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Fantasy/Science-Fiction - Page 9

  • [Livre] Snowblind

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    Résumé : Au cours d'une terrible nuit d'hiver, la petite ville de Coventry fut frappée de plein fouet par une tempête de neige. D'une rare violence, celle-ci emporta avec elle plus d'une dizaine de victimes, à jamais perdues dans l'immensité blanche. Des familles entières furent brisées en une seule nuit, et l'existence des habitants de la petite ville en fut changée à jamais.
    Douze ans plus tard, la vie a repris son cours à Coventry, même si subsiste chez les survivants une angoisse aussi sombre qu'irrationnelle à l'approche de l'hiver. C'est alors qu'une nouvelle tempête s'annonce, plus terrifiante encore que la précédente... car cette fois, les disparus de cette fameuse nuit maudite sont de retour.


    Auteur : Christopher Golden

     

    Edition : Bragelonne

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 04 Juillet 2018

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Le début de ce livre est centré sur la tempête qui a coûté la vie à plus d’une dizaine de personnes. Les décès, auxquels on assiste pour certains, sont très étranges. Ceux de Chérie, Isaac et de la mère de T.J sont les plus révélateurs. Si les morts semblent à première vue accidentelles, on peut sentir une présence, quelque chose qui n’est pas vraiment identifiable, qui nous laisse à penser que le naturel a bon dos.

    Puis on fait un saut 12 ans plus tard. La tension est palpable tandis qu’une tempête aussi violente que celle ayant frappé la ville 12 ans plus tôt est annoncée.
    Bien que le temps ait passé, le souvenir des disparus est toujours vivace et ceux qui ont perdu des êtres chers ne semblent pas avoir fait leur deuil.

    J’ai plutôt bien accroché avec les personnages. Chacun à sa manière m’a touché. Aucun d’eux n’est antipathique, à part Angie, mais on ne le sait que par la description qu’en fait sa fille, car, quand on la voit dans l’histoire, elle n’est pas exactement elle-même, dirons-nous.

    A la lecture du quatrième de couverture, on s’imagine un retour physique des disparus. Autant dire qu’on est loin du compte. Cela dit pas besoin de zombies ou autre joyeuseté du genre pour trembler dans ses pantoufles. Parce que l’auteur sait prendre son temps pour faire monter l’angoisse. Ce n’est rien de particulier : une ambiance, la neige qui commence à tomber, de plus en plus fort, une remarque étrange dans la bouche d’une enfant de 11 ans…

    Et quand on commence à se dire « mais merde, qu’est ce qui se passe ? », on commence à avoir des réponses et tout s’accélère.

    La dernière partie se rapproche du roman d’horreur, sans que ce soit insupportable (et c’est une grande trouillarde qui vous l’affirme), avec des créatures assez cauchemardesques mais dont on ne sait, au final, que peu de choses. En tout cas, je suis un peu restée sur ma faim sur ce sujet concernant les explications données à ce sujet.

    Le livre se finit sur une fin ouverte qui laisse place à toutes les hypothèses.

    J’ai beaucoup aimé cette lecture qi ne souffre d’aucun temps mort. Je ne sais pas si je la qualifierais d’histoire d’horreur, car, si j’ai frissonné, on ne peut pas dire que j’ai vraiment eu peur, mais il est parfait pour les trouillardes qui veulent trembler un peu mais sans exploser leur facture d’électricité en dormant une semaine toutes lumières allumées.

     

    Un extrait : Cigarette à la main, Ella Santos regardait la neige tomber depuis le trottoir ; elle ne s’était jamais sentie aussi seule. La tempête, menaçante, semblait retenir son souffle en attendant qu’elle retourne à l’intérieur. Pendant deux ou trois minutes incroyablement longues, aucune voiture, aucun chasse-neige n’apparut dans la rue. La banque, la boutique de mode, le magasin d’instruments de musique et les autres restaurants installés dans cette partie de Washington Street avaient tous baissé le rideau depuis des heures, leurs vitrines sombres donnaient une impression d’abandon. La ville de Coventry avait rendu les armes devant la tempête. Soudain, Ella se sentit idiote de n’être pas déjà chez elle, sous la couette, avec une tasse de thé et un vieux film.

    Tirant une longue bouffée sur sa cigarette, elle se blottit plus profondément dans son manteau avant d’exhaler la fumée de ses poumons. La neige tombait tellement dru qu’elle produisait, en s’accumulant, le seul bruit audible. Ella frissonna, et pas seulement de froid. Dans cette rue déserte, elle aurait pu être la dernière femme sur Terre, une voix humaine, unique, mais effrayée d’interrompre le dialogue tranquille entre la neige et le ciel.

    Derrière elle, un grincement de gonds et des éclats de rire la firent sursauter. Deux clientes sortaient du restaurant. De la musique douce, le rythme d’une guitare acoustique, lui parvint également, juste avant que la porte ne se referme.

    — Bonne nuit, Ella, dit l’une d’elles, écartant ses cheveux blonds de ses yeux. Merci d’avoir gardé le restaurant ouvert.

    Ella sourit, s’en voulant de la manière dont elle avait laissé ce moment de solitude lui porter sur les nerfs. Enfant, elle avait adoré les tempêtes de ce genre, mais devenue adulte, et propriétaire d’un restaurant de surcroît, les jours de neige étaient plus rares… et très mauvais pour les affaires.

    — Je vous en prie, répondit-elle, saluant les deux femmes qui se hâtaient de traverser la rue, leurs chaussures dessinant des traces dans la neige fraîche. J’espère que ça vous a plu. Rentrez bien.

    — Vous aussi ! lança la deuxième cliente, dont la robe, même sous une lourde veste, n’était absolument pas adaptée à ce temps.

    — Je ne vais pas tarder à fermer.

    Elles avaient passé à peine plus d’une heure au restaurant, et pourtant une couche blanche de plus de deux centimètres s’était déposée sur leur voiture. Au lieu d’essayer de déblayer, elles s’entassèrent à l’intérieur du véhicule, puis les balais d’essuie-glaces entrèrent en action, dégageant en partie le pare-brise. La lunette arrière resta aveugle, alors qu’elles s’éloignaient. La conductrice n’y verrait pas grand-chose, mais fort heureusement elle ne risquait de croiser que peu d’autres automobilistes. Même les chasse-neige semblaient se faire discrets ce soir.

     

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  • [Livre] Un palais de colère et de brume

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    Résumé : Après avoir survécu aux défis d’Amarantha, Feyre est devenue une Fae et a hérité de pouvoirs qui échappent à son contrôle.
    Mais son cœur est resté celui d’une humaine, et elle ne peut effacer ce qu’elle a dû commettre pour sauver Tamlin et la Cour du Printemps…
    Elle ne peut non plus oublier qu’elle a conclu un marché avec Rhysand, le redoutable Grand Seigneur de la Cour de la Nuit. Une semaine par mois, elle doit séjourner à ses côtés, dans son palais.
    D’abord réticente, Feyre découvrira pourtant qu’il est loin d’être le Fae cruel et manipulateur qu’elle croyait connaître. Avec lui, elle va apprendre à dompter ses pouvoirs. Et douter de ce qu’elle ressent pour Tamlin…
    Mais au-delà de la Cour de la Nuit, une menace se profile. Car les desseins du roi d’Hybern pourraient bien ébranler tout le royaume des immortels.


