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Young adults - Page 8

  • [Livre] Dylan Dubois

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    Résumé : Après un an en foyer, Dylan, un garçon de 16 ans tendre et soli- taire, rentre chez lui… où une surprise l’attend : son père a trouvé une remplaçante à sa mère, partie trois ans plus tôt.A priori, Dylan n’a rien contre Cynthia, sa séduisante belle-mère. Sauf quand elle met son chien Rusty dehors « parce qu’elle ne supporte pas son odeur ». Et puis, Dylan ne comprend pas pour- quoi c’est elle qui fait la pluie et le beau temps dans la maison alors qu’elle passe ses soirées à se faire draguer dans les bars. Il ne comprend pas non plus pourquoi son père mute caniche dès qu’elle le siffle… Mais le pire, c’est quand il finit par comprendre. Cynthia n’est pas seulement une belle-mère désagréable et égoïste : c’est une veuve noire, une machine à diviser, à manipuler et démolir les autres.
    Là, il n’a plus qu’une issue : se tirer avec Rusty, direction la forêt, le seul endroit où il se sent en sécurité, pour aller voir si ailleurs a plus de sens qu’ici.

    Auteur : Martine Pouchain

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 04 novembre 2015

     

    Prix moyen : 15,50€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé l’histoire en elle-même qui est prenante et bien construite. On voit bien l’évolution et la dégradation des relations entre Dylan et sa belle-mère, tout comme l’attitude de mollusque de son père.
    D’ailleurs Dylan est vraiment patient, il prend sur lui énormément je trouve. Parce que cette nana est vraiment une plaie. Ça m’étonne même qu’elle ait ce pouvoir sur les autres parce que bon, la « beauté », ça ne fait pas tout non plus, d’autant que Dylan précise qu’elle est belle, certes, mais sans plus. Son attitude est si détestable que ses compagnons devraient avoir envie de l’épingler contre un mur.
    Si encore c’était une bonne mère, on pourrait lui trouver des bons côtés, mais elle est odieuse avec le pauvre petit bonhomme qui a le malheur d’être son fils.
    On assiste également à l’évolution de la relation entre Tobie et Dylan. D’ailleurs je comprends parfaitement qu’avec le modèle familial qu’il a eu (et qu’il aujourd’hui, d’ailleurs), Dylan soit réticent à l’idée d’être en couple. Il a tellement peur de reproduire les schémas qu’il voit se dérouler devant lui.
    Durant son périple (il se débrouille bien quand même avec juste 20€ au départ), il rencontre toute sorte de gens et il est presque surpris du nombre qui lui apporte de l’aide (nourriture, gîte, argent….). Je mets un bémol sur Diane, mais bon, c’est une opinion personnelle….

    En revanche, il y a quelques bémols qui ont rendu ma lecture moins agréable que je n’en ai l’habitude pour un roman des éditions sarbacane et qui font que ce roman est une petite (mais toute petite) déception.
    En premier lieu, ce qui m’a le plus hérissé les poils à chaque fois que je l’ai lu, au point de gêner ma lecture sur quelques pages après chacune de ces « visions d’horreur », c’est le mot T-shirt. Dans la mesure où il s’agit d’un mot anglais, je trouve normal qu’on l’écrive T-shirt ou à la rigueur tee-shirt, mais là, on le trouve systématiquement orthographié ticheurte. Je ne comprends même pas que ce soit passé à la correction. Et qu’on ne vienne pas me parler de francisation, je doute que l’auteur écrive ouiquinde pour week-end.
    Au milieu du roman, nouvelle énormité : « Je m’endors comme une mouche ». Méconnaissance des expressions (on dit comme une souche, et non comme une mouche), coquille ou humour ? Dans ce dernier cas, je veux bien qu’on m’explique la blague, parce qu’elle m’est passée au-dessus de la tête…
    Enfin, l’explication sur les martinets est affligeante. Si l’auteur s’était documentée, elle aurait su que oui, le martinet à des pattes, bien qu’elles soient petites et faibles et que donc, oui, il lui arrive de se poser, même si c’est extrêmement rare (croit-elle qu’il couve ses œufs en vol ?).

    Alors ce roman, c’est comme la beauté de Cynthia, il est bien mais sans plus et j’ai du mal à comprendre l’engouement qu’il a suscité…

     

    Un extrait : « Un homme ne doit pas rester seul trop longtemps, m’avait dit un jour la vieille Simone. Il n’y en a pas beaucoup qui ont le mental assez solide pour le supporter ».
    Cette fois, ça y était, le paternel avait trouvé quelqu’un.
    Pendant les derniers mois de mon séjour au foyer, ses coups de fil étaient devenus de plus en plus intermittents. C’est seulement sur le trajet de la gare jusqu’à chez nous qu’il s’est décidé à me briefer sur son actualité. On était arrivés à la voiture sans un mot échangé en dehors de salut, ça va ?, dans la gêne de se retrouver. On n’a jamais été des grands bavards ni l’un ni l’autre, mais là, on atteignait nos sommets. Une fois le moteur en marche, il m’a lâché le morceau comme quoi il y avait du nouveau.
    « Du nouveau ?
    - Oui, il a précisé un peu gêné, elle s’appelle Cynthia. »

    Avant qu’il ne mette la nouvelle femme de sa vie sur notre tapis, je pensais à la maison, à Rusty, et à comment ça me rendait heureux de les retrouver. Je rentre chez moi ! Je me répétais cette phrase en boucle à l’intérieur où elle faisait pétiller mon plaisir. J’allais à nouveau vivre avec mon père, et mon père avait repris goût à la vie !
    Le simple fait de prononcer Cynthia lui dessine un sourire béat que je ne lui ai pas vu depuis longtemps. J’ai souvent souhaité qu’il trouve une femme pour le dorloter après la défection de Mona. Je l’imaginais timide et sérieuse, douce et attentionnée, je l’imaginais nous mitonnant des plats délicieux.
    Le paternel commence à me brosser sa réalité en dressant l’historique. Il a rencontré Cynthia au bureau de tabac – ce qu’il interprète comme un signe du ciel, vu que d’habitude elle achète toujours ses cigarettes au centre-ville où elle travaille, mais ce jour-là elle était invitée chez une de ses collègues qui habite pas loin de notre quartier. Au début, le paternel ne l’a pas remarquée. Il l’a même bousculée et sa cartouche de cigarettes est tombée, alors il l’a ramassée en s’excusant. Je vous passe les détails qui n’ont rien d’extraordinaire, sauf pour mon père qui les juge mémorables dans le genre coup de pouce du destin.
    Bref, au lieu d’aller chez sa copine, Cynthia a pris un verre avec le paternel, puis deux, et de fil en aiguille, ils ont tricoté un réseau de points communs et de coïncidences.
    « Voilà l’histoire », il conclut.
    Sur le coup, je ne mesure pas bien la portée. Tout juste si je subodore que l’histoire n’est pas aussi rose qu’il s’en est persuadé.

     

  • [Livre] Phobos T02

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    Résumé : Ils croyaient maîtriser leur destin.

    Ils sont les douze pionniers du programme Genesis.

    Ils pensaient avoir tiré un trait sur leurs vies d'avant, pour devenir les héros de la plus fabuleuse des odyssées.

    En réalité, ils sont les victimes de la plus cruelle des machinations.

     

    Auteur : Victor Dixen

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 19 novembre 2015

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Les 12 pionniers savent maintenant la vérité sur la mission Phobos. Ils se découvrent vite deux alliés inattendus sur Terre et passent un marché avec l’infâme Serena qui n’est pas calmée pour autant. La future vice-présidente des Etats-Unis continue de chercher à tirer son épingle du jeu et elle ne recule visiblement devant rien pour assurer son pouvoir et sa fortune.
    Le mystère qui entoure Harmony, la fille de Serena, est complet : qui est son père ? Pourquoi Serena la garde-t-elle enfermée depuis sa naissance ? Pour l’instant, on n’a pas l’ombre d’une explication, mais Serena semble être prête à tuer pour préserver ce secret (en même temps, elle semble être prête à tuer pour à peu près n’importe quoi !)

    Dans ce tome, je me réconcilie un peu avec Liz. Tout ce qui m’avait énervé chez elle dans le tome précédent m’apparaît aujourd’hui comme un énorme manque de confiance en elle.
    Je me pose des questions sur Mozart depuis qu’Harmony a laissé entendre certaines choses sur lui, je me demande quelles sont ses motivations.
    Quant à Alexeï, Il me gonfle profondément et j’espère toujours que Kris va lui passer une soufflante qui va un peu le calmer !

    Je me demande si les exercices de respiration de Serena ne sont pas simplement de l’hypnose qui fait que les pionniers ne la considèrent plus comme une ennemie. Et puisque Leonor semble ne pas être hypnotisable, cela expliquerait que ça ne fonctionne pas sur elle (mais bon comme c’est Serena qui lui a dit qu’elle n’est pas hypnotisable, je me méfie).

