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Fantasy/Science-Fiction - Page 6

  • [Livre] Le dernier magicien – T01 – L’Ars Arcana

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    Lecture terminée le : 04 octobre 2019

     

    Résumé : Arrêter le magicien.
    Voler le Livre.
    Sauver le futur.
    De nos jours à New York, les magiciens vivent terrés dans Manhattan, piégés par le Brink, une barrière d'énergie sombre inventée par l’Ordre. S’ils la traversent, ils perdent leur pouvoir, et souvent leur vie.
    C’est compter sans Esta, une magicienne ultra-douée qui récupère des artéfacts de l’Ordre en voyageant dans le temps. En effet, la jeune fille a le don de circuler à travers les époques. Et l’heure de sa grande mission est venue : elle doit se rendre en 1902 et empêcher un Magicien de se jeter du haut du pont de Brooklyn avec le Livre ancien contenant les secrets de l’Ordre. Esta saura-t-elle trahir le passé et ceux qu’elle aime pour sauver l’avenir ?


    Auteur : Lisa Mawell

     

    Edition : Casterman

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 19 septembre 2018

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Dans un New York où la magie existe, deux groupes s’affrontent : Les mages, qui ont de la magie en eux naturellement, et l’Ordre, qui se sert d’artéfacts pour avoir accès à la magie.
    L’Ordre veut éradiquer les mages, ils ont même créés une barrière pour les emprisonner sur l’île de Manhattan. Tout mage qui tente qui quitter l’île et de traverser la barrière est aussitôt dépossédé de sa magie. Or un magie ne survie pas à cet arrachement.
    Esta est une jeune mage du XXIème siècle. Orpheline, elle a été recueillie par un vieux mage qui l’a formée à être une voleuse exceptionnelle sans avoir à utiliser sa magie et donc, sans risquer d’être repérée par l’Ordre. A son époque, la magie est devenue une légende dans l’esprit des gens et le peu mages qui restent, ainsi que l’Ordre, continuent leur combat dans l’ombre.
    Les mages ne peuvent faire tout ce qu’ils veulent  avec leur magie. Chacun a une « affinité » qui définit son type de pouvoir.
    L’affinité d’Esta est de pouvoir naviguer sur le fil du temps.
    Elle reçoit la mission de retourner en 1902 pour y voler un livre : L’ars Arcana, qui aurait permis à l’Ordre de créer la barrière et qui est indispensable pour défaire l’Ordre.
    Mais en 1900, les choses sont bien différentes. L’Ordre règne sur la ville et mages sont réunis en clans rivaux qui se font une guerre acharnée (un peu ambiance Gang of New York).
    Je me suis énormément attachée à Esta. Elle est vraiment super cette gamine !

    Dolph n’est pas vraiment un type bien. C’est un chef de clan, plutôt amer (on peut le comprendre, il a ses raisons), qui n’hésite pas à torturer ses hommes s’il doute de leur fidélité et qui ne doit pas plus hésiter à tuer.
    Et en même temps, est ce qu’il pourrait survivre et protéger ceux qui dépendent de lui sans cette dureté ?
    Du coup, on ne peut pas dire qu’il m’ait vraiment déplu, en tout cas, il est intéressant.
    Viola aussi est difficile à cerner. Aussi affutée et tranchantes que les lames qu’elle aime à manier, elle est aussi d’une loyauté sans borne.
    Quant à Harte, je l’ai vraiment beaucoup aimé. Il refuse d’être affilié à un gang (et de perdre ainsi sa liberté) et fraye avec des membres de l’Ordre en dissimulant à tout le fait qu’il est un mage. Il joue un jeu dangereux en se produisant sur scène comme illusionniste et en cachant son affinité derrière une connaissance scientifique de son sujet (tout comme les membres de l’Ordre).
    C’est lui qu’Esta va identifier dès le début comme étant le « dernier magicien », lui que sa mission est de doubler.
    Leur histoire est tourmentée et rien d’une romance fleur bleue.
    Après autant de tension, de rebondissements et d’action, je ne m’attendais pas à ce que les derniers chapitres soient aussi dévastateurs.
    C’est comme si après avoir survécu à des turbulences et un atterrissage forcé, on se prenait un tsunami en pleine poire.
    Je ne m’attendais tellement pas à ça ! Tant de révélations qui s’imbriquent les unes dans les autres.
    L’écriture est vraiment géniale, l’univers est d’une richesse incroyable et autant dire qu’en plus de 600p, l’auteur prend tout le temps qu’il faut pour le mettre correctement en place.
    Et ce, pour mon plus grand plaisir.
    Tout cela me donne extrêmement envie de découvrir la suite, qui, heureusement, ne devrait pas trop tarder !

     

    Un extrait : Mais les meilleurs magiciens sont avant tout de bons menteurs, et ce magicien-là n’était rien moins qu’exceptionnel.

    Il baissa le bras ; le silence et le vide du pont l’enveloppèrent et la dure réalité le heurta de plein fouet. Si sa vie était une suite d’illusions, sa mort serait la plus grande d’entre elles. Car pour une fois, il n’y aurait pas d’imposture. Pour une fois, il n’y aurait que la vérité. Son ultime évasion.

    Cette pensée le fit frissonner — à moins que ce ne fût le vent glacial qui transperçait le fin tissu de sa veste. D’ici quelques semaines, le froid aurait complètement disparu.

    Il faisait le bon choix. Le printemps était une saison agréable mais l’été, entre la puanteur humide des rues, la chaleur oppressante qui régnait dans les appartements et la sueur qui perlait en permanence dans le dos... Cette façon qu’avait la ville de perdre un peu la tête dès que montaient les températures, voilà qui ne lui manquerait pas.

    Mais bien sûr, c’était un autre mensonge. Un de plus, un de moins... Il laisserait le soin à d’autres de faire le tri.

    Il pouvait encore partir, pensa-t-il alors dans un élan de désespoir. Il pouvait traverser le reste du pont, braver la Barrière. Peut-être atteindrait-il l’autre côté. Certains y parvenaient, après tout. Peut-être finirait-il comme sa mère — il ne méritait certainement pas mieux.

    Il restait une petite chance qu’il survive, auquel cas il pourrait repartir de zéro. Il connaissait assez de tours: il avait déjà changé de vie et de nom par le passé, il pouvait recommencer. Ou essayer, tout du moins.

    Non, il savait que cela ne fonctionnerait pas. Fuir n’était qu’une autre façon de mourir. Et l’Ordre, lui, n’était pas limité par la Barrière, il continuerait de le pourchasser. Un certain temps, en tout cas. Détruire le Livre ne suffirait pas. Quand l’Ordre le retrouverait — et ce n’était qu’une question de temps —, il ne le lâcherait plus jamais. L’Ordre se servirait de lui. Il serait exploité jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien du jeune homme qu’il était.

    Il préférait s’en remettre à l’océan.

    Il grimpa sur la rambarde et dut s’agripper à un câble pour garder l’équilibre contre les bourrasques violentes de ce mois de mars. Au loin, côté ville, il perçut le grondement des calèches mêlé de bribes de voix animées. L’heure n’était plus à l’hésitation.

     

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  • [Livre] Apostasie

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    Lecture terminée le : 29 septembre 2019

     

    Résumé : Anthelme croit en la magie des livres qu'il dévore. Étudiant désabusé et sans attaches, il décide de vivre en ermite et de s'offrir un destin à la mesure de ses rêves. Sur son chemin, il découvre une étrange forêt d'arbres écarlates, qu'il ne quitte plus que pour se ravitailler en romans dans la bibliothèque la plus proche.
    Un jour, au hasard des étagères, il tombe sur un ouvrage qui semble décrire les particularités du lieu où il s'est installé. Il comprend alors que le moment est venu pour lui de percer les secrets de son refuge.
    Mais lorsque le maître de la Sylve Rouge, beau comme la mort et avide de sang, l'invite dans son donjon pour lui conter l'ensorcelante légende de la princesse Apostasie, comment différencier le rêve du cauchemar ?