    Auteur : Sarah J. Maas

     

    Edition : La martinière

     

    Genre : Young adult, Fantasy

     

    Date de parution : 08 février 2018

     

    Prix moyen : 22€

     

    Mon avis : Ce tome commence quelques mois après la fin du précédent.
    Feyre a vaincu Amarantha et est désormais immortelle. Elle est hantée par ce qu’elle a du faire pour survivre Sous la montagne.
    Feyre est vraiment déstabilisée. Elle a du mal à se faire à sa nouvelle condition et on ne peut pas dire que Tamlin lui soit d’une grande aide.
    Il me laissait déjà plutôt indifférente dans le tome 1 (je lui préférais nettement Lucien), mais là, il m’a carrément révulsée.
    Il essaie de faire de Feyre une poupée, un bibelot qu’on exhibe comme un trophée. Il la tient dans l’ignorance la plus complète, refuse de la laisser aller et venir à sa guise, ne s’émeut pas de la voir dépérir…
    D’ailleurs, quand on voit comment se passent les choses à la cour de la nuit, du moins dans la partie où Rhysand n’est pas en représentation, on se rend bien compte de la cruauté de Tamlin, cruauté qu’il cache derrière un soi-disant respect des traditions.
    a l’inverse, Rhysand, que j’appréciai déjà beaucoup dans le tome 1, est encore plus parfait dans celui-ci.
    Au fil de ma lecture, j’ai vraiment développé une aversion très marquée pour la cour de printemps. Pourtant, j’ai l’impression qu’au final, elle n’est pas très différente des autres cours, que c’est plus la cour de la nuit qui se distingue des autres.
    Alors qu’à la cour de printemps, je n’appréciais que Lucien et Alis, tout en supportant mal leur soumission aveugle à Tamlin, à la cour de la nuit, je les ai tous adoré : Cassian, Azriel, Amren et Morrigan en tête, avec un vrai coup de cœur pour cette dernière.
    L’évolution de Feyre se fait petit à petit, si subtilement qu’on se rend compte soudain qu’elle réagit de manière totalement différente en se demandant presque ce qui s’est passé.
    Sa transformation en immortelle lui a donné certains pouvoirs, mais comme son cas est unique, elle va devoir les découvrir au fur et à mesure qu’ils apparaissent, en, espérant qu’ils ne se manifesteront pas à de trop mauvais moments.
    Au-delà de l’adaptation de Feyre à sa nouvelle condition, des problèmes que pose Tamlin et de la relation entre Feyre et Rhysand, une nouvelle menace se profile sur le monde des immortels comme sur celui des mortels.
    Le roi d’Hybern, dont Amarantha était un des lieutenants, ce qui donne une idée du caractère du bonhomme, semble bien décidé à asseoir sa domination partout.
    Et Rhysand semble être le seul grand seigneur à réaliser le sérieux de cette menace.
    Franchement, ils mériteraient tous de se retrouver en esclavage ! Après 50 années d’asservissement sous le joug d’Amarantha, ils refusent tous d’ouvrir les yeux et de se bouger pour empêcher les choses de recommencer (en pire, de toute évidence).
    La fin est époustouflante et nous laisse dans un état de tension incroyable.
    J’ai lu ce tome fin décembre, et heureusement que le tome 3 est prévu pour février, parce que je ne sais pas si j’aurais pu supporter d’attendre un an pour savoir la suite !

     

    Un extrait : La force des immortels était plus une malédiction qu’un don. Pendant les trois jours qui avaient suivi mon retour à la Cour du Printemps, j’avais plié ou froissé chaque pièce d’argenterie qui m’était passée entre les mains. Gênée par la longueur insolite de mes jambes, j’avais trébuché si souvent qu’Alis avait ôté tous les objets de valeur de mes appartements, et j’avais brisé pas moins de cinq portes en verre en les fermant trop fort.

    Je dépliai mes doigts. Ma main droite était blanche et lisse, une vraie main de Fae. J’examinai sur le dos de ma main gauche les volutes des tatouages qui recouvraient mes doigts et se prolongeaient sur mon poignet et mon avant-bras. Leur encre sombre semblait boire l’obscurité de la salle. L’œil gravé au centre de ma paume paraissait m’observer, calme et rusé comme celui d’un chat. Sa pupille était plus dilatée que dans la journée, peut-être pour s’adapter à l’intensité de la lumière comme n’importe quel œil…

    Je les foudroyai du regard, lui et l’être qui m’épiait peut-être à travers ce tatouage.

    J’étais sans nouvelles de Rhysand depuis mon retour. Je n’avais pas osé poser de questions ni à Tamlin, ni à Lucien, ni à personne, de crainte de faire resurgir le Grand Seigneur de la Cour de la Nuit… Et de lui rappeler le marché de dupes que j’avais conclu avec lui Sous la Montagne : je devais passer une semaine par mois avec lui depuis qu’il m’avait sauvé la vie.

    Mais même si Rhysand avait miraculeusement oublié ce marché, moi, je ne le pourrais jamais. Tamlin, Lucien… Personne ne le pourrait. Pas avec ce tatouage.

    Rhysand était l’ennemi de Tamlin et de toutes les autres cours de Prythian. Rares étaient ceux qui, après avoir franchi les frontières de la Cour de la Nuit, avaient survécu. Aucun étranger à cette cour n’aurait pu vraiment décrire la région la plus septentrionale de Prythian.

    On savait seulement qu’elle n’était que montagnes, ténèbres, étoiles et désolation.

    En ce qui me concernait, je n’avais pas eu le sentiment d’être l’ennemie de Rhysand lors de notre dernière entrevue qui avait suivi la mort d’Amarantha. Je n’avais raconté à personne cette rencontre, ce qu’il m’avait dit et ce que je lui avais confié.

    Réjouissez-vous de posséder un cœur humain, Feyre. Et plaignez ceux qui ne ressentent rien.

     

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  • [Livre] Shades of magic

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    Résumé : Kell est le dernier des Visiteurs, des magiciens capables de voyager d’un monde à l’autre. Des mondes, il y en a quatre, dont Londres est le centre à chaque fois. Le nôtre est gris, sans magie d’aucune sorte. Celui de Kell, rouge, et on y respire le merveilleux avec chaque bouffée d’air. Le troisième est blanc : les sortilèges s’y font si rares qu’on s’y coupe la gorge pour voler la moindre incantation. Le dernier est noir, noir comme la mort qui s’y est répandue quand la magie a dévoré tout ce qui s’y trouvait, obligeant les trois autres à couper tout lien avec lui.
    Depuis cette contagion, il est interdit de transporter un objet d’un monde à l’autre. C’est pourtant ce que va faire Kell, un chien fou tout juste sorti de l’adolescence, pour défier la famille royale qui l’a pourtant adopté comme son fils, et le prince Rhy, son frère, pour qui il donnerait pourtant sa vie sans hésiter. Et un jour, il commet l’irréparable : il passe une pierre noire comme la nuit dans le Londres gris où une jeune fille du nom de Lila la lui subtilise.
    Mais la magie n’attire jamais à elle personne par hasard !


    Auteur : Victoria E. Schwab

     

    Edition : Lumen

     

    Genre : Young adult

     

