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[Livre] Red Queen - T02 - Glass Sword

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Résumé : Mare Barrow a le sang rouge, comme la plupart des habitants de Norta. Mais comme les seigneurs de Norta, qui se distinguent par leur sang couleur de l’argent, elle possède un pouvoir extraordinaire, celui de contrôler la foudre et l’électricité. Pour les dirigeants de Norta, elle est une anomalie, une aberration. Une dangereuse machine de guerre.
Alors qu’elle fuit la famille royale et Maven, le prince qui l’a trahie, Mare fait une découverte qui change la donne : elle n’est pas seule. D’autres Rouges, comme elle, cachent l’étendue de leurs pouvoirs. Traquée par Maven, Mare fait face à sa nouvelle mission : recruter une armée, rouge et argent. Aussi rouge que l’aube, plus rapide qu’un éclair d’argent. Capable de renverser ceux qui les oppriment depuis toujours.
Mais le pouvoir est un jeu dangereux, et Mare en connaît déjà le prix.

 

Auteur : Victoria Aveyard

 

Edition : MSK

 

Genre : Young Adult

 

Date de parution : 10 février 2016

 

Prix moyen : 18€

 

Mon avis : J’ai retrouvé avec plaisir Mare et Cal dans ce second tome. On les suit après qu’ils aient échappés, à la fin du tome 1, au sort auquel les destinait Maven et Elara.
A la fin de ce premier tome, Mare avait également appris qu’elle n’était pas la seule Rouge dotés de pouvoirs au travers du royaume.
Mare doit apprendre à se blinder dans ce tome mais comme, contrairement à Maven et Elara, elle n’est pas une psychopathe, elle lutte pour ne pas sombrer sous le poids de la culpabilité. Contrairement à d’autres chroniques que j’ai pu lire, Mare ne m’a pas énervée. Il ne faut pas oublier qu’elle n’a que 16 ans et le poids de nombreuses morts sur la conscience, même si elle n’a jamais vraiment eu le choix. Au contraire, j’ai trouvé que ses hésitations, ses doutes, ses problèmes de conscience, la rendent encore plus humaine. Parce que oui, les ados de 16 ans qui doivent faire face à tout cela et qui restent de marbre, sans état d’âme, qui n’ont jamais envie de se rouler en boule et de se laisser aller à pleurer toutes les larmes de leur corps, ne sont pas normaux et ne m’inspireraient aucune sympathie. Les héros ne sont pas ceux qui agissent comme des robots sans faille. Tout comme le courage n’est pas l’absence de peur.
En revanche, la garde écarlate, et particulièrement le Colonel, eux oui, ils m’ont énervée. Tout simplement parce qu’ils ne valent pas mieux que les dirigeants Argents : incapables de comprendre que certains Argents puissent avoir d’autres idées que leurs congénères, avide de pouvoir, prêt à détruire tous ceux qui sont différents (ou du moins à les emprisonner). Bref comme souvent, les deux camps semblent aussi méprisables l’un que l’autre.
Kilorn aussi m’a énervée. Sa jalousie à peine voilée de ne pas avoir de pouvoirs qu’il tente de cacher sous un mépris des pouvoirs, son obsession à détester Cal, même quand celui-ci montre bien qu’il est de leur coté.
Mare ne semble pouvoir faire confiance à personne, exceptés à une poignée plus que réduite de personnes, deviennent très vite pénibles.
Au fil des pages, nous rencontrons de nouveaux personnages et Mare va découvrir que les pouvoirs de ses semblables sont étonnants, très différents de ceux qu’elle a rencontré chez les Argents. Mais si ces pouvoirs semblent plus puissants, il ne faut pas oublier que les « sang-neufs » ainsi que l’on appelle les Rouges avec pouvoirs sont moins entrainés que les Argents, qui exercent leurs pouvoirs depuis l’enfance.
On voit peu Maven, ce qui est logique puisqu’on suit Mare et qu’elle ne cherche pas vraiment à être en sa présence, mais il fait quelques petites apparitions intéressantes.
Ce tome met les convictions de Cal à rude épreuve. Car, bien qu’il ait été trahi par son frère et qu’il désire se venger, il ne souhaite pas de révolution, il ne veut pas changer l’ordre établit et les places respectives des Argents et des Rouges. Là, c’est toute son éducation, tout ce qu’on lui a toujours appris qu’il doit remettre en question, et ce n’est pas facile.
Je m’attendais plus ou moins à une fin comme celle-ci, mais j’avoue qu’elle a dépassé toutes mes prévisions et que j’attends avec impatience le tome 3 pour voir comment l’auteur a prévu de dénouer la situation !

Un extrait : Shade finit par s’arrêter brusquement, ses talons creusant une balafre dans la terre. J’en profite pour hasarder un regard alentour. Kilorn s’immobilise à notre hauteur, son fusil pointé vers le ciel, en vain. Personne d’autre ne nous a suivis. Je ne vois même plus l’avenue, ni les guenilles rouges se déplaçant à travers les ruines.

Mon frère scrute les branches d’un œil noir, attendant que les avions s’éloignent.

— On va où ? lui demandé-je, à bout de souffle.

C’est Kilorn qui me répond.

— Le fleuve. Puis l’océan. Tu peux nous emmener ? ajoute-t-il.

Il pose brièvement les yeux sur les mains de Shade, comme s’il pouvait voir son don inscrit dans sa chair. Pourtant le pouvoir de mon frère reste, à l’image du mien, enfoui. Invisible tant que celui-ci n’a pas décidé de le dévoiler. Il secoue la tête.

