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Fantasy/Science-Fiction - Page 7

  • [Livre] La symphonie des abysses - Livre 1

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    Lecture terminée le : 17 juillet 2019

     

    Résumé : VOUS PENSIEZ ÊTRE AU PARADIS ?

    Un gigantesque atoll, des plages de sable fin, une eau turquoise...

    Un mur infranchissable.

     

    IL VOUS FAUDRA D'ABORD VIVRE EN ENFER :

    ARTICLE 1 : Tout contact physique, toute marque d'amour sont proscrits.

    ARTICLE 2 : Il est interdit de chanter, d'écouter ou de faire de la musique.

    ARTICLE 3 : Quiconque se livrera à ces activités illicites sera mis à mort.

     

    VOUS N'ÊTES PERSONNE.

    VOUS APPRENDREZ À OBÉIR.


    Auteur : Carina Rozenfeld

     

    Edition : Robert Laffont (R)

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 13 Février 2014

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Deux histoires : Celle d’Abrielle et celle de Sand et Cahill. Deux histoires différentes mais tellement semblables.
    Abrielle, Sand et Cahill vivent dans deux villages si éloignés qu’aucun ne se souvient de l’existence de l’autre.
    Pourtant, tous sont prisonniers d’un Atoll entouré d’un mur infranchissable de 30 mètres de haut, électrifié de surcroît sur sa partie haute. Tous sont soumis à un règlement intérieur strict. La plupart des articles sont similaires, et personne ne sait qui a mis en place ce règlement qui est considéré par tous comme ayant toujours existé. Tout comme le mur d’ailleurs, même si personne ne sait qui l’a construit et pourquoi tout lien avec l’extérieur a cessé depuis des siècles.
    Cependant, chaque village a un article principal dont la transgression est punie de mort. Le fait même que chacun des villages a une interdiction majeure différente alors que le reste est identique, me fait me poser plein de questions.
    Je n’imagine pas deux groupes distincts écrire des règlements aussi identiques ; tout comme je ne vois pas un seul groupe écrire un article principal distinct pour chaque village.
    Est-ce qu’un seul groupe existait à l’origine et a explosé parce qu’ils n’étaient pas d’accord sur ce qu’il fallait interdire ? Ou est-ce une expérience comme dans divergente ?
    Je ne sais pas mais j’espère avoir les réponses dans le livre 2.
    Dans le village d’Abrielle, la musique est interdite. Or Abi entend des mélodies dans sa tête et elle sait qu’un jour, elle n’arrivera plus à se taire et à les garder pour elle.
    Situation d’autant plus dangereuse que Braden, le gardien en chef, chargé de faire respecter le règlement, lui voue une haine farouche depuis que son père a disparu en même temps que le père d’Abrielle.
    Braden est vraiment un sale type, avec un mauvais fond. Il aime le pouvoir que lui donne sa fonction et en abuse.
    A priori, son père était un mec bien, du moins d’après ce que raconte la mère d’Abi. Dommage que le caractère n’ait pas été aussi héréditaire que la fonction !
    Dans le village de Sand et Cahill, qu’on découvre d’abord comme Ca et Sa, les enfants naissent neutres, ni homme ni femme. Ils choisiront leur genre à leur majorité et on leur injecte alors un sérum qui va les « terminer ».
    Ici, c’est le contact physique et l’amour qui sont interdit, ce qui me parait encore plus ignoble que l’interdiction de la musique.
    Or Sa et Ca s’aiment, avant même de savoir de quel sexe sera chacun d’eux. En fait ils ne veulent même pas le savoir car peu leur importe.

    Comme on s’en doute, le chemin de ces trois personnes va se croiser après que chacun ait été contraint de fuir son chez-lui.
    A eux trois, ils décident de partir à la recherche d’un possible moyen de passer cette saloperie de mur.
    J’ai beaucoup aimé cette histoire même si j’ai eu plus de mal à lire la partie sur Sand et Cahill à cause de l’écriture inclusive à laquelle je n’adhère pas du tout. J’ai essayé de considérer cette manière de parler comme une langue extraterrestre au vu des particularités de cette société, mais j’ai quand même avancé très lentement sur cette partie.
    La fin du livre laisse les personnages dans une situation incertaines qui me donne très envie (et un peu peur aussi) de me plonger dans le second tome.
    Ce qui ne saurait tarder…

     

    Un extrait : Les rayons dorés du soleil inondant la place du village, devant l’immeuble gris aux angles rongés par le vent et le sel… Des femmes occupées à leurs tâches quotidiennes, des familles déjeunant à l’ombre des calebassiers, une journée tranquille, identique à toutes celles qui se sont déjà déroulées, et qui ressemblera à toutes les suivantes…

    L’eau glacée faisait trembler ses mains. La vieille timbale en aluminium cabossée tinta contre le seau métallique et quelques gouttes froides jaillirent pour s’écraser sur l’herbe.

    — Fais attention, Aby. Tu sais bien que…

    — … que l’eau est précieuse. Je sais, oui. Je ne suis plus un bébé.

    La femme la plus âgée soupira et haussa les épaules avant de se consacrer à sa propre tâche. Ce n’était pas la peine de discuter. Ces derniers temps, surtout depuis la mort de Paol, la communication avec sa fille était devenue difficile. Elle aurait pu lui demander pourquoi, proposer d’écouter, chercher à comprendre afin d’aider son unique enfant, mais elle s’en gardait bien. Elle avait trop peur de la réponse.

    Abrielle serra les lèvres et ignora le regard un peu trop pesant de sa mère. D’un geste rapide, elle repêcha le gobelet tombé dans le seau. Il fallait faire vite. D’autres familles attendaient de pouvoir utiliser la vaisselle pour déjeuner à leur tour. Les assiettes et les fourchettes déjà lavées séchaient, posées au soleil, sur la pelouse épaisse.

    La lumière se reflétait vaguement sur leur surface dépolie, usée par les années. Sa corvée achevée, Aby rassembla prestement les couverts dans le creux de son tablier qu’elle tenait relevé d’une main et, en se hâtant, alla les transmettre à ceux qui patientaient, pendant que leur repas mijotait sur les tables à feu de la cuisine extérieure, exhalant des parfums familiers. Puis elle retourna près de sa mère.

    — C’est bon. Baako a tout récupéré. Je peux y aller, maintenant ?

    Du bout de ses doigts fébriles à la peau fripée par la longue immersion dans l’eau, elle chassa une mèche de cheveux bruns qui chatouillait son front.

    — Aller où ?

    — Je ne sais pas, n’importe où. C’est une façon de parler. Une façon de te demander si tu as encore besoin de moi.

    — Alors pourquoi tu ne me demandes pas tout simplement : « Est-ce que tu as encore besoin de moi » ?

    Abrielle haussa les épaules.

    — Je peux y aller ?

    — Oui. On a terminé nos tâches pour la journée.

     

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  • [Livre] La cité dénaturée

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    Lecture terminée le : 21 avril 2020

     

    Résumé : Suite aux changements climatiques, la nature est devenue hostile. Pour s’en protéger, la Cité a été créée, avec en son sein un environnement docile. Christian y coule des jours tranquilles, en compagnie de ses frères et sœurs de couvée. Quand, par accident, il entre en possession d’étranges graines capables de faire pousser de la nourriture, il se retrouve au cœur d’une conspiration et devient la proie de tous les officiels de la Cité. Commence alors pour Christian et Tahiti-Bise, son vieux chaton doté de parole, une fuite qui les conduira aux limites de leur monde, à la découverte du pouvoir des fruits et légumes biologiques.


