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Young adults - Page 6

  • [Livre] Nos étoiles contraires

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    Résumé : Hazel, 16 ans, est atteinte d'un cancer. Son dernier traitement semble avoir arrêté l'évolution de la maladie, mais elle se sait condamnée. Bien qu'elle s'y ennuie passablement, elle intègre un groupe de soutien, fréquenté par d'autres jeunes malades.

    C'est là qu'elle rencontre Augustus, un garçon en rémission, qui partage son humour et son goût de la littérature. Entre les deux adolescents, l'attirance est immédiate.

    Et malgré les réticences d'Hazel, qui a peur de s'impliquer dans une relation dont le temps est compté, leur histoire d'amour commence... les entraînant vite dans un projet un peu fou, ambitieux, drôle et surtout plein de vie.

     

    Auteur : John Green

     

    Edition : Nathan

     

    Genre : Classique étranger

     

    Date de parution : 21 Février 2013

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : C’est difficile de chroniquer ce livre sans trop en dire, car les évènements dont on a envie de parler sont justement ceux qui sont le plus inattendus et on n’a pas envie de gâcher la surprise pour les autres (vous voyez un peu le dilemme ?).

    La mère de Hazel qui la trouve déprimée (remarquez avec des métastases dans les poumons qui l'obligent à se trimballer partout avec une bonbonne d'oxygène on peut comprendre qu’elle le soit un peu), l'inscrit dans un groupe de soutien que personnellement je trouve presque plus déprimant que la maladie elle-même.
    Hazel est assez dure et cynique concernant sa maladie. Elle semble ne pas avoir d'espoir quant à son issue, mais je me demande si c'est vraiment ce qu'elle pense ou si elle a juste peur d'espérer. Elle a aussi tendance à avoir du mal à se laisser approcher de peur de faire souffrir les autres.
    Ses parents sont très présents, peut-être un peu trop mais comme dit Hazel: "la seule chose qui craint plus que de mourir d'un cancer à 16 ans, c'est d'avoir un gosse qui meurt d'un cancer"

    Augustus essaie de mettre de l'humour dans toute cette noirceur et il y arrive très bien. Son ami Isaac est un peu de la même trempe mais sa situation ne lui permet pas d'être aussi détaché que son ami.

    Hazel adore un livre qui se fini de manière abrupte et rêve de savoir ce que les personnages deviennent après la fin du livre. Mais ce rêve de savoir ce qu’il « se passe après » qu’on a tous plus ou moins eu concernant les personnages de nos livres préférés, tourne presqu’à l’obsession pour elle.

    L'auteur, cependant, refuse de lui raconter « la suite » autrement qu'en face à face. Or il habite en Hollande et un voyage d'Amérique vers la Hollande quand on dépend d'une bombonne d'oxygène, ce n'est pas si simple.

    On se demande surtout pourquoi cette question à cette importance pour Hazel? Pourquoi elle ne peut pas simplement accepter que les personnages de fictions cessent d'exister après la dernière page de leur livre ?

    Croit-elle qu'elle cessera d'être malade si elle a les réponses à toutes ses questions?

    Ou que l'idée de sa mort aura moins d'importance?

    Ce que j'ai le plus aimé c'est que ce livre n'est pas larmoyant (ne vous faites pas d'illusions,  si vous n'avez pas un cœur en granit, sortez les mouchoirs), mais même si la situation en elle-même est triste, l'auteur n'en rajoute pas.

    Un extrait : L'année de mes dix-sept ans, vers la fin de l’hiver, ma mère a décrété que je faisais une dépression. Tout ça parce que je ne sortais quasiment pas de la maison, que je traînais au lit à longueur de journée, que je relisais le même livre en boucle, que je sautais des repas et que je passais le plus clair de mon immense temps libre à penser à la mort.

    Quoi qu’on lise sur le cancer (brochures, sites Internet ou autres), on trouvera toujours la dépression parmi les effets secondaires. Pourtant, la dépression n’est pas un effet secondaire du cancer. C’est mourir qui provoque la dépression (et le cancer, et à peu près tout, d’ailleurs). Mais ma mère, persuadée que je devais être soignée, a pris rendez-vous chez mon médecin, le docteur Jim, qui a confirmé que je nageais en pleine dépression, une dépression tétanisante et tout ce qu’il y a de plus clinique. Conclusion : il fallait modifier mon traitement, et je devais m’inscrire à un groupe de soutien hebdomadaire.

    Le groupe mettait en scène des personnages plus ou moins mal en point et sa composition changeait régulièrement. Pourquoi changeait-elle ? C’était un effet secondaire de mourir.

    Inutile de préciser que ces séances étaient déprimantes au possible. Elles avaient lieu tous les mercredis dans la crypte en forme de croix d’une église épiscopale aux murs de pierre. On s’asseyait en cercle au centre de la croix, là où les deux morceaux de bois auraient dû se croiser : pile où le cœur de Jésus aurait dû se trouver.

    Je le savais parce que Patrick, l’animateur, qui était aussi la seule personne du groupe à avoir plus de dix-huit ans, nous bassinait à chaque réunion avec le cœur de Jésus, au centre duquel nous, jeunes survivants du cancer, étions littéralement réunis.

    Voilà comment ça se passait au cœur du cœur de Dieu : notre groupe de six, sept ou dix arrivait à pied ou en chaise roulante, piochait dans un malheureux assortiment de biscuits et se servait un verre de limonade, avant de prendre place dans le cercle de la vérité et d’écouter Patrick débiter pour la millième fois le récit déprimant de sa vie – comment il avait eu un cancer des testicules et aurait dû en mourir, sauf qu’il n’était pas mort et que maintenant il était même un adulte bien vivant qui se tenait devant nous dans la crypte d’une église de la 137e ville d’Amérique la plus agréable à vivre, divorcé, accro aux jeux vidéo, seul, vivotant du maigre revenu que lui rapportait l’exploitation de son passé de super-cancéreux, futur détenteur d’un master ne risquant pas d’améliorer ses perspectives de carrière, et qui attendait, comme nous tous, que l’épée de Damoclès lui procure le soulagement auquel il avait échappé des années plus tôt quand le cancer lui avait pris ses couilles, mais avait épargné ce que seule une âme charitable aurait pu appeler « sa vie ».

    ET TOI AUSSI, TU PEUX AVOIR CETTE CHANCE !

    Après quoi, chacun se présentait : nom, âge, diagnostic et humeur du jour. Je m’appelle Hazel, avais-je dit quand mon tour était arrivé. J’ai seize ans. Cancer de la thyroïde à l’origine, mais mes poumons sont truffés de métastases depuis longtemps. Sinon ça va.

     

  • [Livre] Effacée - T03 - Brisée

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    Résumé : Kyla est en danger. Les Lorders sont toujours à sa poursuite et le TAG, groupe Terroriste Anti-Gouvernemental, l'a manipulée. Pour leur échapper, Kyla a dû se résoudre à une mesure extrême : se faire passer pour morte. Sous une nouvelle identité et avec une nouvelle apparence, elle part à la recherche de son passé et de sa vraie famille. Mais la vérité est plus compliquée - et bien plus sombre - que Kyla l'avait imaginée...

     

    Auteur : Teri Terry

     

    Edition : La Martinière Jeunesse

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 22 Octobre 2015

     

    Prix moyen : 16,50€

     

    Mon avis : Dans ce troisième et dernier tome, Kyla quitte son village et, sous une nouvelle identité, va se réfugier chez Stella Connor, sa mère, retrouvée par le Service des Personnes Disparues, une organisation secrète qui tente de renverser les Lorders avec des moyens beaucoup plus pacifiques et beaucoup moins discutables que les TAG.
    Jusque-là, Kyla n’avais eu qu’un aperçu de ce que faisait les lorders avec les arrestations arbitraires et les centres où étaient exécutés les effacés qui n’avaient pas « remplis leur contrat » (ce point étant sujet à toutes les interprétations).
    Ici, dans ce nouveau village, elle va découvrir que la réalité est pire encore que ce qu’elle croyait savoir, et, en faisant cette découverte, se mettre en danger.
    Obligée de fuir à nouveau, elle va devoir se montrer encore plus prudente qu’avant dans la confiance qu’elle accorde tant chaque personne semble changer de visage de minutes en minutes.
    Nico, toujours aussi dangereux, est toujours dans la nature, et la menace qu’il représente plane au-dessus de Kyla. Le concernant, je n’ai pas été étonnée quand ses motivations sont révélées, j’ai toujours su pourquoi il agissait.
    Stella, la mère de Kyla, est difficile à suivre (même si on comprendra son comportement plus tard). Elle apparaît à la fois comme surprotectrice, sévère, manipulatrice, secrète. On n’a pas l’impression qu’elle ait envie de donner des réponses à Kyla et en même temps on la sens agacée que l’adolescente ne se souvienne pas d’elle (et d’un autre côté, quand on rencontre Astrid, la mère de Stella, on comprend que celle-ci soit un tantinet tendue… une vrai araignée cette vieille peau).
    Ben m’a surprise dans ce tome. Et d’un autre côté, je me dis qu’on se base sur Kyla pour juger les effacés en oubliant qu’elle est un cas particulier. Ainsi, on oublie facilement qu’on ne sait rien de la personnalité de Ben avant qu’il ne soit effacé, on ne sait pas du tout qui il était et ce que les multiples manipulations sur son cerveau ont pu donner. Aussi, à chaque fois qu’il fait un pas, on se dit : je ne pensais pas qu’il réagirait comme ça, Kyla n’aurait pas fait comme ça… C’est perturbant, mais très logique.
    La fin est très bien construite aussi, d’abord intense en actions, puis en révélations qui la rendent logique. Mais jusqu’à la dernière seconde, on n’aura pas su avec certitude qui était du côté de qui. Qui étaient les méchants ? Tout simplement parce que personne n’est blanc ou noir (enfin il y a quand même deux ou trois personnages à qui on aura du mal à trouver des excuses).
    Pour une fois, je ne reste pas sur ma faim avec un dernier tome de trilogie !

