettoyait. A l’aide d’une petite brosse, elle frottait la pierre dans le sillon des lettres creusées.

    Sam Guillot
    1954 – 1962

    La jeune femme ne parvenait pas à se défaire de l’image cauchemardesque de son fils mort sur les pavés de la grange, sa chevelure blonde poisseuse et noire de sang, sa jambe désarticulée comme celle d’un pantin cassé. L’avenir sans Sam ne semblait plus être qu’un abîme noir et froid, où toute diversion à sa peine serait vaine et grotesque.
    Au fil des semaines, son chagrin devenait lourd et invalidant. Son corps n’était plus que le dégorgeoir de son esprit malade, et les journées passées à vomir dans un seau le peu qu’elle avalait alternaient avec les suées nocturnes, qui trempaient ses draps. Elle se vidait de sa sève par tous les pores de sa peau. Ses mèches brunes collaient à son front, dessinant autour de sa tête un casque de guerrière. Ses membres s’amaigrissaient pernicieusement. Colette ne tenait plus debout. Craignant pour sa vie, le Dr Verdier l’avait transportée à l’hôpital. Elle ne luttait pas, attendant une chimérique délivrance. Mais les infirmières et les médecins, gonflés de compassion à son égard, ne l’auraient pas laissée mourir. Perdre son enfant comme ça. Pauvre Colette. Ils s’étaient pris d’affection pour cette femme gracile, pour ce regard bleu changeant, empli de sidération. Bourré de gardénal et alimenté par les veines, à vingt-sept ans, le corps a des ressources. La tête aussi.
    C’est là, allongée dans ce lit aseptisé, éloigné du lieu de la catastrophe, que les premiers doutes ont commencé à l’assaillir.

     

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  • [Livre] Une victime idéale

     

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    Résumé
     : Dans une petite ville du Yorkshire, des femmes qui se ressemblent sont retrouvées mortes. Leur point commun : elles sont toutes blondes aux yeux bleus. Ce tueur pas comme les autres cherche en chacune de ses victimes la femme parfaite, amante soumise et ménagère accomplie, avant de les massacrer avec la plus grande cruauté. Au moment où le meurtrier se prépare à fondre sur sa future proie, Tony Hill se retrouve au cœur de l’enquête mais cette fois sur le banc des accusés. Le célèbre profiler serait-il passé de l’autre côté du miroir ? Dans ce thriller psychologique à glacer le sang, le duo formé par Tony Hill et Carol Jordan est plus que jamais mis en péril.


    Auteur : Val McDermid

     

