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[Livre] Emancipés

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Résumé : Ils sont six. Jeunes. Libres. Emancipés. Pas d’adultes, pas de limites.

Ils ne se sont jamais rencontrés. Le hasard les réunit en coloc dans une somptueuse villa de Venice Beach. On pourrait croire à une vie de rêve…

Mais chacun a ses ambitions.

Chacun a ses secrets.

Chacun cache quelque chose aux autres.

Sans compter ce qu’ils ignorent : à leur insu, quelqu’un les espionne à distance. Mais qui, et dans quel but ?

 

Auteur : M.G. Reyes

 

Edition : Mosaïc

 

Genre : Young Adult

 

Date de parution : 6 juillet 2016

 

Prix moyen : 15€

 

Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce premier tome, que j’ai lu en ebook en 6 épisodes (et qui a ensuite été édité en papier en un seul livre) mais il y a un élément en particulier qui m’a rendu dingue.
Est-ce que l’auteur sait ce qu’est exactement l’émancipation ? Non parce que dans cette histoire, ils sont émancipés, mais doivent rendre des comptes à leurs parents. Une vraie émancipation à la carte : si tu as des ennuis tu es seul responsable de tes actes, mais pour le reste tu obéis.
Entre la mère de Candace, propriétaire de la maison, qui passe à l’improviste pour des inspections (quel proprio peut passer comme ça chez ses locataires, parce que oui, c’est pas gratuit, ils payent un loyer), les parents de Grace qui lui imposent de vivre dans la plus petite chambre, ceux de Charlie (dont on ne sait pas la vraie identité avant la moitié du livre) qui l’obligent à entrer dans le lycée de leur choix et la menacent de l’envoyer en pension… On est loin des règles de l’émancipation. Dans la mesure où ils ont tous fait émanciper leurs enfants pour ne plus avoir à en être responsables et qu’ils se sont engagés devant la justice à leur verser une certaine somme comme pension, ils n’ont pas le choix, ils ne peuvent en aucun cas revenir sur le montant de la pension comme ils l’entendent : c’est une décision de justice !
Au début du livre, il semble que seuls John-Michael et Charlie (bien qu’on ne sache pas quelle fille est Charlie) cachent un secret. Mais au fil des pages, on se rend compte que chacun d’eux en cache un. Et pour certains leurs secrets ne sont pas indépendants les uns des autres.
Bien qu’on suive surtout les 6 colocataires, il y a deux personnages qui intriguent beaucoup : Ariana, qui semble être un contact de Charlie et prétend être son amie, et une femme, dont on ne sait pas l’identité, qui organise de toute évidence la surveillance de la jeune fille. Mais tout cela va bien au-delà de Charlie et va toucher de plus ou moins près chacun des membres de la maison.

Au niveau des personnages, j’ai un faible pour John-Michael et Maya. Ils ne sont pas parfaits et chacun d’eux cache un lourd secret, mais ils restent quand même les plus sympathiques.
Grace est un peu trop donneuse de leçon (bien qu’elle soit loin d’être parfaite elle aussi), Candace est arrogante, Lucy est en rébellion constante et semble oublier que ses colocataires ne sont pas ses parents et qu’elle ferait bien de s’en prendre aux bonnes personnes et Paolo, je n’accroche pas vraiment.

Au niveau de la narration, on suit alternativement chacun des colocataires + Ariana, mais comme le récit reste à la troisième personne du singulier, je n’ai pas trouvé ça perturbant. Cela permet juste de préciser sur quelle vie et quel secret on va se pencher un peu plus.
Le rythme n’est pas haletant, on sent bien que l’auteur souhaite construire des bases solides pour son histoire et non pas prendre des raccourcis ou ajouter des scènes chocs juste pour faire monter artificiellement la tension. C’est un tome d’introduction et vu les dernières pages, quand va arriver le tome 2, on sera bien content d’avoir eu le temps de bien connaitre le passé et les caractères de chacun parce que tout risque de s’accélérer.
Ce second tome, intitulé « incriminated » est sorti en mai en anglais (Emancipated était sorti en mai 2015 en anglais et en juillet 2016 en français…).

 

Un extrait : Voici comment ça s’était passé : il fallait que Candace quitte la maison, et Grace avait trouvé la solution.

Ni l’une ni l’autre n’arrivait plus à supporter le comportement de la mère de Grace — les disputes, les hurlements et les menaces de divorce. Depuis son dix-septième anniversaire, Candace avait souvent confié à Grace qu’elle craignait bien d’être à l’origine de la mauvaise entente entre leurs deux parents.