    Auteur : Laurent Salipante

     

    Edition : Plumes Solidaires

     

    Genre : Science-Fiction

     

    Date de parution : 24 Octobre 2019

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : En général, quand un roman est très court, je trouve toujours qu’il est bâclé à un endroit ou à un autre. En général c’est la fin qui est sacrifiée : trop rapide, précipitée, comme si les auteurs voulaient, en un minimum de mots, donner les informations qui auraient dû être distillées sur 50 ou 60 pages.
    Mais pas ici. L’auteur a réussi à nous livrer une histoire complète et avec une fin digne de ce nom, sans précipitation, en moins de 200 pages.
    Au début j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire car les chapitres alternent entre deux périodes différentes et l’histoire qui les relie ne se dévoile que peu à peu.
    Mais il n’a pas fallu longtemps pour que je sois plongée totalement dans cette histoire et que je tourne les pages de plus en plus vite afin de savoir ce qui avait mené de la 1ère période (celle de Christian le jeune) à la seconde (celle de Christian l’ancien). Et bien sûr, je voulais savoir comment ça allait finir !
    Ce roman est une dystopie (bon ok, en fait, c’est plus un roman d’anticipation, vu la situation actuelle, mais c’est trop flippant pour l’envisager, alors je préfère le voir comme une dystopie).
    Dans la 1ère période, on est dans un futur très aseptisé. Rien n’est naturel. Les enfants naissent pas « fournées » et, à de rares exceptions près, sont dépourvus de parents. Tout est synthétique que ce soit les animaux (parlant, souvent), la nourriture ou les arbres et les fleurs.
    Christian, notre héros, est d’ailleurs parfaitement… satisfait n’est pas le mot, plutôt blasé, habitué, conditionné à tout cela et n’a nulle envie de voir les choses changer. D’ailleurs le changement semble être synonyme de danger. Mais les circonstances, et une rencontre, vont le faire remettre en question toutes ses certitudes.
    Dans la 2nd période, on retrouve Christian, plus âgé, bien qu’on ne sache pas combien de temps s’est écoulé, dans une situation totalement différente.
    Au fur et à mesure de la lecture, on comprend comment et pourquoi Christian a évolué d’une période à l’autre.
    La fin m’a mise un peu mal à l’aise.
    J’ai eu le sentiment que l’Humain était incapable d’apprendre de ses erreurs. Qu’il en commettra toujours de nouvelles car il ne semble porté que par un désir de pouvoir, de domination, d’appropriation.
    Ce roman a beau montrer à quel point l’Humain a besoin de la nature, je me demande combien de grands privilégiés seraient prêts à abandonner un peu de leur fortune, un peu de leur pouvoir pour le bien de la planète, de la nature dont on a tant besoin, et quand, dans les circonstances de crises sanitaires actuelles, je vois les lobbies réclamer un moratoire sur les mesures environnementales au nom du profit, je crains que le monde de l’auteur ne finisse par devenir une réalité.
    J’ai beaucoup aimé l’écriture de l’auteur. Elle est fluide, sans fioriture et les descriptions, sans être longues, rendent la lecture très visuelle.
    J’espère vraiment que l’Humanité finira par avoir le même sursaut de conscience que certains des personnages du livre et qu’on évitera d’en arriver au monde de Laurent Salipante !

     

    Un extrait : — Christian!

               La voix stridente de Ludivine Soller fend l’air. Une flèche de mépris entre les allées fleuries du deuxième étage de Vizions — l’agence de publicité possède, comme toutes les entreprises de la Cité, un luxuriant open-parc de travail. Elle demeure la prêtresse incontestée de la section animation. Flamboyante, hors de la masse grouillante des besogneux tâcherons, Ludivine Soller a ses quartiers sous un somptueux saule artificiel, le symbole de sa réussite.

               Christian déteste cette harpie aux cheveux rouges et aux dents longues qui ne cesse de harceler les agents sous ses ordres, s’imaginant qu’un chef se comporte de la sorte. Elle le lui rend bien, lui reprochant sans arrêt sa nonchalance. Christian est un des jeunes animateurs de Vizions. Sa description physique s’avère peu remarquable : des cheveux noirs coupés mi-courts, des yeux marron noisette, une enveloppe épidermique blanche, élastique comme il se doit, ferme, sans tache ni disgrâce, un corps pourvu d’un réseau pileux à la fois souple et solide d’un brun tout à fait quelconque, des pommettes saillantes et un nez étroit qui ne porte pas ombrage à ses collègues.

               Christian n’entretient que peu de rapports avec les autres Citoyens. Il en arrive parfois à douter de ce que les technogénéticiens nomment dans leur jargon «les atomes crochus», pour parler en réalité dun élémentaire travail de neuro-génétique sociale. Ce lien lunit pourtant aux Citoyens de la même fournée. Tous des frères et des sœurs. Parmi eux néanmoins, une femme et un homme comptent particulièrement : Amanda et Georges. Ses seuls atomes crochus.

               — Christian!

               C’est la troisième fois depuis ce matin que Ludivine Soller l’interrompt dans la création de sa réclame. Christian se lève sans hâte, abandonnant ses personnages holographiques, en pleine extase figée, devant un paquet de céréales pour le petit-déjeuner. Il s’étire en bâillant et s’engage avec résignation dans l’allée centrale bordée d’hibiscus rouges synthétiques, une des nombreuses créations de la firme MontasoFlore. Les fleurs exhalent une large gamme d’antioxydants et un peu de vitamine C. Il inspire à pleins poumons les molécules revigorantes.

               Les baies vitrées filtrantes dispensent une lumière homogène sur les aires de travail. Une clarté pâle conçue pour stimuler la production d’ACTH de cette usine à hormones qu’est l’hypophyse. L’attention des animateurs s’en trouve renforcée, leur mémoire immédiate augmentée. Le seul inconvénient est qu’une exposition prolongée peut avoir l’effet inverse : plonger l’honnête travailleur dans une torpeur abrutissante. Impossible dès lors de distinguer un effet secondaire des baies d’une véritable paresse.

               Christian se demande parfois si l’apathie qui le gagne chaque jour davantage est provoquée par cette stimulation de son cerveau.

     

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  • [Livre] Les gardiens des anges – T02 – Les ailes de l’oubli

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    Lecture terminée le : 02 avril 2020

     

    Résumé : « Je m’appelle Lily, j’ai 18 ans et je fais partie de ces humains dotés de pouvoirs qu’on nomme les potentiels.

    J’ai été transformée en chasseuse et j’ai dû quitter Lyon ainsi que mes amis et tous mes souvenirs d’enfance pour le centre d’entraînement créé par mon père.

    Bienvenue à Brocéliande !

    Tu parles...

    Je n’ai pas le droit de sortir à cause de ce nécromancien qui me traque pour pouvoir renaître à travers moi. Heureusement, j’ai de nouveaux amis sur qui je peux compter, parce qu’entre mon père qui élude mes questions, et Max qui agit comme si je n’existais pas, je vais peut-être bien devenir folle. À moins que je ne finisse par tuer l’un de mes nouveaux professeurs...

    Et je ne vous ai pas encore parlé de ce garçon qui hante mes rêves et dont je ne vois jamais le visage. Il m’appelle à l’aide, et je crois être la seule à pouvoir le retrouver.

    La routine, quoi !