    Edition : Flammarion

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 11 mai 2016

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : J’ai découvert Val McDermid avec « Les suicidées » qui est son dernier roman sorti. Aujourd’hui, je découvre « Une victime idéale » qui est le tome précédent (et après avoir lu certains rappels au tome venant juste avant, clairement, j’ai l’impression que je vais découvrir la série à l’envers !).
    La Brigade spéciale dirigée par Carol Jordan a été démantelée suite aux événements du tome précédent.  A priori, l’équipe poursuivait un tueur auquel ils avaient déjà eu affaire et qui a fini par tuer le frère de Carol. Du coup, celle-ci, et on peut le comprendre, a démissionné sans prendre son nouveau poste et a coupé les ponts avec son ancienne équipe. Parmi eux Tony, le profiler, qu’elle rend responsable du drame. Là encore, je la comprends, même si demander à un homme, fut-il le meilleur profiler du pays, de prévoir à l’avance tous les actes d’un psychopathe, c’est lui accorder des pouvoirs quasi-magiques.
    Il y a aussi Paula, Paula qui, avec le démantèlement de l’ancienne équipe a enfin eu la promotion à laquelle elle aspirait et devrait donc être ravie. Sauf que Carol lui manque et que sa nouvelle chef, Alex Fielding n’est pas très ouverte.
    J’ai vraiment eu du mal à supporter Fielding ! Déjà, quand Paula prend le témoignage du jeune Torin pour signaler la disparition de sa mère, elle refuse de déroger à la règle des 24h, quand bien même la femme disparue est une connaissance de son lieutenant qui lui affirme qu’il s’agit d’une disparition inquiétante.
    Ensuite, elle semble avoir plus à cœur la médiatisation de l’affaire en cours et surtout une résolution rapide et l’arrestation d’un coupable « célèbre » pour faire avancer sa carrière que la découverte du coupable. Les victimes ne semblent pas la toucher, elle ne les considère que comme des preuves et des outils de travail.
    Quand elle voit la première victime dans l’affaire sur laquelle elle commence dans son nouveau poste et qui va occuper le devant de la scène dans ce roman, Paula a l’impression de voir Carol. Elle pense immédiatement que le tueur s’en prend à des femmes qui ressemblent à son ex-patronne (et vu ce qu’il s’est passé lors de leur dernière affaire, on peut comprendre sa réaction).
    C’est vrai que le tueur a un genre de femme très précis et, si on ne connaît pas l’identité du tueur, on sait parfaitement, et ce dès les premières lignes, ce que ce dernier cherche à faire : il veut une épouse parfaite.
    Mais, en bon psychopathe, il en risque pas de trouver la femme de ses rêves tant ses exigences sont élevées et ses réactions à la moindre imperfection, démesurées. Sa « recherche » de la femme parfaite n’est à mon sens qu’une excuse pour déchaîner sa violence et assouvir ses pulsions sadiques.
    Vers la moitié du roman, on rencontre une nouvelle jeune femme et on se doute bien qu’elle est la prochaine victime. Très vite cela m’a conduit à soupçonner deux personnes, mais je n’ai pas réussi à les départager avant qu’on ne nous dévoile l’identité du tueur.
    J’aime beaucoup la plume de Val McDermid. Si j’ai un bémol, c’est que je trouve la fin des ses romans un peu rapide, comme si l’auteur avait hâte d’en finir pour passer au roman suivant (un peu comme Stephen King, remarquez).
    En dépit de ce tout petit défaut, car même si elles sont rapides, les fins tiennent quand même la route, j’ai vraiment passé un excellent moment avec ce thriller.