    Un extrait : Le car s’arrête non loin de la longue allée menant à la maison de Mac. Je m’y élance, préoccupée par ce que je viens de voir. À quel enterrement se rendaient ma mère et ma sœur ? L’inquiétude me gagne tandis qu’une autre partie de mon cerveau enregistre un changement : le ciel est étrangement bas et le fond de l’air est glacé. Va-t-il neiger ? Jamais je n’ai vu la neige, et pourtant il me semble que j’adore ça. Certes, quand j’étais Lucy, j’ai dû en faire l’expérience : enfant, j’ai grandi dans la région du Lake District. Mais les souvenirs de Lucy ont été effacés par la chirurgie des Lorders.

    La maison de Mac apparaît au tournant. C’est une construction isolée, fermée à l’arrière par un haut portail. Depuis l’allée, j’aperçois un long trait blanc et brillant au-dessus. Un van est garé là… celui d’Aiden ?

    On m’attend, si j’en crois le rideau qui vient de retomber sur la fenêtre de devant. Un instant plus tard, Mac ouvre la porte d’entrée.

    — C’est vraiment toi, Kyla ?

    — Je m’appelle Donna, maintenant.

    J’entre et ôte mon béret, ce qui m’arrache une grimace de douleur. Aiden est là aussi, et mon expression de souffrance ne lui a pas échappé.

    — Tu as mal ? Je t’avais proposé de venir te chercher…

    Je réponds d’un haussement d’épaules et me dirige vers l’ordinateur au fond du couloir, prenant juste le temps de laisser mon écharpe et mon manteau sur une chaise. Je dois comprendre ce que faisait ma famille derrière ce corbillard. Un coup d’œil sur un site d’actualités locales va me renseigner…

    L’ordinateur de Mac est illégal. Il ne l’a pas déclaré au gouvernement et il capte Internet sur des réseaux clandestins. Skye, la chienne de Ben, tente de me faire la fête mais je lui donne une rapide caresse et la repousse.

    Une fois devant l’écran, prise d’une soudaine inspiration, je consulte d’abord le site Internet du SPD. Je cherche la fiche de Lucy Connor, disparue de la ville de Keswick à l’âge de dix ans, et récemment retrouvée. Ma véritable identité, volée par les Lorders, et reconquise grâce à mes amis.

    Or, maintenant, la fiche porte l’inscription « Décédée ».

    Je contemple l’écran, abasourdie, puis tressaille en sentant une main se poser sur mon épaule.

    — Tu as l’air en forme, pour une morte, raille Mac. J’aime beaucoup tes nouveaux cheveux.

    Je pivote. Aiden est là aussi, près de Mac, et il a une drôle d’expression.

    — C’est toi qui as marqué ça ! m’écrié-je, furieuse. Mais pourquoi ?

    — Désolé, Kyla, mais tu es officiellement décédée depuis qu’une bombe a détruit une partie de la maison de tes parents adoptifs.

    — Mais les Lorders n’ont pas pu retrouver mon cadavre… Attends une minute ! Mon car a croisé un convoi funéraire, tout à l’heure. Maman et Amy suivaient le corbillard. Ne me dis pas que c’était mon enterrement ?

    Aiden semble mal à l’aise.

    — J’ignorais que ça se passait aujourd’hui.

    Mac et Aiden échangent un regard perplexe.

    — Le plus vraisemblable, c’est qu’ils ne veulent pas reconnaître que tu leur as échappé, déclare Aiden.

    Aiden pense que les Lorders ont placé cette bombe pour me punir d’avoir aidé Ben à couper son Nivo. Il ne sait rien du double jeu que j’ai tenu, au risque de ma vie, pour les Lorders d’un côté et pour les TAG de l’autre. Mon secret est bien lourd et il me ronge.

    Mais Aiden aussi a des secrets.

    Mes yeux s’emplissent de larmes.

    — Je ne peux pas laisser maman et Amy croire que je suis morte. C’est trop cruel.

    Aiden s’assied près de moi et me prend la main.

    — Il le faut, Kyla. Nous ne pouvons prendre aucun risque.

    Je retire ma main de la sienne.

    — Non ! Je refuse de partir comme ça. C’était déjà pénible de passer pour disparue, mais morte… Tu m’en demandes trop.

    — Elles sont peut-être surveillées. C’est trop dangereux, proteste Aiden.

    — Personne ne me reconnaîtra, à présent.

    Aiden secoue la tête.

    — Réfléchis bien, Kyla. Une autre vie t’attend à Keswick. Ne gâche pas cette chance. Et ta mère ne voudrait pas que tu prennes ce risque.

    Cette fois, je me tais. Il a raison.

     

  • [Livre] Effacée - T02 - Fracturée

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    Résumé : Kyla en apprend de plus en plus sur son passé d’Effacée… Mais parviendra-t-elle à s’accepter ?

    Après son effacement, Kyla devrait avoir perdu tout souvenir de son passé. Elle se demande quel avenir elle peut envisager. Pourtant, des bribes de mémoire lui reviennent avec d’inquiétants points sombres. Et quand un homme mystérieux qu’elle a connu avant son effacement réapparaît dans son existence, elle se dit qu’elle va enfin comprendre d’où elle vient. Mais plus elle en apprend sur elle-même, plus son avenir devient confus…

     

    Auteur : Teri Terry

     

    Edition : La Martinière Jeunesse

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 16 Octobre 2014

     

    Prix moyen : 16€

     

    Mon avis : Le début de ce second tome est un peu abrupt car l’auteur ne fait aucun rappel. Le premier chapitre de ce livre est écrit comme s’il était le chapitre suivant du dernier du tome 1. Du coup, on a un peu de mal à se remettre dans l’histoire, mais ça ne dure pas. Après seulement quelques pages, on est replongé dans l’histoire.
    Dans ce tome, on va en apprendre un peu plus sur le passé de Kyla qui commence à avoir des souvenirs de plus en plus net, quoique encore assez épars. On va également en apprendre plus sur ces TAG, ces terroristes qui combattent le gouvernement des Lorders.
    Leur chef, Nico, ne m’a pas du tout plu. Il semble manipulateur et dangereux, se moquant totalement de la vie d’autrui que ce soit des « ennemis » ou des « alliés ». Je pense que son but est de s’emparer du pouvoir et que s’il pouvait être à la tête des Lorders, il ne s’embarrasserait pas à les combattre. On dirait vraiment le gourou d’une secte avec tout le pouvoir de nuisance que cela implique.
    Ce tome est plus sombre que le premier, et, à l’instar de Kyla, on ne sait plus sur quel pied danser avec les personnages. Il y en a certain en qui on avait confiance, qui semblait ne pas être à la solde des lorders, ni à celle des TAG, d’ailleurs, mais maintenant on doute, on n’est plus sur de les avoir cernés comme il le faut.
    Les raisons du comportement du père, tour à tour sévère et menaçant ou gentil et ouvert, sont révélées à la fin de ce tome. Je n’en ai pas été surprise, ça n’a fait que confirmer mes doutes.
    J’aurais quand même aimé savoir pourquoi les personnes arrêtées dans le premier tome l’ont été car que ce soit Phoebe qui avait accusé Kyla d’être une espionne des Lorders, ce qui n’était rien de plus que des chamailleries d’adolescentes, ou le professeur de dessin, qui avait fait un portrait de la jeune fille disparue, il n’y avait là aucune critique ou attaque contre le système. Rien d’ouvertement contre le système en tout cas, et on peut se demander pourquoi les lorders sont ainsi sur la défensive. N’ont-ils pas autant la main mise sur la population qu’ils veulent le faire croire ?
    Kyla va rencontrer également un nouveau personnage en la personne de Cam. Pour qu’il soit introduit comme ça au second tome, je me doutais qu’il allait avoir une importance et que ses actes ne seraient pas anodins, mais je n’avais pas imaginé ça !
    Le docteur Lysander va prendre encore plus d’importance dans ce tome, et elle me laisse perplexe. Tout dans son attitude semble montrer qu’elle est du côté de Kyla, mais elle reste l’inventeur de la procédure d’effacement et elle défend ce système avec énergie. Est-ce qu’elle n’apprécie pas les méthodes des lorders ? Est-ce qu’elle désapprouve les dérives causées par son système (avec apparemment des effacements sans procès) ? Ou bien cache-t-elle des dessins plus sombres derrière une façade amicale ?
    J’espère avoir les réponses à toutes mes questions dans le dernier tome.

    Un extrait : Un bourdonnement lointain m’arrache au néant et j’oscille un instant entre éveil et torpeur, puis, doucement, repars au pays des rêves.

    Le bourdonnement reprend.

    Erreur !

    Éveillée en un clin d’œil, je bondis hors de mon lit, mais quelque chose me retient et je manque hurler, me débats, le jette à terre et m’accroupis en position de combat, prête à l’attaque. Prête à tout…

    Mais pas à ça. Des formes inconnues, menaçantes, se brouillent, se transforment et deviennent des objets ordinaires. Un lit. Un réveil qui sonne encore sur une table de chevet. Mes entraves, des couvertures maintenant à terre. Un tapis sous mes pieds nus. Une faible lueur filtrant d’une fenêtre ouverte. Et un chat grincheux et somnolent qui pousse des miaulements furieux, prisonnier des couvertures.

    Je presse le bouton du réveil, me force à respirer lentement – inspirer, expirer –, à ralentir le rythme frénétique de mon cœur, mais mes nerfs sont encore à vif.

    Sebastian me dévisage, le poil hérissé.

    — Tu me reconnais, mon minou ? dis-je à voix basse, et je tends la main pour qu’il la hume, lui caresse le dos autant pour m’apaiser que pour le rassurer. Je refais le lit et il saute dessus, s’étale mais garde les yeux mi-clos, aux aguets.

    À mon réveil, je me croyais encore là-bas. À demi assoupie, je reconnaissais chaque détail. Les abris de fortune, les tentes. Le froid, l’humidité, l’odeur de bois brûlé, le bruissement des feuilles, les oiseaux d’avant l’aube. Les murmures. Mais, à mesure que je m’éveillais, tout cela disparaissait. Les détails s’évanouissaient. Était-ce un rêve ou un lieu bien réel ?