     

    Je m’appelle Lily, et je suis une chasseuse. »


    Auteur : Michèle Beck

     

    Edition : Autoédité

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 03 Avril 2020

     

    Prix moyen : 15,90€

     

    Mon avis : Sa mémoire effacée de toute traces de Matthew, Lily a rejoint le complexe d’entrainement de son père et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle est sur la défensive.
    Elle semble ne pas adhérer à la logique des lieux qui veut qu’un bon surnat est un surnat mort.
    J’avoue que pour le peu de cours qu’on nous dévoile, je partage les réserves de Lily (je dirais même que je me méfie un peu de toute cette clique).
    En particulier, Luc me sort des yeux. J’y peux rien, c’est viscéral. Même quand il agit bien, il m’insupporte. Je n’ai aucune confiance en lui et, pour moi, il a sacrifié le bonheur de sa fille pour servir ses propres intérêts (enfin, du moins pour servir sa cause).
    J’ai bien aimé que Lily ne se laisse pas faire. Elle ne rend pas la tâche facile à son père. Parfois, je l’aurais souhaité plus dure avec lui. Il le mérite ! (Oui je suis plus vindicative et rancunière que Lily !).
    J’ai aussi beaucoup aimé la manière dont le subconscient de Lily tente de passer outre la modification de sa mémoire.
    En alternance avec les chapitres de Lily, on a des chapitres consacré à Matthew, toujours à la recherche des gardiennes disparues.
    De sacrées révélations sur les anges, et surtout les archanges, sont faites dans ce tome et j’ai hâte de voir ce que ces révélations vont donner dans le prochain tome.
    Enfin, à chaque début de partie, on a une chapitre sur cette mystérieuse jeune femme du XIIème siècle. Comment est-elle liée à Lily et Matthew ? Dans ce tome, on commence à entrevoir des réponses…
    L’histoire avance bien, les divers indices semés dans le tome précédent, et même dans ce tome, débouchent sur des révélations, voire sur de nouvelles questions.
    La fin est atroce. Un tel sadisme de la part d’un auteur ne devrait pas être permis et devrait être puni par la loi !
    Je peux vous dire que je l’ai maudite de s’arrêter là, à ce moment précis, nous laissant pleins d’interrogations et de doutes.
    Et bien sûr, maintenant, je surveille de près l’arrivée du tome 3 !

     

    Un extrait : Le claquement d’une porte me réveille en sursaut. Pendant un instant, je suis désorientée, puis je comprends. C’est ma nuit. Mon épreuve de la mise à mort.

    Tout le monde attend avec impatience cet évènement. Pour un bon nombre d’entre nous, c’est la première rencontre avec un surnat. Le premier affrontement.

    J’ai déjà eu affaire à un démon par le passé, avant mon arrivée au complexe, et même à un mort-vivant. On m’a demandé de garder ce dernier point pour moi. Je n’en parle donc pas. Cependant, tout est bien présent dans mon esprit. Les images, les sons, les odeurs. La souffrance de perdre mon meilleur ami, Charly.

    Bien que tous les élèves du complexe se languissent de l’épreuve de la mise à mort, personne n’entre dans les détails. On ne sait pas comment ça se passe. Le seul fait établi est qu’au cours d’une nuit, on doit tuer une créature surnaturelle. Laquelle ? Certains disent que c’est la loterie. Je ne suis pas de cet avis, je pense que mon père les choisit en fonction de nos capacités.

    Ce qui me surprend le plus c’est que personne ne s’inquiète d’avoir à tuer. Créatures surnaturelles ou pas, qui nous donne le droit de les supprimer ainsi ? À mon sens, c’est une exécution.

    Allongée par terre, je me redresse et procède à l’inventaire des lieux. Une salle rectangulaire, avec une fenêtre donnant sur une autre pièce, et deux portes. Sur le sol taché par diverses substances — du sang de toute évidence, mais aussi le contenu de l’estomac des précédents candidats — je repère un poignard.

    Au même instant, une des portes s’ouvre dans un grincement métallique et laisse entrer un homme. De grande taille, il semble confus. Sa respiration est rapide et bruyante. Un liquide, mélange de rouge et de noir, s’écoule de ses yeux.

    Les cris de Max, de l’autre côté de la vitre, attirent mon attention. Le silence de mon père, qui se tient près de lui, est plus éloquent.

    — Elle n’est pas prête à affronter un vampire !

    Mon père reste statique. Je ne sais pas ce qui me vexe le plus : le manque de confiance accordé par Max, ou la désinvolture de Luc face à ma mort prochaine.

     

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  • [Livre] Mers mortes

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    Lecture terminée le : 26 juin 2019

     

    Résumé : Les humains ont massacré les mers et les océans. L’eau s’est évaporée ; les animaux sont morts. Quelques années plus tard, les mers et les océans reviennent. Ils déferlent sur le monde sous la forme de marées fantômes et déplacent des vagues de poissons spectraux, tous avides de vengeance. Les fantômes arrachent leurs âmes aux hommes et les dévorent. Bientôt, les humains eux aussi seront éteints… Leur dernier rempart face à la mort : les exorcistes. Caste indispensable à l’humanité, les exorcistes sont bien entendu très convoités. L’un d’eux, Oural, va se faire kidnapper par une bande de pirates qui navigue sur les mers mortes à bord d’un bateau fantôme. Voilà notre héros embarqué de force dans une quête sanglante et obligé, tôt ou tard, de se salir les mains…


    Auteur : Aurélie Wellenstein

     

    Edition : Scrineo

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 14 mars 2019

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Un autre livre d’Aurélie Wellenstein, je ne pouvais pas résister. Et pourtant, la lecture de ses livres n’est jamais un long fleuve tranquille, bien au contraire.
    Dans « Mers mortes », l’auteur met en avant la maltraitance animale. Le sujet principal du roman est déjà limpide, mais, pour appuyer ses dires, aurélie Wellenstein nous raconte certaines scènes de massacre (Je ne peux décemment pas appeler cela de la pêche) vues du point de vue des victimes à qui elle prête sentiments humains et conscience.

    Je ne suis ni vegan, ni particulièrement portée sur l’écologie. Je pense que la Terre se régénéra très bien sans aide, comme elle l’a déjà fait par le passé, du moment que ses parasites actuels auront disparus, et que le but des écolos n’est pas tant de sauver la planète que de nous sauver nous-même. Or je pense que nous somme  destinés à disparaitre afin que la planète puisse recommencer un nouveau cycle, comme ce fut le cas après les dinosaures.

    D’ailleurs Oural, l’exorciste, se pose cette question : les humains valent-ils la peine d’être sauvés ? Et si oui, ce qui se discute, à quel prix ?

    Je ne me suis jamais vraiment attachée aux personnages.
    Les pirates étaient une idée originale pour un monde où les mers et océans ont disparus. Mais même si le but qu’ils poursuivent leur semble noble, j’ai eu beaucoup de mal à cautionner leurs méthodes. Surtout celles de Bengale, leur chef, qui affiche au mépris incroyable pour autrui.

    J’ai un peu plus apprécié Oural qui, malgré les circonstances, cherche à respecter son serment en protégeant les êtres humains.
    Cela dit, Oural change. Ses cauchemars l’éloignent de plus en plus de l’humanité pour le rapprocher des fantômes des animaux. Il les combat toujours mais commence à comprendre les raisons de leur colère.

    Les scènes des marées hautes sont impressionnantes, tout comme les souvenirs des tueries qui les ont provoquées.
    Et comme si les marées hautes ne présentaient pas un danger suffisant, comme à chaque fois que la situation est désespérée, il faut aussi se méfier de ses semblables : La peur, l’avidité, la soif de pouvoir, sont autant de raisons pour les être-humains de s’entretuer.

    Du côté de l’écriture, j’aime toujours autant la plume de l’auteur, sans surprise.
    Le seul petit bémol, qui m’a fait grincer des dents tout au long du livre, c’est l’emploi de « Delphine » pour désigner un dauphin femelle. Il n’y a PAS de féminin à dauphin (tout comme il n’y a pas de masculin à grenouille, d’ailleurs).
    Si encore elle avait utilisé « Dauphine », j’aurais moins grincé des dents, car au moins il s’agit d’un nom commun, contrairement à Delphine qui est strictement un nom propre.

    La fin du roman comporte comme toujours une part de frustration tout en apportant de la satisfaction.
    Et malgré ce petit point de langage énervant, « Mers mortes » est un roman addictif, presque impossible à lâcher avant la dernière ligne.

