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Selene raconte... - Page 115

  • C'est lundi que lisez-vous? #126

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog de Galleane.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Et vous, que lisez-vous?

  • Le tiercé du samedi #125

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    Rappel du principe: Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Ce Rendez-Vous Livresque a été inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots, et qui n'existe plus aujourd'hui.

    Comme annoncé la semaine dernière, le thème d'aujourd'hui est:

    Vos trois derniers coups de cœur

     

    Alors pour ma part, le trio gagnant est, du plus ancien au plus récent:

     

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    La perle et la coquille de Nadia Hashimi

     

     

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    Du feu de l'enfer de Sire Cedric

     

     

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    L'enfant du lac de Kate Morton

     

     

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    Pour la semaine prochaine, le thème sera: Trois chaînes booktubes que vous adorez (si vous ne regardez pas de vidéos booktube, alors vos trois blogs littéraires préférés)

  • [Livre] 40 morts à la con de l'histoire

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    Résumé : "Il ne suffit pas de réussir sa vie pour entrer dans l'histoire... Encore faut-il réussir sa mort !" Les grands de ce monde ne sont pas épargnés par le destin ! S'ils réussissent de grandes choses de leur vivant, encore leur faut-il réussir leur sortie... histoire d'éviter de rentrer dans les mémoires pour une mauvaise raison. Au menu de ce livre cocasse, des fins de vie stupides, ridicules, honteuses ou simplement malchanceuse ! Attila, Felix Faure, Barberousse, Francis Garnier, Louis XVI, Mussolini, Vercingétorix, Charles le téméraire, Eschyle, Richard Coeur de lion, Cyrano de Bergerac, Henri IV, Lully et autre Sigmund Freud figurent au générique de cet ouvrage historique impertinent et indispensable !

     

    Auteur : Dimitri Casali

     

    Edition : L'OPPORTUN

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 1 octobre 2015

     

    Prix moyen : 13€

     

    Mon avis : Quelle est la définition de « mort à la con » pour les auteurs ? Car si je suis d’accord avec cette appellation pour les morts, entre autre, de Cyrano, d’Henry II, d’Eschyle ou encore de Charles VIII, j’ai eu beaucoup de mal à comprendre la présence dans cet ouvrage de Louis XVI, d’Henry IV, ou d’Edward II. A croire que pour les auteurs, être assassiné, parfois d’une manière humiliante, avilissante et atroce, est mourir d’une mort à la con. Pour ma part je trouve que c’est un manque de respect envers des hommes qui ont déjà bien assez souffert que de réduire leur mort, souvent leur meurtre à une farce.
    C’est dommage car l’ouvrage, en plus d’avoir un ton enlevé et plein d’humour, nous fait découvrir (ou redécouvrir) des personnages historiques méconnus et nous apprend bon nombre de choses, certes, souvent anecdotiques, mais intéressantes à savoir : comme le fait que Cyrano n’était pas Gascon mais parisien et que Rostand en faisant faire ses adieux à Roxanne par son personnage dans un couvent a entériné une méprise ayant confondu deux Cyrano : Ce n’était pas Hercule Savinien qui est enterré au sein d’un couvent, mais son frère Abel ; ou encore le fait que le Général Custer a fini bon dernier de sa promotion à West Point.

    Composé de dizaines de chapitres indépendants les uns des autres, il a l’avantage de pouvoir être mis de côté et repris à tout instant sans qu’on perde le fil. Idéal quand on n’a qu’une demi-heure devant soi, ou qu’on a besoin de faire une pause dans un livre éprouvant.
    Concernant les illustrations, certaines sont assez drôles, mais on aurait pu se passer de la plupart qui ne sont ni drôle, ni pertinentes.
    Mais quand même, même si je trouve que certains personnages n’avaient pas leur place dans le livre (par rapport à son titre), il reste très intéressant de savoir comment tous ces personnages importants de l’histoire ont fini leurs jours.

