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Fantasy/Science-Fiction - Page 12

  • [Livre] Wicked : La véritable histoire de la sorcière de l'Ouest

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    Résumé : Qui est vraiment cette mystérieuse sorcière? Est-elle donc si méchante? Comment a-t-elle hérité de cette terrible réputation? Et si c'était elle, la véritable héroïne du monde d'Oz? Ouvrez ce livre et vous découvrirez enfin la merveilleuse et terrible vérité. Quels que soient vos souvenirs de ce chef-d’œuvre qu'est Le Magicien d'Oz, vous serez passionné et touché par le destin incroyable de cette femme au courage exceptionnel. Entrez dans un monde fantastique si riche et si vivant que vous ne verrez plus jamais les contes de la même manière...

     

    Auteur : Gregory Maguire

     

    Edition : Bragelonne

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 20 mai 2011

     

    Prix moyen : 25€

     

    Mon avis : Ce livre, j’en avais envie depuis que j’ai vu la booktubeuse Margaud Liseuse en parler sur sa chaîne. Une vraie obsession… et épuisé en France. Qu’à cela ne tienne, la Suisse c’est pas bien loin ! Et me voilà en possession de mon précieeuuuuux….
    Après je me connais, vu le mal que j’ai eu à l’avoir, il était parti pour attendre des mois avant que je me décide à le lire (Il était tellement bien, installé dans la bibliothèque). Sauf qu’une de mes copinautes de forum a senti la chose arriver et elle me l’a choisi pour la lecture de février/mars.
    Et elle a bien fait, parce que c’est un livre tout simplement génial !
    J’ai beaucoup aimé le style de l’auteur, mais alors attention, faut pas avoir de gosses qui crient, de bonhomme qui ronfle ou de chat qui miaule, parce que c’est un brin complexe.
    Je n’ai pas lu le magicien d’Oz (j’ai juste vu le film) mais tous ceux qui l’ont lu m’ont affirmé que c’était une petite histoire assez simple, avec des personnages sans grande complexité, qui n’étaient pas vraiment approfondis : on ne sait rien de leur passé, de leurs aspirations sur le long terme… Mais avec Wicked, on est dans un autre registre.
    Déjà, d’après ce qu’on a pu me dire du roman de L. Frank Baum, Wicked est plus adulte et nettement plus sombre.
    On va ainsi suivre la méchante sorcière de l’ouest, prénommée Elphaba, fille d’un pasteur, depuis sa naissance dérangeante, avec sa peau étrangement verte, jusqu’à sa fin.
    L’histoire n’a pas vocation à réécrire l’histoire originelle, ni même à s’en écarter, mais à la considérer d’un œil neuf.
    Chaque personnage gravitant autour d’Elphaba va ainsi être approfondi, que ce soit Glinda, Nessarose (la méchante sorcière de l’Est) ou encore le magicien lui-même.
    Loin d’un conte pour enfant, on va trouver ici de la politique, des coups d’Etat, de la sécession, de l’extrémisme religieux, de la discrimination, de la violation de droits, de l’exploitation et de l’oppression des peuples mais aussi de la résistance à la dictature.
    Alors que dans le magicien d’Oz on nous présente Elphaba comme LA méchante sorcière, ici, on va connaître tous les évènements qui ont amené les gens à la considérer ainsi.
    Au fil des pages, on découvre une méchante sorcière pas si méchante que ça, mais humaniste, engagée dans la lutte pour la liberté. On la découvre au cours de ses études pendant lesquelles elle côtoie une certaine Glinda, une jeune aristocrate hautaine et superficielle, pas vraiment une sainte, mais pas non plus fondamentalement méchante.
    Et surtout, on va comprendre pourquoi elle en veut autant au Magicien et pourquoi elle est aussi obsédée par les souliers que récupère Dorothy.
    L’auteur a utilisé des ellipses temporelles pour avancer dans l’histoire. A la fin de chaque « période » on reste avec de nombreuses questions qui seront résolues pour la plupart dans la « période » suivante qui a souvent lieu plusieurs années plus tard. Cette méthode de narration permet d’avancer plus vite, mais aussi d’avoir des réponses aux questions qui sont posées avec le recul que les personnages ont acquis avec les années écoulées.
    J’ai vraiment beaucoup aimé Elphaba, d’autant plus que les personnages qui l’entourent ne provoquent guère de sentiments positifs. Dans le meilleur des cas, ils sont faibles et incapables de comprendre les enjeux de ce qui se passe autour d’eux. Pour d’autres, comme Nessarose, ils sont tout simplement imbuvables.
    J’ai vraiment passé un excellent moment de lecture, mais je n’ai pas lu très vite car la richesse du monde que nous présente Gregory Maguire est telle qu’on a l’impression de lire plus de pages qu’il n’y en a, tant il y a d’informations à assimiler.

    Un extrait : Pendant des jours, Melena ne put supporter de regarder la créature. Elle la tenait, comme le doit une mère. Elle attendait que la lame de fond de l’amour maternel se lève et l’emporte. Elle ne pleurait pas. Elle mâchait des feuilles de pinlobe, dérivant loin du désastre.
    C’était elle. Une elle. Melena s’entrainait mentalement quand elle était seule. Le paquet agité et mécontent n’était pas mâle ; ce n’était pas neutre ; c’était féminin. Ca dormait, comme un tas de feuilles de chou lavées et mises à sécher sur la table.
    Dans une crise de panique, Melena écrivit à Colwen pour extirper la gouvernante de sa retraite. Frex partit dans une carriole pour aller chercher Nounou à l’arrêt de Roquebarre. En chemin, Nounou demanda à Frex ce qui n’allait pas.
    - Qu’est ce qui ne va pas ? soupira-t-il, et il se perdit dans ses pensées.
    La vieille comprit qu’elle avait mal choisi ses mots ; voilà que Frex pensait à autre chose. Il se mit à débiter en marmonnant des considérations générales sur la nature du mal. Un vide créé par l’absence inexplicable du Dieu Innommé, et dans lequel le poison spirituel se précipite. Un vortex.
    - Je veux dire : quel est l’état de l’enfant ! répliqua Nounou, au bord de l’explosion. Ce n’est pas de l’univers qu’il faut me parler, mais d’un enfant, si je dois vous aider ! Pourquoi Melena fait-elle appel à moi, au lieu de sa mère ? Pourquoi n’a-t-elle pas écrit à son grand-père ? C’est l’éminent Thropp, pour l’amour de Dieu ! Melena ne peut pas avoir négligé ses devoirs à ce point-là, ou alors la vie à la campagne est-elle pire que ce que nous pensions ?
    - C’est pire que ce que nous pensions, répondit tristement Frex. Le bébé… il vaut mieux vous préparer, Nounou, pour ne pas crier. Le bébé a des lésions.
    -Des lésions ?
    Nounou étreignit la poignée de sa valise et tourna les yeux vers les buissons aux feuilles rouges, en bord de route.
    - Frex, dites-moi tout.
    - C’est une fille, dit Frex

    - Quelles « lésions » en effet, ironisa Nounou, mais Frex, comme d’habitude, ne comprit pas la pique. Eh bien, au moins le titre familial est préservé pour les générations suivantes. A-t-elle tous ses membres ?

    - Oui

    - Plus que tous ses membres ?

    - Non

    - Est-ce qu’elle tète ?

    - Impossible. Elle a des dents extraordinaires, Nounou. On dirait des dents de requin.
    - Eh bien, elle ne sera pas le premier bébé à grandir en tétant un chiffon ou une bouteille au lieu d’un téton, ne vous inquiétez pas pour ça.

    - Elle est de la mauvaise couleur, dit Frex.

    - De quelle couleur est la « mauvaise couleur » ?

    L’espace d’un instant, Frex ne put que hocher la tête. Nounou, qui ne l’appréciait guère et n’avait nulle envie de l’apprécier, se radoucit tout de même.

    - Frex, cela ne peut pas être si grave. Il y a toujours un moyen de s’en sortir. Dites-le à Nounou.

    - C’est vert, dit-il enfin. Nounou, c’est vert comme de la mousse.

    - Elle est verte, vous voulez dire. C’est une fille, pour l’amour du ciel !

    - Ce n’est pas pour l’amour du ciel. (Frex se mit à pleurer.) Cela ne fait aucun bien au ciel, et il ne l’approuve pas. Qu’allons-nous faire.

    - Allons. (Nounou détestait les hommes qui chouinaient.) Ca ne peut pas être si grave que ça. Melena n’a pas une goutte de sang gâté. Quelle que soit l’affection de cette enfant, elle réagira aux soins de Nounou. Ayez foi en Nounou.

    - J’avais foi dans le Dieu Innommé, sanglota Frex.

    - Nous n’œuvrons pas toujours dans des directions opposées, Dieu et Nounou, dit Nounou.

    Elle savait que c’était blasphématoire, mais elle ne pouvait résister à cette pique, tant que les défenses de Frex étaient au plus bas.

    - Mais ne vous inquiétez pas, je n’en soufflerai mot à la famille de Melena. Nous allons régler tout ça en un éclair, et nul n’aura besoin de le savoir. Le bébé a un nom ?

    - Elphaba, dit Frex

    - D’après Sainte Aelphaba de la Cascade ?

    - Oui

    - Un joli prénom ancien. Vous utiliserez le diminutif courant de « Fabala », je suppose.

    - Qui peut savoir si elle vivra assez longtemps pour qu’on lui donne un surnom ?

    On avait l’impression que Frex l’espérait.

     

     

  • [Livre] Korss'Hanes - T01 - L'Eveil

     

    Je remercie les auteurs et le site Librinova pour cette lecture

     

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    Résumé
     : La naissance de deux enfants peut-elle faire basculer le destin d’une nation ?
    Une ancienne prophétie le laisse suggérer et les événements se précipitent. Une guerre se prépare mais qui pourra en prévoir les conséquences ?
    Quand le passé antique et les légendes ressuscitent, le monde des hommes flirte avec le bord du précipice.
    Les enfants du présage se retrouvent au centre du combat. Mais peut-on se fier aux prophéties ?