    Date de parution : 08 juin 2017

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : Quatre mondes dont le seul point commun est d’avoir une capitale nommée Londres.
    Il y a le Londres gris qui est dépourvu de toute magie, le Londres rouge qui baigne dans la magie, le Londres blanc dans lequel la magie est si convoitée qu’on peut s’y faire égorger pour le moindre sortilège et enfin le Londres noir où la magie noire a pris le dessus au point de tout dévorer.
    C’est pour échapper à se sort funeste que les Londres gris, rouge et blanc ont fermé les ponts qui les reliaient.
    Aujourd’hui, seuls les Antari, les magiciens de sang, peuvent se déplacer entre les mondes.
    Kell est l’un de ces (trop) rares magiciens.
    Adopté par la famille royale, il a toujours l’impression d’être leur propriété plutôt que leur fils et j’ai trouvé qu’il n’avait pas vraiment tort. Seul Rhys, le prince, le traite vraiment comme son frère.
    Le passage d’objet d’un monde à l’autre est interdit mais Kell en a fait une spécialité.
    Je ne sais pas trop s’il fait cela comme une provocation secrète envers sa famille ou juste s’il veut assouvir sa passion de collectionneur, mais il prend beaucoup de risques avec son petit trafic.
    Lila, elle, vit dans le Londres gris, n’avait jamais entendu parler de magie et survit comme elle peut, à coup de combines et de larcins, dans le Londres pré-victorien qui n’était vraiment pas tendre pour les pauvres, les orphelins et les femmes, trois situations qu’elle a le malheur de cumuler.  Elle vit dans un monde très dur dans lequel on se doit d’être impitoyable et de ne faire confiance à personne pour survivre.
    J’ai beaucoup aimé l’évolution de Lila au fil du roman. Elle devient plus altruiste, plus réfléchie. Si elle ne croit pas vraiment Kell quand il la met en garde contre les dangers des Londres rouge et blanc, ça peut facilement se comprendre.
    Son Londres étant dépourvu de magie, les dangers évoqués par Kell sont au-delà de sa compréhension. Cela dit, une fois qu’elle y est confrontée, elle sait s’adapter très vite.
    Kell et Lila vont se retrouver réuni dans la même aventure autour d’une drôle de pierre noire pourvue de grands pouvoirs mais qui semble malsaine et néfaste.
    Certains personnages secondaires ne sont pas très développés, comme le couple royal du Londres rouge, mais j’espère qu’on en saura plus sur eux dans les prochains tomes. En effet, la mémoire de Kell avant son adoption semble avoir été effacée et je me demande s’ils ont leur part de responsabilité là-dedans et si oui, pourquoi ils ont agi ainsi.
    A un moment, j’ai eu un gros flip sur un personnage dont je ne savais de quel côté il était. Mais j’ai réalisé que je savais déjà ce qu’il en était puisqu’une scène, au début du livre, me donnait la réponse. Sauf que quand je l’ai lu, je n’en ai pas mesuré la portée et que quand les choses se sont accélérées, je n’ai pas fait le rapprochement.
    La fin pourrait se suffire à elle-même, on ne s’arrête pas sur un gros cliffhanger de folie. Cependant, le passé de Kell reste mystérieux.
    J’ai quand même hâte de voir comment l’auteur va introduire son tome 2 et ce qu’il va bien pouvoir s’y passer.

     

    Un extrait : Le manteau de Kell était absolument unique en son genre.

    Ce vêtement n’avait ni un seul côté (pour le coup, il n’y aurait pas eu de quoi fouetter un chat), ni même deux (ce qui aurait déjà semblé plus surprenant), non… son pardessus avait tout bonnement plusieurs faces – concept, il faut bien l’avouer, complètement invraisemblable.

    Le premier geste de Kell, quand il quittait un Londres pour un autre, était de retirer le manteau en question et de le retourner une, deux, voire trois fois, afin de trouver le côté qu’il cherchait. Tous n’étaient pas à la dernière mode, mais chacun avait son intérêt. Certains lui permettaient de se fondre dans le paysage, d’autres de se faire remarquer. L’un d’entre eux se trouvait même, à vrai dire, dénué de la moindre utilité – ce qui n’empêchait pas le jeune homme de beaucoup aimer le porter.

    C’est pourquoi, quand Kell eut traversé le mur du palais pour pénétrer dans l’une de ses nombreuses antichambres, il prit quelques instants pour se ressaisir – passer d’un monde à l’autre n’était jamais sans conséquences – puis ôter son manteau rouge à col montant afin de le tourner une fois de droite à gauche, histoire d’en faire une veste noire toute simple. Enfin… simple, certes, mais élégamment rehaussée de fil d’argent et décorée de deux colonnes luisantes de boutons du même métal. Même s’il choisissait d’adopter une allure moins voyante quand il était en mission (il ne souhaitait ni offenser le monarque local, ni attirer l’attention sur lui-même), il n’en sacrifiait pas pour autant toute élégance.

     

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  • [Livre] Elisabeta

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    Résumé : « ‘Le Cercle’ désigne une société secrète cachée dans les ombres de l’Histoire depuis ses balbutiements, et fédère le peuple immortel que les humains nomment ‘vampires‘. »
    En France, Saraï est une jeune immortelle assignée à résidence depuis toujours ou presque. Elle a été jugée pour avoir manifesté un pouvoir parapsychique interdit, un don qu’on lui a retiré avant de la marier de force et de la contraindre à ne jamais quitter sa maison.
    En Italie, Giovanna est une mortelle qui vit en compagnie d’un vampire, et dont elle est la seule source de sang. Elle non plus n’a pas eu le choix : née dans une famille proche du Cercle, elle a dû se soumettre à leur autorité et quitter sa petite vie toute tracée.
    Jusqu’à ce jour de novembre 2014, quand une éclipse solaire se produit. Le phénomène réveille le don endormi de Saraï. Giovanna, quant à elle, est agressée dans sa propre maison par un immortel, qui lui donne de force la vie éternelle. Depuis, le Cercle les menace de mort, car il ne tolère pas les écarts de ce genre.
    Grâce à son don, Saraï entend l’esprit d’une ancienne Reine immortelle, Elisabeta, dont l’âme est piégée à l’intérieur d’une poupée de porcelaine. Elisabeta a tout perdu : son pouvoir, son règne, son enfant et son amant. Réduite aujourd’hui à l’état de fantôme, elle accepte de venir en aide à Saraï qui veut se confronter au Cercle, quitte à le détruire.


    Auteur : Rozenn Illiano

     

    Edition : Oniro prods (autoédition)

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 01 Septembre 2017

     

    Prix moyen : 26€

     

    Mon avis : Même si je m’attache toujours au texte plus qu’à la couverture, il faut bien reconnaitre qu’il est rare qu’un livre autoédité soit pourvu d’une couverture d’une telle splendeur. Il faut saluer le travail de Xavier Collette qui en est l’auteur.
    Quant au texte, il est à la hauteur de la couverture. En lisant ce roman, on ne se douterait pas qu’il s’agit d’un livre autoédité (et on se demande ce que fabriquent les maisons d’éditions pour laisser passer une telle pépite, à moins que l’auteur ne les ai envoyé sur les roses). L’histoire est originale et quasiment dépourvue de coquille (une dizaine à tout casser, qui ne gênent pas la lecture, sur un total de 501p).
    Ici, si on a une histoire de vampires, on n’est pas dans une histoire à la Twilight ou Journal d’un vampire avec de gentils vampires tombant éperdument amoureux d’un(e) humain(e) et décidant, pour ses beaux yeux, de ne plus boire que du sang de porc ou à la rigueur, du sang en poche. Non. Ici les humains ne sont pas vraiment en odeur de sainteté et si on ne les massacre pas joyeusement dans les rues, c’est parce que les vampires ont douloureusement conscience du danger que représenterait pour eux la découverte par les humains de leur existence.
    La nation vampire était à l’origine une monarchie mais le pouvoir a été progressivement récupéré par les grands maîtres (sorte de ministres, un peu comme Pépin le Bref, maire du palais, qui a joyeusement usurpé le trône en virant Childéric III à la mode du « pousse-toi de là que j’m’y mette).
    Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si les grands maîtres n’étaient pas à la botte du Vatican et ne prenaient pas lois sur lois liberticides et totalement injustifiées.
    Donc en fait, ce que l’on va suivre c’est tout simplement la préparation et la mise en place d’un coup d’Etat. Car tout est politique dans ce roman et tout ce qui se met en place a été pensé depuis des décennies, pour ne pas dire des siècles.
    La narration alterne entre Saraï et Giovanna, deux jeunes immortelles qui se sont attirées le courroux des grands maîtres bien malgré elles. Régulièrement, un intermède d’Elisabeta, la reine dont l’esprit est piégé dans une poupée, raconte des faits qui se sont passés entre 1680 et 1830 et qui ont une incidence directe sur l’histoire qui a lieu en 2015.
    La plume de Rozenn est vraiment addictive, elle est riche sans être ridiculement soutenue. J’ai vraiment beaucoup aimé son style.
    En général, je n’aime pas les fins alternatives mais là, on n’a pas une fin alternative qui prend la place de la fin. C’est comme si on vous disait : vous pouvez vous arrêter à la page 500. C’est une fin. Mais vous pouvez lire aussi la page 501. Elle s’inscrit dans la continuité de la page 500 mais change totalement la fin. C’était vraiment bien trouvé et il fallait le talent pour l’écrire comme ça.
    Au départ, je comptais lire un livre dans la journée et lire Elisabeta le soir à raison d’un ou deux chapitres par soir. Mais j’en ai été incapable. Une fois le roman commencé, je n’ai plus pu le poser jusqu’à l’avoir fini ! Un vrai coup de cœur !