    Mon Nivo à 5,8 indique que je suis contente, mais mon cœur bat encore vite. Après ce qui vient d’arriver, mon Nivo aurait dû descendre en flèche. Je le fais tourner sans douceur sur mon poignet : rien. Ça devrait pourtant me faire mal. Les Effacés sont incapables de la moindre violence envers les autres ou envers eux-mêmes tant qu’un Nivo contrôle leurs émotions, tant qu’il peut provoquer des évanouissements, ou même la mort si son porteur est trop bouleversé ou furieux. Après ce que j’ai fait hier, je devrais être morte, éliminée par la puce qu’on a implantée dans mon cerveau quand on m’a Effacée.

    Des échos de mon cauchemar de la nuit dernière résonnent en moi : Je ne pourrai jamais m’enfuir. Il me retrouvera toujours…

    Nico ! Il s’appelle Nico, et ce n’est pas un rêve sans consistance. Il existe bel et bien. Des yeux bleu pâle brillent dans mon souvenir, des yeux dont le regard peut devenir en un éclair glacial ou ardent. Il saura certainement ce que tout cela signifie. C’est un élément vivant de mon passé, ressurgi Dieu sait comment dans ma nouvelle vie, sous l’apparence de mon professeur de sciences naturelles. Une bien étrange transformation de… de quoi ? Ma mémoire me trahit de nouveau. Exaspérée, je serre les poings. Je l’avais devant moi, je savais qui il était, ce qu’il représentait, et puis, tout à coup, plus rien.

    Nico saura sûrement de quoi il s’agit, mais ai-je intérêt à lui poser la question ? Quel qu’il soit, je suis au moins sûre d’une chose : il est dangereux. À la seule pensée de son nom, mon estomac se noue à la fois de crainte et de nostalgie. Être proche de lui, voilà ce que je veux, quel qu’en soit le prix.

    Il me retrouvera toujours…

    On frappe à la porte de ma chambre.

    — Kyla, tu es levée ? Sinon, tu vas arriver en retard au lycée.

     

  • [Livre] Effacée - T01

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    Résumé : Dans un futur proche, en Angleterre, les criminels de moins de 16 ans sont condamnés à perdre tout souvenir de leur passé. Malgré son Effacement, cependant, Kyla fait d'étranges cauchemars. Comme si ses souvenirs s'obstinaient à remonter à la surface...

    Petit à petit, le doute s'installe. A-t-elle vraiment commis un crime et mérité son sort ? La jeune fille n'est pas certaine de vouloir le découvrir, d'autant que sa nouvelle vie de lycéenne lui plaît. Et que son passé pourrait s'avérer difficile à supporter.

    Mais peut-on être soi, à 16 ans, si l'on ignore d'où l'on vient ? Grâce à Ben, Effacé, lui aussi, et convaincu que l'Effacement cache en réalité une gigantesque manipulation, Kyla trouvera peut-être la force de partir en quête de sa propre histoire...

     

    Auteur : Teri Terry

     

    Edition : La Martinière Jeunesse

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 12 Septembre 2013

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : L’effacement semble être une méthode radicale pour effacer le comportement violent des jeunes criminels et leur donner une chance de recommencer leur vie et de s’intégrer à la société. Ça, c’est la théorie. La toute belle et toute lisse théorie.
    Sauf que l’effacement ne semble pas avoir totalement marché chez Kyla : elle a des cauchemars qui pourraient être des bribes de souvenirs de son passé, elle réfléchit, elle est autonome, elle est capable de se défendre…tout ce qu’un effacé n’est pas censé pouvoir faire.
    D’ailleurs, son Nivo, un bracelet censé contrôler les émotions et la neutraliser si elle ne ressent pas un bonheur béat, réagit étrangement avec elle.
    Elle doit donc faire attention à tout ce qu’elle fait pour ne pas être repérée par les lorders, censés maintenir l’ordre et faire respecter la loi mais que je soupçonne de plus en plus d’être dangereux et arbitraires. Je pense qu’ils ne s’en prennent pas uniquement aux criminels mais aussi à toutes personnes qui se posent la moindre question sur le système.

    Le texte est à la première personne du singulier et on est donc confronté aux pensées, aux sentiments et aux réflexions de Kyla. Pour une fois on a une héroïne qui n’est ni une guerrière, ni une poupée incroyablement naïve qui ne se sort des situations que par une chance phénoménale. Non ici, Kyla est courageuse, un peu perdue à cause de ce qu’elle ressent et qu’elle ne devrait pas ressentir, effrayée aussi de se rendre compte qu’elle ne peut faire confiance à personne. Mais courageuse, volontaire et bien décidée à reprendre sa vie en main, mais sans pour autant se mettre en danger de façon inconsidérée.


    Même si on ne fait que les citer, et qu’ils apparaissent une fois ou deux, un peu comme une ombre menaçante aux contours imprécis, je me demande si les TAG, le groupe terroriste qui lutte contre le système, n’est pas pire que l’ennemi qu’il combat. Sans doute aura-t-on des réponses à leur sujet dans le tome 2, mais leurs méthodes ne les rendent pas sympathiques et on n’est pas bien sûr de vouloir les voir réussir.

    Kyla, et nous par la même occasion, se rend vite compte que les apparences sont trompeuses. Ses nouveaux parents, quand elle les rencontre, donnent l’impression d’une mère sévère et revêche et d’un père ouvert et amical. Très rapidement, on peut voir que la mère est attentive, gentille et aimante. Mais le père… je pense qu’on ne sait pas encore à quel point il est impliqué dans les horreurs commises par les lorders, mais je le soupçonne d’être bien plus proches d’eux qu’il ne le dit. Tout dans son attitude le montre. Je suis sûre qu’il est un des pires dangers que va devoir affronter Kyla. Amy, sa sœur, très amicale au début, semble l’être beaucoup moins.
    Kyla doit également savoir repérer la véritable personnalité de tout le personnel médical et administratif qui l’entoure : qui la surveille, qui serait susceptible de dénoncer la moindre infraction aux lorders… Elle vit dans une suspicion permanente.

     

    La fin, comme toujours dans les dystopies, nous fait prendre conscience de l’ampleur du problème, et on n’a qu’une envie, se jeter sur la suite pour savoir comment Kyla va se sortir de là !

    Un extrait : Nous arrivons devant la grille de sortie.

    Un garde s'avance vers la voiture et les autres nous dévisagent derrière les fenêtres. Mon père appuie sur des boutons et toutes les vitres de la voiture descendent. Même le coffre s'ouvre.

    Mes parents et Amy remontent leurs manches et tendent leur main droite au-dehors. J'en fais autant. Puis un garde avise les poignets nus de mes parents, hoche la tête, et passe un objet au-dessus du Nivo d'Amy. L'objet sonne. Il procède de la même manière avec moi. Ensuite il va examiner le coffre et le referme d'un coup sec.

    La barrière de sûreté s'ouvre enfin et nous débouchons dans une rue.

    — Kyla, qu'aimerais-tu faire, aujourd'hui ? me demande ma mère.

    Elle est ronde et pointue. Oui, je sais : ces deux adjectifs paraissent contradictoires. Je veux dire qu'elle est ronde de corps et tendre d'apparence, mais que ses regards et ses paroles sont aigus et perçants.

    Je me retourne. Le complexe hospitalier occupe tout l'horizon : interminables rangées de petites fenêtres grillagées, hautes clôtures, miradors disposés à intervalles régu­liers, sentinelles...

    — Kyla ! Je t'ai posé une question !

    Je tressaille.

    — Je ne sais pas, marmonné-je.

    — Normal, remarque mon père. Elle n'a encore aucune idée de ce qu'elle « peut » faire.

    — Rentrons à la maison, propose Amy. Elle a besoin de temps pour s'habituer. D'ailleurs, c'est ce qu'a dit son docteur.

    — Évidemment, soupire ma mère. Les médecins savent toujours tout.

    Il y a un silence lourd de sous-entendus. Apparemment, ma mère n'a guère confiance dans le corps médical... Je croise le regard de mon père dans le rétroviseur.

    — Kyla, tu connais l'histoire du médecin qui ne pou­vait pas distinguer sa droite de sa gauche ?

    Il se lance dans une longue histoire d'erreurs chirur­gicales, à la grande joie de ma mère et de ma sœur. Moi, je ne trouve pas ça drôle. J'espère que rien de tel n'est arrivé dans mon hôpital...

    Et puis, j'oublie, captivée par la ville qu'ils appellent Londres. Nous circulons maintenant dans une rue bordée de bâtiments incendiés, aux ouvertures condamnées. Plus loin, le quartier s'anime. Il y a du linge qui sèche aux balcons, des plantes, des rideaux que le vent soulève comme s'il voulait s'amuser avec.

    Et partout, des gens. Dans les voitures, sur les trottoirs. Des foules de gens, entrant et sortant de boutiques ou de bureaux, se hâtant dans toutes les directions. Ils semblent ignorer les gardes postés aux coins des rues. D'ailleurs, ceux-ci sont de moins en moins nombreux au fur et à mesure que nous nous éloignons de l'hôpital.

    J'observe tout - les rues, les gens, les immeubles - pour me rappeler.

    Le Dr Lysander m'a souvent demandé pourquoi je cherchais systématiquement à mémoriser ce que je voyais dans le moindre détail. Je n'ai jamais su le lui expliquer, sinon par le fait que je n'aime pas me sentir vide.

    Après mon Effacement, dès que j'ai réussi à mettre un pied devant l'autre sans tomber, j'ai parcouru les étages autorisés de l'hôpital. J'ai compté mes pas et inscrit chaque recoin dans ma mémoire. J'aurais pu trouver les bureaux des infirmières les yeux fermés. Et aussi les laboratoires et les chambres. Je n'avais pas besoin de voir leur numéro. Même en ce moment, il me suffit de me concentrer pour que ça me revienne parfaitement.

    Mais il faudrait que je parcoure toutes les rues de Londres pour avoir la configuration de la ville dans la tête... Bien sûr, on m'a montré des cartes et des photos, à l'hôpital. Cela faisait partie des cours de culture géné­rale nous préparant à notre sortie. Pour moi, c'était facile de me rappeler. Il me suffisait de dessiner ce que j'avais vu, et d'écrire les noms dans un cahier. Les autres élèves n'étaient pas aussi réceptifs. Ils souriaient comme des abrutis et ne reconnaissaient jamais rien. Ce n'est pas de leur faute : lorsque nous avons été Effacés, la fonction « heureux caractère » de nos profils psychologiques a été renforcée au maximum.