    Un extrait : Il se réveillait chaque matin avec un frisson d’excitation. Le grand jour était-il arrivé ? Allait-il enfin la rencontrer, cette femme parfaite ? Il savait qui elle était, bien sûr. Il l’observait depuis deux semaines maintenant, il connaissait ses habitudes, ses amis et ses petites manies. Sa façon de passer ses cheveux derrière ses oreilles quand elle s’asseyait au volant de sa voiture. Ou d’allumer toutes les lumières de son appartement dès qu’elle rentrait chez elle. Ou encore de ne jamais regarder dans son rétroviseur. Il tendit la main vers la télécommande et ouvrit les stores des grands velux. La pluie tombait sans discontinuer et le ciel était uniformément gris. Pas de vent. Simplement une pluie drue. Quand il faisait ce temps-là, les gens s’abritaient sous leur parapluie, tête baissée, sans prêter attention à ce qui se passait autour d’eux, ni aux caméras de télésurveillance. Premier critère rempli. En plus, c’était samedi. Elle n’aurait donc pas de rendez-vous prévu, pas de réunion. Personne ne remarquerait son absence. Personne ne signalerait sa disparition. Deuxième critère rempli. Le fait qu’on soit samedi augmentait considérablement ses chances de croiser son chemin, et de mettre ainsi en œuvre la première étape de son projet soigneusement élaboré qui ferait d’elle une épouse parfaite. Qu’elle le veuille ou non. Ce qu’elle voulait n’entrait pas en ligne de compte. Troisième critère rempli. Il prit une longue douche, savourant le plaisir sensuel de l’eau chaude sur sa peau. Si elle se débrouillait bien, elle pourrait partager ce plaisir avec lui, ce qui rendrait toute cette expérience encore plus agréable. Quoi de mieux pour commencer la journée qu’une fellation sous la douche ? C’était le genre de choses qu’une épouse parfaite serait ravie de faire pour son homme. Il n’y avait jamais pensé auparavant. La première n’y avait pas pensé non plus, d’ailleurs, ce qui prouvait une fois de plus qu’elle n’avait vraiment pas été à la hauteur de ses exigences. Il ajouta mentalement un nouveau critère à sa liste. C’était important d’être bien organisé.
    Il croyait à l’organisation, la préparation, la prudence. Un observateur extérieur aurait pu conclure, vu le temps écoulé depuis que cette connasse avait contrecarré ses plans, qu’il avait abandonné sa quête. Cet observateur se serait lourdement trompé. D’abord, il avait dû réparer les dégâts qu’elle avait causés. Ça lui avait pris un temps considérable et il lui en avait voulu à chaque instant. Ensuite, il avait dû clarifier ses objectifs. Il avait envisagé d’acheter ce qu’il désirait, comme son père l’avait fait avant lui. Mais même si les femmes asiatiques étaient accommodantes, ça faisait mauvais effet de se présenter en compagnie de l’une d’elles. Les gens pensaient immédiatement que vous étiez un inadapté, un pervers, un raté. C’était la même chose avec les femmes de l’ex-Empire soviétique commandées sur Internet. Ces accents gutturaux, ces cheveux blond platine, ces tendances criminelles indélébiles… ça ne lui convenait pas. On ne pouvait pas parader devant ses collègues de travail avec une fille pareille à son bras et s’attendre à ce qu’ils vous respectent. Il avait songé à recourir aux sites de rencontres. Le problème, c’était qu’on choisissait simplement l’emballage sans savoir ce qu’il contenait. Il fallait donc faire attention à ne pas s’emballer trop vite. Ce trait d’esprit le fit glousser. Il était habile avec les mots. Les gens admiraient cela chez lui, il le savait. Le vrai problème des rencontres sur Internet, c’était que si les choses tournaient mal, ses options étaient limitées. Parce qu’on laissait toujours derrière soi une trace numérique. Être anonyme sur Internet, cela nécessitait des efforts, du talent et des ressources. Le risque de se faire prendre à cause d’une seconde d’inattention était trop grand pour qu’il tente le coup. En plus, si la femme ne convenait pas, il n’aurait aucun moyen de lui faire payer son échec. Elle reprendrait sa vie comme avant. Elle aurait gagné. Il ne pouvait pas tolérer ça.

     

     

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  • C'est lundi que lisez-vous? #183

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog I believe in Pixie Dust.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Comme j'ai rarement le temps de me remettre sur le blog le matin et que je lis toujours le soir avant de dormir, je vais vous donner mes pages lues du dimanche au samedi.

    Dimanche: 312p

    Lundi: 104p

    Mardi: 100p

    Mercredi: 149p

    Jeudi: 270p

    Vendredi: 177p

    Samedi: 100p

     

    Total lu sur la semaine: 1212p

     

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    Le journal intime d'un arbre.jpg Les intrus.jpg Maybe someday.jpg

    qui es tu Alaska.jpg rouge toxic.jpg Sleepy hollow.jpg

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    Et vous, que lisez-vous?

  • Premières lignes #25

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.
    Pour ma part, j’ai décidé de vous faire découvrir mes coups de cœurs !

     

    Cette semaine, je vous présente Diabolic de S.J. Kincaid dont vous pouvez lire ma chronique ICI.

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    Tout le monde croit qu’un Diabolic n’éprouve pas la peur. Pendant les premières années de ma vie, pourtant, je n’ai rien connu d’autre. Cette terreur redoubla ce matin-là, lorsque les Empyreé vinrent m’inspecter dans les corrals.

    Je ne savais pas encore parler, mais je comprenais presque tout. Le maître d’élevage était dans tous ses états lorsqu’il avertit ses assistants : le sénateur von Empyreé et sa femme, la matriarche Empyreé, allaient arriver d’un moment à l’autre. Les gardiens arpentèrent mon enclos en m’examinant de la tête aux pieds, à l’affût du moindre défaut.

