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[Livre] Emma dans la nuit

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Résumé : Les sœurs Tanner, Emma, 17 ans, et Cass, 15 ans, sont devenues tragiquement célèbres depuis leur inexplicable disparition de la communauté calme et aisée où elles ont grandi. Trois ans après les faits, Cass frappe à la porte de chez ses parents. Interrogée par le FBI, elle raconte l’enlèvement dont sa sœur et elle ont été victimes et décrit une mystérieuse île où elles auraient été retenues captives. Emma y serait toujours. Mais la psychiatre qui suit cette affaire, le Dr Abigail Winter, doute de sa version des faits. En étudiant sa personnalité, elle découvre, sous le vernis des apparences, une famille dysfonctionnelle. Que s’est-il réellement passé trois ans auparavant ? Cass dit-elle toute la vérité ?


Auteur : Wendy Walker

 

Edition : Sonatine

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 15 Février 2018

 

Prix moyen : 21€

 

Mon avis : J’avais beaucoup aimé « Tout n’est pas perdu » qui explore les mécanismes de la mémoire et la possibilité pour un psychiatre d’orienter les souvenirs qui remontent à la surface après un traumatisme.
Quand le second livre de l’auteur est sorti, avec un résumé des plus alléchants, je n’ai pas hésité une seconde. Et j’ai bien fait !
Dès le début, j’étais « du côté » d’Abigail Winter. Savoir que, 3 ans auparavant, quand les filles ont disparu, elle avait des doutes sur la famille et que ses supérieurs non content de ne pas la soutenir, l’on obligée à voir elle-même un psychiatre, ça m’a rendu dingue. J’avais envie que Cass, quand elle réapparait, coupe court aux interrogatoires de police et leur dise de faite leur putain de job au lieu de toujours chercher à couvrir leurs arrières.
J’ai eu le même sentiment quand j’ai lu que le témoignage de leur frère a été écarté avec des excuses telles que : « il dit ça parce qu’il est en colère ». Ne pas prendre en compte des accusations somme toutes graves sous prétexte que ça va contrarier la famille, qu’on n’a pas envie de déranger… ça me parait totalement aberrant quand la vie de deux jeunes filles sont en jeu. Car quand Emma et Cass ont disparu, personne ne sachant si elles avaient fugué, avaient eu un accident ou avaient été enlevées, le mieux est de partir du principe qu’elles sont en danger, non ?
Le récit alterne entre le point de vue de Cass, à la 1ère personne et celui d’Abigail Winter qui est lui à la 3ème personne.
L’attitude de Cass est étrange mais j’ai quand même eu le sentiment qu’au moins une partie de ce qu’elle racontait était la vérité. En effet, ses pensées et sentiments, qu’elle ne partage qu’avec le lecteur, vont dans le sens de ce qu’elle raconte aux enquêteurs et ce n’est qu’à la fin que l’on voit que certains passages pouvaient donner lieu à plusieurs interprétations. Même si dès le début, elle est claire dans le fait que le récit qu’elle va offrir au monde, que ce soit les enquêteurs ou sa famille, est construit avec précision pour atteindre un certain but, on se dit que s’il y a mensonge, ils doivent être suffisamment proches de la vérité pour être crédibles et résister à des vérifications de la part de la police.
Avec en tête les doutes d’Abigail, il est difficile de se faire une idée sur Cass et si j’avais un petit doute sur la vérité, je ne savais pas du tout comment les choses s’étaient passées pour arriver à cette vérité.
Ca a dépassé tout ce à quoi je m’attendais.
Je me suis attachée à Cass malgré son attitude détachée parce qu’on sent que ce qu’elle fait a une importance capitale pour elle, que ce n’est pas juste une jeune femme qui refuse de tout dire. En revanche, j’ai détesté sa mère et je n’attendais qu’une chose c’est que son comportement éclate aux yeux de tous, qu’elle soit ridiculisée devant les voisins, dans les médias, bref que sa vie soit irrémédiablement détruite. Sur ce point-là, j’ai trouvé que cette garce s’en tirait à bon compte. Mais ce ne sera peut-être pas l’avis de tout le monde.
J’ai été complètement emportée par ce thriller et par la plume de l’auteur. Sans aucune hésitation, je lirai son prochain roman !