     

    Un extrait : « Le cercle » désigne une société secrète cachée dans les ombres de l’Histoire depuis ses balbutiements, et fédère le peuple immortel que les humains nomment « vampires ».
    Le sens véritable du mot « cercle » est dévoyé depuis des siècles : il définissait autrefois le pouvoir du sang transmis d’un être à l’autre afin de perpétuer l’espèce éternelle. A présent, les immortels usent de ce terme pour désigner les leurs, la société vampirique en elle-même, ou parfois leurs gouvernants.

    Le sang ancestral et millénaire qui coule dans nos veines nous offre la vie éternelle, mais participe également à chacune des étapes de notre perpétuation : il conserve notre passé, protège notre présent, et prophétise notre avenir. Il agit ainsi tel un passeur, transmettant l’héritage de nos ancêtres aux générations futures. »

    Préambule aux chroniques du Cercle
    par Athanase le jeune

     

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  • [Livre] Le roi des fauves

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    Résumé : Poussés par une famine sans précédent, trois amis, Kaya, Ivar et Oswald, prennent le risque de braconner sur les terres de leur seigneur, mais son fils les surprend. Au terme d’une lutte acharnée, ils laissent le noble pour mort. Capturés et jugés pour tentative de meurtre, les trois amis sont condamnés à ingérer un parasite qui va les transformer en « berserkirs ». Au bout de sept jours de lente métamorphose, ils seront devenus des hommes-bêtes, et leur raison s’abîmera dans une rage inextinguible. Le temps de cette transformation, ils sont enfermés dans Hadarfell, un ancien royaume abandonné, dont le passé et l’histoire ont été engloutis par le temps…


    Auteur : Aurélie Wellenstein

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 09 Mars 2017

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Le roi des fauves est le premier livre que je lis de cet auteur. Et pour un coup d’essai, c’est un coup de maître.
    J’ai vraiment eu un coup de cœur pour l’écriture d’Aurélie Wellenstein. L’univers du roi des fauves est sombre, violent et angoissant. On est dans un monde médiéval, nordique voire viking si on en croit les termes assez spécifiques de Jarl, walkyries ou encore berzerkirs qui semble être tiré de Berserk (fou furieux en néerlandais). Les prénoms (Ivar, Oswald, Hilde…) renforcent cette idée de vikings. La population meurt de faim tandis que les jarls et les hauts-rois vivent dans l’aisance.
    Kaya, jeune couturière, convainc ses amis Oswald, herboriste, et Ivar, apprenti forgeron, de se glisser dans les bois appartenant au Jarl pour y dénicher un peu de gibier.
    Repéré et poursuivi par le jeune Jarl, ils sont, après une course poursuite à l’issue tragique, arrêté et emmené à la capitale pour être jugés.
    Là, le Jarl, un homme d’une cruauté exceptionnelle pour quelqu’un d’aussi jeune, décide d’épargner leur vie, non pas dans un acte de bonté, mais pour s’assurer que leurs souffrances soient plus vives, plus longues. Il décide qu’ils seront transformés en Berzekirs, ces créatures mi-hommes, mi-animaux, qui sont investis en permanence d’une rage dévastatrice, et maintenus sous contrôle grâce à la magie runique.
    La transformation dure approximativement 7 jours. C’est donc le délai qu’il reste à Ivar, Kaya et Oswald pour trouver le mystérieux roi des fauves, qui leur a promis, dans une vision, de les aider à surmonter le destin qu’on leur impose.
    Un long voyage doublé d’une course contre la montre commence alors. Les dangers sont multiples dans le sombre royaume des berzerkirs : il y a de nombreuses bêtes féroces qui vivent là, la faim, la soif, le froid, mais surtout, il y a ce changement inéluctable qui se produit en eux, lentement, insidieusement.
    C’est cette lutte contre eux même qui est le plus intéressant des aspects de ce livre. Aurélie Wellenstein la décrit avec beaucoup de finesse. La transformation de leur esprit est encore plus importante que celle du corps, mais si celle-ci reste impressionnante.
    J’ai beaucoup aimé Ivar, qui se bat avec une incroyable maitrise contre ces changements qu’il refuse, et Oswald et Hilde, même si elle a un rôle plus secondaire, qui sont plus doux, plus humains au sens figuré du terme. En revanche, j’ai eu beaucoup plus de ma avec Kaya. Certes je comprends qu’elle ressente toute l’injustice de la situation, mais j’ai trouvé qu’elle avait tendance à en vouloir aux autres en oubliant ses propres responsabilités. Elle est dure, inutilement méchante, et je pense que la forme animale que prend le berzerkir est révélateur du caractère de la personne. Bref, je ne l’ai pas aimée.
    J’ai passé un excellent moment avec ce roman, j’ai dû me forcer à le poser pour dormir, et je me suis replongée dedans à peine réveillée. J’ai deux autres de ses livres dans ma PAL, et j’ai hâte de me plonger dedans en espérant aimer autant !

     

    Un extrait : L’aube grisaillait à l’horizon quand Ivar quitta la forge. Soufflant dans son col pour se réchauffer, il s’engouffra dans les étroites ruelles du village. À cette heure, la grande majorité du bourg dormait encore et le jeune homme comptait sortir sans être vu. Par sécurité, il rasait les murs, son arc et ses flèches dissimulés sous son manteau. Il se demandait si ses amis avaient réussi à trouver le sommeil. Lui avait tourné et retourné leur projet insensé dans sa tête durant toute la nuit. Quand il s’était finalement levé, il était résolu à prévenir son père, mais bien sûr, il n’en avait rien fait. Il n’avait même pas eu le courage de réveiller le forgeron. Le pauvre homme était endormi devant la table vide de leur salle à manger, la tête sur les bras. À ce stade, l’accabler d’un fardeau supplémentaire relevait de la cruauté…

    Le jeune homme soupira et enfonça ses poings dans ses poches. Il devait avoir l’air si préoccupé qu’il se réjouit d’être seul, son expression noyée dans l’ombre ardoise des murs. Devant ses amis tout à l’heure, il lui faudrait faire meilleure figure.

    Ivar ralentit brièvement devant la boutique de l’herboriste, mais ne trouva personne. Oswald était déjà parti ou bien il se terrait chez lui. Le jeune homme allongea de nouveau l’allure. Un peu d’agacement colorait sa nervosité. Pourquoi s’entêtait-il à vouloir mêler son père à son dilemme ? Ce soir, il le mettrait devant le fait accompli, et voilà tout. À dix-sept ans, il était grand temps qu’il prenne ses responsabilités. Son père l’avait protégé et nourri jusqu’alors ; c’était à son tour à présent.

    Tout à ses pensées, il tourna trop rapidement l’angle de la rue et déboucha sur la place du marché : une poignée d’artisans relevaient déjà les volets de leurs boutiques. Ivar ne put s’empêcher d’effleurer la petite bosse que formait l’arc derrière son épaule. Il avait l’impression qu’un seul coup d’œil le trahirait.

    Allez, avance, s’ordonna-t-il.

    Il fit le premier pas, le plus difficile, et les autres suivirent. Il traversa la place, le dos droit, l’air dégagé. Les artisans lui jetèrent à peine un regard, ce qui bizarrement lui causa une déception trouble, comme si une partie de lui-même souhaitait être arrêtée. Mais était-ce si étrange ? Ne valait-il pas mieux se faire sermonner maintenant que condamner pour vol dans quelques heures ? Il rentrerait chez lui et redeviendrait ce qu’il était : un simple apprenti forgeron et non un braconnier se faufilant sur les terres du Jarl pour lui ravir du gibier…

     

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  • [Livre] Les sœurs Carmine – T03 - Dolorine à l’école

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    Résumé : Dolorine Carmine fait sa rentrée des classes dans un pensionnat et découvre avec stupeur qu'aucun fantôme ne hante ce lieu. Miss Elizabeth, l'inquiétante institutrice, y est peut-être pour quelque chose.