    Auteur : Vincent Tassy

     

    Edition : Editions du chat noir

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 04 avril 2016

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : J’ai tellement entendu parler de ce livre que je ne pouvais que l’intégrer à la PAL du Pumpkin Autumn Challenge 2019.
    L’écriture de l’auteur n’est pas vraiment mon style et j’ai eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire (vous allez rire, j’ai imaginé que le texte était lu par Guillaume Lebon, la voix française de Sherlock Holmes dans Elementary, et c’est passé comme une lettre à la poste).
    J’ai vraiment plongé dans l’histoire quand commence le récit de celle de Lavinia et Ambrosius, dans lequel se trouve justement le personnage éponyme.
    Apostasie est plus un symbole, une quête, qu’un personnage. Elle n’est que très peu présente, mais est au centre de toutes les réflexions.
    Si Anthelme m’a fatiguée avec ses questions pseudo-existentielle et que j’ai eu envie de le renvoyer dans la vraie vie à coup de pied aux fesses, si Irvine et Apholion m’ont profondément déplu tant je les ai trouvé antipathique, faux et mesquins, j’ai vraiment aimé les autres personnages, surtout Lavinia et Sarah.

    L’écriture est poétique, avec un vocabulaire recherché, parfois désuet (franchement, il faudrait que je reprenne ce livre et que je me fasse un répertoire !).
    Il y a beaucoup de descriptions, d’énumérations. C’est parfois un peu lourd, mais la plupart du temps c’est surtout très beau.
    Par contre, si le texte est poétique, l’histoire n’en demeure pas moins horrifique avec des scènes qui restent un moment en mémoire.
    Difficile d’en dire plus sans trop en dire car le livre ne fait finalement que 333 pages.
    Dites-vous que vous allez croiser de l’amour, de la haine, de l’obsession, de la folie, de la jalousie, de la lassitude, de la folie et de la rage.
    Vincent Tassy renoue avec une image très traditionnelle du vampire, très éloigné des Edward Cullen, Spike et autre Stefan Salvatore.
    Si vous en avez ras la casquette des vampires végétariens défenseurs de la veuve et de l’orphelin, et que vous n’êtes pas rebutés par les textes poétiques et oniriques : Foncez !
    (Sinon, si la poésie ce n’est pas votre truc, tournez-vous vers Morgane Caussarieu, ses vampires sont flippants aussi).

     

    Un extrait : Mon ombre.

    Ma pauvre ombre.

    Depuis le coucher du soleil, elle saigne. Et ça ne s’arrêtera plus. Mais d’où vient-il, tout ce sang ? De nulle part, sans doute. Des eaux noires d’une malédiction.

    Je ne pourrai plus sortir de chez moi, maintenant. Je m’en moque. Je vais peut-être me laisser mourir de faim. Me noyer. Est-ce que mon ombre saignera encore quand je serai mort ? Est-ce qu’elle pourra engloutir le monde ? Oui. Je crois bien. Je l’ai lu.

    On trouvera mon corps, la source de ce mal inconnu. On l’enterrera quelque part. On priera pour que des funérailles mettent fin à l’inondation. Mais le sang se répandra encore et encore ; partout dans la terre, depuis la racine poreuse de mon cercueil. Même dans l’obscurité de la tombe j’aurai toujours une ombre. Alors on étudiera les arcanes de ma dépouille pour neutraliser son fléau, on voudra me réduire en cendres, mais leurs ombres invisibles, même celles de mes chairs désintégrées, saigneront en averses éternelles. Dans des siècles, ou plus tôt, ou plus tard, mes ombres auront tout noyé.

    Je n’ignore plus les raisons de cette blessure indolore qui ne cicatrisera jamais. Ce sang, ce sang qui ne tarit pas, mon ombre ne l’aurait jamais versé si je n’avais pas été la proie des fleurs de la Sylve Rouge.

    À l’heure noire où mon ombre ruisselle je voudrais dire l’histoire des fleurs maudites, des amours maudites, des splendeurs maudites qui m’ont mené ici. Reclus dans mon taudis, à la lueur grise et fatiguée d’une ampoule nue, je voudrais une dernière fantaisie, raconter l’histoire d’Apostasie.

    Mon encre n’est pas enchantée. Mes mots n’auront pas d’énergie ; il n’y aura pas de miracle. Lorsqu’à la surface du monde il n’y aura plus que du sang, mes feuillets se ramolliront, et les souvenirs qu’ils renferment disparaîtront bêtement. C’est tout.

    Mais je dois faire vite. Bientôt, on frappera à ma porte ; ce sera quelqu’un qui passe près d’ici, et qui s’inquiète du liquide qui se faufile dans l’interstice.

     

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  • [Livre] The Wicked Deep

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    Lecture terminée le : 20 septembre 2019

     

    Résumé : C’est une histoire de vengeance... Il y a près de deux siècles, Marguerite, Aurora et Hazel Swan, trois jeunes femmes belles, libres et indépendantes, furent accusées de sorcellerie par les habitants de la ville de Sparrow. Des pierres accrochées aux chevilles, les trois sœurs furent noyées. Exécutées. Depuis ce jour, chaque année au mois de juin, les sœurs Swan sortent des eaux de la baie pour choisir trois jeunes filles, trois hôtes. Dans le corps de ces adolescentes, Marguerite, Aurora et Hazel reviennent se venger. Et cette année encore, Penny le sait, alors que les touristes afflueront, on retrouvera des cadavres de jeunes hommes sur la plage… Car cette malédiction, rien ne semble pouvoir l’arrêter.


    Auteur : Shea Ernshaw

     

    Edition : Rageot

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 24 avril 2019

     

    Prix moyen : 17,50€

     

    Mon avis : En 1822, trois sœurs, trop belles et délurées pour l’époque et pour leur bien, furent accusées de sorcellerie et, après une parodie de procès, noyées dans le port de la petite ville de Sparrow.
    Depuis, chaque année, les trois sœurs s’emparent du corps de trois jeunes filles et assouvissent leur soif de vengeance en noyant de jeunes hommes dans le port où elles ont trouvé la mort.
    L’histoire se déroule près de 200 ans après la mort des Swan Sisters, et, régulièrement, des chapitres nous racontent ce qu’il s’est passé à l’époque. Au fil du roman, on sait donc exactement comment s’est déroulé la fin de la vie de Marguerite, Aurora et Hazel Swan, et on comprend mieux leur colère. Car même si elles se sont montrées imprudentes et désinvoltes, surtout l’aînée, Marguerite, elles ne méritaient certainement pas le sort qui leur a été réservé.
    Penny est une adolescente qui vit sur une île de l’autre côté de la baie où se trouve la ville de Sparrow.
    Son père a disparu depuis trois ans, et sa mère en a plus ou moins perdu l’esprit.
    Elle croit dur comme fer à l’existence des trois sœurs et n’apprécie pas du tout le folklore créé autour de cette histoire, car elle n’oublie pas que chaque année, il y a des morts.
    Je me suis rapidement attachée à Penny. Sa situation n’a rien de facile, mais elle garde le cap, bien qu’elle s’oublie un peu trop souvent pour prendre soin des autres, notamment de sa mère.
    Même si Penny semble vraiment apprécier Bo, j’ai eu plus de mal avec ce jeune homme, et surtout avec les décisions qu’il prend. Heureusement à la fin, il remonte un peu dans mon estime.
    J’ai été tellement plongée dans cette histoire que je n’ai pas vu le temps passer.
    J’ai compris, bien avant que ce soit révélé, tout un pan de l’histoire, mais ça ne m’a pas dérangée. Au contraire, j’étais contente d’avoir bien analysé la situation et j’étais impatiente de savoir comment les choses allaient évoluer avec cet aspect-là.
    Entre le chapitre qui raconte le « procès » des sœurs Swan et la révélation « officielle » de ce que j’avais compris plus tôt, je dois dire que j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps.
    Ça faisait longtemps que je n’avais pas été aussi bouleversée par une histoire.
    L’atmosphère dans ce livre est sombre. Même si les touristes affluent pour la Swan saison, même si les jeunes de la ville organisent une fête à son début et une autre à la fin, le risque est bien réel, des jeunes hommes mourant noyés chaque année.
    Si les adultes en charge des noyades, penchent pour des suicides ou des noyades accidentelles, les jeunes de la ville développent une vraie paranoïa envers les filles, chacune étant soupçonnée de servir de « vaisseau » à une sœur Swan. La légende disant que si la fille possédée est tuée, la sœur qui la possède mourra aussi, on peut dire que la situation pourrait rapidement devenir explosive.
    L’univers est d’une complexité que l’on n’imagine pas au premier abord. Tout se dévoile naturellement au fil des chapitres.
    J’ai trouvé la fin douce-amère, mais je n’en aurais pas voulu d’une autre. Elle est parfaite, même si elle est un peu mélancolique.
    En tout cas, je note Shea Ernshaw dans la liste des auteurs à ne pas perdre de vue.