Elles étaient étendues sur la pelouse, leurs longs cheveux blonds étalés dans l’herbe. Grace observait sa demi-sœur entre ses doigts à la dérobée. Agée de seulement seize ans, elle était la plus jeune des deux mais elle avait souvent l’impression d’être l’aînée. Candace passait tellement de temps à suivre des cours en tout genre — de chant, de théâtre, de danse, d’équitation ou d’escrime — qu’il lui en restait bien moins pour lire, penser, écouter et réfléchir.

Plus simplement, si Grace était plus mûre, peut-être cela venait-il de ce qui lui était arrivé il y a très longtemps.

— C’est pas ta faute s’ils se disputent. N’importe quel psy te dirait comme moi. Ton cas est totalement banal.

— Ah, d’accord, maugréa Candace. Pendant que tu y es, tu n’as qu’à me dire que je suis un cliché.

— Hé oui. Mais on n’est pas plus avancées pour autant.

Candace lui flanqua un coup de pied dans le tibia et Grace répondit par un grand sourire.

Le problème, au fond, c’est qu’il se pouvait très bien que les craintes de Candace soient justifiées : elle était peut-être effectivement en cause à cent pour cent. Sans avoir jamais quitté le droit chemin une seule fois, elle avait réussi à mettre en danger le mariage de leurs parents.

Les deux filles entendaient les éclats de la dispute à l’intérieur de la maison.

La mère de Grace était en train de crier :

— Je ne resterai pas ici sans réagir pendant que notre fille fiche sa carrière en l’air, simplement parce que monsieur ne veut pas déménager !

Et le père de Candace demandait :

— Tina, ma chérie, qu’est-ce que tu veux que j’aille faire à Los Angeles ?

— Très bien. Tu n’as qu’à rester ici, alors. Mais laisse-moi juste emmener Candy à Hollywood.

Grace entendit le père de Candace marquer une pause et s’efforcer cette fois encore — mais sans y parvenir — de ne pas remarquer que sa femme utilisait ce surnom qu’il détestait.

— Ne l’appelle pas comme ça.

— D’accord, Candace, reprit la mère de Grace, prenant sur elle de toute évidence pour contrôler le ton de sa voix. Je l’ai déjà inscrite à son premier casting pour la télévision. C’est dans un mois. Il faut qu’elle habite là-bas, nom de nom ! C’est ce que disent tous ceux qui s’y connaissent. « Partez vivre à L.A. ! »

— Ecoute, Tina, tu as — enfin, nous avons — quatre autres enfants à charge.

Grace savait que ce « nous » n’en était pas un. Du point de vue biologique, les quatre enfants n’étaient pas les siens mais ceux de sa femme. Pourquoi sa mère prenait-elle tellement à cœur l’avenir de la seule pièce rapportée par son mari à cette famille recomposée ? Personne n’avait jamais osé aborder la question. Mais aujourd’hui, la mère de Grace était prête à planter là, à San Antonio, son mari, sa propre fille et ses trois jeunes frères pour aller assouvir ses rêves hollywoodiens.

Grace vit l’exaspération se peindre sur le visage de Candace. Ses yeux se posèrent sur les longues jambes de sa demi-sœur, qui portait un short en jean. Celle-ci tourna légèrement la tête et jeta un coup d’œil vers l’intérieur de la maison. Leurs parents avaient quitté le salon aux grandes portes-fenêtres pour passer dans la cuisine. Impossible désormais de les entendre clairement.

Grace se concentra sur les millions de picotements que provoquaient sous ses cuisses les brins hérissés de la pelouse, fraîchement tondue de l’après-midi même. Lorsque Candace finit par la regarder de nouveau, elle lui sourit d’un air triste. Grace lui rendit son sourire. Ces disputes se répétaient si souvent et elles étaient tellement prévisibles ! Elles commençaient à mettre toute la famille à cran.

Candace marmonna d’un air renfrogné :

— C’est fou, on dirait que Tina est convaincue que si elle continue à pleurnicher, mon père va finir par céder.

— C’est pour ton bien qu’elle fait ça, lui suggéra prudemment sa demi-sœur.

— Grace, tu sais que j’aime beaucoup ta mère. Mais tu sais aussi que ce n’est pas « pour mon bien » qu’elle fait tout ça. Tu as bien vu comment elle était, la dernière fois, avec la pub pour les jeans. Tina se sert de moi pour vivre ses fantasmes hollywoodiens.

Grace acquiesça.

— Oui, j’ai remarqué.

Voilà le plus étrange, avec ces mères obsédées par l’idée de faire monter leur progéniture sur les planches. Leurs intentions sont loin d’être aussi généreuses qu’il y paraît au premier abord.

Après un temps d’hésitation, Grace suggéra :

— Il y a bien une solution…

 

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