    Auteur : Ariel Holzl

     

    Edition : Mnémos (Naos)

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 24 Mai 2018

     

    Prix moyen : 17€

     

    Mon avis : Encore une fois, on change totalement de ton dans ce troisième tome des sœurs Carmine. Et pour cause, si le précédent était raconté du point de vue de la sociopathe Tristabelle, ici, c’est l’innocente et naïve Dolorine, qui du haut de ses 8/10 ans nous raconte ses premiers pas au pensionnat.
    Car oui, dans ce tome, on quitte Grisaille même pour aller au fin fond des Laments dans un pensionnant isolé en pleine campagne. Déjà en temps normal, je serais plutôt sceptique à l’idée d’enfermer une bande de gamins avec des instituteurs sortis de je ne sais où sans moyen de joindre qui que ce soit, mais dans les Laments… avec tout ce qui traîne dans le coin… y’a intérêt à barder les mômes de couteaux, dagues et autres objets de premières nécessités !
    C’est assez perturbant de lire une histoire dans un registre plus enfantin que les précédentes, du fait de l’âge de sa narratrice, et de voir parler allégrement de meurtre, de mutilation, de sang et d’entrailles…
    Malgré leur jeune âge, les camarades de Dolorine sont déjà versés dans l’art du complot et de la manipulation. Ils sont aussi d’une froideur incroyable, plus intéressés par leurs biens matériels qu’à leur entourage.
    Dolorine est adorable mais d’une naïveté et d’une ignorance déconcertante. Elle comprend la moitié des mots et des expressions de travers et leur donne une signification souvent bien éloignée de la leur. Il y a une ou deux fois où il a fallu que je réfléchisse pour retrouver l’expression d’origine après qu’elle soit passée par la micro cervelle de Dolorine.
    Bien qu’on finisse par voir les trois sœurs être réunies, la quasi-absence de Merryvère et surtout de Tristabelle se fait sentir dans cet opus. L’humour grinçant et la morale toute particulière de l’aînée des Carmine m’a vraiment manqué.
    Ce tome est supposé être le dernier de la saga (oui trois sœur, trois livres, ça reste assez logique) mais j’espère vraiment qu’il y aura une suite, un dérivé, n’importe quoi, parce que je reste pleines de questions notamment sur les ambitions démesurées de Tristabelle et sur cette famille Amécrin, qui semble avoir disparue, mais dont on retrouve des traces importantes dans le sang de Dolorine. Et comme Carmine est une anagramme d’Amecrin (ou Amecrin est une anagramme de Carmine, c’est vous qui voyez), et bien, je veux en savoir plus !
    De même que j’aimerais en savoir plus sur maman Carmine et sur bébé Dram… bref, il y a tout un tas de questions sans réponses qui justifieraient amplement l’écriture d’une nouvelle histoire sur la famille Carmine !
    J’espère qu’Ariel Holzl laissera mûrir cette idée dans le bon sens !

     

    Un extrait : Monsieur Nyx aima le vieux pensionnat au premier coup d’œil. Dolorine, moins.
    Le manoir flottait au loin dans la brume, tout croulant et lugubre à souhait.
    Mais ça, ça lui plaisait bien…
    Le problème, c’était le trajet : une bonne heure de fiacre pour sortir de la ville, puis une heure de plus à travers les Laments. La longueur du voyage lui fit – enfin – prendre conscience qu’elle devrait dormir ailleurs qu’à la maison. Et, surtout, dans un autre lit que le sien. Ses rêves risquaient d’être tout chamboulés.
    Maman lui avait pourtant déjà expliqué la situation. Mais Dolorine n’avait écouté que d’une oreille, trop excitée à l’idée d’aller à l’école. La rentrée lui semblait plus mystérieuse qu’un périple vers un autre continent !
    Seulement, maintenant, Dolorine se rendait compte que les continents mystérieux, c’était pas la porte à côté. Elle allait se retrouver si loin de ses sœurs, de Maman et du bébé…
    Le nez pressé contre la vitre, la fillette serra contre elle Monsieur Nyx. Sa fidèle poupée boudait, comme souvent. Dolorine décida donc de compter les vaches.
    Il y en avait des troupeaux entiers, qui regardaient passer le fiacre en broutant l’herbe sombre. Mais comme la plupart des vaches possédaient deux têtes, Dolorine se perdit vite dans ses calculs.
    Elle se mit debout sur la banquette et colla son oreille au plafond de la voiture.
    C’était pour mieux entendre les jurons du cocher. Monsieur Nyx lui avait conseillé d’en apprendre autant que possible avant de commencer les cours.
    A son grand dam, Dolorine n’entendit que le bringuebalement des roues, les hennissements des chevaux et le claquement du fouet. La présence sur le toit de sa grande sœur Merryvère empêchait le cocher de jurer comme… disons… un « charretier » ? Ou peut-être qu’il se contentait de postillonner, à la place ? Oui, sûrement ! Maman appelait bien les cochers des « postillons », parfois…
    Dolorine ne comprenait pas encore très bien les subtilités entre ces différents conducteurs de chevaux. Mais une chose était certaine : tout ce qui sortait de leur bouche semblait tenir une importance capitale dans leur profession. En particulier, les insultes et la chique.

     

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  • [Livre] Le lac des cygnes

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    Résumé : Lorsque le prince Siegfried s’aventure en forêt ce soir-là, pour oublier les injonctions au mariage qui le pressent et le poids du royaume qui l’incombe, il s’attendait à tout sauf à croiser le chemin tortueux de l’intrigante Odette.
    Fasciné par la demoiselle et ses soeurs, prisonnières d’un antique sortilège, il voit là la quête de son existence et se fait la promesse de leur venir en aide. Mais a-t-il seulement conscience du danger qui rôde dans les bois et des ténèbres qui entourent la princesse ? Osera-t-il se confronter aux démons qui tirent les ficelles de ce jeu malsain, au risque de mettre en péril la vie d’Odette ?
    Autour d’un lac aux eaux teintées par une magie surannée, vont se jouer les destins croisés de Siegfried et d’Odette, des jeune-filles maudites, de Benno Von Sommerstern, le frère d’armes du prince mais aussi de la mystérieuse Odile qui ressemble tant à la princesse …


    Auteur : Alice Sola

     

    Edition : Magic Mirror

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 15 mars 2018

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : Depuis la création de la maison d’édition Magic Mirror, j’ai acheté toutes leurs parutions et je dois dire que celle-ci est la première à un peu me décevoir.
    Déjà, et ça, c’est complètement rédhibitoire pour moi, surtout quand le livre est édité par une maison d’édition, j’ai trouvé énormément de coquilles dans le texte : oubli de mots, de lettres, fautes d’orthographe, etc…
    L’histoire elle-même était plaisante, mais je l’ai trouvé moins travaillée que les deux précédents romans édités par Magic Mirror. En effet, malgré l’introduction de touches personnelles, telle que le palais souterrain, j’ai trouvé que cette histoire était trop proche de celle du ballet de Tchaïkovski. Certes, c’est du coup très éloigné du conte original, mais l’essentiel de la réécriture a été faite par un autre.
    Finalement, le plus gros changement qu’a fait l’auteur est justement celui qu’il ne fallait surtout pas toucher : la fin tragique, qui est ici oublié au profit d’un happy end à la Disney dont je me serais volontiers passée.
    J’ai également trouvé qu’il y avait beaucoup de longueurs qui n’apportent rien à l’histoire, comme si l’auteur avait voulu allonger artificiellement son histoire, et qu’il y avait de nombreuses scènes brouillonnes et mal amenées.
    Pour moi, cette parution n’est clairement pas à la hauteur des deux autres.
    Pour autant, tout n’est pas négatif et on décèle un énorme potentiel dans l’écriture de l’auteur. Les défauts du texte sont très probablement à mettre au compte de la jeunesse et de l’inexpérience de l’auteur qui va très certainement gagner en maturité.
    Malgré les réticences que j’ai eu en tombant sur des coquilles ou en retrouvant trop du ballet dans ce livre, je l’ai lu quasiment d’une traite car rien ne gêne au point ne serait-ce que d’envisager d’abandonner.
    Ceux qui ne connaissent pas le ballet seront enchantés par ce texte qui raconte quand même une belle histoire.