     

    Un extrait : La veille de l’ouverture de la Swan Season m’a toujours pesé. C’est comme un nuage noir dont je ne peux me dégager.

    Savoir ce qui se prépare, la mort qui s’approche doucement et s’empare de la ville comme le destin, grattant à la porte de chaque magasin, de chaque maison… Je le sens dans l’air, dans les embruns de la mer, dans les espaces vides entre les gouttes de pluie. Les Swan Sisters arrivent.

    Toutes les chambres des trois bed and breakfast de la baie sont réservées pour les trois prochaines semaines, jusqu’à la fin de la Swan Season – à minuit le jour du solstice d’été. Les chambres avec vue sur la mer partent au double du prix des autres. Les gens aiment ouvrir leurs fenêtres et sortir sur leur balcon pour écouter l’appel lancinant des Swan Sisters qui chantent au loin dans le port.

    Une poignée de touristes en avance sont déjà arrivés et traînent leurs bagages dans les bed and breakfast, ou prennent des photos du port. Ils demandent où trouver le meilleur café, ou un bon bol de soupe bien chaude, parce que c’est toujours lors de leur premier jour en ville qu’ils ont le plus froid – froid qui s’insinue entre les os pour ne plus vous quitter.

    Je déteste cette période de l’année, comme la plupart des locaux. Mais ce n’est pas l’afflux de touristes qui me dérange : c’est l’exploitation, le spectacle qu’on fait d’une saison qui est en réalité une malédiction pour cette ville.

    Arrivée sur le quai, je jette mon sac sur une des banquettes en bois du skiff. Dans la peinture blanche, des éraflures et des coups ponctuent tout le côté tribord, comme du morse. Mon père repeignait le skiff tous les printemps, mais le bateau a été négligé ces trois dernières années. Depuis que mon père a disparu quelque part en mer, des fois, je me sens comme cette coque : écorchée, cabossée, abandonnée à la rouille.

     

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  • [Livre] Four dead queens

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    Lecture terminée le : 20 juin 2020

     

    Résumé : Keralie, la plus habile voleuse des quatre royaumes, vole un jour ce qu’elle n’aurait jamais dû voler. En touchant l’objet dérobé, elle voit ce qu’elle n’aurait pas dû voir : les quatre reines de Quadara ont été assassinées. Mais la jeune fille compte bien tirer profit des informations qu’elle possède en les échangeant contre une récompense au Palais…

    À condition d’y parvenir. De tromper Varin, le ténébreux (et séduisant) jeune Éonien auquel appartient l’objet volé. De semer Mackiel, le malfrat qui lui a tout appris avant de se retourner contre elle. Et surtout, d’arrêter le meurtrier.

    Une course contre la mort commence pour Keralie.


    Auteur : Astrid Scholte

     

    Edition : Casterman

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 03 Juin 2020

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Quadara est un royaume séparé en quatre quadrants, chacun dirigé par une reine. Des règles très strictes, les « lois des reines », encadrent la manière dont est dirigé Quadara et ce pour éviter que le royaume de replonge dans la guerre civile.
    Certaines de ces lois des reines m’ont parue injustes, inutiles et même cruelles. Sentiments que semblent partager certaines des reines, d’ailleurs.
    Loin, très loin du palais, on fait la connaissance de Keralie, une jeune voleuse issue d’une famille de pêcheurs assez pauvre.
    Contrairement à beaucoup d’héroïne de livres, Keralie est voleuse par choix, parce qu’elle refusait de vivre la même vie que ses parents.
    Mais le vol de la cargaison d’un messager, Varin, vol qui semblait anodin, va la projeter au cœur d’une véritable intrigue policière.
    La quatrième de couverture ne nous prépare absolument pas au sac de nœuds dans lequel vont être expédiés les personnages.
    La construction de ce roman n’est pas vraiment linéaire. La temporalité est un peu floue et le roman est à multiples voix dont chacune semble avoir son propre rythme.
    Pour autant, il n’y a pas de difficulté pour suivre l’histoire (bon, je ne dis pas qu’on ne se pose pas quelques questions de temps en temps…)
    Mais surtout, rien, absolument rien, ne pouvait me préparer au retournement de situation qu’offre ce livre.
    Je m’attendais bien à un retournement de situation mais j’étais partie dans une toute autre direction (mais ça aurait pu ! Ce n’était pas complétement tiré par les cheveux !).
    Mais bon, clairement, je me suis faite totalement balader et je n’aurais pas pu être plus à côté de la plaque que ça.
    La lecture va très vite et le rythme ne retombe jamais. Même dans les moments moins intenses, on apprend tout un tas d’informations utiles (et pour moi, les infos, c’est du rythme).
    Je me suis méfiée de beaucoup de monde (de vraiment beaucoup de monde) et, comme pour le retournement de situation, j’étais complètement et totalement à côté de la plaque.
    J’ai vraiment adoré ce roman. C’est un vrai coup de cœur. Il n’y a rien qui m’ait déplu ou qui m’ait déçue dans ce livre. Dès que j’ai commencé, je n’ai plus pu le lâcher et arrivée vers la fin, j’ai carrément fait une quasi-nuit blanche pour le terminer.
    Et en plus, pour ne rien gâcher, il s’agit d’un one shot. C’est un détail que j’ai beaucoup apprécié car d’une part, je n’ai pas toujours envie de m’embarquer pour plusieurs tomes, et d’autre part, j’ai parfois l’impression que les auteurs ne sont plus capables de construire une histoire complète en plus ou moins 700 pages.
    J’ai donc été ravie que ce soit le cas ici !

     

    Un extrait : Inconfortablement installée sur son trône, Iris changea de position pour réarranger ses épais jupons. Coulant à flots à travers le plafond bombé, le soleil de midi illuminait le cadran doré placé juste en contrebas. Il était orné des armoiries de la nation de Quadara, avec des arêtes épaisses pour matérialiser les murs qui divisaient le pays. Au centre, un globe d’ambre réfléchissait la lumière, éclairant ainsi les inscriptions gravées dans le marbre de la salle des trônes. Elles rappelaient à chacune des reines, ainsi qu’à celles et ceux qui assistaient à une audience royale, les relations autorisées entre les quadrants, ainsi que les règles strictes auxquelles les reines devaient se conformer : les Lois des Reines. Alors que le territoire de Quadara demeurait divisé, les reines, elles, régnaient au sein de la même cour, leurs quatre trônes formant un cercle autour du cadran. Ensemble, mais séparées. Chacune d’entre elles faisait face à la section correspondant à son territoire. Le visiteur suivant d’Iris quitta le paravent qui isolait les reines du public. La souveraine jeta un coup d’œil à Marguerite, l’une de ses sœurs de règne, qui était assise à côté d’elle. Celle-ci haussa un sourcil, amusée, quand l’homme fit la révérence en s’inclinant si bas qu’il effleura presque le marbre poli à ses pieds. Il se tenait sur les armoiries d’Archia : une île à dominante agricole bordée de feuillages et de fleurs, avec un cerf au sommet d’une montagne, le tout cerclé par d’énergiques tourbillons dorés. Aujourd’hui âgée de trente ans, Iris n’avait pas revu Archia depuis douze ans. Mais aussi longtemps qu’elle vivrait, jamais elle n’oublierait l’air vif, les forêts profondes et les collines ondoyantes de sa terre natale. Même quand il se redressa, l’homme n’osa pas croiser le regard de la reine. Cela était dommage pour lui, parce qu’elle avait de très jolis yeux. — Ma Reine, commença-t-il d’une voix tremblante. Parfait, pensa Iris. Elle mettait un point d’honneur à ce qu’on la craigne – une quête chronophage, mais qui en valait la peine. Elle savait que son quadrant, Archia, pouvait être considéré comme le moins redoutable des quatre. Ses habitants, méfiants envers ce qui relevait des avancées technologiques, restaient en général dans leur coin, traversant rarement le détroit qui les séparait du continent. Les Archiens se concentraient sur le travail physique et sur un seul objectif : mener une existence qui, bien que modeste, pouvait être considérée comme une bonne vie.