     

    Auteur : Benjamin Lebrun et Yohann Carouge

     

    Edition : Auto-Edition avec l’aide de Librinova

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 4 Janvier 2017

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : J’ai mis un certain temps à lire ce livre car je n’ai pas vraiment l’habitude (ni la patience, mea culpa) de lire de la fantasy. Il faut dire que ce premier tome a la lourde charge de nous présenter tout un monde avec ses coutumes (plusieurs coutumes, car plusieurs peuples), ses traditions, ses légendes etc… Cela donne un univers très riche et une somme d’informations assez importante à intégrer.
    Pour autant, les auteurs ne se sont pas laissés emportés dans des pages et des pages indigestes de descriptions. Les informations, quoique nombreuses, sont dispersées tout au long du roman, ce qui les rend plus faciles à appréhender.
    En général, j’ai du mal à apprécier les romans auto-édités. Les auteurs ont du mal à accepter cet état de fait, mais force est de constater que si leur roman n’a pas trouvé de maison d’édition, ce n’est pas pour rien.
    Mais ce roman fait partie des exceptions ! Il est bien meilleur que ce que j’ai pu voir, en général, dans le domaine de l’autoédition.
    Il a un style clair et direct, qui évite les répétitions inutiles (la plupart du temps), et le langage inadapté au style du livre, ce qui est le reproche que l’on peut le plus souvent faire aux romans auto-édités.
    Peut-être le fait que les auteurs soient deux les a-t-il aidés à ce sujet.

    Bien sûr, il a quelques défauts, mais ce sont des défauts qui ne seront pas difficile à corriger.
    Parmi eux on compte quelques maladresses de langage, quelques fautes d’orthographes (ou peut-être des coquilles), quelques erreurs de concordance. Le plus gros « problème » est un gros souci d’accord du participe passé qui se présente à plusieurs reprises.
    En bref, rien qui ne soit insurmontable et qui ne peut pas être corrigé avec une relecture plus minutieuse.
    Et même si on grince un peu des dents, cela n’empêche pas la lecture car le texte reste tout à fait compréhensible et ce n’est pas non plus comme s’il y avait une faute à chaque paragraphe.
    Il y a parfois des mots d’argot français qui semblent dénoter dans un monde inconnu comme celui créé par les auteurs (Quand une guerrière « s’emplafonna » contre un mur, il m’a fallu 5 minutes pour arrêter de rigoler… ça a un peu cassé le coté dramatique et sérieux de la scène).

    J’ai beaucoup aimé la complexité des personnages. Aucun d’entre eux n’est tout blanc ou tout noir, et même pour ceux à qui on ne donnerait même pas l’heure, il est difficile de comprendre leurs motivations du premier coup.
    Les personnages sont attachants, qu’ils soient principaux ou secondaires. A chaque combat, j’avais presque peur de tourner les pages, car, s’il y a bien une chose qui ressort des scènes de bataille c’est que, comme dans Game of thrones : personne n’est à l’abri !!! (Bon à part peut-être les jumeaux, mais pour combien de temps ?).
    Comme tout premier tome qui se respecte, celui-ci nous fait nous poser plein de questions.
    Il y en a une que je me pose plus particulièrement : le traître qui se fait crever un œil (non, je ne spoile pas, quand il se fait crever un œil, on sait déjà que c’est un traître) : j’aurais aimé en savoir plus sur ses motivations. Alors oui, ok, il y a l’ambition et l’avidité. Mais il y a aussi une profonde haine, et, étant donné qu’il semblerait que ce soit un ami d’une des héroïnes (ou en tout cas qu’il l’a été dans le passé), j’aurais aimé savoir ce qui avait provoqué cette haine.
    Les dieux et déesses m’ont également intriguée et agacée. Déjà, il semblerait qu’ils ne soient pas plus divinités que vous et moi, seulement de puissants shamans si l’on se fie à une discussion entre « la déesse » et l’un des derniers représentants d’une race ancienne (et là, ça devient difficile d’en parler sans trop en dire !). Je suis curieuse de voir comment cela va tourner… Surtout après les révélations faites sur l’un des jumeaux.

    La fin est assez intrigante pour qu’on ait envie d’en savoir plus et, si le prochain tome est plus relu et corrigé, ce livre sera digne de ceux qui ont inspiré les auteurs !

    Un extrait : L’éclat étincelant des rayons des soleils ne perturbait pas les deux combattants. De nombreuses gouttes de sueur ruisselaient sur leurs fronts plissés. La concentration était à son paroxysme. Le fer s’entrechoquait tandis que de la poussière s’envolait à chaque mouvement d’esquive, de parade ou d’attaque. La fluidité et la vitesse d’exécution des gestes des bretteurs laissaient supposer une grande maîtrise dans l’art de l’acier. Les épéistes étaient splendides à observer, leur gestuelle était un véritable spectacle pour la dizaine d’officiers en armure intégrale, attroupés autour des deux fines lames. Chacun d’entre eux hurlait des encouragements à l’encontre de son favori. Les deux bretteurs n’avaient rien de commun. L’un était un véritable colosse maniant une large épée à deux mains, et l’autre, une amazone combattant avec deux armes. Elle alliait la grâce, la précision et l’agilité d’un félin.

    Soudain, d’une facilité déconcertante, cette dernière désarma son adversaire à l’aide d’un moulinet du poignet et en profita pour lui poser une de ses lames sur la gorge. Celui-ci était maintenant à genoux dans la poussière. Leurs regards se croisèrent lorsque plusieurs cris de soldats brisèrent l’instant de silence d’après confrontation. Elle se retourna arborant un sourire resplendissant. Malgré les marques de l’effort, sa beauté envoûtante n’était en aucun cas affectée. Sa chevelure brune flottait au gré des rafales de vent, ses courbes fines et sa taille de guêpe auraient fait frémir de désir un homme de foi.

    Alors que tout semblait gagné, le colosse lui faucha les jambes à l’aide de son puissant avant-bras droit. La belle guerrière eut à peine le temps de réaliser ce qui lui arrivait que le genou de son adversaire se posait sur sa cage thoracique, lui coupant le souffle et bloquant, par la même occasion, sa capacité de mouvement. Il lui adressa alors la parole d’un air sévère, le ton de sa voix n’avait rien d’agréable. On aurait dit la leçon d’un adulte envers un garnement un peu trop effronté.

    — Combien de fois devrais-je te répéter Illiaka que rien n’est gagné tant que ton adversaire n’est pas tombé sous les coups de ta lame ? Si tu jouais ta vie en ce moment, tes entrailles seraient déjà en train de se déverser sur ce sol.

    — Mais père, ce n’était qu’un entraînement ! Je n’ai pas combattu avec l’intention de vous tuer.

    Ce genre de discours, emprunt de légèreté, énervait au plus haut point Kiran Ryan, le général en charge de la forteresse d’Yvosk.

    — Sotte ! Tu n’es qu’une sotte ! Nous ne sommes pas en guerre mais ne prends pas cet entraînement à la légère. Je n’irai pas ramasser les restes de ton cadavre si tu succombes sous le poids de ton insouciance.

    Illiaka s’échappa de l’emprise de son père, se leva et se dirigea vers ses quartiers. Elle se retourna et le défia du regard.

    — Celui qui me tuera n’est pas encore né ! Personne ne manie l’art de l’acier mieux que moi et vous le savez très bien, assura-t-elle en s’éloignant.

    Alors qu’elle se dirigeait vers ses appartements, elle décida de faire un léger détour par les murs d’enceinte de la cité. Arriver en haut n’était pas chose aisée, leur hauteur avait déjà repoussé par le passé de nombreuses tentatives d’invasion. La forteresse était restée inviolée jusqu’à ce jour, les armées romoriennes et thodoriennes avaient subi quantité d’échecs. De gigantesques « tueurs de pierre » gardaient la muraille, il s’agissait de catapultes capables d’envoyer d’énormes amas de roches. Un véritable massacre si l’armée adverse n’arrivait pas à les neutraliser. Cette dizaine d’engins de mort faisait la fierté de la cité kholienne d’Yvosk. Du haut des remparts, Illiaka pouvait observer ses futures terres, celles qu’elle avait juré de défendre au péril de sa vie. Être la fille de Kiran Ryan impliquait de lourdes responsabilités et elle n’en était pas peu fière.

     

  • [Livre] Miss Peregrine et les enfants particuliers

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    Résumé : Jacob Portman, 16 ans, écoute depuis son enfance les récits fabuleux de son grand-père. Ce dernier, un juif polonais, a passé une partie de sa vie sur une minuscule île du pays de Galles, où ses parents l'avaient envoyé pour le protéger de la menace nazie. Le jeune Abe Portman y a été recueilli par Miss Peregrine Faucon, la directrice d'un orphelinat pour enfants « particuliers ». Selon ses dires, Abe y côtoyait une ribambelle d'enfants doués de capacités surnaturelles, censées les protéger des « Monstres ».Un soir, Jacob trouve son grand-père mortellement blessé par une créature qui s'enfuit sous ses yeux. Bouleversé, Jacob part en quête de vérité sur l'île si chère à son grand-père. En découvrant le pensionnat en ruines, il n’a plus aucun doute : les enfants particuliers ont réellement existé. Mais étaient-ils dangereux ? Pourquoi vivaient-ils ainsi reclus, cachés de tous ? Et s'ils étaient toujours en vie, aussi étrange que cela puisse paraître…

     

    Auteur : Ransom Riggs

     

    Edition : Bayard Jeunesse

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 31 Mai 2012

     

    Prix moyen : 16€

     

    Mon avis : J’avais la trilogie de Miss Peregrine et les enfants particuliers dans ma PAL depuis des mois, mais ce n’est qu’en voyant la bande annonce de l’adaptation cinéma que je me suis enfin décidée à l’en sortir avec ce premier tome.
    Le début est assez lent mais ce n'est pas frustrant parce qu'on sent bien que l'auteur prend le temps de poser les jalons de son histoire et de nous faire faire connaissance avec Jacob. C'est en effet nécessaire car dès qu'on rentre dans le vif du sujet on a une multitude de personnages à découvrir et on n’aurait pas eu le temps de découvrir correctement Jacob.
    J'ai beaucoup aimé Jacob qui, même s'il ne croit pas trop aux histoires de son grand père le laisse les lui raconter contrairement à son père qui a fiche le plus grand mépris envers le vieil homme.