    Je suppose qu'avant le traitement, je n'avais aucun sourire en réserve...

     

  • [Livre] Emancipés

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    Résumé : Ils sont six. Jeunes. Libres. Emancipés. Pas d’adultes, pas de limites.

    Ils ne se sont jamais rencontrés. Le hasard les réunit en coloc dans une somptueuse villa de Venice Beach. On pourrait croire à une vie de rêve…

    Mais chacun a ses ambitions.

    Chacun a ses secrets.

    Chacun cache quelque chose aux autres.

    Sans compter ce qu’ils ignorent : à leur insu, quelqu’un les espionne à distance. Mais qui, et dans quel but ?

     

    Auteur : M.G. Reyes

     

    Edition : Mosaïc

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 6 juillet 2016

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce premier tome, que j’ai lu en ebook en 6 épisodes (et qui a ensuite été édité en papier en un seul livre) mais il y a un élément en particulier qui m’a rendu dingue.
    Est-ce que l’auteur sait ce qu’est exactement l’émancipation ? Non parce que dans cette histoire, ils sont émancipés, mais doivent rendre des comptes à leurs parents. Une vraie émancipation à la carte : si tu as des ennuis tu es seul responsable de tes actes, mais pour le reste tu obéis.
    Entre la mère de Candace, propriétaire de la maison, qui passe à l’improviste pour des inspections (quel proprio peut passer comme ça chez ses locataires, parce que oui, c’est pas gratuit, ils payent un loyer), les parents de Grace qui lui imposent de vivre dans la plus petite chambre, ceux de Charlie (dont on ne sait pas la vraie identité avant la moitié du livre) qui l’obligent à entrer dans le lycée de leur choix et la menacent de l’envoyer en pension… On est loin des règles de l’émancipation. Dans la mesure où ils ont tous fait émanciper leurs enfants pour ne plus avoir à en être responsables et qu’ils se sont engagés devant la justice à leur verser une certaine somme comme pension, ils n’ont pas le choix, ils ne peuvent en aucun cas revenir sur le montant de la pension comme ils l’entendent : c’est une décision de justice !
    Au début du livre, il semble que seuls John-Michael et Charlie (bien qu’on ne sache pas quelle fille est Charlie) cachent un secret. Mais au fil des pages, on se rend compte que chacun d’eux en cache un. Et pour certains leurs secrets ne sont pas indépendants les uns des autres.
    Bien qu’on suive surtout les 6 colocataires, il y a deux personnages qui intriguent beaucoup : Ariana, qui semble être un contact de Charlie et prétend être son amie, et une femme, dont on ne sait pas l’identité, qui organise de toute évidence la surveillance de la jeune fille. Mais tout cela va bien au-delà de Charlie et va toucher de plus ou moins près chacun des membres de la maison.

    Au niveau des personnages, j’ai un faible pour John-Michael et Maya. Ils ne sont pas parfaits et chacun d’eux cache un lourd secret, mais ils restent quand même les plus sympathiques.
    Grace est un peu trop donneuse de leçon (bien qu’elle soit loin d’être parfaite elle aussi), Candace est arrogante, Lucy est en rébellion constante et semble oublier que ses colocataires ne sont pas ses parents et qu’elle ferait bien de s’en prendre aux bonnes personnes et Paolo, je n’accroche pas vraiment.

    Au niveau de la narration, on suit alternativement chacun des colocataires + Ariana, mais comme le récit reste à la troisième personne du singulier, je n’ai pas trouvé ça perturbant. Cela permet juste de préciser sur quelle vie et quel secret on va se pencher un peu plus.
    Le rythme n’est pas haletant, on sent bien que l’auteur souhaite construire des bases solides pour son histoire et non pas prendre des raccourcis ou ajouter des scènes chocs juste pour faire monter artificiellement la tension. C’est un tome d’introduction et vu les dernières pages, quand va arriver le tome 2, on sera bien content d’avoir eu le temps de bien connaitre le passé et les caractères de chacun parce que tout risque de s’accélérer.
    Ce second tome, intitulé « incriminated » est sorti en mai en anglais (Emancipated était sorti en mai 2015 en anglais et en juillet 2016 en français…).

     

    Un extrait : Voici comment ça s’était passé : il fallait que Candace quitte la maison, et Grace avait trouvé la solution.

    Ni l’une ni l’autre n’arrivait plus à supporter le comportement de la mère de Grace — les disputes, les hurlements et les menaces de divorce. Depuis son dix-septième anniversaire, Candace avait souvent confié à Grace qu’elle craignait bien d’être à l’origine de la mauvaise entente entre leurs deux parents.

    Elles étaient étendues sur la pelouse, leurs longs cheveux blonds étalés dans l’herbe. Grace observait sa demi-sœur entre ses doigts à la dérobée. Agée de seulement seize ans, elle était la plus jeune des deux mais elle avait souvent l’impression d’être l’aînée. Candace passait tellement de temps à suivre des cours en tout genre — de chant, de théâtre, de danse, d’équitation ou d’escrime — qu’il lui en restait bien moins pour lire, penser, écouter et réfléchir.

    Plus simplement, si Grace était plus mûre, peut-être cela venait-il de ce qui lui était arrivé il y a très longtemps.

    — C’est pas ta faute s’ils se disputent. N’importe quel psy te dirait comme moi. Ton cas est totalement banal.

    — Ah, d’accord, maugréa Candace. Pendant que tu y es, tu n’as qu’à me dire que je suis un cliché.

    — Hé oui. Mais on n’est pas plus avancées pour autant.

    Candace lui flanqua un coup de pied dans le tibia et Grace répondit par un grand sourire.

    Le problème, au fond, c’est qu’il se pouvait très bien que les craintes de Candace soient justifiées : elle était peut-être effectivement en cause à cent pour cent. Sans avoir jamais quitté le droit chemin une seule fois, elle avait réussi à mettre en danger le mariage de leurs parents.

    Les deux filles entendaient les éclats de la dispute à l’intérieur de la maison.

    La mère de Grace était en train de crier :

    — Je ne resterai pas ici sans réagir pendant que notre fille fiche sa carrière en l’air, simplement parce que monsieur ne veut pas déménager !

    Et le père de Candace demandait :

    — Tina, ma chérie, qu’est-ce que tu veux que j’aille faire à Los Angeles ?

    — Très bien. Tu n’as qu’à rester ici, alors. Mais laisse-moi juste emmener Candy à Hollywood.

    Grace entendit le père de Candace marquer une pause et s’efforcer cette fois encore — mais sans y parvenir — de ne pas remarquer que sa femme utilisait ce surnom qu’il détestait.

    — Ne l’appelle pas comme ça.

    — D’accord, Candace, reprit la mère de Grace, prenant sur elle de toute évidence pour contrôler le ton de sa voix. Je l’ai déjà inscrite à son premier casting pour la télévision. C’est dans un mois. Il faut qu’elle habite là-bas, nom de nom ! C’est ce que disent tous ceux qui s’y connaissent. « Partez vivre à L.A. ! »

    — Ecoute, Tina, tu as — enfin, nous avons — quatre autres enfants à charge.

    Grace savait que ce « nous » n’en était pas un. Du point de vue biologique, les quatre enfants n’étaient pas les siens mais ceux de sa femme. Pourquoi sa mère prenait-elle tellement à cœur l’avenir de la seule pièce rapportée par son mari à cette famille recomposée ? Personne n’avait jamais osé aborder la question. Mais aujourd’hui, la mère de Grace était prête à planter là, à San Antonio, son mari, sa propre fille et ses trois jeunes frères pour aller assouvir ses rêves hollywoodiens.

    Grace vit l’exaspération se peindre sur le visage de Candace. Ses yeux se posèrent sur les longues jambes de sa demi-sœur, qui portait un short en jean. Celle-ci tourna légèrement la tête et jeta un coup d’œil vers l’intérieur de la maison. Leurs parents avaient quitté le salon aux grandes portes-fenêtres pour passer dans la cuisine. Impossible désormais de les entendre clairement.

    Grace se concentra sur les millions de picotements que provoquaient sous ses cuisses les brins hérissés de la pelouse, fraîchement tondue de l’après-midi même. Lorsque Candace finit par la regarder de nouveau, elle lui sourit d’un air triste. Grace lui rendit son sourire. Ces disputes se répétaient si souvent et elles étaient tellement prévisibles ! Elles commençaient à mettre toute la famille à cran.

    Candace marmonna d’un air renfrogné :

    — C’est fou, on dirait que Tina est convaincue que si elle continue à pleurnicher, mon père va finir par céder.

    — C’est pour ton bien qu’elle fait ça, lui suggéra prudemment sa demi-sœur.

    — Grace, tu sais que j’aime beaucoup ta mère. Mais tu sais aussi que ce n’est pas « pour mon bien » qu’elle fait tout ça. Tu as bien vu comment elle était, la dernière fois, avec la pub pour les jeans. Tina se sert de moi pour vivre ses fantasmes hollywoodiens.

    Grace acquiesça.

    — Oui, j’ai remarqué.

    Voilà le plus étrange, avec ces mères obsédées par l’idée de faire monter leur progéniture sur les planches. Leurs intentions sont loin d’être aussi généreuses qu’il y paraît au premier abord.

    Après un temps d’hésitation, Grace suggéra :

    — Il y a bien une solution…

     

  • [Livre] Revived

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    Résumé : Grâce au Revive, un sérum mis au point par une agence ultrasecrète, Daisy est déjà morte cinq fois et entame sa sixième existence.

    Nouvelle ville, nouveau lycée, nouvelle identité... La jeune fille est habituée. Mais cette fois, en regardant les autres autour d'elle, elle se sent troublée. Et quand elle rencontre Matt, son malaise grandit.

    Que lui reste-t-il de son enfance et de ses vies passées ? Daisy n'est-elle, finalement, qu'un pantin manipulé par des êtres sans scrupule ? Pour exister vraiment, pour aimer, ne faut-il pas savoir qu'on va mourir un jour ? Sa sixième vie sera peut-être la dernière, mais ce sera la sienne !