     

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  • [Livre] Les arcanes d’Hemera – T01

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    Lecture terminée le : 15 septembre 2019

     

    Résumé : « Croyez-vous en une vie après la mort, mademoiselle Rivière ? »

    C’est un discours pour le moins intrigant que tient le directeur adjoint de l’Organisation à Allyn, après lui avoir fortement conseillé de le suivre dans un lieu mystérieux.

    D’après lui, Allyn possèderait le même don qu’Axel, son frère défunt, à savoir celui de circuler dans un monde parallèle… mais dans quel but ?

    Tout cela la laisse perplexe. Même si depuis deux mois elle vit une situation pour le moins surprenante, ce n’est pas pour autant qu’elle va croire en ce genre de choses.

    Et pourtant…

    Entraînée par le flot de révélations et le désir d’en apprendre plus sur son frère, elle doit se rendre à l’évidence, l’Organisation et la mission qui lui est confiée semblent bien réelles ! Et presque tous comptent sur elle pour reprendre le poste qu’Axel a laissé vacant.

    Allyn va donc se retrouver confrontée à un univers dont elle ignorait l’existence, et devoir supporter un coéquipier lunatique qui refuse de travailler avec elle pour une raison encore obscure…


    Auteur : Elyna E.C.

     

    Edition : Inceptio

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 12 septembre 2018

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Alerte coup de cœur !

    J’ai ce livre depuis début janvier 2019 et Dieu seul sait pourquoi il m’a fallu 9 mois pour le sortir de ma PAL (qui as dit « en même temps, t’as vu la taille de ta PAL ? »)

    Le début m’a agacée. J’avais envie de foutre des baffes à ce crétin de Fortin, le directeur adjoint de l’Organisation (oui, bon, ok, ce point précis n’a guère changé au fil de ma lecture).
    Et puis… et puis Allyn, notre héroïne têtue comme une bourrique, plonge dans un livre… et là, c’en était fini de moi ! J’étais accro !
    Alors vous pensez bien que quand on plonge dans les Affres, ce monde où l’Organisation fait ses missions, rien ni personne n’aurait plus pu me sortir de ce livre (sauf l’épuisement, lui, il a réussi quelques heures. Mais là, c’est de la prise en traître !).
    Le fait qu’Allyn ne connaisse rien de ce monde-là nous permet de le découvrir avec elle et donc de ne pas être perdu (enfin pas plus que le personnage principal, en tout cas).
    Les circonstances qui entourent la mort des parents d’Allyn, tout comme celles qui entourent la mort de son frère, Axel, sont assez nébuleuses et ne se révèlent que petit à petit.
    Ce dernier drame semble d’ailleurs être le point d’apparition, du moins aux yeux d’Allyn, de Maël, son « fantôme de compagnie ». Si au début il semble être un fantôme normal (si j’ose dire), très vite, j’ai eu l’impression qu’il cachait pas mal de choses. Je l’aime bien cela dit, même si ses crises de jalousie sont un peu pénibles.

    Allyn présente quelques capacités qui la distinguent des autres mais, comme elle ne semble pas les maîtriser du tout, on ne peut pas vraiment dire qu’elles lui permettent de s’élever au-dessus du lot.

    Et sinon, on en parle de Lucas ? Ancien équipier d’Axel, qui devient l’équipier d’Allyn, de toute évidence à contrecœur, j’ai eu très sérieusement envie de lui taper la tête contre un mur (crépis de préférence) jusqu’à ce qu’il nous crache enfin ce qu’il a sur le cœur ! Non vraiment, faut qu’il se détende ce garçon ! Parce que souffler le chaud et le froid comme ça, c’est usant pour les nerfs ! Surtout les nôtres !

    Si je ne savais pas qu’il s’agit là d’un premier roman, je ne l’aurais jamais deviné tant il est dépourvu des défauts qu’on rencontre généralement dans ces ouvrages.
    Il est vraiment abouti, et si je ne sais pas quel est le travail éditorial fait dessus, je remarque néanmoins que beaucoup de grosses maisons d’édition (qui en plus vendent leurs livres plus chers) n’atteignent pas cette qualité.
    Pour en revenir au livre, j’ai vraiment tout aimé, que ce soit l’histoire ou les personnages.
    D’ailleurs l’auteur se laisse aller à de très nets penchants sadiques avec eux. Elle ne leur épargne rien (non mais des clowns quoi !).
    Quant à la fin… la fin !!
    Bon sang ! Même si j’ai engueulé l’auteur (qui s’est honteusement déchargé sur sa maison d’édition à ce sujet), j’ai bien aimé cette fin. Surtout parce que j’ai déjà le tome 2 et que je ne vais donc pas attendre longtemps pour connaitre la suite !

     

    Un extrait : - Allo la Terre, tu es parmi nous ?

    Bien qu’il sût pertinemment qu’Anna détestait qu’on la dérange dans ce genre d’occasion, Axel ne put résister à la tentation de la bousculer pour lui faire rompre le contact avec la pierre froide.

    - Axel ! Espèce d’idiot ! tu m’as fait peur.

    - Et toi aussi tu fais flipper, tu décroches de là parfois ?

    - Pour faire quoi ?

    A cette question pleine de bon sens, Axel fut incapable d’apporter une réponse.

    - Ca tombe bien que tu sois là, ajouta-t-elle en baissant les yeux vers la pelouse verdoyante, j’ai quelque chose à te montrer.

    - Dois-je me méfier ?

    - Ca risque de ne pas te plaire.

    Axel réprima un grognement.

    - Je te vois venir… Anna, si c’est encore pour plaider la cause d’Aldrik, laisse tomber, ça n’en vaut pas la peine. Tu sais bien que je ne…

    - Je ne te ferais pas cet affront, Axel, le coupa-t-elle. Et je suis très sérieuse, viens voir ça.

    Le front plissé, Axel étudia l’expression figée de son amie lorsqu’elle pivota face au dolmen afin d’y reposer sa paume. Il n’était pas, pour sa part, très familier avec cet instrument. Ce dernier exigeait une sacrée maîtrise, non pas physique, mais mentale ; car il était toujours difficile de se confronter au monde des vivants tout en en étant soi-même privé pour l’éternité.

    - Anna… Je sais que tu adores ce truc, mais sérieusement, ce sera sans moi.

    - Reste !

    Le cri qu’elle laissa échapper attisa sa curiosité. On pouvait qualifier Anna de bien des façons, mais l’hystérie n’en faisait pas partie.

    - Ils cherchent à te remplacer, Axel, articula-t-elle avec difficulté. Je crois que tu devrais voir ça.

