Résumé : Hazel, 16 ans, est atteinte d'un cancer. Son dernier traitement semble avoir arrêté l'évolution de la maladie, mais elle se sait condamnée. Bien qu'elle s'y ennuie passablement, elle intègre un groupe de soutien, fréquenté par d'autres jeunes malades.
C'est là qu'elle rencontre Augustus, un garçon en rémission, qui partage son humour et son goût de la littérature. Entre les deux adolescents, l'attirance est immédiate.
Et malgré les réticences d'Hazel, qui a peur de s'impliquer dans une relation dont le temps est compté, leur histoire d'amour commence... les entraînant vite dans un projet un peu fou, ambitieux, drôle et surtout plein de vie.
Auteur : John Green
Edition : Nathan
Genre : Classique étranger
Date de parution : 21 Février 2013
Prix moyen : 20€
Mon avis : C’est difficile de chroniquer ce livre sans trop en dire, car les évènements dont on a envie de parler sont justement ceux qui sont le plus inattendus et on n’a pas envie de gâcher la surprise pour les autres (vous voyez un peu le dilemme ?).
La mère de Hazel qui la trouve déprimée (remarquez avec des métastases dans les poumons qui l'obligent à se trimballer partout avec une bonbonne d'oxygène on peut comprendre qu’elle le soit un peu), l'inscrit dans un groupe de soutien que personnellement je trouve presque plus déprimant que la maladie elle-même.
Hazel est assez dure et cynique concernant sa maladie. Elle semble ne pas avoir d'espoir quant à son issue, mais je me demande si c'est vraiment ce qu'elle pense ou si elle a juste peur d'espérer. Elle a aussi tendance à avoir du mal à se laisser approcher de peur de faire souffrir les autres.
Ses parents sont très présents, peut-être un peu trop mais comme dit Hazel: "la seule chose qui craint plus que de mourir d'un cancer à 16 ans, c'est d'avoir un gosse qui meurt d'un cancer"
Augustus essaie de mettre de l'humour dans toute cette noirceur et il y arrive très bien. Son ami Isaac est un peu de la même trempe mais sa situation ne lui permet pas d'être aussi détaché que son ami.
Hazel adore un livre qui se fini de manière abrupte et rêve de savoir ce que les personnages deviennent après la fin du livre. Mais ce rêve de savoir ce qu’il « se passe après » qu’on a tous plus ou moins eu concernant les personnages de nos livres préférés, tourne presqu’à l’obsession pour elle.
L'auteur, cependant, refuse de lui raconter « la suite » autrement qu'en face à face. Or il habite en Hollande et un voyage d'Amérique vers la Hollande quand on dépend d'une bombonne d'oxygène, ce n'est pas si simple.
On se demande surtout pourquoi cette question à cette importance pour Hazel? Pourquoi elle ne peut pas simplement accepter que les personnages de fictions cessent d'exister après la dernière page de leur livre ?
Croit-elle qu'elle cessera d'être malade si elle a les réponses à toutes ses questions?
Ou que l'idée de sa mort aura moins d'importance?
Ce que j'ai le plus aimé c'est que ce livre n'est pas larmoyant (ne vous faites pas d'illusions, si vous n'avez pas un cœur en granit, sortez les mouchoirs), mais même si la situation en elle-même est triste, l'auteur n'en rajoute pas.
Un extrait : L'année de mes dix-sept ans, vers la fin de l’hiver, ma mère a décrété que je faisais une dépression. Tout ça parce que je ne sortais quasiment pas de la maison, que je traînais au lit à longueur de journée, que je relisais le même livre en boucle, que je sautais des repas et que je passais le plus clair de mon immense temps libre à penser à la mort.
Quoi qu’on lise sur le cancer (brochures, sites Internet ou autres), on trouvera toujours la dépression parmi les effets secondaires. Pourtant, la dépression n’est pas un effet secondaire du cancer. C’est mourir qui provoque la dépression (et le cancer, et à peu près tout, d’ailleurs). Mais ma mère, persuadée que je devais être soignée, a pris rendez-vous chez mon médecin, le docteur Jim, qui a confirmé que je nageais en pleine dépression, une dépression tétanisante et tout ce qu’il y a de plus clinique. Conclusion : il fallait modifier mon traitement, et je devais m’inscrire à un groupe de soutien hebdomadaire.
Le groupe mettait en scène des personnages plus ou moins mal en point et sa composition changeait régulièrement. Pourquoi changeait-elle ? C’était un effet secondaire de mourir.
Inutile de préciser que ces séances étaient déprimantes au possible. Elles avaient lieu tous les mercredis dans la crypte en forme de croix d’une église épiscopale aux murs de pierre. On s’asseyait en cercle au centre de la croix, là où les deux morceaux de bois auraient dû se croiser : pile où le cœur de Jésus aurait dû se trouver.
Je le savais parce que Patrick, l’animateur, qui était aussi la seule personne du groupe à avoir plus de dix-huit ans, nous bassinait à chaque réunion avec le cœur de Jésus, au centre duquel nous, jeunes survivants du cancer, étions littéralement réunis.
Voilà comment ça se passait au cœur du cœur de Dieu : notre groupe de six, sept ou dix arrivait à pied ou en chaise roulante, piochait dans un malheureux assortiment de biscuits et se servait un verre de limonade, avant de prendre place dans le cercle de la vérité et d’écouter Patrick débiter pour la millième fois le récit déprimant de sa vie – comment il avait eu un cancer des testicules et aurait dû en mourir, sauf qu’il n’était pas mort et que maintenant il était même un adulte bien vivant qui se tenait devant nous dans la crypte d’une église de la 137e ville d’Amérique la plus agréable à vivre, divorcé, accro aux jeux vidéo, seul, vivotant du maigre revenu que lui rapportait l’exploitation de son passé de super-cancéreux, futur détenteur d’un master ne risquant pas d’améliorer ses perspectives de carrière, et qui attendait, comme nous tous, que l’épée de Damoclès lui procure le soulagement auquel il avait échappé des années plus tôt quand le cancer lui avait pris ses couilles, mais avait épargné ce que seule une âme charitable aurait pu appeler « sa vie ».
ET TOI AUSSI, TU PEUX AVOIR CETTE CHANCE !
Après quoi, chacun se présentait : nom, âge, diagnostic et humeur du jour. Je m’appelle Hazel, avais-je dit quand mon tour était arrivé. J’ai seize ans. Cancer de la thyroïde à l’origine, mais mes poumons sont truffés de métastases depuis longtemps. Sinon ça va.