     

    Un extrait : La vague roulait sur lui en silence. Face à elle, l’exorciste était impuissant. Personne en ce monde ne pouvait la repousser ou la faire dévier. Elle allait se fracasser sur eux, les recouvrir. El alors, les fantômes des animaux marins surgiraient. D’un coup, ils seraient tous là, avides. Il les sentait déjà qui se pressaient dans l’air, affamés, impitoyables. Oural avala sa salive. Aux yeux des spectres, il était comme une torche jetée dans les ténèbres. Son âme brillait avec une telle force…

    Une minute avant l’impact.

    La brèche entre les plans s’élargissait. Les survivants n’occupaient plus qu’un coin minuscule du monde et les océans colossaux se pressaient contre les murs fragiles de leur refuge. C’était difficile à concevoir… Oural avant la tête légère.

    Trente secondes.

    La vague fantôme ressemblait désormais à une nappe de brouillard tendue d’un bout à l’autre du ciel. Une brume de poix. On en distinguait plus rien à vingt mètres. Les formes noires dansaient, se chevauchaient, s’étiraient. Des algues fantômes, rien d’autres. C’était une chance.

    Quinze secondes

    Dans le bastion s’éleva la mélopée de ses sujets. Durance commençait la messe. Son bouclier allait progressivement recouvrir l’église pour les dissimuler aux yeux des monstres.

    C’est très bien petite, pensa-t-il.

    Dix seconde

    Durance avait toujours été bonne élève. Une fille sérieuse, née après la catastrophe. Comment des parents pouvaient-ils avoir la cruauté de faire naître un enfant dans un monde pareil ?

    Cinq secondes.

    Jusqu’à quel âge vivrait Durance ?

    Quatre secondes.

    Quinze ans grand maximum ?

    Trois secondes.

    Oural retint machinalement sa respiration. La vague géante toucha les créneaux du bastion.

    Deux secondes.

    Se répandit sur les terrasses.

    Une.

    Et engloutit Oural.

     

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  • [Livre] Les loups chantants

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    Résumé : Yuri appartient à un clan d’éleveurs de rennes. Il vit dans un village entouré par un perpétuel blizzard. Il y a un an, son amour, Asya, a disparu dans la tempête, attirée par les hurlements hypnotiques des loups chantants. Bien que tout le monde la croie morte, le garçon espère qu’elle soit toujours en vie, quelque part, de l’autre côté du blizzard. Un jour, la sœur de Yuri, Kira, contracte un mal étrange ; son corps se couvre de glace. Pour le chaman du clan, la jeune fille est maudite par le dieu de l’hiver ; elle est bannie, et condamnée à s’enfoncer seule dans le blizzard. Mais une amie, Anastasia, rejette farouchement ce verdict surnaturel. Selon elle, il s’agit d’une maladie soignable à la capitale, par la chirurgie. Déterminés à tout tenter pour sauver Kira, Yuri et Anastasia prennent leurs traîneaux à chiens pour emmener la jeune malade à la capitale. Mais aussitôt partis à travers le blizzard, les loups les prennent en chasse.


    Auteur : Aurélie Wellenstein

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 08 mars 2018

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : J’adore les livres d’Aurélie Wellenstein. Le fait qu’il y ait toujours une part de frustration (du moins pour moi) à la fin de ses romans, contribue bizarrement à la quasi-vénération que je voue à cet auteur depuis que j’ai lu « le roi des fauves ».
    Et « Les loups chantants » ne fait pas exception à la règle.
    Ce roman mêle parfaitement réalisme et fantasy, au point que, pendant un moment, je me suis demandé si les éléments de fantasy ne relevaient pas simplement de l’imagination des personnages, exacerbée par les superstitions de leur peuple.
    Dès les premières pages, nous sommes plongés dans la neige, le froid et le blizzard. Le peuple Yuri, Kira et Anastasia, les trois principaux protagonistes de l’histoire, a un rapport compliqué avec le blizzard.
    D’un côté, ils le redoutent mais d’un autre, ils semblent le considérer comme une protection indispensable contre ce qu’ils appellent les monstres de l’hiver.
    Kira fait partie des gardiens, qui utilisent la magie pour protéger le village du blizzard et de ce qu’il contient. La plus grosse des menaces est la présence des loups psychiques : des loups qui traquent leurs proies en s’infiltrant dans leurs pensées, les attirants à eux par le biais de rêves et de promesses.
    Quand Kira est bannie, accusée d’être maudite, Anastasia, une amie qui fait des études à la capitale et qui rejette en partie les croyances ancestrales de son peuple, et Yuri, le frère de Kira qui pleure la mort de sa promise, tombée entre les griffes des loups chantants, décident de se lancer dans la périlleuse traversée du blizzard pour tenter de la sauver.
    Le voyage regorge de rencontres avec les monstres de l’hiver, tous plus terrifiant que les précédents, ainsi qu’avec des humains qui n’ont rien à leur envier.
    On ne sait pas trop dire si les loups chantants sont une menace, des alliés, des prédateurs, des démons, des esprits…
    Ils sont vraiment très difficiles à cerner.
    Mais le pire ennemi du trio reste le froid implacable de cet hiver sibérien. Un frois si intense que les larmes gèlent sur le visage à peine versées, un froid si cruel qui s’arrêter de bouger peut conduire à la mort.
    Le roman se lit vite, le rythme est effréné et la tension nous pousse à toujours vouloir savoir ce qu’il se passe à la page suivante.
    Pour un roman aussi court, les croyances du peuple de Yuri et Kira sont parfaitement détaillés pour nous attirer au cœur de cet univers magnifique et dangereux.
    Et comme toujours à la fin d’un roman d’Aurélie Wellenstein, la fin m’a apportée la satisfaction… assortie d’une pointe de frustration.

     

    Un extrait : Yuri reprit les mains de sa sœur entre les siennes.

    – N’y touche pas ! glapit-elle en se rejetant en arrière.

    – Pourquoi ? Dis-moi à quoi tu penses. De quoi as-tu si peur ? Je t’en prie. Je veux pouvoir faire quelque chose.

    Il se sentait plus calme. Dehors, les chiens cessèrent de hurler.

    – Tu ne pourras pas, répliqua Kira avec lassitude. Je crois... que c’est une manifestation de Korochun, débita-t-elle tout à coup.

    – Le dieu de l’Hiver ? releva Yuri, perplexe. Mais pourquoi s’en prendrait-il à toi ?

    La jeune fille ne répondit pas tout de suite. Elle avala sa salive, ferma les yeux pendant quelques secondes, puis rouvrit les paupières et fixa son frère avec une intensité douloureuse.

    – Yuri, dit-elle d’une voix tremblante. Je passe mes journées à lutter contre le Blizzard. Et si j’avais provoqué la colère du dieu de l’Hiver en m’opposant à sa loi ? Et s’il m’avait maudite ?

    – Ne dis pas n’importe quoi. Pourquoi toi et pas les autres Gardiens dans ce cas ?

    – Je ne sais pas. Pourquoi pas moi ? le contra-t-elle, fataliste.

    Yuri réfléchit.

    – Quand as-tu remarqué la première écaille de glace ?

    – Tout à l’heure, commença-t-elle.

    Ses yeux gris cillèrent. Elle baissa brièvement la tête avant d’affronter de nouveau son regard avec détermination.

    – Non, hier, révéla-t-elle. Et ça s’étend. Il y en a de plus en plus.

    Un long frisson glaça l’échine de l’adolescent. Dehors, un chien poussa un glapissement bref. Yuri tenta de reprendre le contrôle de ses émotions.

    – Il faut que nous fassions quelque chose, asséna-t-il. Si cette chose continue de te grignoter...

    Il hésita, chercha ses mots puis trancha simplement :

    – Nous devons agir.

    – Comment veux-tu ? Yuri, si c’est la volonté de Korochun... Un dieu.

    – En as-tu parlé à quelqu’un d’autre ? À Anastasia ?