    Le cœur affolé, prête au combat, j’attendis le sénateur et la matriarche.

    Puis ils entrèrent.

    Dresseurs et gardiens s’agenouillèrent aussitôt devant eux. Le maître d’élevage prit leurs mains d’un geste révérencieux et les porta à ses joues.

    – C’est un immense honneur pour nous de recevoir votre visite.

    La peur m’envahit. Quel genre de créatures était-ce là pour que le redoutable maître des corrals lui-même se prosterne devant eux ? Le champ de force luminescent qui entourait ma cage me parut plus oppressant que jamais. Je me recroquevillai le plus loin possible. Le sénateur von Empyreé et sa femme s’approchèrent d’un pas tranquille et m’observèrent en silence à travers la barrière invisible.

    – Comme vous pouvez le constater, déclara le maître d’élevage, Némésis a presque le même âge que votre fille, et nous avons modelé son apparence physique selon vos instructions. Au cours des prochaines années, elle deviendra seulement plus robuste et plus puissante.

    – Êtes-vous certain que cette fille est dangereuse ? s’enquit le sénateur d’une voix traînante. On dirait un enfant effrayé.

    Ses mots me glacèrent.
    Il m’était interdit d’être effrayée. La peur me valait des décharges électriques, des réductions de rations, des mauvais traitements ; je ne devais jamais me montrer apeurée, devant personne. Je fixai le sénateur d’un regard féroce.
    Il sembla sur le point d’ajouter quelque chose, mais il se ravisa et tourna la tête.

    – Vous avez peut-être raison, grommela-t-il. Ses yeux ne trompent pas. On y décèle toute sa bestialité. Très chère, êtes-vous certaine de vouloir une chose aussi monstrueuse sous notre toit ?

    – Toutes les grandes familles possèdent un Diabolic, maintenant. Je refuse que notre fille soit la seule à ne pas bénéficier de protection rapprochée, déclara la matriarche, avant de s’adresser au maître d’élevage : Je tiens à être sûre que nous en aurons pour notre argent.

    – Bien entendu, répondit le responsable, qui fit signe à un assistant. Nous allons lui donner un leurre en pâture, et elle…

    – Non, pas de leurre, le coupa la femme, d’une voix cinglante. Nous ne voulons rien laisser au hasard. Nous avons amené trois détenus. Affronter ces criminels endurcis sera une épreuve suffisante.

    Le maître sourit.

    – Bien sûr, Grandeé von Empyreé. On n’est jamais trop prudent. Il existe tellement d’éleveurs incompétents… Némésis ne vous décevra pas.

    La matriarche adressa un hochement de tête à quelqu’un que je ne voyais pas. Le danger que je flairais depuis le début se matérialisa devant moi : on fit venir trois hommes aux mains entravées par des chaînes. Je me plaquai davantage contre le champ de force, dont je sentis les vibrations magnétiques dans mon dos. Une boule glaciale se forma dans mon ventre. Je savais ce qui allait se passer, ces hommes n’étaient pas les premiers qu’on me présentait.

     

    Alors, tentés?

  • [Livre] Too late

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    Résumé : Sloan n'a jamais eu une vie facile et elle a toujours dû se battre pour obtenir ce dont elle avait besoin. C'est justement pour échapper à une situation sans issue qu'elle a accepté de partager la vie de son petit ami, Asa. Depuis, elle étouffe dans cette relation toxique. De plus, c'est un homme à la morale douteuse qui se livre à de multiples trafics. Elle n'a pas le choix de partir et décide de supporter ce qu'il lui fait subir jusqu'à ce qu'elle puisse lui échapper. Seule. Personne ne peut l'aider à sortir de cette situation. Sauf peut-être Carter, cet étudiant aux multiples secrets qu'elle vient de rencontrer. Asa est prêt à tout pour garder Sloan. Il a besoin d'elle et il fait tout pour la persuader qu'elle ne peut pas se passer de lui. Personne ne s'interposera entre Sloan et lui. Sauf peut-être Carter.