     

    Auteur : Cat Patrick

     

    Edition : La Martinière Jeunesse

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 18 Mai 2012

     

    Prix moyen : 10€

     

    Mon avis : Ce roman a réussi à me faire pleurer (bien évidemment, je lisais à mon bureau pendant ma pause déjeuner, ça ne serait pas drôle sinon… mais bon, je lis tous les jours à ma pause, mes collègues ont l’habitude).
    Daisy se sent très impliquée dans le protocole Revived. Elle n’est pas du tout dans une optique de révolte comme je l’ai cru en lisant le résumé. A aucun moment elle dit clairement : « je laisse tout tomber, j’abandonne le projet, laissez-moi vivre ma vie. »
    Les changements qui s’opèrent en elle sont beaucoup plus progressifs, beaucoup plus subtils.
    Concernant les personnages, j’ai beaucoup aimé le groupe d’ado qui entoure Daisy, même s’ils ne sont pas tous présents en même temps. Que ce soit Megan, Matt ou Audrey, ils apportent tous quelque chose à Daisy. Même si Matt est celui pour qui elle commence à remettre sa vie en cause, c’est Audrey qui va avoir le plus d’impact sur elle.
    Du coté des adultes, je suis plus partagée.
    Quand on voit le sujet du livre, on se doute qu’à un moment ou un autre, quelqu’un va la trahir et je penche pour un des adultes de son entourage car ils peuvent faire bien plus de dégâts que les ados.
    Je me méfie de Cassie. Elle est très froide, indifférente et semble avoir une assurance qu’elle ne devrait pas avoir si elle était associé depuis si peu de temps au projet. Mais comme tout est fait pour nous la présenter comme la méchante, ou du moins celle qui pourrait l’être, je réserve mon jugement.
    Je me méfie tout autant de Mason. Parce que dans ce genre d’histoire qui met en scène une branche obscure du gouvernement, j’ai tendance à me méfier de celui qui a l’air sympa et ouvert. Peut-être que j’extrapole mais souvent c’est celui dont on se méfie le moins qui se révèle être le pire.
    Après le pauvre homme est peut être vraiment sympa.
    Il y a aussi cet homme, ce directeur du programme que tout le monde appelle Dieu parce qu’il décide de tout et que personne ne l’a vu. Je n’aime pas trop quand un chef est trop mystérieux. En général ils sont tout sauf honnêtes !

    Une autre chose m’intrigue aussi : Cassie semble être la seule « convertie » à vivre avec deux agents et je me demande pourquoi elle est plus sous « surveillance » que les autres. Ou peut-être n’est-ce dû qu’au fait qu’elle est morte plusieurs fois.
    Au fur et à mesure du livre, on sent qu’il y a quelque chose qui cloche, mais ce n’est qu’à la fin qu’on aura toutes les réponses.
    Je suis un peu plus circonspecte quant à l’épilogue à cause de la présence de certaines personnes qui me semblent incompatibles avec la nouvelle vie de Daisy. Mais je pense que la volonté d’avoir une fin heureuse l’a emporté sur la cohérence. Cependant, ce n’est vraiment qu’un minuscule défaut au regard de la qualité de ce livre qui a frôlé le coup de cœur.

    Un extrait : Je suis par terre.

    Je sens le soleil sur mon visage et, sous mon corps secoué de soubresauts, un sol mou... Ce n'est pas de l'asphalte, plutôt un revêtement spongieux dont l'odeur, infecte, me rappelle... celle de la piste de course du lycée, toute neuve, qui longe le terrain de football... C'est là que je me suis effondrée.

    Une femme est agenouillée près de moi, son téléphone collé à l'oreille.

    - Elle s'appelle Daisy ! hurle-t-elle. Je... Non, je ne connais pas son nom de famille !

    Je ne m'en souviens pas non plus.

    - Appleby ! crie un professeur.

    - Appleby, répète la femme, sans doute au médecin d'urgence. Je crois qu'elle fait une réaction allergique à... quelque chose.

    Les guêpes, ai-je envie de lui dire. Mais aucun souffle, pas un mot ne franchit mes lèvres.

    Brusquement, le groupe d'élèves qui m'entourent recule. Devant leurs yeux horrifiés, mes bras et mes jambes doivent s'agiter comme des serpents venimeux. J'essaie de respirer. Dans une ultime convulsion, je sens une infime portion d'oxygène entrer dans mes poumons.

    Je sais que ce sera l'une des dernières.

    Quand le professeur d'éducation physique nous a demandé de nous échauffer avant le match de volley, je me suis lancée sur la piste, ravie de ce bol d'air frais et des couleurs qu'il allait peut-être me donner. Mais j'ai tout de suite vu la menace, jaune et noir, bourdonner autour de moi. Elle n'a pas été longue et, en plus, elle n'était pas seule. J'ai pressé la touche 1 de mon téléphone à l'instant où j'ai senti la brûlure familière de la première piqûre.

    Maintenant, je n'espère plus qu'une chose : que Mason arrive à temps.

    Une vague d'apaisement m'envahit. Ce ne sera plus très long. Le cercle des élèves se resserre autour de moi. Mes yeux rebondissent de visage en visage. Ce sont tous des inconnus. L'année scolaire a débuté hier.

    Quelques filles sont en larmes. Le principal est arrivé et tente de les écarter. Mais ils sont comme des aimants, attirés par le frisson du drame.

    - Poussez-vous ! leur crie-t-il. Reculez ! L'équipe de réanimation va avoir besoin de place.

    Mais personne ne l'écoute. Personne ne bouge.

    Au contraire, ils forment un mur entre les secours et moi.

    Mon regard s'arrête sur une jolie fille à la peau mate dont le casier est juste à côté du mien. Elle ne pleure pas, mais son visage est ravagé.

    Peut-être serions-nous devenues amies.

    Je la regarde, sans qu'elle détourne les yeux, jusqu'au moment où mes paupières se ferment.

    Un hoquet saisit la foule.

    - Ô mon Dieu !

    - Faites quelque chose !

    - Sauvez-la ! supplie un garçon.

    J'entends les sirènes. Je perçois un mouvement de foule, des pas précipités, sans doute l'équipe médicale. S'agit-il de vrais ambulanciers ou de Mason et Cassie ?

    Mes bras s'affaissent.

    - Daisy, tiens le coup !

    J'aime croire que c'est la voix de mon amie potentielle, mais je n'ouvre pas les yeux pour vérifier. À la place, je laisse mon esprit dériver.

    Les sons deviennent de plus en plus sourds. Le monde glisse vers le néant. Je suis en train de mourir.

     

  • [Livre] Tornade

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    Résumé : Dans le Midwest, où Jersey vit avec sa mère, son beau-père et sa petite sœur Marine, on ne sait jamais ce que la météo réserve. Le jour où sa mère et Marine disparaissent, emportées par une tornade, Jersey se retrouve seule et sans maison. Son beau-père n’a pas la force de s’occuper d’elle et son père biologique la rejette. La jeune fille échoue chez ses grands-parents maternels, qu’elle n’a jamais connus. Ballottée d endroit en endroit, Jersey doit tenir bon, tout en apprenant des choses qu’elle ignorait sur sa mère...

     

    Auteur : Jennifer Brown

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 01 Avril 2015

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Jersey vit avec sa mère, son beau-père Ronnie et sa petite sœur de 5 ans. C’est là sa seule famille. Son père biologique a disparu dans la nature quand elle n’avait qu’un an et elle ne l’a jamais connu, pas plus que sa famille. Quant à sa famille maternelle, sa mère, reniée par ses parents, a coupé tous les ponts.
    A Elizabeth, Missouri, il est fréquent d’avoir des exercices pour savoir comment réagir en cas de tornades. Mais, bien que le temps soit capricieux et les orages violents, aucune tornade ne s’est jamais réellement abattue sur la petite ville.
    C’est pourquoi quand la sirène retentit, Jersey, qui est seule chez elle, son beau-père est au travail et sa mère a accompagné sa petite sœur à son cours de danse, ne s’inquiète pas vraiment.
    Elle a tort. Quand la tornade s’éloigne, Jersey prend la mesure de la phrase « avoir tout perdu ».
    J’ai passé un quart du livre folle de rage et une moitié en larmes…
    L’auteur écrit son livre à la première personne, nous faisant découvrir les évènements à travers les yeux de Jersey.
    L’écriture est simple, on a vraiment l’impression d’entendre s’exprimer une adolescente de 16 ans.
    Kolby est un jeune garçon attentionné qui cache ses sentiments sous l’humour. J’ai beaucoup apprécié ce personnage qui est un des seuls à sembler réellement concerné par Jersey, malgré le fait qu’il a souffert lui aussi.
    Dani, elle, m’a semblé simplement ne pas savoir comment réagir devant le drame qui touche Jersey. Tout comme sa mère, et, si je comprends la colère de Jersey devant ce qui lui semble être de l’indifférence, je ne peux que comprendre également celle-ci qui fait face à des attentes irréalisables de la part des adolescentes.
    Mais ma colère, elle, la grosse colère qui m’a tenue pendant un bon quart du roman, a été provoquée par l’attitude de Ronnie, le beau-père et de la famille paternelle de Jersey. Le premier est un lâche, il est immonde. Je comprends qu’il se sente dépassé, qu’il soit désespéré. Mais abandonner Jersey au milieu d’inconnus sans même se préoccuper qu’elle soit en sécurité, ça j’ai trouvé que c’était criminel. Et il a perdu toute excuse à mes yeux, pour ce qu’il fait à propos de l’enterrement.
    Quant à la famille paternelle, à part Terry, je n’ai pas de mots pour décrire l’horreur et la colère qu’ils m’ont inspirés.
    Jersey étant volontaire, malgré son désespoir, elle se rebelle et échoue chez ses grands-parents maternels, qu’elle n’a jamais rencontrés eux non plus. Et là, elle commence à apprendre des choses sur sa mère, des choses qu’on ne raconte pas forcément à sa fille, des anecdotes que seuls des grands-parents peuvent dévoiler. C’est une lueur d’espoir pour Jersey mais le plus important, plus important peut être que l’attitude que les autres peuvent avoir avec elle, c’est son combat intérieur : entre remords, culpabilité, désespoir, il faut que Jersey trouve le moyen d’avancer avec la perte qui l’a frappée. Et c’est que j’ai trouvé le plus impressionnant dans ce livre : ce cheminement intérieur de l’adolescente.
    Un vrai coup de cœur. Je ne tarderais pas à lire « hate list » l’autre titre de l’auteur. S’il est moitié aussi bon que celui-ci, il ne peut que me plaire.