    – Avant toi ? Bien sûr que non !

    – Même pas au chaman ?

    Elle secoua la tête.

    – Je redoute son jugement.

    – Pourtant, on ne peut pas attendre que tu ailles encore plus mal. Si c’est Korochun, le chaman nous dira quoi faire. N’aie pas peur, je vais venir avec toi. Je suis là.

    Il l’embrassa sur le front. Sa sœur l’observa à travers le rideau de ses cheveux.

    – D’accord, souffla-t-elle. Allons lui parler.

    Yuri attrapa sa main pour l’aider à se relever. Kira grimaça alors que leurs peaux entraient en contact, mais son frère ne la lâcha pas. Il tira et elle se retrouva sur ses pieds, vacillante.

    – Tout va bien se passer, lui promit Yuri avec assurance. On va trouver une solution.

    Pourtant, il était bien placé pour savoir que parfois, le pire arrivait. Parfois, même les jeunes filles perdaient la vie. Même en bonne santé. Même à seize ans. L’Hiver les taillait en pièces.

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  • [Livre] Rouille

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    Résumé : Paris, 1897. Les plus grandes puissances européennes se sont lancées à l’assaut de la Lune et de nouveaux matériaux découverts sur le satellite envahissent peu à peu la Terre. Ces grandes avancées scientifiques révolutionnent l’industrie et la médecine, mais pas pour tout le monde. Et dans les faubourgs, loin de l’hyper-centre protégé par le dôme sous lequel vivent les puissants, le petit peuple de Paris survit tant bien que mal. Violante est une prostituée sans mémoire, ignorant jusqu’à son âge réel. Dans un monde où son désir de vérité passe après celui de ses clients et de ses patrons, la jeune fille tente de retrouver la trace de ses origines perdues. Alors qu’une vague de meurtres particulièrement horribles ensanglante la capitale, Satine, son amie et seul soutien, disparait dans d’étranges circonstances. Violante, elle, se voit offrir une porte de sortie à ce demi-monde violent qui la retient prisonnière, mais décide malgré tout de prendre part aux investigations.


    Auteur : Floriane Soulas

     

    Edition : Scrineo

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 16 mai 2018

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Après avoir entendu parler de ce roman sur booktube (et avoir craqué sur sa couverture), j’ai décidé de tenter le coup.
    Je suis souvent partagée à l’idée de lire un tout premier roman.
    D’un côté, j’ai envie de découvrir un nouvel auteur, et de l’autre, j’ai toujours peur de lire un texte approximatif, maladroit (comme on dit, chat échaudé craint l’eau froide !).
    Pour Rouille, j’ai bien fait de tenter le coup, parce que j’ai adoré ma lecture.
    Même si le livre est qualifié de roman de science-fiction, on a en fait un mélange de Steampumk et de thriller qui tient bien la route.

    A part un ou deux d’entre eux, qui sont réellement malfaisants, il est difficile de ne pas apprécier, ne serait-ce qu’un peu, les personnages.
    Par exemple, Madeleine parait froide et odieuse, mais elle ne fait que chercher à survivre ; Léon est certes un proxénète, mais il a à cœur de garantir la sécurité des filles qui bossent pour lui.

    Violante, sans surprise, est le personnage le plus sympathique de l’histoire. Amnésique, prostituée très demandée, elle cherche sans relâche des indices sur son identité, quitte à violer les lois pour ce faire.

    Plusieurs affaires convergeant les unes avec les autres nous sont présentées : Les recherches de Violante sur son identité, des meurtres effroyables qui secouent les bas-fonds de la capitale, et l’émergence d’une nouvelle drogue, la Rouille, aux effets secondaires dévastateurs.
    J’ai beaucoup aimé la justesse avec laquelle l’auteur parle du monde de la prostitution à la Belle époque : Les visites médicales, les interdictions de sortie, l’encartage, les jetons, la dette des prostituées… beaucoup d’auteur ne se seraient pas donné la peine de coller à la réalité historique dans un roman à dominante SF.
    La description des bas-fonds de Paris, ainsi que la description des victimes des meurtres fait de Rouille un roman très sombre, avec des passages carrément glauque. Cela ne m’a pas empêché d’adorer le roman.
    Après une conversation entre deux personnages j’ai commencé à avoir un doute sur l’identité de Violante et je ne m’étais pas trompée.
    Pour autant, je n’ai pas été déçue d’avoir deviné et j’étais impatiente de voir si mon hypothèse allait se confirmer.
    Même en ayant compris une partie de l’histoire, j’ai quand même été assez surprise par la fin.
    A présent, je n’ai plus qu’une envie : lire le second roman de l’auteur dont le résumé m’interpelle. J’aurais aimé découvrir sa chaîne youtube, mais elle semble l’avoir abandonnée depuis qu’elle a été publiée. Dommage.

     

    Un extrait : Violante observait son reflet, éclaté dans les dizaines de miroirs qui tapissaient les murs et le plafond de la chambre. Elle aimait cet instant après les passes où, tant que personne ne parlait, il était encore possible d’oublier qu’elle venait d’ouvrir les cuisses pour une heure de plaisir à prix d’or. Elle savoura ce répit et le silence qui régnait dans la petite chambre, inspira lentement les odeurs de sueur et de parfum bon marché. Ses cheveux châtains dénoués lui chatouillaient le creux de la gorge. Des jetons cliquetèrent en tombant dans un petit bol en fer forgé posé près de la porte d’entrée, et le temps reprit sa course. La jeune fille poussa un soupir discret pour contenir sa frustration. Elle ramena le drap sur sa poitrine menue et frissonnante.

    – Y’a pas à dire, t’es vraiment la meilleure putain de toute cette foutue ville, rigola l’homme en reboutonnant son pantalon.

    – Je suis également la plus chère.

    – Tu vaux bien ton prix.

    L’homme s’avança vers la prostituée et lui saisit la nuque à pleine main pour mieux l’attirer à lui. Violante retint sa respiration quand l’haleine avinée de son client lui fouetta le visage. Elle posa un bras sur son torse tandis qu’il écrasait sa bouche contre la sienne et lui arrachait un gémissement de douleur. La jeune fille sortit les dents et mordit la langue qui fouillait sa bouche avant de se rejeter en arrière, rompant l’étreinte.

    – Hé ! je ne suis pas une de tes souris de trottoir, Angus ! s’exclama-t-elle en massant sa nuque douloureuse. Tu rajouteras un jeton pour ça.

    – Et dangereuse avec ça, marmonna l’homme en essuyant d’un revers de main le mince filet de sang à la commissure de ses lèvres.

    – Tu sais ce qu’on dit, chaton : « Quand tombe la nuit, choisis bien ta souris. »

     

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  • [Livre] Horizons – T01 – Sombre balade

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    Résumé : 2107. Deux ans plus tôt, le monde est dévasté de façon brutale et soudaine. Aujourd’hui, il n’en reste que des ruines, de la poussière et des cadavres. Les rares rescapés tentent de subsister, tiraillés entre les milices locales et les grandes organisations qui se disputent les territoires épargnés tels des vautours. C’est à travers une France hostile et ravagée par la folie des Hommes que Xalyah, une jeune femme solitaire et endurcie, brave tous les dangers pour accomplir son seul et unique objectif : retrouver les siens. Le reste n’a pas d’importance, les autres non plus. Sauf qu’elle réalisera bientôt que pour parvenir à ses fins et survivre, il lui faudra accepter de baisser la garde et faire les bons choix...