    Auteur : Colleen Hoover

     

    Edition : Hugo Roman

     

    Genre : Drame

     

    Date de parution : 03 mai 2018

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Après avoir lu « Jamais plus » j’ai été très réticente à lire un autre roman de Colleen Hoover de crainte de la déception. Ce sentiment a été renforcé par le fait que l’auteur disait que ce livre était différent de ses autres livres. Et justement, ce livre a été pour moi un coup de cœur, donc si ses livres habituels sont différents, est ce qu’ils vont me plaire ou est ce que tout ça va être trop romance pour moi ?
    Et puis est sorti Too late. Et Colleen Hoover de dire que ce livre est différent de ses autres livres. Tiens donc ? Cette information m’a fait me radiner dans ma librairie comme ma chatte quand on ouvre une boîte de thon !
    Et je ne l’ai pas regretté. Si ce livre a failli ne pas entrer dans la catégorie « coup de cœur », j’expliquerais pourquoi, il reste qu’il en est un, et un gros.
    Sloan n’a jamais eu la vie facile et sa relation avec Asa n’est pas pour arranger les choses. Pourtant la jeune fille n’a guère le choix : Asa est la seule chance pour son petit frère handicapé de recevoir les soins dont il a besoin. Et pour son frère, Sloan est prête à tout accepter, à tout subir. Malgré tout la situation commence à lui peser de plus en plus et Asa se montre de plus en plus difficile à vivre.
    Pendant toute la durée du roman, je me suis demandée sui Asa est sociopathe ou schizophrène. Après la fin du roman, je ne suis toujours pas sûre de ce qu’il en est, même si je penche plus pour une option que pour l’autre.
    Le roman alterne entre les points de vue de Sloan, Asa et Carter ce qui nous permet de nous attacher aux personnages (enfin, nettement moins à Asa qu’aux deux autres).
    Asa est vraiment horrible, non content d’être un dealer, il est d’une jalousie maladive, violent (même s’il se contrôle avec Sloan la plupart du temps), infidèle, sans aucun respect pour qui que ce soit. Pour couronner le tout, il impose à plusieurs reprises des relations sexuelles non consenties à Sloan. Et c’est justement ce point qui a failli m’empêcher d’avoir un coup de cœur pour ce livre. Certes, les relations imposées à Sloan font parties du personnage d’Asa, cela participe à nous montrer sa psychologie et a donner du corps au personnage. Mais le problème que j’ai eu avec ses scènes est leur description un peu trop minutieuse. A chaque fois. Je veux bien que la première scène relatée soit décrite de manière assez détaillée, encore que certains détails n’apportent rien à l’histoire, mais je ne vois pas l’intérêt de décrire par le menu chacun de ces rapports, tout comme je ne vois pas l’intérêt de décrire minutieusement les rapports d’Asa avec ses conquêtes. Pour moi, dans ces moments là, on s’est rapproché des romances new adult, toutes conçues sur le même modèle, à savoir flirter avec le porno pour émoustiller les ados pré pubères. Ce n’est pas digne de ce livre qui aborde des sujets difficiles et qui, par ailleurs, le fait avec beaucoup de justesse.
    En plus d’Asa, qui est déjà assez dangereux à lui tout seul, Sloan est aux prises avec la concupiscence des acolytes de ce dernier. Si Asa fait en général assez peur pour que personne n’ose toucher sa copine, on sent que la peur qu’il inspire ne va plus faire le poids longtemps face à la rancœur que ressentent ses hommes en le voyant faire main basse sur leurs propres compagnes.
    Carter est mignon. Il veut sincèrement aider Sloan mais c’est un idéaliste qui veut tout réussir : sa mission, sauver Sloan… Il est assez naïf par certains aspects et ça se retourne à la fois contre lui et contre Sloan.
    Je sais que c’est une chose qui a dérouté beaucoup de lecteurs, mais personnellement, j’ai tout simplement adoré qu’il y ait une sorte de prologue à la fin du livre, ainsi que plusieurs épilogues. Ces aller-retour dans le temps sont vraiment un plus qui rendent la fin de ce roman explosive. A chaque fois qu’on se dit : on peut souffler… Et bien non.
    A tel point que quand c’est vraiment fini, on tourne la page avec une certaine méfiance, se demandant si l’auteur ne nous réserve pas un dernier rebondissement.
    Sérieusement, vraiment un coup de cœur.