    D’ailleurs on ne sait toujours pas lequel des pionniers a été hypnotisé pour devenir une sorte d’agent dormant.

    Je suis très inquiète pour Andrew et Harmony. Serena a lancé des types à leurs trousses et je crains qu’ils ne les aient retrouvés. Est-ce qu’ils arriveront à les capturer ? Ca c’est une autre question.
    Il faut dire qu’Andrew a porté un coup dur non seulement à Serena mais aussi à Atlas… Et quand on touche au portefeuille…J’espère que ça attirera des ennuis à Serena, mais je ne me fais guère d’illusions.

    Concernant Atlas, ils commencent à m’énerver de se cacher comme ça, j’aimerais bien savoir qui se trouve derrière les androïdes et les hologrammes !

    La fin nous laisse sur un choc mais j’attends le troisième tome pour tirer des conclusions parce qu’on a une révélation mais sans les explications qui vont avec.

    Bref : vivement le tome 3 !

    Un extrait : DOUZE.

    Nous sommes douze, rassemblés pour la première fois dans le Parloir, cette bulle de verre qui nous a vus défiler deux par deux au cours des cinq derniers mois : nous, les prétendants du programme Genesis, le plus grand jeu télévisé de l’Histoire – le plus cruel mensonge de tous les temps.

    Nous sommes douze assoiffés de gloire, convaincus qu’en nous embarquant pour Mars, nous deviendrions immortels.

    Nous sommes douze affamés d’amour, persuadés que tout se terminerait comme dans un conte de fées – ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants, n’est-ce pas ce qu’on lit toujours à la fin des belles histoires ?

    Il y a Kris l’Allemande, mon amie de toujours (même si je ne la connais que depuis un an et demi), dont les grands yeux bleus tremblent sous sa couronne de nattes blondes, tels ceux d’une Belle au bois dormant qui se réveille d’un trop long sommeil.

    Il y a Kelly la Canadienne, la forte tête de l’équipe, tout échevelée après la lutte qui nous a opposées quelques instants plus tôt, quand les filles me prenaient pour une folle furieuse en pleine crise de parano.

    Il y a Safia l’Indienne, la plus jeune et la plus sage d’entre nous, que j’ai blessée dans ma frénésie et qui garde autour du cou la marque violacée de l’écharpe avec laquelle j’ai failli l’étrangler malgré moi.

    Il y a Liz l’Anglaise et Fangfang la Singapourienne, notre top model et notre intellectuelle, soutenant chacune l’un des bras de la blessée.

    Toutes me regardent avec stupeur – avec effroi. Louve elle-même, la chienne de bord aux allures de caniche royal, me couve de ses yeux noirs et brillants, comme si elle comprenait la terrible escroquerie dont elle a été victime, elle autant que les autres.

    « Ils nous ont envoyés à la mort, dis-je pour la troisième fois, avec l’impression d’avoir des lames de rasoir en travers de la gorge. Serena et les instructeurs. Ils nous ont laissés embarquer en sachant qu’il n’y avait rien pour nous à l’arrivée – rien que des habitats défectueux, incapables de nous maintenir en vie plus de quelques mois. Tout est expliqué là. Regardez. »

    Sans un mot, les filles s’approchent de moi en glissant à travers le Parloir où elles ont surgi quelques instants plus tôt, lorsque j’ai ouvert la trappe. Ici, au cœur du vaisseau Cupido, il n’y a pas de gravité artificielle – on a l’impression de nager au milieu du vide. La Terre n’est qu’un point scintillant parmi des millions d’autres. Au creux de ma paume brille un objet qui n’aurait jamais dû entrer en ma possession, mais que le destin a mis entre mes mains : un téléphone portable à écran photovoltaïque, rechargé à la lumière du cosmos.

     

  • [Livre] Phobos T01

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    Résumé : Ils sont six filles et six garçons, dans les deux compartiments séparés d’un même vaisseau spatial.

     Ils ont six minutes chaque semaine pour se séduire et se choisir, sous l’œil des caméras embarquées.

     Ils sont les prétendants du programme Genesis, l’émission de speed-dating la plus folle de l’Histoire, destinée à créer la première colonie humaine sur Mars.

     

    Auteur : Victor Dixen

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 11 juin 2015

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : J’ai appris un truc avec ce livre. Je ne suis pas très calée en astronomie, moi, dès que ça se passe trop loin, je décroche. Mais j’ai compris le titre, qui m’intriguait lorsque dans le livre on nous explique que Phobos est l’une des deux lunes de Mars. Curieuse comme je suis, je suis allée fureter, me doutant qu’il devait y avoir un lien avec la mythlogie. J’ai ainsi appris que les deux lunes, Phobos et Deimos sont nommés d’après les noms des fils d’Ares et d’Aphrodite. Quand on sait qu’Ares est le nom grec du dieu Mars et qu’Aphrodite est la déesse de l’amour, on comprend mieux le titre, les prétendants étant en route pour Mars et devant se plier au speed dating pour trouver l’amour…

    Dès les premières pages, on sait que quelque chose ne tourne pas rond. On ne sait pas quoi exactement, on ne connait pas les détails, mais on sait qu’il y a une embrouille.
    C’est très frustrant quand, dans les livres, on en sait plus que les personnages, quand on les voit parler avec enthousiasme de quelque chose ou de quelqu’un alors qu’on connait la vérité. On aimerait pouvoir leur crier ce qui arrive vraiment, les prévenir.
    Et c’est le cas ici, on sait des choses alors que les personnages sont totalement inconscient de ce qui se trame.
    Après à peine une centaine de pages, soit environ ¼ du livre, on constate que Serena, la productrice de l’émission, est la reine des garces. Et je pèse mes mots ! Et je reste polie parce que ma maman vient parfois sur ce blog ! (Parce que j’ai d’autres termes à appliquer à la dame, croyez-moi).
    On apprend aussi que chaque candidat a un secret sans pour autant savoir de quel ordre puisqu’on ne connait que celui de Leonor. Et encore, je pense qu’on ne le connait encore qu’en surface.
    Les secrets que cachent les prétendants sont-ils justes honteux (honteux dans le sens où la personne le vit mal plutôt que dans le sens où il aurait mal agit) ou sont-ils dangereux. De plus, Serena fait une révélation à ses comparses qui fait froid dans le dos concernant un candidat… mais on ne sait pas lequel….

    Au fil des pages on en sait plus sur chaque prétendant, certains ne sont pas ce qu’ils semblent être et pas forcément uniquement envers leurs camarades mais aussi vis-à-vis du lecteur qui en sait pourtant toujours plus.
    Les prétendants vont finir par arriver sur Phobos mais on reste toujours aussi angoissé quant à leur avenir et on attend avec impatience le tome 2 (enfin moi, je n’attends pas, je l’ai, et je me jette dessus immédiatement).

    Un extrait : JE ME SUIS TOUJOURS DIT QUE JE N’EN AURAIS RIEN À CIRER, de savoir qui serait derrière le rideau. Je me suis toujours dit que cette histoire de couple idéal n’était qu’une guimauve destinée à faire rêver la ménagère, que Mars était la seule chose qui comptait. Et surtout, je me suis toujours juré que je ne me laisserais pas prendre à l’hystérie du jeu, que je vivrais tout ça avec le plus de distance possible, selon mes propres règles. Mais maintenant que le moment est venu, je ne parviens pas à détacher mes yeux de ce stupide bout de tissu qui se dresse entre mon avenir et moi.

    Et s’il n’y a aucun garçon qui me plaise ?

    (Et s’il n’y en a aucun à qui tu plaises, toi ?)

    Il faudra pourtant bien que je termine avec l’un d’entre eux. Que je couche avec lui. Que je porte ses enfants. Cette séquence de pensées vertigineuse me fait tourner la tête comme ma première séance en centrifugeuse.

    Au même instant, je sens la main de Kris se resserrer sur la mienne.

    Est-ce qu’elle attend vraiment l’homme de sa vie, elle ? Certainement, vu qu’elle ne parle que de ça depuis douze mois. Elle a passé tous les soirs de notre année d’entraînement le nez dans ces romances qu’elle aime tant – c’est son péché mignon –, imaginant à quel héros ressemblerait le garçon qu’elle finirait par épouser…

    Je garde les yeux rivés sur le rideau.

    Je n’ose pas regarder Kris de peur qu’elle ne lise le trouble sur mon visage, moi qu’elle considère être Celle-Qui-Ne-Doute-Jamais.

    Le directeur Lock se tourne vers le côté du rideau qui nous demeure invisible en se penchant sur son micro :

    « Tao, dix-huit ans, citoyen de la République populaire de Chine, sponsorisé par le constructeur automobile Huoma, responsable Ingénierie : acceptez-vous de représenter l’Humanité sur Mars à partir de ce jour, et jusqu’au dernier de votre vie ? »

    Un « J’accepte » retentissant résonne depuis derrière la bâche. Aussitôt mon cerveau s’emballe, essaye de se figurer celui qui a pu émettre un tel cri de guerre.