     

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  • [Livre] Horizons – T02 – Déroute et des ruines

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    Lecture terminée le : 03 septembre 2019

     

    Résumé : Du sang et des larmes. C'est tout ce que Xalyah aura obtenu sur la Grand-Place d'Orléans, en plus d'une balle dans le ventre. Alors que la mort aurait dû la faucher, Khenzo en a décidé autrement, veillant sur elle sans relâche. Anéantie par la terrible désillusion qui l'a frappé, la jeune femme va devoir s'accrocher à un ultime espoir pour survivre; celui de retrouver la personne qui manque à l'appel. Panser ses plaies, se relever et repartir ne lui aura jamais paru si difficile. La différence étant qu'aujourd'hui, elle n'est plus seule. Xalyah est néanmoins loin d'être arrivée au bout de ses surprises, tandis que, dans l'ombre, se prépare l'avenir de la France.


    Auteur : Lysiah Maro

     

    Edition : Inceptio

     

    Genre : Science-Fiction

     

    Date de parution : 11 février 2019

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Le tome 2 reprend très exactement où se termine le tome 1, au point que cet opus commence au chapitre 15.
    Bon j’avoue, je me suis lancée dans cette lecture avec tant d’enthousiasme que je ne me suis pas rendue compte que l’histoire commençait au chapitre 15 (c’est Manon, de la chaine vibration littéraire, qui me l’a fait remarquer).
    Après ce qui est arrivé à sa famille, Xalyah n’a plus d’objectif à suivre (enfin, d’objectif raisonnable, pas d’idée complétement folle et suicidaire). Et pourtant, elle évoque un « il » qui semble avoir peut être échappé au massacre.

    Elle est toujours aussi obstinée et plus sa carapace se craquelle, ce qui n’est guère étonnant vu ce qu’elle a subi, plus elle repousse les autres, de peur de s’attacher.
    Au fil des rencontres, on se rend compte que ceux qui s’estiment légitime pour diriger le pays sont tout fait du même bois.

    J’ai trouvé que ceux qui organisent la résistance sont aussi méprisables que les sbires de Macrélois ou que l’autre organisation qui lui dispute le contrôle du territoire.

    J’adore Xalyah. Contrairement à d’autres héroïnes de romans du même genre, elle ne fait pas de compromis quand ils ne lui conviennent pas. Quitte à en prendre plein la tête, elle reste fidèle à ses convictions.

    Plusieurs personnages m’ont vraiment énervée et en tête de liste Xavier et le général qui commande la résistance (auto-proclamé chef de la résistance, d’ailleurs).
    Dans ce tome, on en apprend aussi plus sur le passé de Xalyah et notamment sur ce qu’il lui est arrivé quand elle a été séparée de sa famille.
    Même si on les voit peu de temps, j’ai beaucoup aimé Lisa et Henri. La petite communauté dans laquelle ils vivent est la seule à ne pas imposer de règles absurdes dans le seul but de se donner de l’importance (Genre Madeline et Yessen).
    Pour Khenzo, je suis toujours mitigée. Il est très serviable ce garçon, mais il veut modeler Xalyah pour qu’elle soit conforme à ce qu’il juge bien et j’ai eu plus d’une fois envie de lui péter les dents.

    Je n’irais pas jusqu’à dire que j’avais vu venir la fin, mais entre le caractère de Xalyah et ce qu’elle se prend dans la tête, ça parait quand même logique.
    Par contre, je n’ai pas, mais alors absolument pas confiance en la personne à qui elle s’en remet pour l’aider dans son projet.

    Xalyah a pris un risque en se fiant à cette personne et j’ai peur que ça lui revienne dans la tête façon boomerang.

    Heureusement, je n’aurais pas trop à attendre pour le savoir car j’ai lu ce tome peu de temps avant la sortie du tome 3 qui est dûment précommandé !

    Je serais donc vite fixée !

     

    Un extrait : L’aube vient de se lever et Khenzo m’attend, assis en travers de la porte d’entrée, à l’abri du vent. Surprise de voir qu’il ne m’a pas abandonnée comme il aurait été en droit de le faire après la façon dont je me suis comportée avec lui, je reste immobile. Tout en le dévisageant en silence, je plaque une main sur mon flanc pour endiguer la douleur qui irradie toujours de ma plaie par balle. Si seulement il n’y avait que cette douleur qui me fasse souffrir…

    - tu as pris ta décision à ce que je vois, déclare-t-il d’une voic qui ne laisse transparaître aucune émotion.

    - Excuse-moi, murmuré-je, penaude.

    - C’est déjà fait.

    Il se relève et s’avance vers moi en me tendant une pomme :

    - Mange.

    Un peu décontenancée, je continue à le scruter. Il n’était pas obligé de me repêcher dans ce fleuve. Il n’était pas obligé de me retirer cette putain de balle et de me recoudre pour que je ne me vide pas de mon sang. Il était encore moins obligé de veiller sur moi plusieurs jours. Mais il l’a fait, et je ne lui ai même pas dit merci. Non, je ne suis pas foutue de lui dire ce simple mort qu’il mérite pourtant amplement. Pour reprendre contenance, j’attrape le fruit juteux qu’il me tend et me concentre dessus.

    - Où as-tu trouvé ça ?

    - On s’en fout, répond-il un peu brusquement. Mange-la, c’est tout.

     

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  • [Livre] Dry

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    Lecture terminée le : 15 août 2019

     

    Résumé : Avez-vous déjà eu vraiment soif ?

    La sécheresse s'éternise en Californie et le quotidien de chacun s'est transformé en une longue liste d'interdictions : ne pas arroser la pelouse, ne pas remplir sa piscine, limiter les douches...

    Jusqu'à ce que les robinets se tarissent pour de bon. La paisible banlieue où vivent Alyssa et sa famille vire alors à la zone de guerre.

    Soif et désespoir font se dresser les voisins les uns contre les autres. Le jour où ses parents ne donnent plus signe de vie et où son existence et celle de son petit frère sont menacées, Alyssa va devoir faire de terribles choix pour survivre au moins un jour de plus.


    Auteur : Neal & Jarod Shusterman

     

    Edition : Robert Laffont (R)

     

    Genre : Science-Fiction

     

    Date de parution : 22 Novembre 2018

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : J’ai la faucheuse depuis sa sortie, mais c’est finalement avec Dry que je découvre la plume de Neal Shusterman.

    Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce roman a un côté flippant non négligeable, sans doute parce que la réaction des uns et des autres face à une catastrophe de ce type est totalement crédible.

    Le côté « loi martiale » est également crédible quand on voit la tendance des USA à faire intervenir l’armée à tout bout de champs.
    Après le début et la fin m’ont paru un peu rapide. J’aurais aimé plus d’explication, plus de développement sur ces moments-là.
    J’ai beau savoir qu’on peut mourir après seulement 3 jours sans boire, j’ai trouvé que la situation dégénérait à grande échelle vraiment très vite et qu’à contrario, le gouvernement prenait vraiment beaucoup de temps pour intervenir.
    Quant au retour à la normale, je l’ai trouvé un peu abrupt.
    J’ai beaucoup aimé les personnages principaux (Alyssa, Garrett et Kelton) parce qu’ils ne sont pas des « guerriers » qui ont réponse à tout et qui ne sont pas « badass » comme on dit.
    Non, parce qu’il faut arrêter de déconner, les ados de 16 ans sont plus comme Alyssa que comme Tris dans Divergente ou Katniss dans Hunger Games, n’en déplaise aux dits ados.
    Alors oui, ils commettent des erreurs, et des belles, ils se découragent, ils se fourrent dans des situations pas possibles, et c’est tout à fait normal car ce ne sont que des enfants qui ont eu des vies plutôt protégées, même Kelton, malgré son survivaliste de père.
    Jacqui est un peu plus débrouillarde car plus âgée et surtout ayant vécu une vie nettement moins protégée. Pour autant, elle n’a pas autant de ressources qu’elle le prétend et elle exagère beaucoup ses capacités criminelles.