    Auteur : Lysiah Maro

     

    Edition : Inceptio

     

    Genre : Science-Fiction

     

    Date de parution : 22 novembre 2018

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : J’ai toujours aimé les romans post apocalyptique (mais je ne suis pas une grande fan des zombies), alors, pour une fois que l’un d’eux se passe en France, je n’allais certainement pas le laisser passer.
    J’ai beaucoup aimé Xalyah. Si elle a des capacités étonnantes chez une personne si jeune, probablement dues à un entrainement intensif, cela ne l’empêche pas de commettre des erreurs : erreurs d’appréciation, erreurs dues à son impulsivité, parfois à sa méfiance envers les autres.
    Je partage son exaspération envers les gens qui s'entre-tuent pour une boite de conserve plutôt que de s’unir face aux organisations qui ont (et continuent d’ailleurs) détruit le pays.
    L’univers est expliqué de manière assez succincte et on a plus de questions que de réponses. Mais les raisons qui ont conduit le pays, et le monde, ainsi que leurs conséquences, se dévoilent peu à peu, et je ne doute pas que l’on finira par avoir les réponses à toutes nos questions.
    De la même manière, le passé des personnages n’est dévoilé que très progressivement.
    Au niveau de l’écriture, on ne croirait pas avoir affaire à un premier roman. Je n’ai repéré que deux coquilles (un inversion de prénom page 165 et « dur à cuir » au lieu de « dur à cuire » page 211), ce qui est exceptionnellement peu.
    Le rythme est entrainant et ne faiblit pas, le ton et le vocabulaire sont parfaitement adaptés au style de l’histoire. C’est un vrai plaisir à lire.
    L’auteur nous offre un univers violent, où le simple fait de trouver de l’eau peut vous conduire à la mort.
    Si le scénario semble banal à première vue (très schématiquement, il s’agit pour Xalyah de rejoindre sa famille), le trajet que fait Xalyah ne va pas être un long fleuve tranquille, mais plutôt une descente de rafting en étant cernés par des crocodiles sous amphétamines.
    Les rebondissements succèdent aux coups tordus et on sent bien que l’auteur n’a pas le cœur tendre avec ses personnages et qu’elle n’a pas l’intention de les épargner (une sadique sans cœur capable de tout ! Vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas prévenus !).
    Cette impression a été renforcée par la fin de ce tome.
    Dire que c’est une fin à laquelle je ne m’attendais pas est un euphémisme. Je ne pouvais pas imaginer une fin pareille et j’en ai beaucoup voulu à l’auteur d’infliger ça à ses personnages.
    Bon, pas au point de bouder et de ne pas lire la suite parce que je meurs d’envie de découvrir ce qui attend encore Xalyah !
    Heureusement pour moi, le tome 2 est déjà sorti et si j’ai bien compris, le tome 3 ne devrait pas tarder non plus !

     

    Un extrait : Je me souviens du 15 juillet 2105 comme si c’était hier.

    Cette journée s’annonçait aussi chaude que les précédentes et rien ne laissait présager qu’elle resterait gravée dans l’histoire de l’Humanité comme la plus sanglante de toutes. Et pourtant…

    Au petit matin, les médias relayèrent une terrible information. L’Hexagone, touché de plein fouet dans sa plus haute fonction, venait de perdre son Président. Assassiné. Voilà ce qu’ils disaient. Et ce n’était que le début. En quelques heures, des communiqués officiels similaires nous parvinrent de l’ensemble des pays du G50.

    Commença alors notre descente aux enfers. Qui ? Comment ? Pourquoi ? Autant de questions qui ne trouvaient aucune réponse auprès des administrations dépassées par les évènements. Cette situation sans précédent plongea la civilisation dans la confusion la plus totale. Le monde s’embrasa, la folie et le chaos se propagèrent, mais ce n’était qu’un avant-goût de ce qui nous attendait.

    Au crépuscule, l’impensable arriva. Ce que nous avions pris pour un violent orage au départ se révéla être notre pire cauchemar : La Rupture.

    Le lendemain, le soleil caressa la Terre rouge sang, ravagée par des crevasses pleines de cadavres.

    Le monde tel que nous le connaissions jusqu’ici n’existait plus.

     

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  • [Livre] Cendrillon et moi

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    Résumé : C’est la marâtre la plus détestée de l’Histoire, celle dont on parle pour faire peur aux enfants désobéissants. Mais qui savait que la belle-mère de Cendrillon s’appelle en réalité Agnès, qu’elle a passé sa jeunesse à trimer comme bonne à tout faire, qu’elle a dû se battre comme une lionne pour accéder à un monde qui n’est pas le sien, que son époux est alcoolique et que sa belle-fille, petite princesse aux petons si délicats, est en réalité fort capricieuse? Agnès n’en peut plus des sornettes autour des pantoufles, des princes charmants et des citrouilles. Elle est bien décidée à rétablir la vérité, quitte à égratigner quelque peu la version officielle.


    Auteur : Danielle Teller

     

    Edition : Denoël

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 11 Avril 2019

     

    Prix moyen : 23€

     

    Mon avis : Même si ce roman est classé dans fantasy, surement parce que c’est une réécriture de conte, il est ancré strictement dans le monde réel.
    La belle-mère de Cendrillon, Agnès, va nous raconter comment elle en est arrivée à ce point-là : Belle-mère la plus détestée au monde.
    Fille de serf, rien ne la destinait à approcher la noblesse autrement que pour la servir. Mais c’était sans compter sa capacité hors du commun à survivre.
    Toute sa vie, Agnès a été dépossédée de ce qu’elle avait pu obtenir, de ses espoirs également. Et force est de constater que c’est bien souvent à cause de l’abbesse Elfida, marraine de Cendrillon, qu’Agnès est malmenée.
    J’ai vraiment eu du mal à supporter l’abbesse. Sous ses dehors sages, éthérés, doux ou encore bienveillant, elle se révèle sèche, arrogante, avide de pouvoir et dépourvue de toute charité chrétienne. Elle entend bien que chacun reste à sa place, que les domestiques ne cherchent surtout pas à avoir une vie meilleure et se sert de sa position pour contraindre tous ceux qu’elle peut atteindre à se plier à ses ordres.
    Agnès, elle, n’est pas du genre à se laisser faire. Elle a osé court-circuiter son supérieur pour être envoyée comme domestique à l’abbaye, et là, a profité de quelques leçons de la mère de l’abbesse Elfida, qui ne ressemble guère à sa fille. De ses leçons elle a tiré le maximum de bénéfices puis a su tirer son épingle du jeu quand elle se retrouve dans une situation embarrassante.
    Elle apprend à lire quasiment toute seule et connait une évolution qui est impensable à l’époque : d’assistante lingère à servante, puis tavernière et enfin nourrice, ce qui va finalement la conduire à assumer les fonctions d’intendantes puis d’épouse.
    Cendrillon est la fille de Emont, un fils cadet à qui l’abbesse a confié la gestion du manoir d’Aviceford et de ses terres, et de lady alba, la propre sœur de l’abbesse, réputée folle.
    La fillette, prénommée Elfida comme sa marraine, est plus couramment appelée Ella.
    Agnès, en tant que nourrice, a une certaine autorité sur la fillette, autorité qu’elle va quasiment perdre en épousant Emont après la mort d’Alba.
    Depuis aussi longtemps qu’elle le connait, Emont est un alcoolique qui dédaigne les affaires et la gestion du manoir, qu’il laisse à des intendants plus ou moins compétents et fiables. Agnès va finir par prendre peu à peu les rênes du manoir, ce qui va « autoriser » Emont à se désintéresser encore plus de ses obligations qu’il sait à présent entre de bonnes mains.
    Ella est une fillette difficile, capricieuse, bien trop gâtée par son père qui lui passe absolument tout et souffrant probablement de la même pathologie que sa mère que je soupçonne d’avoir été maniaco-dépressive.
    Au fil de l’histoire, on peut voir que ce qui est reproché à la belle-mère de Cendrillon (l’avoir reléguée au grenier, l’avoir obligée à effectuer les tâches ménagères, lui avoir fait porter des haillons, lui avoir interdit d’aller au bal…) n’est pas complétement faux, mais a été amplifié jusqu’à devenir un comportement cruel alors qu’il ne s’agissait que de sanctions bien méritée qui n’ont pas eu la dureté ou la durée qu’on leur prête, ou encore tout simplement de bon sens.