    Grand… Voix grave… Aucune hésitation… Aucun regret…

    Mais le maître de cérémonie se retourne déjà vers la première fille de notre rangée.

    « Fangfang, vingt ans, citoyenne de la République de Singapour, sponsorisée par la banque d’affaires Cresus, responsable Planétologie : acceptez-vous de représenter l’Humanité sur Mars à partir de ce jour, et jusqu’au dernier de votre vie ?

    — J’accepte ! » s’écrie Fangfang en rajustant ses lunettes carrées sur ses sourcils parfaitement épilés.

    Elle bombe le torse, comme pour mieux exhiber le logo Cresus sur sa combinaison, cousu en lettres latines doublées d’idéogrammes chinois. Toujours au top, Fangfang, notre aînée, la voix de la raison dont j’admire la constance et le sérieux.

    J’aimerais bien avoir son calme à présent, mais les battements de mon cœur ne cessent d’accélérer dans ma poitrine.

    « Alexeï, dix-huit ans, citoyen de la Fédération de Russie, sponsorisé par la compagnie gazière Ural, responsable Médecine : acceptez-vous de représenter l’Humanité sur Mars à partir de ce jour, et jusqu’au dernier de votre vie ?

    — J’accepte ! »

    Les pensées les plus débiles, dignes d’une gamine de douze ans, fusent dans mon esprit comme des météores – est-ce qu’il aime la vodka ? est-ce qu’il porte la chapka ? La Russie a souvent été alliée de la France, si je me rappelle bien mes lointains cours d’Histoire, ça peut peut-être justifier un rapprochement bilatéral ?

    « Kirsten, dix-huit ans, citoyenne de la République Fédérale d’Allemagne, sponsorisée par les laboratoires Apotech, responsable Biologie : acceptez-vous de représenter l’Humanité sur Mars à partir de ce jour, et jusqu’au dernier de votre vie ? »

    Le « J’accepte » de Kris me réveille comme un coup de fusil – net, percutant, sans aucune arrière-pensée ni aucun autre écho que le crépitement des flashs et le tremblement des roses rouges dans les grands vases disposés au pied de la tribune.

    Le directeur pivote à nouveau, pareil à un inexorable métronome. Il appelle les benjamins de l’équipage, âgés de dix-sept ans tous les deux : Kenji, le représentant du Japon financé par les jeux vidéo Dojo, puis Safia, la pupille de l’Inde soutenue par l’équipementier téléphonique Karmafone. Cette dernière prononce son vœu avec la même douceur qu’elle met en toute chose. Je scrute son visage serein, y cherchant en vain le reflet de ma propre agitation. Mon regard s’arrête sur le point rouge qui orne son front, un troisième œil en rapport avec sa religion – ce matin, il m’évoque irrésistiblement la planète Mars, l’œil sans paupière qui me scrute depuis les profondeurs de l’espace en attendant que vienne mon tour.

    (Tu ne dois pas y aller, Léonor…, bruisse la petite voix, comme un courant d’air sous une porte mal calfeutrée. Ce serait la pire décision de toute ton existence, tu te doutes bien pourquoi…)

     

  • [Livre] Amélia

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    Résumé : À New York, Kate élève seule sa fille de 15 ans, Amelia. En dépit d'un rythme professionnel soutenu, elle parvient à être à l'écoute de cette adolescente intelligente et responsable, ouverte et bien dans sa peau. Très proches, elles n'ont pas de secrets l'une pour l'autre. C'est en tout cas ce que croit Kate, jusqu'à ce matin d'octobre où elle reçoit un appel de l'école. On lui demande de venir de toute urgence. Lorsqu'elle arrive, Kate se retrouve face à une cohorte d'ambulances et de voitures de police. Elle ne reverra plus jamais sa fille. Amelia a sauté du toit de l'établissement.
    Désespoir et incompréhension. Pourquoi une jeune fille en apparence si épanouie a-t-elle décidé de mettre fin à ses jours ? Rongée par le chagrin et la culpabilité, Kate tente d'accepter l'inacceptable... Mais un jour, elle reçoit un SMS anonyme qui remet tout en question : « Amelia n'a pas sauté. »
    Obsédée par cette révélation, Kate s'immisce alors dans la vie privée de sa fille et réalise bientôt qu'elle ne la connaissait pas si bien qu'elle le pensait.
    À travers les SMS, les mails d'Amelia, les réseaux sociaux, elle va tenter de reconstruire la vie de son enfant afin de comprendre qui elle était vraiment et ce qui l'a poussée à monter sur le toit ce jour-là. La réalité qui l'attend sera beaucoup plus sombre que tout ce qu'elle avait pu imaginer.

     

    Auteur : Kimberly McCreight

     

    Edition : Cherche Midi

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 27 Août 2015

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : Ce n’est pas un coup de cœur, mais on en est pas loin.
    Sans même lire le livre, on sait qu’Amelia est morte. La police conclue, un peu rapidement, à un suicide. Sa mère, Kate, va recevoir un texto anonyme lui disant que sa fille n’a pas sauté. A partir de là, elle va tout faire pour découvrir ce qu’il s’est exactement passé.
    Le livre est un récit à deux voix. D’une part, nous avons Kate, racontée à la troisième personne, qui découvre la vie de sa fille, après la mort de celle-ci, en fouillant ses affaires, son portable, son ordinateur… De l’autre, nous avons Amelia, qui raconte elle-même (donc à la première personne) ces mêmes évènements au moment où elle les a vécu.
    La partie de Kate se déroule donc de la mort de sa fille, le 24 octobre, jusqu’au 30 novembre (durée de son enquête).
    La partie d’Amelia débute un mois et demi avant son décès, le 14 septembre.
    Avant certaines des parties de Kate, on peut lire des extraits de ses journaux intimes datant de l’époque de la conception et de la naissance d’Amelia.
    Avant les parties d’Amelia, on peut voir des statuts facebook, des transcriptions de textos reçus et envoyés ainsi que les publications d’un blog de potins dans le style de « Gossip girl » se nommant gRaCeFULLY.
    Au fil des pages, on voit les évènements tels qu’ils se sont exactement passés, puis on voit Kate les interpréter, parfois de travers. On voit aussi Kate découvrir des choses sur ces évènements que sa fille ignorait.
    La culpabilité de Kate est énorme et elle réagit souvent par l’agressivité envers les différents protagonistes. On peut la comprendre car chacun d’entre eux est susceptible d’en savoir plus qu’il ne le dit sur Amelia et, au chagrin et à la colère bien compréhensible qu’elle ressent devant la mort de sa fille s’ajoute ce sentiment que si elle avait été plus présente, si elle n’avait pas donné tout son temps à sa carrière, si Amelia avait pu lui parler, rien ne serait arrivé.
    Pourtant rien n’est moins sûr. Car ce que vit Amelia, pendant deux mois est un véritable harcèlement scolaire.
    La livre décrit bien l’univers adolescent, ses codes, ses « obligations », l’importance de la réputation, et surtout ces « populaires » (surtout les filles) qui, semblant au-dessus des règles et se fichant des conséquences de leurs actes, décident de qui a le droit de vivre tranquillement ou non. Quand elles trouvent une victime, ces membres de gangs en jupes plissées, n’ont plus rien d’adolescentes mais se transforment en hyènes s’acharnant sur celui ou celle qui a eu le malheur de leur déplaire.

    Kate va devoir démêler les fils de ces « relations » sociales toxiques, trouver qui envoie les mots, les textos.
    Si j’ai un reproche à faire à ce livre, c’est l’absence de conséquences sérieuses pour certains protagonistes.
    La personne qui écrit le blog, l’adolescente la plus acharnée contre Amelia, certains membres de l’administration qui ont cherché à minimiser les faits, quitte à faire de l’obstruction, s’en sortent bien avec comme seule punition de « devoir vivre avec ce qu’ils ont fait ». J’aurais préféré des conséquences plus sévères, en lien avec la justice, surtout dans un pays où on fait des procès à tout propos.
    C’était une excellente lecture.

    Un extrait : « Kate Baron à l’appareil.

    − Oui, madame Baron, répondit la femme à l’autre bout du fil. C’est madame Pearl, la CPE de Grace Hall. »

    Un appel urgent. Comment se faisait-il que sa fille ne lui ait même pas traversé l’esprit ?

    « Il est arrivé quelque chose à Amelia ? »

    Les battements de son cœur s’étaient accélérés.

    « Non, non, elle va bien, répondit Mme Pearl avec un soupçon d’agacement. Mais il y a eu un incident. Amelia est exclue pendant trois jours, c’est une sanction immédiate. Il va falloir que vous veniez signer une fiche de sortie et que vous la rameniez à la maison.

