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[Livre] L'inconnue de Queen's Gate

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Résumé : Noël approche en cette année 1899 lorsque Beth Huntly, fille de cuisine dégourdie et créative, remplace la cuisinière de l’aristocratique famille Hewes, qui vient d’être victime d’une chute.
Christmas Pudding, entremets vanille, consommé au stilton : dans la liste des ingrédients ne figure aucun meurtre. Et pourtant… Sortie fumer discrètement un cigare au jardin, Beth découvre le corps d’une femme, poignardée avec un kriss malais appartenant à Lord Hewes. Mais c’est Rajiv, le valet indien amant de Beth, qui est embarqué par la police : un coupable bien commode…
Beth se retrouve malgré elle en première ligne pour éclaircir la situation… et sauver sa place. Quitte à risquer sa vie.

 

Auteur : Anne Beddingfeld

 

Edition : France Loisirs

 

Genre : Policier

 

Date de parution : 2016

 

Prix moyen : 11€

 

Mon avis : J’ai beaucoup aimé Beth qui est partagée entre son désir de ne pas perdre sa place et celui de découvrir la vérité.
Même si elle a quelques instants d’incertitudes, elle est sûre de l’innocence de Rajiv et voit dans son arrestation une facilité prise par la police. Beth n’a pas l’esprit assez tordu pour imaginer un complot ou pour penser que Rajiv est arrêté pour étouffer une affaire.
Elle ne va pas réellement enquêter, elle est plutôt un témoin, parfois gênant, mais est préoccupée par l’affaire et va donc ouvrir ses yeux et ses oreilles. Elle va redoubler de vigilance quand elle va entendre la fille de 12 ans de la famille tenir des propos qui l’inquiètent.
Mais sa perspicacité et son refus de se contenter d’accepter que l’affaire en reste là vont la mettre en danger.
J’ai bien aimé que différents milieux se mélangent dans ce roman. Les clubs de gentlemen, les visites au bordel que bon nombre d’hommes de la haute société fréquentent mais dont personne ne parle, et les suffragettes.
Il est intéressant de voir ce mouvement pour le droit de vote des femmes du point de vue d’une domestique qui s’en sent exclue, car les militantes sont des femmes de la haute société qui ne semblent pas être pressées de voir les droits qu’elles réclament pour elles-mêmes être également réclamés par celles qui les servent et qu’elle considèrent comme des inférieures.
On peut également voir les réactions excessives de la police devant les rassemblements des suffragettes.
Au fil du texte, on prend connaissance d’activités plus sombres, plus glauques, qui semblent liées à toutes ces activités auxquelles s’adonnent la bonne société londonienne.
Voir les personnages évoluer ainsi à la fin de l’époque victorienne est également très intéressant.

J’ai passé un excellent moment avec Beth et je lirais avec plaisir ses prochaines aventures.

Un extrait : Perdue dans le dédale de mes pensées, j’avance bon train. Mon panier devrait me peser, me ralentir, la neige molle me faire trébucher et les chevaux qui se précipitent sur moi chaque fois que je traverse une voie m’effrayer. Mais je n’ai jamais marché aussi vite, couru presque, car le jeu en vaut la chandelle.
Ce soir, c’est ma chance. Je sais, c’est terrible, Mrs Hudson a fait une grave chute et a été hospitalisée au Bats, il se peut qu’elle boite pour le restant de ses jours, mais je dois dire que je m’en fiche, et pas qu’un peu. Je n’aurai peut-être pas d’autre occasion de montrer ce que je vaux.
Ce soir, c’est mon soir.
Alors bien sûr, le panier est lourd, je n’ai pas trouvé le cheddar que je voulais pour cette foutue recette exigée par Madame, mas ça aussi, je m’en fiche.
Je vais leur faire un dîner dont ils se souviendront, un dîner qui me vaudra la place. Ma place !
Alors il peut bien se mettre à neiger de plus belle, mon manteau peut ruisseler et mes bottines se gorger d’eau, je cours.
A un mois de Noël, Londres ressemble à une mare de boue géante arpentée de jour comme de nuit par des voitures pressées, conduites par des cochers qui ne regardent pas devant eux. On ramasse tous les jours des dizaines de piétons renversés, aussi je cours, mais prudemment, et je me repasse le menu de la soirée : velouté de champignons, soufflé de chester, aiguillettes de canard braisées aux cardons, haddock à la nage de crème, pudding aux poires et stilton.
Je passe devant le chantier de l’ancien musée se South Kensington rebaptisé au printemps Victoria and Albert Museum en l’honneur de la reine qui en a posé la première nouvelle brique. Noyées dans l’obscurité, ses façades sont bardées d’échafaudages inquiétants. Il parait que, minuit venu, on peut voir des spectres, sortis des tableaux, glisser le long des larges fenêtres. Je ne crois pas aux fantômes, mais je ne m’attarde pas. Le devoir m’appelle.
Un diner classique, deux invités seulement, mais des hommes de théatre que Madame veut séduire pour son salon littéraire. Et d’après Monsieur, qui ironise devant ce qu’il nomme « les lubies de Madame », ces pique-assiettes ne reviendront que si la table est bonne, « car ils ne mangent pas tous les jours ». Alors la table sera bonne, j’en fais mon affaire…
Je suis sur le pied de guerre depuis cinq heure du matin, et tout ce qui pouvait se confectionner à l’avance est déjà prêt : soupe, gâteau, crackers pour le fromage, et ces boules de pain qui viennent de France, dont Kathryn raffole.
Arrivée devant la maison, je jette un bref coup d’œil à la façade. Jasper, qui aime s’écouter parler, m’a fais un cours sur l’architecture des lieux, et je crois entendre sa voix me déclamer tout en cirant les chaussures :
- Le contraste entre la brique rouge des étages supérieurs et la pierre claire de Portland avec laquelle sont construites la loggia et les tourelles offre un vigoureux effet de couleur.
Jasper est de ces domestiques qui pensent que la demeure de leurs patrons est aussi un peu la leur. Je n’essaie pas de lui expliquer qu’il se fourvoie complètement…à quoi bon ?


 

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