    Un extrait : Ce soir-là, j’en avais assez, c’était toujours moi qui prenais le relais de maman, surtout depuis qu’elle avait épousé Ronnie, le père de Marine, quand j’avais dix ans. Jusque-là j’avais toujours vécu seule avec elle. Mon père était alcoolique et nous avait quittées quand j’avais à peine un an. À en croire maman, il passait son temps à entrer et sortir de prison pour des délits liés à l’alcool et il n’avait aucun sens des responsabilités. Elle avait l’impression d’élever deux enfants, mais elle le supportait parce qu’elle l’aimait. Jusqu’au jour où il était parti, pour ne jamais revenir. Elle avait essayé de le retrouver, disait-elle, mais il avait complètement disparu. Chaque fois que je lui demandais des nouvelles de mon père, elle me répondait que même s’il était vivant, il refuserait de nous voir.

    Je ne me souvenais même plus de son visage.

    Du côté maternel, je n’avais pas non plus de famille. Les parents de maman étaient des gens très rigides, et ils l’avaient mise à la porte quand elle était tombée enceinte, si bien que je ne les connaissais pas. Je n’avais aucune idée de l’endroit où ils vivaient. En tout cas ce n’était pas à Elizabeth.

    Ces dix ans de vie seule avec maman m’avaient rendue débrouillarde, et je prenais en charge une bonne part des corvées ménagères. Maman avait besoin d’aide parce qu’elle travaillait beaucoup et je lui rendais volontiers service. C’est vrai, je n’étais pas très gâtée, je n’avais jamais d’affaires de bonne qualité, je ne partais jamais très loin en vacances, mais je ne manquais de rien. Et j’adorais maman.

    Après son mariage avec Ronnie et la naissance de Marine, le nombre de corvées avait doublé et la vie quotidienne était devenue pénible. Parfois j’avais l’impression que maman n’était là que pour me rappeler ce que j’avais à faire…

    Maman et Marine continuaient à s’agiter. Marine entrait et sortait du salon en sautant, tournoyant, chantonnant, et j’avais la tête enfouie dans un coussin en attendant qu’elles partent. Jusqu’au moment où maman a demandé à Marine de passer aux toilettes avant d’enfiler les ballerines noires qu’elle avait laissées près de l’entrée. Elle-même s’était changée pour mettre un jeans et un T-shirt.

    – Allez, en route pour le cours de danse. On rentre dans une petite heure.

    – OK, ai-je répondu d’un ton las.

    Marine a suivi maman, tel son clone miniature, avec son sac à la main, une vieillerie noirâtre que maman lui avait donnée quand elle en avait eu marre. Marine en était folle et l’emportait partout où elle pouvait car elle y avait rangé tous ses petits trésors.

    – Non, laisse-le ici, a dit maman en ouvrant la porte-moustiquaire.

    – Si, je veux le prendre.

    – Non, tu vas l’oublier, comme la dernière fois, et je n’ai aucune envie de faire un nouvel aller-retour chez Miss Janice.

    – Nooooon ! a hurlé Marine avec sa voix-Débâcle.

    Maman lui a jeté son regard comminatoire que je connaissais par cœur.

    – Vite, tu vas être en retard et tu vas rater la danse d’entrée.

    Elle a déposé son sac au pied de la porte et suivi maman dans ses petites ballerines brillantes soudain tristounettes sous le ciel nuageux.

    – N’oublie pas le linge !

    – Oui, oui, ai-je chantonné en roulant des yeux.

    J’étais tellement sûre de moi, sûre de ce que j’avais à faire – le linge –, sûre du moment où maman et Marine rentreraient, de la soirée qui m’attendait.

    Je ne me doutais de rien.

    Rien du tout.

     

  • [Livre] Immaculée

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    Résumé : Mina est la première de sa classe, la petite amie du garçon le plus ambitieux du lycée et elle est capable de se sortir de n'importe quelle situation. Mais quand elle tombe soudainement enceinte - alors qu'elle n'a jamais couché avec personne - son monde ordonné s'écroule. Pratiquement personne ne croit Mina lorsqu'elle revendique sa virginité. Son père présume que son petit ami est responsable et ce dernier pense qu'elle l'a trompé.

    Tandis que l'histoire de Mina se répand, il y a ceux qui se mettent à la traiter de menteuse. Ceux qui la prennent pour une hérétique. Et ceux qui osent croire que les miracles sont possibles et que l'enfant de Mina pourrait être le plus grand d'entre tous.

     

    Auteur : Katelyn Detweiler

     

    Edition : Robert Laffont

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 17 Mars 2016

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Pour moi ce livre nous démontre l’étendue de l’hypocrisie américaine. Quand on voit ces gens qui, dans leur grande majorité, sont fourrés à l’église en permanence, mette Dieu à toutes les sauces, le mêlant à tous les actes de la vie civile : écoles, tribunaux…, pour qui être athée est un véritable crime, peut-être plus important même que d’être un meurtrier, et que l’on constate leurs réactions à l’annonce de la situation particulière de Mina, on se demande combien d’entre eux ont réellement la foi ? Après tout, le fondement même de la foi n’est-il pas de croire sans avoir la preuve que l’objet de sa croyance existe ?
    La foi en Amérique n’est-elle que se donner bonne conscience en allant à l’église ou en faisant des cérémonies pour que des jeunes filles jurent de rester vierges jusqu’au mariage ?
    Car s’ils croient, jusqu’à l’extrême, sans supporter quiconque dirait le contraire, tout ce qu’il y a dans la bible, ils refusent en bloc de croire que quoi que ce soit de divin puisse se produire sur quelqu’un d’autre qu’un homme d’église ou qu’eux même.
    Mais après tout la foi, la croyance, c’est quelque chose de très personnel et je ne blâmerais certainement quiconque serait sceptique devant une adolescente enceinte qui jure qu’elle est toujours vierge.
    A la lecture du livre, ma première réaction a été de me dire que Mina était sincère, mais qu’elle avait peut-être été victime d’un viol sous GHB, puisque cette drogue ne laisse aucun souvenir à sa victime.
    J’ai pu comprendre aussi la première réaction de son père ou de son petit ami. Le premier pense qu’elle lui ment, le second qu’elle l’a trompé. Mais j’ai trouvé l’attitude du père lamentable. Sa réaction n’est pas celle d’un parent. Il ne supporte pas que ses croyances soient bousculées et ne cherche absolument pas à comprendre.

    En revanche l’attitude d’Izzy, une de ses deux meilleures amies est au mieux puérile, au pire pathétique et incroyablement égoïste : peu importe pour elle ce qui peut arriver à son amie, tout ce qui compte, c’est qu’elle est outrée que Mina ne lui ait pas tout confié de sa vie à la seconde où les évènements se sont produit.
    La plupart des élèves sont dans une spirale de harcèlement scolaire mais ce qui est le plus choquant, c’est que personne ne dit rien. Ne fait rien. L’administration du lycée ne cherche pas à savoir qui a créé le site qui attaque Mina ni à sanctionner les coupables (alors que les administrations scolaires aux USA sont des plus intrusives dans la vie personnelle de leurs élèves).
    Mais le pire dans cette histoire, c’est les gens. Pas les petits cons du lycée, pas les fausses amies, pas les vieilles cancanières de la petite ville où habite Mina, mais les inconnus, ceux qui habitent à des centaines de kilomètres, ceux qui ne peuvent pas s’empêcher de s’immiscer dans la vie de l’adolescente. Ceux qui ne se contente pas de mettre des commentaires sur le site pour dire qu’ils ne la croient pas, mais qui l’insultent, la menacent, l’appellent chez elle.
    Tout le monde a le droit de ne pas croire, mais de quel droit est ce qu’ils essaient d’imposer leurs visions des choses à cette jeune fille qu’ils ne connaissent pas.
    J’ai été horrifiée de voir jusqu’où les choses pouvaient aller.
    J’ai beaucoup apprécié la mère de Mina, sa petite sœur, son amie Hannah, Jesse et la gynécologue qui, quel que soit leurs convictions, épaulent Mina sans la moindre réserve.
    A la fin du roman, nous n’avons pas de réponses claires, rien d’écrit noir sur blanc, rien de clair.
    Mais faut-il vraiment une explication ?

    Un extrait : Le lendemain matin, je suis réveillée par une odeur de bacon et d’œufs en provenance de la cuisine d’Hannah – et l’envie pressante de répandre mes entrailles sur son lit. Je suis, malheureusement pour nous toutes, comprimée entre Hannah et Izzy. L’accès au sol m’est donc coupé : impossible d’atteindre une poubelle ou les toilettes. Il ne me reste qu’une option – me vomir dessus. Sur le vieux tee-shirt qu’Hannah m’a prêté la veille au soir et sur sa couette à imprimé cachemire pétant.

    — Putain, tu fais quoi, Meen ? hurle Izzy en repoussant les couvertures et en se précipitant hors du lit, ses grands yeux marron écarquillés par l’horreur. C’est dégueulasse. Pourquoi t’es pas allée aux toilettes ?

    — Tu vois bien qu’elle est malade et qu’elle n’y peut rien, Iz. Ne lui crie pas dessus comme ça, tempère Hannah.

    Les ignorant toutes deux, je vomis de nouveau.

    — Izzy ! Attrape la poubelle ! Ne reste pas là à la regarder sans rien faire, ordonne Hannah, dont la capacité à prendre soin des autres n’est jamais en reste.

    Elle s’empare d’un paquet de mouchoirs sur la table de nuit et entreprend de m’essuyer la bouche et le menton.

    Izzy pousse un soupir théâtral, repousse la capuche de son sweat-shirt aux couleurs du lycée et attache ses cheveux raides et bruns en queue-de-cheval. Une fois la poubelle en main, elle me la tend à bout de bras, refusant de s’approcher davantage.

    Hannah se penche pour l’attraper d’une main tout en me massant doucement les épaules de l’autre.

    — Qu’est-ce qui ne va pas, ma puce ? demande Hannah. Tu t’es sentie mal en te réveillant ?