    Un extrait : Pour un acteur de l’histoire, il existe mille et une façons de mourir : au combat, en héros romantique, en martyr, pour ses idées ; ou encore en sage, emporté par la maladie ou la vieillesse au terme d’une longue et respectable existence…
    Cependant, dans ce domaine, la réalité est souvent plus cocasse, plus insolite et bien plus vulgaire. Certains personnages ont ainsi totalement raté leur sortie de scène, comme le roi de France Charles VIII. Le 7 avril 1498 au château d’Ambroise, il oublie de se baisser en passant sous une porte basse et heurte de plein fouet le linteau. Parmi les autres matériaux tueurs de l’Histoire, on trouve encore des tuiles, des poutres ou des bûches.
    Du destin glorieux à la mort stupide, il n’y a qu’un pas. On peut ainsi, en bon disciple de Rousseau, chercher le « bon sauvage » et, quand on le trouve, se faire manger tout cru. Ou régner sur le plus grand royaume d’Europe et trouver la mort sur un trône d’un genre particulier. Des héros se trouvent alors privés de leur statut d’hommes illustres par le hasard d’un trépas subit. D’autres, plus chanceux, restent dans l’Histoire pour leurs grands succès en dépit d’une sortie de scène ratée.
    D’empereurs en philosophes, de l’Egypte antique aux Etats-Unis, arrêtons-nous un moment sur les derniers instants des grandes gloires de l’Histoire, et partons à la recherche de la mort la plus idiote ou, à tout le moins, la moins glorieuse.

     

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  • TAG des 4 saisons: #4 Automne

    Je reviens pour la quatrième et dernière partie de ce TAG des 4 saisons: L'automne. Retour aux sources pour ce TAG, car c'est à nouveau sur la chaîne de Margaud Liseuse que je l'ai déniché!

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    1. Une couverture qui vous fait penser à l'automne

    Northanger Abbey. C’est surtout à cause de la couleur des feuilles de l’arbre en bas à droite de l’image.

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    1. Un livre parfait pour lire au coin du feu

    Autant en Emporte le vent, ainsi que tous les livres qui en ont découlé (le voyage de ruth, le clan Rhett Butler, Scarlet). Un incontournable pour moi, et je m’imagine très bien le lire, blottie dans un rocking chair, devant la cheminée !

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    1. Un livre que tu utiliserais pour l’allumer... ce feu

    Au commencement du septième jour de Luc Lang. Avec sa longueur, on va en faire des belles flambées ! Et je ne regretterais pas le contenu !!

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    1. Une couverture avec du brun comme couleur principale OU des feuilles

    Agnès Sorel ; Avec ce fond ocre et son voile brun doré, je trouve qu’il montre des couleurs très automnales à dominantes brunes.

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    1. Comme après un long rhume, un livre que vous êtes contente d'avoir terminé

    Les 76 jours de Marie-Antoinette à la conciergerie. J’ai adoré ce livre mais il est en deux tomes de plus de 700 pages chaque et il est rempli d’une foule de détails. Très intéressant mais d’une densité ! Du coup, je suis ravie de l’avoir lu, mais aussi bien contente d’être arrivé au bout !

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    1. Un film/série que vous aimez regarder encore et encore quand le frais revient

    Game of thrones ! Autant parce qu’il y a de nombreuses scènes enneigées que parce que c’est à cette période que je découvre la nouvelle saison (D'ailleurs, je ne vais pas tarder à regarder la saison 7)

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    1. Une série de livre à commencer cet automne

    La trilogie des Trylles. Je ne sais pas pourquoi, mais les couvertures me donnent envie de lire cette trilogie cet automne.

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    1. Un livre qui vous a fait voyager

    La perle et la coquille, qui nous transporte à Kaboul à deux époques différentes mais aussi injustes l’une que l’autre.

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    Ce TAG des 4 saisons est maintenant terminé! J'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné des envies de lecture! A bientôt pour un prochain TAG!

  • [Livre] Du feu de l’enfer

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    Résumé : Manon maquille les cadavres, Ariel maquille les voitures. Elle est thanatopractrice, il est délinquant. Ils sont frère et soeur. Un jour, l'une des combines d'Ariel tourne mal et Manon se retrouve complice malgré elle. Lorsque les assassinats les plus sordides s'accumulent autour d'eux, traçant un jeu de piste sanglant vers une secte satanique, le capitaine Raynal s'intéresse à leur cas. Commence alors une traque qui brouillera les limites entre alliés et prédateurs et mettra à l'épreuve les liens du sang.

     

    Auteur : Sire Cédric

     