    Les relations entre Ella et Agnès sont parfois conflictuelles, mais cela ne dépasse pas ce qu’il est habituel de voir entre une mère et sa fille en pleine crise d’adolescence.
    Au travers de la réécriture du conte, l’auteur nous dépeint une réalité historique révoltante où, quand on n’était pas « bien né », on n’avait aucune chance de sortir de sa condition car les portes étaient tout simplement fermées.

    Le destin d’Agnès fait figure d’exception et a sûrement contribué aux rumeurs, comme si celles-ci était une façon de la remettre à sa juste place : au pied de l’échelle.
    L’histoire est finalement celles de simples humains : pas de belle-mère diaboliques, pas de jeune fille à la perfection absolue.
    Juste une mère et sa fille qui ont eu du mal à se comprendre.

     

    Un extrait : La princesse Elfida tient sa grande popularité de sa beauté saisissante, mais il y a autre chose, dans sa nature même, qui fascine les masses. Son mutisme habituel et une douce hésitation quand quelques mots s’échappent de ses lèvres lui donnent l’air pudique, tout comme sa façon de baisser la tête et de vous regarder par en dessous, derrière ses longs cils. Si l’on exclut sa collection de babioles et ses chiens, elle semble n’avoir ni passion ni vice, et lorsqu’elle prend part aux réceptions royales, son regard s’égare vers des spectacles invisibles qu’elle est la seule à voir. Son caractère insaisissable offre un parchemin vierge à n’importe quelle histoire, et toutes les filles rêvant de devenir un jour princesses peuvent s’imaginer à la place de la célèbre Elfida.

    J’en sais plus sur sa vie que quiconque sur cette terre, et la véritable histoire n’est pas aussi fantasque que celle chantée par les troubadours. Personne ne veut entendre parler d’une jeune noble de chair et de sang qui, comme toute enfant ordinaire, a mouillé son lit, cru mourir d’ennui, fait la fine bouche devant des légumes verts et s’est querellée avec sa famille. Par ailleurs, loin de moi l’idée de porter atteinte à l’adulation entourant la princesse, qui fait son bonheur et celui de ses admirateurs.

    L’histoire que je m’apprête à écrire n’est pas celle de la princesse, mais la mienne, la seule que je sois en droit de raconter. Ma plume ressuscitera peut-être des fantômes qui me tiendront compagnie durant les longues journées au palais, et si elle échoue, mon esprit tout du moins sera à autre chose. Quant aux fables sur le bien et le mal et aux chansons sur les pantoufles de vair, je les laisse aux ménestrels. Libre à eux de donner leurs propres versions de l’histoire de Cendrillon.

     

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  • [Livre] Le Dieu-Oiseau

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    Résumé : Une île. Dix clans. Tous les dix ans, une compétition détermine quel clan va dominer l'île pour la décennie à venir. Les perdants subiront la tradition du « banquet » : une journée d'orgie où les vainqueurs peuvent réduire en esclavage, tuer, violer, et même dévorer leurs adversaires. Il y a dix ans, Faolan, fils du chef de clan déchu, a assisté au massacre de sa famille. Sauvé par le fils du chef victorieux, Torok, il est depuis lors son esclave et doit subir ses fantaisies perverses. Sa seule perspective d'avenir est de participer à la compétition de « l'homme-oiseau », afin de renverser l'équilibre des pouvoirs en place et de se venger. Qui du maître ou de l'esclave va remporter la bataille ? Quel enjeu pour les habitants de l'île ? Quel est le prix à payer pour la victoire ?


    Auteur : Aurélie Wellenstein

     

    Edition : Scrineo

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 15 mars 2018

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : L’univers qui entoure Faolan, le héros de cette histoire, est d’une violence incroyable.
    Toute l’existence des dix clans composant l’île tourne autour de la compétition du Dieu-Oiseau qui va déterminer le chef pour les dix années à venir.
    A l’issue de la compétition, le vainqueur mène le traditionnel banquet : pendant une nuit d’horreur il peut tout infliger aux vaincus = les violer, les torturer, les tuer ou même les dévorer.
    Car le cannibalisme est au cœur des traditions et croyances de l’île et revient sur le tapis à plusieurs occasions.
    Il y a dix ans, Faolan, après avoir vu les siens être massacrés, a été réduit en esclavage et offert au fils du chef.
    Ce dernier, Torok, est vu comme le favori de son clan pour les prochaines sélections et fait preuve d’un sadisme incroyable envers Faolan.
    Alors que la loi est très claire quant au fait que n’importe qui, qu’il soit maître ou esclave, a le droit de se présenter aux sélections, Torok fait tout pour empêcher Faolan de se présenter.
    A se demander si ce jeune homme ne craint pas secrètement d’affronter l’esclave qu’il torture depuis dix ans à la loyale.
    Avant même que la quête pour le pouvoir ne commence, les sélections qui désignent un champion par clan, sont dangereuses et mortelles.

    Au fil de l’histoire, Faolan semble sombre dans la folie, à moins qu’il ne fasse une sorte de dissociation de personnalité pour supporter les épreuves qu’il a à traverser (ce qui, à mon sens, reste du domaine de la folie).
    Il est difficile de s’attacher aux personnages quand on connait leurs intentions.
    Bien sûr, on s’attache à Faolan, le contraire serait étonnant quand on assiste à toutes les horreurs qu’il subit.
    L’esclave Kiara pourrait être attachante mais la voit si peu qu’elle ne nous touche que fugacement.

    Enfin, parmi les concurrents, il n’y a qu’Izel à laquelle on peut raisonnablement s’attacher, malgré son désir de vengeance.

    L’auteur ne nous épargne aucun détail des souffrances de Faolan, de ses souvenirs du banquet ou encore des épreuves et des traditions qui les entourent.

    Mieux vaut avoir le cœur bien accroché.

    On voit également toute l’hypocrisie des « officiels » : chef, juges, etc… qui tiennent à ce que les traditions les plus violentes aient bien lieu, mais freinent des quatre fers quand il s’agit à donner sa chance à un esclave, un « inférieur » qui pourrait, à l’issue des épreuves, devenir leur maitre.

    Le rythme ne faiblit pas, il n’y a quasiment aucun temps mort et on ne sait absolument pas comment les choses vont évoluer.

    D’ailleurs j’avais pensé à des tas de fins possibles, mais franchement, celle-là, je ne l’avais pas vu venir !

    Même si c’était une bonne fin, je crois que c’est à cause d’elle que le Dieu-Oiseau est une très bonne lecture mais n’a pas atteint le coup de cœur.

     

    Un extrait : Resté sur la plage, Faolan avait la tête pleine du grondement des vagues. Le vent sifflait contre ses oreilles, jouait dans ses cheveux noirs emmêlés. Sous ses pieds nus, le sable volcanique se dérobait en glissant, aspiré par le ressac, avant de rouler avec les algues et les coquillages dans l’écume. Le fracas des rouleaux dominait tout, même le piaillement des mouettes. À sentir l’électricité flotter dans l’air, un gros orage se préparait.

    Faolan ne quittait pas Torok des yeux. Sans s’en rendre compte, il avait calqué son souffle sur la respiration profonde et rauque de la mer.

    Torok s’était élancé un instant plus tôt et déjà, sa silhouette s’amenuisait, devenait toute petite et blanche dans ce déchaînement liquide. Une seconde, il disparut dans le creux d’une vague, avant de remonter le flanc de la suivante en un crawl énergique.

    Si seulement les profondeurs pouvaient t’aspirer, songea Faolan avec rancœur.