    D'ailleurs quand sa tante trouve un livre dédicacé par le grand père a l'intention de Jacob et qu'elle le lui donne on sent bien que ça agace son père.  Comme s'il voulait gommer tout souvenir du vieil homme.

    Les parents de Jacob sont agaçants. Le père plus que la mère d'ailleurs. La mère est d'une famille riche elle n'a jamais connu rien d'autre et si sa manière de vouloir que son fils pense argent avant tout est pénible on se dit que c'est le mode de vie qu'elle a toujours connu.

    Le père lui c'est différent. Son argent c'est celui de sa femme. Il est incapable de faire quoi que ce soit. Au moindre obstacle il abandonne ses projets ce qu'il peut se permettre vu que sa femme l'entretien. Mais il ne montre aucune modestie comme s'il avait gagné et mérité cet argent.
    En faisant des recherches sur le passé de son grand-père, Jacob va découvrir la vérité sur les enfants particuliers et leurs ennemis petit à petit. D'ailleurs miss Peregrine a été un peu fatigante avec sa tendance à faire de la rétention d'informations. Je comprends qu’elle veuille protéger le secret des enfants particuliers, mais à un moment donné, dès lors qu’elle dit à Jacob qu’il est des leurs, qu’elle lui dise une bonne fois pour toute à quoi il s’expose au lieu de lâcher les données par bribes et d’interdire à tous de parler.
    J'ai beaucoup aimé les passages de 1940 à aujourd'hui ainsi que toutes les explications de miss Peregrine sur les contraintes de la boucle temporelle. On est moins dans le « on fait ce qu’on veut sans la moindre conséquence » comme on peut le voir parfois. Ici non seulement il y a des conséquences et pas des moindres.
    Les explications sur la création des creux et des estres sont captivante et j'ai été bluffée par tout ce dont on se rend compte quand Jacob parle avec l'estre à la presque fin. Je ne m'attendais vraiment pas à ce que ça aille si loin. Vu comment se termine ce tome, ça promet pour les suivants dans lesquels on sera vraiment au cœur de l’action !

    Un extrait : La salle de repos des employés était une pièce aveugle, froide et humide. Linda, l’assistante en pharmacie, grignotait un sandwich sans croûte dans la lumière criarde du distributeur de sodas. Elle m’a indiqué du menton le téléphone fixé au mur.

    — Un type te demande sur la deux. Il a l’air complètement flippé.

    J’ai récupéré le récepteur qui pendouillait au bout de son fil.

    — Yakob ? C’est toi ?

    — Salut, Grandpa.

    — Yakob, Dieu soit loué ! J’ai besoin de ma clé. Ou est ma clé ?

    Il était essoufflé et paraissait inquiet.

    — Quelle clé ?

    — Ne te moque pas de moi, a-t-il rétorque sèchement. Tu sais parfaitement laquelle.

    — Tu as dû la ranger au mauvais endroit.

    — Tu es de mèche avec ton père. Dis-le-moi. Il n’en saura rien.

    — Je ne suis de mèche avec personne.

    Puis, pour changer de sujet :

    — Tu as pris tes médicaments, ce matin ?

    — Ils viennent me chercher ! Je ne sais pas comment ils m’ont retrouvé après toutes ces années, mais ils sont là. Avec quoi je vais les combattre ? Avec un couteau à beurre ?

    Ce n’était pas la première fois que j’entendais mon grand-père tenir ce genre de discours. Il vieillissait et, franchement, il commençait à perdre la boule. Au début, les signes de son déclin étaient presque imperceptibles : il oubliait de faire ses courses, donnait à ma mère le prénom de ma tante… Mais pendant l’été sa confusion mentale était devenue cruellement évidente. Les histoires qu’il avait inventées sur sa vie pendant la guerre – les monstres, l’île enchantée – l’obsédaient. Il semblait convaincu de leur réalité. Il était particulièrement agité depuis quelques semaines, et mes parents, craignant qu’il ne se mette en danger, envisageaient sérieusement de le placer dans une maison de retraite. Pour une raison mystérieuse, j’étais le seul à recevoir ses coups de fil apocalyptiques.

    Comme d’habitude, j’ai fait mon possible pour le calmer :

    — Tu ne crains rien. Tout va bien. Je passerai te voir tout à l’heure avec un DVD. On le regardera ensemble. D’accord ?

    — Non ! Reste où tu es ! C’est dangereux, ici !

    — Grandpa, il n’y a plus de monstres : tu les as tous tués pendant la guerre, souviens-toi.

    Par souci de discrétion, j’ai tourné le dos à Linda, qui lorgnait d’un air curieux par-dessus son magazine de mode.

    — Pas tous ! a protesté mon grand-père. J’en ai tué beaucoup, c’est vrai, mais il y en a toujours plus.

    Je l’entendais ouvrir des tiroirs, claquer des portes, se cogner partout… Il était en pleine crise de démence.

    — Je t’interdis de venir, tu m’entends ? Je vais me débrouiller : leur couper la langue et les poignarder dans les yeux. C’est la meilleure méthode ! Si seulement je trouvais cette maudite clé !

    La clé en question ouvrait une armoire métallique dans son garage, où il stockait assez de fusils et de couteaux pour armer une petite milice. Grandpa avait consacré la moitié de sa vie à collectionner ces armes, achetées dans des expositions aux quatre coins du pays. En semaine, il partait pour d’interminables parties de chasse et, le dimanche, il traînait ses enfants dans des concours de tir pour leur apprendre le maniement des armes. Il aimait tellement ses fusils qu’il dormait avec. Pour preuve, un vieux cliché que mon père me montrait parfois. On y voyait Grandpa Portman assoupi, un revolver à la main.

    Quand j’ai demandé à mon père pourquoi Grandpa était fasciné par les armes à feu, il m’a expliqué que c’était souvent le cas des anciens soldats, ou des personnes victimes de traumatismes. Avec tout ce que mon grand-père avait vécu, on pouvait comprendre qu’il ne se sente en sécurité nulle part, même pas chez lui. Et, par une triste ironie du sort, maintenant que les illusions et la paranoïa l’emportaient sur sa raison, il n’était effectivement plus en sécurité chez lui, avec tous ces pistolets. C’est pourquoi mon père lui avait subtilisé sa clé.

    J’ai répété que j’ignorais où elle était. Grandpa a proféré de nouveaux jurons et claqué encore quelques portes, signe qu’il reprenait ses recherches.

    Après quelque temps, il a renoncé :

    — Bah ! Ton père n’a qu’à garder cette clé si ça lui chante. Il aura mon cadavre sur la conscience !

     

     

  • [Livre] Red Hill

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    Résumé : Scarlet est divorcée et mère de deux petites filles. Les élever seule est un combat quotidien qu'elle mène avec ténacité.

    Marié depuis plusieurs années à une femme de plus en plus distante, Nathan n'a qu'un vague souvenir de ce qu'est l'amour. En revanche, sa petite Zoe le comble de bonheur tous les jours.

    Miranda, elle, n'a qu'une préoccupation : l'organisation d'un week-end à la campagne avec sa soeur Ashley et leurs copains respectifs.

    Lorsque leur monde s'effondre, ces personnages ordinaires vont devoir affronter l'extraordinaire. Il leur faudra prendre en main leur destin pour avoir une chance de survie. Mais qu'arrive-t-il quand ceux pour qui vous êtes prêt à mourir sont aussi ceux qui peuvent vous détruire...?

     

    Auteur : Jamie McGuire

     

    Edition : J'ai lu

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 23 Septembre 2015

     

    Prix moyen : 10€

     

