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[Livre] Wicked : La véritable histoire de la sorcière de l'Ouest

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Résumé : Qui est vraiment cette mystérieuse sorcière? Est-elle donc si méchante? Comment a-t-elle hérité de cette terrible réputation? Et si c'était elle, la véritable héroïne du monde d'Oz? Ouvrez ce livre et vous découvrirez enfin la merveilleuse et terrible vérité. Quels que soient vos souvenirs de ce chef-d’œuvre qu'est Le Magicien d'Oz, vous serez passionné et touché par le destin incroyable de cette femme au courage exceptionnel. Entrez dans un monde fantastique si riche et si vivant que vous ne verrez plus jamais les contes de la même manière...

 

Auteur : Gregory Maguire

 

Edition : Bragelonne

 

Genre : Fantasy

 

Date de parution : 20 mai 2011

 

Prix moyen : 25€

 

Mon avis : Ce livre, j’en avais envie depuis que j’ai vu la booktubeuse Margaud Liseuse en parler sur sa chaîne. Une vraie obsession… et épuisé en France. Qu’à cela ne tienne, la Suisse c’est pas bien loin ! Et me voilà en possession de mon précieeuuuuux….
Après je me connais, vu le mal que j’ai eu à l’avoir, il était parti pour attendre des mois avant que je me décide à le lire (Il était tellement bien, installé dans la bibliothèque). Sauf qu’une de mes copinautes de forum a senti la chose arriver et elle me l’a choisi pour la lecture de février/mars.
Et elle a bien fait, parce que c’est un livre tout simplement génial !
J’ai beaucoup aimé le style de l’auteur, mais alors attention, faut pas avoir de gosses qui crient, de bonhomme qui ronfle ou de chat qui miaule, parce que c’est un brin complexe.
Je n’ai pas lu le magicien d’Oz (j’ai juste vu le film) mais tous ceux qui l’ont lu m’ont affirmé que c’était une petite histoire assez simple, avec des personnages sans grande complexité, qui n’étaient pas vraiment approfondis : on ne sait rien de leur passé, de leurs aspirations sur le long terme… Mais avec Wicked, on est dans un autre registre.
Déjà, d’après ce qu’on a pu me dire du roman de L. Frank Baum, Wicked est plus adulte et nettement plus sombre.
On va ainsi suivre la méchante sorcière de l’ouest, prénommée Elphaba, fille d’un pasteur, depuis sa naissance dérangeante, avec sa peau étrangement verte, jusqu’à sa fin.
L’histoire n’a pas vocation à réécrire l’histoire originelle, ni même à s’en écarter, mais à la considérer d’un œil neuf.
Chaque personnage gravitant autour d’Elphaba va ainsi être approfondi, que ce soit Glinda, Nessarose (la méchante sorcière de l’Est) ou encore le magicien lui-même.
Loin d’un conte pour enfant, on va trouver ici de la politique, des coups d’Etat, de la sécession, de l’extrémisme religieux, de la discrimination, de la violation de droits, de l’exploitation et de l’oppression des peuples mais aussi de la résistance à la dictature.
Alors que dans le magicien d’Oz on nous présente Elphaba comme LA méchante sorcière, ici, on va connaître tous les évènements qui ont amené les gens à la considérer ainsi.
Au fil des pages, on découvre une méchante sorcière pas si méchante que ça, mais humaniste, engagée dans la lutte pour la liberté. On la découvre au cours de ses études pendant lesquelles elle côtoie une certaine Glinda, une jeune aristocrate hautaine et superficielle, pas vraiment une sainte, mais pas non plus fondamentalement méchante.
Et surtout, on va comprendre pourquoi elle en veut autant au Magicien et pourquoi elle est aussi obsédée par les souliers que récupère Dorothy.
L’auteur a utilisé des ellipses temporelles pour avancer dans l’histoire. A la fin de chaque « période » on reste avec de nombreuses questions qui seront résolues pour la plupart dans la « période » suivante qui a souvent lieu plusieurs années plus tard. Cette méthode de narration permet d’avancer plus vite, mais aussi d’avoir des réponses aux questions qui sont posées avec le recul que les personnages ont acquis avec les années écoulées.
J’ai vraiment beaucoup aimé Elphaba, d’autant plus que les personnages qui l’entourent ne provoquent guère de sentiments positifs. Dans le meilleur des cas, ils sont faibles et incapables de comprendre les enjeux de ce qui se passe autour d’eux. Pour d’autres, comme Nessarose, ils sont tout simplement imbuvables.
J’ai vraiment passé un excellent moment de lecture, mais je n’ai pas lu très vite car la richesse du monde que nous présente Gregory Maguire est telle qu’on a l’impression de lire plus de pages qu’il n’y en a, tant il y a d’informations à assimiler.