    Edition : Presse de la Cité

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 09 mars 2017

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Première chose à savoir dans ce livre, surtout pour les âmes sensibles : Les chiens en prennent plein la tronche !!! Bon ok, les humains aussi, mais c’est moins grave !
    Ce livre est seulement le second que je lis de Sire Cédric (et la lecture du  premier, l’enfant des cimetières, remonte à un bout de temps) et c’est un coup de cœur.
    L’intrigue est prenante, glauque, oui, flippante, très certainement, mais prenante.
    Les personnages sont bien définis et, quand on découvre certains éléments sur certains d’entre eux (et un en particulier) on se rend compte que tout ce qu’on a lu sur ce personnage pouvait être interprété de différentes manière.
    Concernant les membres de la secte, je soupçonnais un personnage tout en me disant « ce qui serait vraiment bien, c’est que ce ne soit pas lui, mais tel autre » et en fait j’avais raison alors que je me disais que ce n’était pas possible, que j’aurais vu la chose venir… Et bien non, j’ai rien vu venir et j’ai relu trois fois le passage pour être sûre que mon cerveau ne me jouait pas des tours.
    On sent bien que l’auteur s’est documenté, que ce soit sur les pratiques sectaire (du moins j’espère qu’il s’est documenté et que ça ne lui ai pas venu tout seul !!) ou sur le métier de thanatopracteur. A aucun moment, que ce soit dans les actes des malades qui composent la secte ou dans les activités professionnelles de Manon on n’a l’impression de lire n’importe quoi. Les actes sont précis, même quand ils relèvent de la pure folie.
    Côté personnage, j’ai vraiment beaucoup aimé Manon même si j’ai parfois trouvé qu’elle n’était pas assez ferme sur ses positions (que ce soit sur ce qui leur est arrivé quand ils étaient enfants ou sur son attitude au début de l’histoire.)
    Ariel, son frère, en revanche, je n’ai pas pu le supporter. Etre arrogant à ce point quand on a aussi peu à offrir, qu’on est lâche, immature… ce type semble cumuler tous les défauts de la terre.
    Il semblerait que Sire Cédric ait pour habitude d’intégrer un élément surnaturel dans ses romans mais ce n’est pas le cas ici. Quelque tout puissant que les membres de la secte semblent être, ils n’en demeurent pas moins humains.
    La fin n’est moralement que peu satisfaisante mais est vraiment très efficace sur le plan littéraire. En tout cas, elle laisse une porte ouverte pour que l’auteur puisse, peut-être un jour, reprendre le personnage de Manon pour une éventuelle suite.
    Voilà un thriller qui prend à la gorge, qu’il vaut mieux éviter si on est impressionnable car l’auteur ne nous épargne aucune horreur, mais qui est un régal si on est fan de ce genre.

     

    Un extrait : — La police ne va pas tarder, annonça Manon en revenant dans la cuisine.

    Ariel venait de se faire un espresso. Il avala le contenu de la tasse d’une gorgée, sans croiser le regard de sa sœur.

    — Je vais te laisser gérer, si ça ne te dérange pas.

    Évidemment. Le lâche.

    Manon sentit sa colère envers son frère revenir. Une furieuse envie de le secouer pour qu’il grandisse enfin.

    — Ariel, tu ne peux pas t’en aller tout de suite, lui expliqua-t-elle aussi posément qu’elle le pouvait. Ils voudront nous poser des questions, je sais que c’est comme ça qu’ils procèdent. Nous avons trouvé le corps tous les deux.

    — Attends, grogna Ariel en ouvrant le frigo. Tu es montée toute seule. Je n’ai rien à voir avec tout ça, moi. Je n’habite même pas ici.

    Il attrapa la bouteille de nectar de pêche et but de longues gorgées.

    — Ne bois pas à la bouteille ! Merde ! explosa Manon. Je te l’ai dit combien de fois !

    — Désolé, dit Ariel en reposant le nectar à sa place. Ne te mets pas dans cet état pour ça.

    Il passa une main sur son crâne glabre. Il avait meilleure mine que cette nuit. Ce qui ne voulait pas dire grand-chose. Aux yeux de sa sœur, Ariel n’avait jamais réussi à avoir une bonne mine tout court. Elle n’arrivait à voir que ses dents abîmées par la consommation de drogue, ses paupières tombantes et son teint trop pâle, quelle que soit la saison. Pas étonnant qu’il passe rarement l’étape des entretiens d’embauche.

    — Merci pour cette nuit, OK ?

    — Attends au moins que les policiers soient là. S’il te plaît, Ariel.

    — Je préfère pas. Sérieux. Je n’ai rien à leur dire. Je n’ai rien vu. C’est toi qui es allée voir ce type.

    Manon fulmina. Son frère réussirait donc à la pousser à bout chaque fois qu’ils se voyaient.

    — Dans quoi tu trempes, maintenant ? Que je sache quel sujet je dois oublier.

    — Dans rien. T’inquiète pas.

    — Tu as retrouvé du travail, alors ?

    Il évitait son regard.

    — Non. Mais je cherche. C’est vrai.

    — Alors pourquoi la police te fait aussi peur ? insista-t-elle.

    Cette fois, ce fut au tour de son frère de pousser un juron entre ses dents. Il pointa un index peu assuré vers elle.