 

Un extrait : Les gens croient ce qu’ils ont envie de croire. Les gens croient ce qu’ils ont besoin de croire. Peut-être n’y a-t-il aucune différence entre les deux. Une chose est sûre, la vérité peut nous échapper, se dissimuler dans notre angle mort, être masquée par nos préjugés, ignorée par nos cœurs affamés qui aspirent à la paix. Pourtant, elle est là : il suffit d’ouvrir les yeux et de regarder. Encore faut-il faire l’effort de regarder.

Il y a trois ans, lorsque nous avons disparu, ma sœur et moi, personne n’a rien vu.

On a retrouvé la voiture d’Emma à la plage. Son sac à main était à l’intérieur, sur le siège côté conducteur. Ses clés étaient dans le sac. On a repêché ses chaussures dans l’eau, ballottées par le ressac. Certains ont cru qu’elle avait rendez-vous avec une ou plusieurs personnes qui n’étaient jamais venues. Elle était allée se baigner et s’était noyée. Peut-être était-ce un accident. Peut-être un suicide.

En tout cas, pour eux, Emma était morte.

Mais pour moi, ce n’était pas si simple.

J’avais 15 ans au moment de notre disparition. Jamais Emma n’aurait accepté que je l’accompagne. Elle entrait en terminale et n’avait pas besoin d’un pot de colle. Mon sac à main était dans la cuisine. Rien n’indiquait que j’étais allée à la plage. Tous mes vêtements étaient à leur place dans mon armoire. C’était ma mère qui l’affirmait, et les mères savent ce genre de choses. Non ?

Mais on a retrouvé des cheveux à moi dans la voiture et certaines personnes se sont raccrochées à ça, même si j’avais eu un tas d’occasions d’en laisser là. Ils s’y sont raccrochés parce que, si je n’étais pas avec Emma et si je ne m’étais pas noyée cette nuit-là, peut-être en essayant de la sauver, alors où étais-je ? Ces gens-là préféraient me croire morte, parce que c’était trop dur de se poser cette question.

D’autres étaient moins catégoriques. Ceux-là ne rejetaient pas l’éventualité d’une étrange coïncidence : une sœur noyée à la plage, l’autre fugueuse ou enlevée. Mais… quand on fugue, on prend au moins un sac et quelques affaires. Ce qui signifiait que j’avais été enlevée. Mais… ce genre de drame n’arrive généralement pas aux gens comme nous.

Il y avait eu une scène, ce soir-là, ce qui alimentait les théories privilégiant la coïncidence. Ma mère avait une façon de raconter l’histoire qui captivait son auditoire et inspirait suffisamment de compassion pour étancher sa soif d’attention. C’était là, dans son regard, lorsqu’elle passait sur les chaînes d’information et dans les talk-shows. Elle décrivait la dispute entre Emma et moi, nos cris perçants et nos pleurs d’adolescentes. Puis le silence. Puis la voiture quittant la maison après l’heure du coucher. Elle avait vu les phares de la fenêtre de sa chambre. Arrivée à ce point de son récit, elle était en larmes, et un soupir ému parcourait le studio.

On décortiquait nos vies dans l’espoir de trouver une réponse. Les réseaux sociaux, les amis, les SMS, les journaux intimes. Rien n’était épargné. Nous nous étions disputées au sujet d’un pendentif, expliquait-elle. Je l’avais acheté à Emma pour la rentrée des classes. Sa dernière année de lycée ! Ce n’était pas rien. Cass était jalouse. Elle était toujours jalouse de sa grande sœur.

Des larmes, encore.

 

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