Résumé : Au cours d'une terrible nuit d'hiver, la petite ville de Coventry fut frappée de plein fouet par une tempête de neige. D'une rare violence, celle-ci emporta avec elle plus d'une dizaine de victimes, à jamais perdues dans l'immensité blanche. Des familles entières furent brisées en une seule nuit, et l'existence des habitants de la petite ville en fut changée à jamais.
Douze ans plus tard, la vie a repris son cours à Coventry, même si subsiste chez les survivants une angoisse aussi sombre qu'irrationnelle à l'approche de l'hiver. C'est alors qu'une nouvelle tempête s'annonce, plus terrifiante encore que la précédente... car cette fois, les disparus de cette fameuse nuit maudite sont de retour.
Auteur : Christopher Golden
Edition : Bragelonne
Genre : Fantastique
Date de parution : 04 Juillet 2018
Prix moyen : 7€
Mon avis : Le début de ce livre est centré sur la tempête qui a coûté la vie à plus d’une dizaine de personnes. Les décès, auxquels on assiste pour certains, sont très étranges. Ceux de Chérie, Isaac et de la mère de T.J sont les plus révélateurs. Si les morts semblent à première vue accidentelles, on peut sentir une présence, quelque chose qui n’est pas vraiment identifiable, qui nous laisse à penser que le naturel a bon dos.
Puis on fait un saut 12 ans plus tard. La tension est palpable tandis qu’une tempête aussi violente que celle ayant frappé la ville 12 ans plus tôt est annoncée.
Bien que le temps ait passé, le souvenir des disparus est toujours vivace et ceux qui ont perdu des êtres chers ne semblent pas avoir fait leur deuil.
J’ai plutôt bien accroché avec les personnages. Chacun à sa manière m’a touché. Aucun d’eux n’est antipathique, à part Angie, mais on ne le sait que par la description qu’en fait sa fille, car, quand on la voit dans l’histoire, elle n’est pas exactement elle-même, dirons-nous.
A la lecture du quatrième de couverture, on s’imagine un retour physique des disparus. Autant dire qu’on est loin du compte. Cela dit pas besoin de zombies ou autre joyeuseté du genre pour trembler dans ses pantoufles. Parce que l’auteur sait prendre son temps pour faire monter l’angoisse. Ce n’est rien de particulier : une ambiance, la neige qui commence à tomber, de plus en plus fort, une remarque étrange dans la bouche d’une enfant de 11 ans…
Et quand on commence à se dire « mais merde, qu’est ce qui se passe ? », on commence à avoir des réponses et tout s’accélère.
La dernière partie se rapproche du roman d’horreur, sans que ce soit insupportable (et c’est une grande trouillarde qui vous l’affirme), avec des créatures assez cauchemardesques mais dont on ne sait, au final, que peu de choses. En tout cas, je suis un peu restée sur ma faim sur ce sujet concernant les explications données à ce sujet.
Le livre se finit sur une fin ouverte qui laisse place à toutes les hypothèses.
J’ai beaucoup aimé cette lecture qi ne souffre d’aucun temps mort. Je ne sais pas si je la qualifierais d’histoire d’horreur, car, si j’ai frissonné, on ne peut pas dire que j’ai vraiment eu peur, mais il est parfait pour les trouillardes qui veulent trembler un peu mais sans exploser leur facture d’électricité en dormant une semaine toutes lumières allumées.
Un extrait : Cigarette à la main, Ella Santos regardait la neige tomber depuis le trottoir ; elle ne s’était jamais sentie aussi seule. La tempête, menaçante, semblait retenir son souffle en attendant qu’elle retourne à l’intérieur. Pendant deux ou trois minutes incroyablement longues, aucune voiture, aucun chasse-neige n’apparut dans la rue. La banque, la boutique de mode, le magasin d’instruments de musique et les autres restaurants installés dans cette partie de Washington Street avaient tous baissé le rideau depuis des heures, leurs vitrines sombres donnaient une impression d’abandon. La ville de Coventry avait rendu les armes devant la tempête. Soudain, Ella se sentit idiote de n’être pas déjà chez elle, sous la couette, avec une tasse de thé et un vieux film.
Tirant une longue bouffée sur sa cigarette, elle se blottit plus profondément dans son manteau avant d’exhaler la fumée de ses poumons. La neige tombait tellement dru qu’elle produisait, en s’accumulant, le seul bruit audible. Ella frissonna, et pas seulement de froid. Dans cette rue déserte, elle aurait pu être la dernière femme sur Terre, une voix humaine, unique, mais effrayée d’interrompre le dialogue tranquille entre la neige et le ciel.
Derrière elle, un grincement de gonds et des éclats de rire la firent sursauter. Deux clientes sortaient du restaurant. De la musique douce, le rythme d’une guitare acoustique, lui parvint également, juste avant que la porte ne se referme.
— Bonne nuit, Ella, dit l’une d’elles, écartant ses cheveux blonds de ses yeux. Merci d’avoir gardé le restaurant ouvert.
Ella sourit, s’en voulant de la manière dont elle avait laissé ce moment de solitude lui porter sur les nerfs. Enfant, elle avait adoré les tempêtes de ce genre, mais devenue adulte, et propriétaire d’un restaurant de surcroît, les jours de neige étaient plus rares… et très mauvais pour les affaires.
— Je vous en prie, répondit-elle, saluant les deux femmes qui se hâtaient de traverser la rue, leurs chaussures dessinant des traces dans la neige fraîche. J’espère que ça vous a plu. Rentrez bien.
— Vous aussi ! lança la deuxième cliente, dont la robe, même sous une lourde veste, n’était absolument pas adaptée à ce temps.
— Je ne vais pas tarder à fermer.
Elles avaient passé à peine plus d’une heure au restaurant, et pourtant une couche blanche de plus de deux centimètres s’était déposée sur leur voiture. Au lieu d’essayer de déblayer, elles s’entassèrent à l’intérieur du véhicule, puis les balais d’essuie-glaces entrèrent en action, dégageant en partie le pare-brise. La lunette arrière resta aveugle, alors qu’elles s’éloignaient. La conductrice n’y verrait pas grand-chose, mais fort heureusement elle ne risquait de croiser que peu d’autres automobilistes. Même les chasse-neige semblaient se faire discrets ce soir.