    L’eau froide lui mordit les chevilles. Le jeune esclave recula avec un frisson. Il était vêtu trop légèrement ; la chair de poule hérissait sa peau. Le vent qui gonflait les pans de sa tunique sans manches dévoilait par moments son ventre creusé par la famine, ainsi que les boursouflures rosées d’anciennes cicatrices sur ses reins.

    Tout en surveillant la lutte de Torok contre les vagues, Faolan se mit à marcher le long de la grève. Leurs montures, deux grands bouquetins laissés libres au pied de la falaise, le regardaient avec curiosité. Ils avaient pourtant l’habitude : quand Torok allait nager, Faolan en profitait pour s’exercer à la course. Il n’allait jamais loin, car il fallait qu’il soit à son poste dès l’instant où Torok ferait mine de rejoindre la plage, mais le peu de distance qu’il couvrait était déjà une victoire en soi.

    Le jeune homme partit à petites foulées sur le sable noir. Malgré les mauvais traitements, son corps soutenait l’effort. Il était certes maigre, mais de grande taille et ses enjambées avalaient l’espace.

    Il parcourut cent mètres dans un sens, jeta un œil vers la mer pour vérifier que Torok était toujours occupé, et pivota pour revenir en courant sur ses pas.

    Dans ces moments, loin de son maître, le garçon pouvait presque s’imaginer libre. Il n’avait pas toujours été esclave. Dix ans auparavant, il n’était encore qu’un enfant, avec une sœur, un père, une mère. Une famille et un clan.

    N’y pense pas !

    Penser à ces années était trop dur. Pire, c’était dangereux. Il faisait donc comme s’il était né lors du banquet, alors que les hommes mangeaient d’autres hommes, et que le jeune Torok, onze ans à cette époque, l’avait pointé du doigt en disant : « Je veux celui-là, avec ses yeux bizarres. »

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  • [Livre] Engrenages et sortilèges

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    Résumé
     : Grise et Cyrus sont élèves à la prestigieuse Académie des Sciences Occultes et Mécaniques de Celumbre. Une nuit, l’apprentie mécanicienne et le jeune mage échappent de justesse à un enlèvement. Alors qu’ils se détestent, ils doivent fuir ensemble et chercher refuge dans les Rets, sinistre quartier aux mains des voleurs et des assassins. S’ils veulent survivre, les deux adolescents n’ont d’autre choix que de faire alliance…


    Auteur : Adrien Thomas

     

    Edition : Rageot

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 23 Janvier 2019

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Puisque mai est le mois de la fantasy, le club de lecture de Vibration littéraire a voté pour Engrenages et Sortilèges (et comme je n’avais pas voté pour lui, j’ai pu le coller dans la catégorie « un roman choisi par quelqu’un d’autre »).
    Magie et mécanique, voilà autour de quoi tourne cet univers.

    Les mécaniciens et les magiciens se méprisent souverainement les uns les autres.

    Grise, mécanicienne, et Cyrus, magicien, se déteste cordialement mais le règlement de leur école interdit aux mécaniciens de riposter aux piques des magiciens, leur estime de soi étant essentielle à la pratique de la magie.
    Pourtant quand les deux jeunes gens sont victime d’une tentative d’enlèvement au sein même de leur école, ils sont bien obligés de mettre leurs différents de côté.
    L’école, avec sa réputation de lieu le plus sécurisé du pays m’a fait penser à Poudlard et au début où on le rencontre, le primarque Ioséphir fait indéniablement penser à Dumbledore. Mais les ressemblances s’arrêtent là et le roman trouve son propre univers.
    Cyrus étant un magicien, il dispose d’un familier, un réceptacle d’énergie magique, ici un chat nommé Quint, doté d’un sacré sens de l’humour et d’une fidélité à toute épreuve.
    C’est Quint qui fait tampon entre les deux ados quand ils se crêpent le chignon. De toute évidence, le félin, si reste très attaché à son maitre, a eu un vrai coup de cœur pour Grise.
    Si Grise est attachante d’emblée, j’ai trouvé que Cyrus l’était tout autant dès lors qu’on sait lire entre les lignes. Son arrogance n’est qu’un vernis destiné à le protéger.
    On se rend très vite compte qu’il y a un complot (il aurait été compliqué de ne pas le voir) mais on n’en découvre l’ampleur qu’au fil de la lecture.
    Les aspects politiques sont très actuels avec une classe dirigeante qui écrase les plus pauvres et déclare des guerres pour s’approprier des ressources sans avoir à les payer.
    On peut également voir des luttes pour le pouvoir au sein même du gouvernement.
    A travers leur aventure qui les pousse à se réfugier auprès de la lie de la société (voleurs, espions…), Grise et Cyrus vont remettre en question les lois de la nation comme l’interdiction de la nécromancie ou de donner une personnalité indépendante à un robot.
    Si on comprend vite les grandes lignes (complot, politique), pour ce qui est des détails (quel est le but de chaque personnage, leur position dans l’histoire…), c’est plus compliqué. L’auteur nous mène en bateau sans scrupules, nous entraîne sur des chemins qui s’avèrent plus tortueux qu’ils n’y paraissaient au premier abord.
    Si j’ai rapidement découvert la vérité sur l’arachnide ainsi que le degré d’implication d’un des personnages, en revanche, je ne m’attendais pas du tout à la manière dont Grise et Cyrus allait gérer les choses.
    Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces deux-là savent mettre l’ambiance !

    L’histoire présente autant d’action que de réflexion avec de nombreux retournement de situation.
    Si l’histoire tourne beaucoup autour de Grise, Cyrus et Quint, les personnages secondaires ne sont pas en reste et sont tous parfaitement décrits, même quand leur rôle est minime.
    J’ai particulièrement apprécié le chevalier Albrecht de Mongre.
    Vu l’avancée du livre, j’avais peur que la fin soit bâclée, expédiée en quelques pages, mais non, l’auteur à parfaitement maîtrisé l’intensification de l’action pour nous offrir un final excellent, suivi d’un épilogue qui répond aux quelques questions qui demeuraient encore.
    S’il y a une vraie fin, permettant d’avoir une one-shot, si jamais l’auteur voulait écrire un jour une suite, il a laissé tout juste ce qu’il fallait d’ouverture pour que ce soit possible.
    Qui sait, peut-être reverra-t-on Grise et Cyrus un de ces jours ?

     

    Un extrait : Grise essuya d’un revers de manche la sueur qui lui dégoulinait sur le front, ce qui eut pour principal effet d’y ajouter une grosse trace d’huile de moteur. Elle ne s’en aperçut pas et plongea la tête la première dans l’ouverture béante de la machine. Si seulement elle pouvait réussir à placer sa clef correctement sur cet écrou…

    À peine une semaine que les cours avaient repris, et déjà maître Agathan lui avait confié – à elle seule ! – l’entretien d’une machine de précision, apparemment très importante pour les recherches de certains professeurs d’ésotérisme.

    Elle se contorsionna comme une anguille, tenta mille et une positions et manqua se déboîter le coude, mais rien n’y fit : le joint défectueux était inaccessible de ce côté. Poussant un soupir funèbre, elle s’extirpa des entrailles de la machine et se laissa tomber sur le sol pavé. Cette fois, c’était certain : elle avait démonté la mauvaise partie de l’engin. Il y avait trois autres capots sur ce satané bidule, et il avait fallu qu’elle déboulonne le seul qui ne lui permettait pas d’atteindre la source du problème.

    Elle s’était pourtant sentie si fière quand, deux heures plus tôt, elle avait identifié l’origine de la panne simplement en posant son oreille contre le ventre de métal de la machine. Le craquement de l’oscillateur latéral, pourtant à peine audible, lui avait sauté aux tympans. Mais le mécanisme était recouvert d’une coque deux fois trop grande pour lui, et l’écho l’avait induite en erreur.

    Beaucoup aimé 4 étoiles.jpg