    — Et puis merde. Me fais pas la morale, OK ? La police a toujours quelque chose à te reprocher. Même si tu n’as rien fait. Tu le sais. Tu peux pas dire le contraire.

    Des conneries, oui, songea-t-elle.

    — Ce qui est certain, c’est que toi, tu agis comme si tu avais quelque chose à te reprocher, Ariel. Ou est-ce que tu es encore trop défoncé pour t’en rendre compte ?

    Il ouvrit le robinet de l’évier, se lava les mains, s’humecta le visage.

    — La psychanalyse est finie ? C’est tout de même pas de ma faute si ce con s’est suicidé, non ?

    Manon se sentit bouillir.

    — Tu n’as pas honte de dire une chose pareille ? Tu n’as pas de cœur. Merde, tu ne changeras donc jamais !

    — Faut croire que non. C’est ce que m’a dit Anne-Sophie avant de m’éclater une putain d’assiette sur la tête.

    — Je suis sûre qu’elle avait une bonne raison !

    — Oh et puis tu m’emmerdes, Manon ! Je me casse et c’est tout !

     

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  • [Livre] Mousseline la sérieuse

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    Résumé : Sylvie Yvert se glisse dans les pas de Madame Royale et donne voix à cette femme au destin hors du commun qui traversa les événements avec fierté et détermination. Sous sa plume délicate et poignante, la frontière entre victoire collective et drame intime se trouble pour révéler l’envers du décor de cette histoire de France que nous croyons connaître.

     

    Auteur : Sylvie Yvert

     

    Edition : France Loisirs

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 11 février 2016

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : De Marie-Thérèse Charlotte de France, Madame Royale, puis duchesse d’Angoulême, j’avais déjà lu : « La princesse effacée » d’Alexandra de Broca.
    Ici, on (re)découvre la princesse dans un récit à la première personne, comme un témoignage qui nous serait délivré par-delà le temps.
    L’auteur a fait de nombreuses recherches. Elle s’est bien sûr appuyée sur les 18 feuilles du journal écrit par Marie-Thérèse durant sa captivité, mais aussi sur les archives, sur les minutes des différents procès, sur les témoignages des contemporains ayant approchés les prisonniers du temple de plus ou moins près…
    Le récit est bien sûr fictif mais sonne étrangement juste à nos oreilles. Il est évident qu’une fillette de onze ans qui voit sa vie basculer sans réellement comprendre pourquoi et qui va rester prisonnière jusqu’à ses 17 ans, dont plus d’un an sans avoir connaissance de l’exécution de sa mère et de sa tante, va avoir un regard sans complaisance sur les révolutionnaires.
    Le titre du livre vient du surnom que lui donnait sa mère, Marie-Antoinette, et un de ses oncles (je ne sais plus si c’était le comte de Provence ou le comte d’Artois) : Mousseline la sérieuse ou Mousseline la triste, du à son exceptionnelle gravité.
    Très proche de ses parents, tout en précisant que sa mère était plus stricte que son père, la fillette a le caractère de  Marie-Antoinette (un révolutionnaire dira de la reine : « Louis XVI n’a qu’un homme à ses côtés, c’est la reine » et napoléon qualifiera, des années plus tard, Marie-Thérèse de « seul homme de la famille ») et de sa grand-mère qui lui a donné son nom.
    C’est (selon l’histoire) au crépuscule de sa vie qu’elle décide de rendre public les évènements tels qu’elle les a vécus. Si la majorité du livre tourne autour de la révolution, une seconde partie, plus courte, raconte ce qu’il s’est passé après qu’elle ait été échangée contre des prisonniers (dont l’infâme Drouet, celui qui a dénoncé son père lors de la « fuite » de Varenne).
    Marie-Thérèse a embarrassé les révolutionnaires. D’un côté elle était fille de roi, donc une « ennemie », d’autant plus que les révolutionnaire ne reconnaissait pas comme valable la loi salique qui interdit aux femmes de régner. D’un autre côté, c’était une fillette, un peu trop grave, un peu trop réservée, ayant vécu un emprisonnement éprouvant, et les chefs de la révolution craignaient que le peuple ne prenne fait et cause pour elle (d’ailleurs lorsque l’échange contre les prisonniers a eu lieu, ils l’ont fait partir de nuit et sous un faux nom… juste au cas où).
    Le mieux pour eux était de la laisser dans l’ombre, oubliée. Dans des conditions de détentions lamentables qui ne se sont légèrement améliorées qu’après la chute de Robespierre.
    Marie-Thérèse a toujours gardé une haine tenace envers les révolutionnaires (on peut le comprendre), haine qui ne s’est pas étendu à la France ou au peuple français qu’elle a toujours aimé. Quitter la France pour l’exil fut un vrai déchirement pour elle.
    Lorsque son oncle d’Artois va monter sur le trône, elle va le voir, impuissante, se rapprocher d’un extrémisme monarchique qu’elle condamne aussi sévèrement que l’extrémisme révolutionnaire. Hélas, il ne prendra en compte ses conseils que trop tard.
    Par la voix de la duchesse, Sylvie Yvert nous livre un portrait nouveau de Louis XVI, plus qu’un homme incapable de décision et faible, elle nous dépeint un homme résolu à ne pas recourir à la violence, prêt à renoncer à la monarchie absolue mais pas à ses convictions (d’où son refus de signer la loi faisant des prêtres réfractaires des criminels).
    Quelques soient les souffrances du peuple, quelle que soit la part de manipulation de la part des grand bourgeois, les conditions de détention de la famille royale après l’exécution de Louis XVI ont été lamentables, surtout en ce qui concerne les enfants.
    On a un peu trop tendance à parer les révolutionnaires de toutes les vertus, et les nobles de tous les vices, en oubliant que les monstres, eux, n’ont pas de classe sociale.