    − Exclue ? Que voulez-vous dire ? »

    Amelia n’avait jamais eu de problème de toute sa vie. Ses professeurs ne tarissaient pas d’éloges à son propos : brillante, créative, réfléchie, concentrée. Elle excellait en sport et était inscrite à toutes les activités extrascolaires imaginables. Elle était bénévole une fois par mois à CHIPS, une soupe populaire locale, et apportait régulièrement son aide lors des manifestations organisées avec le lycée. Exclue temporairement ? Non, pas Amelia. Kate, malgré son travail accaparant, connaissait sa fille. Vraiment. Il y avait erreur.

    « Oui, Amelia a été exclue trois jours, répéta Mme Pearl, comme si cela répondait à la question pourquoi. Pour des raisons évidentes, nous ne pouvons la laisser partir qu’avec un parent ou un tuteur. Cela vous pose-t-il problème, madame Baron, de venir la chercher ? Nous avons conscience que vous travaillez à Manhattan et que le père d’Amelia n’est pas disponible. Mais malheureusement, le règlement scolaire est ce qu’il est. »

    Kate s’efforçait de ne pas se mettre sur la défensive. Elle n’était même pas sûre de percevoir le moindre jugement dans la voix de Mme Pearl. Seulement, au fil des ans, elle avait subi son lot de questions gênantes, de regards interrogateurs et de désapprobation à peine déguisée. Ses propres parents semblaient toujours considérer sa décision de mener à terme sa grossesse non désirée, alors qu’elle était encore à la faculté de droit, comme une forme particulièrement perverse de démence criminelle. Et en effet cette décision ne lui ressemblait pas. Sa vie entière, Kate avait toujours fait la bonne chose au bon moment, dans tous les domaines, excepté celui des hommes. À dire vrai, avec les hommes, elle avait toujours manqué de perspicacité. Cependant, garder son bébé n’avait pas été une décision prise à la légère, et elle ne la regrettait pas.

    « J’arrive tout de suite, je pars immédiatement. Mais pouvez-vous au moins me dire ce qu’elle… »

    Kate s’interrompit, l’avocate en elle lui rappelant soudain qu’elle devait choisir soigneusement ses mots. Elle n’était pas prête à admettre la culpabilité de sa fille.

    « De quoi Amelia est-elle accusée, au juste ?

    − J’ai bien peur que les questions disciplinaires ne puissent être abordées au téléphone, répliqua Mme Pearl. Il y a des règles de confidentialité, des procédures mises en place. Je suis sûre que vous comprenez. M. Woodhouse, le proviseur, vous donnera les détails tout à l’heure. Vous pensez arriver quand, exactement ? »

    Kate regarda sa montre.

    « Je serai là dans vingt minutes.

    − Si c’est le mieux que vous puissiez faire, repartit Mme Pearl d’un ton qui laissait penser qu’elle aurait préféré dire quelque chose de nettement moins conciliant. J’imagine que ça ira. »

     

    Vingt minutes, c’était extrêmement ambitieux. Victor avait bruyamment protesté quand Kate avait essayé de conclure la réunion en avance. Au final, elle n’avait eu d’autre choix que d’appeler Jeremy.

    « Je déteste faire ça », lui dit-elle en venant à sa rencontre dans le couloir qui menait à la salle de conférences.

    Et c’était vrai. Elle détestait partir ainsi en pleine réunion. C’était quelque chose que Daniel − son ancien camarade de la faculté de droit ultracompétitif et désormais coassocié junior, sans enfant et depuis longtemps divorcé − n’aurait jamais fait, quand bien même il aurait été victime d’une hémorragie interne.

    « Mais le lycée d’Amelia a appelé. Je dois aller la chercher.

    − Pas de problème. D’ailleurs, tu viens juste de m’épargner un rendez-vous avec Vera et les entrepreneurs qui s’occupent de notre nouvel appartement. Je préfère de loin une réunion client avec Attila le Hun à une conversation sur les murs porteurs », la rassura Jeremy avec un de ses fameux sourires.

    Il passa la main dans ses cheveux prématurément argentés. Il était grand, séduisant et, comme d’habitude, d’allure élégante dans sa chemise à rayures roses.

    « Tout va bien ?

    − Je ne sais pas, répondit Kate. Apparemment Amelia s’est mise dans je ne sais quel pétrin, mais ça n’a pas de sens. Elle n’est pas du genre à s’attirer des problèmes.

    − Amelia ? Je viens juste de chanter ses louanges dans ma lettre de recommandation pour le programme d’été de Princeton, alors je ne suis peut-être pas objectif, mais je n’y crois pas une seconde. »

    Jeremy posa une main compatissante sur l’épaule de Kate et sourit de nouveau.

    « Tu connais ces écoles privées. D’abord elles accusent, ensuite elles posent des questions. Qu’importe ce qui s’est passé, je suis sûr qu’il y a une explication logique. »

    Il n’en fallut pas plus à Kate pour se sentir un peu mieux. C’était Jeremy tout craché : toujours le mot juste. Juste et manifestement sincère, même aux oreilles de Kate, qui pourtant le connaissait bien.

    « Victor est furieux, commenta-t-elle en désignant la porte close de la salle de conférences. J’ai un peu l’impression de te jeter en pâture aux loups.

    − Ne t’inquiète pas. »

    Il eut un geste nonchalant de la main. Il pouvait travailler jusqu’à l’aube avant d’enchaîner au tribunal avec une cause perdue face à un adversaire agité et un client insatisfait sans jamais se départir de son attitude on-est-tous-copains.

    « Je peux gérer Victor Starke. Va donc t’occuper d’Amelia. »

     

  • [Livre] Là où j'irai

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    Résumé : Adam est une rock star adulée dont la réputation sulfureuse attire les paparazzi. Un jour de dérive à New York, il tombe en arrêt devant des yeux noirs sur une affiche. Les yeux de Mia, son ancienne petite amie. Devenue une violoncelliste virtuose, la jeune fille donne ce soir un concert au Carnegie Hall.
    Trois ans plus tôt, Mia est partie sans un au revoir, sans une explication. Leurs retrouvailles sont un choc : les souvenirs bons et mauvais resurgissent, les sentiments encore à vif les submergent, leur amour qu'ils pensaient indestructible se heurte à la réalité de leurs vies.
    Peut-on revivre une passion, malgré les cicatrices du passé ? La musique emporte Mia et Adam dans un tourbillon d'émotions. Est-ce suffisant pour les réunir de nouveau ?

     

    Auteur : Gayle Forman

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 4 novembre 2010

     

    Prix moyen : 6€

     

    Mon avis : Même si « Si je reste » pouvait, à mon avis, se suffire à lui-même, j’étais curieuse d’en retrouver les personnages dans cette suite qui se situe trois ans plus tard.
    Mia m’a extrêmement déçue. Quand on voit comment Adam est à ses cotés pendant son coma et qu’on découvre combien il l’a soutenue pendant sa convalescence, son attitude est tout simplement écœurante.
    Il est certain qu’elle a vécu quelque chose d’insoutenable et si elle avait coupé les ponts immédiatement avec Adam, on aurait pu mettre ça sur le compte du chagrin ou du choc, mais elle a continué à profiter de sa présence pendant des mois.
    Ce n’est pas tant qu’elle ait décidé de mettre un terme à leur histoire qui me répugne que la façon qu’elle a eu de le faire. Elle aurait pu lui envoyer un message, un texto, un mail, n’importe quoi plutôt que ce silence soudain, laissant Adam s’inquiéter, s’angoisser puis être dévasté quand il a compris qu’elle ne donnerait plus de nouvelles.
    Et pour seule excuse : J’étais en colère parce que tu m’as demandé de rester.
    Et alors ? Il n’est pas le seul. Kim, ses grands parents, tout le monde priait pour qu’elle vive. Mais couper les ponts aussi brutalement avec ses grands parents n’était pas possible et si elle avait fait ça à Kim, il est fort à parier que celle-ci aurait débarqué à Julliard pour lui botter les fesses. Mais Adam… le gentil Adam… Lui respecterait son choix, il se laisserait marcher dessus comme une serpillère.
    Et comme toujours Mia est égocentrique. Malgré le fait qu’Adam ne cesse d’expliquer à quel point tout a changé, à quel point la musique n’a plus la même importance pour lui, qu’il en souffre même, quand il envisage d’abandonner, la seule réaction de Mia n’est pas : tu es sur de toi ? Tu ne crois pas que tu risques de le regretter ? Plutôt que d’abandonner, tu devrais peut être essayer de modifier ce qui te dérange… bref de chercher à le comprendre LUI, sa seule réaction donc est : je ne veux pas que tu abandonnes pour moi.
    Mais quand va-t-elle arrêter de tout ramener à elle ? Moi, j’étais mal, j’étais en colère…
    Adam aussi a perdu des gens qu’il aimait profondément, sauf que, comme il n’était « que » le petit ami de Mia, tout le monde s’est foutu de sa peine et de sa souffrance. Comme si, en reconnaissant que d’autres avaient souffert, on volait une part de sa douleur à Mia.