    Le roman porte beaucoup sur la consommation d’eau et l’avenir de la planète. Il est évidement que le réchauffement climatique est un problème sérieux qui pourrait bien conduire à ce genre de pénurie, mais dans ce cas précis, j’ai trouvé que le plus gros problème venait de l’attitude des gens face à la crise.
    Dans une moindre mesure cela me fait penser aux pénuries d’essence lors des grèves de routiers. Si les gens ne s’étaient pas rué sur les stations-services, parfois pour faire l’équivalent de plusieurs pleins grâce à des bidons, le réapprovisionnement, tout ralentit qu’il soit, aurait été suffisant. Là c’est la même chose. Les gens se ruent sur les magasins et raflent le plus de bouteilles d’eau possible, boivent sans précaution (quand ils ne se lavent pas avec), parfois plus qu’ils ne boivent en temps normal… si tout le monde avait gardé son calme, acheté le strict nécessaire et s’étaient rationnés un minimum, il y aurait sans doute eu moins de victimes.
    Bien entendu, si la pénurie est généralisée au niveau mondial, là, je suis bien d’accord, on est foutu !

    Ce roman était addictif, au point que je l’ai lu en seulement quelques heures.
    Mais j’avoue qu’il m’a donné très soif !

     

    Un extrait : Maman s’est déplacée. Elle se tient maintenant sur le seuil du salon, immobile, la gamelle du chien dans la main gauche. Un frisson me parcourt, et je ne saurais dire pourquoi.

    — Qu’est-ce qu’il y a de si important pour que tu me déranges en pleine séance de…

    — Chut ! l’interrompt maman.

    Ça lui arrive rarement de dire à papa de se taire. À Garrett et moi, oui, toute la journée. Mais mes parents ne font jamais ça entre eux. C’est une règle tacite.

    Elle regarde la télé, où la présentatrice du journal télévisé évoque la « crise de l’eau ». C’est ainsi que les médias en parlent depuis que les gens en ont eu assez d’entendre rabâcher le mot « sécheresse ». Un peu comme le « réchauffement climatique » devenu le « changement climatique », et le terme « guerre » remplacé par le mot « conflit ». Maintenant, ils ont trouvé une nouvelle formule. Une nouvelle étape dans le drame qui touche nos ressources en eau. On parle désormais de « Tap-Out », pour faire référence à l’eau qui ne coule plus des robinets.

    Oncle Basil émerge de son nuage de vapeur un instant.

    — Qu’est-ce qui se passe ?

    — L’Arizona et le Nevada viennent de se retirer de l’accord sur l’approvisionnement en eau, lui apprend maman. Ils ont fermé tous les barrages sous prétexte qu’ils ont eux-mêmes besoin de l’eau.

    Autrement dit, le fleuve Colorado n’atteindra plus la Californie.

    Oncle Basil s’imprègne de la nouvelle.

    — Ils ferment le fleuve comme s’il s’agissait d’un vulgaire robinet ! Ils ont le droit ?

    Mon père hausse un sourcil.

    — Ils viennent de le faire.

     

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  • [Livre] La passe-miroir – T03 – La mémoire de Babel

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    Lecture terminée le : 29 juillet 2019

     

    Résumé : Après deux ans et sept mois à se morfondre sur l'arche d'Anima, Ophélie a décidé d'agir. Sous une fausse identité, Ophélie rejoint Babel, arche cosmopolite et joyau de modernité. Ses talents de liseuse suffiront-ils à déjouer les pièges d'adversaires toujours plus redoutables ? A-t-elle la moindre chance de retrouver la trace de Thorn ?


    Auteur : Christelle Dabos

     

    Edition : Gallimard

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 01 juin 2017

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : J’ai tenu le plus longtemps possible avant de craquer et de lire ce troisième tome.
    Il faut dire qu’avec l’annonce de la sortie du tome 4 pour novembre 2019, il était clair que je n’allais plus réussir à repousser cette lecture plus longtemps (en plus comme le 4, c’est le dernier tome, je pourrais me jeter dessus dès sa sortie dans scrupules ni remords).
    Dans ce 3ème tome, on se retrouve près de 3 ans (2 ans et 7 mois pour être précis) après l’évasion de Thorn de sa prison et le rapatriement forcé d’Ophélie sur son arche sous les doyennes.
    Ophélie s’ennuie et s’étiole. Après avoir vu son musée dépouillé de tout ce qui a trait à la guerre, elle refuse d’y remettre les pieds. Depuis, elle ne sort de chez elle que si on l’y force et est rongé d’inquiétude pour son ours de mari.
    Mais Ophélie ne va pas rester bien longtemps à se morfondre sur son arche. Avec un petit coup de pouce extérieur, elle fausse compagnie à ces saletés de doyennes et décide de partir seule à la recherche de Thorn tandis que sa tante et marraine, elle, rejoint le pôle.
    La chose qui frappe chez Ophélie, c’est son désir de grandir, de sortir de sa coquille, malgré son manque de confiance en elle que sa maladresse et le mode de vie sur Babel ne va pas arranger.
    Si je devais résumer Babel en un mot, ce serait « hypocrisie ».
    Tout est extrêmement codifié, de la couleur des vêtements au langage à employer, les interdits sont nombreux, notamment tout ce qui parle de la guerre est interdit. Mais sous le vernis : égocentrisme, élitisme, menaces, voire violence cachée… franchement pas un endroit où on a envie de vivre.
    Les personnages secondaires sont moins présents que dans les autres tomes, ou plutôt, on est tellement en symbiose avec Ophélie que les personnages secondaires semblent moins importants.
    Les esprits de famille, les jumeaux Pollux et Hélène, sont aussi différent l’un de l’autre que Farouk l’est d’Artémis. Pour autant ils sont intéressants.
    J’ai bien aimé Ambroise, que j’aurais aimé voir plus, et j’ai fini par apprécier Octavio, qui pourtant m’agaçait beaucoup au départ.
    Dans ce tome, on en apprend un peu plus sur Dieu, mais on ne sait toujours pas s’il est une menace ou si ses intentions sont plus positives que ses méthodes.
    Parallèlement à l’histoire d’Ophélie sur Babel, on fait quelques incursions au pôle où, outre les manigances d’Archibald, on rencontre Victoire, la fille de Farouk et Bérénilde. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette petite est digne d’intérêt et j’ai hâte de voir son évolution dans le 4ème tome.
    Bien entendu, Thorn va être présent dans ce tome. Il réussit l’exploit de paraitre à la fois plus froid et distant et plus ouvert.
    Avec lui, Mme Thorn ne va pas s’ennuyer tous les jours, c’est moi qui vous le dit (mais qu’est-ce que j’aime les voir ensemble ces deux-là).
    Ce tome fait vraiment avancer l’histoire. Il répond à certaines questions mais en pose d’autres et l’auteur va avoir fort à faire pour répondre à tout ça et dépatouiller Ophélie et Thorn de l’océan de galères dans lequel elle les a allégrement plongés.
    Autant vous dire que je vais compter les jours jusqu’à la sortie du 4ème et dernier tome.

     

    Un extrait : L’horloge fonçait à toute allure. C’était une immense comtoise montée sur roulettes avec un balancier qui battait puissamment les secondes. Ce n’était pas tous les jours qu’Ophélie voyait un meuble de cette stature se précipiter sur elle.

    – Veuillez l’excuser, chère cousine ! s’exclama une jeune fille en tirant de toutes ses forces sur la laisse de l’horloge. Elle n’est pas si familière d’habitude. À sa décharge, maman ne la sort pas souvent. Puis-je avoir une gaufre ?

    Ophélie observa prudemment l’horloge dont les roulettes continuaient de crisser sur le dallage.

    – Je vous mets du sirop d’érable ? demanda-t-elle en piochant une gaufre croustillante sur le présentoir.

    – Sans façon, cousine. Joyeuses Tocantes !

    – Joyeuses Tocantes.

    Ophélie avait répondu sans conviction en regardant la jeune fille et sa grande horloge se perdre dans la foule. S’il y avait un événement qu’elle n’avait pas le cœur à fêter, c’était bien celui-là. Assignée au stand de gaufres, au beau milieu du marché artisanal d’Anima, elle n’en finissait pas de voir défiler des pendules à coucou et des réveille-matin. La cacophonie ininterrompue des tic-tac et des « Joyeuses Tocantes ! » se répercutait sur les grandes vitres de la halle. Ophélie avait l’impression que toutes ces aiguilles tournaient uniquement pour lui rappeler ce qu’elle n’avait pas envie de se rappeler.