     

    Un extrait : — Siegfried, tu as fêté ta majorité, et tu sais ce que cela signifie, mon fils. Il est temps que tu assumes les fonctions qui te reviennent par la naissance. Et pour cela - nous en avons déjà discuté - il te reste encore une chose à accomplir...

    — Mère, soupira le jeune chevalier, ne nous engageons pas encore une fois dans un dialogue stérile. Vous savez que je...

    — Assez ! s'emporta la reine. Il est temps que tu comprennes ! Tu ne pourras pas te décharger de tes devoirs cette fois !

    Pour la première fois depuis longtemps, la reine perdait son calme, mais loin d'émouvoir son fils, cette déclaration lui fit bouillir le sang.

    — Vous ne pourriez être plus injuste, mère ! rétorqua-t-il sèchement. N'ai-je donc pas assez sacrifié pour nos terres ? Ne me suis-je donc pas appliqué à être un régent parfait ? Ne me forcez pas à accomplir contre mon gré l'unique acte dont je souhaite rester maître !

    La reine secoua la tête en le fusillant du regard.

    — Le royaume attend de toi que tu te maries, Siegfried. Maintenant. Tu dois cesser tes égarements nocturnes et te comporter comme un souverain. Comme ton père l'aurait fait.

    Une bouffée de fureur assaillit le jeune homme. Pourquoi sa mère ne pouvait-elle comprendre ?

    — Justement mère ! s'insurgea-t-il. Son mariage avec vous était une union d'amour ! Et c'est le respect et la confiance que vous éprouviez l'un envers l'autre qui ont rendu ces terres si belles et prospères. Je refuse d'épouser une quelconque princesse qui n'aura d'égards que pour mon titre et mon rang, acheva-t-il en soutenant le regard de sa mère. Le silence régna dans la salle un long moment après sa tirade, tandis que mère et fils se défiaient du regard. Dans un coin, Benno et ses autres amis se faisaient discrets, atrocement gênés mais guère surpris. Le sujet était une pomme de discorde depuis trop longtemps. Quant à Wolfgang et sa sage vieillesse, il attendait - tendu comme un arc - ce que la souveraine avait à annoncer. La princesse détourna finalement le regard et secoua sa tête avec lassitude, épuisée par cette douloureuse discorde avec son fils et par l'évocation de son époux adoré. Siegfried, lui, se sentait outré par cette mise en demeure. Même l'éloignement de ses amis prenait un sens ! Sa mère avait ourdi un véritable complot pour qu'il n'ait aucune marge de manœuvre pour échapper à son destin.

    — Je suis navrée mon fils, déplora-t-elle, mais je ne peux t'accorder ce que tu demandes. Il est vital pour ton avenir que tu te maries. C'est pourquoi dans cet unique but, j'ai organisé le bal de tes fiançailles le prochain jour où la lune sera pleine. Des princesses de tous horizons viendront se présenter à toi et tu devras faire un choix. Ou alors, acheva-t-elle plus durement, je le ferai pour toi.

     

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  • [Livre] Les sœurs Carmine – T02 – Belle de gris

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    Résumé : Trois semaines séparent Tristabelle Carmine du Grand Bal de la Reine. Trois semaines pour trouver la robe de ses rêves, un masque, une nouvelle paire d’escarpins… et aussi un moyen d’entrer au Palais. Car Tristabelle n’a pas été invitée. Mais ça, c’est un détail. Tout comme les voix dans sa tête ou cette minuscule série de meurtres qui semble lui coller aux talons.
    En tout cas, elle ne compte pas rater la fête. Quitte à écumer les bas-fonds surnaturels de Grisaille, frayer avec des criminels, travailler dans une morgue ou rejoindre un culte. S’il le faut, elle ira même jusqu’à tuer demander de l’aide à sa petite sœur. Car Tristabelle Carmine est une jeune femme débrouillarde, saine et équilibrée. Ne laissez pas ses rivales ou ses admirateurs éconduits vous convaincre du contraire. Ils sont juste jaloux. Surtout les morts.


    Auteur : Ariel Holzl

     

    Edition : Mnèmos

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 16 Novembre 2017

     

    Prix moyen :

     

    Mon avis : La fin du tome 1 nous laissait dans une angoisse insupportable (j’exagère un peu, mais à peine). Je ne vais pas spoiler la fin, histoire de ne pas gâcher la surprise à ceux qui ne l’on pas encore lu, mais disons que c’était un retournement de situation qui m’était un poil resté en travers du gosier.
    On s’attend donc, naturellement, à ce que le tome 2 s’empresse de nous raconter ce qu’il s’est passé après le point final du tome précédent.
    Et bien non !
    Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que si le tome 1 était raconté par Merryvère, ce tome 2 l’est par son ainée, Tristabelle, et que la demoiselle n’est pas du tout disposée à perdre son temps à raconter quelque chose qui ne la concerne pas directement et même pire, qui concerne sa sœur (bon rassurez-vous, on va quand même savoir le fin mot de l’histoire, mais Tristabelle ne va guère prendre de gants et va nous balancer la sauce de manière assez succincte).
    Si Merryvère était une poissarde à la moralité presque correcte, Tristabelle, elle, est une vraie sociopathe, qui passe la moitié de son temps à se disputer avec les voix présentes dans sa tête. Elle est tellement insupportable, hautaine, arrogante et insensible qu’elle en devient drôle.
    Toujours soucieuse d’occuper le rang qu’elle estime devoir être le sien, Tristabelle brigue le poste de dame de compagnie de la Reine de Grisaille.
    Qu’elle n’ait pas d’invitation au bal, pas d’argent pour une robe et qu’elle soit qu’une roturière alors que toutes les candidates viennent des familles nobles de Grisaille importe peu. Tristabelle n’a pas l’intention de s’encombrer de détails, ni d’obstacles d’ailleurs et, franchement, est-ce bien sa faute si lesdits obstacles tombent comme des mouches autour d’elle ?
    3 histoires, tournant autour de Tristabelle, se développent et s’entremêlent. Dans ce tome, on en apprend un peu plus sur les pères des sœurs, surtout sur celui de Tristabelle.
    Quelques chapitres sont consacrés à Merryvère, ce qui nous permet de continuer à la suivre.
    J’ai un peu regretté de ne plus avoir de pages du journal de Dolorine à lire. La fillette m’a un peu manquée. Heureusement, elle sera la narratrice du 3ème tome que j’ai vraiment hâte de lire pour retrouver ces héroïnes tout sauf convenables et conventionnelles.

     

    Un extrait : L’hiver avait transformé Grisaille en sablier glacial : les monceaux de neige qui encrassaient la Haute-Ville finissaient invariablement par crouler jusqu’à la Basse-Ville sous leur propre poids. Percés par la moindre brise, ils s’écoulaient des toits en trainées souffreteuses, fardant les hauts-de-forme des messieurs, poudrant les doublets sombres des dames qui n’avaient pas eu les moyens d’adapter leur garde-robe au changement de saison. Tristabelle Carmine se gaussait de leur déconfort, drapée d’un sourire mesquin et d’une toute nouvelle pèlerine.

    « Mesquin » ? Vraiment ?

    Le sourire s’adressait également à une ou deux privilégiées – riches en lys mais pauvres en sens pratique – parées d’atours trop clairs et trop laiteux. La neige les salissait de filaments grisâtres en s’évaporant. Inhabituel pour de la neige, certes, mais les nuages débordaient de cendres à Grisaille. Pas celles – trop denses – recrachées par les haut-fourneaux Forge-Rage ; des cendre plus fines, portées aux cieux par les cheminées des crématoriums. Les particules de glace leur offraient une nouvelle vie, plus élémentaire, presque volcanique. L’occasion de se rappeler aux pauvres diables en contrebas et de ruiner la toilette de quelques prétentieuses…

    Aux yeux de Tristabelle, ce n’était que justice : ces cocottes avaient failli à leur « devoir d’avant-garde », une notion issue tout droit de l’esprit détraqué de la jeune fille.