     

    Un extrait : De votre roi j’étais la fille. La fille oubliée de Louis XVI et de Marie-Antoinette. La sœur aînée de Louis XVII et la seule rescapée de la prison du temple. Née princesse royale sous le drapeau blanc, dans une monarchie de droit divin, au milieu des ors d’un palais voulu par le Roi-Soleil, j’ai assisté il y a peu à la première élection d’un président de la République au suffrage universel sous la bannière tricolore. Entre-temps, j’ai affronté les convulsions de l’Histoire : trois révolutions, l’Empire, la Restauration, la monarchie de juillet, la Seconde République.
    Aujourd’hui exilée, j’avais dix ans lorsque la monarchie s’est effondrée, et jamais princesse ne fut davantage poursuivie par le malheur. Qu’on en juge : emprisonnée plus de trois années, dont une sans savoir que ma mère et ma tante, à l’instar de mon père, avaient été exécutées ni que mon frère les avait suivi dans la tombe. Libérée, je fus trois fois contrainte à l’exil, pendant quatre décennies, passant ainsi la moitié de mon existence éloignée de ma chère France.

    A soixante-dix ans, usée et lucide, je suis une survivante. Aujourd’hui, en 1850, je prends la plume, au bord du Grand Canal de Venise – et non celui de Versailles où, enfant, je pêchais à la ligne. Si j’ai fait montre d’une réserve légendaire, ne confiant mes peines qu’au ciel, je cède maintenant au besoin que mon cœur éprouve de témoigner et de léguer mon histoire qui se confond avec celle, Ô combien tourmentée de notre pays.
    Si la Révolution évoque la Bastille, le serment du Jeu de Paume, Varennes, l’incarcération de ma famille, la décapitation de mes parents et la mort de mon frère au temple, peu en connaissent les cruels détails. Ceux-ci paraitront minutieux aux cœurs froids qui n’ont pas connu nos misères. Et je n’y pense jamais sans m’étonner d’être encore en vie, étant restée sur le volcan révolutionnaire si souvent en éruption, prêt à m’ensevelir dans ses gouffres où tant de malheureux, en sus des miens, ont péri.
    Que sait-on, en vérité, des évènements qui ont suivi, hormis qu’un général corse a prétendu fonder un nouvel Empire romain ? Se souvient-on que les Bourbons ont repris, une dernière fois, la destinée du royaume, rétablissant la paix et la prospérité dans un pays exsangue ?
    Fille, nièce et belle-fille des trois derniers rois de France, j’ai été l’ultime et furtive reine de France et de Navarre, selon Napoléon « le seul homme de la famille ». Qui se le rappelle ?

    Depuis la disparition des miens, j’ai été regardée comme une « mangeuse de reliques » voire comme « ce qui nous reste de Louis XVI », ou encore la fille du roi martyr, l’orpheline du temple, l’Antigone française. N’ai-je été que cela ?
    Au seuil de la tombe, j’entends défendre les Bourbons devant le seul tribunal recevable ici-bas : la postérité. Tant de sottises ont été écrites, tant de contrevérités assénées… Faisant violence à mon tempérament peu loquace, je veux enfin raconter une histoire vécue, de chair et de sang. Si l’on venait à croire que j’ai voulu sacrifier la vérité à la reconnaissance, cela n’est pas mon intention. Je ne cherche pas non plus à attirer la pitié, je ne l’ai que trop subie. Mais si l’Histoire est un mensonge que personne ne conteste, alors qu’on me permette de la réfuter, car les faits que je vais rapporter pourraient se révéler plus surprenants que les œuvres de l’imagination.