    Le roman en lui-même est bien écrit et très agréable, mais je n’ai pas pu passer au dessus de l’antipathie que j’ai ressentie pour Mia.

     

    Un extrait : Mia s'est réveillée au bout de quatre jours, mais on ne lui a rien dit avant le sixième. Cela n'avait pas d'importance, parce qu'elle semblait déjà savoir. On était autour de son lit d'hôpital, dans l'unité de soins intensifs. Son taciturne grand-père avait la pénible tâche de lui annoncer que ses parents, Kat et Denny, avaient été tués sur le coup dans l'accident de voiture qui avait provoqué son hospitalisation. Et que son petit frère, Teddy, était mort aux urgences de l'hôpital local où on les avait transportés, lui et Mia, dans un premier temps, avant qu'elle soit évacuée vers portland.

    Personne ne connaissait la cause de la collision. Mia s'en souvenait-elle ?

    Elle gisait là, clignant des paupières et serrant ma main comme si elle voulait me retenir à jamais, les ongles enfoncés dans ma paume. Elle secouait la tête et répétait « non, non », sans pleurer pour autant, et je me demandais si elle répondait simplement à la question de son grand-père ou si elle refusait d'admettre la situation. Non !

    Et puis l'assistante sociale est entrée et a pris les choses en main. Avec réalisme, elle a expliqué à Mia les interventions qu'elle avait subies :

    « On a fait ce qu'on appelle du triage chirurgical, juste pour te stabiliser, et tu t'en sors remarquablement bien. »

    Elle a ensuite évoqué les opérations qui l'attendaient au cours des prochains mois.

    D'abord une pose de broches métalliques dans sa jambe gauche, puis, quelques jours plus tard, un prélèvement de peau sur la cuisse droite, intacte. Une autre intervention serait nécessaire pour greffer ce lambeau de peau sur sa jambe abîmée, et, comme le prélèvement, elle laisserait malheureusement « quelques vilaines cicatrices ». En revanche, celles du visage pourraient complètement disparaître au bout d'un an grâce à la chirurgie esthétique.

    « Une fois que tu en auras terminé avec les opérations d'urgence, a poursuivi l'assistante sociale, et s'il n'y a pas de complications, comme une infection consécutive à l'ablation de la rate ou des problèmes pulmonaires, tu pourras quitter l'hôpital et aller dans un centre de rééducation. Là, tu auras tous les soins nécessaires, ergothérapie, rééducation, orthophonie et autres. On fera un bilan médical d'ici à quelques jours. »

    Sa litanie m'épuisait, mais Mia buvait apparemment chacune de ses paroles et semblait s'intéresser plus au détail de ses opérations qu'aux nouvelles de sa famille.

    Un peu plus tard, dans l'après-midi, l'assistante sociale nous a pris à part.

    Nous, c'est-à-dire les grands-parents et moi.

    La réaction de Mia, ou plutôt son absence de réaction, nous préoccupait. Nous nous étions attendus à ce que, face à l'horreur de la nouvelle, elle crie, pleure, s'arrache les cheveux bref que son chagrin égale le nôtre. Et devant son calme anormal, nous pensions tous la même chose : le cerveau était atteint.

    L'assistante sociale nous a rassurés tout de suite.

    "Non, ce n'est pas le cas. Le cerveau est un organe fragile et il faudra attendre quelques semaines pour savoir quelles régions ont pu être touchées, mais les jeunes sont incroyablement résistants et, pour Mia, les neurologues sont optimistes. Le contrôle moteur est bon dans l'ensemble. La faculté de langage ne devrait pas être affectée. La partie droite de son corps présente une faiblesse et elle n'a plus d'équilibre. Si c'est là toute l'étendue des dommages cérébraux, elle a de la chance.

     

  • [Livre] Le Joyau - T02 - La rose blanche

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    Résumé : LE JOYAU, HAUT LIEU ET CŒUR DE LA CITE SOLITAIRE, représente la vanité, la cruauté, la servitude.
    Après que la Duchesse du Lac l'a surprise avec Ash, le compagnon qu'elle avait loué pour sa nièce, Violet n'a plus le choix : elle doit s'enfuir sous peine d'être exécutée.
    Accompagnée de sa meilleure amie, Raven, et d’Ash Violet laisse donc derrière elle cette vie d'esclave. Mais personne n'a dit que sortir du Joyau serait une partie de plaisir : les régimentaires les traquent sans pitié à travers les anneaux de la Cité solitaire. Violet, pourtant, va découvrir que ses pouvoirs sont bien plus puissants qu'elle ne l'avait imaginé...

     

    Auteur : Amy Ewing

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 15 octobre 2015

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Le tome 2 du joyau reprend exactement où le 1er s’était arrêté. Violet et Ash viennent d’être arrêtés, la première enfermée dans sa chambre, le second dans les cachots.
    Après la révélation de la fin du tome 1, on ne s’étonne pas que Garnet prenne contact avec Violet et organise sa fuite.
    Après avoir successivement récupéré Ash dans son cachot, et Raven à la morgue, ils se lancent dans une périlleuse fuite pour atteindre la ferme, là où Lucien a dit qu’ils seraient en sécurité.
    Lucien est très secret, il ne dévoile ses cartes à Violet qu’à contrecœur et à plus d’une reprise, on se demande s’il est fiable. On se pose la même question pour Garnet car après tout, pourquoi cet enfant du joyau voudrait-il venir en aide à des mères porteuses ? Mais Raven semble lui faire confiance et sa parole, en terme de confiance, est presque d’or car elle ne se fie pas à son seul instinct. Sans trop en dévoiler, disons que les expériences auxquelles s’est livrée la comtesse de la Pierre sur elle ont laissé des effets secondaires.
    Lucien n’est pas le seul qui me laisse dubitative : Sil, la femme chez qui Violet et ses amis trouvent refuge provoque en moi de nombreuses interrogations. Je ne pense pas qu’elle ne soit pas sincère dans son désir de faire tomber la royauté (encore que ça ne serait pas la première fois que je me trompe), mais ce sont ses motivations qui me laissent perplexes. Je me demande si celles-ci sont aussi altruistes qu’elle le prétend ou si elle ne veut qu’assouvir une vengeance en se servant de Violet comme d’une arme. Mais je suis peut être paranoïaque… La suite (dont aucune date ne semble encore être arrêtée) nous le dira.
    Ici aussi, nous avons une révélation dans les dernières pages, mais contrairement à celle qu’on nous avait assénée à la fin du tome 1, celle-ci ne m’a pas surprise.
    En fait, dès lors que l’on apprend que la duchesse du lac manigance quelque chose, je me suis dit : je me demande si ça ne serait pas ça… et effectivement, j’avais vu juste.
    Mais même si, à mon sens, cette révélation était facile à deviner, il n’en reste pas moins que je suis vraiment très impatiente de lire la suite !
    Et comme je l’ai dit plus haut, aucune date de sortie de la suite n’a été donnée, ce qui n’est pas étonnant puisque le tome 2 n’est sorti qu’en octobre (mais c’est frustrant !!!!)

    Un extrait : L’arcane est muet.

    Je fixe des yeux le petit diapason argenté qui repose parmi les bijoux éparpillés sur ma coiffeuse. Les paroles de Garnet résonnent encore dans mes oreilles.

    Nous allons vous sortir d’ici.

    Je m’efforce de réfléchir, de repousser la terreur qui m’étreint, afin d’assembler les pièces de ce puzzle. Je suis retenue prisonnière dans ma chambre du palais du Lac. Comment se fait-il que Garnet, le propre fils de la duchesse, possède lui aussi un arcane ? Est-il de mèche avec Lucien, qui est non seulement le camériste de l’Électrice, mais aussi mon ami secret et mon sauveur ? Pourquoi Lucien m’aurait-il dissimulé cet élément ?

    Lucien t’a également caché que les mères porteuses meurent des suites de l’accouchement. Il ne te dit que ce qu’il juge nécessaire, rien de plus.

    La panique me saisit : j’imagine Ash en train de se vider de son sang dans le donjon où il est emprisonné. Ash, le compagnon des héritières de la royauté, qui en tombant amoureux de moi a risqué sa vie. Ash, la seule autre personne dans ce palais qui comprenne ce que cela fait d’être traité comme de la simple marchandise.

    Je scrute l’arcane pendant longtemps. Dix minutes, peut-être vingt…

    Il faut agir. Quand la duchesse nous a découverts ensemble dans la chambre d’Ash, il a été battu et jeté au cachot. Personne n’ira lui porter secours. Si Ash reste en prison, il mourra.

    La terreur jaillit en moi et me monte à la gorge comme un jet de bile. Je ferme les paupières et revis la scène. Les régimentaires surgissant dans sa chambre, l’empoignant par le col et le tirant de force de son lit. Son sang qui gicle sur la couverture quand un garde lui assène des coups au visage avec son pistolet. Cela sous le regard cruel de la duchesse.

    Et sous les yeux de Carnelian, la nièce de la duchesse. Une fille perfide. C’est elle qui nous a trahis.