    Je compte mentir. J’ai prévu de le faire, et planifié ce que je vais dire, mais je me mets à pleurer sans le vouloir, ce qui modifie ma décision. Ce ne sont pas des larmes, mais de gros sanglots bruyants qui m’empêchent de parler.

    — Mina ? Qu’est-ce qui se passe ? demande Izzy d’une voix radoucie.

    La fille agacée a laissé place à ma meilleure amie depuis le CE1. Elle roule la couette en boule au bout du lit et s’assied à côté de moi.

    Il me faut plusieurs minutes pour me calmer, inspirer longuement et me ressaisir. Pendant tout ce temps, Hannah et Izzy me tapotent le dos, repoussent mes cheveux et m’enveloppent dans une couverture propre.

    — Qu’est-ce qui t’arrive, Meen ? Dis-le-nous, insiste Izzy en me regardant droit dans les yeux, à la fois inquiète et impatiente.

    — J’en sais rien, dis-je en soupirant et en baissant les yeux sur mes mains pâles, qui tremblent toujours, cramponnées sur mes genoux.

    Je me concentre sur le rythme monotone et assourdi de l’air conditionné qui bourdonne sous la fenêtre d’Hannah et répand des bouffées d’air glacé dans la chambre. Je m’enveloppe plus étroitement dans la couverture, même si le froid n’est pas le seul responsable de mes tremblements.

    — Si tu pleures comme ça, c’est que tu sais quelque chose, non ?

    — Isabelle, arrête d’insister comme ça, intervient Hannah sur un ton ferme qui ne lui ressemble pas et me surprend. Elle nous parlera quand elle en aura envie.

    Je lève les yeux vers Hannah : dans son doux regard bleu, je lis de l’amour et de l’inquiétude. Elle mâchonne une mèche de cheveux blonds, une vieille habitude que je lui connais depuis la maternelle.

    Ces filles sont tes meilleures amies, me serine une petite voix. Je les connais aussi bien que moi-même. Peut-être mieux que moi-même, du moins ces derniers temps. Tout d’un coup, l’idée de garder le secret me paraît ridicule. Inutile. Une perte de temps. Mon angoisse aurait été plus facile à gérer si je l’avais divisée en trois. Nous avons tout affronté ensemble. Depuis toujours.

     

  • [Livre] Red Queen - T02 - Glass Sword

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    Résumé : Mare Barrow a le sang rouge, comme la plupart des habitants de Norta. Mais comme les seigneurs de Norta, qui se distinguent par leur sang couleur de l’argent, elle possède un pouvoir extraordinaire, celui de contrôler la foudre et l’électricité. Pour les dirigeants de Norta, elle est une anomalie, une aberration. Une dangereuse machine de guerre.
    Alors qu’elle fuit la famille royale et Maven, le prince qui l’a trahie, Mare fait une découverte qui change la donne : elle n’est pas seule. D’autres Rouges, comme elle, cachent l’étendue de leurs pouvoirs. Traquée par Maven, Mare fait face à sa nouvelle mission : recruter une armée, rouge et argent. Aussi rouge que l’aube, plus rapide qu’un éclair d’argent. Capable de renverser ceux qui les oppriment depuis toujours.
    Mais le pouvoir est un jeu dangereux, et Mare en connaît déjà le prix.

     

    Auteur : Victoria Aveyard

     

    Edition : MSK

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 10 février 2016

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : J’ai retrouvé avec plaisir Mare et Cal dans ce second tome. On les suit après qu’ils aient échappés, à la fin du tome 1, au sort auquel les destinait Maven et Elara.
    A la fin de ce premier tome, Mare avait également appris qu’elle n’était pas la seule Rouge dotés de pouvoirs au travers du royaume.
    Mare doit apprendre à se blinder dans ce tome mais comme, contrairement à Maven et Elara, elle n’est pas une psychopathe, elle lutte pour ne pas sombrer sous le poids de la culpabilité. Contrairement à d’autres chroniques que j’ai pu lire, Mare ne m’a pas énervée. Il ne faut pas oublier qu’elle n’a que 16 ans et le poids de nombreuses morts sur la conscience, même si elle n’a jamais vraiment eu le choix. Au contraire, j’ai trouvé que ses hésitations, ses doutes, ses problèmes de conscience, la rendent encore plus humaine. Parce que oui, les ados de 16 ans qui doivent faire face à tout cela et qui restent de marbre, sans état d’âme, qui n’ont jamais envie de se rouler en boule et de se laisser aller à pleurer toutes les larmes de leur corps, ne sont pas normaux et ne m’inspireraient aucune sympathie. Les héros ne sont pas ceux qui agissent comme des robots sans faille. Tout comme le courage n’est pas l’absence de peur.
    En revanche, la garde écarlate, et particulièrement le Colonel, eux oui, ils m’ont énervée. Tout simplement parce qu’ils ne valent pas mieux que les dirigeants Argents : incapables de comprendre que certains Argents puissent avoir d’autres idées que leurs congénères, avide de pouvoir, prêt à détruire tous ceux qui sont différents (ou du moins à les emprisonner). Bref comme souvent, les deux camps semblent aussi méprisables l’un que l’autre.
    Kilorn aussi m’a énervée. Sa jalousie à peine voilée de ne pas avoir de pouvoirs qu’il tente de cacher sous un mépris des pouvoirs, son obsession à détester Cal, même quand celui-ci montre bien qu’il est de leur coté.
    Mare ne semble pouvoir faire confiance à personne, exceptés à une poignée plus que réduite de personnes, deviennent très vite pénibles.
    Au fil des pages, nous rencontrons de nouveaux personnages et Mare va découvrir que les pouvoirs de ses semblables sont étonnants, très différents de ceux qu’elle a rencontré chez les Argents. Mais si ces pouvoirs semblent plus puissants, il ne faut pas oublier que les « sang-neufs » ainsi que l’on appelle les Rouges avec pouvoirs sont moins entrainés que les Argents, qui exercent leurs pouvoirs depuis l’enfance.
    On voit peu Maven, ce qui est logique puisqu’on suit Mare et qu’elle ne cherche pas vraiment à être en sa présence, mais il fait quelques petites apparitions intéressantes.
    Ce tome met les convictions de Cal à rude épreuve. Car, bien qu’il ait été trahi par son frère et qu’il désire se venger, il ne souhaite pas de révolution, il ne veut pas changer l’ordre établit et les places respectives des Argents et des Rouges. Là, c’est toute son éducation, tout ce qu’on lui a toujours appris qu’il doit remettre en question, et ce n’est pas facile.
    Je m’attendais plus ou moins à une fin comme celle-ci, mais j’avoue qu’elle a dépassé toutes mes prévisions et que j’attends avec impatience le tome 3 pour voir comment l’auteur a prévu de dénouer la situation !

    Un extrait : Shade finit par s’arrêter brusquement, ses talons creusant une balafre dans la terre. J’en profite pour hasarder un regard alentour. Kilorn s’immobilise à notre hauteur, son fusil pointé vers le ciel, en vain. Personne d’autre ne nous a suivis. Je ne vois même plus l’avenue, ni les guenilles rouges se déplaçant à travers les ruines.

    Mon frère scrute les branches d’un œil noir, attendant que les avions s’éloignent.

    — On va où ? lui demandé-je, à bout de souffle.

    C’est Kilorn qui me répond.

    — Le fleuve. Puis l’océan. Tu peux nous emmener ? ajoute-t-il.

    Il pose brièvement les yeux sur les mains de Shade, comme s’il pouvait voir son don inscrit dans sa chair. Pourtant le pouvoir de mon frère reste, à l’image du mien, enfoui. Invisible tant que celui-ci n’a pas décidé de le dévoiler. Il secoue la tête.

    — Pas en un seul saut, c’est trop loin. Et je préfère courir, économiser mes forces.

    Son regard s’assombrit.

    — Pour quand on en aura vraiment besoin.

    Je partage son avis. Je suis bien placée pour connaître la fatigue qui suit l’utilisation de mon pouvoir, une fatigue jusque dans les os, qui interdit presque tout mouvement, sans parler de se battre.

    — Où emmènent-ils Cal ?

    Ma question arrache une grimace à Kilorn.

    — Ça ne pourrait pas m’être plus égal !

    — Eh bien ça ne devrait pas ! rispoté-je d’une voix que l’incertitude rend tremblante.

    Non, il a raison. Et tu devrais l’imiter. Si le prince est parti, tu ne dois pas le retenir.

    — Il peut nous aider à sortir de cette situation. Il peut combattre à nos côtés.

    — Il s’échappera ou nous tuera à l’instant où on lui en fournira l’occasion, cingle-t-il en arrachant son foulard pour montrer sa colère.

    Je vois aussitôt, dans mon esprit, le feu de Cal. Il détruit tout sur son passage, du métal à la chair.

    — Il aurait déjà pu vous tuer.

    Je n’exagère pas, et Kilorn le sait.

    — J’avais imaginé que vous vous seriez, par je ne sais quel miracle, lassés de vos chamailleries, lance Shade en s’interposant. Quelle naïveté de ma part !

    Kilorn marmonne une excuse entre ses dents serrées, pas moi. Je suis trop concentrée sur les avions, laissant leurs cœurs électriques battre contre le mien. Ils s’affaiblissent à chaque seconde, de plus en plus distants.

    — Ils s’éloignent. Si on veut y aller, c’est maintenant.

    Mon frère et Kilorn me considèrent avec la même perplexité, pourtant ni l’un ni l’autre ne proteste.

    — Par ici, dit Shade, pointant le doigt en direction d’un fourré.

    Un ruelle, presque invisible, s’insinue entre les arbres ; la terre a été balayée pour révéler la pierre et l’asphalte dessous. Une fois de plus, Shade me prend par le bras, et Kilorn s’élance devant nous, à une cadence soutenue.

    Les branches nous griffent, elles débordent au-dessus du chemin qui s’étrécit à tel point qu’il nous est bientôt impossible de courir côte à côte. Au lieu de me lâcher, Shade me serre plus fort que jamais. Soudain, je me rends compte qu’il ne me touche plus. C’est l’air tout autour qui se raréfie. Le monde se comprime le temps d’une seconde brûlante, noire. Puis, en un clin d’œil, nous nous retrouvons de l’autre côté du fourré, et nous nous retournons pour voir Kilorn émerger du massif gris.