Un extrait : Pendant des jours, Melena ne put supporter de regarder la créature. Elle la tenait, comme le doit une mère. Elle attendait que la lame de fond de l’amour maternel se lève et l’emporte. Elle ne pleurait pas. Elle mâchait des feuilles de pinlobe, dérivant loin du désastre.
C’était elle. Une elle. Melena s’entrainait mentalement quand elle était seule. Le paquet agité et mécontent n’était pas mâle ; ce n’était pas neutre ; c’était féminin. Ca dormait, comme un tas de feuilles de chou lavées et mises à sécher sur la table.
Dans une crise de panique, Melena écrivit à Colwen pour extirper la gouvernante de sa retraite. Frex partit dans une carriole pour aller chercher Nounou à l’arrêt de Roquebarre. En chemin, Nounou demanda à Frex ce qui n’allait pas.
- Qu’est ce qui ne va pas ? soupira-t-il, et il se perdit dans ses pensées.
La vieille comprit qu’elle avait mal choisi ses mots ; voilà que Frex pensait à autre chose. Il se mit à débiter en marmonnant des considérations générales sur la nature du mal. Un vide créé par l’absence inexplicable du Dieu Innommé, et dans lequel le poison spirituel se précipite. Un vortex.
- Je veux dire : quel est l’état de l’enfant ! répliqua Nounou, au bord de l’explosion. Ce n’est pas de l’univers qu’il faut me parler, mais d’un enfant, si je dois vous aider ! Pourquoi Melena fait-elle appel à moi, au lieu de sa mère ? Pourquoi n’a-t-elle pas écrit à son grand-père ? C’est l’éminent Thropp, pour l’amour de Dieu ! Melena ne peut pas avoir négligé ses devoirs à ce point-là, ou alors la vie à la campagne est-elle pire que ce que nous pensions ?
- C’est pire que ce que nous pensions, répondit tristement Frex. Le bébé… il vaut mieux vous préparer, Nounou, pour ne pas crier. Le bébé a des lésions.
-Des lésions ?
Nounou étreignit la poignée de sa valise et tourna les yeux vers les buissons aux feuilles rouges, en bord de route.
- Frex, dites-moi tout.
- C’est une fille, dit Frex

- Quelles « lésions » en effet, ironisa Nounou, mais Frex, comme d’habitude, ne comprit pas la pique. Eh bien, au moins le titre familial est préservé pour les générations suivantes. A-t-elle tous ses membres ?

- Oui

- Plus que tous ses membres ?

- Non

- Est-ce qu’elle tète ?

- Impossible. Elle a des dents extraordinaires, Nounou. On dirait des dents de requin.
- Eh bien, elle ne sera pas le premier bébé à grandir en tétant un chiffon ou une bouteille au lieu d’un téton, ne vous inquiétez pas pour ça.

- Elle est de la mauvaise couleur, dit Frex.

- De quelle couleur est la « mauvaise couleur » ?

L’espace d’un instant, Frex ne put que hocher la tête. Nounou, qui ne l’appréciait guère et n’avait nulle envie de l’apprécier, se radoucit tout de même.

- Frex, cela ne peut pas être si grave. Il y a toujours un moyen de s’en sortir. Dites-le à Nounou.

- C’est vert, dit-il enfin. Nounou, c’est vert comme de la mousse.

- Elle est verte, vous voulez dire. C’est une fille, pour l’amour du ciel !

- Ce n’est pas pour l’amour du ciel. (Frex se mit à pleurer.) Cela ne fait aucun bien au ciel, et il ne l’approuve pas. Qu’allons-nous faire.

- Allons. (Nounou détestait les hommes qui chouinaient.) Ca ne peut pas être si grave que ça. Melena n’a pas une goutte de sang gâté. Quelle que soit l’affection de cette enfant, elle réagira aux soins de Nounou. Ayez foi en Nounou.

- J’avais foi dans le Dieu Innommé, sanglota Frex.

- Nous n’œuvrons pas toujours dans des directions opposées, Dieu et Nounou, dit Nounou.

Elle savait que c’était blasphématoire, mais elle ne pouvait résister à cette pique, tant que les défenses de Frex étaient au plus bas.

- Mais ne vous inquiétez pas, je n’en soufflerai mot à la famille de Melena. Nous allons régler tout ça en un éclair, et nul n’aura besoin de le savoir. Le bébé a un nom ?

- Elphaba, dit Frex

- D’après Sainte Aelphaba de la Cascade ?

- Oui

- Un joli prénom ancien. Vous utiliserez le diminutif courant de « Fabala », je suppose.

- Qui peut savoir si elle vivra assez longtemps pour qu’on lui donne un surnom ?

On avait l’impression que Frex l’espérait.

 

 

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