    Mon avis : D’habitude, je ne suis pas une grande fan des zombies. J’ai du mal à leur trouver un intérêt (je ne supporte pas la série walking dead, par exemple). Mais ici, ça fonctionne. Alors certes, les zombies sont très présents, mais on ne les voit qu’au travers des yeux de quelques personnes. Après la trame de l’histoire reste très classique : des zombies, des humains les fuyant, et le moyen pour les seconds de survivre aux premiers.
    Rien, dans le quatrième de couverture, ne laisse supposer qu’on va se retrouver dans une histoire de zombies. C’est un choix, mais ça peut rebuter parce que ces histoires-là sont assez particulières, et ça peut vraiment énerver de tomber sur des zombies au détour d’une page quand on ne supporte pas ça.
    J’ai beaucoup aimé l’idée de suivre alternativement l’un des trois personnages, à savoir Scarlett, qui est séparée de ses deux filles, lesquelles étaient avec leur père au moment du début de l’épidémie ; Nathan qui est père célibataire (depuis peu) d’une toute petite fille et Miranda, qui avec son copain, sa sœur Ashley et le petit-ami de celle-ci était sur le chemin pour aller passer le week-end chez son père.
    Comme je le disais, je n’aime pas particulièrement les histoires de zombies (sauf quand c’est humoristique) mais ici, et je pense que c’est ça qui m’a fait apprécier l’histoire, j’ai bien aimé l’idée que tout parte de l’expérience scientifique d’un homme qui n’a pas voulu se contenter de prolonger la vie humaine en cherchant à soigner des maladies, mais a voulu ramener les morts à la vie. J’ai bien aimé aussi que les gens n’y croient pas tout de suite et puis qu’une fois qu’il leur est impossible de continuer à se voiler la face, qu’ils se retrouvent démunis, n’ayant comme repère que les nombreux films sur le sujet. D’ailleurs un des personnages va pointer la grande faiblesse de ces films qui est de ne pas « prévenir » de l’impact psychologique d’une telle catastrophe.
    Au niveau des personnages, Scarlett est sans doute celle qui m’a le plus énervée alors que je l’aimais bien au début du livre.
    Autant je comprends son besoin désespéré de retrouver ses filles, autant j’ai trouvé anormal qu’elle mette en danger tout le groupe, sans même leur demander ni avis ni permission (après tout elle n’est pas chez elle et j’ai trouvé que Miranda et Ashley avaient eu beaucoup de patience de ne pas lui dire d’aller chercher ses filles ailleurs).
    Bryce aussi était pénible, dans une moindre mesure. Son côté petit-copain jaloux, ça allait 5 minutes, mais au bout d’un moment on a juste envie de lui coller de grandes baffes et de lui rappeler que même s’il n’aime pas Joey, parce qu’il est efficace, charmant et qu’il ne laisse pas les filles de marbre, ils sont quand même en danger de mort et que Joey est un militaire qui revient à peine d’Afganistan et qui est donc probablement le plus qualifié question survie.
    J’ai aussi beaucoup aimé que les histoires de chacun des protagonistes s’entremêlent sans qu’ils en aient forcément conscience et sans que ce soit forcément de manière poussée.
    J’ai lu beaucoup de chroniques parlant d’un tome 2, et sur les bases comme booknode, Red Hill est noté comme étant un tome 1, cependant, rien, ni dans mes recherches, ni dans la fin du livre ne laisse supposer qu’il y aura un tome 2. En revanche, l’auteur a écrit une nouvelle qui nous raconte ce qu’on fait les filles de Scarlett pendant que leur mère se demandait si elles étaient ou non en vie (alors bien sûr, une fois lu Red Hill, on saura si elles se retrouvent ou non, mais dans tous les cas, l’idée est sympa, d’avoir ce côté-là du récit.)

    Un extrait : L’avertissement était bref – presque lâché en passant. « Les dépouilles ont été rassemblées et éliminées. » Puis les animateurs radio firent quelques plaisanteries, et cela en resta là. Il me fallut un moment pour prendre la mesure de ce que la journaliste avait annoncé à travers les haut-parleurs de ma Suburban : Enfin. Un savant zurichois avait enfin réussi à créer ce qui – jusqu’alors – n’était que pure fiction. Pendant des années, au mépris de toute déontologie scientifique, Elias Klein s’était échiné vainement à ranimer un cadavre. Autrefois considéré parmi les génies de ce monde, il était désormais la risée de tous. Et ce jour-là, il serait devenu un criminel, s’il n’avait pas été mort.

    À cet instant, je surveillais dans le rétroviseur mes filles qui se disputaient sur la banquette arrière, et les deux mots qui auraient dû tout changer avaient traversé mon cerveau sans trop m’interpeller. Deux mots qui, si je n’avais pas été en train de rappeler à Halle de donner l’autorisation de sortie à son professeur, m’auraient fait repartir pied au plancher.

    Dépouilles. Rassemblées.

    Mais j’étais trop occupée à rabâcher pour la troisième fois que le père des petites, Andrew, viendrait les chercher à l’école ce soir-là. Ils feraient ensuite une heure de route jusqu’à Anderson, la ville que nous appelions naguère notre chez-nous, où ils écouteraient le gouverneur Bellmon s’adresser aux collègues pompiers d’Andrew devant un parterre de journalistes locaux. Andrew pensait que cela plairait aux filles, et j’étais bien d’accord avec lui – peut-être pour la première fois depuis notre divorce.

    Même s’il manquait la plupart du temps de sensibilité, mon ex était un homme de devoir. S’il emmenait nos filles – Jenna, tout juste treize ans, à qui sa beauté (et sa bêtise) risquait de jouer des tours, et Halle, sept ans – au bowling, au restaurant, voire au cinéma, c’était uniquement parce qu’il s’y sentait obligé. Pour lui, passer du temps avec ses enfants faisait partie d’un boulot qu’il accomplissait sans plaisir.

    Quand Halle me saisit la tête et la fit brusquement pivoter pour me déposer de force des baisers mouillés sur les joues, j’en profitai pour remonter sur son nez ses lunettes à épaisse monture noire. Sans savourer l’instant, sans me douter que tant d’obstacles ce jour-là allaient se mettre entre nous pour nous séparer. Halle sautilla en chantonnant bruyamment tout au long du chemin menant à l’entrée de l’école. Elle était la seule personne de ma connaissance à être capable de se montrer à la fois aussi horripilante et attendrissante.

     

  • [Livre] Extinction

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    Résumé : Alors qu'une gigantesque tempête de neige s'abat sur Manhattan, Internet s'effondre, entraînant dans sa chute les infrastructures municipales : l'électricité, l'eau courante... Le black-out est total, les vivres viennent à manquer. Dehors, c'est la loi de la jungle, entre pillages et épidémies. On accuse les Chinois, les cyberpirates. La faim, le froid, la soif guettent à chaque coin de rue – mais l'ennemi le plus redoutable partage sans doute votre palier...

    Dans la résidence de Chelsea ou, hier encore, les voisins se pressaient joyeusement autour d'un barbecue, confiance et solidarité s'érodent peu à peu. Mike Mitchell, jeune père et ingénieur aisé, sait que la menace peut surgir de partout. Aucune barricade ne peut garantir contre la trahison, l'égoïsme, la paranoïa... Sa vie, celle de sa femme et de son fils ne dépendent que de son jugement. À mesure que la communauté se disloque, l'extinction opère son effroyable sélection naturelle...

     

    Auteur : Matthew Mather

     

    Edition : Fleuve Noir

     

    Genre : SF/Thriller

     

    Date de parution : 12 Novembre 2015

     

    Prix moyen : 21€

     

    Mon avis : Ce livre est un roman apocalyptique mais pas dans le sens où on l’entend habituellement.
    Déjà, je dis apocalyptique, parce qu’on est vraiment au cœur de l’action, on n’arrive pas après la bataille, quand les survivants d’une catastrophe naturelle/guerre nucléaire/épidémie/attaque de zombie (rayer la mention inutile) ont déjà commencé à s’organiser pour survivre. Ici le livre commence sous les meilleurs auspices. Il fait beau, bien qu’on soit proche de noël, le temps est suffisamment doux pour faire un barbecue sur le toit, les voisins s’entendent plus ou moins bien. Bref tout va bien.
    Le personnage principal a bien quelques petits ennuis de couple, mais bon, qui n’en a pas…
    Les discussions vont bon train, et notre « héros », appelons-le comme ça pour faire simple, s’amuse à provoquer son meilleur ami, un survivaliste adepte de la théorie du complot.
    Et puis il y a des petites choses qui commencent à se dérègler. Rien de bien méchant, vraiment : un réseau téléphonique saturé, internet qui rame (que celui qui n’a jamais pesté devant une page internet qui met des plombes à s’ouvrir jette la première pierre à ces personnages qui n’ont rien vu venir).
    Une tempête de neige s’annonce. Mais à New York, ce n’est pas la première.
    Et c’est là que les choses vont commencer à déraper.
    Ce que j’ai aimé dans ce roman, c’est qu’on est pas confronté à une épidémie concoctée par un savant fou, à une attaque extraterrestre ou à tout autre catastrophe qui ne peux arriver que dans les bouquins ou les films.
    Ici la cause de la débandade est plus que plausible. Notre monde est tellement dépendant de la technologie qu’on peut effectivement se demander ce qu’il se passerait si on n’était plus capable de faire fonctionner les centrales électriques, les distributions d’eau, les réseaux de communications…Comment obtenir du secours si on ne peut joindre personne ? Comment soigner les gens si les hôpitaux sont paralysés ?
    Mais ce qui fait la force de ce roman, c’est l’analyse de la réaction des gens. Combien de temps avant que certains ne décident d’employer la force pour avoir plus de nourriture que les autres ? Combien de temps avant de décider de tuer pour une bouteille d’eau ?
    J’avais classé ce livre en SF mais c’est également un thriller, un thriller psychologique qui prend aux tripes.
    Le « héros » comme je l’ai appelé tout à l’heure, Mike, n’a justement rien d’un héros. C’est un homme sans histoire, qui a des doutes quant à son couple au moment où tout commence, qui ne sait pas comment réagir, qui n’est pas sûr de réussir à protéger sa femme enceinte et son fils de 2 ans.

    Ce qui fait le plus peur dans ce livre, c’est que ce n’est pas un roman de fiction, mais que ce pourrait bien être un roman d’anticipation.

    Un extrait : — Nous vivons une époque incroyable !

    Dépité, j’ai examiné la saucisse carbonisée piquée sur ma fourche, avant de la reposer à l’écart, sur le bord du gril.

    — Incroyablement dangereuse, oui ! s’est esclaffé Chuck, mon voisin de palier et meilleur ami. Beau travail ! Je te parie qu’elle est encore congelée, à l’intérieur.

    Les températures étant depuis plusieurs jours inhabituellement douces pour une fin novembre, le mercredi, veille de Thanksgiving, j’avais décidé au débotté d’organiser un barbecue sur le toit-terrasse de notre immeuble, un ancien entrepôt de Chelsea converti en résidence. La plupart de nos voisins n’avaient pas encore quitté la ville pour le long week-end férié et, en compagnie de Luke, mon fils de deux ans, j’avais consacré la matinée à frapper de porte en porte, pour les convier à notre barbecue.

    — Ne dénigre pas mes talents de cuisinier, et ne te lance pas sur ce sujet – s’il te plaît.