    « Détraqué » ? Et puis quoi encore…

    En substance, ce devoir d’avant-garde signifiait que lorsque l’on appartenait au grand monde, il fallait le prouver en toute occasion. Sinon comment le bon goût et la haute-pensée rejailliraient-ils sur les masses ignorantes, surtout dans le domaine vestimentaire ? Une promenade dans la Basse-Ville offensait déjà suffisamment de sens – l’odorat, l’ouïe, le bon sens – pour ne pas y ajouter la vue. Alors oser le blanc ivoirin pour braver les neiges de la Haute-Ville, quand une nuance de gris perle était tellement plus appropriée… Impardonnable.

    Tristabelle aurait volontiers condamné un tel impair par une petite dizaine d’années aux mines de sel, histoire de faire retenir la leçon aux contrevenantes.

    La jeune fille pressa le pas, ses talons hauts mitraillant la ruelle silencieuse malgré la pellicule de neige qui vernissait les pavés. Elle marchait comme elle respirait, parlait, vivait : avec l’arrogance d’un prédateur sur son territoire de chasse, la cruauté du félin au royaume des souris, le mépris du serpent pou… 

    Un « serpent » maintenant ?!

    Bon, ça suffit ! Vous croyez que je n’entends pas vos persiflages ?

    Vous êtes peut-être une voix dans MA tête, mais cela ne vous donne pas le droit de m’insulter ! Ni de raconter n’importe quoi à mon sujet ! Qui vous a appris les bonnes manières ?!

    Je reprends les choses en main. Libre à vous d’aller espionner la vie d’une autre si cela ne vous sied pas…

    Ah, voilà qui est mieux !

    Vous êtes toujours là ? É-vi-dem-ment. Comme si vous aviez plus intéressant à faire…

     

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  • [Livre] Les sœurs Carmine – T01 – le complot des corbeaux

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    Résumé : Merryvère Carmine est une monte-en-l’air, un oiseau de nuit qui court les toits et cambriole les manoirs pour gagner sa vie. Avec ses sœurs, Tristabelle et Dolorine, la jeune fille tente de survivre à Grisaille, une sinistre cité gothique où les mœurs sont plus que douteuses. On s’y trucide allègrement, surtout à l’heure du thé, et huit familles d’aristocrates aux dons surnaturels conspirent pour le trône.
    Après un vol désastreux, voilà que Merry se retrouve mêlée à l’un de ces complots ! Désormais traquées, les Carmines vont devoir redoubler d’efforts pour échapper aux nécromants, vampires, savants fous et autres assassins qui hantent les rues…


    Auteur : Ariel Holzl

     

    Edition : Mnémos

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 16 Mars 2017

     

    Prix moyen :

     

    Mon avis : L’univers que nous offre Ariel Holzl est sombre mais non dépourvu d’un certain humour. Dans ce monde, une monarchie du XIXème siècle baignant dans une brume permanente (d’où son nom de Grisaille). On y croise voleurs, assassins, vampires, zombies et autres joyeusetés à tous les coins de rue. 8 grandes familles, constituant la noblesse, toutes pourvues de pouvoirs spécifiques, luttent plus ou moins ouvertement pour le trône, lequel, s’il est supposé se transmettre héréditairement, est souvent vacant suite à des « accidents » opportuns. Le reste de la ville, s’il est constitué de roturiers peu préoccupés par les guerres de pouvoirs, ne s’entretue pas moins allégrement à la moindre occasion.
    Les sœurs Carmine, roturières sans pères, sont au nombre de trois. Leur mère étant une courtisane de haut vol, disparue depuis quelque temps, on se doute que leurs pères ne sont probablement pas bouchers ou croque-mort mais on n’en sait pas plus.
    L’aînée, Tristabelle, est égocentrique et narcissique et toujours préoccupée de son apparence même dans le pire des dangers. Elle possède le don certain de provoquer chez autrui d’irrépressibles envie de meurtre à son endroit.
    Merryvère, la cadette, et la narratrice de ce premier tome, est sans doute celle qui a le plus les pieds sur terre (sans jeu de mot avec son métier de monte en l’air). Elle vole pour faire vivre sa famille et pour tenter de payer leurs dettes tandis que Tristabelle semble croire que l’argent finira bien par tomber du ciel. Contrairement à la majorité des habitants de Grisaille, Merryvère n’aime pas tuer et essaie d’éviter au maximum que ce genre d’évènement désagréable ne se produise. Malheureusement pour elle, elle est le pire monte en l’air au monde, doté d’une poisse incroyable qui la suit partout et qui provoque diverse catastrophes. Merryvère se fourre sans cesse dans des pétrins inextricables.
    La plus jeune des sœurs Carmine, Dolorine, n’a que 8 ans. Elle traine partout avec elle une poupée appelée Nyx qui passe son temps à lui conseiller de tuer des gens. Capables de voir les fantômes, elle apprend toujours plein de choses en discutant avec eux, mais ça façon bien à elle de relayer les informations fait que ses sœurs ne comprenne toujours que trop tard ses avertissements.
    Malgré leur morale quelque peu vacillante, on s’attache très vite aux trois sœurs, que ce soit Merryvère que l’on suit tout au long du livre, Tristabelle qu’on découvre au travers des yeux de sa sœur qu’elle exaspère, ou Dolorine qu’on ne découvre quasiment qu’à travers les pages de son journal intime.
    La fin du livre nous laisse sur un sacré cliffhanger et je suis bien contente d’avoir déjà les tomes 2 et 3 dans ma bibliothèque et de ne pas être obligée d’attendre des mois pour découvrir la suite !
    Du côté de l’écriture, rien à redire. Le style est une vrai drogue, tout comme l’univers qui est décrit de manière à nous donner l’impression d’y être plongé.
    Ma scène préféré reste celle où une bataille est raconté minute par minute et que soudain, une information totalement inutile est donnée, cassant complètement le rythme et me provoquant un fou rire dont j’ai eu du mal à me remettre tant ce passage était absurde.
    Il va sans dire que je ne vais pas tarder à me jeter sur le tome 2 !

     

    Un extrait : À Grisaille, de la brume, il y en avait partout : parmi les ruelles scabreuses, à travers les allées malsaines, au fin fond des impasses, au pied des gargouilles, devant les vitraux des cathédrales, sous les lampes à gaz, entre les pavés toujours humides de pluie ou de sang…

    Partout !

    La cité en devenait plus sinistre qu’une morgue. Pour ne rien arranger, l’engouement de la Reine pour l’Arbor tragicus – un spécimen affreusement mélancolique de saule pleureur – ajoutait à la morosité générale. Pas étonnant alors que le taux de suicide dans les jardins publics ait fini par pulvériser tous les records, à tel point que les employés royaux ne décrochaient même plus les pendus des arbres. Ils se contentaient de vêtir les cadavres de couleurs vives et d’y épingler des guirlandes de lampions, pour leur donner un petit côté festif pendant les pique-niques ou les garden-parties.

    Presque aussi paresseuse, la brume somnolait ce matin entre le marbre des stèles. Elle ne faisait malheureusement pas briller le cimetière par son originalité.

    Mais il fallait l’excuser, la brume… Deux cent quarante-trois cimetières pour une seule ville, difficile de toujours se renouveler.

    L’aube pesante ne l’aidait guère. L’automne avait dénudé les saules, dégarni les cyprès, recouvert de corbeaux la moindre grille, la moindre branche tortueuse.

    On venait heureusement d’échapper au cliché des croassements de mauvais augure ; le TCHAC ! abrupt de la lame avait tué le récital dans l’œuf. Ou presque.

    La main qui avait lancé le poignard se prolongeait par une manche de dentelle blanche, puis une robe trop ample où flottait une jeune fille qui détestait les oiseaux. Elle leur vouait une haine strictement professionnelle cependant, qui n’était ni du sadisme ni de la cruauté. Comparée aux autres habitants, une telle déviance méritait d’être soulignée.