    – Deux ans et sept mois.

    Ophélie observa la tante Roseline qui avait jeté ces mots en même temps que des gaufres fumantes sur le présentoir. À elle aussi, les Tocantes donnaient des idées noires.

    – Crois-tu que madame répondrait à nos lettres ? siffla la tante Roseline en agitant sa spatule. Ah, ça, je suppose que madame a mieux à faire de ses journées.

    – Vous êtes injuste, dit Ophélie. Berenilde a probablement essayé de nous contacter.

    La tante Roseline reposa sa spatule sur le moule à gaufres et s’essuya les mains dans son tablier de cuisine.

    – Bien sûr que je suis injuste. Après ce qui s’est passé au Pôle, ça ne m’étonnerait pas que les Doyennes sabotent notre correspondance. Je ne devrais pas me plaindre en ta présence. Ces deux ans et sept mois ont été encore plus silencieux pour toi que pour moi.

    Ophélie n’avait pas envie d’en parler. Le simple fait d’y penser lui donnait l’impression d’avoir avalé les aiguilles d’une horloge. Elle s’empressa de servir un bijoutier, paré de ses plus belles montres.

    – Eh bien, eh bien ! s’agaça-t-il lorsque ses montres se mirent toutes à claquer frénétiquement du couvercle. Où sont passées vos bonnes manières, mesdemoiselles ? Vous voulez donc que je vous ramène à la boutique ?

    – Ne les grondez pas, dit Ophélie, c’est moi qui leur fais cet effet. Du sirop ?

    – La gaufre suffira. Joyeuses Tocantes !

    Ophélie regarda le bijoutier s’éloigner et reposa sur la table la bouteille de sirop qu’elle avait failli renverser.

     

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  • [Livre] Ash princess

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    Lecture terminée le
    : 27 juillet 2019

     

    Résumé : Theodosia avait six ans quand son pays a été attaqué, et quand sa mère, la reine du Feu, a été assassinée sous ses yeux.

    Dix ans ont passé. Dix ans à vivre sous le joug du Kaiser, ses tortures incessantes, son régime de terreur. Dix ans qu’elle n’a pas prononcé son véritable nom. Theodosia s’appelle maintenant Thora, princesse de Cendres.

    Le jour où le Kaiser la force à exécuter son dernier allié, celui qu’elle voit comme son unique chance de survie, Theodosia ne peut plus ignorer sa rage vengeresse. Elle se lance dans une intrigue où la séduction cache des crimes de sang, où les amitiés ne servent plus qu’à une chose : regagner son pouvoir.

    Incapable de déterminer à qui elle peut vraiment se fier, Theodosia va apprendre jusqu’où elle est prête à aller pour venger sa mère, regagner son peuple et reprendre son titre de reine.


    Auteur : Laura Sebastian

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 05 Septembre 2018

     

    Prix moyen : 19€

     

    Mon avis : Quand elle avait 6 ans, Théodosia a vu son royaume envahit, sa mère assassinée sous ses yeux et sa vie détruite.
    Du jour au lendemain, son peuple est réduit en esclavage, sa langue interdite et la voilà rebaptisée Thora, la princesse de cendres, son prénom ayant également été interdit.
    Les envahisseurs,  les kalovaxiens, un peuple qui m’a fait penser pour partie à des vikings (blond, drakkars…) pour partie à des sauterelles (détruisent tout sur leur passage et passent au royaume suivant quand ils ont épuisé les ressources de celui qu’ils viennent de conquérir), se sont installés au palais dans lequel a grandi Thora.
    Thora vit prisonnière, sous la coupe du Kaiser, l’empereur Kalovaxien.
    Humiliation et torture, aussi bien physiques que psychologiques, sont son lot quotidien.
    Soumise, elle vit en se répétant le mantra « ne contrarie pas le Kaiser et il te laissera vivre ».
    Le Kaiser l’exhibe à chaque fête, couronnée d’une réplique en cendres de la couronne de sa défunte mère.
    Mais un jour, deux choses vont la pousser à réagir : Son dernier allié libre est capturé et tué ; et le fils du kaiser, le prince Soren, qui n’a pas grand-chose à voir avec son père, revient au palais, sa formation militaire finie.
    Après 10 ans de captivité, Thora doit se montrer prudente. Elle ne peut faire confiance à personne : son amie Cress, les esclaves astréens, sa servante… tous sont susceptibles de la trahir pour tenter de s’attirer les bonnes grâces du Kaiser.
    Le monde que nous présente l’auteur est très riche. On découvre le mode de vie et les traditions non seulement des kalovaxiens mais aussi des astréens que ce soit dans les souvenirs de Thora ou dans certains éléments repris par les nobles kalovaxiens.
    A chaque action de Thora, on tremble de la voir découverte, ou de la voir accorder sa confiance à la mauvaise personne.

    J’ai été extrêmement mitigée vis-à-vis de Cress. D’un côté, c’est une sorte de poupée Barbie, un peu évaporée, qui ne pense qu’à ses tenues et semble adorer Thora comme une sœur. D’un autre côté, son ambition transparaît parfois, elle est la fille du plus grand guerrier kalovaxien (ce qui doit laisser des traces dans l’éducation) et on a parfois le sentiment qu’elle voit Thora comme un jouet dont elle pourrait se lasser à tout moment.
    Pareil pour le prince Soren. D’un côté, il a l’air d’avoir bon fond, mais de l’autre, il ne me donne pas le sentiment de remettre en question le monde de vie des kalovaxiens, et accepte sans sourciller les attaques et colonisations des royaumes.
    du côté des astréens, Blaise et Art, notamment, sont assez souvent directif et même parfois agressifs envers Thora (qui est quand même supposée être leur reine) mais vu tout ce qu’ils ont subi pendant que Thora vivait au palais et donc dans le luxe du point de vue d’un observateur extérieur, on peut les comprendre, mais je réserve mon jugement tant que je ne les ai pas vu agir en dehors du palais.
    La fin présente plusieurs éléments de surprises et, franchement, je suis contente que le tome 2 soit déjà sorti parce que je meurs d’envie de connaitre la suite.

     

    Un extrait : – Thora !

    Je me retourne : de l’autre côté du vestibule du palais, tout en dorures, Crescentia se précipite vers moi, ses jupons de soie rose relevés à deux mains pour faciliter sa course, un grand sourire illuminant son ravissant visage.

    Ses deux femmes de chambre ont du mal à suivre, leurs formes émaciées noyées dans de simples tuniques.

    Évite soigneusement de regarder leurs visages, me dis-je. Cela ne m’a jamais fait plaisir de les voir, de scruter ces yeux ternes, ces lèvres affamées. Cela ne m’a jamais fait plaisir de constater à quel point elles me ressemblaient, avec leur peau basanée et leurs cheveux foncés. Cela ne fait que donner de la force à la voix qui résonne dans mon esprit. Et quand elle est assez sonore pour dépasser la frontière de mes lèvres, le Kaiser se fâche.

    Ne pas mécontenter le Kaiser. Ainsi, il te laissera la vie sauve. Telle est la règle que j’ai appris à suivre.

    Je concentre mon attention sur mon amie. Cress a le don de faciliter les choses. Elle porte son bonheur comme une couronne solaire ; elle s’en sert pour illuminer et réchauffer tous ceux qui l’entourent. Elle sait que j’en ai plus besoin que quiconque, raison pour laquelle elle n’hésite pas à m’emboîter le pas en se cramponnant à mon bras.

    Elle n’est pas avare de ses sentiments, qualité que possèdent les quelques élus qui n’ont jamais perdu un être cher. Sa beauté spontanée, enfantine, ne l’abandonnera jamais, pas même dans le grand âge — son visage est tout en traits délicats, en grands yeux limpides qui n’ont jamais contemplé l’horreur. Sa pâle chevelure blonde est coiffée en une longue tresse qui pend par-dessus son épaule, étoilée de dizaines de Spirigemmes. Le soleil qui transperce les vitraux du vestibule les fait scintiller.