    — Mais il était devant…, murmuré-je, déconcertée.

    Nous avançons au milieu d’une rue, le ciel et la fumée dérivent au-dessus de nos têtes.

    — Tu…

    Shade me sourit. Sa joie semble inconvenante dans ce contexte, avec le hurlement distant des réacteurs.

    — Disons que j’ai… sauté. Tant que tu ne me lâcheras pas, je pourrai t’emmener, précise-t-il avant de m’entraîner dans une ruelle voisine.

    Mon pouls se précipite à l’idée que je viens de me téléporter. Il serait presque possible d’en oublier notre situation critique. Les avions ne tardent pas à me la rappeler. Un autre missile explose au nord, abattant un bâtiment dans un fracas de tremblement de terre. Une vague de poussière s’engouffre dans la ruelle, nous recouvrant d’une nouvelle couche de gris. La fumée et le feu me sont devenus si familiers que je sens à peine leur odeur, même lorsque la cendre se met à tomber comme de la neige. Nos pieds y déposent des empreintes. Peut-être nos dernières traces…

    Shade sait où il se rend et il y va à un bon rythme. Kilorn n’a aucune difficulté à nous suivre, malgré le fusil qui le ralentit. Le détour nous a ramenés à l’avenue. À l’est, un tourbillon de lumière pénètre la poussière et la brume, apportant avec elle une bouffée d’air marin salé. À l’ouest, le premier immeuble touché par un missile évoque un géant écroulé et nous interdit toute retraite vers la station. Bris de verre, squelettes d’acier et étranges panneaux d’un blanc délavé se dressent tout autour de nous : un véritable palais en ruine.

    Qu’était-ce donc ? me demandé-je vaguement. Julian aurait la réponse.Le simple fait de penser à son nom m’est douloureux, et je repousse cette sensation. Quelques guenilles rouges filent dans l’atmosphère cendrée, et je guette une silhouette familière. Cal demeure pourtant invisible, ce qui me terrifie.

    — Je ne pars pas sans lui.

    Shade ne prend pas la peine de me demander de qui je parle. Il le sait déjà.

    — Le prince vient avec nous, je t’ai donné ma parole.

    Ma propre réaction me lacère le ventre.

    — Je ne te fais pas confiance.

    Shade est un soldat. Sa vie a été tout sauf facile et la souffrance lui est familière. Ce qui n’empêche pas ma réponse de le blesser profondément. Je le lis sur son visage.

    Je m’excuserai plus tard, me rassuré-je. S’il y a un plus tard… Un autre missile passe au-dessus de nos têtes, atteignant sa cible à quelques rues de là. Le coup de tonnerre de l’explosion ne masque pas le bruit plus effrayant qui monte tout autour de nous.

    Le martèlement rythmé de mille pieds.

     

  • [Livre] La vérité sur Alice

     Ma vie livresque et moi-même participons à un challenge.
    Ce challenge consiste à sélectionner trois livres dans la PAL de notre binôme. Celui-ci choisi lequel des trois il lira et chroniquera. Ma vie livresque et moi avons choisi de lire les trois livres que chacune à choisi pour l'autre (c'est qu'on a une PAL assez conséquente à faire descendre!)

    Ce livre est le second que m'a choisi Ma vie livresque dans le cadre du challenge Livra'deux sur livraddict. Pour sa part je lui avais choisi "Je ne sais plus pourquoi je t'aime" de Gabrielle Zevin dont vous trouverez la chronique ICI

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    Résumé : Alice Franklin a mauvaise réputation. Lors d’une soirée, elle aurait couché avec deux garçons et provoqué la mort accidentelle de l’un d’eux. C’est forcément vrai puisque c’est écrit partout sur les murs des toilettes du lycée.
    Tout le monde a son avis sur Alice : son ancienne meilleure amie, l’entourage de la victime, son admirateur secret…
    Au sujet d’Alice, chacun a sa vérité… Quelle sera la vôtre ?

     

    Auteur : Jennifer Matthieu

     

    Edition : Pocket jeunesse

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 13 janvier 2016

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : 4 personnes se relaient pour raconter Alice, donner leurs impressions sur elle… Leur jugement est lapidaire : Alice est une garce depuis qu’elle a couché avec deux garçons lors d’une soirée et Alice serait même responsable de la mort du quaterback du lycée… Tout ça, c’est selon la rumeur… Mais la rumeur…. Impossible de l’arrêter, surtout quand personne ne la remet en cause.
    Sur les 4 personnes, je trouve que Kurt est celui qui a le moins de reproches à se faire. Certes, il n’a rien fait pour empêcher la rumeur d’enfler, mais quand on voit le niveau de sa popularité, on se demande si son intervention n’aurait pas été pire que son silence.
    En revanche Kelsie, l’ex meilleure amie d’Alice est la plus minable. Et elle en a parfaitement conscience, mais a bien l’intention de continuer ainsi.
    Au fur et à mesure que les 4 collègues donnent leurs « avis » sur Alice, on se fait une idée plus précise de la jeune fille.
    Ce n’est pas une sainte. Elle est un peu trop « amicale » avec les garçons selon les critères puritains des américains. Elle est un peu livrée à elle-même du fait d’un père absent et d’une mère de toute évidence indifférente.
    Je crois que ce qui pose vraiment problème c’est qu’Alice et jolie et n’a pas vraiment de complexes. Elle attire les garçons et n’en fait pas tout un plat comme d’autres, elle est populaire mais ne se comporte pas comme une reine des abeilles, et je crois que c’est cette désinvolture qui dérange, elle ne suit pas « le programme » des filles populaires à savoir se faire passer pour des oies blanches tout en se conduisant comme elles l’entendent ou encore faire en sorte que le « clan » des populaires reste un groupe fermé.
    Alice, elle, n’intervient qu’à la fin du livre.
    En fait on en sait d’Alice que ce que l’on raconte sur elle et c’est par recoupement entre les différents avis et les confessions que laissent échapper les personnages dans leur récit que l’on peut se faire notre propre opinion sur Alice.

    J’ai beaucoup aimé le style d’écriture qui arrive à nous faire clairement distinguer chaque personnage sans pour autant avoir une ligne de coupure trop marquée.
    Le changement de personnage régulier a également pour effet d’accélérer le rythme de lecture. Chaque chapitre est court et à chaque fois que l’on change de narrateur, on reprend les informations d’un point de vue différent.
    Ce n’est pas un coup de cœur, mais c’était une lecture agréable montrant les failles de chacun qui expliquent pourquoi ils ont alimentés ainsi la rumeur.

    Un extrait : Moi, c’est Elaine O’Dea, et j’ai deux choses incroyables à vous raconter :

    1. L’été dernier, juste avant qu’on rentre en première, Alice Franklin a couché avec deux mecs d’affilée sous mon toit. Elle s’est tapé le premier et genre… cinq minutes après, paf ! l’autre. Sérieux. Tout le monde est au courant.
    2. Il y a deux semaines, juste après le bal de promo, un des deux mecs, Brandon Fitzsimmons (un type hyper populaire ; lui et moi on se connaissait très… intimement, si vous voyez ce que je veux dire) est mort dans un accident de voiture. C’est la faute d’Alice. Tout le monde le sait aussi.

    Le deuxième, c’est un étudiant, Tommy Cray… un ancien de Healy High. Mais je crois qu’avant de parler des garçons, il faut que je vous en dise plus sur Alice.

    C’est bizarre. Alice Franklin, c’est pas un nom de fille à scandale. Ça fait plutôt élève parfaite qui note bien tout en cours ou qui passe ses vendredis soir à faire du bénévolat à la maison de retraite en servant du punch et des biscuits (ou autre : je ne sais pas ce qu’ils font le vendredi soir, à la maison de retraite). D’ailleurs, Alice, c’est un prénom de grand-mère. Vous savez, le genre qui cache des mouchoirs dans ses manches, qui perd sans cesse son sac et passe son temps devant Des chiffres et des lettres ? Rien à voir avec Alice, quoi. Mais alors, pas du tout.

    Alice Franklin, c’est une grosse salope.

    En la voyant, on ne dirait pas pourtant. Elle est un petit peu plus grande que la moyenne, sans être une girafe, et je dois admettre qu’elle est plutôt bien foutue. En tout cas, elle n’a jamais eu de problèmes de poids. Peut-être que sa mère lui fait compter les points Weight Watchers, comme la mienne, mais j’en doute. La sienne n’a même pas l’air de s’inquiéter que toute la ville traite sa fille de traînée. Quant à son père, je ne sais pas ce qu’il en pense. Je ne l’ai jamais vu depuis qu’on se connaît et on se connaît depuis toujours.

    Alice a les cheveux courts, à la garçonne. Elle fait partie de ces filles qui ont la bouche naturellement pulpeuse et elle porte tout le temps du rouge à lèvres framboise. Son visage est joli, sans plus. Elle a plusieurs piercings aux oreilles, mais elle n’est pas punk, ni… bizarre. En fait, elle s’habille plutôt bien. Du moins, c’était le cas avant toutes ces histoires. Sa tenue fétiche, c’était jupe droite et haut moulant, pour faire ressortir sa poitrine, avec des sandales. Même en février.

    Après tout ce qui s’est passé, on dirait qu’elle a arrêté de se préoccuper de son look. Ces derniers temps, elle ne met plus que des jeans et des sweats, la capuche le plus souvent relevée. Par contre, elle n’a pas renoncé au rouge à lèvres. Je trouve ça bizarre.

    Elle n’a jamais été hyper populaire comme moi (on dirait que je me la raconte, mais c’est la vérité, j’y peux rien)… mais elle n’était pas non plus au niveau de Kurt Morelli, la bête de foire du lycée, avec son QI de 540, qui ne parle à personne sauf aux profs. Imaginez un peu que la popularité soit un immeuble : quelqu’un comme Brandon Fitzsimmons occupe l’appartement-terrasse, tout en haut. Les métalleux dorment par terre dans la cave, et Kurt Morelli n’a même pas le droit d’entrer dans le bâtiment. Alice, elle, a passé une grande partie de sa vie dans les étages supérieurs.

    Du coup, elle était assez cool pour venir à ma fête.