    Sa présence ici, en revanche, n’avait rien de remarquable : selon les naturalistes de Grisaille, les jeunes filles en robes blanches arrivaient en troisième position des espèces les plus communes dans les cimetières, juste après les corbeaux et les asticots. En voici d’ailleurs une autre, assise sur une pierre tombale, non loin de la première. Sa robe blanche tombait mieux sur elle, tout comme ses boucles auburn qui tombaient mieux jusqu’à ses épaules que les mèches courtes et blondes de la lanceuse de couteaux. Mais impossible de s’y méprendre, elles faisaient partie de la même espèce et, plus particulièrement, de la même fratrie.

     

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  • [Livre] La passe-miroir – T02 – Les disparus du Clairdelune

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    Résumé : Fraîchement promue vice-conteuse, Ophélie découvre à ses dépens les haines et les complots qui couvent sous les plafonds dorés de la Citacielle. Dans cette situation toujours plus périlleuse, peut-elle seulement compter sur Thorn, son énigmatique fiancé ? Et que signifient les mystérieuses disparitions de personnalités influentes à la cour ? Ophélie se retrouve impliquée malgré elle dans une enquête qui l’entraînera au-delà des illusions du Pôle, au cœur d’une redoutable vérité.


    Auteur : Christelle Dabos

     

    Edition : Gallimard

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 29 Octobre 2015

     

    Prix moyen : 9€

     

    Mon avis : J’ai laissé passe un mois entre ma lecture du 1er tome et celui-ci. Il faut dire que l’auteur ne cache pas que le tome 4 va se faire attendre. Alors autant prendre son temps. Le hic c’est qu’on risque d’oublier des choses entre deux lectures. Et bien, l’auteur y a pensé et, au début du tome 2, elle nous offre un rappel des points clefs du tome 1 et c’est vraiment appréciable.
    Dans ce tome, Ophélie se rebiffe et j’ai adoré voir ça. Elle en  marre qu’on la traite en fillette fragile et docile et elle commence à prendre de l’assurance. Elle prend les devants à plusieurs reprises, hausse le ton, exige des choses, bref, elle cesse d’être la petite animiste effacée que Thorn a rencontré.
    Ses interactions  avec Farouk, l’esprit de famille instable du Pôle la montre déterminée, à défaut d’être toujours sûre d’elle.
    Thorn, lui, est toujours froid et renfermé. J’ai été déçue qu’il ne se dévoile pas un peu plus et le peu qu’il dévoile arrive très tard dans le livre.
    Thorn m’a énervée a tout garder pour lui, à refuser de partager ses pensées avec Ophélie, à la repousser constamment sans aucun égard pour elle. J’aurais aimé qu’Ophélie ait des griffes de dragons comme Bérenilde pour qu’elle lui fasse une belle entaille ! Ca lui aurait appris à ce malotru !

    Malgré une présence moins importante que dans le premier tome, j’ai trouvé qu’on en apprenait finalement bien plus sur Archibald que sur Thorn. Surtout lors de la scène où l’on découvre la chambre de l’ambassadeur, qui est très révélatrice et ne laisse pas indifférent.
    La famille d’Ophélie a beau être aimante, elle est insupportable. Incapable d’appréhender une autre façon de vivre que la leur, ils passent leur temps à agir d’une manière qui m’aurait fait mourir de honte à la place d’Ophélie. Sa mère a aussi une façon de croire qu’elle peut continuer à diriger la vie de fille comme si Ophélie était encore une petite fille qui fait que, à sa place, je les aurais réexpédié sur Anima à peine ils auraient foutu les pieds au Pôle ! Retour à l’expéditeur les casse-couilles ! Mais il fat admettre qu’ils pensent souvent bien faire, même s’ils n’ont pas plus de jugeote qu’une bande de furet !
    A travers les « bribes », ces éclats de souvenirs de Farouk, on en apprend plus sur le comment de l’existence des arches et, à la fin du livre, Thorn se pose une question à laquelle je n’avais pas pensé et qui risque de bien compliquer toute cette histoire (en même temps, c’est tellement logique cette question que je me demande comment j’ai pu ne pas y penser avant).
    Dans ce tome, Ophélie attire bien malgré elle l’attention de Farouk et c’est un cadeau empoisonné qui peut apporter protection comme danger, honneur comme jalousies.
    Petit bémol : j’ai été un peu déçue par la sortie de scène du Chevalier. Je m’attendais à plus de panache pour un tel personnage. Cela dit, il reste deux tomes, il n’est pas impossible que ce sale môme n’ait pas dit son dernier mot.
    La fin est pleine de rebondissements entre l’identité du ou des responsables des disparitions, de la révélation des rôles de certains… Le plus gros rebondissement concernant, bien évidement Thorn et Ophélie.
    Je n’ai maintenant qu’une hâte : lire le prochain tome. Mais vu qu’on n’a pas toujours pas de date de sortie pour le tome 4, je vais tenter de patienter le plus longtemps possible.

     

    Un extrait : Ophélie s’avança jusqu’à l’estrade en sentant sur elle des regards si brûlants de curiosité qu’elle se demanda si elle n’allait pas finir par prendre feu. Elle ignora de son mieux le clin d’œil polisson que lui adressa Archibald depuis sa table de jeu et gravit les marches blanches de l’estrade en se concentrant sur une seule pensée : « Mon avenir va dépendre de ce qui se jouera ici et maintenant. »

    Peut-être fut-ce à cause de la nervosité que lui inspirait Thorn, de la voilette en dentelle qui l’empêchait de voir correctement, de l’écharpe enroulée à son pied ou de sa maladresse pathologique, le fait est qu’Ophélie heurta la dernière marche de l’escalier. Elle se serait étalée de tout son long si Thorn ne l’avait rattrapée au vol en lui empoignant le bras et en la rétablissant de force sur ses jambes. Ce raté n’échappa cependant à personne : ni à Berenilde dont le sourire s’était figé, ni à la tante Roseline qui avait enfoui son visage dans ses mains, ni à la côte fêlée d’Ophélie qui pulsait rageusement contre son flanc.

    Il y eut des rires à travers tout le jardin de l’Oie, mais ils furent vite réprimés quand on s’aperçut que Farouk, lui, n’avait pas l’air de trouver la situation amusante du tout. Il n’avait pas bougé d’un cheveu depuis la fin de la partie, le coude toujours sur la table, l’air profondément ennuyé, ses favorites en diamants collées à son corps comme si elles en étaient le prolongement naturel.

    Ophélie elle-même avait oublié Thorn dès l’instant où l’esprit de famille avait posé sur elle son regard indéchiffrable, aux iris d’un bleu pâle, presque blanc. En fait, tout était blanc chez Farouk – ses longs cheveux lisses, sa peau éternellement jeune, ses habits impériaux – mais Ophélie, pour sa part, ne remarqua que ses yeux. Les esprits de famille étaient impressionnants par nature. Chaque arche, à une exception près, possédait le sien. Puissants et immortels, ils étaient les racines du grand arbre généalogique universel, les parents communs à toutes les grandes lignées. Les rares fois où Ophélie avait rencontré sa propre ancêtre sur Anima, Artémis, elle s’était sentie minuscule. Ce n’était pourtant rien en comparaison de ce que lui inspirait Farouk à cet instant. Ophélie était séparée de lui par la distance protocolaire, et même ainsi, sa puissance psychique l’écrasait tandis qu’il l’observait avec une fixité de statue, sans un battement de paupières, sans un état d’âme.

    – Qui est-ce ? demanda Farouk.

    Ophélie ne pouvait pas lui reprocher de ne pas se souvenir d’elle. La seule fois où ils s’étaient croisés, c’était de loin, elle était travestie en valet et ils n’avaient pas échangé un seul regard. Elle fut déconcertée quand elle s’aperçut que la question incluait également Thorn et Berenilde, sur lesquels Farouk avait reporté ses yeux inexpressifs. Ophélie savait que les esprits de famille possédaient une très mauvaise mémoire, mais tout de même ! Thorn était le surintendant de la Citacielle et de toutes les provinces du Pôle ; en tant que tel, il avait la responsabilité des finances et d’une bonne partie de l’administration judiciaire. Quant à Berenilde, elle était enceinte de Farouk et, la veille encore, ils avaient passé la nuit ensemble.

     

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