     

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  • C'est lundi que lisez-vous? #125

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    Rendez-vous initié par Mallou qui s'est inspirée de It's Monday, What are you reading ? de One Person’s Journey Through a World of Books. Le récapitulatif des liens se fait maintenant sur le blog de Galleane.

     

    Il s'agit de répondre à trois questions:

    Qu'ai-je lu la semaine passée?
    Que suis-je en train de lire?
    Que lirai-je après?

     

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    Et vous, que lisez-vous?

  • [Livre] Le crépuscule des rois – T03 – Les lionnes d’Angleterre

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    Résumé : Peut-on imaginer histoire plus riche en rebondissements et en violences que celle du règne de Henry VIII ? La Renaissance est à son apogée. Aux côtés de François Ier et de Charles Quint, le roi d'Angleterre fait et défait les alliances dans une Europe ensanglantée par les guerres de Religion, où fleurissent pourtant les arts et les lettres. Brillant, cruel, cynique, jouisseur, Henry est un amateur de femmes. Il en aura six, qu'il aimera, répudiera ou supprimera au gré de ses envies, obsédé par le souci d'assurer au trône une descendance. De l'austère Catherine d'Aragon à la troublante Anne Boleyn, de la fragile Jane Seymour à la légère Katherine Howard, ces " lionnes d'Angleterre " vont se livrer une lutte sans merci pour régner sur le cœur du souverain et lui offrir l'héritier mâle qui leur donnerait enfin pouvoir et reconnaissance. Des fastes de la cour au pied de l'échafaud, Catherine Hermary-Vieille évoque avec un rare talent les vies brèves ou brisées des " reines maudites " du Crépuscule des rois.

     

    Auteur : Catherine Hermary-Vieille

     

    Edition : Le livre de poche

     

    Genre : Historique

     

    Date de parution : 03 novembre 2004

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Ce troisième et dernier tome du crépuscule des rois est consacré aux épouses d’Henry VIII.
    Je n’ai pas été à proprement parlé déçue de ce roman, mais j’ai regretté certains choix de l’auteur.
    Plus de la moitié du livre est consacré à Anne Boleyn, tous les détails du divorce du roi, de la vie d’Anne, de sa chute, sont minutieusement décris. Puis l’auteur passe rapidement sur Jane Seymour qui s’est sottement laissée mourir en couche et qui ne mérite donc apparemment pas de chapitre digne de ce nom et sur Anne de Clèves, qui elle, petite maligne, a accepté l’annulation de son mariage sans sourciller et a donc sauvé sa peau, ensuite elle revient à un récit très détaillé de l’histoire de Katherine Howard. Quand à Catherine Parr, qui a eu l’outrecuidance de survivre à barbe-bleue, elle n’a même pas droit à un paragraphe entier.
    De toute évidence, pour plaire à l’auteur et être digne de son intérêt, il faut avoir posé sa tête sur le billot (oui je sais qu’Anne a été exécutée à l’épée, ne chipotons pas).
    C’est un peu dommage de laisser de côté tant de passages alors que l’auteur est capable de faire deux pages sur le menu d’un banquet.
    D’autant que par ailleurs le livre est agréable à lire et, s’il ne nous apprend rien de fondamental nous révèle des petits détails amusants, comme le fait que la dernière duchesse de Sufolk, âgée de 15 ans, était à l’origine destinée au fils de Charles Brandon mais que celui-ci avait finalement écarté son fils pour épouser lui-même la demoiselle.
    Finalement c’est un troisième tome qui se laisse lire, mais qui, au vu de la qualité de ce qui est relaté, nous fait regretté que toutes les épouses d’Henry VIII ne soit pas logée à la même enseigne.

    Un extrait : - Faites en sorte que la Cour ecclésiastique expédie les débats, Wolsey. Je désire une conclusion rapide à l’annulation de mon mariage.

    Vêtu de velours et de soie, coiffé d’un béret noisette où brillait une topaze, la haute et massive silhouette d’Henry se découpait dans l’encadrement d’une des fenêtres de son cabinet de travail donnant sur le fleuve.
    Les rayons du soleil caressaient le damas feuille-morte du pourpoint rebrodé d’arabesques dont les basques un peu longues couvraient la culotte de satin pourpre. Soigneusement tirés, les bas de soie révélaient des jambes fines, des cuisses musclées. Malgré sa corpulence, le roi gardait sa prestance et sa majesté.
    - J’y veillerai, Milord

    Le roi observa un instant de silence.