    Un frisson me parcourt le corps. Je contemple mon reflet dans le miroir : mes cheveux sont ébouriffés, mes yeux rouges et bouffis. Ma lèvre est fendue à la commissure et un bleu s’épanouit déjà sur ma pommette. J’effleure ma joue qui porte encore la marque de la gifle de la duchesse.

    Bon sang, tant de rebondissements ont eu lieu depuis la Vente aux Enchères. Intrigues, machinations, complots, assassinats… La duchesse m’a achetée pour que je porte son enfant. Je me rappelle son regard haineux quand elle nous a surpris, Ash et moi, dans la même pièce, dans le même lit. Lorsque le chef des régimentaires a traîné Ash hors de la chambre, elle m’a traitée de « petite traînée ». Ses insultes ne me font ni chaud ni froid. C’est surtout la suite des événements qui m’inquiète.

    Lucien m’a remis un sérum que j’étais censée avaler ce soir. Un remède qui m’aurait donné l’apparence de la mort pendant quelques heures. Ainsi, il aurait pu me faire quitter le Joyau sans éveiller les soupçons, et il m’aurait conduite dans un lieu à l’abri de la royauté. Un endroit où on ne pourrait plus exploiter mon corps. Toutefois, je n’ai pas pris le produit. Non, je l’ai donné. À Raven.

    Quelque part dans l’enceinte du palais de la Pierre, voisin du mien, se trouve ma meilleure amie, Raven. Outre sa fonction de mère porteuse, sa maîtresse l’utilise à des fins beaucoup plus sombres. Non seulement Raven porte l’enfant de la comtesse de la Pierre, mais elle subit des tortures inconcevables. Aujourd’hui, elle n’est plus que l’ombre de la fille que j’ai connue à Southgate.

    Comment aurais-je pu l’abandonner à son sort ? Je n’allais pas la laisser mourir sans rien faire.

    Du coup, je lui ai remis le sérum qui m’était destiné.

    Lucien sera fâché quand il le découvrira, mais je n’avais pas le choix. Il faudra bien qu’il comprenne.

     

  • [Livre] Le Joyau - T01,5 - La maison de la Pierre

    Le joyau T01,5 la maison de pierre.jpg

     

    Résumé : Quand elle est acquise aux Enchères, Raven comprend d'emblée que les choses vont mal se passer. Et lorsqu'elle arrive au palais de la comtesse, elle découvre bientôt que celle-ci la considère davantage comme un cobaye pour ses expérimentations sadiques que comme Mère-Porteuse d'un éventuel enfant. Raven n'a plus alors qu'une idée en tête : s'échapper... et revoir Violet, sans jamais oublier qui elle est et que sa vie lui appartient.

     

    Auteur : Amy Ewing

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 30 juillet 2015

     

    Prix moyen : 1,99€

     

    Mon avis : Comme souvent dans les dystopie, l’auteur nous offre ici une petite nouvelle (72 pages) pour nous faire patienter jusqu’au prochain tome.
    Ici, on ne suit plus Violet, mais Raven qui a été achetée par la cruelle Comtesse de la Pierre.
    A la lecture de cette nouvelle, on comprend très vite la transformation physique et mentale que constate Violet chez Raven au cours du premier tome.
    D’un coté, la nouvelle est trop courte, car on brûle d’en savoir plus sur les conditions de vie de Raven, mais d’un autre coté, quand on voit la colère que provoquent ces 72 pages, on se dit que si la nouvelle avait été plus longue, on se serait étouffé dans notre rage.
    Parce que l’attitude de la comtesse et de ses acolytes est vraiment inqualifiable. A coté d’elle, la duchesse qui a acheté Violet est douce, gentille et aimante (je vous laisse imaginer).
    Sortie 3 mois avant la sortie du tome 2 du joyau, cette nouvelle est parfaite pour se replonger dans l’univers de la saga sans avoir à relire le premier opus et ravive notre intérêt. Ecrire pour nous faire patienter, elle a eu l’effet inverse pour moi car en refermant ma liseuse, je n’avais plus qu’une envie : découvrir au plus vite le tome 2.
    Heureusement, comme j’ai eu les deux en même temps, je n’ai pas à attendre pour me replonger dans cet univers cruel et plein de surprises car j’y vais de ce pas !

    Un extrait : Tout à coup, une femme en robe grise me fait face.

    — Lot 192 ?

    Ses yeux se posent furtivement sur moi avant de revenir à son bloc-notes.

    Je hoche la tête.

    — Vous appartenez désormais à la comtesse de la Pierre, veuillez me suivre.

    Nous franchissons une porte, pénétrons dans un long couloir éclairé par des torches aux flammes vacillantes et entrons dans une petite salle tapissée de dalles octogonales et surmontée d’une coupole. Le mobilier se résume à une table et une chaise. Un feu brûle dans un foyer à ma gauche. Un objet aux contours irréguliers, enveloppé dans un linge noir, attire mon attention.

    — Asseyez-vous, ordonne la femme.

    — Je préfère rester debout.

    Je hais le tremblement dans ma voix. La réalité affleure peu à peu, douloureusement, mais je tente de la réprimer. Ce n’est qu’une simple pièce. Avec une table et un feu de bois. Rien à craindre.

    La femme fronce les sourcils.

    — Très bien, réplique-t-elle. (Elle déplie le tissu, dévoilant une fiole bleue et une seringue.) La famille royale estime que les mères porteuses ne doivent en aucun cas voir le chemin par lequel elles entrent ou sortent de la Salle des Ventes. Je vous promets que ça ne fera pas mal.

    — Oui, bien sûr.

    Je m’efforce d’adopter le ton le plus sarcastique possible. Au point où j’en suis, avec cette seringue que je ne parviens pas à quitter des yeux, l’illusion de maîtriser la situation me suffit.

    La femme n’a pas l’air particulièrement étonnée ou offensée. Elle se contente de m’observer, comme un parent qui attend que son enfant finisse son caprice. Ma mâchoire se crispe encore un peu plus. Ma tête est sur le point d’exploser.

    Lorsqu’elle est sûre que je ne vais pas reprendre la parole, elle poursuit :

    — Il y a deux méthodes, la douce et la dure, à vous de choisir – je sais qu’à l’entrée ils ne vous donnent pas le choix. Soit je vous administre ce sédatif en douceur. Soit j’appuie sur le bouton et quatre régimentaires entreront par cette porte pour vous ceinturer. Dans les deux cas, vous serez anesthésiée, vous comprenez ?

    Oui, je comprends.

    On m’a vendue.

    Vendue. Je ne peux plus l’ignorer. J’appartiens à quelqu’un.

    J’ai beau fanfaronner et me répéter des mantras, je ne suis qu’une fille parmi deux cents. À partir de maintenant, je ne contrôle plus ni ma vie ni mon corps. J’ai une peur bleue alors que je voudrais être folle de rage.

    Cette femme peut prendre sa « méthode douce » et se la mettre où je pense.

    — Je choisis la méthode dure.

    Puis j’arme mon bras pour lui décocher un coup de poing en plein visage.

     

  • [Livre] Revanche

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    Résumé : Kai et Jem sont inséparables. Jem aime secrètement son meilleur ami, qui serait l'homme idéal s'il ne préférait pas les garçons... A la fin d'une soirée d'ivresse chez des amis communs, Jem rentre seule chez elle, Kai demeurant étonnamment introuvable. 
    C'est le lendemain que tout bascule : la jeune fille reçoit un email de la part de ce dernier, avec en pièce jointe une vidéo de lui en compagnie d'un garçon qu'il a trouvée postée sur internet. Cette vidéo compromettante est très vite partagée par tout le lycée et Kai reçoit une salve de mails agressifs qu'il ne peut bientôt plus supporter. Lui qui n'avait pas encore fait son coming out finit par craquer et se suicide... 
    A la suite de ce drame, Jem prend alors trois résolutions : découvrir la vérité, venger son ami et se suicider elle aussi. Les tiendra-t-elle ?