    C’était une superbe fin de journée, avec un coucher de soleil spectaculaire. Notre perchoir, au septième étage, nous offrait une vue imprenable : le ruban de feuillages rouges et dorés qui ourlait les rives de l’Hudson d’un côté, le skyline de Manhattan de l’autre. J’avais beau vivre depuis deux ans à New York, je m’émerveillais toujours autant de la vitalité qui faisait battre le cœur de cette ville. J’ai contemplé avec satisfaction la trentaine de voisins rassemblés sur le toit, pas peu fier qu’ils aient répondu aussi nombreux à mon invitation.

    — Selon toi, il y a donc peu de chances qu’une éruption solaire anéantisse la planète ? a repris Chuck, un pétillement malicieux dans ses yeux noisette.

    Avec son timbre nasillard de gars du Sud, même l’évocation d’un cataclysme ressemblait aux paroles d’une ballade. Ce soir-là, d’ailleurs, dans son jean déchiré et son T-shirt des Ramones, à voir ses cheveux blonds coiffés au pétard à mèche et sa barbe de deux jours, on aurait dit une rock star en train de décompresser sur une chaise longue, une canette de bière à la main.

    — C’est exactement ce sur quoi je veux éviter de te lancer…

    — Je pointe juste du doigt que…

    — Ce que tu pointes du doigt, c’est une catastrophe, l’ai-je coupé en levant les yeux au ciel. Comme d’habitude. Alors que l’humanité vit, justement en ce moment, une des transitions les plus incroyables de toute son histoire !

     

  • [Livre] Running Man

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    Résumé : Au début du XXIe siècle, la dictature s'est installée aux Etats-Unis. La télévision, arme suprême du nouveau pouvoir, règne sans partage sur le peuple. Une chaîne unique diffuse une émission de jeu suivie par des millions de « fans » : c'est « La grande Traque ».
    Ben Richards décide de s'engager dans une compétition mortelle pour trouver l'argent nécessaire afin de soigner son enfant. Pendant trente jours, il devra fuir les redoutables « chasseurs » lancés à sa poursuite, déterminés à le tuer, et échapper aussi à la curiosité des « honnêtes » citoyens, encouragés à la délation et qui reçoivent une prime pour tout renseignement susceptible d'aider à le localiser. Ben Richards a-t-il une chance de s'en sortir quand tous les moyens sont bons pour l'éliminer ?

    Auteur : Stephen King

     

    Edition : Le Livre de Poche

     

    Genre : Science-fiction

     

    Date de parution : 19 Avril 1988

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Le premier point fort de ce livre c’est les chapitres faits sur le modèle du compte à rebours. Le compte démarre à 100, les « chapitres » ne sont pas d’une longueur régulière même s’ils sont généralement assez courts, ce qui ajoute à la tension instaurée par Stephen King. C’est presque impossible de laisser le livre de côté sans se faire violence tant on veut savoir ce qu’il va se passer.

    Le libertel, une télé obligatoire (il est obligatoire de l’avoir mais pas de la regarder, ce qui nous semble normal mais, dans cette histoire, ne l’est pas tant que ça. La loi sur le visionnage obligatoire n’étant pas passée à quelques voix près) est un instrument de contrôle des populations. Il diffuse surtout des jeux de télé-réalité qui permettent aux pauvres de réussir à gagner un peu d’argent mais qui sont le plus souvent mortels pour les participants. On voit clairement que c’est un moyen pour les pouvoirs publics de contrôler la population : les riches sont accros à ces jeux, et les pauvres, qui doivent subir de nombreux tests pour être sélectionnés, se pressent pour participer par désespoir, ce qui permet aux autorités de se débarrasser des indésirables au grand jour sous couvert de jeux.
    Ce qui m’a fait « sourire » d’entrée, c’est que l’action se situe en 2025. Stephen King l’ayant écrit en 1987, c’est donc un livre futuriste. Et je me dis qu’il n’avait pas grand espoir ni grande confiance en l’humanité pour imaginer une telle société qui se serait mise en place en moins de 40 ans…
    On voit la manipulation des autorités qui présentent Ben Richards comme un monstre maléfique, le faisant détester avant même que le jeu commence. Les photos de sa femme sont également retouchées pour qu’elle ne puisse pas inspirer la moindre compassion. Le jeu est clairement truqué car si Ben doit survivre un mois, si chaque citoyen peut gagner de l’argent en donnant des informations sur sa localisation s’il le repère, si chaque chasseur tué par Ben lui rapporte de l’argent supplémentaire, en réalité les dés sont pipés : ceux qui aident Ben sont condamnés à mort, les chasseurs sont à ses trousses, mais aussi la police. Il est donc considéré comme un prisonnier en cavale et non pas simplement comme un participant à un jeu qui a accepté de mettre sa vie dans la balance.
    Il faut dire que Ben est dangereux pour le pouvoir en place : il est pauvre mais intelligent, il sait lire, il sait réfléchir (dans un pays où il faut un salaire de cadre supérieur pour avoir le droit d’accéder aux bibliothèques), il remet en cause le gouvernement, refuse de se laisser mourir dans son coin en silence, il veut faire bouger les mentalités, faire sortir les pauvres de leur inertie et tenter de réveiller les consciences des riches. Et cela, le gouvernement ne peut pas se le permettre car, comme toute dictature, si le peuple dépasse sa peur et décide de se battre, ils savent que leur régime s’écroulera.
    La fin m’a surprise. Je ne sais pas vraiment si je l’apprécie. Disons que j’aurais aimé une autre fin, mais que, au vu des évènements, je trouve qu’il n’y avait guère d’autre fin possible.

    Un extrait : A l’entrée du couloir, une main s’abattit lourdement sur son épaule.

    — Eh ! Toi, ta carte !

    Richards la montra. Le flic se détendit. Son visage de fouine exprimait la déception.

    — Ça vous plaît de refouler les gars, hein ? lui dit Richards. Ça vous donne de l’importance.

    — Tu veux retourner d’où tu viens, minus ?

    Richards avança. Le flic ne fit rien pour l’en empêcher.

    Arrivé à mi-chemin des ascenseurs, il se retourna :

    — Eh, m’sieur ! (Le policier le regarda d’un air menaçant.) Vous avez une famille ? La semaine prochaine, ça pourrait être vous !

    — Circulez ! cria le flic, furieux.

    Une vingtaine de candidats attendaient devant les ascenseurs. Richards montra sa carte au flic de service. Celui-ci l’examina attentivement.

    — T’aimes jouer au dur, fiston ?

    Richards sourit.

    — Ça m’arrive.

    — Ils vont vite te ramollir, t’en fais pas. Tu feras le malin, quand t’auras trois balles dans la peau ?

    — Autant que vous sans votre revolver et avec votre froc à vos pieds, rétorqua Richards sans cesser de sourire.

    Un moment, il crut que le flic allait l’assommer, mais il se contenta de dire :

    — Tu perds rien pour attendre. Tu te traîneras à genoux avant que ça soit fini, t’inquiète pas.

    Le flic se tourna vers de nouveaux arrivants et demanda à voir leur carte.

    L’homme qui attendait devant Richards se retourna. Il avait un visage triste et malheureux ; ses cheveux bouclés faisaient des crans.

    — Tu sais, mon gars, tu devrais pas les asticoter comme ça. Le téléphone arabe, ça marche.

    — Vraiment ? répondit Richards avec affabilité.

    L’homme se détourna.

    Les portes du premier ascenseur s’ouvrirent soudain. Un flic noir au gros ventre protégeait la rangée de boutons de son large dos. Au fond de la cabine, un autre policier, assis derrière un panneau en plastique à l’épreuve des balles, lisait un magazine sado en 3— D. Il tenait un fusil à canon scié entre les genoux.

    — Serrez au fond ! cria le gros flic d’un air important. Allons, serrez !

    Tassés au point qu’il devenait impossible de respirer, ils montèrent d’un étage. Les portes s’ouvrirent. Richards, qui dépassait tous les autres d’une tête, vit une vaste salle d’attente avec des rangées de sièges et un énorme Libertel. Il aperçut aussi, dans un coin, un distributeur de cigarettes.

    — Sortez ! Sortez tous ! Les cartes à la main gauche !

    Sous la surveillance de trois policiers, chacun montra sa carte à l’œil impersonnel d’une caméra. Pour une raison inconnue, une sonnerie retentit à la vue d’une douzaine de cartes, dont les détenteurs furent ramenés dans l’ascenseur.

    Richards montra sa carte. On lui fit signe d’avancer. Il alla droit vers la machine à cigarettes, obtint un paquet de Blams et s’assit le plus loin possible du Libertel. Il alluma une cigarette et rejeta la fumée en toussant. C’était sa première depuis six mois.

     

  • [Livre] La guerrière d’Argalone – Tome 3 – Un combat difficile

    Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

     

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    Résumé : Alexia a sauvé Tomas des griffes du Grahir et s’est réfugiée à Spéro grâce à ses pouvoirs magiques. Elle y retrouve monsieur Hary, Kévin, Fallia et Léona. Mais le prince William et ses compagnons sont restés aux mains de l’ennemi. Le royaume d’Argalone est ainsi privé de son prince héritier.

    Cependant, Spéro se trouve sur le territoire de Dorduine, si bien qu’Alexia et ses amis ne sont pas en sécurité. Après avoir échappé à un encerclement de l’armée noire, ils s’efforcent de regagner leur pays.

    Des dangers mortels les attendent, ainsi qu’une rencontre inattendue qui va tout changer. Et c’est plus forte, mais non moins terrifiée, qu’Alexia se lance dans son dernier combat contre Grahir.