    - Ma cause est juste, n’est ce pas, mon ami ? interrogea-t-il soudain d’une voix dénuée de son habituelle assurance.
    Depuis des semaines, le souverain ressassait d’éventuels empêchements. Mais les Saintes Ecritures ne laissaient aucune place à la chicanerie : nul ne pouvait épouser la femme de son frère sans vivre en état de péché mortel. Sa punition avait été la mort prématurée de cinq de ses six enfants et la survie d’une fille. Certes, il avait aimé la reine pendant de longues années. Plus âgée que lui, douce, attentionnée, digne, Catherine n’avait pas failli à ses devoirs, elle avait accepté ses fausses couches et la mort de ses nouveau-nés avec courage. Mais désormais il ne la désirait plus.
    - Elle l’est, Milord. La cour ecclésiastique se prononcera en votre faveur.

    En réalité, le cardinal était sur des charbons ardents. Sans une bulle du pape, le mariage du roi ne pourrait être annulé. Faible, timoré, Clément VII ne signerait rien s’il pressentait une opposition de Charles Quint.
    - Vous avez lu mon mémoire, Wolsey ?
    - Les tourments de votre conscience ne peuvent y être plus clairement exposés, Milord.
    Le roi soupira. Sans Anne, son charme, son intelligence, sa science de le faire se sentir désirable et désiré, il aurait sombré dans la mélancolie. Chaque regard de la reine, ses silences mêmes étaient des reproches. Malgré tout, elle continuait à le traiter avec tendresse, prenait soin de lui comme aux premiers jours de leur mariage, supportait la présence d’Anne qu’elle traitait avec courtoisie
    .

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  • Le tiercé du samedi #124

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    Rappel du principe: Chaque semaine, le samedi comme son nom l’indique, il conviendra de choisir les trois livres, le trio gagnant, correspondant au thème proposé.

    A la fin de chacun de ces Rendez-vous, j’indiquerai le thème de la semaine suivante.

    Ce Rendez-Vous Livresque a été inspiré de « The Saturday Awards Book » créé par l’Echos de mots, et qui n'existe plus aujourd'hui.

    Comme annoncé la semaine dernière, le thème d'aujourd'hui est:

    Les trois livres peu médiatisés que vous avez adorés

     

    Alors pour ma part, le trio gagnant est:

     

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    La grève des femmes formidables

     

     

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    Les 76 jours de Marie-Antoinette à la conciergerie

     

     

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    Les diables du Mont Saint-Michel

     

     

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    Pour la semaine prochaine, le thème sera: Vos trois derniers coups de cœur

    Et n'hésitez pas à laisser en commentaire le lien vers votre propre tiercé du samedi!

  • [Livre] L’avenir oublié

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    Résumé : Dans un avenir très lointain, on a peut-être vécu une étrange aventure ensemble dans un groupe de 7.

    Tout a commencé par le sauvetage en catastrophe de cinq d'entre vous et puis il y a eu un gros problème. On a basculé dans un monde perpendiculaire, un multi-monde selon la physique quantique. Celui-là était dominé par une femme, une sorte de demi-déesse, le genre d'individu qu'il vaut mieux éviter.

    Pourtant elle nous a permis de connaître le secret des cathédrales et celui de la genèse. Il y a eu un prix à payer. J'en ignore encore le montant.

    Sous l'éclairage du cosmos il n'y a pas grand-chose qui tienne debout.

     

    Auteur : Pascale Ponsart

     

    Edition : Librinova

     

    Genre : Science-fiction

     

    Date de parution : 19 juin 2017

     

    Prix moyen : 5€ (format numérique)

     

    Mon avis : Quand on s’aventure à lire des livres auto édités on tombe souvent d’un extrême à l’autre : soit on découvre une petite pépite passée inaperçue comme la mécanique du chaos de Tom Joad ou Otage de ma mémoire de Marilyse Trecourt, qui peuvent avoir besoin de petites corrections mais que l’on dévore ; soit on tombe sur des livres dont on comprend pourquoi ils ont dû être autoédité et qui confirment qu’être écrivain n’est pas donné à tout le monde.
    Dans le cas de l’avenir oublié, dès le quatrième de couverture, on se doute qu’on est dans le second cas, et la lecture ne fait, malheureusement que confirmer cette intuition.
    Dès le début, on en peut que remarquer la lourdeur de l’écriture, comme si l’auteur avait transcrit ses idées sans les mettre en ordre, sans non plus faire une sorte d’adaptation de l’histoire au format « parlé » à l’histoire au format « roman ». En résulte un texte lourd et difficile à suivre.