— Pas en un seul saut, c’est trop loin. Et je préfère courir, économiser mes forces.

Son regard s’assombrit.

— Pour quand on en aura vraiment besoin.

Je partage son avis. Je suis bien placée pour connaître la fatigue qui suit l’utilisation de mon pouvoir, une fatigue jusque dans les os, qui interdit presque tout mouvement, sans parler de se battre.

— Où emmènent-ils Cal ?

Ma question arrache une grimace à Kilorn.

— Ça ne pourrait pas m’être plus égal !

— Eh bien ça ne devrait pas ! rispoté-je d’une voix que l’incertitude rend tremblante.

Non, il a raison. Et tu devrais l’imiter. Si le prince est parti, tu ne dois pas le retenir.

— Il peut nous aider à sortir de cette situation. Il peut combattre à nos côtés.

— Il s’échappera ou nous tuera à l’instant où on lui en fournira l’occasion, cingle-t-il en arrachant son foulard pour montrer sa colère.

Je vois aussitôt, dans mon esprit, le feu de Cal. Il détruit tout sur son passage, du métal à la chair.

— Il aurait déjà pu vous tuer.

Je n’exagère pas, et Kilorn le sait.

— J’avais imaginé que vous vous seriez, par je ne sais quel miracle, lassés de vos chamailleries, lance Shade en s’interposant. Quelle naïveté de ma part !

Kilorn marmonne une excuse entre ses dents serrées, pas moi. Je suis trop concentrée sur les avions, laissant leurs cœurs électriques battre contre le mien. Ils s’affaiblissent à chaque seconde, de plus en plus distants.

— Ils s’éloignent. Si on veut y aller, c’est maintenant.

Mon frère et Kilorn me considèrent avec la même perplexité, pourtant ni l’un ni l’autre ne proteste.

— Par ici, dit Shade, pointant le doigt en direction d’un fourré.

Un ruelle, presque invisible, s’insinue entre les arbres ; la terre a été balayée pour révéler la pierre et l’asphalte dessous. Une fois de plus, Shade me prend par le bras, et Kilorn s’élance devant nous, à une cadence soutenue.

Les branches nous griffent, elles débordent au-dessus du chemin qui s’étrécit à tel point qu’il nous est bientôt impossible de courir côte à côte. Au lieu de me lâcher, Shade me serre plus fort que jamais. Soudain, je me rends compte qu’il ne me touche plus. C’est l’air tout autour qui se raréfie. Le monde se comprime le temps d’une seconde brûlante, noire. Puis, en un clin d’œil, nous nous retrouvons de l’autre côté du fourré, et nous nous retournons pour voir Kilorn émerger du massif gris.

— Mais il était devant…, murmuré-je, déconcertée.

Nous avançons au milieu d’une rue, le ciel et la fumée dérivent au-dessus de nos têtes.

— Tu…

Shade me sourit. Sa joie semble inconvenante dans ce contexte, avec le hurlement distant des réacteurs.

— Disons que j’ai… sauté. Tant que tu ne me lâcheras pas, je pourrai t’emmener, précise-t-il avant de m’entraîner dans une ruelle voisine.

Mon pouls se précipite à l’idée que je viens de me téléporter. Il serait presque possible d’en oublier notre situation critique. Les avions ne tardent pas à me la rappeler. Un autre missile explose au nord, abattant un bâtiment dans un fracas de tremblement de terre. Une vague de poussière s’engouffre dans la ruelle, nous recouvrant d’une nouvelle couche de gris. La fumée et le feu me sont devenus si familiers que je sens à peine leur odeur, même lorsque la cendre se met à tomber comme de la neige. Nos pieds y déposent des empreintes. Peut-être nos dernières traces…

Shade sait où il se rend et il y va à un bon rythme. Kilorn n’a aucune difficulté à nous suivre, malgré le fusil qui le ralentit. Le détour nous a ramenés à l’avenue. À l’est, un tourbillon de lumière pénètre la poussière et la brume, apportant avec elle une bouffée d’air marin salé. À l’ouest, le premier immeuble touché par un missile évoque un géant écroulé et nous interdit toute retraite vers la station. Bris de verre, squelettes d’acier et étranges panneaux d’un blanc délavé se dressent tout autour de nous : un véritable palais en ruine.

Qu’était-ce donc ? me demandé-je vaguement. Julian aurait la réponse.Le simple fait de penser à son nom m’est douloureux, et je repousse cette sensation. Quelques guenilles rouges filent dans l’atmosphère cendrée, et je guette une silhouette familière. Cal demeure pourtant invisible, ce qui me terrifie.

— Je ne pars pas sans lui.

Shade ne prend pas la peine de me demander de qui je parle. Il le sait déjà.

— Le prince vient avec nous, je t’ai donné ma parole.

Ma propre réaction me lacère le ventre.

— Je ne te fais pas confiance.

Shade est un soldat. Sa vie a été tout sauf facile et la souffrance lui est familière. Ce qui n’empêche pas ma réponse de le blesser profondément. Je le lis sur son visage.

Je m’excuserai plus tard, me rassuré-je. S’il y a un plus tard… Un autre missile passe au-dessus de nos têtes, atteignant sa cible à quelques rues de là. Le coup de tonnerre de l’explosion ne masque pas le bruit plus effrayant qui monte tout autour de nous.

Le martèlement rythmé de mille pieds.

 

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