     

    Auteur : Cat Clarke

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 17 octobre 2013

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Un livre très bien écrit (ce qui ne m’étonne pas de la part de Cat Clarke) sur le sujet très difficile du suicide adolescent et de la réaction des proches.
    Même si Kay se suicide au début du roman, il reste très présent tout au long du livre à travers les yeux de Jem et des lettres qu’il lui a laissées.
    Jem m’a paru un peu obsédée par le groupe des « populaires » : elle les observe, parle d’eux tout le temps, comme si elle ne pouvait pas s’empêcher d’analyser chacun de leurs gestes.
    Dans son choix de découvrir la vérité, j’ai trouvé Jem un peu légère : elle se fie aux apparences, et lance son opération de vengeance sans même imaginer une seconde qu’elle puisse se tromper, sans même chercher à savoir si son intuition est la bonne.
    Même lorsqu’elle se rapproche du groupe des « populaires », elle semble refuser de les voir tels qu’ils sont. Or, même si Stu reste un gros lourd bien pénible, on voit très vite que les autres ne sont pas comme il le lui paraissait de loin. Mais elle rejette chaque information qui pourrait les lui faire voir différemment de comme elle les avait imaginés, tout en étant parfaitement consciente que Kay le lui aurait reproché et qu’il n’aurait pas apprécié qu’elle se lance dans une opération de vengeance.
    Au fil du déroulement, on se pose pas mal de questions. Si pour certains, on écarte immédiatement la possibilité de leur responsabilité dans la vidéo de Kay envoyée à tout le lycée, pour d’autres on doute jusqu’au bout (pas forcément pour les mêmes raisons que Jem d’ailleurs).
    En revanche, j’ai été étonnée qu’elle laisse toute sa colère éclater contre ceux qui ont pris et diffusé cette vidéo mais qu’elle ne réagisse pas devant les mails de haine que reçoit Kay de la part des élèves du lycée. Si la plupart s’était dit : ouais bon, il est gay, et alors ? Ou n’avait envoyé que des messages sur le fait d’être filmé en position compromettante comme ils l’auraient fait pour un couple hétéro, Kay n’aurait pas été poussé au suicide.
    La dernière partie du roman m’a surprise et choquée. La révélation du ou de la coupable de l’envoi de cette vidéo, je ne l’avais vraiment pas vu venir. J’avais bien pensé que cette personne savait qui était responsable, mais je n’aurais pas imaginé que c’était elle. Et encore moins les raisons de son geste et la manière dont elle a réagi ensuite.
    Cette dernière partie nous éclaire aussi sur le comportement de certaines personnes que l’on comprend de suite mieux, et on se sent presque coupable d’avoir porté des jugements sans avoir eu tous les éléments.
    Les dernières pages n’atténuent ni la surprise ni le choc, bien au contraire. D’un coté, j’étais presque sûre que le livre finirait comme ça car j’avais du mal à imaginer une autre fin, vu le déroulement des évènements, et d’un autre coté, même en ayant « deviné » la fin, il y a un élément que je n’avais absolument pas prévu et qui est venu, disons, perturber l’image que j’avais de la conclusion.
    J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, plus par fatigue que par manque d’intérêt d’ailleurs, mais, dès l’histoire vraiment lancée, je n’ai plus pu lâcher le livre jusqu’à la fin.

    Un extrait : Groupe Populaire était le surnom (totalement dépourvu d’imagination) que j’avais donné à notre soi-disant groupe de branchés. Il comptait six membres – désormais sept avec Max. Je n’arrêtais pas de les observer, de parler d’eux, de les analyser. Kai me suivait toujours dans ces cas-là, sauf quand je passais à Louise ; parce que aussi incroyable que cela puisse paraître, elle faisait partie de cette troupe.

    À la fin de la troisième, je m’étais concocté une nouvelle théorie : Allander Park était un zoo, et chaque élève incarnait un représentant du règne animal. J’avais pris le plus grand soin à classer chaque membre du Groupe Populaire par espèce. (Kai avait beau dire que j’avais vraiment du temps à perdre, il mettait toujours son grain de sel.)

    Lucas Mahoney était le plus facile à répertorier. Il était clairement un lion. Il en avait même la crinière – bon, d’accord, avec plus de gel qu’un lion. Blond et baraqué, il passait son temps à se pavaner comme le roi de la putain de savane. Toutes les minettes du bahut craquaient pour lui à un moment ou à un autre. Sauf moi. Et les lesbiennes planquées parmi nous.

    Kai trouvait que Sasha Evans était la lionne du groupe – elle sortait avec Lucas, après tout. Mais c’était mon délire, alors c’était à moi d’en décider. Cette nana m’évoquait plus un léopard – ondulant et sexy. Elle avait des cheveux colorés brun chaud, et un corps parfait. Je la détestais.

    Stu Hicks était le bouffon officiel d’Allander Park. Il aimait jouer avec la nourriture. Oui, il était ce genre de gars – le genre à fourrer des frites dans son nez pour faire marrer les filles. Et elles riaient, comme si elles l’avaient trouvé super drôle… Il était plus petit que les autres mecs, mais maigre et musculeux, sans doute à cause des arts martiaux. J’ai fini par opter pour un chimpanzé… Les chimpanzés dégagent tous quelque chose d’un peu sinistre.

    Bugs était le mec spé du groupe. Gigantesque et roux, il évoquait une grosse tranche de viande avec du moisi orange dessus. Il était l’une des stars de l’équipe de rugby, ce qui ne suffisait pas à faire de vous quelqu’un de populaire, en général. Peut-être était-il l’exception qui confirmait la règle ? Il avait tout le temps une fille pelotonnée dans ses bras, en tout cas, ce dont les autres mecs semblaient se contrefoutre. Tous savaient qu’il ne serait jamais un rival – pas vraiment. Bugs entrait dans la catégorie des ours. Un ours super inutile dont la race aurait dû s’éteindre depuis des siècles.

    Et Amber Sheldon… Des cheveux roux teints, des seins énormes, et un rire idiot haut perché qui me donnait des envies de meurtre : un perroquet coloré et bruyant. Un du genre à s’arracher ses propres plumes sans s’en rendre compte.

    J’avais secrètement décrété que Louise était un serpent, mais sans le dire à Kai, bien sûr. Ce choix n’avait aucune justification, en dehors du fait que je détestais vraiment les serpents. Et que ça aurait en partie expliqué comment elle avait fait pour intégrer la bande des branchés alors qu’elle était dans la classe d’en dessous.

    Voilà ce à quoi le Groupe Populaire ressemblait. On aurait dit des extraterrestres venus envahir la Terre avec un plan diabolique visant à dominer le monde – et avec des cheveux brillants et des blagues pour initiés en option.

     

  • [Livre] Red Queen

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    Résumé : Dans le royaume de Norta, la couleur de votre sang décide du cours de votre existence. Sous l’égide de la famille royale, les Argents, doués de pouvoirs hors du commun, règnent sur les Rouges, simples mortels, qui servent d’esclaves ou de chair à canon.
    Mare Barrow, une Rouge de dix-sept ans, tente de survivre dans une société qui la traite comme une moins que rien. Quand elle révèle sans le vouloir des pouvoirs extraordinaires et insoupçonnés, sa vie change du tout au tout. Enfermée dans le palais royal d’Archeon et promise à un prince argent, elle va devoir apprendre à déjouer les intrigues de la cour, à maîtriser un don qui la dépasse, et à reconnaître ses ennemis, pour faire valoir l’indépendance de son peuple.

     

    Auteur : Victoria Aveyard

     

    Edition : MSK

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 11 mars 2015

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Red Queen est une dystopie comme tant d’autres qui va probablement, comme les autres, se décliner en trilogie assortie de quelques nouvelles pour faire patienter entre les tomes.
    Lorsque Mare Barrow, petite voleuse de 17 ans, tente de voler un Argent, et qu’elle se fait prendre, elle ne s’attendait pas à ce qu’un de ceux qui se prétendent des quasi-dieux fasse montre de compassion. Pour lui éviter de partir à la guerre, il s’arrange pour lui obtenir une place de domestique au palais royal. Et ce qui aurait du être un changement relativement agréable dans sa vie va causer, pour elle, une vraie catastrophe.
    En danger de mort lors d’un évènement public, Mare va faire une démonstration de pouvoirs qui ne sont normalement possédés que par les Argents.
    Le roi et la reine imaginent aussitôt un stratagème pour utiliser Mare à leur avantage en la faisant passer pour une Argent orpheline élevée par des Rouges.
    En danger constant, Mare doit composer avec la cruelle reine Elara et la non moins cruelle future reine Evangeline.
    Seul un petit groupe très restreint est au courant pour sa nature de Rouge et cela doit rester secret car jamais un Rouge n’a développé le moindre pouvoir et cela pourrait mettre en péril la société que les Argents ont instaurée.
    Mais Mare va se rendre compte que la vérité n’est pas aussi simple que l’on veut bien le lui faire croire.
    A la fin du tome 1, je me pose encore pleins de questions. En revanche, certaines de mes intuitions étaient fondées comme ce qui est vraiment arrivé à Coriane, la première reine ou ce qui se passe dans la tête du prince Maven.
    L’épilogue m’a surprise. Dans un sens je m’attendais à certains évènements (sinon, il aurait été difficile de faire une suite) mais un en particulier m’a scotchée car je ne l’ai pas du tout vu venir.
    Comme souvent, ça va être très dur d’attendre la suite qui est prévue pour février 2016.

    Un extrait : Un silence de mort plane sur l’arène tandis que nous assistons à la scène sans comprendre. Même Kilorn a perdu sa langue.

    — Un chuchoteur, soufflé-je.