     

    Auteur : Frédérique Arnould

     

    Edition : Artalys

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 03 octobre 2015

     

    Prix moyen : 16,50€

     

    Mon avis : La guerrière d’Argalone est une histoire plaisante mais c’est le type même de roman qui ne laisse pas de souvenirs impérissables. Alors que j’ai parfois attendu près de 10 ans entre deux tomes de certaines sagas (par exemple les enfants de la terre, de J.M Auel), j’ai pu lire le nouveau tome en me rappelant parfaitement ce que j’avais lu précédemment.
    Ici, quand je commence ce troisième tome, j’ai le sentiment de ne pas avoir lu le second (que j’ai lu il y a moins d’un mois), je ne comprends rien, les réactions des personnages me laissent perplexe, je me demande où sont la moitié des personnages. Mais petit à petit, on se laisse prendre dans l’histoire et au final, on ne pense plus aux tomes précédents car des rappels discrets sont disséminés dans ce dernier tome.
    Dès le début de ce tome, Tomas recommence à m’énerver. Son attitude de petit coq est pénible et j’espère que quelqu’un va vite le remettre à sa place, prince ou non.
    Sans surprise, ce tome conserve les défauts des précédents : fautes de conjugaison, écriture parfois hasardeuse, descriptions inutilement trop détaillées…
    On constate aussi une abondance de rebondissements. Trop, presque, car du coup, le nombre de pages n’ayant pas sensiblement augmenté, les problèmes trouvent une résolution trop rapide, trop facile. On a souvent l’impression de ne pas être allé au fond des choses. Un peu comme les romans de Stephen King qui font monter la tension pour que celle-ci retombe comme un soufflé devant une fin bâclée, on a ici une fin, qui, sans être, elle, bâclée, est un peu trop rapide, comme si l’auteur avait épuisé sa capacité à décrire et argumenter. En deux pages c’est plié.
    Ce tome a aussi les qualités des précédents : une histoire prenante et des personnages secondaires attachants (personnellement, je ne peux pas supporter Alexia, Maxi et Tomas).
    C’est une assez bonne trilogie qui aurait méritée plus de travail de réécriture, sans doute une beta lecture plus stricte et une correction plus attentive.
    Mais si c’est un premier roman (on va considérer ici qu’il s’agit d’un seul roman), c’est un bon début et avec du travail et de l’expérience, l’auteur s’améliorera très certainement, les défauts du roman étant loin d’être insurmontable et l’essentiel, à savoir l’imagination et une maîtrise correcte de la langue, étant là.

    Un extrait : Assise sur un rocher en bordure de prairie, je fixai avidement un tronçon végétal que j’avais rendu transparent. Le paysage morne de l’autre côté de la paroi accroissait mon malaise. Tout était vide et triste, comme moi. C’était comme s’il n’y avait plus âme qui vive. L’hiver était installé. Lentement, je remontai ma cape de fourrure sur mes épaules pour me protéger des flocons blancs qui tombaient du ciel. La brise fraîche fouettait mes joues jusqu’à les rendre insensibles.

    Cela faisait une semaine que je passais mes journées de cette façon, et rien n’arrivait à me faire bouger. Je détournai mon regard vers la droite en percevant des bruits de pas crisser dans la neige.

    « La nuit tombe, Alexia. Tu devrais rentrer.

    — Encore quelques minutes. »

    Léona me rejoignit, elle s’assit à mon côté et se frotta les mains pour se réchauffer.

    « Le conseil va commencer. Nous n’attendons plus que toi.

    — Ne pouvons-nous pas le reporter ?

    — Cela fait plus d’une semaine que tu es apparue avec Tomas et ni l’un ni l’autre n’avez fait état de ce que vous savez. Il est temps de délier vos langues. Fallia veut savoir ce qui est advenu de leur meneuse et des autres. Si tu continues comme ça, elle va perdre patience. Elle ne mange plus depuis des jours.

    — Est-ce que Tomas sera là ?

    — Il patiente avec Édouard, Kévin et Fallia. Comme je te l’ai dit, nous n’attendons plus que toi.

    — Très bien, je te suis. »

    Je jetai un dernier coup d’œil en direction de la paroi transparente. Ne décelant rien de nouveau, je me levai et suivis Léona sans aucune envie. Depuis que Tomas et moi avions échappé à Grahir et miraculeusement atterri à Spéro grâce à mes pouvoirs, aucun de nous ne s’était adressé la parole. J’avais passé trois jours inconsciente et quand enfin je m’étais réveillée, il m’avait fallu encore deux jours pour arriver à marcher tant j’étais faible. Kévin, Fallia, et Léona s’étaient relayés pour veiller sur moi. Mais pas une seule fois, Tomas n’était venu me rendre visite. C’est comme si toute cette histoire avait dressé une barrière entre nous. C’était dur à supporter, moi qui avais mis une ardente volonté à le retrouver !

    Kévin, qui avait tenté de lui parler à plusieurs reprises, m’avait expliqué que Tomas ne voulait voir personne. Il avait besoin de solitude pour chasser les démons qui le tiraillaient. De ce fait, je n’osais pas aller vers lui. Je ne souhaitais pas creuser davantage le fossé qui semblait s’être placé entre nous. Et même si c’était douloureux, je préférais attendre qu’il revienne de lui-même. J’avais peur qu’il m’en veuille, peur qu’il me rende responsable de ce qui s’était passé.

    Cette épreuve avait cassé quelque chose en moi. Je ne me sentais plus entière, même si j’étais soulagée et heureuse que l’on ait échappé à ce monstre. Et je me doutais bien que Tomas avait été plus marqué que moi. Je comprenais donc son comportement, mais ça me faisait mal de le savoir si près de moi sans que je puisse être avec lui.

    Le pas lent, je regagnai le village. Ce petit bourg était totalement recouvert de neige. Sous les toits pendaient des stalactites qui, de temps en temps, se décrochaient pour exploser en mille billes lorsque celles-ci percutaient le sol.

    Nous passâmes à côté du grenier à grain avant de tourner vers la gauche. Léona glissa sa main sous mon bras et me ramena vers elle. Elle me conduisit devant la plus grande maison, celle d’Aimy. Elle poussa la porte et une douce chaleur s’éleva dans le froid. J’entrai et aperçus tous mes camarades. Monsieur Hary, Fallia, Kévin, et Aimy étaient attablés face à des parchemins. Plus loin, assis sur une chaise en face de l’âtre, Tomas ne quittait pas les flammes des yeux. Il était totalement absorbé dans ses réflexions, si bien qu’il ne nous entendit pas.

    Léona referma la porte et s’installa avec les autres. Immobile, je fixai Tomas avec tristesse. Il avait l’air si mal. Je fis un pas puis deux vers mes camarades avant de changer de direction pour aller rejoindre mon compagnon. Je m’avançai doucement jusqu’à lui sans qu’il me prête la moindre attention.

    « Tomas », murmurai-je du bout des lèvres.

    Il se retourna lentement et me fit face. Son regard chargé de douleur s’illumina et il esquissa un timide sourire. Je fus soulagée de voir qu’il ne m’avait pas effacée de son cœur. J’avais eu si peur qu’il ne veuille plus de moi !

    « Il est temps que l’on parle. »

     

  • [Livre] La guerrière d’Argalone Tome 2 : Un choix douloureux


    Je remercie les éditions Artalys pour cette lecture

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    Résumé : Grâce à sa connaissance de la guerre et à ses dons de magicienne, Alexia a aidé ses compatriotes à chasser l’armée noire, mais l’enlèvement de Tomas par le prince Grahir a entaché cette belle victoire.

    Accompagnée du capitaine William, de Maxi et de trois autres de ses camarades, elle se lance à la recherche de Tomas dans le royaume ennemi, où la place de la femme est inexistante. Horrifiée de voir autant de cruauté et si peu de considération, elle doit tenir sa langue et contenir sa magie pour ne pas faire échouer sa mission. Heureusement, elle fera de belles rencontres qui l’aideront à supporter cette culture si différente de la sienne.

    Plongée dans ce monde dont elle ignore tout, elle découvrira ses origines extraordinaires et devra faire des choix douloureux. Arrivera-t-elle à sauver Tomas ? Et Maxi retrouvera-t-il sa place dans le cœur d’Alexia ?

     

    Auteur : Frédérique Arnould

     

    Edition : Artalys

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 02 mars 2015

     

    Prix moyen : 4,99€ en numérique, 15,90€ en papier

     

    Mon avis : Dans ce second tome, on retrouve les défauts du premier tome : une tendance de l’auteur à mal maîtriser le masculin et le féminin (ex : en parlant d’un homme, l’auteur parle de sa vie de mortelle au lieu de sa vie de mortel), quelques incohérences (un cousin devient un frère quelques lignes plus tard), et toujours une sur-description des évènements.
    Parfois, lesdits évènements vont un peu trop vite, des choses qui, une fois mises en place, devraient s’étendre sur plusieurs pages et être entrecoupées d’autres actions, se résolvent soudainement de manière, la plupart du temps, qui manque de crédibilité.

    Mais c’est défauts n’empêchent pas que ce tome soit totalement addictif. J’ai eu du mal à le poser pour dormir.
    Au niveau de l’histoire, le tome s’ouvre trois jours après la fin du précédent. Le capitaine William, Alexia, Maxi, le capitaine Harry et 2 autres soldats, partent en expédition vers les terres ennemies pour retrouver Tomas, enlevé à la fin du tome précédent.
    Dans ce tome, Maxi et Alexia m’ont énervée.
    Maxi un peu, car son attitude est parfois agressive sans raison et puérile avec son père (mon Dieu, on ne lui a pas raconté en détail la vie de son père avant qu’il vienne au monde, c’est un scandale).
    Alexia beaucoup, je la trouve de plus en plus puérile et inconsciente : elle n’en fait qu’à sa tête, et peu importe les avis des autres, et surtout elle voudrait que rien ne change entre elle et Maxi, qu’il soit son meilleur ami comme avant que leur village soit attaqué, sans prendre un instant en considération les sentiments du jeune homme. Elle se montre d’un égoïsme absolu et je ne comprends vraiment pas ce que ces garçons lui trouvent.
    J’ai trouvé sans ce tome la réponse à une question que je me posais depuis le début du tome 1, à savoir qui est l’assassin de la femme du prince William, dont le meurtre a déclenché la guerre entre les deux royaumes.
    La fin est plus abrupte que celle du tome précédent, moins compréhensible. Elle donne tout autant envie de découvrir la suite mais on a moins l’impression d’avoir une fin de tome car elle était trop brutale.
    Pour autant, j’ai hâte de découvrir le tome suivant.