    Je ne peux pas non plus regarder les gemmes, mais je ressens malgré tout leur présence. Une douce pression née sous ma peau me pousse vers eux, m’offrant leur pouvoir — je n’ai qu’à m’en emparer. Mais je ne le ferai pas. C’est impossible.

    Autrefois, les gemmes étaient sacrées. Autrefois : avant la conquête d’Astrée par les Kalovaxiens.

     

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  • [Livre] La traque des anciens dieux – T01 – Les deux princes

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    Lecture terminée le : 24 juillet 2019

     

    Résumé : Marc est un prince. Malheureusement, il aurait préféré un statut plus modeste (bourgeois, ou même comptable) pour échapper aux traditions magiques qui pèsent sur ses épaules. Quand sa princesse, à la suite d'une faille juridique, se révèle être un deuxième prince, tout aussi mécontent de la situation, les deux fiancés partent en quête pour détruire l'enchantement qui les relie. Leur voyage leur fera traverser le monde et rencontrer d'étranges compagnons : un escroc philosophe, une sorcière revêche, une fée terrifiante et deux dragons à l'humour particulier. Ils ignorent que c'est une mission bien plus importante qui les attend au bout du chemin, une mission qui demandera tout leur courage et leur persévérance pour la mener à bien.


    Auteur : H. Lenoir

     

    Edition : Lulu

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 2015

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : J’ai reçu ce livre à Noël et j’ai enfin trouvé le temps de le lire.
    C’est un livre très dense, avec beaucoup d’informations, ce qui fait que je n’ai pas avancé très vitre dans ma lecture.
    Mais même si j’ai avancé lentement, je n’en ai pas moins apprécié ma lecture.
    Déjà, dès le prologue, le ton est donné. Les dieux balancent tout un tas de malédictions/obligations magiques pour se venger des familles puissantes qui leur doivent du pognon.
    Notre histoire commence plus de 3000 ans plus tard.
    Marc est un prince, un benjamin, pas destiné à régner, donc, qui, après avoir tout fait pour éviter la quête traditionnelle des jeunes princes, va être sommé par sa reine de mère de partir réveiller d’un baiser la première princesse ensorcelée qu’il croisera, et plus vite que ça, merci bien.
    Bon gré, mal gré, mais au moins sans les collants (à près de trente ans, il peut s’en dispenser), le voilà parti et, guidé par un renard pas très catholique et plutôt moqueur (si ça avait été moi, il aurait fini en paletot, le rouquin), trouve une tour, embrasse la princesse enfouie jusqu’au menton dans les couvertures et l’histoire devrait se terminer là par un superbe mariage et une ribambelle d’enfants que leur reine de grand-mère aurait sommé de suivre la tradition etc…
    Sauf que…
    Et à partir de là, l’auteur se fiche allégrement de la pomme des contes de fées et de leurs structure classique.
    Entre les princesses endormies qui se révèlent être des princes vexés comme des poux d’être dans cette situation, des marraines-fée à tendance psychopathe, des dragons un poil désespéré par le genre humain, des escrocs….
    On a là une fine équipe qui lance dans une quête… mais qui les dépasse… Même si la quête est supposée être dans le sang des princes, ces deux-là se demandent plus d’une fois ce qu’ils fichent là.
    Le plus jeune des deux, Eleuthère (oui, famille traditionnelle), est le plus enthousiaste. Mais il faut dire qu’il a passé 3 ans dans une tour, soumis à un sortilège qui l’a maintenu à 17 ans.
    Pendant la quête, laquelle est pleine de rebondissements et d’aventures, les personnages ne cessent de discuter des éléments classiques des contes : les sorcières, les grenouilles enchantées, les porchers valeureux, les gardiennes d’oies ou les fileuses.
    Leurs discussions à ce sujet, leur ton, tour à tour désabusé ou irrité, m’a déclenché de vraies crises de fou-rires. Je ne lirai plus jamais les contes de fée de la même façon.
    Les deux princes, Marc et Eleuthère, bien que la magie voudrait les voir former un couple, sont plutôt comme deux amis, voire même comme deux frères.
    Parmi leurs compagnons de route, j’ai particulièrement apprécié la petite dragonne, Bi Cui.
    Mais tous les personnages sont attachant, chacun à leur manière.
    Malgré l’humour très présent, la quête n’en ai pas moins une vraie aventure, pleine de danger.
    La fin est à la fois prévisible (la série s’appelle la traque des anciens dieux, on se doute bien qu’il va y avoir des dieux à traquer) et surprenante à plusieurs égards.
    Le livre comporte quelques coquilles (mots manquants, fautes) mais relativement peu pour un livre autoédité de cette longueur.
    J’ai déjà prévu d’acheter la suite et il ne va pas falloir tarder parce que j’ai très envie de découvrir la suite.

     

    Un extrait : Entre deux missions urgentes, Marc se documenta un peu plus et en tira une leçon : chaque tradition défiée était sanctionnée par une catastrophe. Chaque maléfice ignoré, chaque coutume bafouée engendraient un bouleversement qui mettait des années à être aplani. La règle était la même pour les pays voisins, même les royaumes les plus jeunes qui se trouvaient au nord. Confronté à des témoignages irréfutables, il se résigna à un jour accomplir son destin.
    Cependant, l’incendie avait eu une conséquence positive : la crise qu’il engendra permit de faire passer inaperçu l’anniversaire de ses seize ans. Le reste de la cour, plongée dans l’organisation des ravitaillements et les négociations avec l’empire voisin, oublia sa quête initiatique. Quand la situation se calma, le prince avait depuis longtemps terminé sa poussée de croissance, portait un collier de barbe et ne pouvait plus être pris pour un jouvenceau.
    Les quêtes initiatiques n’étaient pas une obligation, davantage une précaution. Comme aucun cataclysme n’était advenu en réponse à ce manquement à l’étiquette, on le laissa tranquille. Peut-être que, quelque part, un petit tremblement de terre s’était produit pour contrebalancer la situation ; mais pour le moment, le destin du prince Marc ne paraissait rien exiger de lui, et comme il était devenu indispensable à la gestion du pays, le roi décida d’ignorer le problème.
    Pendant quelques années, il put donc vivre une vie atypique. Il put lire quand il le voulait, discuter avec les personnes qui l’intéressaient et trouver des moyens d’améliorer la vie de ses sujets sans avoir à débattre de relations diplomatiques pendant des heures.
    Il put éviter les ridicules habits de cour imposés dans les cérémonies officielles. Il put se contenter d’apprendre le combat à l’épée tout en restant nul à l’arc et à la joute. Il put soigneusement oublier d’apprendre le luth. Il put éviter d’engendrer une tripotée d’héritier et de vivre heureux avec la jeune fille de ses rêves. Bref, il put faire ce qui lui plaisait. Le roi son père, qui avait déjà deux fils brillants pour lui succéder, était pleinement satisfait de se contenter d’utiliser les talents de son benjamin anticonformiste quand il avait besoin de lui, et de le laisser en paix le reste du temps.
    Malheureusement, sa mère n’était pas de cet avis.
    La reine venait d’un des royaumes les plus traditionnels du continent, Deshevron, et avait vu d’un mauvais œil que son fils échappât à sa quête. Elle avait vu d’une encore plus mauvais œil qu’il ne cherchât pas à se marier par la suite. C’était ce qui se faisait. Marc parvint à éviter ses tentatives de fiançailles ainsi qu’à ignorer ses reproches jusqu’à ses vingt-sept printemps, ce qui, chez un prince, approchait sérieusement de l’âge de la retraite, quand elle les coinça, un beau matin, son père et lui, dans un recoin de couloir.

    - Ca suffit, dit-elle. Marc, vous allez-vous marier.

    Le père et le fils échangèrent un regard. Gaius de Keilles ne craignait ni l’empire du nord, ni les barbares du sud, et il avait fait face à de nombreuses crises, mais sa femme entrait dans une tout autre catégorie.

     

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