     

    Un extrait : Des doigts tièdes entrelacent les miens, enfonçant davantage mes mains dans le matelas. J’ai les paupières trop lourdes pour les rouvrir tellement je manque de sommeil, cette semaine. Ce mois-ci, devrais-je dire.
    Ou plutôt toute cette putain d’année !
    Dans un gémissement, j’essaie de resserrer les jambes mis je n’y arrive pas. Je sens trop de pression partout. Sur ma poitrine, contre ma joue, entre mes cuisses. Il me faut plusieurs secondes pour dégager ma conscience de sa brume de sommeil, mais je suis assez consciente pour savoir ce qu’il est en train de faire. Je murmure d’un ton irrité :
    - Asa. Lâche-moi.
    Il pousse à plusieurs reprises de tout le poids de son corps sur le mien, geignant contre mon oreille, me griffant la joue de sa barbe matinale.
    - J’ai presque fini, chérie, souffle-t-il.
    J’essaie de dégager mes mains mais il les serre trop fort, me rappelant que je ne suis qu’une prisonnière dans mon propre lit, qu’il est le gardien de la chambre.
    Asa m’a toujours fait sentir que mon corps était à sa disposition. Il n’est pas méchant pour autant, il n’utilise jamais la force, mais il a continuellement envie de moi, et ça commence à m’exaspérer.
    Comme en ce moment.
    A six heures du matin.
    Le soleil vient de se lever, un rayon passe sous la porte ; Asa vient à peine de se coucher après la fête d’hier soir. Seulement moi, j’ai cours dans moins de deux heures. J’aurais préféré ne pas être réveillée de cette façon, après tout juste trois heures de sommeil.
    J’enroule les jambes autour de sa taille, en espérant lui donner l’impression que je prends du plaisir aussi. Dès que je me montre un peu intéressée, il termine plus vite.
    Il empaume mon sein droit et je laisse échapper le gémissement qu’il attend, à l’instant où il se met à trembler contre moi.
    - Merde ! grogne-t-il en enfouissant le visage dans mes cheveux.
    Maintenant, il oscille légèrement sur moi. Au bout de quelques secondes, il s’effondre dans un profond soupir, puis m’embrasse sur la joue et roule vers sa place sur le lit. Il se lève, ôte le préservatif, qu’il jette dans la poubelle, puis attrape une bouteille d’eau sur la table de nuit, la porte à sa bouche tout en promenant ses yeux sur mon corps dénudé. Ses lèvres s’étirent en un sourire indolent.
    - Ca me plait de penser que je suis le seul à pénétrer là-dedans.
    Il avale les dernières gorgées, debout, nu, à côté du lit.
    Difficile d’accepter ses compliments quand il surnomme mon corps « là-dedans ».
    Il est séduisant mais est loin d’être parfait. En fait, il n’a que des défauts, il est juste beau mec. Et aussi frimeur, susceptible, parfois difficile à gérer. Sauf qu’il m’aime. Il m’adore. Et je mentirais si je disais que je ne l’aime pas. Il y a tant de choses en lui que je voudrais changer si je le pouvais mais, pour le moment, je n’ai que lui, alors je m’en accommode. Il m’a accueillie quand je n’avais nulle part où aller, personne auprès de qui me tourner. Pour cette seule raison, je le supporte. Je n’ai pas le choix.

     

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