    Un extrait : Les voiles du baldaquin ondulaient allègrement comme les vagues d’une mer paisible, m’offrant un spectacle agréable pour mon réveil. Allongée sur un lit avec l’étrange impression d’y être depuis trop longtemps, je me hissai sur mes coudes, toute tremblante. Les deux immenses fenêtres à ma droite laissaient entrer les rayons du soleil qui me caressaient les joues avec douceur, réchauffant mon cœur semblant saigner comme s’il avait été poignardé.

    Je regardai tout autour de moi avec appréhension, je ne reconnaissais rien de la chambre où je me trouvais. Un léger élancement à la tête m’occasionnait une vive douleur, comme l’écho lointain d’un marteau frappant mes tympans. Mes yeux s’illuminèrent et j’oubliai cette gêne quand j’aperçus Maxi allongé sur un sofa. Je me levai et m’approchai doucement de lui. Je m’assis à son côté et admirai ses traits délicats. J’aurais dû me sentir rassurée par sa présence, mais j’étais embarrassée. Et ce sentiment se renforça lorsque je remarquai le visage fermé de mon ami, qui d’ordinaire était beaucoup plus serein. Pour le tirer des bras de Morphée, je lui caressai la joue avec tendresse. Au bout de quelques secondes, ses paupières s’ouvrirent en découvrant ses merveilleux yeux azur.

    « Comment vas-tu ? me demanda-t-il la voix encore endormie.

    — J’ai l’impression d’avoir trop bu. »

    Il se redressa et me fixa avec un air préoccupé. Son regard était terne comme si la flamme qui l’animait s’était éteinte. Inquiète, je reconsidérai l’espace dans lequel nous nous trouvions et, les sourcils froncés, j’essayai de me remémorer ma soirée de la veille.

    « Tu ne t’en rappelles pas !

    — Il semblerait que non. Où sommes-nous ? Est-ce que mes parents sont là ?

    — Le soldat Martin a eu la main lourde sur la dernière dose. »

    Une douleur lancinante me parcourut le corps avant de se concentrer vers la tête. Je fis la grimace et me massai le cuir chevelu pour tenter de la canaliser. Au contact de mes doigts, j’eus comme un flash et tous mes souvenirs me revinrent en mémoire.

    « Tomas ! » m’exclamai-je, affolée.

    Maxi me prit dans ses bras afin de me rassurer. Il resserra son étreinte avec force comme pour m’empêcher de quitter la chambre. Il avait un air hagard et demeurait implacablement silencieux. Tous les appels de détresse que je lui lançai restèrent sans réponse, augmentant davantage mon angoisse.

    J’étais impuissante et complètement désabusée. Mon cœur, qui avait eu tant de mal à se reconstruire, était de nouveau blessé. Lentement, je me libérai de ses bras.

    « Combien de temps s’est écoulé depuis… »

    Ma voix s’étrangla dans un sanglot que je m’efforçai de contenir. Je ne souhaitais pas faire de peine à Maxi, je ne voulais pas pleurer devant lui de peur d’accroître la tristesse qui le submergeait déjà.

    « Cela fait trois jours.

    — Trois jours ! répétai-je. Comment ai-je pu dormir si longtemps ?

    — Le soldat Martin a dû te donner plusieurs fois des tranquillisants. Tu étais hystérique dès que tu te réveillais. »

    Muette, je fixai le vide. Quelques bribes d’images me passèrent devant les yeux. Je tremblai en voyant mon mentor, le visage déformé par le chagrin, me maintenir fermement pour que le soldat Martin puisse m’administrer un calmant. Mes cris de désespoir appelant Tomas résonnaient encore dans ma tête comme une musique âcre.

    Des frissons me parcoururent l’échine, je revins vers Maxi en tentant de cacher mon malaise. Je compris rapidement que je n’y étais pas parvenue en découvrant son sourire morose.

     « Dans quel état est le capitaine ? »

    Maxi resta muet, comme pour me dissimuler quelque chose. Faisant fi de ma douleur, je me levai comme une flèche. Angoissée, je me précipitai hors de la chambre malgré les protestations de mon ami dont la voix se brisait au fur et à mesure que je m’éloignai.  

    Je surpris mon mentor dans le bureau, debout face à une des fenêtres ouvertes. Ses cheveux bruns mal coiffés dansaient paresseusement sous l’effet de la brise.

    « Capitaine ! » lançai-je pour l’informer de ma présence.

    Il se tourna lentement vers moi avant de se diriger vers son bureau. Il me considéra avec tristesse, puis inséra quelques objets dans un sac posé négligemment sur sa table de travail. Il avait troqué son uniforme contre une tenue de simple paysan : une chemise beige et un pantalon marron qui ne ressemblaient pas à ceux que portaient les paysans d’Argalone.

     

  • [Livre] La guerrière d’Argalone Tome 1 : des amours maudites

     

    Je remercie les éditions artalys pour cette lecture

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    Résumé : Alexia est une adolescente comblée, bien qu’elle vive dans un pays menant une guerre contre son voisin depuis de longues années, le royaume d’Argalone.

    Quand arrivent ses seize ans, elle choisit de s’émanciper pour partir à la découverte du monde avec l’homme qu’elle aime. Mais un drame inattendu bouleverse tout. Désormais seule, elle doit faire face à la douleur et la colère qui la submergent

    Pour ne pas sombrer, elle choisit de s’engager dans l’armée. Bien que celle-ci soit exclusivement masculine, elle y est acceptée comme apprentie. Placée sous l’autorité d’un capitaine qui s’avère ne pas être ordinaire, elle se découvre elle-même certains dons. Ils lui seront très utiles pour participer à cette trop longue guerre, accomplir la vengeance qu’elle souhaite et, peut-être, cicatriser les blessures de son cœur.

     

    Auteur : Frédérique Arnould

     

    Edition : Artalys

     

    Genre : Fantastique

     

    Date de parution : 01 novembre 2014

     

    Prix moyen : gratuit en numérique, 14,90€ en papier

     

    Mon avis : Le début décrit la manière de vivre des gens du royaume, la cérémonie de l’émancipation, la vie quotidienne. Ça serait banal s’il n’y avait pas cette tension provoquée par le prologue : on sait qu’il va se passer quelque chose de grave. Mais quand exactement ? Et quoi ? Alors quand cela arrive effectivement on est partagé entre l’empathie qu’on ressent pour Alexia et le soulagement de cette tension que l’on ressentait en tant que lecteur.
    Au début du roman, les descriptions ne semblent pas très naturelles. Le style est trop détaillé, presque scolaire, on a l’impression que chaque action est découpée en une multitude de mouvements qui sont eux même détaillés.
    Mais lorsqu’on rentre un peu plus dans le cœur de l’action, ce sentiment, sans s’effacer complètement, s’atténue un peu et ne gêne pas la lecture.

    Personnellement, je ne suis pas une grande fan de fantasy, mais j’aime en lire un peu de temps en temps. C’est pourquoi j’ai apprécié d’une part que ce livre ne soit pas un pavé de 500 pages, ce qui a tendance à me rebuter car je n’en vois pas la fin, et d’autre part que ce ne soit pas une série de 15 ou 20 tomes comme on le voit souvent en fantasy, ce qui est super pour les afficionados, mais un peu pénible pour ceux qui aiment ça mais sans plus.
    L’histoire aussi est bien adaptée pour les gens comme moi : elle n’est pas trop compliquée, elle ne comporte pas 116 000 personnages dont on oublie les noms et fonctions au fil de la lecture. Tout est bien dosé : pas mal de personnages mais ni trop, ni trop peu, une histoire qui tient la route et qui se met tranquillement en place (on ne tombe pas dedans comme si on était censé connaitre ce monde) et un style qui n’est pas alambiqué et qui utilise peu de mot inventés spécialement pour le monde en question. On se sent moins perdus.

    Du côté de l’histoire en elle-même, je n’arrête pas de me demander si Maxi, le fiancé d’Alexia, est mort ou pas. Après tout, elle a entendu le guérisseur parler d’un jeune homme mort de la gangrène et son assistante dire : « comment je vais lui annoncer ça, c’est tout ce qui lui restait ». Mais d’une part, même au moyen-âge, la gangrène qui s’installe en une nuit c’est un peu bizarre, ensuite beaucoup de villages ont été attaqués et il devait y avoir de nombreux jeunes gens blessés. Alexia s’est enfuie en entendant la nouvelle, mais personne ne lui a jamais dit clairement que Maxi était mort, elle l’a déduit. Et si elle s’était trompée ? Il n’y a aucun indice en ce sens, mais plus je me repasse la conversation et moins je crois qu’ils parlaient de Maxi (Ce qui ne veut pas dire qu’il ait survécut pour autant, j’en conviens).
    J’espère avoir la réponse dans ce tome !

    Je me demande aussi qui est le capitaine. Je me demande s’il pourrait être ce fameux prince William, accusé par le camp adverse d’avoir tué sa femme (Je me demande d’ailleurs si celle-ci n’a pas été tuée par son propre frère, mais là j’extrapole, on a vraiment pas assez d’indices pour savoir ça). Pour le capitaine, la seule chose qui me fait le soupçonner est qu’il a les larmes aux yeux quand Alexia lui parle de vengeance, mais il pourrait tout aussi bien avoir perdu des êtres chers. Mais bon, il faut bien qu’il soit quelque part ce prince William, alors pourquoi pas là ?

    Quant aux capacités d’Alexia, je ne sais pas encore ce que c’est mais quelque chose se trame : le capitaine sait, c’est évident, le second et Tomas semblent savoir quelque chose aussi. Lors de son émancipation, la poudre dont se sert le magicien réagit différemment avec elle qu’avec les précédentes émancipée et le magicien semble en être enchanté. Pour autant, personne ne semble pressé de mettre Alexia au courant ce qui est très énervant pour elle comme pour nous !