    Ce côté brouillon se ressent dans tout le roman, avec parfois, souvent, des phrases qui s’enchainent sans suite logique, sans qu’on sache bien où l’auteur veut en venir. On commence, continue et termine le livre sans vraiment comprendre quel en était le but.
    Les personnages ne sont pas assez approfondis, comme si on avait un début de portrait qui aurait été abandonné en route pour passer à autre chose.
    Et ce ne sont pas les dizaines de coquilles et les passages intempestifs du récit du passé au présent qui vont nous aider à y voir plus clair.
    Le pire pour moi a été ces long monologues, qui s’ouvrent souvent sur un « - » et dont on ne sait jamais avec certitude s’ils sont pensés ou dit à voix haute. Je pense que l’auteur a voulu aller trop vite pour nous faire connaitre son univers au début, puis pour faire avancer l’histoire. Mais ces monologues sont tout sauf naturels.
    J’ai eu l’impression de perdre mon temps. Je serais incapable de résumer l’histoire tant elle est restée nébuleuse à mes yeux.

    Si je devais ne me baser que sur ce roman, je ne donnerais plus leur chance à des auteurs autoédités. Peut-être ne dois-je lire que ceux qui proposent aussi bien un format numérique qu’un format papier. Ce dernier nécessitant un investissement, peut être que cela permettra de faire un premier tri. A méditer.

     

    Un extrait : Claude avait trimballé des pénibles qui voulaient, à tout prix, faire un détour par le lac neigeux de la troisième galaxie. Probablement des touristes en panne de romantisme qui souhaitaient se requinquer à la vision d’une civilisation disparue dans un magma de gaz lourds. Pourtant, il n’en restait rien, qu’une immensité rose et bleue, percée de flèches cruciformes, tourmentées par l’horreur qui avait ravagé leurs fondations.

    Sous le regard compréhensif et professionnel de Lydie, la copilote, les clients s’étaient longuement extasiés sur la grandiose beauté du site, mais aussitôt déposés, ils s’étaient crus obligés de prendre la mine navrée de ceux qui ne savent pas marchander. Lydie avait l’habitude, ce qui explique que cinq minutes plus tard, elle comptabilisait un bien gros chiffre pour une course aussi peinarde.

    Elle se voyait déjà rentrer tranquillement au bercail, lorsque le central couina un appel.

    — 713 pour Dénébola. 144/28/47, point 0…

    Le message continua, égrenant des sons creux, des chiffres sans grand intérêt. Dans un taxi sans client pour ne pas les comprendre, ils paraissaient dévitalisés, amorphes dans le silence.

    Lydie traduisit de sa voix chaleureuse :

    — Claude, il faut ramener discrètement deux « huiles » sur terre !

    Il s’agissait sûrement de la dernière mode. Les « cinq barrettes » se glissaient avec plaisir et effroi dans les quartiers miteux de Dénébola et pour compléter leurs sensations de frissons inconnus, ils se faisaient reconduire dans leurs palaces par des taxis miteux.

    Claude, pilote de son état rêvassait avec langueur :

    — Lydie, c’est vraiment une fille superbe, sculpturale, ravissante quoi ! Elle fait rêver tous les copains et tous les clients mâles. Bien sûr, c’est pour çaqu’elle peut faire ce boulot ! N’empêche ! Elle a vraiment le physique d’une « grande » de ce monde, même s’il lui manque ce rien de chic, de distinction, d’élégance qui pourrait en faire une femme somptueuse, comme celles qu’on voit à la télé. Le travail de copilote lui accentue peut-être certaines rides, celles qui rejoignent le nez aux lèvres, mâchurées de fatigue, celles du front creusées par des fins de mois difficiles ou par les ambitions frustrées. Comment savoir ? C’est normal ! Elle est presque trop belle pour ce qu’elle fait. Sa crinière blonde de lionne, sa taille de guêpe, ses jambes parfaites…Ça en fait beaucoup trop pour une « taxi » !

    Comme Claude, Lydie était née « en bas », de père marteleur et de mère féconde. Elle avait brillamment réussi tous les diplômes et examens qu’ils avaient pu lui payer, mais à la fin de ses études, elle n’avait pu qu’entrer au S.E.V.I.C.E.S* Il lui manquait les relations nécessaires pour trouver un poste à sa mesure. Son brave homme de père ne lui avait dégoté qu’un mi-temps de stérilisatrice de sérielles. Des parents comme ceux-là, on les traitait d’« une barrette » depuis qu’un bijoutier génial avait commercialisé des bijoux adaptés à chaque budget.


    * S.E.V.I.C.E.S signifie Service d’Essai Visant à l’Insertion des Candidats à l’Escalade Sociale.

     

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