    Je n’en ai jamais vu dans l’arène, et je doute d’être une exception. Les chuchoteurs sont rares, dangereux et puissants, même parmi les Argents, même dans la capitale. Les rumeurs à leur sujet varient mais on peut les résumer à un fait aussi simple que glaçant : ils peuvent entrer dans votre tête, lire vos pensées et prendre le contrôle de votre esprit. C’est exactement ce que Samson est en train de faire. Il s’est frayé un chemin, en chuchotant, à travers l’armure et les muscles de Cantos, et il s’est introduit dans son cerveau privé de défenses.

    Cantos lève son épée, les mains tremblantes. Il tente de s’opposer au pouvoir de Samson, toutefois sa robustesse ne sert à rien face à l’ennemi qui détient le pouvoir sur son esprit.

    Un nouveau mouvement de Samson et du sang argenté éclabousse le sable : Cantos transperce, de sa lame, son armure puis son propre ventre. Malgré la distance, j’entends le bruit écœurant du métal entamant la chair. Alors que Cantos se vide de son sang, la foule retient son souffle. Nous n’en avons jamais vu autant couler ici.

    Les néons bleus s’allument, baignant la piste d’une lueur fantomatique qui signale la fin du match. Des guérisseurs argents se précipitent sur le sable, au secours de Cantos. Les Argents ne sont pas censés mourir ici. On attend d’eux qu’ils combattent avec courage, qu’ils fassent étalage de leurs talents, qu’ils offrent un spectacle distrayant. Pas qu’ils meurent. Après tout, ce ne sont pas des Rouges.

    Je n’ai jamais vu les policiers se déplacer aussi vite. Ils comptent quelques fulgurants parmi leurs rangs, dont les contours se brouillent tandis qu’ils nous poussent vers la sortie. Ils ne veulent pas que nous soyons encore là si Cantos meurt dans le sable. Pendant ce temps, Samson quitte l’arène en véritable titan. Lorsque son regard tombe sur le corps inerte de Cantos, je m’attends à y percevoir une lueur de remords. Son visage reste pourtant un masque froid, dénué de toute émotion. Ce duel ne signifiait rien pour lui. Nous ne signifions rien pour lui.

    En cours, nous étudions le monde qui a précédé le nôtre, un monde où des anges et des dieux vivaient dans le ciel, régissant la Terre avec bienveillance et amour. Certains prétendent qu’il s’agit de pures fables. Je n’en crois rien.

    Les dieux nous gouvernent toujours. Ils sont simplement descendus des étoiles. Et l’heure n’est plus à la bienveillance.

     

  • [Livre] Si je reste

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    Résumé : Mia a 17 ans, un petit ami que toutes ses copines lui envient, des parents un peu excentriques mais sympas, un petit frère craquant, et la musique occupe le reste de sa vie. Et puis... Et puis vient l'accident de voiture. Désormais seule au monde, Mia a sombré dans un profond coma. Où elle découvre deux choses stupéfiantes : d'abord, elle entend tout ce qu'on dit autour de son lit d'hôpital. Ensuite, elle a une journée seulement pour choisir entre vivre et mourir. C'est à elle de décider. Un choix terrible quand on a 17 ans

     

    Auteur : Gayle Forman

     

    Edition : Editions Oh !

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 20 avril 2009

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Se passant sur un peu plus de 24h, avec le déroulement du temps comme titres de chapitres, ce roman, écrit à la première personne, est raconté du point de vue de Mia, adolescente de 17 ans, rescapée d’un terrible accident de voiture.
    Si nous sommes immédiatement fixés sur le sort des parents, il va falloir près de la moitié du livre pour savoir si Teddy, le petit frère de Mia, s’en est sorti ou non.
    Mia alterne le récit de ce qu’il se passe tandis qu’elle ère entre deux mondes, invisible aux yeux des vivants et ses souvenirs de sa vie avant l’accident.
    Comme l’indique le titre et le résumé, la grande question pour Mia est de savoir si elle doit décider de se réveiller et de retrouver ses grands-parents, sa meilleure amie, son petit ami ou si elle doit suivre ses parents dans la mort. Par contre, comme souvent, le résumé n’est pas vraiment fidèle au livre car, s’il est vrai que l’histoire se déroule sur une journée et une nuit, il n’est dit nulle part que Mia a un délai pour faire son choix.
    Le fait de voir les heures s’écouler en tête de chapitre donne un rythme de lecture assez rapide, comme si le temps nous était compté pour finir l’histoire.

    Pour moi, la fin est très frustrante car elle ne nous dit rien clairement et le doute subsiste. Certaines critiques disent que la fin est prévisible. Je réponds que dans la mesure où on peut l’interpréter de différentes manières, il est évident que c’est prévisible puisqu’on en fait ce que l’on veut. S’il n’y avait pas eu une suite à ce roman, le doute subsisterait toujours.
    J’ai d’ailleurs la suite dans ma PAL et je pense que je ne vais pas tarder à la lire, mais avant cela, je tiens à voir l’adaptation cinéma tant que j’ai encore le livre bien en tête car il parait que c’est une très bonne adaptation.
    Pour revenir au livre, je l’ai trouvé bouleversant sans qu’il verse dans le mélo. J’ai lu à plusieurs reprises qu’il n’y avait pas de « sentiments profonds » mais la profondeur des sentiments n’a pas besoin d’être étalée à chaque page pour être ressentie. De plus, dès le début du roman, Mia précise qu’elle ne ressent rien physiquement et qu’elle est engourdie émotionnellement. J’ai trouvé le texte de Gayle Forman très juste, mais il faut peut être voir plus loin que le bout de son nez pour ressentir l’amour qui domine dans ce livre : l’amour de Mia pour sa famille, l’amour de sa meilleure amie pour elle (et réciproquement) et celui que Mia et Adam, son petit ami, se portent.
    J’ai lu ce livre dans le cadre d’un challenge et je ne le regrette absolument pas.

    Un extrait : Notre voiture est une antique Buick qui n'était déjà plus toute jeune lorsque papy nous en a fait cadeau, à la naissance de Teddy. Jusqu'alors, mon père avait refusé de passer son permis, préférant se déplacer à vélo. Cela agaçait les autres musiciens de son groupe, car il ne pouvait les relayer au volant pendant leurs tournées. Quant à maman, elle avait tout essayé pour le faire changer d'avis, même l'humour. En vain.

    Quand elle a attendu mon frère, elle s'est vrai- ment fâchée et papa a enfin compris qu'il devait changer d'attitude. Il a passé son permis et, dans la foulée, a repris ses études afin de devenir professeur. Avec deux enfants, il n'était plus question pour lui de continuer à jouer les adolescents attardés. Le temps du nœud papillon était venu.

    Il en porte un ce matin, avec des richelieus rétro et un manteau moucheté. Ce n'est pas vraiment une tenue pour la neige, mais il aime ce genre de contraste.

    Après avoir gratté le pare-brise avec l'un des dinosaures en plastique de Teddy qui jonchent le gazon, papa met le contact et doit s'y reprendre à plusieurs fois pour que la voiture démarre. Comme d'habitude, c'est la bagarre dès qu'il faut choisir ce qu'on va écouter pendant le trajet. Maman veut mettre les informations, papa, Frank Sinatra, Teddy, Bob l'Eponge. Quant à moi, j'aimerais Radio-Classique, mais comme je suis la seule à apprécier ce genre de musique, je veux bien la remplacer par Shooting Star.

    Papa résout le problème.


    « On va commencer par écouter les infos, pour rester au courant, annonce-t-il. Ensuite, on mettra la station classique. Pendant ce temps, Teddy, tu peux te servir du lecteur CD.  «Il débranche le lecteur qu'il a relié à l'autoradio et farfouille dans la boîte à gants. «Jonathan Richman, ça te dirait ? »

    Comme moi, mon frère a grandi bercé par le son loufoque de Jonathan Richman, l'idole des parents, mais il n'a pas l'intention de céder.

    «Je veux Bob l'Eponge! hurle-t-il.

    — Entendu, mais sache que tu me fends le cœur, mon fils. »

    L'affaire réglée au bénéfice de Teddy, nous prenons la route. Quelques plaques de neige recouvrent encore la chaussée mouillée. Dans l'Oregon, les routes sont toujours humides. J'appuie mon front contre la vitre et je regarde défiler le paysage, avec ses sapins verts constellés de blanc et ses traînées de brouillard sous un ciel de plomb. La vitre ne tarde pas à être recouverte de buée. Je m'amuse à y tracer des signes avec mon doigt.

    Après les nouvelles, nous passons sur la station de musique classique. Les premières notes de la Sonate pour violoncelle et piano n° 3 de Beethoven s'élèvent dans la voiture. C'est le morceau sur lequel j'étais censée travailler cet après-midi. J'y vois une sorte de coïncidence cosmique. Je me concentre sur les notes en m'imaginant en train de jouer, ravie de cette occasion de m'exercer, heureuse d'être là, dans cette voiture bien chauffée, avec ma sonate et ma famille. Je ferme les yeux.

    On ne s'attendrait pas à ce que la radio continue à jouer, après. Pourtant, c'est le cas.