    Voilà les questions principales que je me pose à peu près au milieu de ce tome 1. Et je replonge dans ma lecture pour essayer de trouver les réponses !

    Dans la seconde moitié du livre, j’ai eu les réponses à beaucoup de mes questions, mais j’ai commencé à m’en poser de nouvelles, aussi nombreuses, que je ne vais pas détailler. Ce n’est pas l’envie qui m’en manque, mais je vais finir par tout vous raconter !

    Je vous dirai juste encore que la fin est géniale. Très énervante, mais géniale et que ça donne vraiment envie de découvrir la suite.


    Un extrait : Plus que trois jours et j’aurai seize ans ! J’étais à la fois impatiente et stressée. Dans trois jours, je ne serai plus considérée comme une adolescente puérile, mais comme une femme mûre et réfléchie. Seize ans, l’âge de l’émancipation. Je pourrai faire tout ce qui me plaît, sans que personne ne m’en empêche. Je pourrai partir découvrir le royaume d’Argalone comme l’avait fait ma mère avant moi.

    L’émancipation est un événement important dans la vie d’une jeune fille même si peu l’honorent. Il représente la liberté, le combat d’une personne pour des droits plus justes. Ce privilège a été instauré, il y a de ça une trentaine d’années, par le roi Henri, père du roi Victor qui gouverne aujourd’hui Argalone.

    À cette époque, les lois sur les femmes étaient beaucoup plus dures. Elles n’avaient pas de place dans la société et devaient se contenter de s’occuper de leur famille. La reine Camille, épouse du souverain Henri, s’est longtemps battue afin que son mari modifie ces règles et ce malgré les nombreuses remontrances des gens de la cour qui la surnommaient la langue de vipère. Il a fallu la mort prématurée de cette dernière pour qu’il change totalement d’opinion. Son décès a ouvert une grande blessure. Il s’est alors rendu compte de l’importance qu’elle avait dans son cœur et s’est posé des questions au sujet de la place de la femme en général. Il a nourri de nombreux remords en songeant qu’elle aurait été bien plus épanouie et heureuse s’il avait accepté quelques-unes de ses revendications. Pour l’honorer et pour que personne ne soit rongé par le regret comme il l’était, il a décidé d’octroyer le droit aux femmes de s’émanciper. Cela n’est pas obligatoire et de ce fait, peu de jeunes filles envisagent l’accomplissement de cette cérémonie, mais il permet à celles qui la réalisent de s’affranchir des liens avec leurs parents et de leur donner toute liberté sur leur vie à l’âge de seize ans. Même si maintenant la femme a une meilleure place avec ou sans cet événement, cela reste un symbole fort que je refuse de laisser passer.

    Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais eu aucun scrupule à vouloir m’émanciper et quitter la maison, mais plus la date approchait, et plus les remords s’emparaient de moi. Mon père avait souvent besoin de mon aide à la forge, et mon petit frère de dix ans comptait sur ma présence lorsque ma mère allait vendre sa production de légumes.

    Pour oublier la culpabilité qui commençait à m’envahir, je décidai de prendre l’air. Je cheminai nonchalamment dans les rues sinueuses. Pour la première fois depuis longtemps, je redécouvrais mon village. Les bâtisses, toutes faites sur un modèle similaire, des pierres jaunes et un toit de chaume, étaient posées sur un sol de terre battue de la même manière que des champignons dans un sous-bois. Certaines possédaient des enclos pour des vaches, des porcs, des poules ou des canards et d’autres avaient des granges agrémentées de groseilliers, de mûriers et de lilas.

    C’était un village quelconque comme beaucoup d’autres dans le royaume, mais pour moi, il était le plus beau grâce à la générosité et la convivialité des habitants.

     En cet instant, tout le monde s’affairait à préparer la cérémonie. Les femmes ornaient les façades, ainsi que la place en forme de haricot, de guirlandes, de pétales de roses et de draperies rouges et dorées, pendant que les hommes préparaient le bûcher où l’on grillerait le traditionnel cochon pour le repas. Le temps d’une soirée, notre village aux apparences plutôt mornes rivaliserait avec les cours des plus beaux châteaux.


  • [Livre] Orgueil et préjugés et zombies

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    Résumé : L'Angleterre subit une terrible épidémie : des morts-vivants envahissent villes et campagnes et contaminent la population.
    Dans la famille Bennett, on est bien entrainés. Les arts martiaux n'ont plus de secrets pour les cinq filles et, même à l'heure du thé, elles ne se séparent jamais de leur dague !
    Pas facile de trouver un mari à la hauteur. Elizabeth a d'ailleurs bien envie d'égorger cet orgueilleux Darcy qui la snobe, mais l'irruption des « innommables » dans la salle de bal change ses plans...

     

    Auteur : Seth Grahame-Smith

     

    Edition : Flammarion

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 9 janvier 2014

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : J’ai choisi ce livre dans le cadre d’un challenge pour la catégorie : « Je serais un livre qui a reçu beaucoup de critiques négatives ». Autant dire que je ne m’attendais pas à des étincelles. Cependant, comme c’est la grande mode en ce moment de réécrire les roman de Jane Austen, je m’attendais à quelque chose de ce genre.
    Mais en fait, non, on ne peut pas réellement parler de réécriture dans la mesure où « l’auteur » a recopié une grande partie du texte de Jane Austen mot à mot (les quelques différences sont des différences de traduction) et s’est contenté de reformuler certains passages pour y introduire les zombies.
    Alors justement, parlons-en de ces zombies ! Ils tombent un peu comme un cheveu sur la soupe. Ils ne semblent être là que pour dire que « l’auteur » n’a pas recopié intégralement le roman de Jane Austen pour se faire un peu d’argent.
    Si encore ils apportaient quelque chose d’intéressant et de primordial à l’histoire, mais non, ils sont juste là. Ils n’ont strictement aucun intérêt si ce n’est de permettre à Elizabeth Bennet de proférer des menaces de mort très convaincantes du fait de l’entrainement aux « arts meurtriers » qu’elle aurait suivi en Asie pour les affronter.
    D’ailleurs les scènes ridicules s’enchaînent comme Elizabeth faisant le poirier sur un seul doigt pour amuser la galerie.
    Le problème avec cette histoire de zombies est qu’elle n’a ni début ni fin. A aucun moment dans le livre nous ne trouvons d’explications sur cette « épidémie » et aucune conclusion ne lui est apportée.
    Au final, et vu le peu d’intérêt apporté par cet ajout, il vaut mieux lire l’original de Jane Austen et s’épargner toute cette « zombitude » et les nausées qui vont avec.

    Un extrait : C’EST UNE VÉRITÉ universellement reconnue qu’un zombie ayant dévoré un certain nombre de cerveaux est nécessairement à la recherche d’autres cerveaux. Jamais cette vérité ne fut mieux illustrée que lors des récentes attaques de Netherfield Park, où les dix-huit personnes de la maisonnée furent massacrées et dévorées par une horde de morts-vivants.

    — Mon cher Mr Bennet, lui dit un jour son épouse, savez-vous que Netherfield Park est de nouveau occupé ?

    Mr Bennet répondit qu’il l’ignorait et poursuivit sa tâche matinale : il aiguisait son poignard et nettoyait son mousquet car, depuis quelques semaines, les attaques d’innommables avaient augmenté à une fréquence inquiétante.

    — C’est pourtant le cas, répliqua la dame.

    Mr Bennet garda le silence.

    — N’avez-vous pas envie d’apprendre qui l’a loué ? s’écria son épouse, impatiente.

    — Femme, je m’occupe de mon mousquet. Bavardez tout votre saoul, mais laissez-moi veiller à la défense de ma maison !

    L’invitation était plus que suffisante.

    — Eh bien, mon cher, d’après Mrs Long, Netherfield est loué par un jeune homme très riche, du nord de l’Angleterre. Il a fui Londres en voiture à quatre chevaux au moment précis où l’étrange épidémie éclatait sur la route de Manchester.

    — Comment s’appelle-t-il ?

    — Bingley. C’est un célibataire qui a quatre ou cinq mille livres de rentes. Voilà qui est excellent pour nos filles !

    — Pourquoi ? Pourra-t-il leur enseigner l’art de manier le sabre et le mousquet ?

    — Comment peut-on être aussi assommant ? Vous savez bien ce que j’ai en tête : qu’il se marie avec l’une d’elles.

    — Se marier ? En des temps aussi troublés ? Ce Bingley ne saurait en avoir le projet.

    — Le projet ? Comment pouvez-vous dire de telles bêtises ! Mais il est très probable qu’il tombe amoureux de l’une d’elles, c’est pourquoi vous devrez lui rendre visite dès qu’il arrivera.

    — Je n’en vois pas la raison. De plus, il ne faut pas encombrer les routes plus qu’il n’est absolument nécessaire : la terrible épidémie qui ravage depuis peu notre cher Hertfordshire a déjà anéanti assez de chevaux et de voitures.

    — Mais pensez à vos filles !

    — Je pense à elles, pauvre sotte ! Je préférerais les voir se soucier des arts meurtriers plutôt que de leur trouver l’esprit embrumé par des rêves de mariage et de fortune, comme c’est évidemment votre cas ! Allez voir ce Bingley s’il le faut, mais je vous préviens : nos filles n’ont pas grand-chose pour les recommander. Elles sont toutes sottes et ignorantes, comme leur mère, à l’exception de Lizzy, qui tue un peu plus proprement que ses sœurs.

    — Mr Bennet, comment pouvez-vous ainsi dire du mal de vos propres enfants ? Vous prenez plaisir à me contrarier. Vous n’avez aucune pitié pour mes pauvres nerfs.

    — Vous vous méprenez, ma chère. J’ai beaucoup d’estime pour vos nerfs. Ce sont pour moi de vieux amis. Voilà au moins vingt ans que je vous entends parler d’eux avec le plus grand respect.